Titre : Du coq à l'âme
Auteur : Toujours Tenchi
Base : Gundam Wing… et je suis définitivement infréquentable…
Genre : Beaucoup à la fois, étant donné que je puise mon inspiration (quand j'en ai, et depuis plusieurs mois c'est difficile) dans tout ce que je lis, regarde, écoute et que j'ai des goûts hétéroclites… mais je l'ai déjà dit je crois
Disclaimer : Donc, tout ce qui se rapporte directement à la série n'est pas à moi, ce qui inclut les G Boys, évidemment, et leur entourage. Par contre ! L'univers dans lequel ils évoluent, ainsi que Eva, Rory, Yvan, Nicky, feu Monsieur le Mort à qui j'ai même donné un nom, etc, etc, m'appartiennent toujours à 100 pour cent. Jai un pouvoir absolu de vie et de mort sur eux… remarque j'ai le même pouvoir sur TOUS les personnages… Niark niark niark… Tremblez !
Notes : Chanson N°1, "Nebel" du groupe allemand Rammstein (fantastique). Une fois n'est pas coutume j'ai mis les paroles originales en plus de la traduction. Je trouve que l'allemand est une langue sympa et méconnue alors voilà. Je vous conseille vivement cette chanson, elle est très belle. Chanson N°2 : Le choix a été long et difficile. Et puis l'autre jour, dans ma voiture, j'écoutais quelques morceaux du dernier Indochine (j'adore Alice et June, elle me donne envie de courir cette chanson) et je suis tombée sur le duo avec Brian Molko (Placebo) : Pink water. Et l'évidence s'est imposée à moi. Les paroles collaient à la situation et au sujet de fond de ce chapitre, tout en annonçant un peu la suite des évènements, alors voilà.

Je tiens absolument à m'excuser contre ce retard phénoménal. Presque un an entre les chapitre 6 et le chapitre 7. Je sais c'est énorme, mais il s'est passé tellement de choses pas toujours géniales que voilà, je n'arrivais pas à écrire correctement. Pardon pardon pardon. Je vais essayer d'améliorer les délais de publication. Mais je m'insurge toujours autant contre la mise en page foireuse du site...


Nebel

Ils se tiennent étroitement enlacés / Une union charnelle de si longue date / Là où la mer effleure la terre / Elle veut lui dire la vérité / Mais le vent emporte ses paroles / Là où la mer prend fin / Elle tremble en lui tenant la main / Et l'a embrassé sur le front / Elle porte le crépuscule en son sein / Et sait qu'elle doit perdre la vie / Elle pose sa tête sur ses genoux / Et demande un dernier baiser / Alors il l'a embrassée / Là où la mer prend fin / Ses lèvres délicates et pâles / Et ses yeux à lui se sont embués / Le dernier baiser est si lointain / Le dernier baiser / Il ne s'en souvient plus
Sie stehen eng umschlungen / ein Fleischgemisch so reich an Tagen / wo das Meer das Land berührt / will sie ihm die Wahrheit sagen / Doch ihre Worte frisst der Wind / wo das Meer zu Ende ist / hält sie zitternd seine Hand / und hat ihn auf die Stirn geküsst / Sie trägt den Abend in der Brust / und weiß dass sie verleben muss / sie legt den Kopf in seinen Schoss / und bittet einen letzten Kuss / und dann hat er sie geküsst / wo das Meer zu Ende ist / ihre Lippen schwach und blass / und seine Augen werden nass / Der letzte Kuss ist so lang her / der letzte Kuss / er erinnert sich nicht mehr

Les fêtes de fin d'année avaient glissé sur le palais comme un courant d'air à peine perceptible. L'humeur n'étant guère à la joie et l'excitation qui secouaient toujours le monde à cette période, Noël et le Jour de l'an étaient passés quasiment inaperçus. Des jours comme les autres en somme.

Quatre et Trowa avaient quitté le continent nord américain pour l'Australie, où se trouvait une des pistes les plus sérieuses et solides sur McNorris que toutes les précédentes. Cet homme avait un CV des plus… intéressants. L'ancien militaire faisait apparemment partie des "Diables blancs", une association de mercenaires qui recrutait dans les rangs des anciennes forces spéciales des différentes armées ayant existé durant la guerre. Ce groupuscule était par conséquent uniquement composé d'hommes et de femmes surentraînés aux combats, ayant beaucoup d'expérience dans ce domaine, tireurs d'élite pour la plupart, aguerris à toutes les techniques de combat connues. Leur dirigeant restait à ce jour inconnu, et personne n'avait de renseignements sur lui. Tout comme sur ces mercenaires, dont la liste restait secrète. Leurs buts n'étaient pas non plus connus. Tout ce que les anciens pilotes sur le terrain avaient réussi à apprendre durant leurs investigations, était que ces "Diables" effectuaient diverses tâches, le plus souvent de "nettoyage". Les gens puissants souhaitant se débarrasser d'un témoin gênant, d'un collaborateur trop zélé ou d'un concurrent envahissant, faisaient appel à eux. Une armée hautement disciplinée, formée aux tactiques et aux armements modernes. Surnommés les "soldats du Diable" par le milieu.

Trowa et Quatre devaient retrouver un contact à Perth. Ce dernier détenait, selon lui, des informations importantes sur les Diables blancs. La dernière fois qu'ils avaient contacté Heero, ils partaient avec leur guide pour Tennant Creek, une ville de l'Outback, au centre de l'Australie. Un désert de sable rouge qui avait très peu changé au fil des siècles, mis à part le fait que la quasi totalité des espèces animales (surtout les mammifères) avaient disparu au cours des décennies, victimes partout dans le monde d'une grave et lente dégradation de l'écosystème. La désertification, la raréfaction de l'eau dans certaines régions du globe, les déséquilibres climatiques de plus en plus prononcés, avaient jeté des millions de personnes sur les routes puis dans l'espace avec des guerres toujours plus meurtrières les unes que les autres comme compagnes de route.

Relena n'avait parlé à personne de LSD. Plusieurs fois elle avait voulu se confier à Heero. Lui saurait sans doute quoi faire. Mais la jeune fille avait trop peur. Qui sait ce que pourrait faire ce fou, s'il venait à l'apprendre. Et surtout quelle serait l'ampleur démesurée de la réaction de Heero face à cette menace directe. Il mettrait sa vie en péril, comme toujours, et n'aurait peut-être pas autant de chance que les fois précédentes. Cette simple perspective la terrorisait au-delà de toute raison. Elle tentait de paraître calme aux yeux de tous et de faire bonne figure, mais elle savait que son amant, lui, n'était pas dupe.

Heero sentait bien que quelque chose n'allait pas et la préoccupait. Mais il ne lui avait encore jamais posé la moindre question. Le jeune homme n'était pas doué pour les discussions d'ordre personnel et intime, qui avait encore pour lui un côté abstrait, et il en était douloureusement conscient. Il avait tellement peur de s'y prendre de travers et de la braquer qu'il n'osait pas aborder le sujet. Après tout il en avait déjà fait l'expérience quelques mois auparavant et ne tenait pas à retenter l'expérience. Il ne pouvait se résoudre à prendre le risque de la perdre. De tout perdre. Cette simple perspective l'effrayait. Comme de se rendre compte à quel point la jeune princesse avait pris de l'importance dans sa vie en si peu de temps. Bien sûr, elle avait toujours eu de l'importance. Ce n'était pas pour rien qu'il n'avait jamais pu l'exécuter, même quand son identité et ses missions avaient été en péril. Une défaillance qu'il n'avait jamais pu s'expliquer à l'époque. Et qui, même aujourd'hui, restait incompréhensible à ses yeux au vu de l'entraînement spécial qu'il avait subi.

Après tout, la première fois que leur route s'était croisée au début de l'opération Meteor, il ne savait pas qui elle était ni qui elle deviendrait. Ce qui, maintenant qu'il y repensait avec le recul, n'était peut-être pas tout à fait juste. A bien y réfléchir, la fillette qu'il avait croisée en 191 au collège de St Gabriel au cours de l'une de ses missions devait être Relena. Il savait aujourd'hui qu'elle avait fréquenté cette école puisqu'elle y avait connu Nicky, et que lui-même l'y avait recroisée en 195 quand il était revenu sur Terre avec son Gundam. Mais à l'époque il ne s'attachait guère à ce genre de détails. Elle était encore une enfant. Lui avait cessé de l'être depuis longtemps. En tout cas elle lui ressemblait.

De toute façon aujourd'hui, cela n'avait plus d'importance. Ca appartenait au passé. Un passé qu'il espérait révolu. Il ne souhaitait plus être cet enfant-soldat sans âme ni sentiments. Cet être froid et calculateur qu'il était persuadé d'être. Ce garçon responsable de la mort d'une petite fille et de son chien un jour d'hiver, et de centaines d'autres personnes. Combien d'hommes, de femmes et d'enfants avaient embrassé la Grande Faucheuse par sa faute ? Tous ces fantômes qui venaient le hanter dans son sommeil, le réveillant en sursaut en pleine nuit, le cœur agité et le corps tremblant... Pourtant il lui suffisait de voir Relena allongée près de lui, de la regarder de longues minutes dormir paisiblement, pour se sentir apaisé et rasséréné. Relena était devenue son univers, son présent et surtout son futur. Il ne survivrait jamais à une séparation, quelle qu'elle soit. S'être privé et avoir été privé d'amour et de tendresse pendant des années, avait rendu son cœur encore plus sensible que les autres, malgré ce qu'il semblait croire. Ce qui exacerbait les passions de son âme. Ce cœur qui brûlait d'amour, au risque de se consumer un jour. La passion, qu'elle soit amoureuse ou idéologique, pouvait s'avérait dangereuse, dévastatrice. Mais Heero ne savait pas, ne s'en rendait pas compte. Tout ce qu'il voyait, c'était la douleur de son absence, et le bonheur de sa présence. Il ne se sentait entier que près d'elle. Même s'il ne le montrait pas. Ouvrir son cœur n'était pas chose aisée. Il aurait pourtant aimé répondre à ses "je t'aime", mais les mots ne parvenaient jamais à franchir la barrière de ses lèvres. Alors il tentait de lui faire comprendre par des gestes. Il n'aurait jamais pensé que prononcer certains mots pouvait être si difficile.

Heero tourna légèrement la tête pour observer quelques secondes la jeune fille les yeux fixés sur sa cible, les bras tendus devant elle, les jambes légèrement écartées, concentrée sur son tir. Elle avait fait d'énormes progrès et réussissait presque à tous les coups. Son aptitude d'apprentissage l'avait étonné. Même s'il restait persuadé que c'était une mauvaise idée, il ne pouvait s'empêcher de l'admirer. En grande partie pour sa volonté et sa détermination. Malgré le fait qu'elle tienne entre ses mains une arme, qui de part sa définition, était faite pour tuer et non se défendre (malgré de nombreux arguments avancés par les partisans de l'armement des nations, voire même des populations), il reconnaissait là la Relena que bon nombre admirait encore malgré les campagnes virulentes de désinformation menées par ce chien de Foster soutenu par son conseiller Baltar. Ce qui l'avait surpris par contre, c'est qu'elle avait demandé un second entraînement par jour. Il ne savait pas ce qui la tourmentait autant, mais ça devait être assez inquiétant pour qu'elle ne se sente pas en sécurité, même auprès de lui. Dans un sens, ça l'avait blessé, même s'il avait essayé de rationaliser sa demande. Il devait sûrement y avoir un rapport avec la situation mondiale qui se dégradait de plus en plus. Ou alors elle était inquiète pour Quatre et Trowa, et trouvait dans ces séances une sorte d'exutoire à ses peurs. Heero chassa ces pensées et reconcentra son regard sur sa propre cible. Il pressa la détente et vida son chargeur avec précision sur les silhouettes en mouvement.


Quatre se demandait si leur contact, Monsieur X (un grand noir costaud d'une cinquantaine d'années, aux cheveux noirs coupés courts, mal rasé) ne les avait pas entraînés Trowa et lui sur une fausse piste. Ils se retrouvaient en plein Outback, sans âme qui vive à des centaines de kilomètres, avec un homme qu'ils ne connaissaient ni d'Eve ni d'Adam. De quoi flipper, non ? Son plan était peut-être de les abattre en plein désert et de laisser leur corps se faire dévorer par les dingos, les vautours et autres bestioles qu'il ne tenait absolument pas à rencontrer. "Arrête de délirer, mon pauvre Quatre, on est deux contre un !" Sauf si l'homme les menait droit dans un guet-apens. "T'as trop regardé de films d'aventures à la Indiana Jones". En même temps, cet homme patibulaire, aussi crasseux que son vieux 4x4 pick-up, n'inspirait pas vraiment confiance même si le jeune empathe ne percevait pas d'ondes meurtrières ou trop négatives. Ce qui n'était quand même pas un gage de sécurité absolue. Ce ne serait pas la première fois qu'il se tromperait.

Trowa dut sentir son anxiété, car il posa doucement sa main sur son avant-bras, sans un regard, et le lui serra brièvement, comme pour le rassurer. Ce simple geste apaisa Quatre, qui remercia son ami d'un sourire. Trowa l'étonnerait toujours. Sous ses airs placides et indifférents, c'était un jeune homme sensible et plein d'humour. Il était seulement lucide, réaliste et taciturne. Et Quatre l'appréciait pour ça. Il était celui de la bande qui les ramenait toujours les pieds sur terre, et analysait toutes les situations avec justesse, clairvoyance, recul et rapidité. Il ne se laissait jamais déborder par ses émotions, ou les évènements. Ce qui, dans chaque mission, le rendait indispensable. Il savait toujours trouver les mots pour calmer les ardeurs des uns et des autres, et ne portait jamais rancune à quiconque. Même quand Quatre avait failli le tuer dans l'espace avec son Gundam, sous l'emprise du système Zero, Trowa lui avait pardonné, lui trouvant même des excuses. Et Quatre l'admirait, le considérant même comme un modèle. Trowa était toujours là pour le remettre sur le droit chemin en cas de besoin.

Trowa, sans avoir à le regarder, avait senti la tension qui habitait son jeune ami. Il le connaissait, et avait mieux appris encore ces dernières semaines comment Quatre réagissait face au stress, et face à l'inconnu. Et cet indic' était l'inconnue de l'équation. Bizarrement, lui ne se sentait pas plus inquiet que ça. Cette absence d'émotions l'avait jadis inquiété. Il s'était pensé anormal. Finalement il en avait pris son parti, se disant que ça pouvait être un atout. Son esprit analytique et lucide s'avérait toujours utile et pratique, et lui permettait de se sortir de situations difficiles. En fait, après avoir côtoyé Quatre, et surtout Catherine, il s'était rendu compte qu'il n'était pas si vide de sentiments qu'il le pensait. Il ne les exprimait pas par des mots, tout simplement. Et puis il était surtout très cartésien et ne s'emballait pas comme beaucoup de gens. Il préférait économiser sa salive, étudier les gens et les situations, et ainsi éviter des dépenses d'énergie inutiles. Et des pertes de temps qui, à la longue, pouvaient s'avérer dangereuses voire fatales. Ainsi, même s'il ne lui disait pas, il éprouvait un amour profond et sincère pour sa chère Catherine au caractère si emporté et passionné. Un amour fraternel. Et elle le savait. Elle connaissait également l'attachement qu'il avait pour Quatre, et c'est pour cette raison qu'elle l'avait si facilement laisser partir. Elle savait qu'il avait besoin de s'éloigner de temps en temps, de voir autre chose que le cirque, et de retrouver ses anciens "camarades de jeux". Même si elle râlait un peu et l'engueulait pour la forme.

Leur guide restait muet, concentré sur la route de poussière rouge. Le 4x4 avalait les kilomètres, les emmenant toujours plus loin dans le désert. Trowa glissa discrètement sa main jusqu'à son 9mm, histoire de vérifier qu'il était toujours là. Mieux valait être sûr en cas de… "problème". Personne ne savait qu'ils étaient là (normalement), mais dans la vie rien n'était jamais certain à cent pour cent. Sauf une chose qui restait et resterait immuable : tout être vivant rencontrait un jour la Mort. Et cette fatale rencontre était la dernière, l'exception qui confirmait la règle. Soudain, X freina et arrêta la voiture au milieu de nulle part. Trowa sentit Quatre commencer à s'affoler, et décida de prendre les devants.

- Pourquoi s'arrête-t-on ?

X ne répondit pas tout de suite. Il se contentait de fixer la route les yeux plissés, une cigarette à moitié consumée à la main, l'autre pianotant sur le levier de vitesse.

- Nous allons arriver à Tennant Creek. C'est à une dizaine de kilomètres d'ici.

- …

- …

- Pourquoi sommes-nous arrêtés à dix kilomètres de cette ville ?

- On attend la tombée de la nuit. Question de prudence .

X descendit soudain du 4x4, se dirigeant à grands pas à l'arrière du pick-up. Il se tourna vers les garçons restés à l'avant, et fit un grand sourire à Quatre qui le regardait avec de grands yeux remplis d'incertitude.

- Et puis je crève de faim !... Pas vous !

Quatre faillit tomber à la renverse. Cet homme était fou. Trowa se contenta d'un très léger sourire en coin. Le trio s'installa alors au milieu du désert, à quelques mètres de la piste, pour attendre tranquillement la tombée de la nuit.


Relena était dans son fauteuil, devant la fenêtre de sa chambre. Celui où tout avait commencé. Les balbutiements de son bonheur, le début véritable de son malheur. Elle n'osait plus regarder son ordinateur, qui lui avait annoncé quelques minutes plus tôt, encore une fois, l'arrivée d'un mail. Sans même avoir eu à regarder, elle avait su que c'était Lui. Cette fois c'était une véritable menace de mort. Si elle ne partait pas au plus tôt, Il passerait à l'action sans plus attendre. Il avait été plus qu'explicite et beaucoup plus menaçant dans ses propos que les fois précédentes. Elle eut un faible sourire désabusé. Avoir peur d'un message électronique, d'un ordinateur, une chose qui n'était en fait qu'un assemblage de circuits et de composants électroniques, c'était un comble. Cette terreur ne la quittait plus depuis noël. Elle la sentait en elle telle une gangrène la dévorant petit à petit. Elle lui tenait aux tripes, la rendant même malade physiquement. Elle vomissait souvent, avait les yeux cernés à force de ne pas dormir la nuit et d'angoisser. Elle se levait avec cette anxiété et se couchait aussi avec. Encore une preuve que le psychique influait sur le physique. Elle tentait tant bien que mal de cacher son état mental, mais elle savait que son entourage s'inquiétait de sa santé. Surtout Heero.

Décidée à ne pas se laisser abattre, elle se leva et sortit de sa chambre d'un pas décidé. Le mail attendrait bien quelques heures. Elle avait besoin de se défouler, et les sous-sols lui paraissaient un excellent endroit pour ça. Parfois sa dépendance au tir l'effrayait. Jamais elle n'aurait imaginé qu'un jour elle se servirait d'une arme en y prenant plaisir. Mais ça lui apportait tellement… Un sentiment de puissance, de sécurité. Elle qui se sentait si fragile ces derniers temps, savoir tirer lui apportait force et courage pour se lever le matin et supporter les journées qui passaient. C'était l'instant presque magique où les nausées ne l'assaillaient plus, la laissant en paix. Elle en connaissait la raison : son esprit était concentré sur une cible bien définie, et évitait de vagabonder en pensant à tout ce qui la rendait malade.

Alors qu'elle arrivait aux escaliers menant aux anciens abris, un choc violent la jeta presque à terre. Mais une main salvatrice lui empêcha une rencontre douloureuse avec le marbre du sol. Le souffle encore coupé par la collision, elle rétablit son équilibre et leva les yeux… pour rencontrer ceux, moqueurs, de Duo.

- Oh là, Princesse ! On ne regarde plus où on marche ? Je sais que je suis irrésistible, et que les filles me tombent toutes dans les bras, mais je ne le pensais pas au sens littéral du terme !

- Je suis vraiment désolée Duo. J'avais la tête ailleurs…

- Mmm… Paraît que ça arrive souvent ces derniers temps. La petite Princesse aurait-elle tant de soucis ?

Relena tiqua sur le ton quelque peu ironique de Duo sur sa dernière phrase. Elle lui jeta un regard froid qui agrandit un peu plus le sourire du jeune homme.

- Que veux-tu dire par là ?

- Rien du tout. Tu te méprends. J'ai encore dû utiliser le mauvais ton. Vois-tu, dernièrement j'ai découvert l'ironie. Et j'ai tendance à l'utiliser à tout bout de champs, même quand la situation ne s'y prête pas. On n'arrête pas de me le faire remarquer d'ailleurs.

- Hn.

C'est comme ceux qui se découvrent un talent secret pour… le secret.

Une vague de sueur froide envahit la jeune fille. Elle tenta de garder son calme et de ne pas laisser transparaître son trouble.

- Que veux-tu dire par là Duo ?

- Oh… je ne sais pas. Mais l'autre jour je suis tombé, par hasard, sur une chose fort intéressante. Je pense que c'est un secret, alors chuuuut… Mais à toi je peux peut-être le dire. Qui sait. C'est peut-être même ce qui cause les valises sous tes jolis yeux bleus, Princesse.

Duo lui fit un clin d'œil malicieux et Relena sut qu'il savait. Mais comment… ? A moins que… Non, impossible. Il se rapprocha alors tout près d'elle et se pencha à son oreille pour lui murmurer doucement ce qu'elle craignait.

- Je vous ai vu…

Elle resta bouche bée. Mais que diable racontait-il ? Qui avait-il… Heero et elle ! Il n'avait vu que ça ! Le soulagement l'envahit.

- Ah…

- Quand les autres vont…

- Non ! Personne ne doit savoir !

Silence. Duo était toujours penché sur elle, et Relena ne pouvait voir son expression. Mal à l'aise, elle se recula pour le regarder. Les yeux de Duo ne mentaient jamais. Et elle avait besoin de les voir pour s'assurer que le jeune homme tiendrait la promesse qu'elle allait lui demander de faire.

- Pourquoi ?

- Pour le moment on préfère le garder pour nous. Tu me promets de ne rien dire à personne ?

- Heu… oui. Même si je ne comprends pas très bien pourquoi.

- Merci Duo. Disons que nous attendons que la situation se… tasse un peu. Et puis je ne veux pas qu'on se serve encore de Heero pour m'atteindre. Je ne le supporterais pas.

- Mais le tireur a été retrouvé, non ? Donc y a plus de problème !

- Ce n'est pas aussi simple Duo, et tu le sais très bien. Si Quatre et Trowa se retrouvent perdus au fin fond de l'Australie, c'est bien parce que cet homme n'agissait pas seul, mais sous les ordres d'un ou plusieurs commanditaires.

- C'est pas faux, en effet.

- Alors tant que le danger planera au-dessus de ma tête, je ne veux pas donner une seule raison à mes ennemis, quels qu'ils soient, de m'atteindre. Tu comprends ?

- Mmmm… mouais. C'est pas bête. J'avais pas pensé à ça. Je me suis une fois de plus laissé emporter par mon enthousiasme. Compte sur moi, je dirai rien. Plus muet qu'une tombe ! Votre secret est bien gardé, mais soyez plus discret. Si je vous ai vus, d'autres le pourront.

- Merci Duo. Je t'en suis infiniment reconnaissante.

- De rien. Allez, j'ai des choses à faire. A plus tard sans doute.

- Oui.

Et Duo, telle la tornade d'énergie qu'il était depuis toujours, disparut au détour d'un couloir. Mais ses paroles tourbillonnaient encore dans la tête de Relena. "Si je vous ai vus, d'autres le pourront." Elle devait prendre une décision. Aujourd'hui. Elle ne pouvait plus reculer. Elle rebroussa alors chemin et regagna alors sa chambre. Où elle trouva Heero, debout devant la baie vitrée, immobile.

- Que fais-tu là ?

- Il faut qu'on parle.

Relena n'aimait pas beaucoup ce genre de phrases. Elle sentit qu'il s'apprêtait à lui dire une chose désagréable, ou à lui poser des questions auxquelles elle ne pourrait ou ne voudrait pas répondre.

- Ah. Je t'écoute.

- Je dois m'absenter quelques temps. Quatre m'a contacté il y a quelques minutes. Trowa et lui ont peut-être trouvé plusieurs pistes intéressantes. Mais ils ne peuvent pas encore quitté l'Australie. Sally et Wufei sont déjà en route pour l'Amérique du sud, sur une de ces pistes. Mais une autre mène dans l'espace, et quelqu'un doit aller vérifier.

- Et je présume que ce quelqu'un c'est toi !

Heero ne répondit pas immédiatement. Il semblait chercher ses mots. Mais sans le savoir, il offrait à la jeune fille une occasion de mener à bien ses projets. Le départ du jeune homme dans l'espace était une chance inespérée, lui laissant le champ libre.

- Oui. Je dois y aller. Je ne peux pas faire autrement, même si je n'aime pas te savoir seule ici.

- Je ne suis pas seule. Il y a Nicky et Duo, sans compter tous les employés. Et ce palais est un des endroits les mieux gardés.

- Hn.

- Ne t'inquiète pas pour moi. Je sais me défendre.

- C'est pas ça… J'ai… J'ai un mauvais pressentiment.

Heero se tourna alors vers elle pour lui faire face. Il plongea ses yeux bleus dans les siens, avec un mélange de tristesse et d'inquiétude. Pendant quelques secondes, Relena crut qu'il l'avait percée à jour, et savait ce qu'elle s'apprêtait à faire. Mais c'était impossible. Heero ne lisait pas dans les pensées des gens. Et c'est alors qu'elle sut qu'elle devait le faire. Pour qu'il parte sans plus se préoccuper d'elle. Même si c'était douloureux. Et sans le savoir, il amorça le piège qui scellerait leur destinée.

- Lena… je… je sens bien que quelque chose te tracasse.

- Mais non ! Je m'inquiète juste pour…

- Quatre et Trowa, je sais. Arrête, s'il te plaît. Tu répètes ça à longueur de temps, dès qu'on te pose la question. A croire que c'est devenu un automatisme. Mais je suis persuadé qu'il y a autre chose. Une chose bien plus grave. Tu ne me fais donc pas suffisamment confiance ?

- Qui ne fait pas confiance à l'autre ! Je réponds à ta question et tu ne me crois pas ! Alors à quoi bon ! Hein ! Il n'y a rien d'autre !

- Lena…

- Non ! Arrête ! Je suis en danger chaque jour depuis plus de deux ans, mes parents ont été tués, mon père adoptif a été assassiné, tu as failli mourir toi aussi ! Je ne sais même pas si j'aurais un jour 20 ans. Alors excuse-moi si je ne suis pas en pleine forme ces derniers temps ! J'en ai marre de faire croire à tout le monde que je suis forte ! Ca me fatigue ! Et c'est pas parce qu'on couche ensemble que tu peux te permettre de me harceler de questions !

- Relena !

- Laisse-moi tranquille ! Je n'ai pas besoin de toi pour me réconforter. Je n'ai pas besoin qu'on s'inquiète pour moi ! J'avais juste envie pendant quelques temps d'oublier qui j'étais, et de faire comme toutes les filles de mon âge. Et tu étais là. Mais maintenant c'est fini ! Va-t-en ! Va dans l'espace et moi, je reprends mon rôle de ministre !... De toute façon, il n'y avait aucun avenir pour nous. C'était couru d'avance : cette relation était condamnée depuis le départ, et je n'aurais jamais dû me laisser aller à ma faiblesse.

Dire toutes ces choses était une véritable torture. Mais c'était nécessaire. Relena voulait éloigner Heero du palais, de la Terre, pendant quelques temps. Le blesser de cette façon lui brisait le cœur. Même si ses yeux restaient secs. Heero demeura silencieux, accusant le coup. Son visage se ferma et son regard se fit plus dur. Dur comme l'acier. Elle avait réussi mais n'en retirait qu'une amère satisfaction.

- Très bien. Si c'est ce que tu souhaites, je ferais selon tes désirs.

- C'est la meilleure chose en effet. De toute façon, il n'y avait rien de bien sérieux entre nous, non ?

- Hn. Tu as raison. Pourquoi se fourvoyer plus longtemps dans une relation sans avenir. Avec quelqu'un, comme moi, qui n'en a pas n plus. Je serai parti ce soir. Je vais prévenir Duo et organiser mon départ avec Lady Une.

Sans un regard pour elle Heero sortit de la chambre, le dos raide et le regard vide. La porte claqua et les larmes jaillirent. Elle espérait juste qu'un jour, si leur chemin venait à se recroiser, il lui pardonnerait de lui avoir fait autant de mal. Même si au fond d'elle-même elle estimait ne mériter aucun pardon. Mais elle devait partir. Pour le bien de tous, malgré son envie de rester. Elle s'assit à son bureau, ne sachant comment faire. Il lui fallait un plan. Et ça devait se faire cette nuit. Elle se souvint alors de Eva Semanovitch et de ses paroles. "Si un jour tu as besoin d'aide, que tu as de gros ennuis, n'hésite pas à me contacter". C'était la solution. Où avait-elle mis ce papier ! Le calendrier ! Elle l'avait collé dans le calendrier. Elle se saisit de l'objet et la date du jour la frappa… Bon dieu ! Comment avait-elle pu être aussi stupide ? Cette éventualité ne lui avait même pas effleuré l'esprit une seule seconde. Et pourtant, ça paraissait plus que logique et expliquait tout. Si elle avait encore des doutes, cette soudaine prise de conscience les lui ôta aussitôt. Elle n'avait plus le choix, ne pouvait plus reculer. Elle devait partir et disparaître pour les protéger. Fébrile, elle tourna les pages et trouva enfin ce qu'elle cherchait. L'adresse email qu'Eva lui avait glissé à l'hôpital le jour où elle avait ramené Heero à la maison : organa(at)nab.oo

Elle envoya un message simple, sans donner aucune explication. "A l'aide". Contrairement à ce qu'elle pensait, elle n'eut pas à attendre la réponse très longtemps. A croire que le destinataire avait guetté ce SOS.

"Sans rien dans les mains mis à part son bien le plus précieux, Orphée se rendit au bord du Styx, où l'attendait un passeur qui le mènerait là où son cœur le désirerait".

Quel message étrange… La comparer à Orphée, l'homme qui, selon la mythologie de la lointaine Grèce antique, parvenait à calmer les éléments déchaînés et à charmer les esprits en jouant de son instrument de musique, c'était assez… inattendu ? Etrange ? Surtout qu'elle ne se voyait pas vraiment comme Orphée, qui représentait la poursuite d'un idéal auquel on ne sacrifie qu'en parole et non en réalité. Or la jeune fille estimait que dans sa quête de la Paix, elle avait énormément sacrifié. Sa famille, sa vie, son innocence… Mais peut-être se faisait-elle des films après tout… Peut-être que cela ne suffirait jamais… Elle était si fatiguée.

Aujourd'hui, ces contes et légendes mythologiques étaient très peu connus par les gens. Ils avaient été oubliés peu à peu au gré de l'Histoire, pour être remplacés par d'autres. Mais Relena aimait beaucoup ces vieilles légendes, qu'elles soient antiques, nordiques, asiatiques, amérindiennes ou autres que lui racontait son père adoptif lorsqu'elle était enfant. Eva l'avait-elle fait exprès ? Relena ne se souvenait pas d'avoir abordé le sujet avec elle au cours de leurs conversations. Peu importait de toute façon.

Elle prit un sac à dos dans son armoire, et y fourra quelques vêtements, simples et pratiques. Elle se dit amèrement qu'elle allait enfin pouvoir laisser tomber les tailleurs inconfortables et autres tenues d'apparât. Après une dernière hésitation, elle mit l'ours en peluche dans le sac. Celui qu'elle avait eu pour son seizième anniversaire. Celui-là même que Heero lui avait offert. Il avait en effet récemment confirmé ses soupçons à ce sujet. Relena ajouta quelques photos de famille et cacha le sac sous le lit. Il lui restait une dernière chose à faire. Elle s'installa devant son bureau, et entreprit de rédiger plusieurs lettres : une pour Lady Une, à qui elle confiait le soin de lui trouver un ou une remplaçante de confiance, en lui suggérant quelques noms. Une lettre qu'elle destinait à sa mère adoptive, Mme Darlian, et à son frère Milliardo qu'elle regrettait affreusement de ne pas avoir revu. La troisième était pour les garçons, où elle exprimait tous ses regrets de trahir ainsi leur confiance et de disparaître. Elle ne leur parlait bien évidemment pas de LSD ni de ses menaces. Ca n'aurait servi à rien de toute manière. Elle s'en voulait terriblement de fuir ainsi. Mais elle devait penser à l'avenir. Un avenir qui lui apparaissait bien incertain et terrifiant. Elle glissa les feuillets manuscrits dans une enveloppe avec un message vidéo, et adressa le tout à Lady Une. La jeune femme saurait quoi en faire. Relena savait qu'elle serait là dans les heures qui suivraient la découverte de sa disparition. Elle glissa avec une enveloppe cachetée contenant un mot pour Heero. Elle ne pouvait partir sans s'excuser. Elle lança alors le formatage de son disque dur. Elle savait que Heero réussirait tôt ou tard à extraire les mails, ou une autre information. Mais le formatage le ralentirait, rendant sa tâche plus difficile.

Elle prit une douche, histoire d'évacuer un peu la tension qui l'habitait, puis se pelotonna sur son fauteuil, attendant l'heure du départ. Comme prévu, Heero quitta le palais à la fin du jour, scellant leur destin et libérant les larmes de la jeune princesse. Jusqu'au dernier moment elle avait espéré, paradoxalement, qu'il se rendrait compte de ses mensonges. Jusqu'au bout elle avait désiré la preuve qu'il la connaisse suffisamment pour se rendre compte de la supercherie. Mais elle s'était fourvoyée. Elle attendit de longues minutes et se glissa dehors, dans la nuit noire et froide de janvier. Elle connaissait parfaitement le palais, les jardins et le système de sécurité. L'endroit des caméras de surveillance ainsi que les rondes des gardes. Malgré tout elle faillit à plusieurs reprises se faire repérer. Relena arriva finalement à sortir des jardins et du périmètre sécurisé, pour se diriger rapidement vers la plage privée des Peacecraft. Le "Styx" si elle avait bien compris le message d'Eva. C'était la plus proche étendue d'eau de tout façon ainsi que l'endroit le plus isolé et le moins surveillé. Elle se rendit compte, avec incongruité, que c'était la faille du super système du palais : l'accès par la mer. Pourtant il y avait déjà eu des attaques venant du front maritime par le passé. C'était surprenant que Heero ou un autre n'y ait par songé… En même temps, le palais était tout de même éloigné de la côte, et mobiliser des hommes pour surveiller une plage déserte aurait été un brin excessif.

Relena était arrivée depuis à peine quelques secondes qu'elle vit une petite embarcation s'approcher du rivage avec deux silhouettes à son bord. La jeune fille sortit discrètement son pistolet, par précaution. Mais c'était Eva, accompagnée d'un homme, dans une barque à moteur électrique. Eva lui adressa un rapide sourire tout en jetant de rapides coups d'œil autour d'elle, inquiète. Elle fit signe à Relena de garder le silence, et l'aida à monter à bord. L'homme fit faire un demi-tour à l'embarcation qui s'éloigna rapidement de la grève. La nuit était sombre, et le petit groupe se confondait sur les flots obscurs de l'océan. Une fois hors d'atteinte, Eva relâcha sa vigilance et se tourna vers sa cadette.

- Ca n'a pas l'air d'aller très fort, devtchonka (1).

- Non pas vraiment. Je commençais à avoir de gros ennuis.

- C'est ce qu'il paraît.

- Une espèce de cinglé m'a forcé à fuir. C'était ça, ou je mettais la vie de plusieurs personnes en danger. La mienne et…

- Très bien. Ne m'en dis pas plus. Je ne suis là que pour t'aider à te cacher quelques temps. Au fait, je te présente Yvan. Nous avons grandi ensemble, en Russie. Aujourd'hui c'est lui qui s'occupe de toute la logistique du groupe. Entre autres. C'est le meilleur en tout cas.

Relena tenta de sourire, mais sans succès. Malgré les efforts louables d'Eva pour détendre l'atmosphère. Relena se sentait craquer. Son cœur se serra et elle savait que le barrage n'allait pas tarder à céder. Elle baissa la tête et regarda ses mains jointes posées sur ses cuisses. Elle se crispa un peu plus, se cachant derrière ses longues mèches blondes. Elle ne pouvait pas se laisser aller à un instant de faiblesse. Elle ne devait pas. Pas maintenant.

- Relena ?

Eva se leva prudemment et vint s'asseoir près de la jeune fille. Elle lui entoura les épaules d'un bras, et écarta les mèches de cheveux qui dissimulaient son visage pour essayer de capter son regard. Ce fut peine perdue.

- Relena, qu'est-ce qu'il y a ?

La jeune princesse sentit la boule dans sa gorge grossir jusqu'à l'étouffer. Non, il ne fallait pas, il ne fallait pas… il fallait être forte. Mais elle étouffait. A force de retenir ses larmes, elle avait mal à la mâchoire et la tête dans un étau. Elle laissa échapper un premier sanglot, étonnée.

- C'est… C'est trop dur…

- Je sais, petite Lena, je sais. Vas-y, laisse-toi aller.

Relena écouta son aînée et laissa couler ses larmes, blottie contre Eva. Quand elle finit par se calmer, il fallut changer de moyens de transport. La barque contre la camionnette. La mer contre la route. Un homme attendait dans le véhicule. Il leur adressa un bref salut de la tête, et Relena remarqua le regard du jeune homme s'attardant un peu plus longtemps sur la jeune russe. La jeune femme entraîna Relena à l'arrière du camion tandis qu'Yvan montait à côté du chauffeur.

- Bon. Il va falloir te faire disparaître. T'effacer pour te recréer.

- … m'effacer ?

- Oui, du système. Ca c'est le boulot de Rory.

- Qui est Rory ?

Eva sembla hésiter, et évita de regarder Relena.

- Notre chauffeur. Il va te créer une nouvelle identité, une nouvelle vie, un nouveau passé. A partir de maintenant Relena Peacecraft, ministre des affaires étrangères, n'existe plus. Il faut aussi que tu changes de tête.

- Ah… On va où ?

- Loin. Très loin d'ici.

Et Eva la regarda enfin, droit dans les yeux. Des yeux bleus, un bleu profond et familier, une lueur de détermination les peuplant. Si on lui avait posé la question, Relena aurait été incapable d'expliquer pourquoi, à cet instant précis, perdue sur une route de campagne avec des inconnus, elle se sentait en sécurité. Bien plus qu'au palais, entourée de dizaines de gardes du corps. Peut-être à cause des yeux…


Heero était dans une navette en direction de la colonie RN-73120 qui abritait selon Quatre et Trowa une base des Diables blancs. Il tournait et retournait les dernières paroles de Relena. Mais à quoi bon se torturer ainsi l'esprit ? Il n'en savait rien. Elle avait été tellement brutale, tellement... Ca ne lui ressemblait pas, tout bêtement. Pourquoi avait-elle agi ainsi ? Elle ne pouvait pas se donner à lui corps et âme comme elle l'avait fait la nuit précédente, et quelques heures plus tard lui jeter au visage, sans aucune émotion apparente, qu'elle ne l'aimait pas et qu'ils n'avaient aucun avenir ensemble. Que dès le début tout avait été vain, inutile… un douloureux mensonge. Pourquoi lui avait-elle répété tant de fois son amour s'il était faux... Non, quelque chose clochait, il s'en rendait compte maintenant. Cette situation avait un je-ne-sais-quoi... d'anormal. Ca ne pouvait pas être elle. Voilà ! C'était ça ! Ce n'était PAS elle. Quelqu'un avait dû l'enlever dans la nuit et la remplacer par un clone, ou un sosie, et... il perdait totalement les pédales et était en plein délire. Lamentable. Pourquoi était-il parti sans avoir discuté calmement et posément de la situation avec elle. Maintenant c'était trop tard, il ne pouvait revenir en arrière. Il devait d'abord aller au bout de cette mission avant de penser à autre chose. C'était important. Il en allait de la sécurité de Relena, peut-être même de la Terre et des colonies. Il verrait à son retour. De toute façon, elle ne pouvait pas s'envoler loin d'ici, elle n'avait nulle part où aller.

Le plus important était de mettre la main sur les Diables Blancs et leurs plans, afin de se débarrasser de la menace qui planait. De véritables furoncles, ces terroristes. Comme si la vie, SA vie en l'occurrence, n'était pas assez compliquée, il fallait EN PLUS qu'une bande d'anciens soldats des forces spéciales qui s'ennuyaient ferme, montent des plans foireux pour relancer la guerre. Comme s'ils ne pouvaient pas se mettre à la peinture, au jardinage ou au macramé ! Quand aurait-il enfin la paix ! Il apprécierait assez de pouvoir prendre sa retraite militaire, et faire autre chose de ses journées que sauver la planète et ses alentours. Il ne s'appelait ni Bruce, ni Willis... Le héros était fatigué. Bon, il devait se concentrer sur son objectif maintenant. Adieu futilité, bonjour austérité. Ca promettait encore une bonne partie de rigolade cette affaire. Des "pan", des "boom", des "paf"… et des morts (alors ça… pardon, j'étais en plein délire, même si en fait, j'aime bien je trouve ça MDR). Des terroristes qui se planquaient sur une colonie en construction et pour le moment abandonnée pour cause de manque de fonds monétaires, c'était d'un classique. Tellement classique d'ailleurs, que Heero se demandait où était le piège. Les sources de Quatre étaient-elles réellement fiables ? Est-ce que leur bonhomme ne les baladait pas un peu ? Mais il n'aurait de réponses à ses questions qu'une fois sur place. Il entra les coordonnées de RN-73120 dans le pilote automatique de la navette, et contrôla ses armes. Son Beretta était ok, son Glock aussi (deux précautions valaient mieux qu'une). Il inspecta le contenu de son sac encore une fois. Mieux valait être sûr. Tout était là : chargeurs, grenades, C4 et détonateurs (ça pouvait toujours servir, des explosifs), couteau de chasse attaché à la cheville, gilet par balle ultra léger (il ne voulait pas encore subir une thoracotomie, c'était plutôt douloureux), lampe torche, communicateur de poche. Il décida alors de faire un somme. Le voyage était un peu long (2 jours environ), et il aurait besoin de toutes ses capacités. Surtout qu'il n'avait emmené personne avec lui. Il avait chargé Duo de veiller sur Relena. Et aussi sur Nicky, même si pour cette dernière, on n'avait pas besoin de le dire deux fois au jeune américain. La jeune Nicky lui plaisait et ça se voyait comme un Gundam au milieu d'un champ de patates d'après Relena. Pauvre Hilde… Mais enfin, tout ça ne le regardait pas.

Heero ferma les yeux, et se laissa tout doucement glisser dans le sommeil, en essayant tant bien que mal de chasser le mauvais pressentiment qui le hantait. Avait-il eu raison de partir ?... Les étoiles se mirent à danser à travers ses paupières. Relena apparut devant lui, avec son éternel regard triste, ses cheveux blonds flottant dans l'air, les mains croisées devant elle. Il vit ses lèvres remuer, former des mots qu'il n'arrivait pas à entendre. Mais que disait-elle ? Il sentait confusément que c'était important. Il essaya de se rapprocher d'elle, mais il était comme cloué au sol, et ne pouvait faire aucun mouvement. Il ne pouvait que subir. Il se concentra alors, cherchant à lire sur ses lèvres. Et le son vint, comme un bourdonnement d'abord, puis de plus en plus clairement : "Je crois que je ne t'aime plus. Tu n'as plus d'odeur, tes lèvres sont le marbre de notre amour. Je te regarde et je ne vois rien. Tes pas ne laissent plus de traces à côté des miens. Alors va-t-en ! Va-t-en ! VA-T-EEEEEEEN !" Sa supplique se transforma en hurlement de peur, de douleur, de rage... pour finir en sanglots. "J'ai été obligée... Il m'a forcée à te dire ça..." La voix changea, Relena devint floue, s'effaçant pour devenir une autre. Une autre femme, aux traits imprécis, aux cheveux noirs, parlant une langue qu'il ne comprenait pas. "Pojaluyasta… Obeshtchay mne…"(2) Le jeune homme ouvrit brusquement les yeux. Ses muscles étaient tendus, douloureux, il dégoulinait de sueur. Ses poings étaient crispés et il ne comprenait rien à ce cauchemar. C'était la première fois que ça lui arrivait… Et qui pouvait être cette femme ?


Quatre tentait tant bien que mal de suivre ses deux compagnons dans le noir. Il n'y voyait quasiment rien, et se demanda comment faisait les deux autres pour marcher à une telle cadence. A croire qu'ils avaient ou des gènes de félin, ou des lunettes à vision nocturne intégrée. Quand Trowa stoppa net, Quatre faillit lui rentrer dedans. Le jeune homme protesta doucement pour signifier à son ami de le prévenir la prochaine fois. D'ailleurs, la prochaine fois qu'ils feraient une petite balade de nuit, dans un désert (ou n'importe quel autre endroit), il penserait à s'équiper de lunettes à vision nocturne justement. Ca lui faciliterait grandement l'existence.

Les deux autres s'aplatirent soudain à terre, et Quatre suivit le mouvement le cœur battant. Dans ces moments-là, le jeune arabe regrettait son cher Sandrock. Au moins il n'aurait pas à s'allonger sur le sol au milieu de Allah-sait-quel-insecte, et n'aurait pas passer son temps à trébucher sur chaque caillou rencontré. Et puis niveau vision, il aurait été à égalité avec SuperTrowa… En plus le confort d'un Gundam n'avait rien à voir avec le confort d'un sol désertique. Il y avait encore des scorpions en Australie ! Et des serpents ? Oh Allah ! Que faisait-il ici ? Les insectes, la plus grande terreur de Quatre. Il préférait combattre à mains nues une horde de sauvages guerriers sanguinaires ou même de journalistes, que d'affronter une petite araignée ou une guêpe. Peur irrationnelle, incontrôlable et très gênante. Même si à son sens, ces bestioles avaient un petit côté vicieux. Mais où étaient ces fichus terroristes ! En cogner un ou deux lui ferait le plus grand bien, qu'Allah lui pardonne !

- Nous sommes devant leur camp d'entraînement principal. La semaine dernière, il y avait encore pas mal d'activité dans le coin. Mais je crois qu'ils ont décampé il y a quelques jours. Juste avant que vous ne débarquiez au pays.

Trowa resta silencieux, les yeux fixés sur la base. Enfin… Quatre n'était pas très sûr en fait.

- Mais pourquoi vous nous avez amené ici s'il n'y a plus personne ?

- Ben… ils ont peut-être oublié des trucs derrière eux en partant. J'sais pas moi. Je me suis dit que ça pourrait vous intéresser.

Trowa se redressa et marcha d'un pas assuré, droit devant lui.

- Heu… Trowa ? Et s'il restait quand même des hommes ? Ce n'est peut-être pas prudent de se balader à découvert…

- Non. Il n'y a personne.

- Ah…

Trowa devait vraiment avoir une vision à rayons X pour être aussi catégorique. Les trois hommes pénétrèrent à l'intérieur de la base, qui s'avéra être en fait aux trois quarts souterraine. "Un peu comme un iceberg", pensa Quatre. Le jeune homme frissonna, submergé par une pléiade d'émotions négatives. L'endroit était très chargé. L'antre du Diable… Tout avait l'air sinistre. Un vrai camp militaire. Il ne restait rien du tout. Les précédents locataires étaient partis précipitamment, mais avaient pris le soin de tout nettoyer derrière eux. Aucun indice, rien. Quatre souffla. Ils étaient arrivés au niveau le plus bas de la base, et rien d'intéressant à l'horizon. Il promena un regard désabusé et las tout autour de lui, tandis que X furetait à droite et à gauche, sans vraiment chercher quoi que ce soit de précis. Trowa était immobile au pied d'un mur nu, les yeux cloués au sol. Quatre était intrigué, mais en même temps Trowa prenait souvent ce genre de posture. Quand Trowa s'accroupit sur le col pour ramasser quelque chose, le jeune arabe s'approcha.

- Qu'est-ce que tu as trouvé ?

- Je ne sais pas trop… Un morceau de composant informatique peut-être. Un fragment de support vidéo ou audio. Je vais l'amener à Lady Une et à ses experts.

- On rentre ?

- Oui, il n'y a rien ici. Nous ne trouverons plus rien dans ce pays. Ca ne sert à rien de s'éterniser.

- Je vais prévenir Hee…

Quatre s'écroula contre le mur, une main crispée sur son cœur, les yeux écarquillés par la douleur. Une vision ? Maintenant il avait des visions ! C'était nouveau. Son don s'était donc encore développé alors… Il se sentit partir.

Trowa, inquiet, avait posé une main sur l'épaule de son jeune ami, en essayant de le soutenir le mieux possible. Depuis quelques jours, il le trouvait étrange. Quatre n'était pas comme d'habitude, et ça l'inquiétait. Comme si c'était un peu une autre personne. Les réactions qu'il avait parfois ne lui ressemblaient pas. Le pire avait été cette dernière semaine. Il l'avait senti angoissé, paranoïaque, nerveux, renfermé sur lui-même. Rien à voir avec le pilote de Gundam qu'il connaissait et qui faisait son admiration. Quatre avait viré au gris et respirait difficilement. Ses yeux étaient grand ouvert et regardaient dans le vide. Trowa frictionna ses mains glacées et son dos, essayant de le réchauffer et de le faire revenir.

- Quatre ?

Le jeune homme inspira soudain, remplissant ses poumons comme s'il remontait d'une plongée en apnée. Il reprenait peu à peu des couleurs et son regard s'éclaircissait. X s'était approché, intrigué. Quand il vit que Quatre reprenait conscience et que tout danger était écarté, il s'éloigna, par pudeur.

- Quatre, qu'est-ce qui s'est passé ?

- Relena… j'ai vu Relena… Trowa, il faut rentrer tout de suite !

- Mais voyons, Relena ne court aucun danger, elle…

- Non ! Tu ne comprends pas ! Elle est partie ! Elle a quitté le palais… Il faut prévenir Heero…

Quatre s'évanouit alors, laissant un Trowa perplexe et inquiet. Mais si ce que Quatre avait dit était vrai, alors ils devaient rentrer à Sank au plus vite. La situation allait devenir critique très rapidement. Trowa se tourna vers Monsieur X.

- Venez m'aider ! Il faut sortir de là. Nous rentrons.

- Ok.

Trowa et son acolyte traînèrent tant bien que mal le jeune homme vers la sortie, et le hissèrent à l'arrière du pick-up. Quatre marmonnait des mots sans suite et totalement incompréhensibles.

- Démarrez ! Direction l'aéroport le plus proche !

X grimpa derrière le volant et démarra en trombe dans un nuage de poussière rouge. Trowa saisit son communicateur de poche, et le régla sur la fréquence sécurisée d'urgence.

- Ici Barton. Passez-moi Lady Une, c'est urgent.

- Bien reçu M. Barton. Mais le commandant Une n'est pas présent sur la base.

- Ok. Envoyez immédiatement une navette rapide au point d'extraction…

- Darwin, c'est l'aéroport le plus proche d'ici.

- L'aéroport de Darwin et nous y serons dans approximativement…

- Environ 9 heures, si tout va bien.

- Merde ! C'est trop long. Arrêtez la voiture !

X ralentit le véhicule jusqu'à le stopper complètement.

- Ici Barton. Dans combien de temps pensez-vous que nous puissions avoir une navette ici ?

La ligne grésilla un court instant. L'officier en charge des communications reprit le contact.

- Monsieur, nous pouvons vous envoyer une équipe d'ici 1h30 maximum.

Trowa ne prit même pas le temps de réfléchir.

- Ok. Je vous donne les coordonnées exactes du lieu.

- L'équipe part immédiatement.

- Mettez-moi en liaison avec Lady Une.

- Mais, Monsieur, …

- Tout de suite ! On n'a pas le temps de discuter.

- Elle est partie pour Sank. Il y a un problème au palais.

- Quoi ?

- Je n'ai pas plus d'informations. Il semblerait juste que Madame la Ministre ait… disparu.

- …


Quatre avait émergé moins d'une heure plus tard, un peu avant l'arrivée de l'équipe d'intervention des Preventers. Une grande partie des hommes, suivant les ordres de Trowa, avait investi les lieux afin d'y mener des recherches plus approfondies grâce à leur matériel de technologie de pointe. Mais le jeune homme avait peu d'espoir quant à leurs éventuelles découvertes. Les "Diables blancs" étaient des hommes extrêmement aguerris, et n'avaient sûrement laissé aucune trace de leur passage ici. Mais mieux valait vérifier.

Quatre était resté muet, les yeux dans le vague. Trowa savait à quoi il pensait : Relena. Tout comme lui, il espérait que sa vision était erronée ou au moins incomplète. Mais sachant que Lady Une avait précipitamment quitté le siège des Preventers…

Quand ils arrivèrent enfin au palais de Sank, Lady Une les attendait sur le perron, Duo et Nicky debout près d'elle. Les deux jeunes femmes avaient l'air inquiet. Tout espoir s'envola alors du cœur de Quatre. Sa poitrine se fit douloureuse et sa respiration devint sifflante. Trowa le regarda le regard empli d'angoisse.

- Duo, vient m'aider !

- Qu'est-ce qu'y a ?

- Quatre est malade. Il faut le transporter dans sa chambre.

Le jeune américain se précipita, et tous les deux portèrent Quatre jusqu'à son lit. Ne sachant pas quoi faire d'autre, ils le regardèrent, impuissants devant l'évidente douleur de leur camarade. Jusqu'à ce que Nicky intervienne.

- Laissez-moi faire, je vais m'occuper de lui. Allez plutôt retrouver Relena.

Les autres se retirèrent sans bruit de la chambre, pour se retrouver en salle de réunion. Lady Une entra immédiatement dans le vif du sujet.

- Il faut faire le maximum pour la retrouver. Nous avons fouillé ses appartements pour y trouver n'importe quel indice. Nous y avons trouvé ceci. Elle vous est destinée. A tous les cinq.

Elle tendit une feuille blanche à Trowa. Une lettre. De Relena.

"Chers amis,

Pardon de m'enfuir ainsi, sans préavis aucun. Je dois vous paraître bien ingrate après tout ce que vous avez fait pour moi en me soutenant, en me protégeant. Mais la situation échappe à mon contrôle, et au vôtre. Je ne peux me permettre en mon âme et conscience de mettre plus longtemps la vie de ceux que j'aime en danger. Croyez bien que je suis mortifiée et malheureuse, bien plus que vous ne puissiez l'imaginer. Mais je ne vois pas d'autres solutions que de disparaître quelques temps.

Ne cherchez pas à me retrouver, cela serait inutile. J'ai laissé certaines instructions à Lady Une quant à ma succession à mon poste. Je sais que je laisse le royaume en de bonnes mains. Ne gâchez plus vos vies déjà bien éprouvées à tenter de me protéger contre des ombres. Relena Darlian Peacecraft cesse dès à présent d'exister en tant que telle, et vous rend cette liberté que vous aviez mise au service du royaume de Sank.

Encore une fois merci pour tout. Et mille fois pardon.

Relena. D. Peacecraft"

Trowa restait impassible. Mais tout se bousculait dans sa tête. Il tentait désespérément de comprendre où l'histoire avait foiré. Il sentait que les autres attendaient quelque chose de sa part. Une réaction, une solution, une idée de génie. Peut-être qu'il fasse apparaître Relena par magie. Mais il n'était pas sorcier, n'avait pas de baguette magique cachée dans sa manche, et n'accomplissait aucun miracle. Cette attente muette commençait à l'agacer, et il préféra partir avant de laisser la colère l'envahir. Il fourra le papier dans la main de Duo et sortit de la pièce d'un pas énergique. Il avait besoin d'air et de solitude pour réfléchir.

Quatre avait su. Ses soupçons étaient donc confirmés. Le jeune homme avait un don bien particulier, et plutôt puissant. Etre lié à certains proches, ressentir leurs émotions à plusieurs milliers de kilomètres de distance n'était pas donné à tout le monde, et n'était pas courant. Mais Trowa savait que c'était possible. Il avait appris que quelques personnes avaient un don d'empathie extrêmement développé. Il savait que Quatre faisait sans doute partie de cette catégorie. D'abord parce qu'il avait été conçu et était venu au monde comme ses ancêtres, et que la grande majorité des empathes étaient des new types. Ensuite, parce que le jeune homme avait en lui une grande sensibilité et une grande force. Il avait toujours su deviner les émotions de ses compagnons et anticipé leurs actions. Aujourd'hui, Trowa en avait eu la confirmation. Néanmoins il se sentait blessé que Quatre ne lui ait pas parlé de son don. Cependant il se devait de laisser ça de côté pour le moment, pour découvrir où Relena s'était enfui. Il soupçonnait fortement la participation d'Eva à ce projet. Ce qui, dans un sens, le rassurait. Il avait confiance en la jeune femme, et savait qu'elle saurait protéger la jeune princesse perdue. Même s'il n'avait jamais pu trouver d'informations concluantes sur elle. Comme si Eva était tombée du ciel, un beau jour. Encore quelqu'un qui cachait un secret, ou n'avait pas d'identité, comme lui.

Il se dirigea vers les appartements de Quatre, le ventre crispé par l'appréhension. Il entra doucement dans la chambre plongée dans une douce et rassurante pénombre. Nicky se leva à sa rencontre et posa une main sur son bras pour l'arrêter. Elle approcha sa tête de la sienne pour murmurer à son oreille.

- Il te réclamait. Vas-y doucement, il est fragile.

- …

- Il a très mal à la tête… Il faut absolument que tu le calmes pour qu'il puisse dormir et reposer son esprit.

- C'est son esprit qui l'a rendu malade.

Nicky ne dit rien, se contentant de le regarder droit dans les yeux. Une lueur étrange y flottait, mais avant que Trowa ne la définisse clairement, elle rompit le contact et sortit, le laissant seul. Une voix faible rompit alors le silence.

- Trowa ?

- Je suis là Quatre.

Trowa s'approcha et s'assit doucement au bord du lit, prenant une main glacée dans la sienne. Quatre était blafard, des cernes rouges soulignant ses yeux vitreux. Il avait l'air à l'agonie. Trowa hésitait à lui annoncer ce qu'il avait appris quelques minutes auparavant. Mais Quatre attendait, il le voyait. Il ne servait à rien de prolonger l'attente.

- Elle est partie. Dans la nuit. Elle a laissé une lettre disant qu'elle démissionnait et préférait partir pour ne plus nous mettre en danger.

Quatre était effondré. Trowa ne savait pas comment réconforter son ami. Alors il se contenta de serrer sa main dans la sienne.

- Ce n'est pas ta faute.

- …

- Quatre…

- Je sais Trowa. Mais je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir. De ne pas l'avoir senti plus tôt.

- Quatre… Elle semblait heureuse quand nous sommes partis, et chaque fois que tu as pu lui parler. Je ne vois pas comment tu aurais pu deviner qu'elle disparaîtrait de son propre chef.

Quatre n'avait pas l'air convaincu. Décidemment, en plus d'avoir une sensibilité à fleur de peau, le jeune homme faisait preuve également d'une propension démesurée au sentiment de culpabilité et à l'auto flagellation. Il regardait l'extérieur, semblant chercher un semblant de réponse dans le visage opalescent de la lune.

- Trowa ?

- Oui ?

- Et pour Heero… Que doit-on faire ?

- J'en ai parlé avec Lady Une et Duo. Tous les deux sont d'accord pour ne rien lui dire tout de suite. En attendant, nous avons lancé des recherches pour la retrouver.

- Heero va nous en vouloir. Ne lui mentez pas… s'il appelle. Nous ne la retrouverons pas… Elle ne veut pas que nous la retrouvions.

Trowa en était convaincu. Relena était une jeune fille intelligente qui savait ce qu'elle voulait. Elle faisait partie de ces personnes qui avaient une volonté dure comme l'acier. Sans cela elle n'aurait jamais pu exercer ses fonctions, il le savait. Mais elle reviendrait. Elle avait ça dans le sang.


Des heures qui suivirent sa fuite, Relena ne garda que très peu de souvenirs. Mille fois elle regretta sa décision. Mille fois elle voulut revenir en arrière… Mille fois elle se résigna, le cœur lacéré par le chagrin.

Elle découvrait au fil des heures la réalité de ce nouveau monde de paix, marqué par des décennies de conflits armés. La misère, la déchéance, le désespoir, les stigmates laissés sur chaque homme, femme et enfant par les horreurs de la guerre. Des générations d'individus traumatisés avaient été créées. Certaines villes qu'ils traversèrent durant leur voyage étaient détruites à presque cent pour cent, n'offrant que des paysages lugubres, dévastés, des bâtiments aux silhouettes fantomatiques. L'horreur vous sautait au visage à chaque coin de rue, sous les traits de personnes mutilées, d'orphelins errants aux yeux vides, ou de paysages désolés et sinistres. La Guerre prenait alors une toute autre réalité pour la jeune fille, la confortant un peu plus dans l'absolutisme de son pacifisme. Elle comprenait pourquoi ses parents avaient donné leur vie pour cet idéal, même si ça n'avait pas véritablement fait avancé les choses. Mais son père ne voulait pas prendre la responsabilité de participer au génocide de milliers de gens, et voir ses mains se tâcher de sang. Relena avait toujours su que la guerre tuait, rendait orphelin ou veuf, marquait à vie. Elle en avait fait l'expérience en perdant plus d'un membre de sa famille. Mais malgré tout, l'horreur ne l'avait jamais atteinte. Elle n'avait jamais eu à avoir peur de voir sa maison disparaître dans les bombardements ou les flammes. La seule fois où elle l'avait vécu, elle était si jeune qu'elle n'en avait gardé aucun souvenir. Mais elle n'avait jamais eu à se battre pour simplement survivre. Pourquoi les hommes avaient-ils ce goût de la destruction en eux ? Ce désir insensé de mort et de malheur au fond de leur cœur. Pour se prouver à quel point leur vie était courte ?

Elle avançait seule dans la pénombre, au milieu d'un énième champs de ruines. Tout semblait silencieux et désertique, hormis cet étrange ronronnement qui avait quelque chose de rassurant. Mais la sensation d'être prise au piège ne la quittait pas. Elle regardait autour d'elle quand elle perdit soudain pied et tomba dans le vide avant de percuter durement la surface de l'eau. Pourquoi n'avait-elle vu aucun lac ? C'était imprudent quand même, de mettre un lac en plein centre-ville… A moins que ce ne soit un trou creusé par la chute d'un obus, qui se soit rempli d'eau. A bien y réfléchir c'était plus plausible. Elle voulut remonter à la surface, mais quelque chose de froid s'enroula autour de sa cheville. Elle écarquilla les yeux de surprise. Elle avait du s'accrocher à quelque chose en tombant. Elle regarda vers le fond, sombre et inquiétant sous ses pieds. Ce trou était sacrément profond. Elle ne voyait rien… Elle plissa les yeux jusqu'à apercevoir une… main ! Une main blanche et décharnée qui lui tenait la cheville. La terreur lui enserra le cœur. Peut-être que si elle fermait très fort les yeux et qu'elle comptait jusqu'à 3, cette horrible vision disparaîtrait et elle se réveillerait. Ca ne pouvait être qu'un cauchemar de toute façon. 1… 2… 3… Elle rouvrit les yeux, et se retrouva face à deux yeux globuleux, très noirs et… morts. Un visage émacié encadré par de longs cheveux noirs qui flottaient autour comme une sorte de couronne. Elle était paralysée de peur et le mort la fixait avec un visage inexpressif, ses lèvres presque transparentes formant des mots muets. Relena réussit à déchiffrer : «C'est ta faute… Tout est ta faute… Pourquoi nous as-tu abandonnés…»

Elle suffoqua en se débattant pour remonter, à court d'oxygène. Mais de plus en plus de visages apparaissaient, tous formulant la même chose accusatrice, dans un silence assourdissant et angoissant. Elle sentit une main se poser sur son épaule et la secouer. Totalement paniquée, elle hurla sa terreur.

-Nooooooooon !

-Relena ?

La jeune fille regarda autour d'elle, hébétée et désorientée. Eva la fixait avec une lueur d'inquiétude au fond de ses yeux bleus.

-Ca va ? Tu étais agitée et tu gémissais. Quand je t'ai touchée tu t'es mise à hurler.

-Oui… heu… ça va. Je… j'ai fait un cauchemar, un horrible cauchemar. Mais ça va, ça va.

-Ok, si tu le dis. Nous sommes arrivés. Je vais te montrer où tu peux t'installer. Prends tes affaires. Et cache tes cheveux. On va s'en occuper tout à l'heure.

-Oui. Je te suis.

Eva l'entraîna dans une ruelle sombre et crasseuse. Relena croisa quelques hommes au regard hagard et hanté par des choses qu'eux seuls voyaient, d'autres aux mines patibulaires. Eva pénétra dans un immeuble terne et triste, tirant Relena derrière elle.

-C'est pas le Hilton, mais au moins il n'y a ni rat, ni cafard, et on viendra pas te chercher ici.

-Oh…

Eva poussa la porte du bout du couloir, pénétrant dans un appartement au décor spartiate, et où s'affairaient déjà Rory et Yvan. L'endroit était envahi par du matériel informatique, et dans un coin il y avait une caisse remplie d'armements divers. Une table et quatre chaises complétaient la pièce. Les volets étaient à moitié tirés, plongeant la pièce dans une pénombre peu engageante. Mais assortie au quartier. Eva ferma la porte et tira les verrous derrière elles. Yvan sourit gentiment à Relena, mais Rory ne leva même pas la tête. Sa présence ne semblait pas beaucoup lui plaire, pour une mystérieuse raison.

-Je vais aider Relena à s'installer. Si vous avez besoin de moi, vous criez. Comme d'hab' quoi.

Eva amena la jeune fille dans une petite pièce, avec une toute petite fenêtre, un lit et une commode pour seul mobilier.

-Désolée pour le manque de confort, mais c'est tout ce qui est disponible.

-Eva… Ne t'en fais pas, ça me convient. Du moment que je suis en sécurité. Et puis j'en avais un peu marre de vivre dans le luxe.

Eva éclata de rire.

-Tu es vraiment une fille adorable, Relena. Allez, pose tes affaires, on va te changer de tête. J'espère que tu aimes les cheveux noirs.

Deux heures plus tard, Relena se retrouvait amputée de sa longue chevelure blonde. Quand Eva avait approché la paire de ciseaux, Relena avait fermé les yeux en frémissant. De longues mèches étaient tombées, les unes après les autres. Et maintenant, elle se retrouvait avec les cheveux courts comme jamais auparavant. Et noirs, comme Eva. On aurait pu les prendre pour deux sœurs. Et c'était sans doute le but recherché. De toute façon, comme l'avait très justement fait remarqué la jeune russe, les cheveux clairs attiraient l'attention. Yvan apprécia le changement, complimentant les talents de coiffeuse de son amie. Rory se contenta d'émettre une sorte de grognement, ce qui eut l'air de mettre Eva en colère.

-Je vais faire des courses. On a rien à manger pour ce soir. Rory ! Tu m'accompagnes.

Ledit jeune homme en question lui jeta un regard noir, mais la suivit quand même. Relena se sentit très mal à l'aise. Yvan se contenta de ricaner en secouant la tête.

-Ne vous en faites pas, Relena. Rory n'est pas méchant. Il a juste un caractère de cochon, qui lui vient sans doute de la verte Erin de ses ancêtres.

-J'ai fait quelque chose de mal ?

-Non. Il se fait du souci pour Eva. Il trouve qu'elle prend trop de risques. Je vous assure qu'il n'a rien contre vous en particulier. Vous verrez, d'ici peu de temps il sera aussi protecteur à votre égard qu'il l'est avec Eva. En fait, c'est un gros nounours cet Irlandais. Vous ne voulez pas vous reposer un petit peu ? Le trajet a été long, vous devez être épuisée.

-Non, ça va.

Son dernier cauchemar était encore trop présent dans sa mémoire, et elle ne se sentait pas prête à prendre le risque de l'affronter à nouveau. La culpabilité était un sentiment étrange. Et l'esprit plus encore de provoquer des visions pareilles. Elle décida alors de s'occuper les mains et la tête, à l'instar de Yvan. Elle alla chercher son Glock dans son sac. Elle s'installa devant la table basse du salon, sur le canapé devant la télévision que Yvan venait d'allumer. Relena commença à démonter pièce par pièce le pistolet pour le nettoyer et le graisser.

-Oh oh ! Vous savez vous servir d'une arme ? Je ne l'aurai jamais pensé, venant d'une pacifiste pure et dure comme vous.

-Je sais. C'est mon… un ami qui m'a appris. Après le dernier attentat contre ma personne, je me suis dit que ça pourrait me servir un jour.

-Et on dirait bien que c'est aujourd'hui.

-J'espère juste ne jamais avoir besoin de tirer sur un être vivant.

-Oui. Moi aussi. Prendre la vie de quelqu'un est une chose qui vous hante toute votre vie.

-On dirait que vous savez de quoi vous parlez.

-J'ai été soldat. Dans une vie antérieure. Et croyez-moi, c'était pas joli.

-Vous pilotiez un MS ?

-Non, j'étais dans l'infanterie, avant de déserter. C'est là qu'on a fait la connaissance de Rory.

-On ?

-Eva et moi.

-Quoi ! Eva était dans l'armée ?

-Bien sûr. Nous nous sommes engagés ensemble. On a toujours tout fait ensemble. Ou presque. Alors quand je me suis enrôlé pour défendre mon pays, elle m'a suivie. Et puis nous avons fait la connaissance de Rory et nous sommes en quelque sorte passés de l'autre côté du miroir. Nous avons rejoint le camp des rebelles quand nous nous sommes rendus compte que l'Alliance ne défendait pas notre nation mais ses propres intérêts. Mais… tenez, on parle de vous aux infos…

Relena releva les yeux sur l'écran de télévision pendant que Yvan augmentait le volume.

«…a disparu depuis 2 jours. Les autorités affirment qu'il ne s'agit en aucun d'un enlèvement. La Ministre a laissé une vidéo qui nous a été transmise par la responsable des Preventers qui assuraient la sécurité de Madame Peacecraft. Nous ne savons pas si des recherches ont été lancées. Mais laissons place à l'allocution de Madame la Ministre.

«Mes chers compatriotes de la Terre et des Colonies. Je m'adresse à vous en ce jour pour vous annoncer mon retrait temporaire de la vie politique et de mes fonctions, pour des raisons qu'il m'est pour le moment impossible de vous communiquer. Je regrette infiniment de vous abandonner ainsi. Ne voyez aucune trahison dans ce geste, je vous en prie. Je suis sûre de laisser mon poste et mes responsabilités entre de bonnes mains.

J'espère pouvoir reprendre mes fonctions le plus tôt possible. Merci encore pour tout votre soutien tout au long de ces années.

Merci.»

Son discours lui paraissait à présent un peu pathétique et niais. Elle n'aimait définitivement pas se voir sur un écran. Yvan la regarda, un léger sourire aux lèvres, l'air bienveillant.

-J'espère que ça va bien se passer pour vous. En tout cas, comptez sur nous. Je vais vous apprendre à vous fondre dans la masse.

-Ne me parlez pas de masse (3), s'il vous plaît.

Le jeune homme la regarda sans comprendre, les yeux plissés pour tenter de comprendre la drôlerie de la chose. Devant sa drôle de mimique, Relena ne put retenir un petit rire. Finalement, ça allait bien se passer. Ce serait difficile, mais tout irait bien.


Je pars, je ne reviendrai jamais / bientôt le monde m'aura oublié tu sais... / que j'aille... / tu vois...
je recherche un endroit pour me cacher et pour me faner en paix / ne jamais les croire / quand ils t'en parleront / si tu pouvais me voir...
je partirai et je resterai / seulement vêtue de toi / souviens-toi encore / quelques fois de moi... / et ne leur pardonne pas
get me out of this place
je pars je ne reviendrai jamais / des roses / de l'eau de rose sur moi... / deux filles dans un jardin / un jardin étrange / mais retiens-moi par la main / Et si demain / tu ne me rejoins pas / alors continue sans moi
je partirai et je garderai que des restes de toi / souviens-toi encore / quelques fois de moi... / mais ne leur pardonne pas
ten, nine, eight, seven, six, five, four, three, two, one
je pars, je ne reviendrai jamais / bientôt le monde m'aura oublié tu sais...
je partirai et je resterai / seulement vêtue de toi / souviens-toi encore / quelques fois de moi... / et ne leur pardonne pas / je partirai et je garderai que des restes de toi / souviens-toi encore / quelques fois de moi... / mais ne leur pardonne pas

NOTES

1 – Fillette

2 – S'il te plaît… Promets-moi…

3 – Cette blague-là, vous la comprendrez au prochain chapitre… A moins qu'en additionnant A+B vous ayez trouvé C… lol


Mais c'est quoi le bonheur ? Cette chose qu'on cherche à trouver en sacrifiant ce que nous avons de plus cher ?

A suivre...


Réponses aux reviews

SweetSissi : Merci merci merci. Je vous réserve tout plein de trucs, mais la fic va rester quand même assez sombre dans l'ensemble mis à part 1 ou 2 évènements joyeux. Je te fais de gros bisous moi n'aussi lol

Usako : Je suis flattée Question fic tordue, t'as pas fini de te retrouver sur le Derrière, lol. J'ai encore quelques surprises dans mes tiroirs. Les phrases de Heero "Amour, je crois que je deviens fou... je perd la raison, ou c'est elle qui me quitte..." et "Pourtant parfois j'ai l'impression d'être plusieurs, enfermé à l'intérieur, que d'autres prennent le contrôle de mon corps... et de ma tête aussi. C'est étrange. Hier encore j'était désert, aujourd'hui je suis surpeuplé... je suis trop nombreux à l'étroit..." me disent quelques choses... Pourrais-tu éclairer ma lanterne? Alors, tout d'abord, ce passage ne concerne pas notre couple Heero/Relena mais un autre couple. Ensuite, ce sont une partie d'une chanson d'un jeune groupe pas connu qui s'appelle SWAAT. J'adore leur album. Normalement, le prochain chapitre portera le nom d'une autre de leur chanson. Je donnerai une seule autre indication : le chapitre 8 va rejoindre le chapitre 1 pour fermer l'ellipse. Je ne peux trop rien dire de plus sans me vendre. Alors j'espère juste que tu auras apprécié ces quelques pages avec autant de plaisir que les précédentes.

Athenais : Encore plus long ! Record à ne pas battre, j'ai un peu honte. J'aime pas écrire les scènes d'amour, je trouve ça trop personnel. Et j'ai toujours la crainte de tomber dans la vulgarité. Mais comme nous sommes tous des êtres sexués (enfin je crois… lol), j'estime que les personnages le sont aussi. Donc, je ne peux pas échapper aux scènes légères. Mais autant que ce soit poétique et tout en délicatesse. Non ?

Linka : LSD, je préfère l'annoncer tout de suite, ne se dévoilera qu'à la toute fin. Après, il est possible que je laisse des indices ici et là, disséminer à travers les paragraphes. Merci pour tes compliments, ça me va droit au cœur. N'hésite pas pour les menaces de mort Ca me motivera peut-être, qui sait.

Jenni944 : Rien n'est simple quand je suis aux commandes, hélas. Tellement compliqué que parfois je me bloque toute seule. Et ce chapitre à connu de nombreux blocages. Et puis ces personnages qui ne veulent en faire qu'à leur tête… Bon, je vais lâcher une autre pseudo info, vous en ferez ce que vous voudrez : on va apprendre des choses sur le passé de Heero. Je trouve qu'il mérite d'avoir enfin un vrai passé, un vrai futur, et pourquoi pas une famille…

Kiwi, Bun et Kat : Merci pour votre soutien les filles. C'est important pour moi de vous parler de mes petits malheurs et de ma grosse déprime de temps en temps. J'adore vos mails, vos cartes postales, vos coups de fil… Mais je vous ai déjà dit tout ça et le reste. Merci de me soutenir, ça me fait du bien.

A tous les autres dont je ne connais pas les noms : Merci de me lire, d'aimer ou de détester. J'espère juste provoquer des émotions, partager les miennes. Voilà. Au prochain chapitre alors

Je tenais également à remercier ici les lecteurs et reviewers de Sois sereine ma douce. Cette fic est vraiment très particulière pour moi. Je l'ai écrite à un moment où j'avais besoin d'exorciser certaines choses, ce qui a donné naissance à ce texte. Le titre vient d'un des plus beaux épisodes de la série ER (Urgences) que je regarde depuis 10 ans (ça ne me rajeunit pas tout ça… aaaah ! le lycée…). Cette fic a donc un fond très personnel, même si ce n'est absolument pas autobiograhique. Merci d'avoir aimé, et pardon d'avoir partagé mes angoisses.