Titre : Du coq à l'âme

Auteur : Tenchi… et sur la fin je crois que Manson à pris les commandes ^^

Base : Encore et toujours Maya l'abeille… heu non, Gundam ! Je voulais dire Gundam !!!

Genre : Action, romance, et le mystère arrive petit à petit (ça se précise, ça se précise ^^)

Disclaimer : Ben, toujours la même rengaine, pas pas à moi, pas à moi, PAS A MOI !!!

Notes : Heu… je vais éviter… et me faire le plus discrète possible. Sinon, rien à ajouter. Si, les paroles (et accessoirement le titre) de début sont une chanson de La grande Sophie. Et celles de la fin sont de Saez (une inédite, Il y a ton sourire ^^ AAAAAAAAAAH !!!! Bientôt le nouvel album !!!!!). Juste un dernier détail : Ne me tuez pas, pitié !!!

Email : Tenchi_liloo_manson@hotmail.com

Remerciements :

Usako : Alors j'espère que ce qui va suivre va répondre à certaines de tes questions. Mais pour le pourquoi et le comment de la disparition de Relena, et de tout le reste, c'est pas pour tout de suite, va falloir patienter un peu ^^ Mais promis, les réponses viendront au fur et à mesure.

Kiwidieu : Et moi je réponds : KIWI POWA !!!!!! Je t'adore ^^ Tu devrais pas me complimenter autant, je vais finir par choper la grosse tête ^________________^ Quoi que c'est peut-être déjà fait… Mais t'inquiète, je vais continuer sur cette voie, et je compte sur toi si je m'écarte un peu trop du chemin. Mais il va enfin y avoir un peu d'action ! Au bout du 4ème chapitre il serait temps -__-'

Deathslave : Merci ! ^_________^ Je prends ça comme une compliment. Et t'inquiète pour les reviews, je comprends très bien, je suis dans le même cas ^^ Les idées, j'en ai, mais elles viennent doucement. Et j'ai aussi beaucoup de mal pour taper plus de 8 pages. Cette fois c'est mon record.

Katel : Ma Choupette adorée ! ^^ Ne lis plus J'ai fait serment… si c'est pour te mettre dans des états pareils. Tu manies bien la culpabilité quand même ^^ J'espère que tu m'en veux pas trop quand même, ou alors que ça durera pas trop longtemps… Et je te jure que ça va s'arranger. J'ai fait une promesse, et je tiens toujours mes promesses ^__________________^

Arwen : Wouah… vive le copier-coller pas vrai ? La voilà la suite, et le 5 est en préparation quelque part au fond de mon cerveau tordu de sadique psychopathe et déséquilibrée

Athanais : Je sais pas si tu passeras par là, mais merci beaucoup, ça me touche beaucoup. Et oui, c'est exactement ce que je voulais ^^

Chapitre 4

Mes deux yeux pour pleurer

Je n'confierai pas ma peine / J'ai mes deux yeux pour pleurer / Un ami pourtant m'appelle / Il me dit tu peux parler / J'ai perdu mon innocence / L'envie de tout partager / Maintenant qu'il y a souffrance / C'est elle que je veux garder / Je n'confierai pas ma peine / J'ai mes deux yeux pour pleurer / La semaine et le week-end / Les rivières ont débordé / J'ai mes raisons mes désirs / C'est ma joie pour regarder / En face mon avenir / Qui saura me consoler / Je n'confierai pas peine / J'ai mes deux yeux pour pleurer / Les sillons de mon Rimmel / Et mon visage mouillé / Me voilà face à moi-même / Mes angoisses et mes regrets / Me voilà seule et certaine / De l'avoir à mes côtés.

Quand Relena avait vu Quatre apparaître comme par magie derrière Heero, son coeur avait doublement sauté de joie. D'abord, parce que ça évitait une nouvelle confrontation et une nouvelle dispute. Les débats avaient été longs et difficiles, elle se sentait épuisée et de mauvaise humeur. D'autre part, parce qu'elle adorait Quatre et sa gentillesse naturelle. Il avait le don d'apaiser les gens qui l'entouraient. Et puis elle avait plus que jamais besoin d'un ami auprès d'elle, en ce moment de tensions politiques. Elle se jeta dans les bras de Quatre en poussant un cri de joie, après être passée en courant devant Heero, qui avait enfin baissé son arme. Pas trop tôt ! Il avait la fâcheuse manie de menacer les gens de son arme à tout bout de champ. En général, quand quelqu'un est surpris, il sursaute. Heero non. Son premier réflexe était de sortir son flingue (on ne sait trop d'où, et avec une rapidité effrayante), et d'en menacer son… "agresseur". Un jour, le coup partirait et il serait l'auteur d'une belle bavure. Elle se méfiait toujours, et s'efforçait de ne jamais le surprendre. En même temps, c'était assez facile, étant donné qu'il savait toujours où elle était, et quand il ne le savait pas, il semblait le deviner. Une sorte de sixième sens, sans doute. Ou des incantations vaudous. A vrai dire, elle n'avait pas tellement envie de le savoir.

_ Quatre ! Je suis si contente de te voir ! Tu ne peux pas t'imaginer à quel point !

_ Moi aussi Relena, je suis content.

_ Mais comment se fait-il que tu sois là ?! Je croyais qu'une affaire importante te retenait sur L4 pour encore plusieurs mois ?

_ Et bien mes collaborateurs ont pris la relève, et on m'a envoyé ici pour représenter la colonie et assister le représentant officiel. Et puis comme ça, ça nous permet de nous voir un peu. Ca fait un moment.

_ C'est vrai. Tu m'as manqué.

Relena regarda Quatre avec tendresse, un petit sourire tremblant sur les lèvres. Elle s'arrêta au milieu du couloir et l'enlaça pour se blottir contre lui. En quelques mois, Quatre avait encore pas mal grandi, et il dépassait Relena d'une bonne tête. Elle posa sa tête sur sa poitrine, et se laissa bercer par les battements de coeur de son ami. Quatre la serra un peu plus fort. Quelque chose tourmentait la jeune fille, il le sentait. Elle n'allait pas bien. Relena pleurait. Son âme, son coeur pleuraient. Et quand elle redressa la tête pour le regarder, il se rendit compte qu'elle pleurait vraiment. Ses yeux bleus étaient noyés de larmes. Inquiet, il lui caressa doucement les cheveux.

_ Lena, que se passe-t-il ? Pourquoi pleures-tu ?

_ C'est rien. C'est juste que je suis très heureuse de te voir.

_ Voyons. Je te connais bien. Je sais qu'il y a autre chose. Parle-moi. Tu sais que tu peux tout me dire.

_ Je te jure, ça va. C'est juste que… non, ça va passer. Je suis simplement fatiguée. La journée a été longue et…

_ Il faut y aller.

Heero venait d'apparaître à leurs côtés, la main sur son arme (habitude quand tu nous tiens), et venait de les interrompre grossièrement. Relena le fixa d'un regard noir, et Quatre sentit qu'elle allait lui sauter à la gorge. Il fut plutôt étonné. Apparemment, leurs relations n'étaient pas au beau fixe, loin de là. Que s'était-il passé durant ces six derniers mois ? Quatre savait que la jeune fille avait longtemps éprouvé de tendres sentiments à l'égard du pilote de Wing. Et ces sentiments étaient réciproques, il en était persuadé, même si Heero n'en était pas réellement conscient. Alors pourquoi Relena semblait éprouver tant de colère envers le jeune homme ? Aussi quand il la vit ouvrir la bouche, il prit la parole avant elle, histoire d'éviter une hécatombe verbale.

_ Pardonne-nous Heero. Nous te suivons immédiatement. Nous aurons le temps de discuter plus longuement tout les trois, une fois rentrés.

_ Hn.

Et sur ces… belles paroles d'une éloquence folle, le trio se remit en marche et se dirigea rapidement vers la sortie.

Heero ne savait pas s'il devait se réjouir. Quand il avait vu Relena dans les bras de Quatre, il avait ressentit un étrange choc au creux de l'estomac, et un pincement au coeur. Sur le moment, il avait eu envie de taper son ancien compagnon d'armes, ou carrément de lui mettre une balle entre les deux yeux. Mais la raison l'avait aussitôt emporté sur l'irrationnel. Le cadavre d'un ex pilote de Gundam dans les couloirs du Parlement, ça ferait désordre. Puis il avait été choqué par la violence de sa réaction. Que lui arrivait-il ?! Ca ne lui ressemblait pas. Et surtout, Quatre ne lui avait rien fait. A contrario, il était reconnaissant envers l'attitude du jeune arabe, qui avait empêché Relena de lui hurler une fois encore dessus, comme d'habitude. Il était donc soulagé de l'arrivée du jeune homme, qui, espérait-il en son for intérieur, détournerait un moment l'attention et les ires que la jeune ministre avait à son encontre.

Et une idée le frappa soudain. Quatre était peut-être la solution à son problème. Il découvrirait sans doute la raison de l'humeur inhabituelle de Relena. Il semblait la comprendre, contrairement à lui, et de plus, c'était un as de la communication, du dialogue et de l'analyse émotionnelle. Heero se sentit tout d'un coup soulagé. Il décida d'aller parler à Quatre dès que possible à ce sujet, histoire de le briefer sur les événements de ces derniers mois. Après tout, Quatre et Relena étaient très proches.

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Relena était dans sa chambre. Ils étaient rentrés sans encombre, dans le silence, et chacun était allé se reposer quelques instants avant le dîner. Quatre était en salle de conférence. Il lui avait dit qu'il devait s'entretenir avec ses collaborateurs de L4, pour les prévenir entre autres choses, qu'il était arrivé à bon port et sans encombres. Et elle savait que Heero devait rôder aux alentours, pas très loin de sa chambre. Comme toujours. Elle avait la sensation qu'il ne se reposait jamais. Elle n'était même pas sûre qu'il dorme la nuit. Parfois, durant ses longues nuits d'insomnie, elle se demandait s'il était humain. Tout portait à croire que non : sauter du haut d'un gratte-ciel et s'en sortir sans trop de bobos, s'autodétruire et en ressortir vivant…

Cette journée l'avait épuisée, fragilisée. Les paroles de Foster l'avaient touchée plus qu'elle ne l'aurait pensé. Cet homme lui faisait peur. Une peur irrationnelle, inexplicable. Son cœur lui criait simplement de se méfier de l'américain, et de s'en tenir le plus éloignée possible. Mais elle s'en voulait d'avoir ainsi craqué devant Quatre. Elle savait que le jeune homme n'avait pas cru une seconde à ses justifications, et qu'il lui poserait des questions dès qu'il en aurait l'occasion. Il ne la lâcherait pas aussi facilement. Il la connaissait et la devinait très bien. Elle essaya donc de se préparer mentalement, en dressant des barrières tout autour de son esprit. Une tour d'ivoire. Elle avait été tellement surprise de sa venue, qu'elle n'avait pas pu retenir ses sanglots. Mais elle ne voulait pas partager ses doutes, son chagrin avec qui que se soit. Et puis qu'y avait-il à dire ? Rien du tout. Elle connaissait Quatre, il s'inquiéterait plus que de raison.

Elle s'allongea sur son lit, et laissa sa peine la submerger. Les larmes lui montèrent aux yeux, et elle ne fit rien pour les endiguer. Elle se roula en boule et sanglota, perdant la notion du temps. Après ce qui lui parut une éternité, ses larmes se tarirent, et elle se décida à sortir de son état de catatonie profonde. Elle se leva et se traîna jusqu'à sa salle de bain. L'image que lui renvoya le miroir n'était pas flatteuse. Pathétique. Les yeux rouges et gonflés d'avoir trop pleuré, le visage mouillé et pâle. Son maquillage avait coulé et la faisait ressembler à un clown triste. Elle n'était franchement pas présentable, et si elle ne s'était pas sentie aussi mal, elle aurait trouvé ça comique.

Mais elle se sentait vidée, épuisée. Elle n'avait envie de rien. Juste rester couchée et dormir pour oublier. Tout oublier : Heero, le monde, ses responsabilités. Tout ça devenait tellement lourd à porter. A supporter. Ne pas pouvoir faire un pas sans être observée, jugée, critiquée, menacée même. Elle était fatiguée d'avoir à se justifier sans cesse, de devoir faire attention à tout, d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête à longueur de temps. Une vie normale. Voilà ce qu'elle voulait. La vie d'une adolescente de dix-sept ans. La vie qu'elle avait avant que celui qu'elle pensait être son père ne soit assassiné, avant de rencontrer Heero et de se retrouver plongée au cœur de la guerre, avant qu'elle ne se découvre un frère, et l'héritière de la famille Peacecraft, avant qu'elle ne se retrouve à la tête d'un royaume, d'une nation… du monde. Pourquoi avait-elle été aussi curieuse ? Aussi entêtée ?

Elle se passa de l'eau froide sur le visage, et effaça les derniers vestiges de maquillage qui subsistaient. Elle tenta alors, autant que faire se peut, de camoufler ses yeux bouffis. Elle ne voulait pas que quelqu'un se rende compte qu'elle avait pleuré, et qu'on lui pose tout un tas de questions gênantes, auxquelles elle n'avait aucune envie de répondre. Son chagrin, ses larmes, ses états d'âme étaient les seules choses qui lui restaient, et paradoxalement, lui appartenaient en totalité. Et elle voulait les garder. Au moins elle avait l'impression d'exister.

Relena fixa son reflet d'un regard critique. Le résultat n'était pas spectaculaire, mais ça pouvait aller. Elle avait encore les yeux un peu rouges, mais elle pouvait sans problème invoquer sa fatigue et son stress. Quatre serait difficile à berner, mais avec un peu de chance et en croisant les doigts... Elle retourna dans sa chambre pour changer de tenue et enfiler quelque chose de plus confortable. Elle ôta son tailleur, et opta pour un jean et un pull.

L'heure du dîner approchant, elle quitta sa chambre et se dirigea vers la salle à manger, à travers le dédale de couloirs. Elle s'étonna un instant de ne pas rencontrer Heero. Mais elle ne s'attarda pas là-dessus, et chassa le jeune homme de ses pensées. Moins elle pensait à lui, mieux c'était. Elle arriva devant la porte, et s'arrêta, la main sur la poignée. Elle ferma les yeux, prit une grande inspiration, vida son esprit et plaqua un sourire, qu'elle espérait naturel, sur son visage. Puis elle ouvrit la porte et pénétra dans la pièce, en essayant d'avoir l'air gai et détendu. Quatre se retourna et la regarda en souriant avec tendresse. Heero était également ici. Le coeur de Relena fit un bond et manqua un battement. Son sourire se figea quelques secondes. Mais elle se reprit et reporta son attention sur Quatre. Moins dangereux. Moins déstabilisant.

_ Ca fait longtemps que vous êtes là ?

_ Non, quelques minutes. Heero et moi discutions… de choses et d'autres.

Relena le regarda d'un air suspicieux. Discuter ? Avec Heero ? De la pluie et du beau temps ? Première nouvelle. Et de quoi pouvaient-ils parler ? D'elle ? Cette simple pensée l'angoissa. Elle ne voulait pas qu'ils se posent de questions sur elle. Elle se promit intérieurement de faire des efforts sur son comportement, histoire de détourner un peu l'attention. Il fallait vraiment qu'elle cesse d'être aussi agressive.

_ Et de quoi discutiez-vous ?

_ Oh… de choses et d'autres.

_ Mais encore ?

_ Et bien Heero me demandait des nouvelles des autres.

Serait-il en train de la prendre pour une idiote ? Relena savait très bien que Heero n'avait besoin de personnes pour avoir des nouvelles de chacun. Premièrement, parce qu'il prenait régulièrement contact avec Lady Une et avait ainsi des nouvelles d'une partie de l'équipe. Deuxièmement, parce qu'il avait des relations plus… "intimes" avec son ordinateur qu'avec n'importe quel être humain, et qu'avec lui, il était capable de retrouver n'importe quel quidam par informatique. Elle se demanda soudain s'il pouvait retrouver un moustique en excès de vitesse, perdu au milieu de la forêt amazonienne.

_ Des nouvelles des autres ?…

_ Heu… oui. On se demandait où était Duo. On n'a aucune nouvelle depuis six mois. Depuis l'affaire des Epyons Terros en fait.

_ Je croyais qu'il était retourné sur L2 immédiatement après.

Heero prit alors la parole.

_ Nous le pensions aussi. Mais il n'y est pas. J'ai fait des recherches, mais il reste introuvable.

_ Tiens donc. Serais-tu en train de perdre tes supers pouvoirs de hacker ?

Sa remarque acerbe jeta instantanément un froid polaire, sur une atmosphère déjà tendue. Quatre fut paralysé de surprise, et Heero serra les dents pour ne pas exploser. Et Relena regretta immédiatement ses dernières paroles. C'était vraiment devenu un réflexe. Quatre sortit alors la première chose qui lui vint à l'esprit.

_ Il était sympa le film d'hier soir, non ?

Mais pourquoi avait-il dit ça ?! Deux paires d'yeux incrédules se braquèrent sur lui, et il se sentit devenir aussi rouge qu'une écrevisse ébouillantée par un cuistot sadique. Relena regarda Quatre comme s'il venait de lui annoncer avoir un troisième bras planqué dans son dos.

Il était totalement cramoisi et ne semblait plus savoir où se mettre. Puis elle tourna la tête, et regarda Heero. Et ça méritait le coup d'œil. Il était littéralement... bouche bée. Totalement inédit. Ce qui valait tout l'or du monde. Elle sentit un fou rire monter irrésistiblement, qu'elle tenta de réprimer tant bien que mal. Son malaise s'était envolé.

_ Quoi ?

Et le simple mot que Heero venait de prononcer d'une voix incrédule, fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Incapable de se contenir plus longtemps, Relena explosa de rire. Et la tête que firent les deux garçons en la regardant ne fit qu'aggraver la situation. Et le fou rire étant souvent (pour ne pas dire toujours) communicatif, il gagna Quatre quand le ridicule de la situation s'imposa à son esprit dans toute sa splendeur. Seul Heero semblait résister à la sarabande des zygomatiques. Mais contre toute attente, il éclata soudain de rire. Un rire clair et profond, qui venait du ventre. Et qui remua Relena jusqu'au plus profond d'elle-même. Son fou rire mourut alors lentement, pour cesser finalement. Elle réalisa que c'était la première fois qu'elle entendait le jeune homme rire, sans retenue aucune. Et ça lui allait à merveille. Il était d'un charme ravageur. Son cœur se mit à battre plus vite, et le rouge lui monta aux joues. Les deux jeunes hommes s'aperçurent de son brusque silence, et arrêtèrent de rire également. L'atmosphère s'était considérablement détendue. Toute la tension de la journée venait d'être évacuée. Mais ça ne pouvait pas durer éternellement. Toute bonne chose a une fin, les fous rires en faisaient partie.

_ Non mais sérieusement, vous n'avez vraiment aucune nouvelle de Duo ?

_ Non, vraiment.

_ Et Hilde ? Vous lui avez demandé si elle savait où était Duo ? Ils habitent ensemble, non ? Et ils travaillent aussi ensemble sur L2 si mes souvenirs sont bons…

_ Oui, en effet. En fait c'est elle qui nous a alerté.

_ Comment ça ?

Quatre et Heero se regardèrent, hésitants. Mais bon sang ! Elle n'était plus une petite fille, elle l'avait suffisamment prouvé lui semblait-il. Et face au regard noir et courroucé qu'elle leur lança, les deux garçons comprirent qu'ils n'avaient pas vraiment le choix, et qu'ils ne pouvaient se permettre de tergiverser plus longtemps. D'autant plus que ce n'était sûrement pas aussi grave qu'ils le pensaient. Quatre prit alors la parole.

_ Eh bien, peu après la tentative avortée des Epyons Terros, Hilde nous a appelés pour nous demander ce qui retenait Duo aussi longtemps sur Terre. Elle savait par les infos que l'opération de sauvetage avait été un succès, et que nous n'avions subi aucune perte humaine. Quand Duo n'est pas rentré tout de suite, elle s'est dit qu'il était sûrement resté ici pour participer à ta protection, et attendre que tout danger soit écarté. Mais au bout de quelques semaines, elle n'avait toujours eu aucune nouvelle, et elle a commencé à s'inquiéter. Elle a alors pris contact auprès de Sally et Lady Une, qui nous ont aussitôt contactés, pour savoir ce que nous savions. C'est-à-dire rien. Duo nous avait quitté en disant qu'il rentrait sur L2, on n'a pas cherché plus loin, même si avec le recul, il a disparu un peu brusquement. Heero a alors entamé des recherches, qui durent depuis plus de quatre mois, mais en vain. Et on se renseigne discrètement sur le terrain, à droite et à gauche. Mais jusqu'à présent, nous n'avons pas la moindre petite piste. Il semble avoir disparu dans le cosmos.

_ Certes, c'est un peu inquiétant. Mais je pense que nous ne devrions pas nous inquiéter autant. Duo a peut-être besoin de prendre ses distances, de faire le point tout seul. Les évènements d'avril ont du le perturber un peu, et lui rappeler des souvenirs pas forcément agréables. Je suis sûre qu'il va réapparaître d'ici peu, comme si de rien n'était.

_ Tu as sans doute raison. Mais qu'il ait disparu sans laisser de traces, c'est plutôt étrange…

_ Il n'a tout bêtement pas envie qu'on le retrouve, et apparemment il sait comment échapper à vos radars.

Le silence retomba, chacun étant plongé dans ses pensées. Le dîner se passa dans le calme et la sérénité, malgré les dernières nouvelles. Relena essaya tant bien que mal de lancer une conversation sur des sujets légers, histoire de faire oublier aux garçons leur inquiétude profonde pour Duo. Et pour elle, d'oublier ses propres soucis et sa journée du lendemain, qui promettait d'être longue, pénible et difficile. Mais le repas se déroula dans un mutisme plutôt relatif, personne n'étant réellement motivé par les mondanités d'usage. Relena décida alors d'aller se coucher, malgré l'heure peu tardive à laquelle s'acheva le dîner.

Heero regarda Relena sortir, et vit que Quatre s'apprêtait à suivre son exemple. Il se leva promptement et abattit sa main sur l'épaule du jeune arabe.

_ Attends !

Quatre se retourna, et Heero put lire une surprise teintée d'incrédulité dans ses yeux bleu clair. Et il ne sut comment amorcer la conversation sur le sujet qui l'intéressait. Il avait déjà fait une tentative un peu plus tôt, qui avait lamentablement échouée. Mais Quatre l'avait devancé, en mettant le sujet "Duo" sur le tapis. Et au moment où Heero avait mis Quatre au courant des derniers détails en sa possession, et s'était senti plus à l'aise pour parler de Relena, cette dernière était arrivée. Et la question "Où est passé Duo" était alors revenue en force, chose qui le mettait horriblement mal à l'aise. D'autant plus qu'il avait été convenu de tenir Relena en dehors de tout ça. Elle avait assez de soucis en tête comme ça, sans avoir à en rajouter. Mais son arrivée intempestive les avait acculés au pied du mur et les avait en quelque sorte poussés à la mettre au courant. Mais bizarrement, ça n'avait pas eu l'air de l'inquiéter plus que ça. Encore une réaction étrange de la part de la jeune princesse de Sank.

_ Je t'écoute Heero.

_ Je voudrais te parler de Relena.

_ Ah…

Heero ne sut comment enchaîner. Il se trouva soudain stupide. Pourquoi était-ce si compliqué de parler d'elle ? De parler tout court d'ailleurs. Si seulement, il arrivait à voir plus clair en lui, il était sûr que ça lui simplifierait l'existence. Il prit alors une grande inspiration, et décida de se jeter à l'eau. Quatre saurait sûrement l'aider.

_ Et bien voilà. Depuis la prise d'otage et ma prise de mes fonctions ici, Relena a un comportement étrange. Avec moi surtout. Quoi que je dise ou fasse, elle entre dans une colère noire et se transforme en harpie. Ou alors elle m'ignore et ne m'adresse pas la parole pendant des jours. Je sais que j'ai promis de la protéger, mais y a des limites, et je suis à deux doigts de les atteindre.

Quatre le regardait en souriant, tête penchée sur le côté, bras croisés, yeux pétillants de malice. Heero lui jeta un regard noir.

_ C'est pas drôle Quatre.

_ Je sais. Mais ta situation est quelque peu comique. Tu es un imbécile, Heero. Tu as beau être un as en informatique et maîtriser à la perfection l'art de la guerre, tu es nul en psychologie, et encore plus en psychologie féminine.

_ Hn.

Quatre se moquait ouvertement de lui (et de ses lacunes), et il n'appréciait que modérément. Il savait très bien qu'il n'était pas doué. Il n'avait aucunement besoin de lui pour s'en rendre compte. C'est quand même pour ça qu'il s'était décidé à prendre conseil auprès de Quatre. Pour remédier à cet état de fait.

_ Relena va mal. Très mal. Et tu ne fais rien pour améliorer la situation. Au contraire. Tu l'aggraves sans même t'en rendre compte. Elle a besoin de parler, même si elle ne veut pas se l'avouer. Et elle a besoin de TE parler. Tu lui es nécessaire, Heero, autant qu'elle t'est nécessaire. Dire le contraire serait un mensonge. Une chose est sûre, Relena est amoureuse de toi. Depuis votre première rencontre. Et toi ?

Un grand silence accueillit cette question. Quatre attendit patiemment une réponse. Heero devait prendre conscience tout seul des sentiments qu'il avait à l'égard de la jeune fille. Pour qu'il puisse en mesurer la profondeur.

_ Je ne sais pas. Je ne sais pas si je suis capable d'aimer. Je ne sais même pas ce qu'est l'amour. Les sentiments me sont inconnus, on ne me les a jamais appris.

_ Foutaises ! Heero, les sentiments ça ne s'apprend pas. On en a tous, point. Que ce soit l'amour, la haine, la peur, la tristesse, le courage, tout ça nous habite, nous traverse un jour ou l'autre. Les sentiments font partie de nous. Nous sommes tous capables d'aimer, toi le premier. Tu ne sais pas les reconnaître, c'est tout. Ton cœur est seulement engourdi. Tes émotions, tes sentiments sont présents, je les ressens. Et si tu veux une preuve, repense à tout à l'heure. C'était la première fois qu'on t'entendait rire.

_ C'est venu tout seul. C'était agréable. Je ne me souvenais plus combien c'était agréable.

_ Oui. Et Relena a été très touchée. Bouleversée. Moi aussi d'ailleurs, mais sans doute moins qu'elle. Tu as dévoilé une partie de ta personnalité, enfouie, oubliée depuis longtemps. Mais qui existe malgré tout, même si tu le refuses inconsciemment, pour te protéger je suppose. Laisse-toi aller. Laisse parler ton cœur et non ton, esprit. Laisse-toi guider par lui, et tout deviendra clair. Tu en es capable, tout ça est au fond de toi.

_ Ca paraît si simple…

_ Ca ne l'est pas. Ca va te demander de gros efforts, une mise à nu totale. Tu vas devoir faire une confiance aveugle aux autres. Te faire confiance. Mais tu y arriveras. Tu n'as pas le choix si tu veux aider Relena. Parce qu'elle a besoin de ton aide. Je vais déjà lui parler, mais je ne pourrais pas rester ici indéfiniment. Et il faudra que tu prennes le relais. Elle entame une période qui va être difficile. Aussi bien psychologiquement, qu'au niveau de ses fonctions. Le climat politique devient extrêmement tendu, et la situation va lui demander énormément d'énergie, à un moment où elle se sentira fragile et pleine de questions existentielles. Elle aura besoin d'une oreille attentive, d'un ami qui la soutienne, même si elle refuse.

_ Mais comment sais-tu tout ça ? Tu lis dans l'avenir ?

Cette réflexion candide fit rire Quatre.

_ Non, pas du tout. J'ai juste 29 sœurs, j'ai donc grandi entouré de femmes, c'est tout. Ca aide pas mal. Alors je sais par expérience que 17 ans est un passage difficile pour une fille. Et encore plus si elle se retrouve avec autant de responsabilités que Relena.

_ Mais toi aussi, tu as de grandes responsabilités, et tu as le même âge.

_ C'est différent. Je suis épaulé, et je n'ai pas vraiment les mêmes responsabilités. J'ai aussi appris à relativiser. Relena s'est retrouvée du jour au lendemain, propulsée dans le monde politique, sans aucune expérience, un lourd passé sur les épaules. En peu de temps, son existence a été bouleversée. Elle se retrouve quand même avec le sort du monde entier entre les mains, et des tas d'ennemis qui ne souhaitent qu'une chose : sa chute, voire même sa mort. Les gens la croient forte. Et elle l'est vraiment. Mais forte ne signifie pas invincible. Chacun a ses propres faiblesses. Et à trop s'appuyer sur les gens "forts", ceux-ci s'écroulent un jour ou l'autre sous la pression. Et Relena a un cœur tellement grand qu'elle se sent concernée par toutes les souffrances, par la misère du monde. C'est tout à son honneur, mais sa grandeur d'âme risque d'être sa perte un jour ou l'autre. C'est en quelque sorte sa faiblesse.

_ Et il n'en est pas question. Elle est le seul espoir de l'humanité.

_ Heero… tu n'as rien compris.

Quatre le regardait, d'un regard douloureux, peiné, presque blessé. Le regard qu'avait parfois (de plus en plus souvent d'ailleurs) Relena.

_ C'est justement ça le problème. Arrête de lui dire ce genre de choses. Ca la tue un peu plus chaque fois, surtout venant de toi. Le problème, c'est que plus personne ne la considère comme une personne à part entière. Relena s'éteint peu à peu, disparaît lentement. Elle n'est pas le seul espoir de l'humanité. D'autres peuvent prendre la relève, continuer le chemin. D'autres qui ont autant la foi qu'elle, qui sont prêts à se sacrifier pour protéger la paix. Nous en faisons partie. Si Relena venait à disparaître, la paix ne serait pas plus en danger qu'elle ne l'est déjà. Mais ELLE, elle n'est pas remplaçable. Il n'existe personne d'autre comme elle. Elle est unique, comme chacun de nous. La paix aura toujours des défenseurs. Il n'y aura pas d'autres Relena. Tu comprends ?

_ Oui, je crois.

_ Ce que je veux dire, c'est que Relena a besoin d'être considérée comme une personne à part entière, pas comme une égérie. C'est vital. Elle a besoin de se sentir parfois comme n'importe quelle jeune fille de son âge : normale. Arrête de lui rappeler sans cesse ce qu'elle est, son entourage professionnel s'en charge déjà très bien. Elle a plutôt besoin que son entourage affectif lui remémore qui elle est. Sinon, elle finira par se perdre. Irrémédiablement.

Et Quatre se dirigea vers la porte. Il se retourna une dernière fois avant de sortir, et planta son regard de myosotis dans l'outremer de Heero.

_ Réfléchis à ce que tu éprouves pour Relena. Sincèrement. Repense à tout ce que vous avez vécu, et tu sauras quels sont tes sentiments. N'essaie pas de te voiler la face, de fuir la réalité en te persuadant que tu n'as aucun sentiment. C'est faux, et si tu es vraiment honnête avec toi-même, tu t'en rendras compte. Imagine ce que tu éprouverais s'il lui arrivait quelque chose de grave. Penses-y sérieusement, sans faux-semblants Heero.

Quatre quitta la pièce sur ces derniers mots, laissant un Heero perplexe, et un peu perdu. Il se demanda si parler à Quatre avait été une bonne idée. Il se sentait encore plus embrouillé. Réfléchir à ses sentiments. C'était pas gagné. Il décida d'aller faire sa ronde habituelle pour vérifier que tout allait bien, et d'aller se coucher, histoire d'être en forme le lendemain. Après tout, la nuit portait conseil, disait-on…

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Grande gifle sur le réveil. Relena ouvrit les yeux avec difficulté. Déjà l'heure de se lever. Elle grogna et plongea la tête sous la couette. Elle ne voulait se lever, et quitter la chaleur douillette et réconfortante de son lit. Elle tenta sans succès d'oublier pourquoi son réveil avait sonné : le Parlement. Vaincue, elle repoussa la couette à coups de pieds (et surtout avec mauvaise humeur), et s'assit dans le grand lit. Elle soupira et se traîna sans enthousiasme jusqu'à la salle de bain. Seigneur… elle avait vraiment une tête de déterrée. En voyant son reflet dans le miroir, elle eut l'impression de voir quelqu'un n'ayant pas dormi depuis des jours. Découragée, elle laissa ses vêtements de nuits échouer sur le sol carrelé, et se glissa dans la cabine de douche. Elle resta de longues minutes immobile sous le jet d'eau puissant. L'eau ruisselait le long de son corps, semblant entraîner dans son sillage jusqu'à la bonde d'évacuation, toute sa tension, son stress, sa fatigue. Elle pencha la tête en arrière, exposant avec plaisir, et même un certain soulagement, son visage fatigué au liquide libérateur et bienfaisant.

Mais ne voulant pas être en retard, elle se força à fermer les robinets et à sortir. Elle s'enveloppa dans son peignoir, et enroula ses cheveux dans une serviette. Ils étaient trempés, elle allait devoir les attacher si elle ne voulait pas se retrouver avec le dos mouillé, une grande auréole sur sa veste et sa chemise. De toute façon, elle n'aurait jamais le temps de les sécher. Elle allait vraiment finir par couper court cette satanée chevelure, qui l'encombrait plus qu'autre chose. De toute manière, ils étaient beaucoup trop longs. Elle retourna dans sa chambre, et chercha une tenue convenable pour la journée qui s'annonçait. Si seulement, elle pouvait y aller vêtue d'un jean… Mais elle savait très bien que c'était impossible. Tous ces vieux croûtons de parlementaires la regarderaient de travers, et n'accepteraient sûrement pas un tel accoutrement. Pourtant, ce n'était pas la tenue qui rendait une personne plus efficace dans son travail, ou plus intelligente. Elle opta donc pour un tailleur classique, comme d'habitude. Elle n'aimait vraiment pas ça, elle se sentait toujours engoncée et pas franchement à l'aise. Elle brossa ses cheveux vigoureusement pour enlever les nœuds, et les tordit le plus possible, pour les ramener en un chignon très serré sur sa nuque. Elle détestait ça. Les épingles plantées dans son crâne toute la journée étaient une véritable torture. Mais c'était l'unique moyen d'être sûre qu'il tienne toute la journée.

Elle rejoignit la cuisine à grands pas, et se dirigea immédiatement vers la cafetière, sans un regard. Elle avait besoin d'un café. Un grand, un bien fort. Elle but une gorgée du liquide noir et amer, et consentit enfin à lever les yeux. Pour constater qu'elle était seule. Etonnant. Où était passé Heero ? Et Quatre ? Relena haussa les épaules et avala d'un trait le reste de son café. Ils réapparaîtraient au moment de partir, elle en était intimement convaincue. C'était en général ce que faisait Heero, alors… Et comme ils n'étaient pas du genre à oublier de se réveiller, ou à avoir une panne de réveil. De toute façon elle n'avait pas envie de réfléchir. Pas de bon matin. Ni de parler, donc l'absence des garçons tombait très bien. Elle avait besoin de carburant pour supporter cette journée. Elle se resservit donc une tasse, avec l'impression que sa tête pesait trois tonnes, comme si elle n'avait pas dormi de la nuit. Nuit agitée sans aucun doute. Depuis plusieurs mois déjà elle dormait excessivement mal.

Relena jeta un œil à l'extérieur. Le soleil commençait déjà à briller, malgré l'heure matinale. La lune lui avait cédé la place. Les feuilles se mettaient à changer de couleur. Ca sentait l'hiver. Relena n'aimait pas cette saison. La nature endormie semblait presque morte, immobilisée sous le froid, le gel et parfois la neige. A cette période de l'année, elle se sentait toujours fatiguée et souvent déprimée. La nuit venait tellement rapidement, que la plupart du temps, elle ne voyait pas ses journées passer. En plus, elle appréhendait les fêtes de fin d'année. Elle savait que cette période serait difficile pour elle. Ca lui rappellerait plus fortement encore ses parents adoptifs. La seule chose qui la consolait c'était l'espoir de revoir son frère. Mais rien n'était sûr, elle n'avait plus de nouvelles de lui depuis des mois.

Perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas Quatre arriver. Il resta un moment sur le seuil de la porte, pour l'observer. Quatre s'aperçut que, se croyant seule, elle n'avait érigé aucune barrière autour de son esprit, contrairement à ses habitudes, et qu'elle laissait vagabonder ses émotions librement, ainsi que ses pensées. Et il les ressentit de plein fouet. Il se laissa un instant submerger, avant de se reprendre, et de les bloquer. Pendant des mois, Quatre s'était entraîné à maîtriser son kokoro no uchûu, et à présent, il arrivait presque parfaitement à canaliser les émotions qu'il percevait de son entourage, sans les assimiler comme autrefois. Relena était une des rares personnes à être au courant de ses aptitudes psychiques. Elle l'avait même poussé à les exploiter. Il avait mis longtemps à accepter ce… "don" qu'il ne considérait pas en tant que tel. Il l'avait toujours considéré plutôt comme une malédiction. Ca lui avait toujours apporté plus de souffrances qu'un quelconque avantage.

Il se concentra et sentit alors pleinement les émotions diverses qui agitaient Relena. Mélancolie, colère, désespoir, désabusement. Autant d'émotions qui n'habitaient pas la jeune fille il y avait encore quelques mois. Et tout ça était bien plus profond qu'il ne l'avait supposé. Comment avait-elle pu lui cacher tout cela. Parce qu'il ne doutait pas un instant que cet état esprit n'était pas nouveau. Il ne regretta pas d'être venu. Dire qu'il avait longuement hésité avant de prendre la décision de venir sur Terre rendre visite à son amie. Elle était au bord du clash, de la rupture. Il se doutait qu'un jour ou l'autre, le poids des responsabilités la rattraperait, et que celles-ci refermeraient leurs mâchoires sur elle. Après tout, ce n'était qu'une adolescente propulsée brutalement dans un monde d'adulte. A l'âge où les autres se posaient des questions sur leur avenir, sans y réfléchir vraiment, absorbés par leurs études, leurs conflits avec leurs parents ou leurs amis, en ayant une idée abstraite de leur vie d'adulte, Relena devait prendre des décisions pour l'avenir du monde, gérer des conflits et faisait déjà partie de ce monde d'adultes, qui n'avait plus rien d'abstrait pour elle. N'importe qui d'autre aurait déjà craqué. Mais Relena était forte. Aussi forte qu'eux, anciens pilotes de Gundam.

Pourtant une chose les distinguait. Leurs blessures morales respectives, leur envie de vaincre, de libérer les colonies, de rendre le monde meilleur, les avait poussé à faire le choix de prendre les armes pour combattre. Relena n'avait pas vraiment fait de choix. Elle s'était retrouvée face à cette situation, héritière d'un royaume au lourd passé. Sans y être préparée. Et sa seule arme avait été sa foi dans le pacifisme et dans les hommes. Son caractère, sa bonté d'âme, son cœur l'avait empêchée de fuir. Elle était donc restée et avait fait face à tout cela, avec courage et volonté. Sa vie avait irrémédiablement changé, et elle ne s'était pas plainte, elle l'avait accepté sans broncher. Et pour cela il l'admirait. D'ailleurs, tous ceux qui la connaissaient un tant soit peu, l'admiraient pour cette raison. Même si on ne lui disait pas et qu'elle semblait parfois l'ignorer. Les gens ne parlaient pas assez entre eux. La communication évitait pourtant bien des conflits, des quiproquos… la souffrance…tout le tems perdu à se détester ou à penser faussement. Relena et Heero en était une preuve flagrante. Une parmi tant d'autres…

Malgré tout cette force était aussi sa faiblesse. A force de se donner corps et âme, elle s'était oubliée en chemin, avait mis sa vie entre parenthèses depuis deux ans, avait renoncé à son adolescence. Et elle commençait à se rendre compte du prix à payer. Quatre décida de rompre le contact psychique, et d'annoncer sa présence en toussotant. Relena se retourna aussitôt en sursautant, la main crispée sur sa poitrine.

_ Quatre ! Tu m'as fait peur !

_ Désolé.

_ C'est pas grave. J'étais plongée dans mes pensées et je t'ai pas entendu arriver.

_ Ah.

Il y eut un moment de flottement, où aucun des deux ne sut quoi dire à l'autre. Quatre voulait parler à Relena des angoisses qui la hantaient, mais ne savait comment aborder le sujet sans la braquer. Mais il décida de remettre la discussion à plus tard. A un moment plus opportun, pas quelques minutes avant de partir pour le Parlement. Alors il se rabattit sur un sujet moins délicat, et plus passe-partout.

_ Tu as bien dormi ?

_ Pas vraiment. J'ai un sommeil plutôt agité depuis quelques temps.

_ Oh. Il y a une raison particulière ?

Relena le regarda un instant, hésitante.

_ Je ne veux pas t'ennuyer avec ça, Quatre.

_ Relena ! Pourquoi penses-tu ça ? Tu ne m'ennuies jamais, quelle idée ! Je suis ton ami, je suis là pour que tu puisses te confier. C'est le rôle d'un ami. Bon, écoute, je ne voulais pas aborder le sujet maintenant mais... je sais que tu ne vas pas bien, contrairement à ce que tu veux faire croire à tout le monde. Et je sais que...

_ Quatre, je...

_ Non. Ne m'interrompt pas s'il te plaît, c'est important.

_ D'accord...

_ Donc, je sais aussi que tu n'as pas envie d'en parler. Mais si tu continues sur cette voie, tu vas droit dans le mur. Tu as des amis, des personnes qui tiennent à toi, qui sont là, autour de toi pour te soutenir. Et qui sont prêts à t'écouter et à t'aider. Tu peux me parler, tu le sais bien. Alors je t'en prie, dis-moi ce qui te tracasse autant. S'il te plaît Relena.

_ Pardon. C'est juste que… je sais pas… Tous ces problèmes au Parlement m'inquiètent. Ils ont raison, la Paix vacille, et je suis impuissante face à cela. Je n'ai pratiquement aucune expérience politique, et je perds l'influence que j'avais. De toute façon, face à la misère du monde et à la colère légitime du peuple, que peuvent bien faire mes discours sur le pacifisme… Ils ont autant d'impact qu'un cataplasme sur une jambe de bois. Les gens ont d'autres préoccupations maintenant. Et je ne sais pas quelles solutions je peux apporter aux problèmes économiques et sociaux qui secouent le monde.

_ Relena... personne ne te demande de trouver une solution miracle, comme ça, d'un claquement de doigt. C'est impossible de toute façon. Personne n'en est capable. Il faut du temps, de la patience, et beaucoup de travail. Pendant des siècles, les conflits ont fait rage sur Terre, et ensuite dans l'espace. Tu ne peux pas effacer ça, et redresser l'économie mondiale en quelques jours.

_ Sans doute. Mais j'ai l'impression d'être vraiment inutile. Il y a tellement de choses à faire que je ne sais pas par où commencer.

_ Est-ce que tu as quelques idées ?

_ Oui, je crois... j'ai préparé quelques propositions pour la réunion d'aujourd'hui. Je ne sais pas si elles sont bonnes... et réalisables surtout.

_ Je suis sûr que oui.

_ Quatre ! Je ne fais pas que des choses bien. Parfois j'ai la sensation que tu dirais amen à tous mes faits et gestes. Tu veux que je te dise ?

Relena le regardait, un petit sourire malicieux au coin des lèvres. Une petite réminiscence du passé qui n'était pas désagréable. Un peu comme la veille au soir. Petite amélioration ? Il l'espérait de tout coeur. Il lui sourit à son tour et l'encouragea à continuer.

_ Vas-y, je suis tout ouïe.

_ Et bien tu n'es pas très objectif à mon égard, mon cher Quatre !

Ils se regardèrent un instant puis éclatèrent de rire.

Heero était levé depuis un moment. Il avait déjà fait son tour de ronde habituel autour de la propriété, et avait donné ses recommandations aux agents de la sécurité. Il n'avait pas cessé de penser à ce que lui avait dit Quatre. Le jeune arabe avait raison. Il s'y prenait comme un manche avec Relena. Il avait vraiment le don de dire ce qu'il ne fallait justement pas dire. Mais à part le pousser à se poser plus de questions, Quatre ne l'avait pas aidé d'un iota. Et ne l'avait pas non plus aidé à résoudre celles qu'il se posait déjà. Il avait beau se triturer la cervelle dans tous les sens, il ne trouvait aucune réponse. "Foutaises ! Les sentiments ça ne s'apprend pas ! On en a tous..." Oui, mais comment les reconnaître ? Comment être sûr ? C'est vrai qu'il éprouvait quelque chose de particulier pour la jeune princesse, il l'avait toujours su, mais... "Pense à ce que tu éprouverais s'il lui arrivait quelque chose de grave..." Facile à dire. Il n'avait jamais envisagé la chose sous cet angle. Il était conscient que Relena était constamment en danger. C'était un peu pour ça qu'il était dans ce guêpier depuis six mois quand même. Mais il avait toujours envisagé ça d'un aspect technique, professionnel. Jamais sous l'angle des sentiments, de ce qu'il ressentait lui, en tant qu'être humain. Et puis un garde du corps essayait d'éviter de penser à la mort possible de son protégé. C'était son boulot à la base.

Il leva soudain les yeux en entendant des rires. La cuisine. Il venait d'arriver devant la porte de la cuisine, sans même s'en rendre compte. Ce rire. Ce rire léger, cristallin, il ne l'avait pas entendu souvent, et en tout cas pas depuis longtemps. Ce rire-là lui remuait toujours l'estomac. Il avait l'impression à chaque fois que son coeur faisait un bond pour tenter de s'échapper de sa poitrine, que sa tête se vidait d'un seul coup, et que ses entrailles se tordaient. Et ce rire-là, il l'aurait reconnu entre mille, même s'il ne l'avait pas entendu souvent. Ce rire d'ange c'était celui de Relena. Et sans qu'il se l'explique, un sourire lui monta aux lèvres alors qu'il poussait la porte. Et il fut frappé par la physionomie (fatiguée mais angélique) de la jeune fille. Elle tournait le dos à la fenêtre, et le soleil levant sur ses cheveux créait un halo doré autour de son visage. Ses yeux bleus brillaient, et malgré ses traits tirés (elle avait mal dormi, il l'avait entendue s'agiter toute la nuit), elle avait l'air plutôt détendu. Plus que d'habitude en tout cas, quand ils devaient passer leur journée au Parlement. Sans doute Quatre y était-il pour quelque chose. Ce dernier se tourna d'ailleurs vers lui, avec un grand sourire en guise d'accueil.

_ Bonjour Heero !

_ Bonjour.

Relena le regardait, une lueur d'hésitation au fond des yeux, le reste d'un sourire sur ses lèvres roses.

_ Bonjour Heero...

_ Relena... Je venais voir si vous étiez prêts. Il est temps, et tout est en place... mais je ne voulais pas vous dérangez...

_ Oh... heu... d'accord. Moi je suis prête en tout cas. Quatre ?

_ Moi aussi, c'est tout bon.

_ Très bien. Nous pouvons y aller alors...

_ Hum... Heero ? Tu ne veux rien ?

Heero regarda la jeune fille, sans comprendre. Que pourrait-il vouloir, à part tout faire pour elle, pour la protéger, pour la voir rire et sourire comme ça tous les jours ?

_ Je veux dire... tu ne veux pas prendre un café avant de partir ?

Il la regarda, trop incrédule pour pouvoir lui répondre. Avait-il bien entendu ? Quatre devait être magicien. Il jeta un oeil au jeune homme... qui, à voir son petit sourire un rien moqueur, devait bien s'amuser. A cet instant précis, il lui faisait penser à Duo. Toujours est-il que c'était la première fois depuis longtemps que Relena ne s'était pas adressée à lui, directement, avec autant de gentillesse. Il eut l'impression d'avoir en face de lui la vraie Relena, l'ancienne, celle qu'il avait rencontrée il y a deux ans.

_ Heu... non merci...

_ Oh... Tant pis. Bon, alors allons-y. Je passe juste par ma chambre, récupérer mon manteau et mes papiers.

Elle posa sa tasse dans l'évier, et sortit aussitôt la tête baissée. Quatre se tourna vers lui, et son sourire s'accentua. Heero le regarda, et un brin exaspéré, lui jeta un regard noir avant de sortir lui aussi de la pièce. Qu'est-ce qu'il avait à sourire comme ça ?!

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Relena serrait les dents à s'en faire sauter l'émail. Les poings et le visage fermés, tendue à l'extrême, elle attendit que tout le monde soit sorti, pour pouvoir elle aussi quitter cet endroit maudit, rentrer chez elle et aller directement se coucher sous sa couette. Seigneur ! Elle n'avait qu'une envie à cette seconde, c'était de hurler de rage et de désespoir. Elle put enfin se lever, et sortit raide comme un piquet, prête à exploser. Heero la précéda, fidèle à son habitude c'est-à-dire silencieux, sachant qu'il valait mieux pour lui (et pour tout le monde d'ailleurs) ne pas adresser la parole à la jeune fille, et adopter un profil bas. Le plus bas possible. Quatre, encore secoué par la violence des débats qui venaient d'avoir lieu, les suivit totalement muet et un peu sonné. Il sentait la colère de Relena. Une colère noire qui recouvrait totalement tous ses autres sentiments. Et il comprit réellement pourquoi elle était dans un tel état d'esprit. Il prit conscience de ce à quoi elle était confrontée chaque jour.

Allah ! Pourquoi les hommes agissaient ainsi ? Ils essayaient de la briser, mais pourquoi ? Surtout cet Américain. Quatre ne l'aimait pas du tout. Il cachait quelque chose. Un sentiment de malaise l'avait envahi dès qu'il avait posé les yeux sur le Ministre Foster. Ils devaient absolument surveiller cet homme de près, et s'en méfier comme de la peste. Et puis il avait une façon tellement... étrange de regarder Relena... et de lui parler aussi. Sur un ton mielleux. C'était le plus vindicatif mais sans être agressif. Il tentait par tous les moyens de la déstabiliser, de la pousser à la faute. Mais avec subtilité. Mais pourquoi ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longuement. Ils venaient d'arriver au palais, et Relena sortit du véhicule comme une furie. Heero descendit mais ne la suivit pas. Quatre fut étonné. Mais quand il le regarda, il vit son regard qui semblait dire "moi j'y vais pas, sinon ça va être ma fête... de toute façon je suis trop jeune pour mourir". Alors le jeune arabe décida de se dévouer. Et puis ça lui permettrait de finir la discussion entamée le matin.

Le claquement violent d'une porte le renseigna sur la position de Relena. Le hurlement de rage qui suivit moins d'un quart de secondes après le confirma. La jeune fille avait filé droit dans sa chambre. Quatre s'arrêta devant la porte, hésitant et légèrement anxieux. Il se décida à frapper à la porte.

_ Relena ? C'est Quatre ! Je peux entrer ?

N'obtenant aucune réponse, Quatre se risqua à entrouvrir la porte et à passer sa tête dans l'embrasure.

_ Je peux entrer ?

Relena ne répondit même pas. Elle faisait les cent pas dans la chambre, comme un lion en cage, pleine d'une rage contenue. Qu'elle laissait exploser sporadiquement en poussant un cri, ou en tapant du pied pour éviter de balancer tout ce qu'elle avait à portée de main, se fracasser contre le mur.

_ Relena, ça va ?

La jeune fille se tourna vers lui, les yeux flamboyant de colère. Mais en voyant l'air inquiet et apeuré de son ami, elle s'adoucit et se détendit imperceptiblement. Relena se laissa tomber lourdement sur un des deux fauteuils près de la fenêtre. Quatre prit place dans l'autre.

_ Excuse-moi Quatre. Je suis vraiment désolée de m'être ainsi emportée.

_ Ne t'excuse pas, c'est pas très grave. Dis-moi, c'est toujours comme ça ?

_ Mm. Presque. Ca dépend des jours, mais aujourd'hui...

_ Ce Foster m'a l'air...

_ Dangereux ?

_ Oui, et malsain. Il faut s'en méfier comme de la peste. Heero s'est renseigné sur lui ?

_ Oui, mais il n'a rien trouvé de concluant apparemment. Sinon il ne m'aurait pas laissée retourner au Parlement.

_ En effet.

_ Tout ça, c'est... c'est tellement compliqué, embrouillé dans ma tête. Cette situation me pèse, je suis fatiguée Quatre. Fatiguée d'avoir parfois l'impression de me battre pour rien. Et je me sens si seule. Le monde a tellement souffert pendant cette guerre, on a eu tellement de mal à acquérir la paix. Pourtant je suis convaincue que certains dirigeants n'hésiteraient pas à replonger dans la guerre. Tu as bien vu tout à l'heure. Certains réclament le droit d'avoir une armée de réserve au nom de la souveraineté nationale. Mais à quoi sert une armée, si on vit une époque de paix que l'on souhaite durable ? Ils sont tellement contradictoires dans leurs discours. C'est fatigant à la longue.

_ Ce n'est pas nouveau. Ca a toujours marché ainsi. Les hommes disent vouloir la paix, l'égalité, mais ils s'équipent militairement, creusent les fossés de l'inégalité. Ils sont prêts à attaquer leurs voisins pour des broutilles. Mais heureusement, il existe des gens, comme toi, qui ont des idéaux forts, et qui se battent pour les faire accepter. C'est difficile, mais regarde. Le résultat n'est pas si mauvais. Pour la première fois de l'Histoire, le monde entier se démilitarise et accepte de s'unir pour une paix durable. Mais comme je te le disais ce matin, il va falloir être patient. Changer les mentalités va être long et pénible. Le commerce de la guerre brasse énormément d'argent. Certaines personnes ne sont pas prêtes à lâcher une telle manne financière.

_ Tu as raison, je sais. Mais j'aimerais tellement que tout soit fini déjà.

_ Je comprends. Mais pour le moment, il faut que tu te décharges un peu, que tu acceptes de déléguer un peu de tes responsabilités. Accepte une aide extérieure. Ca ne te coûtera rien. Et ne laisse surtout pas une poignée d'hommes comme ce Foster saper ta confiance en toi, et ta foi en l'âme humaine.

Relena lui sourit tendrement et lui prit la main.

_ Comment fais-tu ?

_ Quoi donc ?

_ Pour me remonter aussi bien le moral ! Mon royaume contre ton secret.

_ Non merci ! Garde Sank, et je garde mon secret.

Relena éclata de rire. Et Quatre, la sentant détendue, décida que le moment d'aborder LE sujet était venu. Cette situation n'avait que trop durer, et il était temps d'y mettre fin. Ca devait évoluer, et rapidement.

_ Relena. Je voudrais te poser une question.

_ Oui je t'écoute.

_ Eh bien... pourquoi agis-tu ainsi avec Heero ?

Le sourire de la jeune fille se figea instantanément. Et son regard bleu se troubla imperceptiblement. Quatre sentit les émotions contradictoires de Relena s'entrechoquer. Elle ne savait pas trop comment répondre.

_ Ecoute. Je sais qu'il est très maladroit parfois dans ses propos...

_ Parfois ?

_ Bon d'accord, toujours. Mais je pense qu'il ne sait pas comment gérer cette situation. Il n'a pas l'habitude et tu ne l'aides pas vraiment.

_ Je sais. Mais il m'énerve, c'est plus fort que moi. Il a le don de me faire sortir de mes gonds. J'aimerai qu'il réagisse un peu de temps en temps. Quoi que je lui dise, il reste aussi expressif qu'un poteau électrique. C'est agaçant.

_ Il tient à toi, même s'il ne s'en rend pas vraiment compte. C'est nouveau pour lui tout ça. Est-ce que tu l'aimes ?

_ Je crois.

_ Je ne voudrais pas m'avancer, mais je pense que c'est réciproque.

Ses paroles jetèrent la jeune fille dans un profond trouble. Et une lueur d'espoir s'alluma au fond de ses yeux. Et à cet instant Quatre sentit que tout s'arrangerait. Doucement mais sûrement. Les deux jeunes gens allaient finir par se trouver.

_ Tu crois ?

_ Demande-lui. [1]

Et Quatre décida qu'il avait rempli son office et qu'il était temps pour lui de se retirer. Il se leva et sortit de la chambre, laissant son amie à ses pensées et à ses espoirs.

Quelques minutes après le départ de Quatre, Relena réfléchissait toujours. Elle tournait et retournait les dernières paroles de son ami dans sa tête. Puis elle décida d'en avoir le coeur net. Relena se dirigea aussitôt vers son bureau, où Heero avait l'habitude à chaque fin de journée de taper son rapport. Et en effet, elle le trouva devant son ordinateur, posé sur un coin de son bureau à elle, frappant fébrilement les touches de son clavier, face à la fenêtre donnant sur le jardin. Et dos à la porte. Elle l'observa quelques secondes, hésitante. Elle ne voulait pas le déranger, sachant qu'il n'appréciait que moyennement. Mais c'était peine perdue.

_ Relena. Un problème ?

_ Tu m'as entendue ? Comment fais-tu pour deviner à chaque fois que...[2] non, laisse tomber.

Elle s'approcha du bureau et s'installa sur une chaise, à côté de lui.

_ Heero, je...

Elle s'arrêta net, décontenancée. Et soudain elle se sentit stupide. Sa démarche lui parut alors idiote. Elle s'apprêta à se lever, mais Heero cessa de martyriser le pauvre clavier et se tourna brusquement vers elle pour poser sa main sur son bras, l'empêchant de se lever.

_ Non, reste.

Relena le regarda, interdite. Et plongea ses yeux dans ceux du jeune homme, totalement hypnotisée. Ces yeux-là la paralysaient entièrement. Ils avaient un tel pouvoir sur elle. Magnétiques. Avec une lueur d'hésitation. Une question silencieuse aussi. Comme une attente.

_ Et bien, je... je voulais m'excuser de l'attitude désagréable que j'ai eu envers toi ces derniers mois. J'ai agi comme une enfant gâtée, et je m'en veux terriblement. J'ai été injuste avec toi. Injuste et méchante. Tu es un garde du corps en or, et je suis une ingrate. Je...

_ Je suis désolé.

_ Pardon ?

Heero ne sut plus quoi dire. Désolé pour quoi ? Pour tellement de choses. Des choses qui échappaient à sa compréhension, à son contrôle. Des choses sur lesquelles il n'arrivait pas encore à mettre de mots. Alors sans réfléchir il posa sa main sur la nuque de Relena, appréciant au passage le toucher doux et soyeux de ses cheveux, qu'elle avait détaché. Et il attira son visage angélique vers lui. Il se refusa à penser. Il laissa son instinct le guider, son impulsion du moment. Relena se laissa faire, trop surprise pour réagir. Oh mon dieu. Heero allait l'embrasser. Elle ferma les yeux, pencha la tête légèrement, sentit son souffle chaud tout proche, et ses lèvres s'entrouvrirent d'elles-mêmes pour accueillir ce baiser qu'elle devinait doux, et qui hantait ses rêves depuis si longtemps.

Et soudain le rêve devint horreur. L'enfer se déchaîna.[3]

Un sifflement imperceptible, le bruit d'une vitre qui explose. Heero se jeta sur elle, l'entraînant avec sa chaise. Le contact avec le sol fut violent et douloureux. Sa bouche s'ouvrit en un cri muet, ses yeux s'agrandirent de surprise. "Oh mon dieu, non, pas ça..." Les quelques secondes qui suivirent lui parurent des heures. Elle fut incapable du moindre mouvement. En état de choc, elle ne sentait plus rien, la réalité lui échappait. La surprise. La compréhension soudaine. Puis le silence. Un silence lourd et angoissant. Jusqu'à ce qu'une brûlure soudaine à l'épaule, un élancement la fassent redescendre sur terre. Heero était toujours couché sur elle, son corps la protégeant, l'écrasant de tout son poids. Elle avait du mal à respirer. Elle entendit alors un bruit de cavalcades, des hommes qui criaient, affolés, et Quatre... Quatre l'appelait. Elle essaya de lui répondre, mais, le souffle coupé, elle n'y parvint pas.

Relena ouvrit les yeux, fixant le plafond. Que s'était-il passé ?!

_ Heero ?!!! Heero... réponds-moi !

Aucune réponse. Elle essaya de tourner la tête. Mais sa vision réduite par des mèches brunes l'empêchait de voir quoi que ce soit. Elle tenta de se dégager, un horrible pressentiment lui broyant le coeur. A force d'efforts, le corps inerte de Heero retomba mollement sur le sol, à côté d'elle, au moment où la porte s'ouvrait violemment, faisant place à Quatre et à la moitié des agents présents dans le palais. Pour leur dévoiler une vision sortie tout droit d'un cauchemar. Heero était allongé inanimé sur le sol. La fenêtre avait volé en éclats, projetant des débris de verre partout dans la pièce. Relena était agenouillée près du jeune homme, sa manche gauche trempée de sang, et fixant ses mains rougies avec hébétude. Elle leva lentement les yeux agrandis de terreur et d'incrédulité vers Quatre, le fixant d'un regard plein de souffrance. Et alors un horrible hurlement de bête blessée franchit ses lèvres, sans qu'elle ne puisse l'empêcher.

_ NOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!!! [4]

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Il y a ton sourire qui s'élève / C'est comme une lueur d'espoir / Il y a l'ombre et la lumière / Au milieu de notre trajectoire / Il fallait choisir une route / Alors on a choisi la pluie / Acide à s'en brûler le coeur / Pourvu que plane les esprits / Il y a tes yeux qui me tuent / Quand tu me dis que c'est fini / Il y a le vent de nos sanglots qui souffle pour une amnistie / Mais rien n'arrêtera la lutte / Rien ne séchera cette pluie / Non rien ne finira la chute non rien ne finit l'infini / Rien ne desserrera nos mains / Rien n'éteindra l'éphémère / Nous forcerons oui nous forcerons le destin / Et puis nous percerons les mystères / Il y a les lois de l'empire / Et les trous noirs dans la mémoire / Il y a le meilleur et puis le pire / Au milieu de notre trajectoire / Combien tu vends ta liberté / Dis combien tu vends ta poésie / Moi j'ai même vendu mon âme au diable / Pour ton sourire / Puisque tout est aléatoire / Dans le cahot des univers / Et puisque insoluble est la réponse / Et puisque déjà me manque l'air / Mais qu'importe les directions / Jusqu'au delà de la limite / Tous les chemins mènent à tes yeux / Tous les chemins mènent à la fuite / Rien ne desserrera nos mains / Rien n'éteindra l'éphémère / Nous forcerons nos destins / Nous percerons les mystères / Rien ne desserrera ces poings / L'univers, l'univers / Nous retrouverons nos chemins / Nos idées et puis l'univers / Il y a ton sourire qui s'élève / C'est comme une lueur d'espoir / Il y a l'ombre et la lumière / Au milieu de notre trajectoire / Ouais il fallait choisir une route / Alors on a choisi les pluies / Acides à s'en brûler le coeur / Pourvu que plane nos esprits

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Et voilà la fin... sadique hein ? Je suis plutôt fière de moi sur ce coup-là ^^ Ca ressemble à peu près à ce que je voulais... Quand je disais que la fin vous plairait pas... mais interdiction de porter atteinte à ma personne (en gestes, mots ou pensées) sinon vous saurez jamais la suite de cette histoire... (Katel : T____T JE TE DETESTE !!! TU M'AS ENCORE FAIT PLEURER !!!!!!!) Qu'est-ce que je m'aime des fois... ahhhhhhhhhhhhhhh (soupir de contentement et de fierté de totale d'une Tenchi Liloo Manson en plein génie créatif... et en pleine crise de folie, de sadisme, de séance de torture de personnages et de lectrices ^^) Tiens, je crois que Manson a pris le dessus, ça lui ressemble assez... Bon, et ben voilà, je m'arrête là pour le moment. Je sais pas du tout quand je vais écrire la suite... si suite il y a... je pense que je vais faire un petit break... Comme partir 10 jours en vacances ^____________^ Enfin !!! Des vacances, des vraies !!! J'ai l'impression que ça fait une éternité que j'en ai pas eu... ^^

[1]Katel : Oooooooooh… Le vilain pitit Quatre qui joue les entremetteurs !!!

Kiwi : *kiwi morte de rire* dis donc, il n'y va pas par quatre chemins ce soir !

Tenchi : ouais, il a décidé comme on dit, de prendre le taureau par les cornes. Plus le temps maintenant, de regarder et laisser faire...

[2]Kiwi : Oui bonne option ^^

Katel : ^^ Ce qu'elle sait pas, c'est que Heero est en fait un extraterrestre et qu'il a des yeux derrière la tête !!!

Tenchi : C'est ce que je me tue à répéter : il est pas humain -__-'

[3]Kiwi : Oh non pas maintenant V_V…Tenchi t'es immonde !

Tenchi : Je sais ! ^^

[4]Katel : AAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHH T______________T NOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!! TENCHI T'ES MOOOOOOOOOOOOORTE !!!!!!

Kiwi : *kiwi complètement hystérique* Ahhhhhhhhh !!!!! Mais qu'est ce que tu as fait !!!!!!!!

Tenchi : Heu... une bêtise ? Un peu d'action ? Une tentative de suicide ?