Salut à tous! Je sais que je vous ais fait attendre longtemps pour ce chapitre. Je vous remercie particulièrement pour vos commentaires, (notamment Glamyr, ça m'a fait hyper plaisir.).
Pour Ecarlates : non, tout le monde n'a pas le numéro de tout le monde. On a juste jugé sage de confier le num du Moby Dick à Smoker au cas où il aurait vent de rumeurs sur l'existence des jumeaux. Doffy est au courant pour Ann et Marco comme environ toute la Grand Line. Même Shikki le savait. On sait qu'ils sont ensemble, mais on sait pas si c'est sérieux ou pas. Je te laisse imaginer le nombre de dépressif... Si tu aimes les chants de marins, je t'offre un chant de deuil.
Tomatagirl : J'ai prit pas mal de temps, puisque j'aime faire les fics en synchronisation. Dure dure quand on sait que l'arc Punk Hazard traînait autant, et je te pparle même pas de celui de Dressrosa.
Pour les autres, je dirais simplement merci et à bientôt. Oh, et on doit encourager Evanae avec la fic de Sabo ^^'
Ann était épuisée.
Sa gorge lui faisait un mal de chien, elle ne sentait plus ses poignets, et elle était certaine d'avoir plus d'os cassés qu'en un seul morceau.
La tête pendant entre ses épaules, elle profitait d'un instant de répit pour reprendre des forces. Elle ouvrit un œil en entendant une explosion quelque part dans les environs. Elle se redressa de son mieux, essayant de percevoir ce qu'il en était. De son Haki, elle sentait une femme attaquer Doflamingo. Sa voix hurlait la douleur et la tristesse. Un désespoir sans borne. Le foutu flamant rose, lui, l'ignora plus ou moins, résistant à toutes ses tentatives pour favoriser une conversation qu'il avait par denden.
Ann se concentra sur lui, fermant les yeux.
Il parlait à… Vergo ? Oh, le gars était donc une taupe dans le G-5... joyeux. Il était question du S.A.D et de César Clown… De ce qu'elle comprenait, Doflamingo ordonnait à Vergo de tuer Trafalgar Law.
Ann prit le temps de bien organiser l'information. Donc, Trafalgar Law menaçait la production de S.A.D et Doflamingo voulait l'éliminer par l'intermédiaire de Vergo.
« Vas-y, Law, vas-y, je suis à trois cent pour cent derrière toi. » songea Ann avec un mince sourire.
Cela ébranlerait le Shin Sekai, et déstabiliserait principalement Kaidou… et donc, arrangerait très bien les affaires des trois autres Yonkou (Big Mum moins que Shanks et Marco, mais c'était secondaire et voire même encore plus positif).
Elle rapporta son attention sur son Haki. Et avec raison, parce qu'apparemment, il était question de Luffy.
Luffy…
Luffy était à Punk Hazard ?
Elle se doutait qu'il y avait quelque chose dans l'air puisque Doffy voulait se servir d'elle pour toucher son otouto, mais elle n'avait pas imaginé que cet idiot soit aussi proche !
En jurant, Ann attrapa les chaînes qui la retenait et tira sur ses muscles douloureux après ces deux trois jours passés suspendus dans cette pièce, pour se hisser vers le plafond, avant de se laisser chuter vers le sol. Elle retint un gémissement de douleur quand la chaîne tira sur ses bras déjà bien amochés. Elle regarda le plafond, à l'endroit où les chaînes étaient accrochées. Non, pas de signe de faiblesse. C'était du solide.
Et son frère avait besoin d'aide.
- Chiotte, c'est vraiment pas le moment… grommela-t-elle.
Elle avait fait une crise. Combien de temps, c'était dur à évaluer. Le fait est que ce qui la réveilla, ce fut la présence de Doflamingo dans la pièce à côté. Et des bruits sortant d'un denden. Elle reconnut la voix de Law et de Smoker.
Elle redressa la tête, sa nuque la tuant, évitant de faire trop de mouvements pour ne pas faire souffrir ses bras plus que nécessaire. Elle ne put néanmoins s'empêcher de grimacer quand ses fers mordirent un peu plus sa chair, faisant couler un peu de sang dans l'intérieur de sa manche.
Un bruit d'explosion l'alerta. Quoi qu'il se passe de l'autre côté du denden, il y avait de la bagarre.
De ce qu'elle comprit, aussi bizarre que cela puisse sembler, Law et Smoker étaient plus ou moins alliés. Bon, il est vrai que Smoker n'était pas le marine le plus conventionnel qui soit, mais il était question de Law, quoi. Plus sadique, il y avait pas.
Après, éveillé ou pas, c'était un D., Ann en aurait mis sa main à couper.
Elle dut se retenir de rire en entendant le commentaire de Smoker. Il n'y avait pas que ses frères commandants qui avaient entraîné le marine. Quelque chose lui disait que Cassandra avait elle-même mis la main à la pâte.
« Tu m'entends, n'est-ce pas ?! Joker ! » interpella Law dans le denden.
Doflamingo eut un petit rire pour toute réponse. Mais Law n'avait pas fini, loin de là.
« Vergo est fini, Joker. Tu vas perdre ton subordonné le plus important. Mugiwara-ya va vaincre César. En un mot, tu vas aussi perdre le SAD. Ce qui fait que tu n'as pas pu prévoir ce terrible futur, c'est ta trop grande confiance en toi ! Réfléchis donc à ton prochain coup, en rigolant fort, comme tu le fais d'habitude ! Cependant, nous n'agirons pas de façon à suivre encore longtemps tes grands schémas... nous ferons notre spécialité, nous serons imprévisibles ! »
Ann ne savait pas si elle devait embrasser son frère (et par extension Smoker) pour remettre César à sa place et donc, sauver les gosses, ou si elle devait hurlait de rage de savoir que son otouto était dans une merde profonde. S'il s'agissait d'un Shichibukai classique, elle n'aurait rien à redire (bon, le soi-disant fils biologique d'Oyaji, c'était une affaire de Shirohige, Luffy avait tout intérêt à ne pas s'en occuper). Mais là, il n'y avait pas que Doflamingo dans la balance. Il était question de Kaidou, plus tout un tas de bandes d'idiots qui lui en voudront à mort pour ce qu'il avait fait.
Et puis, le SAD, quoi !
Si encore c'était Thatch qui s'en était chargé, ils auraient géré ils traînaient depuis assez longtemps dans le Shin Sekai, pour comprendre toutes les implications de la chose.
En gros, Luffy venait de s'impliquer dans une histoire qui aurait de fortes chances de le tuer. Il entrait à peine dans le Shin Sekai qu'il était déjà sur le point de déclarer la guerre à Kaidou. Même elle, avait attendu avant de chercher à mettre la main sur Shirohige. La différence entre les deux situations, c'est que Kaidou n'épargnerait pas son frère, comme l'avait fait Oyaji pour elle.
Elle leva les mains et se saisit de ses chaînes pour essayer de se hisser vers elles. Elle devrait se péter les mains, si elle voulait espérer en réchapper et glisser les fers hors de ses poignets.
Quelque chose la tira de nouveau vers le sol avec brutalité, manquant de lui arracher un cri de douleur. Elle baissa les yeux et nota la présence de fils très fins enroulés autour de ses chevilles.
Enfoiré de flamant rose.
Elle soupira silencieusement de dépit et laissa aller sa tête contre l'un de ses bras, les yeux à moitié fermés. Autant écouter la situation, puisqu'elle n'avait pas d'autre choix. Elle écouta le combat en approche, avant de se redresser en attendant Law qui recommençait à parler.
« Cela fait presque deux ans, depuis la grande évasion d'Impel Down... »
Elle se redressa légèrement en entendant par le denden comme un liquide qui coule et s'échappe.
« Qui a lancé quoi ? Toi, tu as protégé le calme. L'évasion massive à Impel Down, puis la mort de Shirohige ont établi la limite d'une Ère. Le Quartier Général de la Marine prépare une nouvelle force militaire. Les grandes pontes n'ont rien mis en place non plus, si on exclut la montée sur le trône vacant du fils aîné, mais lui-même est resté passif. C'est comme si tout le monde faisait des préparatifs. Ce qu'il s'est passé à Impel Down, puis Marine Ford n'était qu'un Prologue... Tu disais tout le temps qu'accompagner une houle incontrôlable était ce qu'il fallait faire... que la nouvelle ère des gens audacieux allait arriver... »
Law était un D., elle en était certaine à présent. Il n'y avait qu'un D. pour faire une chose pareille, et le sourire dans la voix du jeune homme le lui disait.
« J'ai brisé... l'engrenage ! Plus personne ne peut revenir en arrière ! »
Ann eut un sourire dément en réponse, un frisson d'excitation lui parcourant l'échine.
Oh yeah ! La nouvelle ère était là ! Et elle avait bien l'intention de s'assurer que les Shirohige en soient des acteurs.
Elle continua d'écouter en silence les derniers soubresauts de l'affrontement, se retenant de crier de joie quand Vergo mordit finalement la poussière. C'était Kennichi qui sera content.
Bien entendu, comme toutes les créatures féroces qui pullulent les océans de la Grand Line, Vergo eut un dernier mot.
Le passé de Joker coûterait la vie à Law.
Ann plissa les yeux.
Le passé de Joker, hun ? Son nez lui disait clairement ce qu'il était.
Un Tenryuubito.
Une crise ? Certainement...
Ce n'est pas comme si elle avait autre chose à faire, après tout...
Ann ouvrit à peine les yeux pour voir Doflamingo devant elle, avant de les refermer.
- Tu t'es tue enfin ?
- T'as un denden qui sonne. Si t'as pas autre chose à foutre, laisse-moi dormir.
Elle arrangea au mieux sa tête contre un de ses bras, l'utilisant comme coussin improvisé.
Le Shichibukai s'en alla et alla répondre, ne prenant même pas la peine de refermer la porte.
C'était un appel d'un des exécutifs, Buffalo, qu'il avait envoyé pour Punk Hazard. L'homme venait de trouver César Clown, passé à tabac, après que celui-ci eut percuté le réservoir d'un navire servant au transport du SAD. L'individu était tout juste vivant.
Ann esquissa un maigre sourire en entendant ça. C'était bien son frérot. Dommage pour lui, sa proie allait lui filer entre les doigts pour ne pas la surveiller.
- Arrête de rire, on dirait un pervers... grommela Ann.
- Et si tu n'es pas plus loquace sur ta présence ici, je risque très certainement de te montrer personnellement à quel point je suis un pervers, que ça te plaise ou non, rétorqua Joker en revenant la voir.
- On est l'eau et l'huile. On se mélange pas entre D. et Tenryuubito, kuso yarro.
Elle ignora le coup de poing dans son estomac. Avec tout ce qu'elle avait subi, il ne serait pas étonnant qu'elle ait au moins une côte cassée, si ce n'est deux, voire plus.
- Continue comme ça, et je fais sauter ton collier. Il te va très bien, d'ailleurs, ce collier d'esclave. Je t'apprendrai rapidement, une fois cette histoire réglée, où est ta place... à mes pieds, à lécher le sol avec ta langue et à satisfaire mes hommes, sale petite chienne.
Ann lui répondit en lui crachant sur ses lunettes, ce qui lui valut un coup de poing dans la figure.
Elle n'avait qu'une hâte, retrouver l'usage de ses mains pour se débarrasser de cet immonde collier-bombe.
Purupurupuru...
- Quelqu'un est populaire aujourd'hui, commenta Ann avec un petit sourire.
Doflamingo lui jeta un regard noir avant de la laisser là, pour aller décrocher pour la énième fois un denden mushi.
Cette fois, c'était Monet, tremblante, haletante, qui appelait Joker.
- Monet. Bravo pour avoir survécu. Vergo s'est fait battre. César aussi, mais il semble que Baby Five et Buffalo puissent me le ramener.
« Vraiment ? C'est un soulagement... » souffla la femme par denden.
- C'est un mauvais jugement de ma part, je vous ai fait agir d'une mauvaise façon. Mais pour plus de sécurité, j'aimerais supprimer ici ces jeunes blancs becs. Je ne veux aucun des deux à Dressrosa. Au troisième laboratoire dort une arme semblable à celle qui a anéanti les laboratoires un et deux et l'île, il y a quatre ans. Si on presse le bouton de cette arme, celui qui pourra survivre sur cette île sera le même qui pourra résister au gaz mortel. César et seulement lui. L'emplacement du bouton est...
« N'en dîtes pas plus, Joker... C'est mon intention... depuis le début... »
Doflamingo en fut perplexe.
« Je suis devant le dispositif de détonation à cet instant précis. L'explosion s'étendra jusqu'au navire citerne qui sert en cas de fuite. Un de vos navires sera gâché, cela ne pose aucun problème ? »
- Désolé, s'excusa Doflamingo.
Ann ne parvint pas vraiment à déterminer pourquoi il s'excusait. Elle se demanda même si cet homme avait une once de peine en sachant que cette femme se sacrifiait pour son empire.
- Meurs en emportant tout avec toi.
Apparemment, non.
« Bien reçu... jeune maître. »
Le combiné fut posé sur quelque chose à proximité, du côté de Monet. Ann entendit nettement qu'on relevait un couvercle en plastique.
Une profonde et calme inspiration raisonna.
Encore une autre.
Et d'autres encore, chacune devenant de plus en plus laborieuse.
Joker s'excusa auprès de Vergo.
- Je suis désolé, partenaire. C'est avec toi que j'ai la plus ancienne relation. Merci pour tout ton travail jusqu'à aujourd'hui.
Vergo ne répondit pas.
Ann doutait que Joker lui-même attende une réponse.
« Sayonara, jeune maître... vous êtes l'homme... qui deviendra... le Roi des Pirates... ! » salua Monet.
Que nenni ! Il n'était pas question qu'un Tenryuubito s'accapare le trône de la Liberté Absolue ! Pas le trône laissé vacant par son père et devant lequel Oyaji s'était incliné ! Pas le trône avec le nom de son petit frère gravé dessus !
Ann soupira et ferma les yeux.
Aucun bruit d'explosion. Pas de communication coupée.
Rien.
Le dernier laboratoire de Punk Hazard mettait du temps à sauter. La respiration de Monet devint plus chaotique
- Monet, appela Doflamingo.
Le bruit d'un corps qui chute sur le sol raisonna.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Monet ?
Ann ferma les yeux. Même si cette femme servait un salopard comme Joker, et qu'elle avait essayé de tuer son frère, son courage et son dévouement méritaient qu'on salue ses derniers moments.
- O bury me not in the deep deep sea,
The words came low and mournfully,
From the palled lips of a youth who lay,
On his cabin couch at the close of day,
He had wasted and pined till o'er his brow,
Death's shade had slowly passed, and now
Where the land and his fond loved home were nigh
They had gathered around him to see him die.
Sa gorge était à vif après tout ce temps. Elle avait juste assez de nourriture et d'eau pour ne pas mourir, mais sans plus. Pas assez pour soulager sa gorge irritée.
-O bury me not in the deep deep sea,
Where the billowing shroud will swell o'er me,
Where no light will break through the dark cold wave,
And no sun beam rest upon my grave,
It matters not, I have often been told
Where the body shall lie when the heart is cold,
Yet grant, O grant this boon to me,
O bury me not in the deep deep sea.
Intrigué, Joker se leva, son denden en main, et vint vers elle, les sourcils froncés de la voir verser des larmes à cet instant, alors qu'elle ne faisait que sourire comme jamais durant les tortures.
- For in fancy I've listened to the well known words,
The free wild winds and the songs of the birds,
I have thought of home, of cot, and of bower,
And of scenes that I loved in childhood's hour,
I had even hoped to be laid when I died,
In the churchyard there on the green hill side,
By the homes of my father my grave should be,
O bury me not in the deep deep sea.
- Tu pleures pour Monet ? s'enquit Joker, quelque peu surpris.
- Let my death slumbers be where a mother's prayer,
And a sister's tear shall be mingled there,
It will be sweet ere the heart's gentle throb is o'er
To know when its fountain shall gush no more,
That those it so fondly hath yearned for will come,
To plant the first wild flower of spring on my tomb,
Let me lie where those loved ones will weep over me,
O bury me not in the deep deep sea.
Oui, bien entendu, Ann n'allait pas se faire un plaisir de lui répondre. Elle ne répondait jamais aux bonnes questions.
- And there is another whose tears would be shed
For him who lay far in an ocean bed,
In hours that it pains me to think of now,
She hath twined those locks and hath kissed this brow.
In the hair she hath wreathed shall the sea serpent hiss
And the brow she hath pressed shall the cold wave kiss!
For the sake of that bright one that waiteth for me,
O bury me not in the deep deep sea.
Mais Joker ne parvenait vraiment pas à saisir pourquoi maintenant… Pourquoi pour Monet ?! Ils étaient ennemis, après tout ! Elle n'avait aucune raison de s'en faire pour elle !
- She hath been in my dreams. His voice failed there,
They gave no heed to his dying prayer,
They have lowered him low o'er the vessel side,
Above him has closed the dark cold tide,
Where to dip the light wings the sea bird rests,
And the blue waves dance o'er the ocean crest,
Where the billows bound and the winds sport free,
They have buried him there in the deep deep sea.
Joker cessa de vouloir comprendre. Il regarda le denden silencieux entre ses mains. Les décombres continuant de chuter de l'autre côté étaient le seul bruit dans les environs, puisque Ann s'était de nouveau tue. Mais il suffisait de voir les veines sur le front du Shichibukai pour comprendre qu'elle allait passer un moment pas très agréable. Elle priait juste ce qu'il restait de sa bonne étoile pour qu'il ne mette pas en application ses menaces de viol.
Contre toute attente, il ne s'en prit pas à elle. Il sortit de la pièce et alla prendre son manteau de plumes roses. Ann entendit une fenêtre qu'on ouvre. Et il partit.
- Enfin un peu de tranquillité... soupira Ann. Bon, voyons voir.
Elle leva la tête vers le plafond. Elle avait déjà essayé d'utiliser son poids pour arracher les entraves du plafond, sans autre résultat que de s'abîmer les poignets.
Peut-être que...
Elle ne put retenir un grognement en entendant la voix de Sugar appeler son « jeune maître » dans la baraque.
La gamine aux cheveux verts se pointa devant la porte.
- Où est le Jeune Maître ? demanda-t-elle.
- Je sais pas et je m'en branle.
La fillette gonfla ses joues et s'en alla.
Ann s'assura qu'elle soit au loin, avant de tordre ses mains pour attraper la chaîne et se hisser à elles de son mieux. Elle fit marcher ses muscles douloureux pour envoyer ses jambes par-dessus sa tête, les enroulant autour de la chaîne, se retrouvant effectivement la tête en bas, et ses entraves à portée de ses yeux. Elle jura en réalisant qu'elle n'aurait pas assez de marge de manœuvre pour forcer les serrures. Ses deux mains étaient trop collées l'une à l'autre pour qu'elle y parvienne. Bon, elle devrait essayer de se les briser pour y parvenir.
Dans la neige, soigné après sa rencontre avec Doflamingo, Kuzan à ses côtés, Smoker réalisa sa faiblesse. Il était un homme de parole, et on comptait sur lui pour cette promesse.
Surtout après la situation que lui dépeint son ancien mentor et ami.
Si les choses tournaient au vinaigre, il se ferait happé par le courant avec ses hommes, sans pouvoir lutter.
- Dis, Smoker.
Kuzan s'était levé, comme s'il allait partir.
- Nanda ?
- Tu veux pas me dire la vérité, sur le pourquoi t'as mis Fushisho en colère contre toi.
- Y'a un peu trop de monde qui me le demande, je trouve. Même si c'est toi, je me contenterai de la version officielle.
- Je demanderai au premier concerné, alors.
- Il te passera les serres dans la gorge.
- Smoker...
Smoker soupira.
- Moi aussi, je suis toujours le même.
Kuzan lui adressa un sourire.
- Alors, tout va pour le mieux.
Le matin arriva, trouvant un Marco sans repos.
Il avait laissé sa cabine de capitaine pour dormir dans la cabine des jumeaux. Enfin, dormir, c'était un grand mot. Il ne pouvait pas fermer les yeux sans voir Ace, blessé, l'appelant à l'aide. Il savait dans ses tripes que son compagnon allait mal, mais ils étaient si loin de Dressrosa... C'était tout juste s'il devait pas s'attacher au navire pour rester auprès des enfants et ne pas partir à sa recherche. Et c'était à croire que le temps était contre eux... courants contraires, tempête sur tempête. On avait même renoncé à remettre en place le bazar de la cousine Magda.
Dans la couche, écoutant la respiration calme des jumeaux endormis, Marco se passa les mains sur le visage.
Comme s'il n'avait pas assez de souci comme ça...
Entre le soi-disant fils biologique d'Oyaji qui foutait le bordel dans le rang de ses alliés, protégé par son statut de Shichibukai, au sein du Gouvernement (Davy Jones en soit loué, pour l'instant, il n'y avait aucun mort), pour mettre la main sur lui, puis la longue absence d'Ace, sans parler du fait qu'avec les récents événements, Doflamingo voire Kaidou ne tarderaient pas à bouger...
Il y avait vraiment de quoi avoir la migraine.
On frappa à la porte et Marco alla ouvrir. Sans un mot, Jozu lui tendit le journal, le laissant le lire.
Voilà donc ce que visaient ces deux jeunots, hein ?
Don Quixote Doflamingo qui laisse tomber le Shichibukai et Dressrosa.
Marco connaissait assez Joker pour se douter que ça ne sentait pas bon comme histoire. L'homme avait besoin de tout ça, du pays, autant que sa place au Shichibukai. Il suffisait de tourner la page pour voir les deux responsables de cela.
Trafalgar Law et Monkey D. Luffy.
Il soupira profondément. Les choses ne seraient plus longtemps très calmes.
Ils étaient aujourd'hui le dix janvier.
Déjà...
- On maintient le cap ? devina Jozu.
- Oui, yoi.
Jozu se retira et Marco se rassit sur la couche, le journal pendant au bout d'une de ses mains, entre ses jambes.
- Bébé... tiens bon, je t'en prie, yoi.
Ann cracha un mollard sanglant.
Doflamingo avait passé sa colère sur elle en rentrant. Les cris de la populace lui disaient tout ce qu'elle devait savoir.
Cet homme avait accédé au trône de Dressrosa environ à la même époque où Rayleigh avait quitté Dawn. Et du jour au lendemain, il abdiquait.
Elle ne saisissait pas totalement le pourquoi du comment. Son nez pété et en sang lui disait qu'il était probable que cette affaire avec César ait provoqué cette situation, mais là encore, c'était incertain.
Pour l'instant, il écoutait de la musique. Elle était presque certaine d'en avoir déjà entendu une semblable, mais où, ça restait à savoir. Il écoutait la musique en lisant un livre, comme s'il attendait quelque chose. Du moment qu'il ne s'occupait pas d'elle, il pouvait bien se prendre une douche qu'elle s'en moquait. Elle ne savait pas combien de temps elle pourrait tenir comme ça encore.
Quand un denden sonna, elle sut ce qu'il attendait.
Doflamingo le fit attendre un long moment, puis, avec calme, arrêta la musique et marcha jusqu'au denden.
- Ore da. J'ai démissionné du Shichibukai, dit-il en décrochant.
Elle soupira silencieusement en reconnaissant les cris en fond, du côté du denden. Elle allait botter le cul de Luffy... quoique...
Ann pencha la tête sur un côté, avant de la laisser tomber d'un air abattu sur sa poitrine.
Luffy était dans le Shin Sekai. Elle ne pourrait pas jouer éternellement les grands frères surprotecteurs. Elle devait le laisser faire sa voie, aussi dur que ça soit.
« Si c'est pas le stupide flamant rose qui couvrait César... » commenta la voix de Luffy.
Ann connaissait ce ton. Même s'il était naïf et innocent, elle savait qu'il y avait une haine sourde dessous.
- Mugiwara no Luffy... reconnut Doflamingo. Cela fait presque deux ans depuis ton ravage d'Impel Down et de Marine Ford... tu as disparu si brutalement alors que tes aînés ont continué à faire parler d'eux... je me demande bien où tu étais et ce que tu faisais...
« C'est pas tes affaires. »
Doflamingo eut un petit rire.
- Je mourrais d'envie de te rencontrer, tu sais ? J'ai en ma possession quelque chose auquel tu tiens énormément et que tu voudrais ardemment récupérer...
Ann ouvrit des yeux ronds.
Le salaud ! Il avait l'intention de l'utiliser contre Luffy ?!
« Gné ? » fit la voix perplexe de son frangin.
Ouf, Luffy n'avait pas compris à quoi il s'agissait.
« O-oi... il s'agit d'une viande délicieuse à quel point ? » s'enquit brusquement Luffy.
Yep, son frangin ne changerait jamais. Ann se demanda si elle devait être vexée d'avoir été confondue avec de la viande... Après... si son frère avait développé des tendances cannibales, elle pouvait être en effet vue comme de la viande.
« Mugiwara-ya ! N'entre pas dans son jeu ! »
Ah. Law. Enfin une tête rationnelle !
Le denden changea de main et Law prit la tête de la négociation :
« Joker, ne raconte pas de truc inutile ! Comme convenu, on va te rendre César... »
Ah non ! C'était la pire chose à faire !
- Eh bien, cela vaut mieux pour vous, pointa Doflamingo. Si vous prenez la fuite après être venus jusqu'ici, tu te doutes très certainement de ce que vous subirez... hehehehe... tout d'abord, laisse-moi vérifier que notre important partenaire de business est indemne.
Une autre voix s'éleva peu après. Celle d'un pleurnichard réclamant pardon à l'ex-Shichibukai.
Cela ne dura pas plus longtemps car Law recommença à parler :
« Satisfait ? »
- Hmm, ouais, il a l'air en pleine forme, approuva Doflamingo.
« Dans huit heures, à partir de maintenant, sur l'île solitaire au nord de Dressrosa, la plage au sud-est de Green Bit, on laissera César là-bas, à trois heures. Ramasse-le comme ça te chante. Je ne prendrai pas plus contact que ça. »
Après avoir tant lutté, voir Law céder ainsi le scientifique était louche.
- Hehehehehehe ! Que c'est triste ! J'aimerais au moins boire un coup avec toi qui a grandi...
Le denden fut raccroché avant que le blond ne puisse finir ce qu'il disait.
Ann était toujours attachée par les poignets. La porte devant elle était grande ouverte sur la chambre où était jusqu'à quelques temps encore Doflamingo. La porte était ouverte pour cette pièce aussi, lui donnant une belle vue sur une large salle qu'elle voyait de profil. En penchant un peu la tête, elle nota quatre fauteuils faisant face à une longue série de fenêtres à moitié obstruées par les rideaux, chacun orné du symbole d'un jeu de carte. Le Pique, le Cœur, le Carreau et le Trèfle. Le siège de Cœur était vide.
Une jeune femme en tenue de soubrette se tenait devant la porte de la seconde salle, la tête basse. Elle avait jeté un regard indéchiffrable à Ann, pendant un instant, avant de baisser la tête. De son côté, Doflamingo était devant les fauteuils en riant, bien que les veines sur son front indiquaient qu'il n'était pas de bonne humeur.
- Désolé pour l'attente, s'excusa le blond.
Il se tourna vers la fenêtre.
De son Haki, Ann le sentait en train de jouer avec son akuma no mi.
Elle serra les dents en sentant des filaments se resserrer un peu plus sur sa chair, autour de ses jambes.
- Le Colisée est toujours un grand succès, dit Doflamingo. C'est grâce à toi, Diamante.
- Qu'est-ce que tu me chantes ? fit l'homme sur le fauteuil de Carreau. C'est une des graines plantées par ton charisme en tant que Roi.
- Tu te trompes. C'est ton talent.
Doflamingo s'avança vers l'homme.
- Arrête, traiter les gens comme s'ils étaient le héros du Colisée...
- Tu es le héro du Colisée, réfuta Doflamingo.
- Arrête de dire des trucs pareils...
- Dans ce cas, j'arrête, assura Doflamingo en se redressant.
- Si tu insistes tant, je l'admet ! fit Diamante. Oui, le fais est que je suis le héros du Colisée.
Doflamingo regarda alors vers Ann. Ses doigts bougèrent mais la jeune femme ne montra aucune réaction quand le tissu de son pantalon se déchira et que le sang commença à couler sur ses jambes
- S'il apprend qu'elle est ici, Mugiwara no Luffy essayera sûrement de la délivrer. Les alliances, si on s'intéresse à l'envers du décor, deviennent une entrave.
Doflamingo revint vers Diamante.
- Diamante, j'aimerais te la confier. Attention, on ne fait pas joujou avec elle avant qu'on ait mis la main sur ces blancs-becs.
- Matte, Doffy, c'est impossible pour moi.
- Iie. J'aimerais te la confier. Voici les clefs de ses chaînes et de son collier.
- Arrête de traiter des gens comme des génies...
- Iie. Il n'y a qu'un génie comme toi qui puisse le faire.
- Arrête, j'te dis, de raconter des trucs pareils.
- Jaaa, dans ce cas, j'arrête.
Et Doflamingo se redressa, refermant ses mains sur les clefs.
- Si tu insistes à ce point, je n'ai pas d'autres choix que de reconnaître que je suis un génie ! C'est exact ! Un déchet comme ce Mugiwara, je lui apprends les bonnes manières comme je veux !
Cela fit rire Doflamingo.
- Voilà qui est rassurant. Il devrait pas pouvoir ignorer ça. La liberté et la vie de sa seule et unique sœur. Il ne pourra pas supporter de la savoir en danger, après tout !
Il allait partir dans son rire de grand méchant quand Ann le devança.
Elle était morte de rire. C'était la pire connerie qui soit.
Les quatre hommes la regardèrent avec perplexité.
- Vous croyez vraiment que vous y arriverez ! Ahahahahahah ! Doffy, voyons ! Nous serons trois de tes pires ennemis dans la place ! Tu crois vraiment pouvoir réussir à survivre à cette combinaison... surtout que...
Le sourire d'Ann devint énorme, foldingue et effrayant.
- Tu n'as aucune chance de pouvoir rester sur pied, avec l'Enfer de Dawn dans la place.
