Kermesse – Chapitre 18 – Où il est question d'une clope

Riza pestait dans les loges où elle était en train de s'habiller pour leur numéro. Comment Mustang avait-il osé la contraindre à s'habiller de la sorte et à s'exhiber ?

Elle enfilait les résilles.

Si ma grand-mère était là elle ferait une attaque ! Je la vois d'ici me traiter de 'Fille de petite vertu ou d'envoyée du Diable'… »

Elle sentait qu'elle allait mourir de honte avec cette tenue. Elle attachait maintenant la jupe.

Mais elle ne cache rien ! Elle arrive à peine sous mes fesses ! Vais tuer Mustang ! Lui et son obsession des minijupes.

Déjà elle cherchait son flingue.

Elle se voyait montant sur scène et viser Mustang. Celui-ci hurlant et courant à travers la foule. Elle n'aurait de répit que lorsqu'elle verrait sa cervelle éclabousser le sol !

Mais ses armes restaient introuvables.

« C'est ça que vous cherchez ? » La voix familière la fit se retourner.

« Mustang, qu'est-ce que vous faites ici dans ma loge et depuis combien de temps êtes vous là ?

« A mon grand regret, pas longtemps rassurez-vous. Je suis venu vous chercher, j'ai une bonne nouvelle, Bradley vous décommande pour ce soir, figurez-vous qu'il préfère une certaine Dorothée !

« C'est vrai ? Lui demanda t-elle avec espoir.

« Tout à fait. Je vous rapporte ses mots exacts : 'Que vaut une Hawkeye à côté d'une si délicieuse créature comme Dorothée', si l'on songe que la fameuse Dorothée n'est autre que Falman travesti, on peut se poser la question en effet.

« Je me demande si je dois me sentir vexée ou soulagée. J'ai une pensée émue pour ce pauvre Falman. Je me demande ce que vous lui avez promis pour qu'il accepte de se prêter au jeu.

« Oh, juste de l'exempter des TIG et tous ses vendredis soirs libres jusqu'à la fin de l'année.

« Et bien dite donc, vous avez été généreux.

« Il fallait bien que je trouve quelque chose pour vous sortir des mains de Bradley. Et puis, ça en vaut la peine, maintenant vous me devez une soirée.

« Un dîner Colonel. Nous étions d'accord pour un dîner seulement. Bon vous me rendez mes flingues maintenant ?

« Non, je ne vous les redonnerai qu'après le spectacle. »

Il laissait traîner son regard sur elle sans vergogne, remontant de ses jambes « résillées » à ses cuisses que ne cachaient absolument pas la jupe, s'attardant sur ses seins comprimés dans le body, ce qui la fit virer au pourpre.

« Je savais que j'avais raison de vous acheter cette tenue, vous êtes à croquer Hawkeye. Et si nous retardions un peu notre numéro, histoire de profiter un peu de cette jolie jupe ? Et puis vous me le devez bien pour vous avoir aidé à vous débarrasser de Bradley. Vous ai-je déjà dit à quel point j'aime aussi les talons hauts ? »

Il s'était approché d'elle et s'apprêtait à l'embrasser, après tout je ne risque rien c'est moi ai ses flingues.

Il fut arrêté dans son élan par un coup de poing en pleine face.

« J'ai pas besoin de mes flingues pour vous remettre à votre place Colonel.

« Je vois ça. Je plaisantais Riza.

« Ben voyons. Maintenant si vous le voulez bien, finissons en une bonne fois pour toute. »

Et elle partit vers la scène. Roy lui emboîta le pas tout en frottant sa joue meurtrie.

« Prêt Colonel ? C'est à nous. »


Havoc avait depuis longtemps abandonné sa distribution de baisers. Mustang avait rapporté plus d'argent en se faisant claquer que lui à embrasser. Un comble !

Pour le moment appuyé contre un mur, il regardait les visiteurs prendre place pour le spectacle et appréciait sa première cigarette de toute la journée. Dieu qu'elle lui paraissait bonne !

Absorbé dans sa contemplation de la foule, il sursauta lorsqu'il s'entendit interpellé :

« Excusez moi, vous auriez une cigarette ? »

Havoc se retourna. Devant lui se tenait une jeune femme à la chevelure rousse, aux grands yeux verts et au décolleté plongeant.

« Bien sûr. »

Havoc sortit son paquet dont il extraie une cigarette et la tendit à la jeune femme qui s'en saisit et la coinça entre ses lèvres pulpeuses.

Havoc approcha d'une main tremblante son briquet pour enflammer la cigarette.

Elle tira une bouffée et rejeta la fumée dans les airs. Elle affichait un air de total plaisir.

« Merci. J'ai bossé toute la journée et j'ai pas pu m'en griller une seule. Sans compter ma grand-mère qui me fait la guerre pour que j'arrête de fumer ! »

Havoc la regardait avec des yeux pleins d'étoiles. Des petits cœurs s'envolaient autour de lui.

Cette fille était renversante, d'abord elle avait ce qu'il fallait dans le décolleté et en plus elle fumait. Tout ce qu'aimait Havoc.

« Au fait, je m'appelle Nausicaa et vous, c'est quoi votre petit nom ? »

En plus, elle me drague !

« Lieutenant Jean Havoc, mais je préfère qu'on m'appelle Havoc.

« Cool. Havoc, ça me va. Qu'est-ce que vous faites là ?

« Oh, j'ai tenu un stand toute l'après midi et maintenant je me grille la première cigarette de ma journée. J'attends le spectacle. Mon boss y présente un numéro. Mais je ne sais pas si je vais y aller, ça craint. Et vous qu'est-ce que vous faites ici ?

« J'ai attendu cette clope toute la journée, je crois que j'aurai pu tuer pour en avoir une ! C'est que j'ai bossé à la tente médicale toute la journée, et on n'a pas eu le droit de fumer.

« Oh, vous êtes infirmière ? »

« Ouaip. »

Havoc n'en croyait pas ses oreilles ni sa bonne fortune.

Vraiment cette fille était une perle rare : grosse poitrine, fumeuse ET infirmière.

« Attention, vous avez de la bave qui coule là. »

Havoc referma sa bouche et essuya rapidement la bave qui dégoulinait sur son menton.

« Bon, moi non plus ça ne me botte pas plus que ça ce spectacle. J'ai aucune envie de voir des guignols faire les imbéciles sur scène, j'en ai suffisamment vu dans ma journée. Si on allait plutôt faire un tour en ville ? On pourra manger un morceau et prendre un verre. Ca vous dit ?

« Et comment. »

Ils s'éloignèrent tous les deux.

« Juste une chose Havoc, se serrait bien de virer les pompons de vos chaussures. C'est pas très à la mode tout ça.

« Je retirerai tout ce que vous voulez.

« Ah, vraiment ? Ca tombe bien alors ! »