Titre : Du coq à l'âme - Chapitre 5

Auteur : Toujours Tenchi

Base : Gundam Wing… et je m'inspire de ma culture littéraire, télévisuelle, musicale et cinématographique pour tout le reste… ça fait peur

Genre : Action, un peu de tendresse dans un monde de brute, et ça devient vraiment pas beau à lire (dans le sens : âme sensible s'abstenir, surtout si la fin du chapitre précédent vous a perturbé…) et ça va pas s'arranger par la suite

Disclaimer : Donc, tout ce qui se rapporte directement à la série n'est pas à moi, ce qui inclut les G Boys, évidemment. Par contre ! L'univers dans lequel ils évoluent, ainsi que O'Connell, le personnel de l'hôpital, Eva, Nicky (je crois que j'oublie rien - ) m'appartiennent à 100 pour 100 , vu que c'est moi qui les ai créés ! Et toc ! Tout le monde s'en moque Tenchi…

Notes : D'abord je tiens à présenter mes excuses les plus plates et les plus sincères à toutes celles (et ceux ?) qui ont attendu ce chapitre 5 depuis des mois avec patience. Mais j'ai des circonstances atténuantes que je n'exposerai pas ici, il faudra donc me croire sur parole ! Bon, en tout cas, le troisième album de Saez est sorti et je vous le conseille fortement. A part ça, le titre et les paroles de début sont de Roch Voisine, une chanson que j'adore (ben quoi, je l'écoutais quand j'avais 9-10 ans, il y a… longtemps - et je l'aime toujours), et celles de la fin sont copyright Robbie Williams… Feel, vous connaissez ? Mais si ! "I just wanna feel real love fill the home that I live in ! Cause I got too much life, running thru my veins going to waste..." Alors ? Vous voyez ?! C'est la chanson de la pub pour je ne sais plus quelle voiture où un jeune homme chante cette chanson pour avoir gagné 3 francs six sous pour l'horodateur et ledit Robbie apparaît à la fin pour... bon je vais pas vous raconter la pub en entier quand même ! Vous avez qu'à regarder la télé !

Email : toujours le même

Remerciements : (j'adore cette partie-la surtout quand il y a plein de merci à dire )

Yuki-chan : Tadam !!! La voilà la suite !!! Désolée pour le retard, promis je vais essayer de reprendre mon rythme du début. Mais en même temps, ce chapitre est plus long que les précédents. Un petit détail qui a son importance, je coupe toujours au moment le plus intéressant Je trouve ça marrant… oui j'ai un petit côté sadique, et j'en suis fière. De toute façon, je suis incapable d'écrire autre chose que du Heero/Relena… remarque j'ai jamais trop essayé. Et j'ai pas envie de toute façon. Il y a trop peu de textes qui vont dans ce sens à mon goût. Et je ne comprends pas non plus pourquoi les fans français détestent autant Relena…

Jenni944 : Alors là je suis très flattée, merci beaucoup Enfin ne meurs pas trop tôt quand même, ce serait dommage de ne pas lire la fin Bonne lecture, en espérant que ce nouveau chapitre te plaira tout autant.

Wen : Et oui je continue, et je ne suis pas prête de m'arrêter ! Donc pas de soucis de ce côté-là. Et dans le cas contraire, j'aurai bien évidemment la délicatesse, la politesse, la gentillesse de prévenir. Mais ce n'est pas à l'ordre du jour. Alors bonne lecture !

Bunny : je mets un point d'honneur à trouver des paroles de chanson qui cadrent avec le chapitre, sur le thème au moins. Je trouve que c'est une bonne façon d'illustrer le texte. Et puis je suis fan de musique alors j'aime faire découvrir les textes qui me plaisent. Et puis c'est un peu le schéma d'un film ou d'une série télé : un générique de début, un générique de fin. Par contre, je te déconseille d'utiliser la mort-aux-rats de Manson contre moi ! - méchante ! Sinon, pas de suite ! Pour écrire des chapitres aussi longs, je cogite longtemps, la preuve. Mais comme mon petit cerveau étriqué regorge d'idées qui se bousculent… Si ça continue ça va être plus long que prévu. Le vocabulaire, j'essaie de le varier, histoire de pas trop faire de répétitions. Et puis la langue française est tellement jolie, que ce serait dommage de ne pas l'exploiter le plus possible. Et puis j'essaie de rendre vrai ce texte, ces personnages, c'est comme ça qu'on touche les gens et qu'on fait passer ses idées. Sinon ce que j'écris n'aurait aucun sens, aucun intérêt, et vous n'auriez pas ces réactions qui font tellement plaisir Copine à moi !

Drusilla02 : Elle promet plein de choses en effet ! Et l'intrigue s'obscurcit… enfin j'espère… Rhooo !!! Une fan de Buffy ! J'adore cette série ! Le dernier épisode était fantastiquement génial. Le mystère du chapitre 1… Il trouvera sa réponse un peu plus tard, encore un peu de patience D'ailleurs je crois que c'est dans le chapitre 6 ! Et non, je n'ai pas honte d'être sadique… Je m'amuserai pas autant à écrire sinon Et puis j'adore finir mes chapitres de cette façon.

Athenais : Je dirais pas que cet évènement les sépare. Enfin tout est écrit dans ce qui suit, je te laisse le découvrir Et encore désolée pour tout ce retard. J'espère que ça va te plaire en tout cas.

Julie : Merci, merci beaucoup, je suis contente Alors la suite, là voilà ! Et merci, parce que du courage va m'en falloir un maximum !

Kiwidieu : Mon petit Maître chéri !!! Toujours aussi contente que ça te plaise Pourvu que ça dure. Je dois écrire que des trucs qui doivent être lus plusieurs fois, c'est pas possible. En tout cas, il faut se dire que tout ce qui arrive dans cette fic n'est pas le fruit du hasard, il y a une raison à tout ! Reste à savoir laquelle. Quand à l'intrigue, elle progresse encore plus. A un point tel que je me demande même si ça ne devient pas carrément obscure. Calleigh ? Qu'en penses-tu ? Mis à part que je suis tordue ? Bon, pour le moment elle pense pas grand-chose, elle dort… sur mes genoux… Bon en tout cas, heureusement que le maître est derrière son padawan pour qu'il continue, parce que sinon…

Sissi : Quatre… il a pas fini le pauvre de se retrouver au milieu. C'est une habitude agaçante, hein ? la fin brutale des chapitres. Et bien j'ai une bonne nouvelle ! C'est pas fini Ouh ! Vilaine Tenchi ! Bon, désolée, mais c'est plus fort que moi, j'arrive pas à ne pas être sadique… faut que je prenne des cours de gentillesse, et que j'arrête les films sanglants… Oh finalement non, c'est pas marrant

Katel : ma petite sœur Zola !!! Moi j'aime bien quand tu fais de longues reviews (même quand elles sont pas pour moi ) Tu vois celui-là est encore plus long ! Et j'ai mis encore plus de temps à publier cette fois ! Ca c'est moins cool, je sais. Bon, alors là y a encore plus d'action, mais tu le sais déjà… Je ne tue personne que tu connaisses personnellement promis. Et je t'interdis de lire encore J'ai fais serment… Si tu continues, je le supprime carrément, et je brûle l'original ! Et je viens chez toi pour vérifier qu'il n'est sur aucun disque dur ou amovible - Il n'est pourtant pas si triste que ça… je pleure pas moi en le lisant. Comprends pas. Bref, en tout cas, n'hésite pas à t'étaler, comme ça je me sentirai coupable de négliger mes devoirs de lectrice, et je lirai enfin tous les textes que j'ai en retard… je suis irrécupérable…

Bon, je crois que c'est tout pour cette fois En tout cas bonne lecture tout le monde, merci à tous les lecteurs, même les anonymes.


Elle est ma tendresse

Pour le meilleur et aussi pour le pire / Pour toutes ces douleurs et pour tous les rires / Pour la chaleur de son corps qui soupire / Pour ses yeux qui pleurent quand je la fais souffrir / Pour le terrible manque d'elle quand elle s'en va / Pour les nuits sans sommeil quand on ne s'aime pas / J'apprendrai le silence pour ne pas lui mentir / J'apprendrai son absence quand elle voudra partir / J'lui donnerai mes nuits blanches, mes rêves et mes délires / Les matins d'mes dimanches, des ailes pour s'enfuir / J'lui apprendrai l'amour, celui qu'on fait à deux / Celui qu'elle a toujours quand il en manque un peu / Elle est ma tendresse / Elle a mon amour / J'veux pas qu'on la blesse / J'veux personne autour / Elle est mon espace, mon identité / Le vrai dans la glace / Quand j'veux me regarder / J'apprendrai les couleurs qui tissent les étoiles / Je remplirai son coeur de tout c'qui fait pas mal / J'arrêterai le temps quand elle voudra grandir / Pour elle je ferai en grand tout ce qu'elle n'ose pas dire / Je lui donnerai les mots qui n'ont pas d'importance / Et qui posent le beau sur un amour intense / J'lui donnerai du soleil avec du bleu immense / Pour pas qu'elle se réveille du côté du silence / Elle est l'étrange certitude / Le manque qui empêche de rêver / Pour tous ceux qui s'aiment par habitude / Et qui s'appartiennent à moitié...

"La ministre des Affaires étrangères, Relena Peacecraft, a été victime d'un attentat il y a à peine quelques minutes. D'après nos informations, un sniper encore non identifié a réussi à s'introduire dans les jardins du palais résidentiel Peacecraft, et a fait feu sur la Ministre alors qu'elle se trouvait dans son bureau. Toujours selon nos sources, Mme la Ministre ne serait que légèrement blessée, et hors de danger. Mais l'un de ses gardes du corps, un ancien pilote de Gundam, Heero Yuy, a été beaucoup plus sévèrement touché. A l'heure actuelle, son état est jugé plutôt critique. La Ministre revenait du Parlement, où..."

- Vous n'êtes qu'un incapable !

- Monsieur, je...

- Non ! Taisez-vous. N'aggravez pas votre cas en me donnant des excuses idiotes. Vous vous êtes planté lamentablement, et au lieu d'éliminer le problème, vous en avez créé d'autres ! Et dire que vous êtes censé être l'un des meilleurs tireurs d'élite…

Une voix masculine, jeune, un rien sarcastique, s'éleva alors du coin le plus sombre de la pièce.

- C'est vous le crétin. Je vous avais pourtant recommandé de ne rien tenter pour l'instant. Surtout de cette manière. Il est trop proche d'elle. Depuis avril, il est très attentif. Il est excellent dans son travail. Vous le savez pourtant. Et vous êtes trop pressé.

- Très bien. Que me conseillez-vous alors ?

- D'attendre. Attendre encore un peu.

- Je n'ai plus vraiment le temps !

- Je vais m'en charger. Personnellement. Et à MA manière. Vous inquiétez pas, considérez que votre... "problème" est résolu. Je vais m'occuper d'elle, faites-moi confiance pour ça. L'heure est venue de solder certains comptes. Et de prouver certaines de mes... théories.


Quand les secouristes arrivèrent au centre hospitalier de Sank, un médecin titulaire, un interne et plusieurs infirmières des urgences prirent immédiatement en charge le jeune homme. Un des secouristes leur donna rapidement le bilan de la situation.

- Plaie par balle au thorax. Tension palpée à 10, quand on l'a embarqué il était inconscient. On a foncé directement ici. Il a repris connaissance dans l'ambulance il y a quelques minutes seulement. Mais il semble dans le cirage.

- Ok. Il a l'air de saigner beaucoup. C'est la victime de l'attentat ?

- Oui, le garde du corps de la Ministre. Un gosse de 18 ans, Heero Yuy.

- Très bien. On va tout faire pour le sauver. 18 ans... c'est trop jeune... Ma journée est presque finie, et j'ai pas vraiment envie de la conclure par un décès.

Le cortège arriva dans une salle de réanimation inoccupée, et déplacèrent Heero du brancard des ambulanciers à celui placé au centre de la salle. Et la fébrilité s'intensifia d'un cran, chacun se pressant autour de leur patient, posant les IV, les électrodes, les différents capteurs…

- La sat' chute à 87 !

- Montez-le à 15 litres d'O2, et je veux un cliché du thorax ! Drain thoracique, groupe RH, agglu et prévenez le bloc !

- Docteur ! La sat' chute à 84 !

- Induction rapide et tube de 8. On l'intube, il respire mal.

L'interne intuba Heero. Le médecin écouta rapidement le bruit de son cœur et des poumons, pour vérifier que le tube était bien en place.

- Ok. Joanne, bistouri !

L'infirmière en chef lui tendit l'instrument et commença à ballonner le jeune homme, en branchant le ballon sur le tube d'intubation. Le médecin fit une entaille dans le cinquième espace intercostal.

- T'en fais pas, on va te sortir de là. Drain de 32 !

Le médecin enfonça le drain thoracique dans l'entaille qu'il venait de pratiquer. Joanne vit le jeune homme fermer doucement les yeux, sombrant dans l'inconscience. Elle confia le ballonnage à une autre infirmière, et frotta le thorax de Heero de son poing fermé. Mais elle n'obtint aucune réaction, Heero gardait les yeux fermés.

- Je veux une tension, il s'enfonce ! Pupilles fixes, plus de pouls !

- Ok, on l'ouvre ! Plateau de thoracotomie !

Joanne aspergea le torse de Heero de bétadine. Le médecin pratiqua une incision de la base du cou jusqu'à la partie inférieure du sternum, qu'il scia ensuite dans le sens de la longueur, puis son interne plaça l'écarteur, pour garder le thorax ouvert et une vue nette sur le cœur et les poumons.

- 1500 CC dans le thoracile !

- Aspiration ! Pas de tamponnade, on dirait que c'est l'artère pulmonaire qui saigne. On commence le massage interne ! Il pisse toujours le sang bon dieu ! Il faut absolument stopper cette hémorragie.

Pendant que les palettes internes se chargeaient, l'interne massa le cœur de Heero entre ses mains, tentant de maintenir artificiellement la circulation sanguine, afin que le cerveau et les autres organes vitaux soient suffisamment irrigués, pour limiter les possibles séquelles neurologiques. Joanne poursuivait le ballonnement du jeune homme.

- Ca y est, l'artère est clampée.

Le médecin saisit les palettes internes. Des bips résonnaient et envahissaient toute la pièce, augmentant encore la tension nerveuse qui y régnait.

- On dégage ! Allez, reviens !

- Toujours en fibrillation !

- Combien de culots passés ?

- Un PSC et six concentrés globulaires.

- On dégage ! Je n'entends pas de fuite, ça devrait marcher, merde !

- L'adré a eu le temps de circuler…

- Allez ! Nom de dieu ! Bats-toi un peu ! On dégage !

- Docteur ! On dirait que le cœur se remplit…

- Ok, on arrête et on voit.

Un silence angoissé s'installa brièvement, pendant que Joanne vérifiait les constantes. Les bips se calmèrent, reprenant un rythme plus normal.

- Ca y est ! J'ai un pouls ! La tension remonte aussi !

- OUIIIII !!!! Ok, ok ! Bon, il est stable, on le monte au bloc ! Vite, on se bouge ! On vérifie les constantes. N'arrêtez pas de le ballonner, d'accord ?

Le médecin et son interne se regardèrent, échangeant un sourire satisfait. Ils avaient réussi. Puis le titulaire rattrapa rapidement le brancard où reposait Heero, pour l'accompagner jusqu'au bloc opératoire et le confier à l'équipe de chirurgie.


Quatre arpentait le couloir, depuis ce qui lui semblait être des heures, le visage rongé par l'angoisse. Tout avait été tellement vite. Pendant quelques minutes, un vent de panique avait soufflé sur le palais. La Ministre était touchée, son garde du corps personnel était gravement blessé, et personne ne savait comment tout cela avait pu arriver. Le palais était pourtant devenu une véritable forteresse ces derniers mois. Mais la meilleure des défenses possédait toujours une faille, un talon d'Achille. Ce nouvel attentat contre Relena, au sein même de sa demeure, venait encore de le prouver. Mais il serait bien temps de se préoccuper de l'identité du tireur. Le plus urgent (et le plus inquiétant) était pour le moment l'état de santé de Heero. Et à la tête qu'avaient faite les ambulanciers au moment de la prise en charge du japonais, Quatre redoutait le pire.

Relena était en salle de sutures, les yeux dans le vague, les images de l'attentat défilant en boucle dans son esprit. En état de choc, elle se laissait docilement faire par un médecin. Celui-ci posa le dernier point de suture, et banda le bras de sa patiente, toujours sans réaction. Il la regarda quelques minutes, espérant attirer son attention. Mais en vain. Il se leva alors. Sachant que son ami l'attendait à l'extérieur de la pièce, le médecin sortit pour lui annoncer qu'il avait terminé avec les blessures de Relena.

Dès que Quatre vit le médecin sortir de la salle, il s'approcha de lui.

- Alors docteur ?

- Physiquement elle va bien. Elle a juste quelques coupures et contusions, et une entaille au bras gauche, là où la balle l'a effleurée. Elle a eu de la chance. Ce jeune homme l'a sans doute sauvée. Je lui ai fait quelques points de suture, et posé un bandage, qu'il faudra changer tous les jours. Ne mouillez surtout pas la blessure, et contrôlez bien que ça cicatrise et que ça ne s'infecte pas. En cas de doute, n'hésitez pas à appeler un médecin, ou à la ramener à l'hôpital. Revenez dans trois semaines pour ôter les points, ou demander à son médecin traitant ou à une infirmière de le faire.

- Très bien.

- Par contre, elle est encore en état de choc. Elle ne réagit pas. Ramenez-la chez elle et couchez-la. Elle a besoin de dormir.

- Et comment va Heero ?

- Le jeune homme ? Je n'en sais rien. Il est au bloc je pense. Je vais demander à quelqu'un de vous renseigner. En attendant, allez voir votre amie. Elle a besoin de vous.

- Merci docteur.

Quatre resta quelques instants sur le seuil à observer la jeune fille. Comment allaient-ils tous s'en sortir ? Il n'osait même pas envisager ce qui se passerait si Heero venait à mourir. Ce serait un véritable drame. Le jeune homme tenta de se reprendre, en secouant la tête, comme pour chasser ses funestes pensées.

Aucune émotion ne filtrait de Relena. Elle était aussi fermée qu'une huître. Etanche. Impénétrable. Quatre se rapprocha alors, et s'assit en face d'elle, là où le médecin s'était tenu quelques minutes auparavant. Relena avait la tête penchée en avant, ses longs cheveux cachant son visage derrière un rideau protecteur. Ses yeux bleus regardaient fixement le sol, comme si toutes les réponses à ses questions résidaient dans le lino de l'hôpital. Quatre prit ses mains glacées et les serra dans les siennes. Il l'appela doucement.

- Relena ? Relena, tu m'entends ? Je vais demander à O'Connell de te ramener. J'ai prévenu Lady Une, elle a envoyé Wufei et Sally. Ils ne vont pas tarder à arriver à la résidence. Moi je dois rester ici, pour avoir des nouvelles de Heero.

A ce nom, Relena tressaillit légèrement. Première réaction. Mais la jeune fille demeura amorphe. Quatre resta silencieux quelques minutes ne sachant que dire. Mais contre toute attente, il vit son corps se mettre à trembler convulsivement. Et deux gouttes d'eau s'écraser lourdement sur le sol. Il ouvrit la bouche, mais elle le prit de vitesse et releva la tête brusquement. Et son cri, aux intonations sauvages, résonna dans la pièce vide.

- NON !!!

- ...

- Je reste ici. Je veux rester. Je ne rentrerai pas, tu m'entends ?! Il faut que je reste. S'il est là, c'est par ma faute. S'il meurt, ce sera ma faute.

Une lueur sauvage luisait dans ses yeux remplis de larmes. Et la colère. Une colère sourde et féroce. Le barrage de ses émotions céda alors, et Quatre en fut envahi, jusqu'à être suffoqué. La jeune fille éclata en sanglots convulsifs.

- Oh mon dieu, Quatre... je ne sais pas quoi faire... je suis fatiguée... si fatiguée... Heero n'aurait jamais dû rester près de moi... j'aurais mieux fait de mourir...

- Relena...

- Non ! La mort me suit comme une ombre... depuis toujours ! Tous ceux qui m'approchent meurent un jour ou l'autre ! J'en ai assez !!!

- Relena ! Ca suffit ! Arrête de dire n'importe quoi ! Ce n'est pas ta faute...

Sentant que tout autre argument serait vain dans l'état où elle était, Quatre préféra se taire. Il se contenta alors de la prendre dans ses bras et de la serrer le plus fort possible. Pour le moment, c'était la seule chose dont elle avait besoin. Du réconfort. Une présence amie.

- Chuuuuut... ne t'inquiète pas, il ne va pas mourir, il est solide. Il nous l'a déjà prouvé plus d'une fois.

Et il continua à la bercer longuement contre lui, en lui caressant le dos. Mais malgré ses paroles rassurantes, en son for intérieur il n'était sûr de rien. Il pria seulement que l'avenir lui donne raison, et que Heero combatte son propre corps pour survivre et s'en sortir.


Relena s'était finalement endormie sur son épaule. Quatre fixait le mur blanc de la salle d'attente, et le poster qui s'y trouvait. Le proverbe inscrit dessus était tellement vrai. La terre n'est pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent. C'était mal barré. Ils ne la rendraient pas en bon état. Et tout ça pour quoi ? Pour rien. Pour des choses dérisoires, futiles. La vie en elle-même n'était déjà ni facile ni rose, il fallait en plus que l'humanité se la complique un peu plus. Depuis longtemps Quatre se demandait pour quelles raisons obscures. Mais y avait-il seulement une raison ? Il en doutait. Un peu plus chaque jour. Peut-être l'homme était-il incapable d'être heureux et de se contenter de ce qu'il avait ? Peut-être était-ce sa nature, son destin de toujours vouloir plus, de convoiter le pré du voisin, de se pourrir autant l'existence, au risque de s'autodétruire irrémédiablement… peut-être les conflits, les guerres étaient inévitables ? La paix entre les hommes était peut-être utopique ? La violence, la colère, la destruction étaient peut-être inhérentes à chaque individu. L'amour n'était peut-être pas assez fort, ce n'était peut-être pas la solution, la réponse à tout. Tout ce que lui, ses amis, et une poignée d'autres faisaient depuis des années, tout cela était peut-être vain finalement. Tant d'existences gâchées. Malgré tout, il ne pouvait se résoudre à accepter cette idée. Se résoudre à baisser les bras, à dire "merde" à tout ce qui avait été accompli, et tout ce qui restait à accomplir. Ce n'était pas dans sa nature. Et l'espoir, même utopique, était un véritable moteur, pour lui, pour tous. L'espoir était la seule chose qui subsistait souvent. Une richesse, un trésor humain. Oter tout espoir, c'était à son sens ôter toute vie. C'était peut-être l'unique sentiment qu'on ne pouvait détruire totalement. Même l'amour naissait de l'espoir. Et pour le moment, c'était tout ce qu'il lui restait. L'espoir de voir que tout allait s'arranger. Peut-être pas comme il s'y attendait. Malgré tout il fallait que ça s'arrange. Que Heero s'en sorte. Alors pour la première fois depuis longtemps il pria. Comme jamais il n'avait prié. De tout son coeur. De toute son âme. En y mettant toute sa conviction. Celle d'un désespéré, d'un naufragé. Il implora Allah d'épargner le grand guerrier qu'était Heero.

Quatre sentit Relena s'agiter. Elle s'étira en promenant un regard encore ensommeillé autour d'elle.

- Relena, ça va ?

- Mmmm... J'ai dormi longtemps ?

- Non à peine une heure.

- Et bien ça a largement suffi apparemment... j'ai mal partout. Rappelle-moi de ne plus dormir sur une chaise.

- J'essaierai.

La main de la jeune fille se crispa alors sur son bras, et son regard s'assombrit. Quatre tourna la tête dans la même direction, pour voir un chirurgien s'approcher à pas lourds, le regard las, les traits tirés, encore en tenue. Le coeur de Relena manqua un battement, sa respiration se bloqua. Seigneur, en général quand les médecins tiraient une tête de six pieds de long, c'était rarement bon signe. Le médecin s'arrêta devant eux et resta silencieux quelques secondes. Quatre se leva, en soutenant Relena, qu'il sentait sur le point de défaillir.

- Docteur...

- Bonjour. Vous êtes les amis de Monsieur Yuy, n'est-ce pas ?

- O...oui... comment va-t-il ?

- Et bien, comme vous le savez, il est arrivé avec une plaie par balle assez importante au thorax. Il a fait une hémorragie plutôt grave, que nous avons réussi à stopper, heureusement. Son artère pulmonaire était touchée, mais nous l'avons réparée. Pour le moment son état est stable. Ce jeune homme nous a fait une belle frayeur. A présent, la balle est dans son camp. S'il se bat et qu'il passe la nuit, il sera sorti d'affaire. Il faut juste espérer qu'il ne fasse pas d'embolie pulmonaire, de pneumothorax ou ne développe d'infection. Pour le moment il est en soins intensifs, où son état est constamment surveillé. Nous retirerons son drain thoracique dans 48 heures si tout va bien. Il est entre de bonnes mains, ne vous en faites pas. Dès qu'il reprendra conscience, nous l'extuberons.

- On peut le voir ?

Le chirurgien sembla hésiter, ne sachant que répondre. Après tout, la jeune fille en face de lui n'était pas n'importe qui... son patient non plus d'ailleurs. Comment dire non à la Ministre...

- Très bien, mais un seul de vous deux. Il est encore dans le coma et affaibli par son hémorragie. De toute façon, il est intubé et il ne pourra pas parler, même s'il se réveille. Mais sentir une présence familière lui sera sans doute bénéfique.

- Vas-y Relena, ta place est auprès de lui pour le moment. Tu sauras mieux l'aider que moi.

- Merci Quatre.

- De toute façon je dois rentrer et m'occuper de tout. Les autres ne devraient pas tarder à arriver, si ce n'est déjà le cas. Il faut organiser une conférence de presse pour calmer l'opinion publique. Ne t'inquiète de rien, concentre-toi sur Heero, je m'occupe personnellement de tout ça.

Relena le serra dans ses bras une dernière fois et lui déposa un tendre baiser sur la joue avant de suivre le chirurgien. Quatre les regarda s'éloigner et disparaître au détour d'un couloir, un sourire triste et rêveur flottant sur ses lèvres, sa main frôlant inconsciemment l'endroit où les lèvres de Relena s'étaient posées. Comment pouvait-on vouloir assassiner une femme comme elle ? Le regard bleu du jeune homme se durcit. Il retrouverait le coupable, dut-il y passer tout son temps, sacrifier ses obligations premières. Mais il le retrouverait et lui ferait regretter son acte. On ne s'attaquait pas à ses amis, à sa famille, sans en subir les conséquences. Son pacifisme et sa bonté avaient leurs limites.

Relena eut un coup au coeur en voyant Heero. Il était tellement pâle. Il avait l'air tellement fragile. Elle ne s'était pas vraiment attendue à ça. Elle ne l'avait plus vu depuis que les secouristes les avaient pris en charge quelques heures auparavant. Ils avaient été transportés dans deux ambulances différentes. Et puis elle ne se rappelait pas grand chose de ce qui s'était passé après l'attentat en fait. La dernière chose qu'elle avait en mémoire, c'était Heero étendu sur le dos, les yeux clos, une tâche rouge qui s'étendait sur la moquette, ses mains à elle, poisseuses et écarlates du sang d'un autre, l'odeur métallique et écoeurante, le bruit assourdissant de la panique.

Relena s'approcha du lit, s'assit sur le tabouret, et hésita avant de prendre doucement une main abandonnée dans la sienne. L'ironie de ce simple geste la saisit et lui arracha un petit rire nerveux.

- Et dire que si tu étais conscient et en pleine forme, tu n'accepterais sans doute pas ce genre de gestes, aussi spontanés soient-ils... oh mon dieu Heero, je suis tellement désolée, si tu savais...

Et des larmes nouées de stress roulèrent lentement sur ses joues pour se perdre sur le sol.

- Tellement désolée. Tout ça c'est ma faute. Si seulement je n'étais pas moi... si tu savais à quel point je me déteste, à quel point je souffre à chaque fois que je te vois prendre des risques... pour moi surtout...je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi... malgré tout ce que tu peux croire... C'est tellement dur, tout ça, ma vie, toi, mes responsabilités... Parfois je me dis qu'on n'aurait jamais dû se rencontrer... mais il manquerait quelque chose à ma vie, toi. C'est contradictoire, je sais. Mais en ce moment tout est contradictoire dans ma vie. Tout me fait souffrir... ta présence, ton absence, mon travail, mon inaction, mon entourage, ma solitude... Je me demande souvent si je serais heureuse un jour... Tout est tellement incertain... mon existence elle-même l'est. Je ne sais jamais si je verrais demain, même si j'essaie de ne pas y penser, les jours comme aujourd'hui sont là pour me le rappeler... me rappeler aussi que les gens qui m'entourent sont également en danger... à cause de moi. Mais malgré tout, au milieu de tout ça, de toutes ces incertitudes, ces doutes, ce danger, cette frustration qui me ronge chaque jour depuis si longtemps, une chose est certaine, immuable... une seule... mon amour pour toi. Je t'aime tellement que ça me fait mal, Heero. Ca me broie le coeur... parce que je sais que rien n'est possible.

Relena laissa sa main vagabonder, errer sur le visage endormi, presque paisible du gisant, effleurant les mèches rebelles, suivant la courbure d'une pommette jusqu'au tracé du menton. Elle se leva doucement et posa ses lèvres sur le front tiède et humide du jeune homme. Elle se rassit, sentant encore ce baiser volé la réchauffer. Elle posa sa joue sur la main de Heero, qu'elle tenait toujours dans la sienne. Elle ne l'avait pas lâché une seconde, comme pour conserver un point d'ancrage avec la réalité. Elle se laissa alors de nouveau envahir par le sommeil, s'abandonnant au tendre appel de Morphée.


Heero se sentait bizarre. A la fois bien, à la fois... mal. Il avait mal, quelque part dans le corps. Mais il n'arrivait pas vraiment à localiser la source précise de cette douleur. Et puis il n'arrivait pas à se ouvrir les yeux non plus malgré tous ses efforts. Ce n'était franchement pas normal. Ne surtout pas s'affoler, et remonter calmement au dernier souvenir en date. Alors, il était dans le bureau de Relena, en train de rédiger un énième rapport, aussi ennuyeux et monotone que les précédents. Elle était arrivée, avait commencé à lui parler, à lui présenter des excuses et... non… il allait... l'embrasser ?! Il se rappelait l'avoir retenue, s'être penché vers elle, hypnotisé par ses lèvres... juste avant qu'une brûlure connue ne lui traverse la poitrine. Il s'était alors jeté sur la princesse, juste avant que tout ne se... brouille et devienne... noir. Ca c'était ses derniers souvenirs. Une balle dans la poitrine. Chouette. Et maintenant ? Il était quoi ? Mort ? Non, il ne sentirait rien si c'était le cas... enfin, après tout il n'était jamais mort, donc comment savoir ? Il était conscient mais n'arrivait pas à bouger. C'était peut-être ça la mort. Non... il sentait... il sentait quelque chose de chaud et d'humide sur sa main. Après plusieurs tentatives et des efforts qui lui parurent inhumains, il réussit enfin à ouvrir les yeux. Quelques secondes pour que sa vision s'éclaircisse. De pâles rayons de soleil filtraient à travers les stores. Il faisait jour. Il tourna lentement la tête. Relena. C'était Relena qu'il avait senti. Il retira doucement sa main pour la poser sur sa tête. Depuis quand était-elle ici ? Elle avait dû s'endormir d'épuisement. Le toucher soyeux des cheveux blonds le lui confirma. Et la douleur qui lui traversa la poitrine aussi. Il n'était pas mort. Il avait la tête comme un tonneau, l'impression d'être dans une gangue de coton. Sa caresse dût la réveiller car la jeune fille commença à s'agiter.

Relena leva la tête, un instant désorientée. L'hôpital. Heero ! Elle tourna brusquement la tête pour voir deux yeux bleus la fixer. Un sourire éclaira son visage, et le soulagement l'envahit.

- Heero ! Tu es réveillé ! Je reviens, je vais chercher le médecin.

Au moment où elle s'apprêtait à se lever, Heero lui saisit la main dans une grimace de douleur, avec une rapidité étonnante pour un blessé dans son état. Relena s'immobilisa et le regarda, aimantée par son regard. Ses yeux semblaient lui poser une question. La jeune fille mit quelques secondes à comprendre.

- Je vais bien, ne t'inquiète pas. C'est toi qui nous as fait peur. On a cru que tu ne t'en sortirais pas. J'ai eu tellement peur de te perdre.

Relena sentit ses yeux s'embrumer de larmes. Elle serra un peu plus fort la main du jeune homme et se pencha pour déposer sur son front, un baiser humide et salé.

Heero la regarda sortir de la pièce. Elle était saine et sauve, et c'était tout ce qui comptait à ses yeux. Le reste lui importait peu. Sauf peut-être retrouvé celui ou ceux qui avaient attenté à la vie de la princesse, et le leur faire regretter. Mais il comptait sur ses amis pour le faire à sa place, lui étant pour le moment dans l'incapacité physique de le faire.

Elle revint avec le médecin quelques minutes plus tard. Des minutes qui lui parurent une éternité. Le sourire qu'elle lui dédiait lui sembla celui d'un ange.

- Bonjour jeune homme. Vous nous avez fait une sacrée frayeur. Bon, je vais enlever le tube de votre gorge. Ca ne va pas être agréable, et sûrement assez douloureux. Vous allez prendre une grande inspiration, et quand je vous le direz, vous soufflerez aussi fort que vous pourrez. Vous êtes prêt ?

Heero fit un petit signe de la main pour signifier qu'il était ok.

- Très bien. Inspirez… soufflez !

Et le médecin retira le tube de sa gorge. C'était plus que désagréable. Il eut l'impression, en vrac, d'étouffer, qu'on lui marchait sur la gorge et qu'on lui plantait un couteau dans la poitrine. Il se mit à tousser, et eut du mal à retrouver sa respiration. Relena lui tendit un verre d'eau et l'aida à boire. Ce qui apaisa un peu sa brûlure. Mais pas la douleur cuisante de son torse. Le chirurgien vérifia ses signes vitaux et sa perfusion, puis quitta la pièce, les laissant seuls.

Relena reprit sa place, serra la main du jeune homme dans la sienne, tandis qu'elle lui caressait tendrement le front.

- Ne me refais plus jamais une peur pareille. J'ai cru mourir Heero.

- Désolé...

- Ne t'excuse pas. C'est ma faute.

- Ne dis pas de bêtises. C'est la faute de celui qui t'a prise pour cible. Pas la tienne. Tu ne te balades pas avec une cible dans le dos et un écriteau disant « Tirez-moi dessus » que je sache.

Relena le regarda, incrédule, puis éclata d'un rire nerveux. Heero sourit. Il avait fait rire Relena. Un scoop ! Si ce n'était pas aussi douloureux, il se prendrait une balle dans le corps tous les jours, juste pour le plaisir de l'entendre rire. En même temps il existait sûrement des moyens beaucoup moins douloureux d'obtenir le même résultat.

- Relena, ne me fais pas rire s'il te plaît, ça fait mal…

- Désolée. Mais Heero Yuy faisant un trait d'humour, c'est plutôt… inattendu et même incongru.

- Hn. Ce n'est pas faux. Mais approcher la mort d'aussi près, ça peut changer un homme. Surtout quand ce n'est pas la première fois.

- Ecoute. Pendant que j'attendais, j'ai pensé à des tas de choses. Et à une en particulier.

- Oui ?

- Et bien, je me disais que… qu'il serait utile que je… en fait, j'ai pensé que ce serait bien que tu m'apprennes une ou deux choses.

- Pardon ?

- Heu, oui… je voudrais que tu m'apprennes à manier une arme, et à me battre aussi. Si ça ne te dérange pas bien sûr.

Heero la regarda, bouche bée. Bon dieu ! La jeune fille devait être complètement bouleversée pour lui demander un truc pareil. Ou alors elle était tombée sur la tête et personne ne s'en était aperçu. Elle qui n'aimait ni les armes, ni la violence en général… C'était totalement insensé. Digne de la quatrième dimension…

- Heu… Relena, tu vas bien ? Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, tu sais ?

- Et moi je pense que oui, au contraire. On ne sait pas ce qui peut encore se passer. Et si j'arrive à développer certains de mes réflexes, si je parviens à me défendre seule, peut-être que ça épargnera certaines vies. Si j'arrive à me protéger, je n'aurais pas besoin d'autant de personnes pour garantir ma sécurité. Et je saurais réagir correctement et au bon moment aux menaces qui se présenteront. Tu comprends ?

Heero comprit, en effet. Même s'il avait un peu de mal à l'accepter venant d'elle. Elle avait besoin de se sentir utile. Elle avait une telle force en elle, une combativité hors du commun, à toute épreuve. Elle ne voulait pas se laisser aller, elle avait besoin d'être active. Alors si se défendre elle-même pouvait l'y aider… l'aider à se sentir mieux. Pourquoi pas. Ca ne pouvait pas faire de mal.

- D'accord. Je t'apprendrais tout ce que je sais. Mais il va falloir attendre un peu, le temps que je me remette physiquement.

- Bien sûr. Mais apprends-moi la théorie en attendant. Et le reste, ce sera quand tu te sentiras mieux.

Heero resta silencieux quelques instants, hésitant et plein de doutes.

- Bon d'accord. Mais ça reste entre nous. Je ne veux pas qu'on me regarde de travers, en pensant que je transforme un ange de la paix en petit soldat.

- Ah, heu… très bien. Bon, je vais te laisser dormir, tu as l'air épuisé. Pendant ce temps je vais aller me chercher à manger à la cafétéria. Je n'en ai pas pour longtemps.

- Pas de problème. Ne t'inquiète pas pour moi. Ca va aller, je ne risque pas de disparaître. Va te reposer un peu. Tu peux même rentrer si tu veux, tu n'es pas obligée de rester ici.

- Je ne me sens pas obligée. Pas le moins du monde. J'ai envie d'être près de toi.

Elle se leva, un sourire rassurant aux lèvres, et déposa un dernier baiser sur son front. Heero la regarda sortir, et se laissa aller au sommeil. Parler lui demandait de gros efforts, et sa poitrine le faisait énormément souffrir, même s'il ne le montrait pas.

Relena se rendit compte qu'elle tremblait quand elle essaya de mettre une pièce dans le distributeur de boissons. Le problème était que la pièce refusait obstinément de glisser dans la fente. Sa tension nerveuse se relâchait, tous ses muscles contractés et noués se rappelaient à son bon souvenir. Sentant les larmes venir, elle prit une profonde inspiration et regarda le plafond. Elle avait déjà trop pleuré ces derniers temps.

- T'as besoin d'aide ?

Relena tourna brusquement la tête en direction de la voix aux accents russes. C'était une jeune femme d'une vingtaine d'années, aux cheveux ébène, mi-longs, qui prenait une barre chocolatée dans le distributeur voisin. Elle ne l'avait pas entendu approcher.

- Désolée, je ne voulais pas t'effrayer.

- Heu… non, non, j'ai pas eu peur. Tu m'as juste surprise.

- Hn. Il est sorti d'affaires ?

- Pardon ?

- Ton ami, l'ancien pilote de Gundam, il va bien ?

- Ah, euh… oui. Sa vie n'est plus en danger. Mais comment sais-tu que…

- Je t'ai reconnue. Et puis ça fait la une de tous les médias, votre histoire.

- Ah, évidemment… tu es là pour quelle raison ?

La jeune femme sembla hésiter un instant, et Relena regretta presque de lui avoir posé la question, se sentant soudain indiscrète.

- Ecoute, je ne voulais pas…

- Non, t'inquiète ! Mon petit ami Ivan est sorti du coma il y a deux jours. Je viens le voir tous les jours après le… boulot.

- Oh.

- Bon je dois y retourner. Tu devrais manger un truc plus solide que ce qui se trouve dans ces machines ! La cafétéria se trouve à l'étage d'en dessous, au bout du bâtiment. Et je t'assure que contrairement à la légende, c'est presque aussi dégueulasse ! Peut-être à un de ces jours !

- Heu… oui…

Et la jeune femme fit volte-face, s'éloignant rapidement. Mais arrivée au milieu du couloir, elle sembla se souvenir d'une chose. Elle se retourna alors, et sans cesser de marcher, lui lança dans un sourire.

- Au fait, moi c'est Eva !

Et elle disparut au détour d'un couloir. Encore sous le choc de cette entrevue, Relena mit quelques secondes à reprendre ses esprits. Pour s'apercevoir qu'en fait, rien dans les distributeurs ne la tentait, et qu'elle mourait même carrément de faim. Elle prit alors la direction de la cafétéria.


Les jours passèrent, se succédant les uns aux autres, témoins du rapide rétablissement de Heero. Son état physique s'améliorait à une vitesse vertigineuse. Mais connaissant le jeune homme ce n'était guère étonnant. Son thorax avait cicatrisé, et les médecins lui avaient retiré ses points de suture. Relena passait énormément de temps auprès de lui, négligeant ses obligations professionnelles. Pour le plus grand plaisir de Foster, qui tentait ainsi depuis près d'un mois de la discréditer aux yeux du monde, par n'importe quel moyen. Mais les assistants de Relena, ses conseillers, et Quatre bien sûr, avaient pris le relais et s'en sortaient brillamment, contrant également la campagne de diffamation de Foster. Relena se sentait souvent coupable de se décharger ainsi sur eux, mais elle n'arrivait pas à rester loin de Heero très longtemps. Ni à se concentrer sur les textes, décrets et autres projets de lois qu'elle était censée étudier, ainsi que l'exigeait normalement sa fonction. Elle avait donné une conférence de presse deux jours après l'attentat, pour annoncer qu'elle prenait un peu de repos, afin de se remettre du choc des deux attaques qu'elle avait subi. De toute façon, comme le lui avait fait remarquer Lady Une (qui avait eu cette brillante idée de "congés"), deux attentats en sept mois, ça faisait beaucoup à supporter nerveusement. Et une bonne excuse de s'éloigner du devant de la scène politique et médiatique. Elle lui avait donc généreusement "ordonn" de prendre du recul, et de se décharger sur son entourage. Elle avait également renforcé la sécurité (encore), avait chargé Sally et Wufei de l'enquête, et demandé à Trowa d'être le nouveau garde du corps personnel de la jeune fille, en plus des trois autres déjà affectés à ce poste. Et accessoirement celui de Heero, même si ce dernier aurait préféré se pendre plutôt que d'accepter la protection de quelqu'un. Trowa avait bien sûr accepté, avec toute la joie et l'enthousiasme que pouvait manifester son charmant visage. Ou du moins la moitié visible.

Relena croisait Eva tous les jours, soit à la cafétéria, soit devant les fameux distributeurs, ou encore dans les couloirs et les jardins de l'hôpital. A chaque fois, Eva partait dans des discussions survoltées, et arrivait à changer les idées de Relena quelques minutes. Ces brèves rencontres l'aidaient à se détendre et à supporter la situation, pas tous les jours facile. En effet, Heero n'était pas LE malade idéal, loin de là. Il fallait se battre, menacer, se fâcher, pour qu'il écoute les conseils des médecins et des infirmières, ce qui était usant à force. Tout le monde craquait au fur et à mesure. Alors en parler à Eva aidait Relena à relâcher un peu de pression. La jeune femme était vraiment extraordinaire de générosité et d'enthousiasme. Mais très mystérieuse. Relena n'avait réussi à savoir que peu de choses sur elle. Elle était née quelque part en Russie, il y avait 22 ans, et était au royaume de Sank depuis environ dix-huit mois. Relena ne connaissait rien d'autre sur elle. Ni son nom, ni sa profession, rien de sa vie en général. Eva n'aimait pas parler d'elle, et Relena l'avait senti immédiatement. Elle ne lui posait donc aucune question. Après tout, à quoi bon savoir ce genre de choses ? Ca ne l'avancerait à rien, et elle ne l'apprécierait pas plus pour autant. Si Eva désirait lui en parler, elle le ferait au moment voulu.


Début décembre, Heero put enfin sortir de l'hôpital, au plus grand soulagement de tout le personnel hospitalier, et des infirmières en particulier. Aucun autre évènement n'était venu perturbé la ministre et son entourage.

Quand Relena, suivie de près par Trowa, gagna la chambre de Heero après avoir signé les papiers de sortie, elle trouva le jeune homme debout devant son lit, aux prises avec une infirmière qui tentait vainement de le faire asseoir dans un fauteuil roulant.

- Mais puisque je vous dis que c'est le règlement ! Vous devez sortir de l'hôpital dans ce fauteuil !

Heero restait muet, et l'ignorait superbement, l'air de dire "Cause toujours, tu m'intéresses". Relena sentit que la jeune femme était à deux doigts de la crise de nerfs. Elle s'avança dans la pièce, un grand sourire aux lèvres, histoire de détendre légèrement l'atmosphère et désamorcer une situation quelque peu explosive.

- Bonjour ! Tu es déjà prêt ? Et tes affaires ?

- Ici.

Heero montra du doigt un sac de sport posé au pied du lit.

- Ok. Trowa…

Mais avant qu'elle ait pu dire un mot de plus, Trowa avait saisi le sac, échangé un regard avec Heero et était ressorti, sans un bruit. L'infirmière, hypnotisée, l'avait suivi des yeux. Trowa provoquait souvent ce genre de réaction, Relena l'avait très vite remarqué. Sans avoir à prononcer un mot, il arrivait à conquérir, à séduire. Il possédait un charme magnétique et animal qui avait le pouvoir de faire fondre littéralement tout membre de la gente féminine se trouvant à proximité. Mais les femmes n'étaient pas les seules à y être sensibles. Son calme, son assurance attirait le respect, la confiance des hommes. Et ça marchait sur Heero, qui s'était d'ailleurs assis dans le fauteuil sans un mot. Il est vrai que Trowa avait un certain pouvoir sur Heero, qui avait un profond respect pour lui et ses opinions. Ils n'avaient pas besoin de parler pour se comprendre. Un seul regard et ils étaient en phase. Ils possédaient beaucoup de points communs, ce qui les rapprochaient et leur donnaient le même fonctionnement de pensées. Pas de véritable enfance, pas de nom, un caractère similaire. L'un avait été tueur à gage avant de suivre un entraînement militaire, l'autre avait été formé comme mercenaire. Heero était simplement plus impulsif dans ses décisions, plus torturé.

Relena poussa le fauteuil de Heero jusqu'à l'accueil de l'hôpital, précédée par Trowa et encadrée par O'Connell et deux de ses collègues. Heero restait silencieux, mais Relena le sentait attentif aux moindres mouvements. Alors qu'ils signaient les papiers de sortie du jeune homme, Relena entendit une voix familière la héler.

- Hé ! Relena !

- Bonjour Eva ! Ca me fait plaisir de te voir.

- Moi aussi. Alors comme ça, vous rentrez enfin ?

- Oui.

- Et bien, je suis heureuse pour vous. Et pour les infirmières qui doivent être soulagées de voir partir la source de leurs tortures ! Ou de leurs pires cauchemars, voire des deux.

Heero haussa un sourcil, avant de lancer un regard meurtrier à Eva. Celle-ci ne se laissa démonter une seconde et lui répondit par un grand sourire. Puis elle se tourna de nouveau vers Relena et la regarda, les yeux pétillants de joie et de malice.

- En tout cas, petite Lena, ravie d'avoir fait ta connaissance.

- Moi aussi Eva.

Et sans plus de cérémonie, Eva attira Relena dans ses bras et la serra contre elle. Pour lui murmurer à l'oreille, si bas que la jeune fille dut se concentrer pour comprendre ses paroles sibyllines.

- Si un jour tu as besoin d'aide, que tu as de gros ennuis, n'hésite pas à me contacter. Je mets mon numéro dans ta poche. Surtout ne fais confiance à personne.

Relena se figea, surprise.

- Mais…

- Allez ! Bye tout le monde ! Et bonne continuation !

Et Eva s'éloigna rapidement, comme si de rien n'était.

- Elle a vraiment le don pour apparaître et disparaître quand on s'y attend le moins…

- Tu la connais ?

Heero la regardait étrangement, et quand il lui posa cette question un peu idiote, Relena crut percevoir un fond d'inquiétude et de tension dans sa voix.

- Heu… oui. On s'est rencontrées ici le jour où tu es sorti du coma. Et depuis on s'est vues tous les jours. Pourquoi ?

Heero ne répondit pas tout de suite, les yeux fixés sur l'endroit où avait disparu la jeune russe. C'est alors que Trowa prit la parole.

- J'ai fait mon enquête sur elle, et je n'ai rien trouvé d'intéressant. Elle n'a vraiment rien de suspect.

- Hn.

Relena s'impatienta. Le jeune homme fixait toujours dans la même direction, celle où s'était évaporée Eva, d'un regard vraiment très… bizarre. Sa paranoïa commençait sérieusement à l'agacer. Surtout quand l'objet en était Eva, cette fille si gentille, qui avait su si bien la réconforter ces dernières semaines. Elle était peut-être plus naïve qu'elle ne le pensait, mais Eva ressemblait à tout sauf à une terroriste, une tueuse à gage ou à n'importe quoi d'autre ayant pris naissance quelque part dans le cerveau militaire et méfiant de Heero. Pour une fois qu'elle rencontrait une personne capable de lui parler franchement et qui la considérait autrement que comme l'"espoir de la paix" ou une pauvre petite chose fragile… A croire que toutes les discussions qu'elle avait eues avec Heero ces dernières semaines n'avaient servies à rien.

- Heero, si tu as quelque chose à dire, vas-y ! Sinon laisse Eva tranquille ! Elle m'a beaucoup aidée figure-toi.

- Hn. Si tu le dis.

Au bord de l'apoplexie, et à deux doigts de pousser un hurlement de rage, Relena serra les dents et poussa rudement le fauteuil jusqu'à la sortie, où une voiture les attendait.

Le voyage se déroula dans le silence le plus total… et le plus lourd. Heero eut la désagréable impression d'être revenu deux mois en arrière. Il avait encore fait une bourde. Il s'inquiétait sûrement pour rien mais c'était plus fort que lui. Après tout, Trowa avait affirmé que Eva était clean. Donc dans l'absolu, il n'y avait aucun problème. Et pourtant cette fille lui laissait un sentiment curieux. Il y réfléchissait depuis un moment, quand il s'aperçut que la voiture était arrivée à destination. Relena s'empressa de sortir du véhicule, très irritée et sans un regard pour lui.

- Relena…

Elle se tourna brusquement vers lui, les yeux brillants de colère et de… chagrin, déception ? Ce qui lui fit un coup au cœur. Mais où était la Relena de l'hôpital ? (tu l'as cassée ! --- Il est pas soigneux ce garçon ! JE suis pas contente, je lui prête plus rien, na !)

- Débrouille-toi !

Et elle partit comme une furie. Cette scène lui rappelait "vaguement" quelque chose.

- Kso !

- Heero, je pense que tu t'es… planté en beauté.

Cette petite phrase assassine venait, ô surprise, de Trowa, qui le fixait les bras croisés, un petit rictus moqueur au coin des lèvres. Et Heero se sentit d'un coup de très mauvaise humeur, avec une furieuse envie de lui dévisser la tête, histoire de lui apprendre à sourire autrement.

- Oh ça va !

Et il s'extirpa tant bien que mal de la voiture pour se traîner jusque dans le hall, où Quatre était planté, bouche bée et yeux écarquillés.

- Qu'est-ce que tu lui as dit encore ? Je croyais que c'était arrangé entre vous…

- Rien !!!

Heero clopina jusqu'à sa chambre, légèrement nauséeux, et plutôt fatigué. Avant de se rappeler que SA chambre à elle était adjacente à la sienne à lui… comme il l'avait exigé plusieurs mois auparavant. Pas pour les raisons qu'il avait avancées à l'époque d'ailleurs. Et soudain, le ridicule de la situation lui sauta aux yeux. Il avait failli mourir, Relena avait failli mourir, ils s'étaient promis de ne plus se disputer, et voilà qu'en l'espace de deux secondes, tout avait basculé. Pour pas grand-chose. C'était stupide. Quel imbécile il faisait. Il se rendait compte que sa méfiance et son manque de confiance frôlaient la pathologie chronique.

Sans vraiment le vouloir, il avait blessé Relena, chose qu'il s'était juré d'éviter à tout prix à l'avenir. Il hésita un petit moment devant la porte, se demandant si la jeune fille n'avait pas besoin d'être un peu seule et de se calmer. "Non, ça c'est de la lâchet". Coupant court à ses tergiversions, il toqua et entra dans la chambre. Pour trouver Relena, devant la porte-fenêtre, droite comme un i. Quand elle entendit la porte s'ouvrir, elle se crispa légèrement en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule.

- Ah. C'est toi.

- Heu… apparemment… oui.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Oui. Que voulait-il ? Que Relena retrouve sa bonne humeur par exemple ? Ouaich… mais c'était pas en lui disant ça que ça risquerait d'arriver. Il s'accorda quelques secondes de réflexion, pour bien choisir ses mots et ne pas aggraver la situation. Mais plus le silence durait, plus le malaise s'installait et s'intensifiait. Il se jeta alors à l'eau, nerveux.

- Relena.

- ...

- Ecoute, je… je suis vraiment désolé si je t'ai blessée.

- …

- Je ne voulais pas être désagréable. C'est juste un réflexe. J'ai sans doute été injuste.

- Sans doute ?!!! Oui, tu l'as été ! C'était tellement bien ! Tu as tout gâch

Heero reçut ces derniers mots exprimés dans un souffle, aussi douloureusement qu'un coup de poing dans l'estomac. Désemparé, il s'approcha machinalement d'elle. Que dire ? Il s'arrêta près d'elle et regarda son profil devenu moins enfantin, et plus volontaire. Les épreuves qu'elle avait traversées depuis plus de deux ans s'étaient inscrites sur ses traits, sans rien enlever rien de leur finesse et de leur beauté. On y lisait juste sa force, son courage, sa volonté… sa tristesse aussi. Elle fixait toujours les jardins, d'un regard un peu trop brillant.

- Heero… je… pour moi Eva a été d'un grand soutien. Elle est une des rares personnes que j'ai rencontrée et qui m'ait apporté autant de chaleur, d'amitié… de franchise. Et c'est rafraîchissant. Elle est devenue une amie inestimable. Alors le fait que… ta réaction de tout à l'heure, ta suspicion, ont été blessantes, parce que j'ai eu l'impression que tu n'avais pas confiance en mon jugement.

- Relena, ce n'est…

- Non, attends. Tu as semblé juger Eva, en quelques secondes à peine, sans la connaître. J'ai passé des heures à discuter avec elle, et je lui fais confiance, d'accord.

Heero hésita, mais autant crever l'abcès immédiatement.

- Mais pourquoi tu ne m'as rien dit ? Pendant tout ce temps, tu ne m'as jamais parlé d'elle.

- Je ne voulais pas. C'était mes moments à moi. Les moments où je pouvais me détacher de tout ça, de tout ce qui fait ma vie quotidienne. Ceux où j'avais l'impression d'être une fille normale, pas une personne à abattre. De toute façon, Trowa était au courant, et il n'était jamais loin.

- Trowa ?

- Je suis peut-être naïve mais pas stupide, Heero. Contrairement à ce que tu sembles penser, je suis consciente du danger. J'ai failli te perdre, je te le rappelle. Alors oui, il y avait toujours au moins Trowa à proximité, à chacun de mes déplacements, et de ma propre initiative. Et c'est moi aussi qui lui ai demandé de se renseigner discrètement sur Eva.

- Ah.

Heero ne savait plus quoi dire. Relena avait vraiment changé… mûri. Et lui, non. Relena sembla sentir son désarroi et ses hésitations.

- Ecoute. Je ne te demande pas de changer. Je ne le ferai jamais. Je voudrais seulement que tu apprennes à me faire confiance. Ce qui s'est passé m'a fait prendre conscience de certaines choses. Sur moi aussi… et sur toi. Alors si j'estime que Eva est digne de confiance, j'apprécierais que tu respectes mon opinion. C'est tout ce que je te demande Heero. Ni plus ni moins.

- Très bien. Je vais essayer. Je suis vraiment désolé.

- J'accepte tes excuses. Alors n'en parlons plus, d'accord ?

Heero se contenta d'acquiescer, sans oser regarder la jeune fille. Elle ne paraissait plus en colère contre lui, et c'était tout ce qui lui importait. Ils gardèrent le silence, savourant le paysage qui s'offrait à eux. Et le résultat de leur première vraie discussion. Une discussion d'adultes, mâture et au final pas si compliquée. Si tout pouvait toujours être aussi simple…

Ce sentiment de plénitude était tellement enivrant, tellement agréable. Ils échangèrent un long regard et tout bascula. Ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, avec passion. Leur baiser presque sauvage, retenu depuis si longtemps, était loin du classique baiser de cinéma, tendre et romantique… ou chaste. A l'aveuglette, ils reculèrent jusqu'au lit, prêts à s'abandonner à l'appel de leurs sens. Quand on frappa précipitamment à la porte.

Surpris, ils se séparèrent brusquement, se regardèrent, rougissants et gênés, et mirent rapidement de l'ordre dans leurs vêtements et leurs cheveux. Juste avant que ne déboule dans la chambre Quatre, un grand sourire radieux sur le visage. Il était tellement euphorique qu'il ne perçut pas la tension qui régnait dans la pièce. Ni l'embarras.

- Relena ! Heero ! Vous ne devinerez jamais !!!

- Heu… quoi ?

- Venez ! Dépêchez-vous !

Et il ressortit en trombe, leur faisant signe de le suivre. Après un dernier regard chargé de regrets, les deux jeunes gens lui emboîtèrent le pas. Pour se retrouver dans le grand salon, où attendaient Trowa, une jeune fille de leur âge et… Duo. Trop surpris pour prononcer un mot, Relena et Heero s'immobilisèrent à l'entrée, bouche bée. Duo les observa quelques instants, un immense sourire aux lèvres, content de son petit effet.

- Ben alors ! Vous allez rester plantés là jusqu'à ce qu'il gèle ? Remarquez, ça ne va pas tarder vu la saison et le temps. Si ça continue je vais finir par croire que ma présence est indésirable…

- Mais non voyons ! On est juste surpris de te voir ici ! Les garçons te recherchaient depuis des mois, sans succès, et d'un coup… te voilà.

- Mouais. Ben en fait j'ai appris que t'avais encore été victime d'un attentat, et que Heero avait fini à l'hosto. Alors je suis venu voir comment tout ce petit monde allait.

- Ah.

Heero le fixait. Pourquoi était le mot qui lui venait en premier à l'esprit. Après l'échange qu'ils avaient eu huit mois auparavant, il ne comprenait pas. L'américain avait pourtant été clair.

- Où étais-tu ?

- Heero ! Mon copain à moi ! Tu parles enfin ! J'ai cru pendant une nano seconde qu'ils avaient eu tes cordes vocales aussi !

- …

- D'accoooooord… je vois que t'es toujours aussi volubile. J'étais… là où j'étais. Ecoutez, j'ai pas très envie d'en parler, ok ? J'avais juste besoin de prendre le large quelques temps. Ca va pas plus loin.

- Sans prévenir Hilde ? Elle nous appelle régulièrement pour nous demander si on t'a retrouvé. Elle est inquiète pour toi.

- Hilde, c'est mes affaires. Elle s'inquiète trop vite et pour rien.

Duo lança un regard «légèrement» venimeux à Heero. Si celui-ci en fut surpris, il n'en montra rien.

- Bon ! Alors c'est quoi le programme des festivités ?! Je…

Un toussotement l'interrompit, rappelant à tout le monde la présence d'une sixième personne. Une fille qui rappelait quelque chose à Relena. Elle la connaissait, mais ne parvenait pas à mettre un nom sur ce visage.

- Heu… excusez-moi, je ne voudrais pas gâcher vos retrouvailles mais… j'ai l'impression que vous m'avez comme qui dirait… oubliée.

Tous les regards convergèrent vers elle. Relena s'avança alors, essayant de se souvenir de ce visage.

- Pardon mais… je sais que je vous connais, seulement je ne…

Et soudain, elle se souvint. Le passé ressurgit, lui faisant faire un bond en arrière de plusieurs années.

- Nicky ! Nicky Saeba !

- Oui, tout juste ! Ca fait longtemps pas vrai ?

- Oui, en effet, ça remonte à loin… désolée de ne pas t'avoir reconnue immédiatement Nicky…

- Ne t'inquiète pas, c'est normal. On a beau avoir été les meilleures amies du monde à une époque, les années ont passé et nous avons changé… enfin surtout moi, d'ailleurs. Toi tu es la même… un peu plus grande, c'est tout… Et plus connue…

- Oh mon dieu, Nicky… ça me fait plaisir de te revoir. Mais comment…

Relena stoppa net sa phrase en s'apercevant que les garçons étaient toujours présents dans la pièce et les écoutaient plus ou moins attentivement. Pas idéal pour des retrouvailles.

- Heu… je vous présente une ancienne camarade d'école. Ca faisait longtemps qu'on s'était perdues de vue, Nicky et moi. Bon, si vous avez besoin de moi, je suis dans le petit salon. On se revoit tous au dîner, d'accord ?

Après un dernier regard chargé de regrets en direction de Heero, Relena entraîna Nicky jusqu'au petit salon.

Heero se tourna alors vers Duo, le regard dur.

- Alors, Duo. Pourquoi refais-tu surface maintenant ?

- Ben, je commençais à m'ennuyer vraiment dans mon trou, et puis vous laisser sans nouvelles perdait de son intérêt. C'était moins marrant de jouer à cache-cache. Qu'est-ce que je me suis enquiquin

- Alors malgré ta grande tirade, tu as décidé de revenir ?

- Ben tout le monde peut se tromper. Y a que les imbéciles qui changent pas d'avis. Je manquais d'action, et puis je me suis fait du souci pour toi quand j'ai appris ce qui s'était passé. J'ai réalisé que c'était pas sympa de vous laisser tomber comme ça… et puis sans moi, vous auriez du mal à sauver le monde et rester en vie ! Surtout toi Heero, qui a la fâcheuse manie de flirter avec la mort plutôt qu'avec de belles plantes.

- Comment as-tu fait pour… disparaître comme ça ? Sans laisser de traces pendant si longtemps ?

- Mon cher Heero, tu as beau être un hacker du tonnerre, tu n'es pas aussi doué que tu sembles le croire… j'ai appris à disparaître, à ne pas exister aux yeux du monde. Un héritage de mon enfance. L'informatique a ses faiblesses aussi. Suffit de savoir lesquelles, et de les exploiter. Ca t'en bouche un coin, hein, Spandex boy ?! En parlant de ça, t'as laissé tomber ta super tenue top mode contre un jean ? Remarque t'as raison, ça te va mieux ! Le jean est plus seyant que le cycliste noir, et puis le vert ne t'allait pas du tout au teint !

- …

Quatre sentait que quelque chose clochait entre Duo et Heero, et ça le mettait mal à l'aise. Heero était habité d'émotions diverses, mais surtout de suspicion. Pourquoi se méfiait-il autant de Duo ? Duo qui, contrairement à ses habitudes, ne laissait filtrer aucun sentiment.

- Bon c'est pas tout ça les gars, mais le voyage de retour jusqu'à Sank a été… épuisant. Alors si ça ne vous fait rien, je vais aller me pieuter un moment, histoire de récupérer un peu. Vous me prévenez quand ça sera l'heure de manger ?

- Heu… oui pas de problème.

- Merci Quatre. Dis Trowa, tu peux me montrer ma chambre s'il te plait ?

Trowa acquiesça, en silence, et Duo le suivit dans le couloir après un petit au revoir de la main et un dernier sourire espiègle. Quatre, toujours préoccupé et désorienté, resta silencieux quelques instants, cherchant ses mots.

- Heero, que se passe-t-il avec Duo ? Vous êtes étranges tous les deux.

- Rien du tout, Quatre. Ce n'est pas important.

- Heero, tu… pourquoi…

- …

- Ecoute, la vérité se sait toujours un jour ou l'autre.

- Je sais. Et j'y compte bien. Mais ce n'est pas encore l'heure pour ça. De toute façon, je pense que je m'inquiète pour pas grand-chose.

- Ok, je n'insiste pas plus. Je suppose que tu me diras tout le moment voulu.

- Tu supposes bien.

- Et bien… je crois qu'on maîtrise tous plutôt bien l'art du secret ! Au fait, il faudrait peut-être faire des recherches sur cette Nicky Saeba, non ?

- Relena en jurera d'elle-même. Si elle veut que je fasse des recherches sur elle, elle me le demandera. En attendant je ne ferai rien.

- … quoi ?!

Mais Heero ne répondit pas à sa question et se contenta de quitter la pièce, laissant Quatre muet de stupeur. Cet attentat avait vraiment bouleversé beaucoup de choses. Et sans doute plus que ce qu'en laissaient voir les apparences. Mais au fond de son cœur, Quatre espéra que le plus dur était derrière eux.


O'Connell faisait sa ronde autour de la propriété, comme chaque soir avec les autres gardes du corps. La propriété avait été divisée en plusieurs secteurs, répartis entre plusieurs hommes effectuant des gardes à tour de rôle. Et alors que la majorité des occupants du palais dormait, O'Connell maudissait le froid qui régnait alors qu'il se dirigeait vers la grille d'entrée de la propriété. Il entendit alors un craquement provenant du bosquet sur sa droite. Il s'immobilisa pour tendre l'oreille. Sans doute un animal sauvage, mais depuis quelques temps, mieux valait ne rien prendre à la légère et tout vérifier. Il dégaina alors son arme et s'approcha à pas de velours de la source du bruit. Il éclaira le bosquet de sa lampe de poche pour découvrir une scène sortie tout droit d'un film gore. Pourtant il avait fait la guerre et avait vu et commis des choses pas souvent "tous publics". Mais là, c'était… il recula, les yeux écarquillés d'horreur, avant de tomber à genoux et de vomir son dîner. Après avoir repris son souffle, il appela le PC, d'une voix faible et tremblante.

- Oui… ici O'Connell… je… je suis devant la grille de l'entrée principale… seigneur… on a un gros problème… réveillez monsieur Yuy, et envoyez-moi le plus de gars possible… rapidement…

- Bien reçu.

Après un temps qui lui parut infini, les premiers hommes débarquèrent, suivis de peu par Heero et les autres anciens pilotes de Gundam présents. Et tous, sauf Heero eurent un mouvement de recul. Le corps de l'homme était atrocement mutilé, du sang maculait entièrement les alentours. Heero s'approcha lentement du corps, essayant de contaminer le moins possible les lieux. L'homme portait un uniforme de paramilitaire, et un fusil d'élite était posé près de lui. Un tueur d'élite… LE tueur d'élite ? Cette histoire devenait vraiment très étrange et de plus en plus inquiétante. Heero remarqua alors quelque chose qui dépassait de la poche droite du mort. C'était un papier blanc taché de sang. Le jeune homme le déplia pour y lire les quelques lignes qui s'y trouvaient.

"D'ailleurs, selon la Loi, presque toutes choses sont purifiées par le sang, et sans effusion de sang il n'y a pas de pardon.

Voici, offert par le serviteur de Dieu, celui qui par péché voulut tuer une de Ses filles. Son corps est puni, et son âme, à jamais damnée"

- Heero… qu'est-ce que ça signifie ?

- J'ai l'impression que cet homme est celui qui a tenté d'assassiner Relena.

- Mais qui…

- Aucune idée Quatre, il n'a pas laissé de nom, juste un… mot… Duo, sais-tu ce que ça peut signifier ?

- Je ne sais pas. Tout ce que je peux dire c'est que c'est un extrait du Nouveau Testament. Le livre des Hébreux je crois. Ma connaissance en matière du Livre Saint est assez limitée. J'ai seulement de très vagues souvenirs de mes cours de catéchisme. Mais je peux me renseigner.

- Mais pourquoi avoir éliminé ce type et l'avoir laissé ici ? Ca ne me plaît pas du tout. Un assassin qui en tue un autre… Pour quelle raison ?


Viens et prends ma main / Je veux toucher le vivant / Pas sûr que je comprenne / Ce rôle qu'on m'a donné / Je m'assois et je parle à Dieu / Je m'assois et je parle à Dieu / Et il rit tout simplement de mes projets / Ma tête parle un langage / Que je ne comprends pas / Je veux simplement sentir / Que le véritable amour remplit la maison dans laquelle je vis / Car j'ai trop de vie / Qui coule dans mes veines / En train de se gaspiller / Je ne veux pas mourir / Mais je ne veux pas vivre non plus / Avant de tomber amoureux / Je me prépare à la quitter / J'ai peur de la mort / C'est pourquoi je continue de courir / Avant de tourner les yeux / Je peux me voir venir moi-même / Et j'ai besoin de ressentir / Le véritable amour et l'amour éternel qui lui succède / Je ne peux pas en avoir suffisamment / J'ai simplement besoin de ressentir / Le véritable amour et l'amour éternel qui lui succède / Il y a un vide dans mon âme / Tu peux le voir sur mon visage / C'est un très grand vide / Viens et prends ma main / Je veux toucher le vivant / Pas sûr que je comprenne / Cette corde qu'on m'a donné / Pas sûr que je comprenne…


Et voilà, un de plus de terminer ! Bon, j'attaque le suivant. En espérant que ce sera plus rapide. Mais je vous promets rien, ma vie en ce moment est assez… compliquée et démoralisante. Alors pour écrire un truc potable, c'est pas évident tous les jours. Je vous demande donc humblement de la patience (beaucoup ?) et d'y croire. Je peux néanmoins promettre une chose : je finirai cette fic, dussé-je y laisser ma peau et ma santé mentale - Nan je plaisante… sauf sur le fait que je ne laisserai pas tomber. Sinon, je n'ai qu'une chose à rajouter et après c'est fini : MERCI MERCI MERCI !!!!!!

A Arnaud, Hélène, Jean-Marie, Robert, Paul, Ernest, Marie, François…