Titre : Du coq à l'âme

Auteur : Toujours Tenchi

Base : Gundam Wing… et je suis définitivement infréquentable…

Genre : De l'amour pour changer, des cinglés (ça change pas… mais ça devient vraiment très beurk), et du changement en perspective pour nos héros…

Disclaimer : Donc, tout ce qui se rapporte directement à la série n'est pas à moi, ce qui inclut les G Boys, évidemment, et leur entourage. Par contre ! L'univers dans lequel ils évoluent, ainsi que O'Connell, Eva, Nicky, feu Monsieur le Mort du chapitre précédent qui refait une apparition ( comme quoi je suis pas si méchante que ça, je lui donne la possibilité de réapparaitre), etc, etc, m'appartiennent toujours à 100 . J'en fais donc ce que je veux !

Notes : Chanson N°1, "Cris, tambours et masques de guerre" de Etienne Roda-Gil et Julien Clerc, une chanson que j'adore, surtout au niveau des percussions En effet, le son des tambours résonne tout le long. Mortel. Chanson N°2 : Et oui, il fallait bien que je le case quelque part. Mais le choix fut difficile et long (très long) : Marilyn Manson, avec une très belle… "ballade", Coma Black. Non, sérieux, c'est une chouette chanson. A écouter absolument. Elle est sur son album de 2000, Holy Wood (In the shadow of the valley of death). Ah oui ! Et j'ai disséminé ça et là des paroles de chansons, dont celles de Mon DIEU, ma référence, mon inspiration, et tout et tout (si j'en fais plus je risque de passer pour une midinette, ce que je ne suis absolument pas, et ne voyez aucune forme d'ironie là-dessous, c'est la stricte vérité !).

Comme je vous sens impatients, je vous laisse lire tranquillement...


Cris, tambours et masques de guerre

Du plus profond de la terre/ Retentissent des cris de guerre. / Debout sur leurs étriers/ Tous les aigles noirs vont charger. / De toutes ces tribus guerrières/ De la première à la dernière/ Nul ne m'arrachera de toi / Par la ruse ou par le combat. / Cris, tambours et masques de guerre / Envahissent toute la terre. / Tant que tu seras dans mes bras/ Je ne tremblerai pas pour toi. / Sur les montagnes et dans les plaines / De toute la terre américaine / Nous promènerons notre amour / Du premier jusqu'au dernier jour / De toutes ces tribus guerrières/ Tu es la princesse héritière. / Nul ne t'arrachera de moi / Par la ruse ou par le combat. / Nous traverserons les plaines / Dont tu deviendras la reine / Et nous franchirons les gués / De tous les torrents déchaînés / Et les soirs de lune pleine/ Nous irons boire aux fontaines / Que connaissent les sorciers/ Les vieillards et les renards argentés.

Toute la maison était en ébullition. O'Connell était toujours sous le choc de sa macabre découverte. Relena, que l'agitation avait tirée du sommeil, était dans le salon, et tentait de réconforter le pauvre O'Connell. Mais Quatre sentait le trouble et la nervosité sous-jacents de la jeune fille. Toute cette histoire prenait vraiment une ampleur quelque peu effrayante. Quatre aurait donné n'importe quoi pour savoir ce qui se tramait. Une simple série d'attentats contre un acteur politique, qui tournait au glauque à ce point, c'était inédit pour lui… digne du pire film d'horreur. Et vu l'heure tardive… ou matinale (tout dépendait de quel point de vue on se plaçait), son esprit avait du mal à fonctionner normalement. Quand est-ce que tout ça finirait ? Auraient-ils droit un jour, tous, de vivre une existence normale ? Ou quasi normale ? Allah ! Il était à peine plus de 3 heures du matin, et la seule chose que son cerveau ne cessait de répéter était "Je veux mon matelas et mon oreiller !". L'esprit était vraiment surprenant parfois. Un homme mort avait ses entrailles en train de geler dehors dans la glaciale nuit de décembre, et la seule pensée à peu près cohérente qui errait dans son cerveau était "je veux dormir" ? Pitoyable. Ou tout simplement humain ? Ce qui, depuis quelques temps, était souvent synonyme dans son esprit. Quatre était persuadé que Tom Foster n'hésiterait pas une seconde à se servir de ce tragique évènement contre Relena, dès le lendemain. La mesquinerie de cet homme était tout bonnement… impressionnante. Si ça ne devenait pas aussi grave de jour en jour, Quatre en aurait presque ri. Malheureusement, Foster prenait de plus en plus d'ampleur au niveau de la politique internationale, grâce à son charisme… et à son art de dénigrer ses adversaires sans choquer l'opinion publique, en introduisant de fausses idées dans la tête des gens notamment. Tout était insinué, rien n'était dit franchement. Mais à force de répétitions, ses médisances finissaient par entrer. A l'allure où allaient les choses, il aurait bientôt beaucoup trop d'influence, et Relena serait complètement discréditée. La question qui travaillait Quatre était pourquoi se donner autant de peine ? Pour le pouvoir ? Non, c'était beaucoup trop simple, trop commun. Quatre sentait quelque chose de beaucoup plus important, de beaucoup plus inquiétant, qui rampait doucement, insidieusement. Une chose qui bouleverserait tout. Et cette chose commençait à le ronger de l'intérieur, tel un cancer. Plusieurs fois il avait voulu en parler à quelqu'un. Mais Relena était trop préoccupée par Heero, et les autres ne comprendraient sans doute pas. Après tout ce n'était qu'une intuition. Rien de concret. Aucune preuve tangible. En même temps, ces dernières semaines, il avait l'impression que son empathie lui jouait des tours.

# Quatre ?

Le jeune homme sortit de ses pensées et riva un regard légèrement hagard sur le visage féminin qui le fixait avec inquiétude. Relena…

# Quatre, nous devrions aller nous recoucher. Tu tombes de fatigue, et moi aussi. J'ai déjà envoyé O'Connell se reposer. Le pauvre garçon ne fermera sans doute pas l'œil mais bon… En tout cas, j'ai demandé à Trowa de nous prévenir en cas d'ennui.

# Mais je…

# Ecoute Quatre, même Heero est allé se recoucher. Ne t'inquiète pas, tout est sous contrôle. Trowa et Duo s'occupent de tout, et en cas de problème, ce dont je doute, ils nous réveilleront. Fatigués nous ne servirons à rien. Alors inutile de t'en faire comme ça. Tu en as déjà bien assez fait, non ?

# Si tu le dis… Bon, de toute façon, tu as raison, je tombe de sommeil, et demain je dois préparer un conseil. J'ai aussi une vidéoconférence avec L4… mince, je l'avais oubliée celle-là…

Relena lui sourit tendrement et l'embrassa sur la joue avant de partir. Quatre se dirigea alors vers sa chambre pour replonger sous sa couette bien chaude, et profiter des dernières heures de la nuit.


Relena regagna sa chambre, l'esprit torturé et embrumé. Que se passait-il ? Les évènements s'enchaînaient de plus en plus rapidement, de plus en plus confus, avec plus ou moins de liens entre eux. On avait cherché à la tuer deux fois en l'espace de quelques mois à peine. Ces deux attentats étaient-ils du fait du même groupe ou de deux entités différentes ? Les Preventers et Heero, malgré leurs recherches, n'avaient aucun élément nouveau pour corroborer ou réfuter cette thèse. Eva était-elle liée de près ou de loin à ça ? Les paroles qu'elle lui avait confiées à l'hôpital étaient tellement étranges… Et maintenant Duo réapparaissait après de longs mois d'absence et de silence, et on retrouvait le corps mutilé de cet homme dans l'enceinte du palais Peacecraft. Seigneur, que se passait-il ? L'angoisse lui broyait le cœur et elle se demandait ce qui pouvait bien encore arriver. Elle en était là de ses pensées quand elle arriva à la porte de sa chambre. Un rai de lumière filtrait sous celle de Heero. Ou il ne dormait pas encore, ou il avait oublié d'éteindre. La jeune fille hésita quelques secondes avant de se dire que Heero avait besoin de dormir, et que l'heure était vraiment tardive, même pour elle. Elle poussa alors la porte et se dirigea jusqu'à son lit, dans la pénombre. Elle ôta rapidement pull et pantalon enfilés plus tôt à la va-vite par-dessus sa chemise de nuit, et se glissa aussitôt sous les draps. Mais le sommeil la fuyait. Elle entendait presque les minutes s'égrener dans le silence qui régnait en maître dans la pièce.

Au bout d'un temps interminable, Relena, agacée, repoussa les couvertures en soufflant bruyamment, et se leva. Elle saisit à tâtons sa robe de chambre posée au pied du lit, et se pelotonna sur le fauteuil posté devant la porte-fenêtre. Il n'y avait rien à voir, la nuit étant noire comme de l'encre. A peine quelques ombres. Où était la lune ? La présence de cet astre l'avait toujours inexplicablement rassurée et intriguée. Une attirance étrange. Mais cette nuit rien n'était perceptible. L'atmosphère était lourde, oppressante, comme si tout s'était mis en accord avec l'homme retrouvé mort… Comme si la lune et les étoiles s'étaient cachées pour ne pas montrer au monde les horreurs que les hommes pouvaient commettre dans des accès de folie. Pour ne pas montrer la honte. Car seul un fou avait pu commettre un tel crime. Relena se demanda si le responsable d'un tel acte réussissait encore à dormir ou à se regarder dans un miroir. Même si la victime avait tenté de la tuer, et avait sans doute un lourd passé criminel à son actif, elle ne méritait pas une telle fin. Aucun homme ne pouvait se substituer à la vie elle-même et disposer du droit de vie et de mort sur un autre. La jeune fille pensa que l'Homme était la pire espèce animale vivant sur terre. Les animaux tuaient par instinct, pour leur survie, sans conscience. Mais, l'Homme était conscient de ses actes, ce qui les rendait encore plus atroces. Les gens étaient révoltés devant la mort d'un mouton égorgé par un loup affamé, mais moins devant celle d'un enfant famélique. Toute l'intelligence, la soi disante supériorité de l'espèce humaine ne servait qu'à détruire, à annihiler toute espèce concurrente. Jusqu'à s'entretuer. Elle ne comprendrait jamais.

Pourquoi ne pas employer cette intelligence à s'entraider, à trouver un moyen de vivre convenablement dans la paix et l'harmonie… dans l'égalité. Tout cela ne devrait pas rester dans le domaine de l'utopie… et pourtant. Plus le temps passait et plus Relena se rendait compte que l'objectif qu'elle s'était fixée, était peut-être irréalisable. Ou alors perdait-elle la foi et devenait-elle cynique ? Elle se sentait assaillie de doutes. Comment pouvait-elle continuer à prôner la paix et l'amour dans le monde alors qu'elle-même y croyait de moins en moins ? Désespérée, elle enfouit sa tête dans ses bras. Voilà qu'elle recommençait à pleurer. Elle n'était vraiment pas digne de son rang. A cet instant elle ne se sentait ni princesse, ni reine, ni ministre, ni leader de la paix… juste perdue, déboussolée. Elle n'avait qu'une hâte, c'était que ses détracteurs, ses ennemis repassent à l'attaque, se dévoilent… qu'ils montrent enfin leur vrai visage. Elle était fatiguée de ce manège de fantômes, de se battre et de se protéger de ces ombres. Ca tournait véritablement à une guerre des nerfs. Elle en finissait par soupçonner tout le monde, même son entourage proche. La paranoïa la guettait, elle qui s'était tant moquer de Heero, et qui l'avait même tancé pendant des mois, lui reprochant d'être trop méfiant.

Elle en était là dans ses pensées, quand une main chaude se posa sur son épaule. Son cœur manqua une pulsation et un cri apeuré sortit de sa bouche.

# Chuuuut… c'est moi…

# Heero ! Ne me refais plus jamais ça ! J'ai frôlé l'arrêt cardiaque !

# Désolé.

# Je t'ai pourtant déjà dit de ne pas surgir derrière les gens sans bruit. On s'annonce avant, pour éviter de leur créer des frayeurs. Si tu fais ça à quelqu'un qui a le cœur fragile, tu es sûr de l'achever.

# Je suis vraiment désolé. Je ne m'en rends pas compte.

# Que ça fait peur aux gens ?

# Non, que je suis aussi silencieux.

# Heu… normalement, à la base, tu es entraîné pour ?

# C'est pas faux. Mais comme en règle générale tu sens ma présence…

# "En règle générale" signifie qu'il y a des exceptions ! Et puis j'avais la tête ailleurs en plus.

# Oh. C'est pour ça que tu es dans le noir ?

# Oui, ça m'aide à réfléchir, à me calmer. Certains ont peur du noir, moi ça me rassure et m'apaise.

# Et à quoi pensais-tu ?

# A cet homme qu'on a retrouvé. A la situation mondiale actuelle. A mes ennemis invisibles, et aux déclarés comme cet horrible américain, Tom Foster. Tu ne pourrais pas l'éliminer discrètement celui-là ?

# …

# Je plaisante ! Dans pas longtemps je saurai manier correctement un Sig Sauer, alors je pourrai le faire moi-même. C'est bête tu vas finir par te retrouver au chômage.

# …

# Je plaisante, Heero, je plaisante !

# …

# Moi qui pensais que tu avais développé encore un peu plus ton sens de l'humour…

# …

# Ok, c'est pas grave. Ca fait juste cinq minutes que je fais un monologue.

# Non, désolé, mais pendant un instant j'ai cru entendre Duo, et ça m'a fait peur.

# Ha ha ha. Je suppose qu'il a du déteindre un peu sur moi aussi. A croire qu'il a un don pour ça.

# Hn. Sans doute.

# En tout cas il a l'air en pleine forme, toujours égal à lui-même.

# Je ne sais pas. Il a changé je trouve.

# Tu t'inquiètes trop, on a tous changé. Toi aussi je te signale. Tu es dans ma chambre, en pleine nuit, dans le noir, en train de me parler, alors qu'on a retrouvé un mort dans mon jardin.

Un long silence accueillit les paroles pleines de bon sens de Relena.

# Hn.

# Quoique tu n'as pas tant changé que ça finalement…

A défaut de voir le visage de la jeune fille, Heero entendit le brin de moquerie qui teintait sa voix.

# Pourquoi ?

# Tu réponds toujours "Hn".

Et Relena se mit à rire doucement. Heero eut un sourire en coin face à cette attaque bon enfant.

# Je suppose que c'est un tic.

# Sans doute… Heero ? Tu ne m'as jamais parlé de toi. Je ne te connais quasiment pas en fait.

# Et bien on est deux. Il n'y a pas grand-chose à dire de toute façon.

Vu la tristesse affleurante contenue dans sa voix, Relena décida de ne pas insister. Le jeune homme lui ferait un jour suffisamment confiance pour éclairer toutes les zones d'ombre qui peuplaient son passé. La jeune fille se contenta alors de prendre la main de Heero pour la poser contre sa joue avec tendresse. Elle aimait son odeur. Le noir facilitait tout, rendait tout plus intime. Elle se sentait plus audacieuse.

Heero était troublé. Les cheveux dorés de Relena le frôlaient doucement, déclenchant une série de frissons qui parcoururent tout son corps. Mélange d'infiniment agréable et de profondément bouleversant. De sentir la peau douce et tendre de sa joue sur le dos de sa main n'arrangeait rien. Il sentait une douce chaleur se diffuser dans tout son être. Elle était si belle, si fragile aussi… Il se pencha un peu plus vers elle, et elle posa son visage sur son épaule, comme en quête de sa chaleur. Peau contre peau, cœur contre cœur…

#Tu éloigneras toujours les mauvaises choses, Heero ? Ce mauvais sort qui me poursuit et semble vouloir à tout prix m'empêcher d'être heureuse…

#J'éloignerais tout… tes démons, le délire des hommes. Je serai toujours là pour toi, pour le meilleur, et même pour le pire…

Elle laissa échapper un petit rire désabusé.

#Surtout pour le pire…

#Non, c'est faux. De toute façon je n'en ai pas peur. Du moment que tu es près de moi, je deviens plus fort.

#Tu es fou de rester aussi près de moi… tu devrais fuir, Heero, pendant qu'il en est encore temps. Tu as déjà failli mourir tant de fois à cause de moi… pour moi… plus qu'il ne faut, plus que quiconque ne le supporterait.

Heero hésita avant de répondre. Mais de toute façon il se savait perdu. Alors pour une fois, il laissa son cœur s'exprimer pleinement, sans retenue.

#… C'est loin de toi que je deviens fou, Relena. Je n'y peux rien…

Un silence pesant, électrique, chargé d'un désir partagé s'installa et s'éternisa, sans que ni l'un ni l'autre ne fasse mine de le rompre. Jusqu'à ce que Relena enlace son cou, ses doigts se perdant dans ses cheveux, son corps mince épousant le sien, dans une étreinte au goût de désespoir, pour lui murmurer à l'oreille d'une voix pressante et tremblante.

#Aime-moi… encore, toujours… et pour toujours…

Heero devina plus qu'il ne vit, son regard d'animal blessé. Il avait mal de ce regard-là. Il mourrait pour effacer ce regard-là… Il déposa un doux baiser sur le bout de son nez, sur ses joues humides, sur ses lèvres entrouvertes. Il donnerait tout pour éloigner à jamais ses cauchemars, même les plus infimes et insignifiants. Pour ne laisser que les rêves. L'espoir. Et voir chaque jour qui naîtrait ce sourire qui le touchait jusqu'à l'âme. Elle n'était pas vraiment consciente du pouvoir qu'elle avait sur lui. Du désir, de l'amour qu'il éprouvait et qui faisait palpiter son cœur à chaque seconde. Et alors qu'elle l'appelait doucement, implorante, toute pensée cohérente s'envola. Il ne restait rien que lui, rien qu'elle, faits de fièvre et d'envie, assoiffés d'interdits… au sein d'un incendie où ils s'invitaient au combat, se disaient oui… Il ne restait que l'anarchie des corps… leurs deux corps enfiévrés, à la poursuite de ce qui les rendrait plus vivants, ce qui leur ferait oublier la tempête qui se préparait et devant laquelle ils se sentaient et se savaient impuissants. Devant l'inconnu qui pourrait les séparer… pour toujours. Et instinctivement, ils savaient que s'aimer les rendraient plus forts, presque indestructibles, que cela apaiserait leurs âmes tourmentées, ne serait-ce que l'espace d'un instant, d'une nuit. Ils s'élevèrent… ils brûlaient… elle gémit au secours, il chercha le jour… ils se sourirent, alors que sur la piste décollèrent des chevaux enragés. Leurs lèvres s'emballèrent puis se collèrent. S'unirent les venins et ils ne firent qu'un. Dans un même cri. Vérité du sacré… (0)

# Amour, je crois que je deviens fou… je perds la raison, ou c'est elle qui me quitte…

# Mais non, ne dis pas de bêtises ! Ne t'inquiète pas, je suis près de toi. Tant que je serais là, rien ne t'arrivera. On a tellement de choses à prouver au monde, n'oublie pas.

# Pourtant j'ai parfois l'impression d'être plusieurs, enfermé à l'intérieur, que d'autres prennent le contrôle de mon corps… et de ma tête aussi. C'est étrange. Hier encore j'étais désert, aujourd'hui je suis surpeuplé… je suis trop nombreux à l'étroit…

La femme resserra son étreinte.

# Tu as juste quelques mauvais souvenirs qui te perturbent… tu vas voir, avec un peu de temps et quand tout ça sera terminé, ça s'arrangera, j'en suis sûre… Je t'aime tellement, mon ange déchu…

# Je serai perdu sans toi, Amour… Viens j'ai envie de te sentir, que tu sois à moi… je ne m'en lasserai jamais… tu es la seule chose vraiment réelle en ce monde pour moi…

La femme posa ses lèvres brûlantes sur celles de son compagnon, pour le rassurer… SE rassurer. Voilà qu'elle se mettait à douter du bien-fondé de leur mission. Mais non, il ne fallait pas renoncer, avoir de doutes, l'enjeu était trop important. Elle chassa ces pensées dérangeantes pour s'offrir sans condition à son amant, et profiter de ces moments de plénitude totale qui lui donnaient l'illusion d'appartenir corps et âme à un autre, et de posséder cet autre. De ces instants où rien d'autre n'existait que le plaisir, où la laideur du monde n'était plus rien. Contrairement à certains, elle aimait cette perte de contrôle… cette perte de soi. Elle se tourna, agréablement engourdie, les yeux mi-clos, vers son amant.

# Tu y crois, toi, à la magie des rencontres. A la peur de mourir… aux enfants de l'amour ?

Il resta silencieux quelques minutes, comme s'il cherchait une réponse au fond de lui.

# Je sais pas… peut-être. Moi je n'ai jamais eu peur de mourir. Et l'amour, je n'en ai jamais beaucoup reçu. Alors moi j'ai du mal avec tout ça.

# Il doit pourtant y avoir autre chose…

# Peut-être… Tu poses beaucoup de questions ce soir.

Il l'embrassa doucement en serrant son corps nu contre lui, puis reprit.

# L'ivresse et la fête, la paresse et la chair… Ca je connais bien.

Elle esquissa un sourire dans la pénombre de la chambre, et se blottit un peu plus contre son corps chaud, alors qu'il continuait en lui caressant le dos.

# L'envie de se perdre dans les nuits l'un dans l'autre… J'y ai peut-être cru, je sais plus. J'y crois peut-être encore, parfois. Tu y crois toi ? A tout ça…

# A tout ce qu'on nous raconte ? Qu'on laisse crever les gens pour que tout aille mieux ? Parce qu'on est tous égoïstes ? Qui ne l'est pas… Pourtant il suffirait de peu… Il suffirait d'aimer, de se consumer…

# Oui mais aimer de travers peut mener en enfer, Amour, tu sais ?

# Si cet enfer c'est avec toi, je m'en moque.

# Moi, j'aime l'ivresse, les vertiges, provoqués par les combats… et toi bien sûr. Mais avec toi j'ai ça aussi. Tu m'enivres, Amour.

Elle rit doucement, d'un rire désabusé et amer.

# C'est vrai que tu la connais bien la caresse de la guerre. Plus que certains, plus que moi.

# Oui. De près. Depuis ma naissance. Parfois je me dis que c'est une drogue, que je ne pourrais pas m'en passer. Tout comme l'envie de me perdre dans tes bras, toutes les nuits.

Il la renversa en poussant un rugissement sauvage, l'écrasant sous son corps pour lui dévorer le cou. Ce qui la fit glousser de rire et provoqua une série de frissons le long de son corps mince. Elle se débattit pour échapper à ses baisers dévorants. Mais il avait une poigne de fer, et ne comptait pas la libérer tout de suite. Il lui murmura à l'oreille.

# Tu oublies qu'il y a la thune, la gloire… qui s'accompagnent aussi de l'odeur des charniers, du devoir de mémoire, des prénoms oubliés. Moi je ne connais pas celui de tous ceux dont j'ai coupé le fil de la vie, tel les Parques. Et puis la culture des racines, l'art et la religion… la fragilité… surtout la fragilité…

# Ne me dis pas que vivre fatigue, qu'on ne fait que s'évader… qu'on ne fait que passer…

# Tu as raison… doit y avoir autre chose, Amour, doit y avoir autre chose… Dormons. Demain et les autres jours vont être longs et difficiles, Amour…

Ils fermèrent les yeux sur un dernier baiser et laissèrent le sommeil les prendre. Deux âmes torturées…


L'aurore surprit deux jeunes gens endormis, tendrement enlacés, leurs corps étroitement mêlés. La jeune fille bougea un peu, et le jeune homme resserra encore son étreinte comme par peur de la voir s'échapper.

Relena ouvrit doucement les yeux, avec le sentiment d'avoir le corps et le cœur repus. Cette chaleur diffuse, cette sensation de fatigue bienfaisante, ce sentiment profond d'être en sécurité, d'être "à la maison". La jeune fille se retourna doucement, pour se retrouver nez à nez avec Heero. Le jeune homme semblait profondément endormi, mais elle savait qu'il n'en était rien. Le soleil colorait à peine le ciel de rose en ce matin d'hiver, et Relena put observer quelques minutes les traits détendus de son compagnon. Elle sentait son cœur prêt à exploser de bonheur. Après tant de temps à courir après l'amour du japonais, voilà qu'elle se réveillait dans ses bras. Toutes les disputes, les accrochages, les peurs, les reproches lui semblaient bien loin à cet instant. D'un doigt timide elle caressa ce doux visage tant aimé, tant désiré, et qui s'offrait à elle. Pour combien de temps ? Tout ceci n'était peut-être qu'un rêve, le fruit d'un cœur amoureux. Non. Impossible. Elle ne pouvait avoir autant d'imagination. Ce tiraillement un peu douloureux était bien réel. Ces bras chauds et musclés qui la serrèrent un peu plus aussi.

# Relena… j'apprécie moyennement qu'on me regarde dormir.

# Tu ne dors pas que je sache.

# Touché. Mais ça me met mal à l'aise.

# Mal à l'aise ? Ose me dire ça en me regardant droit dans les yeux, Heero Yuy.

Le jeune homme ouvrit alors les yeux, et Relena fut aussitôt hypnotisée par ce regard bleu et étincelant. Presque par réflexe, ses lèvres se scellèrent à celles de son compagnon, les enflammant de nouveau… jusqu'à ce qu'on vienne frapper à la porte.

# Mademoiselle ! Mademoiselle Relena ! C'est Clarisse ! Vous m'aviez demandé de vous réveiller à 7h30 !... Mademoiselle Relena, il est 7h30 ! Vous m'entendez ?

Après un moment de panique où les deux jeunes gens se regardèrent, bouche bée, ne sachant que faire, Relena poussa brusquement Heero hors du lit. Celui-ci atterrit lourdement sur le tapis, lui arrachant une grimace de douleur. Il plongea aussitôt derrière le gros fauteuil de la fenêtre, juste avant que la domestique n'entre dans la chambre.

# Clarisse ! Quelle surprise !

# Heu… mademoiselle… vous allez bien ?

# Oui, très bien ! Je suis réveillée ! C'est parfait, je vous remercie !

# Je vais vous aider à…

# Non ! Ce n'est pas la peine, je vais prendre une bonne douche et je descends prendre mon petit déjeuner dans quelques minutes. Ca ira ! J'arrive !

# Très bien, comme vous voudrez.

# Merci ! Merci beaucoup Clarisse, c'est vraiment gentil d'avoir pensé à me réveiller.

Après un dernier regard perplexe à la princesse, la jeune domestique ressortit de la chambre, et tira la porte derrière elle. Les cheveux en bataille de Heero émergèrent lentement du fauteuil. Relena éclata de rire.

# Relena, ce n'est pas drôle. Ton lit est vraiment très haut.

# Désolée, je n'ai pas réfléchi. Tu ne t'es pas fait trop mal ? Et ta blessure ?

# Un peu quand même. Mais ça va, j'ai vu pire. Il faut qu'on parle.

# Ecoute, avant que tu ne te fasses de mauvaises idées sur ma réaction, sache que ça n'a rien à voir avec un quelconque sentiment de honte.

# Je sais.

# C'est juste que vu la situation actuelle, je préfère ne pas m'exposer plus que ça sentimentalement.

# Je suis d'accord. Ca fournirait une prise inutile aux terroristes.

# Alors tu veux bien qu'on garde ça pour nous pour le moment ?

# Bien sûr. Je vais retourner dans ma chambre, on se verra plus tard. N'oublie pas notre entraînement après la réunion.

Heero serra Relena dans ses bras, enfouissant son visage dans ses cheveux. Il l'embrassa une dernière fois puis réintégra ses appartements. Seigneur qu'elle l'aimait. Elle espérait juste que cette relation nouvelle ne les mènerait pas à leur perte.


Relena était dans la salle du conseil depuis quelques minutes déjà, et attendait l'arrivée des autres. Sally et Wufei étaient arrivés aux premières heures du jour, et s'entretenaient avec les hommes de la sécurité. Heero était assis en face d'elle, à l'autre bout de la grande table rectangulaire, sous l'écran de vidéoconférence. A l'aide de son ordinateur portable, il tentait d'établir une liaison sécurisée avec Lady Une afin de permettre une vidéoconférence entre Sank et la chef des Preventers. La jeune fille ne se lassait pas de contempler le jeune homme, le front à peine plissé par la concentration, ses doigts fins volant au-dessus du clavier.

Elle avait passé un des meilleurs moments qu'il lui avait été donné de vivre jusqu'à présent, il y avait encore à peine quelques heures. Pas que cette première expérience ait été exceptionnelle. Elle n'avait jamais imaginé ça de cette façon. Mais l'après avait été magique. Elle n'avait jamais partagé un tel degré d'intimité avec quelqu'un. Ils avaient très peu parlé en fait, mais le fait qu'il la tienne toute la nuit dans ses bras, qu'elle sente sa chaleur la pénétrer jusqu'au cœur, l'avait apaisée, lui avait redonnée force et courage. Elle n'avait pas aussi bien dormi depuis longtemps. Mais cette nouvelle intimité compliquait encore plus la situation.

L'arrivée de Trowa dans la pièce interrompit ses pensées.

# Bonjour Trowa ! Tu vas bien ?

Le jeune homme regarda Relena, étonné de la voir aussi enjouée un tel jour. Heero releva la tête pour lui lancer un regard d'avertissement. Le grand sourire de Relena s'effaça peu à peu. Elle se sentit soudain idiote et mal à l'aise. Pour reprendre contenance, elle se plongea dans le rapport posé devant elle. Trowa, atone, se tourna alors vers le japonais.

# Wufei sera là dans quelques minutes. Quatre sera en retard, il veut terminer sa vidéoconférence avec son staff de L4. Duo prend son petit-déjeuner avec Nicky dans la cuisine. Il m'a dit qu'il arrivait.

# La connexion est presque établie.

Wufei entra à ce moment. Après un bref salut de la tête, il prit place autour de la table sans un mot. Lady Une apparut alors sur l'écran.

# Bonjour mademoiselle Peacecraft. Messieurs.

# Lady Une, comment allez-vous ? Ca fait longtemps.

# En effet. On fait aller.

# Et Mariemaia ?

# Elle va mieux. Elle prend ses marques, et recommence à ressembler aux petites filles de son âge. On s'aide mutuellement à se reconstruire.

# C'est merveilleux. Je suis contente pour vous deux. Mais je crois que nous sommes réunis aujourd'hui pour parler de moi, de ma sécurité et de l'état du monde.

# En effet. Mais tout le monde n'est pas arrivé, je vois.

Comme un fait exprès, Duo entra brusquement dans la pièce en poussant un grand "tadaaaa !" enjoué. Suivi très discrètement par Quatre.

# Bonjour la compagnie ! Comment va ce matin ! Très chère Lady Une, ça faisait un bail ! Vous êtes très en beauté. La paix vous va à ravir. Désolé pour mon retard, mais j'aime bien prendre mon temps pour le petit-déjeuner dès que je peux. Et puis je ne voulais pas laisser cette charmante jeune fille, Nicky, toute seule. Et puis une minute ou deux… Vous avez pas commencé ? Si ?

Duo contemplait l'assemblée, un grand sourire aux lèvres. Quatre, les joues rouges, avait l'air plutôt gêné. Lady Une rompit le silence, estimant que plus tôt la réunion commencerait, plus tôt elle finirait.

# Nous n'avions pas encore débuté l'ordre du jour, rassurez-vous. Mais ne tardons pas plus longtemps. Très bien. Wufei ?

# Nous n'avons pas encore découvert l'identité du mort, mais les agents cherchent toujours. Ils devraient trouver d'ici peu. Sally viendra nous rejoindre dès que ce sera le cas.

# Très bien. Avons-nous d'autres éléments ?

# Toujours rien de concluant sur les Epyons Terros et leur commanditaire. C'est à se demander si cette organisation existe réellement.

Heero prit la parole.

# Elle existe. La prise d'otages d'avril le prouve. Cet homme en faisait partie. C'est sûrement lui qui a été chargé de l'assassinat de la Ministre et m'a envoyé à l'hôpital à la place. On a dû l'éliminer à cause de son échec.

Tout le monde le regardait, attentif. Lady Une brisa alors le silence, posant la question qui brûlait les lèvres de tous.

# Comment savez-vous tout cela ? Je pensais que nous ne savions rien sur cet homme.

# Je sais juste comment ça marche.

# Ah.

# N'oubliez pas, Lady Une. Je suis moi-même un assassin. Depuis mon enfance. J'ai été élevé et formé par l'homme ayant éliminé Heero Yuy. Alors je sais reconnaître un mercenaire quand j'en vois un. Je sais comment fonctionnent ces organisations fantômes. On vous confie un contrat. Si vous réussissez, on vous paie. Si vous échouez, on vous tue. C'est la règle… du jeu. Et cet homme en treillis a échoué.

# Mais pourquoi…

# Pourquoi a-t-il été mutilé ? Je n'en sais rien. Pour le moment. Je ne m'explique pas non plus cette citation biblique. Il y a sans doute un message. Le deuxième assassin a sans doute été engagé par l'Organisation. Mais il n'en fait sans doute pas partie. Il doit avoir d'autres raisons. Peut-être personnelles... Ou il est mentalement malade, ou il tente de nous faire passer un message.

# Peut-être les deux, mon cher Heero ! Enfin je dis ça comme ça, moi, hein ? J'en sais rien après tout, je le connais pas. Ni lui, ni ce macchabée. C'est moche quand même… Pauvre type. Il fait son travail, te vexe pas Rel', et il se fait ouvrir le bide. L'horreur…

Duo s'arrêta, et planta un regard teinté d'ironie dans celui de Heero, assis en face de lui.

# C'est pas à nous que ça arriverait ça, pas vrai mon pote ?

Personne n'osa parler. Tous étaient conscients du danger qu'ils couraient. La Mort les attendait patiemment dans un sombre recoin, prête à se présenter à eux, à toute heure. Qui pouvait se targuer d'être du côté du bien ou du mal dans l'histoire ? Seule la fin le déterminerait. Ne disait-on pas que le bien triomphait toujours ? Le bien est toujours du côté des vainqueurs. Mais n'était-ce pas plutôt les vainqueurs qui déterminaient le bien ? La société qui posait les jalons de la moralité ? Chaque guerre, chaque conflit traînaient dans leur sillage leur lot d'horreur, de crimes, d'ignominies, de tortures. Des deux côtés. Aussi bien celui des vainqueurs, que celui des vaincus. Alors quelles exactions étaient moins terribles, moins atroces ? Qui était moins coupable ? Celui qui se bat pour son pays, sa maison, sa famille, son gouvernement ? Ou celui qui va dans un autre pays pour en libérer un peuple tout en le massacrant, seulement parce que le gouvernement en place n'a pas la même vision des choses ? Qui étaient les "méchants", qui étaient les "gentils" ? Les vainqueurs et les vaincus ? Les gagnants et les perdants ? Peut-être tout le monde, sans doute personne. Qui était le pire : celui qui torturait et tuait, ou celui qui en donnait l'ordre ?

Sally pénétra dans la salle, un papier à la main. Après avoir salué tout le monde, elle tendit la feuille à Heero et prit place près de Wufei. Heero contempla quelques minutes le document de Sally, puis se tourna vers l'écran où le visage grave de Lady Une le fixait, dans une attente inquiète.

# C'est l'identité de l'homme. Un certain David McNorris. 33 ans, américain, ancien militaire, mercenaire. A la fin de la guerre, il s'est retiré de l'armée, comme beaucoup. Et depuis on avait perdu sa trace. Jusqu'à ce qu'on le retrouve dans le jardin la nuit dernière.

# On sait autre chose ?

# Pas encore, mais je vais faire des recherches. Maintenant que je sais où chercher, je trouverai. Je pars sur le terrain dès demain.

# Non !

Relena, jusqu'ici silencieuse, s'était brusquement levée de sa chaise, une lueur de frayeur dans les yeux. Se rendant compte que sa réaction était peut-être un peu trop excessive, elle se rassit lentement, gênée.

# Je veux dire que… c'est peut-être pas très prudent. Heero sort à peine de l'hôpital, il n'est pas encore totalement remis. Heero, le médecin t'a ordonné de te reposer le plus possible. Et puis dans ton état tu seras beaucoup moins efficace. Non ?

# Hn.

# Je m'en charge. Heero pourra faire la coordination des infos d'ici. On sera plus efficace.

# Merci Trowa. Quatre, vous devriez aller avec lui. A deux vous serez plus efficients. Et plus rapides. Nous manquons de temps.

# Très bien Lady Une.

# Ca ne posera aucun problème au niveau de vos responsabilités sur L4 ?

# Non, j'ai déjà tout réglé. Nous partirons dès ce soir aux Etats-Unis pour y débuter nos investigations.

# Très bien. Tenez-moi régulièrement au courant par le biais de Heero. Il assurera la liaison d'ici. Relena, jusqu'à ce qu'on en sache plus, vous resterez au palais sous la protection de Duo et Heero. Annulez toutes vos conférences, galas et autres manifestations publiques.

# Mais…

# Je sais que ça va apporter de l'eau au moulin de vos détracteurs. Mais nous ne pouvons prendre de risques. La prochaine fois, ils ne manqueront peut-être pas leur cible. Vous pouvez en revanche organiser des visioconférences. Si ce n'est pas possible, envoyez un représentant de confiance à votre place. Et ce n'est pas une suggestion, mademoiselle, c'est un ordre.

# Très bien. Puisque apparemment je n'ai pas le choix.


Relena s'effondra sur son lit, vidée. La réunion avait duré une bonne partie de la matinée, et elle n'en pouvait plus. Une migraine commençait à prendre forme à l'arrière de sa tête. Finalement, elle n'était pas mécontente des ordres de Lady Une. Elle allait pouvoir fuir un peu ses obligations, et garder Heero près d'elle quelques temps. Même si cela ne durerait pas, elle pourrait au moins en profiter.

Relena savait que si elle restait allongée ainsi, elle finirait par s'endormir. Et elle ne pouvait se le permettre, elle avait une leçon avec Heero. Il fallait également qu'elle songe à passer un peu de temps avec cette pauvre Nicky. Elles n'avaient pas trop eu l'occasion de discuter ensemble depuis l'arrivée de la jeune fille à Sank. Elles avaient pourtant tellement de choses à se raconter. Toutes ces années à rattraper. Relena se secoua, puis s'enferma sous la douche pour se réchauffer un peu, et se détendre.

Quelques minutes plus tard, la jeune fille rejoignit Heero dans les sous-sols du palais. Il y avait aménagé dès son arrivée à Sank, une salle d'entraînement où personne ne venait jamais le déranger. Il y avait une ligne reliée directement au PC de sécurité pour les urgences. Seulement pour les cas d'extrême urgence. L'endroit idéal. Relena savait que c'était une sorte d'ancien bunker, construit à une époque lointaine, datant d'une autre guerre. Une autre des nombreuses qui jalonnaient l'histoire des hommes. A croire que l'humanité n'avait jamais su faire autre chose que se battre.

La jeune fille s'approcha doucement de Heero et se serra contre lui. La matinée avait été longue. Relena le sentit se contracter entre ses bras, et le libéra aussitôt de son étreinte. Décidément, elle avait tout faux aujourd'hui. Elle se laissait beaucoup trop submerger par ses émotions, et c'était en partie pour cette raison qu'elle était ici. Du professionnalisme, que diantre ! Les câlins se seraient pour plus tard. La situation était quand même assez ironique. Heero apprenait à s'ouvrir aux émotions et aux autres, pendant qu'elle lui demandait de faire d'elle tout le contraire.

# Bon. On commence par quoi aujourd'hui ?

# Par t'habituer à manier une arme à feu.

Il lui tendit un pistolet. Hésitante, elle le prit dans une main, pas très assurée. Elle en avait déjà tenu un il y a quelques années, mais elle n'était pas dans la même optique, dans le même état d'esprit. Elle ne se souvenait pas que c'était si lourd.

# C'est un Sig Sauer P226, 15 coups. Calibre 9 mm, le plus courant. Semi-automatique comme la majorité des armes de poing. Je préfère les pistolets aux revolvers, il y a plus de balles, plus facile à recharger, plus pratique. Le seul hic, c'est que les pistolets ont parfois la fâcheuse surprise de s'enrayer. Surtout quand il ne faudrait pas. C'est pour cette raison qu'il faut très régulièrement les nettoyer, même quand on ne s'en sert pas. Si celui-ci ne te convient pas, tu essaieras un autre pistolet. Un Glock avec compensateur par exemple. Plus léger. Il y a des ouvertures sur les côtés pour diminuer le recul. Et c'est un 17 coups. De toute façon, il faudra que tu te familiarises avec plusieurs pistolets différents.

# Ok.

# Je vais te montrer comment le charger, le nettoyer, comment viser et tirer. Au début tu auras peut-être du mal à absorber le choc. Mais tu t'y habitueras à la longue. Et puis j'ai choisi une arme légère et fiable pour débuter, ce sera plus facile.

# Très bien. C'est… bizarre. Je ne m'en rappelais pas.

# Je sais. Au fur et à mesure, ça le deviendra moins. Le but, c'est que cette arme devienne ta meilleure amie, celle sur qui tu pourras compter en cas de danger, pour te sauver la vie. T'en servir doit devenir un automatisme, une seconde nature.

# Tuer ou être tué, n'est-ce pas ?

# Exactement. Ecoute, Relena... Tu es sûre de toi ? Ca va à l'encontre de tous tes principes… de toi-même.

# Ne t'inquiète pas de mes principes, je m'arrangerai avec eux. Je veux être capable de me débrouiller seule en cas de pépin. Je ne veux plus être un boulet. Tu ne pourras peut-être pas toujours être là pour venir à ma rescousse. En plus il y a souvent des impondérables, surtout avec moi. Alors montre-moi comment il faut faire, et je m'accommoderai avec ma conscience. Et puis je n'aurai peut-être jamais l'occasion de m'en servir pour blesser ou tuer, qui sait.

# Très bien. Comme tu veux.

Il la guida jusqu'à une cible et se plaça derrière elle.

# Pointe l'arme sur la cible. Pour stabiliser ton tir, tu peux soutenir la crosse avec ton autre main et ajuster. Tu te sers du guidon et de la hausse pour…

# Le guidon ?

# Heu… oui c'est le… petit truc qui dépasse au bout du canon. Et la hausse c'est… ben c'est l'autre truc qui dépasse à l'autre bout du canon… du côté du chien… Côté crosse, quoi.

# Ah ! Oh…

# Donc tu vises, tu poses ton doigt sur la détente, tu ajustes et tu presses la détente.

# Bon… c'est parti.

Elle se sentait gauche. Troublée de le savoir si proche, de sentir sa main sur sa taille, son souffle chaud sur sa nuque. Le coup partit et rata complètement sa cible.

# Mince.

# C'est pas grave Relena. On y arrive rarement du premier coup. Sauf chance exceptionnelle. Ou un don remarquable.

# Mouais…

# Au début, je tirais toujours au moins deux mètres à côté, ou carrément en l'air.

# Et tu avais quel âge ?

# Je ne sais pas. 6 ans, peut-être 5. Je n'ai pas vraiment de souvenirs précis. Je ne sais même pas quel est mon âge exact, mon vrai nom. Si j'ai eu une famille… ou pas.

# Oh.

Relena ne savait pas quoi dire, trop surprise qu'elle était. C'était la première fois que Heero se laissait aller à parler de lui. Même quelques secondes. Il dut s'en rendre compte car il reprit immédiatement.

# Bon. On reprend. Continue à t'entraîner à manier ton arme. Pendant ce temps je vais faire quelques exercices de mon côté, histoire de me dérouiller un peu. Je dois absolument récupérer au plus vite.

# Je trouve que tu t'es remis vraiment vite de ta blessure et de ton opération.

# Peut-être. Mais c'est pas encore suffisant. Je suis encore trop faible.

# Mais au moins tu es vivant. C'est le plus important, non ?

# Sans doute.

Et chacun retourna à son entraînement.


Et les journées se succédèrent ainsi, jusqu'à Noël. Le matin, Relena s'entraînait au tir et à quelques techniques de combat basiques, ce qui permettait à Heero de se remettre tout doucement dans le bain, sa poitrine le faisant encore passablement souffrir. Ils déjeunaient ensuite tous ensemble, Duo ne pouvant s'empêcher de faire du plat à Nicky. Il ne parlait jamais de Hilde, et celle-ci n'avait pas appelé une seule fois. Apparemment il avait du se passer quelque chose, car dès qu'on osait à peine aborder le sujet, Duo se renfermait sur lui-même et refusait tout net d'en parler. Il devenait même parfois agressif. Relena ne lui posait d'ailleurs aucune question là-dessus. Elle était loin d'être la confidente de Duo, et elle ne connaissait Hilde que très peu. Et puis ça n'était pas ses affaires, elle le savait. Elle avait déjà bien assez de ses secrets, et n'avait pas besoin de ceux des autres. Sa liaison avec Heero était déjà bien assez lourde comme ça à porter. Devoir rester distante avec lui, camoufler ses émotions aux yeux des autres, ne pas le toucher, faire attention à ses moindres gestes, ses moindres paroles était plus difficile que ce qu'elle avait imaginé. Fort heureusement, Quatre n'était pas là, et elle n'avait donc pas besoin de déployer beaucoup d'énergie à construire des barrières mentales. Elle avait juste à attendre la tombée de la nuit, que Heero la rejoigne dans sa chambre. Ces moments-là étaient les plus précieux. Les attendre toute la journée ne les rendait que plus beaux.

Relena passait la plupart de ses après-midi avec Nicky. Un présence féminine dans cet environnement essentiellement masculin lui faisait beaucoup de bien. Après la première séance de tir de Relena, Nicky lui avait raconté ce qu'elle était devenue après son passage à St Gabriel.

# Tu te rappelles que j'ai quitté l'école en cours d'année ?

# Bien sûr que je m'en souviens. Ca m'a brisé le cœur. Tu es partie tellement vite, et on n'a jamais su pourquoi.

# Et bien… ma mère venait de mourir… brutalement. J'ai du rentrer d'urgence aux Etats-Unis, auprès de la seule famille qui me restait. Mon oncle. J'étais tellement effondrée que je n'ai pas pu revenir ici. J'ai repris mes études là-bas, pour rester près de mon oncle. Il m'a été d'un grand soutien. Et puis j'y étais plus à l'abri qu'en Europe. Les combats étaient loin d'y être aussi violents.

# Mais pourquoi ne m'as-tu pas contacter ?

# Et bien… je ne sais pas vraiment. Au début je ne m'en sentais pas capable. Je ne voulais parler à personne. Je ne pouvais pas. C'était trop difficile. Je ne me sentais pas capable de supporter la peine ou la pitié des autres à mon égard. Je voulais juste rester seule avec mon chagrin... Je sais que ça peut paraître stupide.

# Non. Pas du tout.

# Après, je n'ai pas osé. Tu es devenue si… "célèbre", si demandée. Je n'ai pas su comment reprendre contact. Et puis je me suis dit que tu ne te souviendrais peut-être plus de moi.

# Oh Nicky… Ne dis pas de bêtises ! Mais pourquoi maintenant ?

# Et bien… je me suis dit, pourquoi ne pas tenter ? Peut-être que tu avais besoin d'une amie ?

# Et tu as bien fait ! Ca me fait tellement plaisir !

Nicky lui sourit doucement tandis que Relena lui prenait les mains pour les serrer entre les siennes. Ca mettait du baume au cœur de savoir qu'il lui restait des amis, et que tout le monde ne souhaitait pas sa chute ou sa mort.


Veille de Noël – Décembre 197

Relena n'avait pas l'impression d'être le 24. Le lendemain ce serait noël. Mais elle ne se sentait pas le cœur à la fête. Trop de soucis, trop de troubles, trop d'incertitudes, de menaces… Quatre et Trowa n'étaient toujours pas revenus, et leurs recherches restaient toujours aussi infructueuses. Ils ne trouvaient aucune trace d'une quelconque organisation secrète. Rien, pas même le plus petit indice, aussi minuscule soit-il. Relena n'avait pas reçu d'autres menaces, ou d'autres… "cadeaux" du genre corps mutilé. Mais avec les cinglés, on ne savait jamais. Les fêtes comme noël avait tendance à les rendre… "créatifs".

La jeune fille jeta un regard par la fenêtre. Il faisait nuit, mais la lune brillait de tout son éclat, éclairant doucement les environs. Relena s'approcha de la fenêtre, collant son front sur la vitre glacée et légèrement embuée. Elle aimait cette lune-là. Immense, bien ronde, d'un blanc éclatant, presque translucide… fascinante. Elle était si proche de la Terre qu'on aurait presque pu la toucher. Relena se sentait épuisée, vidée. Les nuits étaient courtes et les journées interminables et intensives. Elle avait l'impression de vivre deux vies à la fois. Mais elle ne regrettait rien. Elle espéra que Heero ne tarderait pas trop. Elle sourit doucement à la lune, presque comme à une vieille amie, et se tourna brusquement vers son ordinateur, qui venait d'émettre un bip. Un mail ? Peut-être Quatre ? Ou Mariemaia. La fillette aimait bien lui envoyer des messages pour lui raconter ses journées. Ou alors était-ce une des nombreuses organisations officielles qui peuplaient la sphère politique et mondaine dans laquelle elle évoluait, qui lui envoyait une quelconque invitation pour un quelconque gala. Heero n'avait pas le monopole de l'informatique. Ok, elle n'y comprenait pas grand-chose, n'était pas capable de hacker n'importe quel site ou se perdre dans les méandres des clés de registres, mais elle savait se servir d'une messagerie électronique.

Elle s'assit face à l'écran et ouvrit sa messagerie. Tiens ! Elle ne connaissait pas le destinataire. Quel nom étrange... Le Fils de Léviathan… Relena sentit le sang se retirer de son visage. La peur lui serra le cœur… Mon dieu… Etait-ce Lui ? Non, impossible… Comment aurait-il eu son adresse… Question idiote. Il lui suffisait d'avoir quelques contacts administratifs, hommes politiques ou hauts fonctionnaires, ou encore d'avoir accès à certaines bases de données, et le tour était joué. Les mains moites et tremblantes, Relena ouvrit le mail. Police blanche sur fond noir. Sobre. Mais les mots l'étaient déjà moins.

"Voici que mon ange marchera en avant de toi, et le jour où je ferai venir la punition, je ferai assurément venir sur eux la punition pour leur péché". (1)

J'espère que tu as apprécié mon petit cadeau. J'avoue, c'était peu de choses. Mais Il ne supporte que très peu qu'on se substitue à Lui, surtout quand la… tâche est accomplie à moitié. Le vilain garçon a été puni.

L'heure n'est pas encore arrivée.

Une dernière chose. Ne parle à personne. Où la Lune ne se lèvera plus pour la petite princesse…

LSD - J'ai entendu ton cri…

"Sauve-moi de tous ceux qui me persécutent et délivre-moi". (2)

Seigneur… Que lui voulait-il à la fin ! Que devait-elle faire ? Elle ne pouvait prendre le risque d'en parler à quelqu'un. Surtout à Heero. Comment savoir quelle serait sa réaction… Elle avait autant d'attendre quelques jours encore et voir ce qu'il adviendrait. Ce… LSD ne ferait peut-être rien. Ok. Stupide comme pensée. Il avait littéralement étripé un homme quand même, ce qui n'était pas à franchement parler une pratique courante. Enfin, pas à sa connaissance en tout cas. Bon. Si elle avait bien compris le message, il n'avait de toute façon pas l'intention de la tuer. Pas tout de suite en tout cas. Donc, autant qu'elle suive les instructions à la lettre. Elle ne voulait pas mettre encore la vie de Heero en danger, ni celle des autres. Autant éviter ça.

Elle entendit Heero entrer dans sa chambre. Elle sursauta, ferma le mail et mit son ordinateur en veille. Elle attendit quelques secondes, puis frappa doucement à la porte de communication. Heero apparut devant elle, dans une douce pénombre qui faisait ressortir les traits de son visage. Elle le trouvait toujours plus beau chaque jour. Il la regarda de longues secondes, sans émotions apparentes, sans bouger. Puis il l'attira brusquement dans ses bras, lui dévorant le cou et les lèvres de baisers passionnés, s'accrochant à elle tel un naufragé à un bout de bois. Relena se laissait faire, dévorée par la même urgence. Mais une question lui vint à l'esprit comme souvent ces derniers temps. Pourquoi ne lui confiait-il jamais rien de ses sentiments ? Elle savait qu'il en avait, mais comme il ne lui disait jamais rien, elle ne savait pas lesquels précisément. Elle lui disait "je t'aime" de temps en temps, mais lui ne répondait jamais, se contentant de la serrer contre lui. Ca devenait frustrant, même si dès le début elle avait su à quoi s'attendre. Il n'en était pas moins que son cœur réclamait plus que sa raison. Plus de certitudes, plus de mots. Le doute s'insinuait peu à peu en elle tel un poison, sans qu'elle puisse l'en empêcher. Si tout ça n'était que le fruit d'une attirance physique ?

Mais en même temps, elle ne voulait pas le brusquer, le harceler de questions exigeant des réponses claires, qu'elle n'était peut-être pas prête à entendre. Elle savait que ça devait être nouveau pour lui, ce genre de relation. Et puis leur situation n'arrangeait rien. Comment pouvait-il s'ouvrir entièrement, alors qu'ils s'imposaient secret et discrétion, même envers leurs proches ? Leurs moments nocturnes ne pouvaient en aucun cas représenter une relation saine, stable et entière. Comment pouvaient-ils être un vrai couple et se comporter comme tel, alors qu'ils ne se voyaient réellement que la nuit ?

Relena se sentit envahie par le désarroi. Le seraient-ils seulement un jour ? Tranquilles pour vivre leur romance ? Car une fois cette menace écartée, elle serait vraisemblablement remplacée par une autre. Quand cela serait-il terminé ? Si tant est qu'il pouvait y avoir une fin. Et cet… "homme", ce malade… ce LSD. Qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ces initiales ? Que signifiait ce mail ? Ces quelques mots qui l'angoissaient plus que tout…

# Lena ?... Relena !

Heero. Seigneur, elle s'était laissée submerger par ses pensées et l'avait oublié. Mortifiée, elle rouvrit les yeux et tenta tant bien que mal de cacher son trouble.

# Je te sens ailleurs ce soir.

# Non, ça va. Le peu d'infos récoltées par Trowa et Quatre me tracasse un peu. Et puis je me fais du souci pour eux. Je suis désolée.

# Ne t'excuse pas. Jamais. Je comprends que tu t'inquiètes pour eux. Mais tu n'as aucune raison, ils ont l'habitude. Ils savent très bien se débrouiller.

# Je sais, je sais. Mais c'est plus fort que moi.

# Ils trouveront. Et tout s'arrangera.

# Tu es bien plus optimiste que moi. Ca change… pour une fois.

# Je ne laisserai jamais personne te faire du mal. Même à travers moi.

# Peut-être.

# Fais-moi confiance.

Il la serra contre lui, s'enivrant du parfum de ses cheveux, tentant de lui transmettre sa force, sa confiance en l'avenir à travers son étreinte. La vie était parfois bien étrange. Ironique, même. Il allait finir par être plus optimiste qu'elle, par croire en ses idéaux pacifistes plus qu'elle n'y croyait, elle qui tentait de les faire accepter au monde depuis deux ans. Le jeune homme se laissa envahir par le sommeil, enveloppé par une douce chaleur. Mais Relena gardait les yeux ouverts, trop agitée pour s'endormir. Finalement, elle se leva sans bruit en ayant soin de ne pas réveiller son compagnon. Elle avait remarqué que ces derniers temps il dormait profondément. Il avait dû accumuler tellement de fatigue au cours de ces dernières années, qu'il se rattrapait maintenant alors qu'il se sentait en confiance et en sécurité.

Relena regagna sa chambre, décidée à lire un ou deux rapports. Elle avait un discours dans quatre jours, et du temps à occuper. Autant en profiter et mettre son insomnie à profit. Elle se réinstalla à son bureau, devant son ordinateur. Mais le mail de LSD tournait dans sa tête. Elle avait menti à Heero quand elle avait dit être inquiète pour Trowa et Quatre. Pas qu'elle ne se faisait aucun souci pour eux. Mais ce qui lui dévorait l'esprit et l'empêchait de penser à quoi que ce soit d'autre, c'était ce foutu mail entre autres.

Pourquoi s'amusait-il à la torturer ainsi ? S'il souhaitait l'éliminer, qu'il le fasse ! Une bonne fois pour toute. Elle ne voulait pas mourir, mais elle refusait qu'une autre des personnes auxquelles elle tenait ne soit blessée ou tuée. Elle ne le supporterait pas. "Vous avez un nouveau message". Relena devint livide et sentit son cœur se serrer. Encore un ? Ca devait être un cauchemar. Ca ne pouvait pas être vrai.

Le Fils de Leviathan

"Je fais mourir et je fais vivre. J'ai blessé gravement et, moi, je guérirai.

Si j'aiguise mon épée étincelante

Et que ma main saisisse le jugement,

Je rendrai vengeance à mes adversaires

Et je rétribuerai ceux qui me haïssent profondément.

J'enivrerai mes flèches de sang,

Tandis que mon épée mangera de la chair,

Je les enivrerai du sang des tués et des captifs

Réjouissez-vous, nations, avec son peuple,

Car il vengera le sang des serviteurs,

Et il rendra la vengeance à ses adversaires…" (3)

Mmm… Deux messages en quelques heures… Etrange. Mais le temps presse. Le Leviathan n'est pas d'une patience exemplaire. Son Fils a plus la passion du jeu. La Petite Princesse semble intelligente, mais le sera-t-elle assez, et suffisamment rapidement ? L'avenir le dira. Nous espérons qu'elle connaît quelques prières. Dans le cas contraire, LSD se propose de lui donner quelques cours particuliers pour combler ses lacunes… et sa tombe. En attendant, voilà ce qui arrive à ceux qui ne sont pas sages et ne contentent pas Léviathan et son Fils.

En espérant que la Petite Princesse ne fasse pas de bêtises. Un accident est si vite arrivé…

LSD

… Une mer de sang se déchaîne et partout elle noie les bases même de l'innocence. (4)

Et la photo lui sauta au visage. Le cliché morbide avait été pris de nuit, la lumière artificielle du flash en révélant toute l'horreur, toute l'ampleur de la folie de l'auteur. Tout ce sang…

Relena ne pouvait détacher ses yeux de l'écran, malgré sa nausée. Ce regard vitreux, un peu étonné, qui semblait la fixer à travers le néant et la mort. Cet homme… Cet être humain… Tous les crimes qu'il avait pu commettre ne pouvaient justifier une telle fin. Son corps fut le plus fort. Elle se leva dans un haut-le-cœur violent, et se précipita une main sur la bouche dans la salle de bain. Elle eut juste le temps d'atteindre la cuvette des toilettes avant de vomir. La gorge en feu, l'abdomen contracté par de violents spasmes, Relena se laissa glisser sur le sol, épuisée et en sanglots. Seigneur. Comment pouvait-elle entraîner de telles choses sans le vouloir ? Qui était-elle ? Pourquoi le sort s'acharnait ainsi ? Elle se traîna jusqu'à son lit, après ce qui lui parut être une éternité passée recroquevillée sur le carrelage froid de la salle d'eau. Après avoir supprimer les deux mails et éteint son PC, elle se roula en boule sous la couette, et resta immobile, les yeux grand ouverts, incapable de trouver le sommeil. Elle savait à peu près ce qu'avait pu ressentir O'Connell. Elle devait prendre une décision. Rapidement. Avant que LSD ne repasse à l'action. Ce cinglé n'avait pas l'air de vouloir plaisanter. Loin de là…


L'Œil d'Eden: Ma bouche était un berceau et il y grandissait des mensonges / Je ne savais pas ce qu'était l'amour en ce jour-là / Son coeur est un petit caillot de sang / J'en ai picoré / Il ne cicatrise jamais et ne part jamais. / J'ai brûlé toutes les bonnes choses dans l'Œil d'Eden / Nous étions trop stupides pour courir trop mort pour mourir / J'ai brûlé toutes les bonnes choses dans l'Œil d'Eden / Nous étions trop stupides pour courir trop mort pour mourir. / Ca n'a jamais été mon monde / Vous avez enlevé l'ange / Je devrais me tuer pour faire payer tout le monde / Ca n'a jamais été mon monde / Vous avez enlevé l'ange / Je devrais me tuer pour faire payer tout le monde. / J'aurais dû lui dire alors / Qu'elle était la seule chose / Que je pourrais jamais aimer dans ce monde mourrant / Mais le simple mot "amour" lui-même / Est déjà mort et à disparu. / Ca n'a jamais été mon monde / Vous avez enlevé l'ange / Je devrais me tuer pour faire payer tout le monde / Ca n'a jamais été mon monde / Vous avez enlevé l'ange / Je devrais me tuer pour faire payer tout le monde. / J'ai brûlé toutes les bonnes choses dans l'Œil d'Eden / Nous étions trop stupides pour courir trop mort pour mourir / J'ai brûlé toutes les bonnes choses dans l'Œil d'Eden / Nous étions trop stupides pour courir trop mort pour mourir / La pomme de la discorde: Son coeur est un oeuf taché de sang / Que nous n'avons pas manié avec soin / C'est cassé et ça saigne / Et nous ne pourrons jamais le réparer

0 – Merci DS

1 - Exode 32:34. Vous voyez ? J'ai bossé ! Je fais pas semblant, je me documente " Et ça prend du temps… surtout pour une athée comme moi.

2 - Psaumes 7:1.

3 - Deutéronome 41 versets 39.41.42.43 – Ancien Testament.

4 - William Butler Yeats, grand poète irlandais. (1868-1939)


Réponses aux reviews (une fois n'est pas coutume, c'est à la fin !)

Kiwidieu : Je te rassure, je sais à peine où je veux en venir C'est dramatique… et ça devient même problématique. J'en suis à construire des plans comme pour une dissertation (je sais au moins que j'arrive encore à en faire), pour ne rien oublier et rester logique. Et savoir comment enchaîner aussi. "Après ça je dois écrire quoi déjà?... Ah oui ! Il doit se passer ça". Je vais jamais m'en sortir ! Si au moins j'avais pas 50 000 choses à faire et à penser, si j'avais pas la tête remplie de tout ce que j'aimerai dire à la Dinde, si j'étais pas aussi fatiguée, surmenée et énervée (et stressée, mais ça regroupe un peu tout ça"). Bon, stop. Alors oui, en effet, tout est lié, et je réserve encore quelques belles surprises. Le pire c'est que ça n'a presque plus rien à voir avec ce que je pensais faire au début. Les évènements s'enchaînent presque tout seul, et modifient les suivants. Du coup, ça commence à prendre de très grosses proportions. Alors, ou je rallonge mes chapitres, ou je fais plus de chapitres que les 10 prévus à l'origine. N'empêche, j'aimerais bien passer à autre chose quand même.

Les2folles : Ah ! Du sang neuf dans les reviews ! En tout cas ça fait plaisir Mais on peut se tutoyer Je suis seule, j'ai réussi à enfermer mes deux boulets à double tour, et j'ai jeté la clé dans un puit sans fond derrière la maison qui n'existe pas, à Nullepart-ville. En espérant qu'un "crétin" de randonneur de passage ne les libère pas, parce que je crois que ce serait la fin du monde… La seule fois où j'avais enfermé Manson, ça a duré 2 jours il y a 2 ans, et les cicatrices n'ont pas encore disparu…

Messaline : En effet, elle est passée R, puis en PG13, et je la remets en R. Même s'il n'y a pas vraiment de scènes explicites (en même temps je ne me rends pas vraiment compte moi, je suis une très mauvaise juge). Bref. En effet, tu as raison, la Tenchi est une grande fan d'Urgences. Je regarde depuis l'âge de 16 ans, alors ça date Je peux pas passer ma rentrée sans voir les nouveaux épisodes (on sait ce que je fais le dimanche soir entre septembre et novembre), ni mon été sans les rediffusions. D'ailleurs là je commence à être en manque T-T Vivement que ça recommence ! D'ailleurs la scène de l'hôpital EST une scène d'Urgences. Comme quoi, la télé ça sert des fois ! Au bout de 9 ans, je commence même à retenir certains termes techniques. Je pense que ce chapitre va répondre à certaines attentes, mais ne compte pas que la suite soit moins stressante. Au contraire. Il va se passer plein de choses, et ça va hurler dans les chaumières… et peut-être même pleurer. Ben quoi, je préfère annoncer la couleur. Je suis pas une gentille fanficeuse qui chouchoute ses persos. Moi je les tue, je les torture, et j'essaie de pas faire des trucs trop niais. En espérant qu'on ne s'endorme pas dessus en lisant, et que mon style soit pas trop lourd

Sissi : J'ai un peu de mal à gérer certains personnages comme Trowa. Je sais pas trop pourquoi, mais ça vient pas naturellement. Peut-être que je m'y identifie moins, je sais pas. Pour le côté mystique, je me tâte toujours. En fait j'ai pas encore trouvé le moyen d'introduire la chose sans que ça paraisse incongru. Et puis j'ai pas envie de faire un truc que quelqu'un a déjà fait, et ça c'est pas évident. J'arrive pas encore à trouver une idée vraiment bonne qui soit pas trop nulle. En tout cas, je suis très contente que tu aies franchi le pas ! Moi être heureuse

Usako : Oui Heero s'en sort. Mais pour combien de temps… Nan je plaisante, j'ai dit que je le tuais pas lui. Mais un autre (ou une autre devra mourir à la place). Et oui, on n'obtient rien sans donner quelque chose en retour. J'ai appris ça il y a pas longtemps Reste à savoir quelle est la valeur de Heero, pour que l'échange soit équivalent. J'ai pas envie de me retrouver avec un truc en moins moi. En tout cas, je sais que les chapitres sont longs à venir, et je m'en excuse. Mais j'ai du mal à gérer mon temps en fait, et surtout mon inspiration. Quand ça vient, c'est rarement au bon moment. Ou je suis au bureau, ou alors dans la voiture, ou dans mon lit à moitié endormie à 1h du mat. Pas de bol. Je ne sais pas si je réponds à tes questions avec ce chapitre, vu qu'il y en a d'autres qui se posent. Si tu essaies de comprendre le titre général de la fic (Du coq à l'âme), arrête de chercher, y en a pas. C'est juste que quand j'ai commencé cette fic, j'écoutais beaucoup cette magnifique chanson de Lynda Lemay, et que j'avais pas d'autres idées de titre. Alors du coup voilà.

Bunny AKA : Comment ça tu regardes plus Urgences ! Alors là… Comment tu fais ? Moi je peux pas m'en empêcher. Ma main trouve toute seule le numéro 2 de la télécommande le dimanche soir. Le pire, c'est la fin du dernier épisode de la neuvième saison, qui se termine avec un accident de voiture. Un bon cliffhanger. Je suis sur les dents moi . Et l'autre-là, qu'est parti faire la guerre en Irak ! Quelle idée débile ! Bon, je m'enflamme, passons à autre chose, on aura compris que je suis une droguée d'Urgences. En tout cas, je le trouve pas si sanglant que ça, ce chapitre. Bon ok, je visualise peut-être pas de la même façon. Pour ce chapitre-ci, par contre, niveau Heero/Relena, tu vas être servie ! Mais tu en as déjà eu un avant-goût dans ce petit café parisien ( au chocolat en plus ! lol). Niveau longueur, ça c'est encore rallongé. Ce qui explique en partie la longue attente" J'essaie de pas mettre trop de descriptions, je préfère laisser la place à l'imagination des lecteurs. Et puis trop de descriptions alourdit le texte, je trouve. Les nouveaux personnages (même s'il est possible que leur durée de vie soit raccourcie) ont extrêmement d'importance (ce sera révélée à la fin ). La chanson finale (en effet c'en est une ), est Feel de Robbie Williams, présente sur son album Ascapology et sur son Best of. Je te l'enverrai, fais moi y penser. Voilà, voilà…

Katel : Tu sais bien pourtant qu'il ne faut pas secouer les boissons avec des bulles -.-" Je te l'ai répété X fois… Alors si t'as aimé le chapitre précédent pour l'attente, tu vas adorer celui-là ! Parce que niveau attente, je bats des records ! En tout cas, niveau superlatifs, tu t'y connais. Et tout ça pour moi ? Je suis flattée. Mais ne me flatte pas trop quand même ça pourrait donner plus dingue que les coucous aux péniches sur la Seine lol ! Ben quoi, il faut bien éliminer de temps en temps. Tu connais pas la formule "il ne doit en rester qu'un" ? Je fais seulement que l'appliquer. Ni plus ni moins. De toute façon, ils ne meurent jamais inutilement. C'est dans leur contrat d'embauche. Je peux rien te dire, je te l'ai déjà expliqué moult fois ! Où serait l'élément de surprises sinon ? Par contre, toi tu peux me dire des choses . Tu trouves vraiment que Ayashi est sanglant ? Wow, on n'est pas du même monde… Ou alors c'est que je deviens insensible à l'hémoglobine. Possible. Et oui, le gars était un vilain méchant pas beau laid affreux hideux odieux ignoble abject antipathique exécrable détestable méprisable abominable haïssable, donc on le regrettera pas trop. Faut bien mourir un jour.

Yuki-chan : Les chapitres sont en effet plus longs, et continueront de l'être, vu que mon scénar (enfin si on peut appeler ça comme ça) s'étoffe de plus en plus. D'où ma difficulté à le mettre sur papier. Trop de choses dans la tête, et pas les mots justes pour les écrire. Les enchaînements, les changements de scène, j'ai beaucoup de mal en fait. C'est pour ça que je vous fais attendre aussi longtemps. Ca, plus les aléas de ma vie, je m'en sors avec quelques difficultés. Je suis un peu découragée pour le coup. Attention, révélation : les disputes c'est terminé ! L'amour plane dans l'air… pour le moment