Disclaimer : Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, je ne gagne aucun argent à publier cette traduction, laquelle m'appartient, par contre. Les passages en italiques sont une emphase sur certains mots, ou la pensée d'un personnage, le contexte vous aidera.

Ceci est une traduction de la fanfiction de Lomonaaeren, « Stargazer », ( s/13141493/1/Stargazer ). Je n'ai pas encore son autorisation pour publier ma version française, je la retirerai si elle me le demande.

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Des filles de Serdaigle et des garçons de Poufsouffle.

- Est-ce que je peux te demander quelque chose, Harry ?

Harry lève les yeux au-dessus de son livre en clignant des paupières. Depuis qu'il est revenu à Poudlard en tant que "sorcier dans la fourchette basse de la moyenne" officiellement annoncé, un peu plus de gens qu'avant lui ont adressé la parole, et il y avait un petit article sur ce que Peter avait fait –une chose pour laquelle il ne pourrait pas être puni légalement, car ce n'était pas vraiment un crime. Il n'y a eu un article que parce que Papa a des connections au Ministère, et parce que certains membres du Magenmagot voulaient des lois plus strictes pour réguler les Médicomages privés et avaient utilisé cet événement comme excuse. Ce n'était pas vraiment à propos de Harry.

Et Cho Chang est une des filles les plus jolies et les plus populaires de Serdaigle. Harry n'arrive pas à se figurer ce qu'elle peut bien lui vouloir.

- Bien sûr, répond-il alors que Chang reste plantée là avec un sourire amical sans s'en aller ou dire que c'était une erreur. Qu'y a-t-il ?

Chang se glisse sur un siège à côté de lui. Elle porte un parfum délicat mélangeant des fleurs et du sel marin. Harry se reprend à réfléchir aux potions qui ont cette odeur, et se demande ce qui se passerait si on altérait la proportion d'oursins dans celles-ci.

- Cédric a dit qu'il t'avait vu pratiquer des sorts vraiment avancés dans une salle de classe l'autre jour, commence Chang en repoussant une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Cédric devrait apprendre à fermer sa bouche, marmonne Harry.

Cédric est un bon gars, mais il avait promis de ne dire à personne qu'il avait vu Harry Métamorphoser de la pierre en sable et conjurer un feu suffisamment intense pour le faire brûler. De toute évidence, c'est un menteur.

- Je pense qu'il voulait seulement s'assurer que tu sois reconnu pour tes véritables talents, Harry.

Il lui jette un coup d'œil. Elle se penche un peu en avant, en souriant. Ses cils ombragent suffisamment ses yeux pour lui donner un air rêveur, et il se demande si elle est fatiguée, ou quelque chose comme ça.

- Eh bien, c'est gentil, déclare-t-il en gardant son visage tourné vers son livre.

A cet instant, il s'attaque à la théorie d'Astronomie pour ses BUSEs même si c'est une classe qu'il ignore dans sa grande majorité, parce que le Professeur Snape a insisté. Il agit comme si ce ne serait pas suffisant pour lui que Harry obtienne un Optimal en Potions. Il agit comme si Harry devait tout réussir, ou ce ne serait pas un vrai succès. C'est tout Snape. Son ambition n'a aucune limite.

- Mais je n'ai pas vraiment besoin d'être reconnu. Ça me suffit que les gens arrêtent de traiter de Krakmol.

Et c'est suffisant pour le moment, même si Harry n'y croyait pas au début. Les regards de ses parents étaient maintenant moins remplis de pitié que d'inquiétude. Ils semblaient penser que leur fils continuerait à les blâmer bien qu'ils aient arrêté de dire qu'il est un Krakmol. Ils étaient nerveux en travaillant avec lui sur ses devoirs, et ils lui écrivent tout le temps, et ils essayent d'apprendre ce qui l'intéresse après quinze ans d'ignorance.

C'est... agréable, dans un sens. Mais ce n'est pas ce à quoi Harry s'attendait.

Il avait pensé que les choses changeraient, qu'ils deviendraient le genre de parents qu'ils sont avec Sol et Romulus et Alicia, et qu'ils vivraient heureux pour toujours. Mais non. Maman et Papa sont tellement inquiets à propos de ce qu'ils ont fait et d'en être blâmés que c'est fatiguant d'être avec eux.

Et ce qui est triste, en quelques sortes, c'est qu'en fait, Harry s'en fiche que ce soit fatiguant et inconfortable d'être avec eux. Il a dépassé, il ne sait comment, son besoin de leur approbation alors même qu'il l'avait obtenue. Il n'est pas dévasté qu'ils réagissent ainsi. Il leur répond tous les quelques jours, il répond à leurs questions, et il sait...

Il sait qu'ils ne sont pas ceux qu'il veut impressionner. Il a l'œil sur des gens au-delà de sa famille, maintenant.

- Harry !

- Quoi ?

Il se tourne de nouveau vers Chang. Honnêtement, il ne sait pas pourquoi elle est encore là. Il lui semble étrange que quiconque veuille s'asseoir près de quelqu'un qui réfléchit et a le regard dans le vide.

Cela dit, Chang est une Serdaigle. Harry a vu des Serdaigles faire ça les uns avec les autres dans la bibliothèque. Peut-être que c'est leur façon d'être amis.

- Je veux apprendre à te connaître, minaude Chang d'une voix basse.

Elle tend la main et la poser près de celle de Harry. Il observe avec perplexité. Elle se recule, au final, cependant elle continue d'une voix basse :

- Je veux... peut-être étudier avec toi, peut-être aller à Pré-au-Lard avec toi.

- Pourquoi ?

- Je t'apprécie !

Harry cligne des yeux avant de rétorquer :

- Mais nous n'avons jamais interagi. Comment peux-tu m'apprécier si tu ne me connais pas ?

Chang a l'air d'être vraiment déstabilisée. Harry l'observe avec encore plus de perplexité. Il ne sait pas ce qu'il a fait, mais parfois, depuis l'article et la révélation de la trahison de Peter, c'est ainsi, il agit comme d'habitude et les gens réagissent comme s'il était perturbant.

Elle finit par inspirer un grand coup et articule :

- Je... pense que tu es beau, et je sais que tu es assez puissant, complimente-t-elle en rougissant. Je voudrais sortir avec toi. Non, je ne te connais pas, mais j'aimerais apprendre à te connaître, ajoute-t-elle en rencontrant le regard de Harry pendant un instant avant de baisser les yeux. Merlin, Harry, je sais que tu n'es pas à Gryffondor, mais tu forces pratiquement les gens à agir comme s'ils étaient ceux qui voulaient sortir avec toi.

- Je ne suis pas puissant.

Ce qui lui vaut un clignement d'yeux ébahi.

- Mais l'article dans le journal disait...

- Toujours dans la fourchette basse de la moyenne, l'interrompt Harry. Ça me prend toujours beaucoup d'essais pour réussir mes sorts. Le truc, c'est que j'ai des années d'études derrière moi et j'ai une très bonne mémoire. Je connais des façons de réussir les sorts que la plupart des gens ne connaissent pas. Et il y a des sorts que tout le monde peut faire –qui dépendent moins de la puissance brute que la plupart des gens pensent– c'est juste qu'ils sont difficiles à travailler, alors les gens abandonnent plutôt que de les apprendre correctement. Puis les sorciers studieux et les chanceux arrivent à les lancer, et tout le monde décide que c'est une question de puissance. Pas de discipline. Tout est une question de discipline, Chang. Tu sais pourquoi même des sorciers adultes et puissants n'arrivent pas à lancer correctement le Charme du Bouclier la plupart du temps ? C'est parce qu'ils abandonnent.

Chang chancelle presque en s'éloignant de lui lorsqu'il dit ces mots. Il essaye de se calmer. Il sait que ce n'est pas de sa faute à elle. On lui a juste menti toute sa vie, comme on a menti à Harry, et à Sol et Romulus, et à plein d'autres gens. Ils croient que la puissance fait tout.

C'est faux. La finesse, la compétence, la discipline et la patience font tout. Et Harry a tout ça.

Et c'est une des raisons pour lesquelles les choses sont si inconfortables avec ses parents. Maman et Papa sont passés d'un extrême à l'autre, de penser que Harry est un Krakmol à penser qu'il allait tous les éblouir avec des démonstrations de magie puissante et extraordinaire. Harry ne connaît que de la magie extraordinaire pour son âge, mais ils ont du mal à l'accepter.

En vérité, Harry a de la peine pour eux, un peu, et pour les gens qui essayaient de lui manifester leur admiration juste après la sortie de l'article. Il a même de la peine pour Peter, parce que sa vengeance était tellement superficielle. Se reposer sur la puissance, croire que ça fait tout, c'est superficiel, aussi. Le monde se porterait tellement mieux si les gens accordaient plus d'importance à d'autres choses que la puissance.

- Je... es-tu en train de dire que la puissance ne fait aucune différence ? demande prudemment Chang.

- Non, corrige Harry. Je suis en train de dire que certaines personnes agissent comme si c'était un destin, et certaines personnes agissent comme si c'est un raccourci. Les premiers pensent que les sorciers puissants peuvent faire tout ce qu'ils veulent et que personne d'autre ne peut le faire, et les seconds deviennent paresseux. Les gens essayent de lancer des sorts, ils échouent les premières fois, ils abandonnent et décident que c'est parce qu'ils ne sont pas assez puissants. Et les quelques-uns qui réussissent sont acclamés comme s'ils étaient puissants, et pas disciplinés. C'est une prophétie qui s'auto-réalise.

Il s'interrompt, parce que Chang le fixe avec des yeux ronds.

- Quoi ?

Peut-être qu'elle va lui dire qu'il a tort. Harry sait qu'il a raison, parce qu'il l'a vécu, mais il pense que les gens pourraient ne pas être d'accord avec lui, et il est préparé à défendre sa position s'il le doit.

- Tu es... tu es brillant, Harry, souffle-t-elle. C'est beaucoup plus séduisant que d'être puissant.

- Euh, merci ? Je suppose ?

Harry la contemple, confus. Il disait simplement ce qu'il sait être vrai, il n'essayait pas d'impressionner quiconque.

- S'il te plaît, viens avec moi à Pré-au-Lard ce week-end.

Un bruit sourd se fait entendre derrière eux, et Harry se retourne en sursautant. Le Professeur Snape est debout derrière eux, les bras croisés, et son regard perçant fixé sur... Chang, à la grande surprise du Poufsouffle. Il ne pense pas que Snape est censé regarder quiconque ne portant pas le nom de Potter comme ça.

- Potter, énonce l'enseignant sans le regarder, vous avez une retenue ce soir, je vous fais confiance pour ne pas l'oublier.

Il est vrai qu'il a une leçon de Potions de prévue, mais Harry n'aurait pas cru que Snape utiliserait le prétexte d'une retenue pour les couvrir. Il lâche un petit soupir et se détourne pour faire face à Chang.

- Désolé pour l'interruption, s'excuse-t-il. Mais je crains fort que je ne sortirai avec personne cette année. Peut-être devrais-tu demander à Cédric ? Il a parfois l'air de vouloir sortir avec toi. Et n'êtes-vous pas allés ensemble au Bal de Noël l'an dernier ?

Chang s'éloigne de lui d'un mouvement vif.

- C'est vrai, mais nous avons rompu, claque-t-elle en balançant ses cheveux par-dessus son épaule cette fois. Tu devrais savoir des trucs comme ça.

- Désolé. Je ne prête pas beaucoup d'attention aux commérages, peu importe qui les colporte, Poufsouffles ou Serdaigles.

Chang se lève de la table et s'en va d'un pas rapide. Harry secoue la tête. Il suppose que Cédric savait ce qu'il faisait, à la secourir du fond du lac l'an passé, mais pour une fois, il est d'accord avec Sol. Il n'aurait jamais choisi de secourir une petite copine comme elle.

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Jalousie.

Harry Potter n'est pas le seul à devoir s'inquiéter de jalousie.

Severus avait vu le Potter, partageant la même table à la bibliothèque avec Chang et lui parlant passionnément, et il avait été incapable de se retenir lorsque cette fille insistante l'avait invité à un rendez-vous. En vérité, il observe Potter à distance la plupart du temps, quand ils ne travaillent pas aux Potions ou qu'il ne fait pas réviser l'Astronomie qu'il méprise à le Potter. Severus pense que Harry Potter est capable d'obtenir un Optimal à toutes ses BUSEs.

Harry pense qu'il est ridicule.

Severus s'en fiche. Quand Harry révise, ou lit pour réviser, ou travaille sur une potion avec lui –cette fois-ci, une potion expérimentale de Severus qui pourrait remplacer le Charme de Désillusionnement si tout se passe bien– il ne prête aucune attention aux filles, et aux quelques garçons, qui lui font de l'œil et soupirent après lui.

Es-tu jaloux de ces écolières et de ces écoliers ?

Severus écarte la pensée qui ne cesse revenir vers lui, même s'il sait que cette pensée a raison. Il n'est pas jaloux des balbutiements qui pourraient avoir lieu dans la pénombre des alcôves. Il est jaloux de la passion montrée par Harry à Chang. Harry devrait partager ses réflexions avec Severus. Il devrait explorer la théorie magique avec Severus. Il devrait venir vers Severus lorsqu'il a des questions ou veut étudier.

Jusqu'à présent, le manque d'amis de Harry et son dévouement pour ses études académiques avaient préservé Severus de la jalousie. Mais maintenant, il y a des gens pour remarquer ses accomplissements. Il ne les cache plus pour les montrer à ses parents en premier. Il avait fait sa démonstration à ses parents, et plus tard ses frères et sœur, et il a dépassé le besoin de leur approbation.

Severus ne veut pas qu'ils remarquent. Ou, plutôt, il veut qu'ils remarquent, et ensuite admirent de loin.

Il est celui qui a découvert ce qu'était Harry, et continue de le découvrir. Il est celui qui a offert au garçon de l'aider en Potions et qui a dompté sa langue en sa présence. Les autres ne devraient pas recevoir le bénéfice de ce qu'il sait.

Une part de lui sait qu'il est ridicule de penser ainsi. L'autre part de lui bénit l'aveuglement de Harry qui continue d'éloigner les gens lorsqu'ils essayent de lui proposer un rendez-vous.

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- Je ne comprends pas pourquoi je n'arrive toujours pas à maîtriser le Charme du Bouclier.

Harry lève les yeux au ciel. Sol se débrouille déjà mieux que lui dans ces cent premiers essais.

- Je te l'ai dit. La puissance aide, mais c'est l'implication qui compte vraiment. Là, tu veux encore essayer ?

- Non. J'ai besoin de me reposer un peu.

Harry hoche la tête et recule, laissant Sol s'avachir sur la chaise dans la salle de classe vide et demander faiblement de l'eau. Un elfe de maison apparaît avec un verre plein et disparaît immédiatement. Harry ne demanderait jamais à un elfe de faire quelque chose comme ça pour lui, mais que Sol le fasse ne fait pas de lui une mauvaise personne. Il est juste différent.

- Comment tu as fait ? demande Sol lorsqu'il a bu la moitié de l'eau et versé l'autre moitié sur sa tête. Et tu continues à le faire. Même avec toute cette frénésie de révisions que tu dois faire pour tes BUSEs.

- Je ne révise pas autant que certains autres pour les BUSEs, explique Harry en clignant des yeux. Je sais déjà certaines choses, et... les autres se soucient plus que moi d'obtenir un Optimal à ces examens.

Il a failli dire « Professeur Snape », mais il ne pense pas que Sol aimerait entendre ça. Snape tourmente toujours Sol. Il ne le fait pas avec Romulus, uniquement parce que Romulus fait des efforts en classe et n'essaye pas de se reposer tout le temps sur la puissance brute comme le fait Sol la plupart du temps.

- Mais... il faut de bonnes notes aux BUSEs pour avoir une bonne position au Ministère !

- Je ne travaillerai pas pour le Ministère, réplique Harry avec un petit sourire.

- Qu'est-ce que tu vas faire, alors ?

Harry considère son frère. Sol se penche en avant de sa chaise, et il semble sincèrement intéressé. Il a présenté ses excuses pour l'avoir traité de Krakmol lorsqu'il a vu le Charme du Bouclier que Harry pouvait produire pendant l'été. Il décide donc qu'il peut lui révéler ceci :

- Je vais travailler à la défense des Krakmols. Même s'ils ne peuvent pas faire ce que je fais, ça ne veut pas dire qu'on devrait leur refuser une éducation. Ils peuvent toujours faire certaines choses. L'Histoire de la Magie, l'Astronomie, l'Herbologie, le Soin aux Créatures Magiques, par exemple. Ils peuvent voir Poudlard. Ils pourraient venir à l'école ici.

Sol reste bouche bée un instant, avant de répondre :

- Mais si tu te lances dans la politique, tu vas avoir besoin de travailler avec le Ministère.

- C'est de la défense des droits plus que de la politique, contre Harry en secouant la tête. Il se peut que je doive rencontrer des gens qui travaillent au Ministère. Mais je ne suis pas obligé d'y travailler moi-même. Où est-ce qu'ils me mettraient, d'ailleurs ? Il n'y a aucun département qui gère ce genre d'affaires.

De cela, il en est sûr. Il avait essayé de faire des recherches sur les Krakmols et le test qui l'avait condamné pendant des années, et il n'y a presque rien. Tout ce qu'il avait trouvé était lié à la Médicomagie, pas au Ministère.

Et Sol continue de le fixer.

- C'est... vraiment ambitieux.

- Je suis à Poufsouffle, pas à Serpentard.

- Je ne disais pas ça dans un mauvais sens, se défend Sol en levant une main. Je dis juste que c'est vraiment ambitieux. Peut-être que tu as besoin de ces Optimal à tes BUSEs, en fait. Juste pour que les gens t'écoutent.

Harry penche la tête sur le côté.

- Oui. Peut-être que c'est une bonne raison.

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Harry est distrait pendant la session de brassage de Potions suivante. Severus garde un œil sur lui et l'observe faire presque une erreur, mais se rétracte toujours à la dernière seconde et parvient à continuer sa préparation. Finalement, il n'y tient plus :

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Hmm ? marmonne Harry en levant les yeux. Oh, Sol m'a fait comprendre pourquoi je voudrais peut-être obtenir des Optimal à mes BUSEs, après tout. Ce sera important pour ma carrière.

Puis il retourne à sa potion expérimentale et tamise précautionneusement la poussière d'or comme Severus le lui a indiqué, son esprit apparemment focalisé.

Comme s'il était parvenu à une décision. Une décision dont Severus ne sait rien, et son frère, de toute évidence, si. Le frère qu'il l'a traité de Krakmol l'an dernier. Le frère qui lui prête davantage d'attention depuis qu'il a été révélé que Harry n'en est pas un, mais qui n'a toujours pas gagné autant de privilèges que Severus, et plus qu'il n'aurait .

La jalousie a toujours un goût de bile. Severus la fait battre en retraite.

- Et quelle est cette carrière ?

- Je vais défendre les Krakmols pour qu'ils reçoivent une éducation à Poudlard. Il y a plein de choses qu'ils peuvent faire. Il y aurait eu plein de choses à faire pour moi-même si j'en avais été un. Les gens laissent juste leurs préjudices les contrôler et ne pas regarder.

Dans les yeux de Harry brille une flamme. Severus se souvient d'avoir vu les yeux de Lily comme ça, mais là, c'est différent. Là, c'est un projet dans lequel il veut être impliqué.

Un projet dont il aurait dû me parler.

- Et comptiez-vous demander l'aide de votre mentor ? demande-t-il doucement, lorsque quelques minutes se sont écoulées et que Harry n'a toujours pas réalisé qu'il a fait quelque chose de mal. Ou pensiez-vous que je ne m'abaisserais jamais à vous prêter conseil sur la défense des Krakmols ?

Harry le regarde fixement.

- Je... mais pourquoi voudriez-vous m'aider ?

La jalousie l'embrase de nouveau, et il est bien plus difficile de contenir la flamme que la bile.

- Pardon ? éructe Severus, la voix plus basse qu'il ne l'aurait souhaité, mais Harry ne se rétracte pas, et continue juste à l'observer. Pourquoi ne voudrais-je pas vous aider ? Qu'ai-je fait avec les Potions et vos habitudes de travail, si ce n'est vous aider ?

Harry secoue un peu la tête.

- Monsieur, vous m'avez beaucoup aidé, oui, et je suis content que vous ayez été présent pour voir la révélation de ma magie à mes parents.

Sa main joue avec un mélangeur, sans le mettre dans la potion. Il y a chez Harry une discipline, même quand il est distrait, que Severus ne peut s'empêcher d'admirer.

- Mais je sais que vous n'avez commencé à m'aider en premier lieu que pour vous venger de mon père, continue le jeune garçon. Peut-être même de ma mère, je ne sais pas. En fait, j'ai été surpris lorsque vous avez continué à m'aider cette année. Vous avez eu votre revanche. Pourquoi voudriez-vous m'aider avec quoi que ce soit d'autre ?

- Et pourtant vous avez poursuivi dans notre arrangement sans demander pourquoi ?

- J'appréciais passer du temps avec vous, monsieur. Je pensais que vous arrêteriez si je disais quelque chose.

Severus fixe Harry. C'est logique, lorsqu'il y pense. Harry a accepté un respect réduit de la plupart des sorciers adultes autour de lui. Normal qu'il trouve que le comportement de Severus, à continuer après l'accomplissement de sa vengeance, perturbant.

C'est compréhensible. C'est aussi inacceptable.

- Je souhaite également poursuivre notre arrangement, se force-t-il à dire. Je suis... devenu habitué à votre présence.

Harry y réfléchit, puis hoche la tête.

- C'est logique, monsieur. Pouvons-nous poursuivre nos Potions, maintenant ?

- J'ai une autre chose à dire, révèle Severus qui se retrouve confronté à un regard intense, face auquel il carre la mâchoire. Je veux que vous veniez me voir avec vos inquiétudes, vos problèmes, vos plans. Ce qui inclut les sujets n'ayant pas trait aux Potions, comme votre défense des Krakmols.

- Euh. D'accord, monsieur. Je n'ai aucun problème avec ça, ajoute Harry lorsque son professeur lui adresse un regard sévère. C'est juste que je n'avais aucune raison de penser que vous seriez intéressé.

Severus sait qu'il ne devrait pas, sait que cela pourrait donner à Harry des suspicions quant à ce qu'il ressent exactement, mais il ne peut s'empêcher de se pencher en avant et articule, d'une voix basse et intense :

- Tout à propos de vous m'intéresse, M. Potter.

Harry écarquille les yeux, et, pendant un instant, Severus croit qu'il y verra trop de compréhension. Mais au lieu de ça, le Poufsouffle lui offre un sourire éblouissant et retourne au brassage de sa potion, sans le moindre signe d'inconfort.

Il est important pour Severus que Harry ne ressente pas d'inconfort. Sans quoi, il pourrait s'éloigner, et ceci est tout aussi inacceptable.