Zazaone – j'avais déjà répondu aux insinuations bi - lol ! Le parallèle jalousie Nigel Shaula et James Lily fonctionne - le syndrome 'chacun a sa chacune et moi alors pourquoi je reste seul… !' mais quand même, Sirius n'est pas jaloux de James comme il l'est de son père … aucune envie de coucher avec Evans (je suis catégorique).
Fénice – j'espère que Remus ne va pas te decevoir (à vrai dire, je flippe ! ). Pas beaucoup de lumière alors… black is black (?). Lily écrasée par James… tendance à la voir comme ça, et comme je porte sur elle le regard de Sirius … les Maraudeurs trop dans leur rôle, faut que je travaille sur le glissement et le décalage alors ?
Guézanne – la complexité des rapports inter-maraudeurs… euh, tu m'affoles là ! C'est vraiment si tordu que cela ? La composante Shaula - et son impact.. wait and see !
Merci à Redblesskid d'avoir mis Black Lignage en alerte et à BêtaG et ses impressionnants délais de correction ! (les plus rapides de l'Ouest ?)
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On a retrouvé un maraudeur
Remus ne revint que le surlendemain, il fit son apparition au premier cours de la matinée, Charmes, le cours commun pour toute la promotion. Evidemment, il n'arborait pas la tête d'un mec qui revient de vacances, se dit Sirius, en découvrant qu'il n'était pas loin de lui en tenir rigueur. Il était pâle, les joues creuses et les yeux sombres. Mais les cheveux ras et une robe neuve, beau noir brillant. Ça, c'était nouveau, cet air propre sur lui. Il pensa à ce que Bertha lui avait rappelé – que Remus travaillait pendant ses vacances. Par nécessité. Du moins avait-il gagné de quoi passer chez le coupe-tif et le tailleur. Quand il pensait que lui avait gardé exprès sa tenue de l'année dernière, justement pour ne pas lui faire honte. Putain de Merlin, tout devait toujours être si compliqué ?
Il s'était arrangé pour arriver au tout dernier moment, lorsque Jetta faisait signe à ses élèves d'entrer. Ainsi, sa réapparition passa presque inaperçue et de toute façon Lily, et Bertha, avaient expliqué à qui voulait l'entendre qu'il avait été malade.
Certains prirent de ses nouvelles, et puis le cercle des très proches constitua le comité d'accueil - Peter bavant presque sur ses chaussures d'excitation, James faisant de grands gestes excités, Lily l'embrassant rapidement sur les deux joues,Thibert lui assénant une grande claque dans le dos, et Lunard répondant avec son habituel flegme, qu'aux dernières nouvelles, il n'était pas encore mort.
Il alla présenter ses excuses au professeur Toura et s'installa à la place que Lily lui avait réservée, entre elle et Queudver. Ce qui ne laissa à Sirius pas d'autre choix que de s'asseoir, soit à côté de James s'il voulait reconstituer le rang des Maraudeurs (avec Evans dans le rôle de l'intruse), soit à un autre rang pour foutre en l'air leur petit comité d'accueil.
Il choisit de prendre place à côté de Bertha, elle-même installée à gauche de Bacqueville. Elle lui envoya une petite grimace en signe de bienvenue.
« Alors, satisfaite de ton inspection… pas de beurre aujourd'hui ? Tu ne tâtes pas le bestiau ?
– Tu te prends pour une vache ?
– Une vache, où çà, où çà ? »
Les yeux rieurs, Thibert faisait mine de chercher autour de lui.
« Arrête Thibert, fini Jersey, ici, c'est Poudlard, et s'il y a des vaches, elles sont sacrées, et elles s'appellent Dumb Dumb et Gogo ! »
Ils éclatèrent tous les trois de rire, les têtes du second rang se retournèrent et les imitèrent, Merlin seul savait pourquoi, James se racla bruyamment la gorge et s'exclama qu'il était impossible de prendre des notes avec un tel charivari. Sirius se retourna pour lui balancer une vanne et ses yeux rencontrèrent ceux de Lunard.
Mais il était trop loin de lui pour qu'il puisse espérer y lire quelque chose. Lunard se détourna, l'air indifférent. Jetta réclama le silence et le cours reprit.
… Premier chapitre, titre un – Les sorts communs … Paragraphe un - Les sorts défensifs…
Les plumes s'activaient, Jetta dictait de plus en plus vite. Alors qu'il recopiait une formule inscrite au tableau, il vit que seuls trois élèves occupaient une place au premier rang – Sévèrement Con, le cheveu impeccablement crasseux, sa cousine Narcissa, dans une robe qui scintillait doucement (il repensa à Witch Chic) et son bellâtre, son teint de cadavre de luxe et le bras en écharpe.
Evidemment il ne prenait pas de notes. Qu'est-ce qu'il avait encore inventé, le bloody bastard ? Etait-ce juste un truc pour jouer la grosse feignasse ?
Zut, il avait loupé au moins cinquante mots ! Au bout de dix minutes, Jetta se lança enfin dans une de ses fameuses anecdotes, qui faisaient d'elles la prof la plus rigolote de tout Poudlard. Surtout qu'à partir de la sixième année, ses histoires avaient parfois un petit quelque chose de border line sous la ceinture qui enchantait ses élèves. Sirus se pencha par derrière Bertha, frôlant la natte de sa joue, il tapa sur le bras de Thibert et lui glissa :
« Tu me raconteras, hein, et il revint à sa place.
– Eh, Bertha, tu as vu Remus ce matin ? »
Elle se mordilla les lèvres et remit sa natte en place.
« Pourquoi tu n'es pas allé vers lui, quand il est arrivé ?
– Merde, qu'est-ce que tu me reproches encore ! Je ne voulais pas déranger leur comité de bienvenue, tu vois, ça ressemblait à Vive les héros qui rentrent à la maison, style Back to Poudlard leur truc !
– Mais qu'est-ce que tu t'imagines, ils disaient bonjour à un copain, à un des leurs ! Méfie-toi Sirius, tu vas devenir comme Severus – à pleurnicher que personne ne t'aime et à te rendre insupportable pour jus-ti-fier combien tu as raison de penser que personne ne t'aime ! »
Si, il y a une qui m'aime, et c'est bien la seule chose qui m'importe… et qui m'affole
«Mais toi, miss Philosphy qui voit clair dans mon jeu, tu m'aimes ? »
Il vit tout d'un coup le visage de Bertha se décomposer et se recomposer sous d'autres traits, à la fois plus gracieux et plus durs.
« Oui. Sirius. Oui. »
Elle avait marqué une pause entre les trois mots, le temps d'inspirer et d'expirer.
Trois fois, trois mots.
Trois autres mots : Sirius regarde moi.
Il se devait de fermer les yeux et de se boucher les oreilles. Il eut soudain l'impression absurde que Lunard le regardait et le tapait dans le dos.
« Sirius, ça va ? » C'était à nouveau Bertha à côté de lui.
« Tu es tout pâle… »
Il ne répondit pas à la question.
« Tu l'as vu ?
– Oui, quand il est arrivé…
- Il est venu te voir ?
– Oui. Il revenait de chez Old Dumb.
– Et qu'est-ce que tu lui as dit ?
– Que tu avais quelque chose à lui dire.
– Et ?
– Et il m'a dit qu'il s'en doutait ..
– Ah bon ?
– La première personne qu'il a vue en remettant le pied à Poudlard, c'est MC Potions (1) tu vois. Et comme ton petit sketch avec MacG n'est pas tombé au fond d'un chaudron muet, votre cher ennemi a sauté sur l'occasion et a raconté à Remus combien il avait de la chance d'avoir un copain, enfin un véritable ami, comme toi, une vraie nounou …
- Et Remus, il a pris ça comment ? »
Bertha lui envoya une grimace, le nez froncé et les yeux plissés. Elle était irritée, et il savait pourquoi – Remus avait dû salement encaisser le coup. Et le grand cœur de Miss Bertha avait dû y aller de son petit refrain. Et pour lui, ça allait être un sermon… sur la nécessité de ne pas bousiller ses amitiés et d'assumer tout seul ses conneries. Mais pourquoi ne pouvait-il pas se foutre royalement de ce qu'elle allait lui dire, pourquoi était-il suspendu à ses lèvres comme un condamné devant son juge ? Et s'il lui parlait de Shaula, saurait-elle trouver une réponse ? Ou alors, ce qu'il pourrait lui en dire la rendrait muette, muette, réduite au silence, Bertha, et se cachant les yeux pour ne plus le voir.
– Il a confirmé ta charmante histoire à Severus, il n'allait évidemment pas lui faire le plaisir d'exposer vos petits arrangements entre amis, même avant d'avoir été mis au courant. Solidarité inter-maraudeurs, j'imagine. Je l'ai aussi prévenu que Gogo le convoquerait très certainement et qu'il aurait à te couvrir jusqu'au bout. »
Elle s'était ressaisie de sa plume et la faisait tourner entre ses mains. Sirius voyait la plume aller et venir, sur un rythme nerveux et saccadé. Il déglutit avant de se lancer :
– Et il a dit quoi ? Je suppose qu'il a soupiré et levé les yeux au plafond .. »
Il commença à ricaner et découvrit que c'est le rire qui s'imposait finalement. Et Bertha souriait, maintenant, et la plume ne faisait plus que caresser le parchemin déroulé devant elle.
– Il a répondu qu'entre Mac Go, et toi le choix était vite fait… car il préfère les chiens aux chats. Bon, je pense qu'elle ne le croira pas, mais … elle sera sensible à cette hm manifestation de solidarité entre deux brillants étudiants de sa prestigieuse maison.. donc, à mon avis, vous êtes tranquilles. Et les Serpentards vont la boucler… Remus et MacGo vont leur couper l'herbe sous le pied. Mais, dis-moi, Sirius, tu étais où la nuit de la rentrée ? »
Durant tout le temps qu'ils avaient chuchoté, ils s'étaient tenus proche l'un de l'autre, presque épaule contre épaule, mais pour poser cette nouvelle question, Bertha s'était éloignée, venant presque se coller contre Thibert, qui leur jeta un coup d'œil curieux, avant de rediriger son regard vers Toura, toujours en train de raconter son histoire.
« C'était la pleine lune et Patmol avait envie de se dégourdir les pattes … alors, il est allé dans le souterrain, vers la cabane hurlante, des fois où il y aurait trouvé un loup solitaire. Mais il n'y a vu que des musaraignes et encore il n'a pas été fichu d'en attraper une ! Ce chien est un véritable incapable ! »
Elle poussa un léger soupir.
« Miss Lebewohl, un problème à me signaler, un voisin envahissant peut-être ? »
La voix de Jetta les fit sursauter, ils levèrent les yeux en même temps et la découvrirent, à l'extrémité de leur rang, un demi-sourire sur les lèvres, occupée à lisser les plis de sa jupe verte. Sirius remarqua comme Bertha la regardait calmement, presque amicalement.
« Aucun problème, professeur, et puis, en cas de besoin, je maîtrise parfaitement les sorts de répulsion. »
Lucius se retourna vers le reste de la classe, en grimaçant suffisamment pour leur faire comprendre combien le mouvement était rendu douloureux par son bras blessé et il s'exclama :
« Et si j'étais toi, je n'hésiterais pas à m'en servir … je crois même que tu aurais dû déjà mettre tes talents en œuvre depuis longtemps. »
Bertha siffla entre ses dents, en direction du premier rang. Leur professeur avait assisté à l'échange, sans faire mine de s'interposer. Elle regagna son estrade d'un pas vif et vint de positionner devant eux, prenant appui sur le bord de son bureau.
« Bien, un peu de silence, je vous prie. Cet intéressant petit épisode va me donner l'occasion de préciser un point. La plupart d'entre vous me connaissent… depuis longtemps et vous avez eu l'occasion de constater combien j'ai toujours usé, fort modérément, de mon pouvoir de retirer des points à vos maisons respectives. Malgré cela, je crois avoir toujours maintenu la discipline suffisante au bon déroulement de nos cours. Aujourd'hui, vous êtes en septième et dernière année… ce qui veut dire que dans un an, vous vous retrouverez, ou à continuer vos études post-poudlard, ou à travailler. Et, dans un cas comme dans l'autre, il ne sera plus question de points à perdre ou à gagner, ou du moins pas sous cette forme… que je qualifierais volontiers … de puérile. Donc, cette année, moi et vous, du moins dans le cadre de mon cours, nous laissons tomber ce petit jeu. Albus Dumbledore est au courant de ma décision, il m'a même fait l'honneur de la soutenir…toutefois pas au point de l'imposer aux autres professeurs… chacun reste donc libre de sa décision. Vous aurez donc tout le loisir de perdre ou gagner des points avec.. Minerva Mac Gonagall, pour ne citer qu'elle. »
Le professeur Toura balaya du regard sa classe, laissant ses élèves assimiler la nouvelle et savourer cette dernière pique.
« Je vois certains d'entre vous frémir d'excitation -
tous les élèves se regardèrent d'un air faussement interrogateur
- à la perspective de pouvoir perturber ce cours en toute impunité. Si j'étais eux, si par exemple j'étais Messieurs Potter, Black ou Malefoy…la liste n'est évidemment pas exhaustive, je pourrais y rajouter Monsieur Goyle, je me garderais bien de me considérer dans cette classe comme en terrain conquis… il est bien évident que je garde tout mon pouvoir disciplinaire et que je n'hésiterais pas à infliger la dose de détention qui s'imposera. Et faites moi confiance pour vous trouver des travaux pratiques sensiblement plus intelligents que des lignes à copier ou des coupes de quidditch à astiquer. Si vous avez des commentaires ou des suggestions à faire, c'est bien évidemment le moment.
- Professeur, pouvez-vous nous confirmer que c'est votre dernière année à Poudlard ? »
La question avait été posée par Evans et sembla prendre Jetta de cours. Ses sourcils se mirent à onduler et elle frappa nerveusement du pied sur l'estrade qui émit de petits grincements désapprobateurs. Il semblait qu'Evans avait tapé dans le mille, mais comment fichtre savait-elle cela ?
Sirius se retourna vers elle, il n'était d'ailleurs pas le seul, pendant un bref instant, la salle de cours ne fut plus qu'un bruit de fesses et de robes glissant sur les bancs. Evans était toute rouge et regrettait visiblement d'avoir posé sa question. James lui tapotait la main d'un air rassurant, tout en adressant des grimaces désolées à l'attention de Toura.
« Dix points de moins pour Griffondor ! » Il ne fallut pas plus d'une demi-seconde au professeur pour identifier celui qui venait de parler et la tension que la question de Lily avait fait surgir sur son visage disparut immédiatement, remplacée par une espèce de soulagement.
« Mister Malfoy, à quel petit jeu stupide jouez-vous ? Etes-vous sûr d'avoir tiré les bonnes conclusions de ce que j'ai pris la peine de vous expliquer ? Vous passerez me voir à la fin du cours, et n'ayez crainte, je vais penser à une détention à effectuer sans l'aide de votre précieux bras droit… Miss Black, j'entends. »
A l'énoncé de son nom, Narcissa sursauta sur son siège, et sa robe se mit à briller de plus belle. Jetta prit tout le temps nécessaire pour observer le phénomène, mais ne fit aucun commentaire.
« Sur ce, nous reprenons notre cours. Deuxième paragraphe – les sorts mixtes. »
Plus tard, ils eurent le droit à un second intermède, il entendait vaguement la voix de Jetta qui parlait d'un exondus lancé par erreur par le secrétaire particulier d'un vieux ministre et qui avait déclenché une panique monstre en pleine réception officielle du Nouvel An, puisque toutes les bouteilles s'étaient vidées les unes après les autres.
Les autres élèves riaient, il entendit Bacqueville se demander avec quoi les ministériels s'étaient finalement pintés. Lui revoyait, sans savoir pourquoi, une photographie de Shaula, jeune fille. Elle devait avoir treize ou quatorze ans, elle était habillée en tenue d'hiver moldue, sans doute pour aller skier, pantalon fuseau et gros anorak bordé de fourrure. Elle tenait un bonnet à pompons dans sa main. Elle portait deux nattes enroulées sur le dessus de sa tête.
Lorsque Toura donna le signal de fin de cours, il s'arrangea pour sortir dans les premiers, guettant Lunard et essayant d'éviter tous les autres. Ce qui se révéla assez facile – toutes les filles s'agglutinèrent autour de Lily comme autant de trolls autour d'un feu de salamandres afin d'en savoir davantage sur la dernière année de Jetta Toura. De leur groupe compact monta bientôt un bruissement excité et des ' STP Lily, soit chic' , et des 'oh' et 't'es vraiment certaine ?'
Enfin, Lunard arriva au niveau du renfoncement où il s'était à moitié planqué. Il fit entendre un psssss, de peur de ne pas être vu, mais ç'aurait été bien improbable que Lunard ne l'ait pas remarqué… il ne s'était caché qu'à moitié. Ou alors, il avait eu peur que l'autre passe en le snobant. Oh merde, ça n'allait pas recommencer, les cas de conscience et les atermoiements, bientôt il n'allait plus pouvoir se supporter lui-même.
« Salut, Lunard. Ça va comme tu veux ? »
Il dut lui emboîter le pas, car Remus n'avait pas fait mine de s'arrêter.
« Evidemment ça va, j'ai la chance de connaître un mec qui joue à la nounou avec moi … ou qui le fait croire.
- Oh, zut, ne commence pas, je plaide coupable, Bertha m'a déjà fait la leçon. Et elle m'a raconté que tu avais été harponné par Suce Potions. Et que tu l'avais rembarré ! »
Lunard stoppa net, emporté par son élan, Sirius mit deux pas pour s'en apercevoir. S'apercevoir qu'il se marrait doucement aussi. Et que, soudain, il avait meilleur mine.
« Tu peux pas savoir comme ça m'a fait plaisir de commencer l'année de cette façon, ce fut assez … hm jouissif de voir Rogue se décomposer devant moi. Il aurait pu se douter que j'allais … que j'allais te repêcher. Je ne sais pas quelle idée il se fait de l'amitié…
- A mon avis aucune, et c'est pas Malfoy qui pourrait lui apprendre… ce que ça signifie vraiment. Donc, Monsieur Lunard passe l'éponge ?
- Ouais, j'abandonne les poursuites ; laisse tomber, je répéterai ton histoire à Mac Go. Et j'ai même pas besoin de savoir ce qui t'a pris. Je sais juste qu'il y a, souvent, trois gus autour de moi, quand j'en ai besoin.
- Dommage que les deux autres ne soient pas là pour t'entendre…
- Ben, mon grand, tu iras leur raconter ce que je pense d'eux, hein. J'suis pas très doué pour les grands sentiments. »
Ils s'envoyèrent une petite bourrade dans les cotes.
« On a cours ensemble ?
- Ouh, là , du calme, je connais pas encore ça par cœur ! »
Il plongea dans sa sacoche et en extirpa son emploi du temps.
« Alors, voyons vouère, mercredi, 10 heures 15 – beurk … Potions. J'ai déjà la gerbe.
– On est avec les Aspics ?
– Pendant une heure, et ensuite finito, mais eux ils continuent. Je suis sûr que Rogue en pisse déjà d'excitation dans sa robe !
– Ou dans son chaudron ! »
Ils éclatèrent de rire, Sirius dut même s'appuyer sur le mur pour reprendre son souffle.
Après Potions, ils avaient encore une heure d'Astronomie. A la fin de ce cours, Lunard voulut remonter au dortoir, afin de déballer ses affaires. Sirius s'imposa, et le suivit.
Finalement, ce fut Lunard qui rompit le silence :
« Qu'est-ce que c'est que cette histoire avec Toura ? Elle s'en va ?
– Demande à Lily, c'est elle qui a lancé le truc.. un truc de fille.. tu les as pas vues, à la fin du cours, à jouer aux pipelettes et Oh ! et Ah !
– Elle a encaissé le coup, d'ailleurs..
– Peut-être qu'elle va se marier ? ou qu'elle a accepté un contrat ailleurs … »
Ils étaient arrivés dans leur dortoir, sans avoir rencontré personne.
Lunard ouvrit sa malle, elle portait une grande éraflure sur le côté, toute fraîche.
« T'as eu un problème avec l'escalier ? »
Remus s'interrompit, une pile de livres dans les mains.
« –Comment as-tu deviné ?
- Moi aussi, j'ai un peu traîné.. tu vois, le soir de la rentrée.. j'ai dû me débrouiller tout seul avec ma malle et ce fichu escalier..
– Ah ? »
Remus se dirigea vers ses étagères et disposa soigneusement ses livres, un à un.
« Tu sais qu'il existe un sort ?
– Oui. Mais j'aime bien toucher les livres.. j'aime leur contact… c'est lisse et doux.
– Ouh, heureusement que je sais qu'on parle de bouquins, parce que .. doux et lisse, ça pourrait prêter à confusion ! »
Il sauta sur son lit et s'y allongea, gêné et furieux. Il ne s'était pas méfié, il ne s'était pas tenu sur ses gardes, et il venait de se faire rattraper. Doux et lisse. Lisse et doux. Vite, parler, agiter l'air, ne pas rester seul avec le souvenir.
« Tu sais, que James et Lily .. ça y est, z'ont perdu leur pucelage. »
Lunard s'occupait maintenant de ses vêtements.
« Chacun de leur côté ? ou ensemble ?
– Ahaha, très drôle, old boy, ensemble, forcément.
– Ils t'ont fait leurs confidences ?
– Non, mais c'est évident. Tu n'as pas vu l'air de débilos que James affiche… »
Lunard se dirigeait vers la salle de bains, afin d'y déposer ses affaires de toilette. Il marqua une pause devant le lit de Sirius.
« Ce n'est pas un air débile, c'est un air d'amoureux comblé..
– Et alors, c'est la même chose !
– Non. Ça n'a même rien à voir ! »
Il disparut dans la pièce d'à côté, d'où il lui cria
- Et toi ?
– Moi quoi ?
– Tu l'as toujours ?
– Ça te regarde ! »
Il avait bondi sur ses pieds et s'encadra dans la porte de la salle de bains. Remus était en train de s'examiner dans un miroir. Sans se retourner, il lui répondit
« Excuse moi, non, ça ne me regarde pas. »
Et il entreprit de se laver les mains.
« Tes vacances se sont bien passées ?
– Oui, si on veut… j'ai travaillé presque en permanence.
– T'as fait quoi ?
– Travaillé dans des restaus… à Londres … chez les moldus, ils sont bien ces gens : à part quelques givrés, ils ne croient pas aux loups-garous.
- Tu as fait la cuisine ? »
Lunard en avait terminé avec ses mains, Sirius se poussa pour le laisser passer.
« Non, tu rigoles…il leur fait des gens qualifiés .. j'ai commencé par la plonge.
– La quoi ?
– La plonge, la vaisselle, sans baguette, tout à la main. Les moldus ont des machines pour faire ça, mais elle était en panne.. c'est comme ça que j'ai été pris.
– Et la baguette, vraiment, jamais ?
- Ohoh, vous êtes là ? vous venez manger ou quoi ? qu'est-ce que vous racontiez, encore une histoire de baguette ? Tu sais, Patmol, que Baldwin l'a trouvée très bonne ! »
Peter en grande forme déboulait dans le dortoir.
Ce fut à tour de Remus de les interroger :
« Quelle histoire ?
Sirius esquissa une pirouette.
– Recyclage d'humour Black au profit du copain de Master Pettigrown, Master Baldwin Schlock-Schlock.
– Baldwin Sčlock, je te signale, un c avec un petit accent.
– Ouais, un c avec un petit accent… j'en connais, c'est pas un petit accent qu'ils ont, mais un petit grain ! Mais tu sais que je vais finir par te taxer, petit rat, un gallion par blague que tu me recycles !
- Bon zut, va falloir que je me restreigne, alors, parce que question argent de poche …
- T'auras qu'à demander à Lunard, il est pété de noises depuis qu'il travaille chez les moldus. »
Peter ouvrit de grands yeux, puis se tapa sur le front en se tournant vers Remus
« Ah, c'est vrai, tu nous en avait parlé ! C'était bien ? T'as vu des filles moldues ?
- Non, il a vu des assiettes !
– Fait chier Sirius, laisse le répondre ! Alors t'en a vu ?
– Des assiettes ?
– Ah non, pitié Lunard, fais pas comme l'autre barge .. non des … fiiiilles !
– Je te signale que « des fiiiilles ! » comme tu dis, il y a en plein à Poudlard et dans notre monde.
– Oui, mais paraît que les moldues, elles s'habillent plus …
- Sexy ?
– Non court, et décolleté, et qu'elles ont les jambes longues..et
– Allez Lunard, répond, il va exploser.
– Court, je confirme, les jambes nues aussi et même parfois… »
Lunard passa son bras autour du cou de Peter, l'entraîna vers une fenêtre et lui murmura quelque chose dans le creux de l'oreille. Peter prit un air doucement rêveur.
Sirius leur accorda trois secondes.
« Et t'as fait comment au moment de la PL ? »
Remus revient vers lui, un demi-sourire sur les lèvres.
« Je leur ai dit que je me cassais, parce que j' avais trouvé un job mieux payé ailleurs. Aussi simple que ça, et vrai en plus, c'était un restau plus chic, dans le coin de Covent Garden, finie la plonge, je faisais le service – pourboire, bouffe gratuite, et le contact avec le client…
– La cliente, tu veux dire !
– Bof, elles étaient toutes accompagnées …
- Mais ça t'empêchait pas de les mater, non ?
– Non, rien ne m'en empêchait … J'étais libre. »
Sirius haussa les épaules et entreprit de mimer un type sur le point de tomber d'inanition. Au but de cinq secondes de manœuvre, il abandonna et jeta un coup d'œil sur les deux autres. Peine perdue - Peter était toujours plongé dans sa rêverie, et Remus s'y était mis à son tour. Flûte, il crevait de faim et les deux autres se prenaient à fantasmer sur on se demandait quoi ! Il leur agita une main sous les yeux, s'exclama qu'il avait les crocs et partit en courant, criant encore « Qui m'aime me suive ! », se défendant de penser à autre chose que l'assiette qui l'attendait.
En fin d'après-midi, Remus Lupin fut convoqué dans le bureau du professeur Mac Gonagall à laquelle il confirma bien volontiers que Sirius Black était effectivement venu chez lui lors de la dernière pleine lune.
« Je ne vous crois pas le moins du monde, Master Lupin, mais j'imagine que vous avez vos raisons et puisque ce sont les vôtres, et donc celle d'un Griffondor, je vous accorde le bénéfice du doute. J'en conclus qu'elles sont fort honorables et je considère que l'absence de Master Black est justifiée et que, par conséquent, cette histoire est close. »
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Trois jours plus tard, 11 heures du soir, la salle commune des griffondors s'était vidée de tous ses occupants, à l'exception de Sirius.
S'il avait espéré pouvoir rester tranquille et se concentrer sur ses emmerdements, c'était définitivement raté. Enfin, il y avait eu quand même un moment tranquille, Lunard en face de lui, ils avaient étalé un maximum de trucs sur la table, système répulsif contre toute intrusion malvenue. Les autres, les juniors, s'étaient installés ailleurs et ce qui était bougrement plaisant, en leur lançant de regards respectueux. Ils devaient se dire merde 'Une semaine après la rentrée et déjà tout ce boulot !'
S'ils savaient que lui, Sirius Black, n'en avait pas foutu une ramée ce soir là… il avait juste fait semblant, mais brillamment, comme tout ce qu'il faisait. Sauf que là, il réfléchissait à un truc et que ça manquait sérieusement de brillance. C'était beaucoup plus glauque et il n'avait pas trop l'habitude. Ou alors, ça avait toujours été là et il n'avait jamais su le voir – il s'était laissé aveugler – trop de lumière dans les yeux, ça empêchait de voir le reste…
Bien sûr, Lunard n'était pas dupe, mais il avait sur les autres l'avantage d'être à 30 centimètres de lui, donc, pas difficile de comprendre qu'il ne bossait pas. D'ailleurs, il lui avait demandé s'il se sentait bien. Il avait failli répondre NON NON NON, mais ç'aurait été injuste pour Lunard. Ç'aurait été injuste de le renvoyer dans ses marques sans lui avoir expliqué, comme une sorte de trahison. Et s'il y en un qu'il ne voulait pas trahir, c'était bien lui. Il pressentait que bientôt, il aurait besoin de lui.
Lunard… Pourquoi avait-il accepté de se laisser coller ce surnom ? Il suffisait que ça leur échappe, à un des trois et certains pourraient avoir des soupçons. Il suffisait de faire certains recoupements, et tout s'expliquait. Heureusement pour lui que la plupart des élèves ici ne voyaient pas plus loin que le bout de leur baguette.
Puis Lunard avait baillé, en s'étirant comme un … chat, il s'était frotté les yeux, en baillant à nouveau.
« Bon, ça va, j'ai compris, t'es fatigué, tu vas aller te pieuter et tu me laisses tomber !
– Je suis fatigué, oui, je n'ai pas fait semblant de bosser, moi et je suis assez satisfait de ma dissert et je n'ai pas l'impression que je te laisse tomber : je ne te portais pas à bout de bras, au cas où tu n'aurais pas remarqué. Si t'as quelque chose à me demander, vas-y, mais sinon, je m'en vais.
– Ben alors, va te coucher… petit loup ! »
Il lui répondit 'Sale clebs ! ', mais en lui souriant. Ce n'était pourtant pas ce qu'il avait cherché, mais voilà il avait fait surgir un de ces drôles de moment où Lunard était en paix avec son loup. Il sentait en lui Patmol qui s'agitait, prêt à sauter de joie sur la table, comme un chien fou, un bon clebs.
Cinq minutes plus tard, son humeur joyeuse s'était fait la malle quelque part ailleurs et il contemplait son manuel de métamorphoses d'un air lugubre, en tournant une page de temps en temps pour s'assurer qu'il était encore vivant.
Après dix autres minutes, il avait enfin pris une décision – il abandonnait la dissert de Mac Go – Commentez la décision du Magemagot établissant l'obligation de recensement pour les animagi – vous mettrez notamment en évidence les conséquences sur l'expression des libertés individuelles sorcières - et il se réattaquait aux travaux pratiques de Charmes – après tout c'était la matière où il lui faudrait récolter le maximum de points, il lui suffisait de faire un carton en fin d'année et, par le jeu des coefficients, il aurait son diplôme et peu importent ses résultats dans les autres disciplines.
Voilà, c'était déjà une ligne d'action, pas trop compliquée celle-là, pas besoin de se poser de questions, suffisait de suivre le programme. Il s'exclama « Demandez le programme ! » et sa voix résonna comme une idiote dans la pièce désertée.
Le soir de la rentrée, alors que Patmol s'était refugié dans le souterrain, Nigel et Shaula étaient à l'opéra et avaient brillé aux bras l'un de l'autre. Il se donna un coup de pied dans la cheville et s'attaqua à sa recherche sur les sorts totipotents.
« Tu viens pas te coucher, tu travailles ? »C'était Peter, ébouriffé, en pyjama, il se demanda si le petit rat avait été envoyé par le petit loup. Non, il ne pensait pas que Lunard lui aura fait une telle vacherie. Alors pourquoi donc l'autre venait l'emmerder ?
« Non, je pense à ma mère. »
Pour se punir de s'être si facilement trahi, il envoya bouler tous les bouquins étalés devant lui sur le sol, juste aux pieds de Peter.
« Et alors, c'est pas la peine de te foutre en rogne pour ça. Si je devais tout balancer à chaque fois que je pense à la mienne ! Ou alors, elle t'a déjà envoyé une beuglante ? »
Il regardait Peter, pesant le pour et le contre. Il se décida pour le pour.
« Et alors, tu penses souvent à … ta mère ? »
Peter rougit et commença à bafouiller. Il ne put résister, tant pis s'il le braquait et n'en tirait finalement rien.
« Suce ton pouce un coup, si ça peut t'aider ! Et pas la peine de tabasser mes bouquins. »
Il prit sa baguette et cria « Accio bordel ! »
Tous les livres et rouleaux de parchemin atterrirent sur le bureau, créant un monstrueux désordre, bousculant les piles soigneusement établies par Remus avec ses propres affaires. Bon, il avait bloqué Peter, il n'aurait pas sa réponse, de toute façon, il y avait peu de chances que Queudver ait l'esprit aussi tordu que lui.
« Fait chier, Sirius. Et puis, d'abord, ça t'intéresse pas, c'est ma vie privée. »
Il tourna les talons et quitta la salle commune. Sirius lui lança encore
« Allez, va sucer ton pouce. »
Il avait failli ajouter « Va te toucher la bite », mais au dernier moment, quelque chose l'avait retenu qui n'avait rien à voir avec le sens des convenances…non, c'était infiniment plus dérangeant que ça. Il y avait des mots qui ne passaient plus. Des mots orduriers. Ils avaient été amusants à manier, maintenant, ils étaient dangereux.
Il s'obligea à remettre un semblant d'ordre dans les affaires de Lunard. Il laissa passer encore un quart d'heure, et jugeant que Peter avait eu largement le temps de se fourrer au lit, il gagna leur dortoir.
Il ne s'endormit pas avec une heure du matin, essayant vainement d'écarter de lui trop d'images trop perturbantes – il eut même l'impression un moment qu'il faisait de grands gestes de bras pour repousser une Shaula dont les nattes traînaient sur le sol derrière elle, comme autant de serpents rutilants, et qui lui chuchotait : Oui. Sirius. Oui.
(1) comme Master of Ceremony…
