Bonsoir à tous !

Ce chapitre été en partie fait depuis... je dirais quatre cinq mois, si ce n'est plus. Il me manquait juste les passages de Dressrosa pour le compléter.

C'est une grosse pièce, de mon point de vue, et j'espère qu'elle vous plaira.

Je voudrais aussi rassurer les lecteurs de la fic de Sabo qu'Evanae est toujours vivante (et viii !)! Elle ne nous a pas oubliés, elle reviendra quand elle le pourra, alors, encore un peu de patience !

Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée, une bonne lecture et je vous remercie pour vos reviews.


Dragon avança calmement entre la haie des commandants. Il en compta quinze.

Le Yonkou avait sonné le rappel des troupes.

- Marco, salua Dragon. Je me sens presque honoré de voir que tu as jugé utile de rappeler toutes tes flottes pour me recevoir… quoique je ne vois pas ton second, le plus que fameux Portgas D. Ace.

- Qui a dit que c'était pour toi que j'ai rappelé mes hommes ? Pour un révolutionnaire, tu es mal informé, yoi. Tu sauras que j'ai sonné ce rappel il y a trois semaines, avant qu'on ne convienne d'un rendez-vous. Quant à Ace, il a demandé à partir de son côté pour éclaircir quelque chose qui s'est pointé dans la dernière mission de sa flotte, yoi. S'il avait été là, je ne t'aurai pas reçu.

Dragon tira le tonneau de saké pour le placer à côté de lui, bien en vue de tout le monde.

- En quel honneur ? J'aurai été ravi de le rencontrer en personne, surtout après son appel de l'autre fois.

- Je ne suis pas un idiot, Dragon. Toi et moi jouons à ce jeu depuis trop longtemps pour ne pas savoir comment ça marche. S'il devait t'arriver quelque chose sur ce navire, même s'il serait plus question d'une affaire de famille qu'autre chose, cela enclencherait un conflit entre tes hommes, et mes frères, yoi.

- Que de sagesse de vouloir éviter un conflit.

- J'ai d'autres sujets d'inquiétude et mes frères et sœurs passent leur temps à se plaindre de la paperasse. Ta mort causerait une augmentation considérable de ladite paperasse.
Un léger rire parcourut les rangs des Commandants, ceux qui se plaignaient généralement de la paperasse.

- Et si nous en venions aux faits, yoi ? s'enquit Marco.

- Quelle est ta vision du monde, Marco ?

Marco haussa des épaules.

- Le monde est pourri. Je le sais depuis que je suis gosse, yoi. Trop des miens se réveillent encore en hurlant la nuit à cause de lui…

Il ne précisa pas qu'il faisait partie de ceux qui se réveiller en hurlant, bien qu'à cette pensée, la peau de son dos commença à le brûler, mais il l'ignora. Psychologique, rien de plus.

- Mais ce n'est pas mon rôle de le changer, yoi, reprit le pirate. La vengeance peut se montrer très sucrée, après coup, mais elle n'est pas notre but principal. Nous sommes libres, nous ne répondons qu'aux lois que nous avons instaurées à bord avec l'accord de tous. Frey, paix à son âme, l'avait très bien explicité de son vivant. Kennichi, peux-tu me faire la citation ?

Kennichi eut un sourire en se rappelant des paroles de son oncle et les récita de tête :

- « Le monde nous a torturé et rejeté. Soit. Tant pis pour lui. Nous nous remplirons les poches sur son dos et vivrons comme nous le voulons. Nous serons heureux, en dépit de lui, et ce n'est pas grave si ça lui déplaît. »

- Merci, Kennichi.

- Au plaisir, Nii-san.

Marco regarda de nouveau Dragon.

- Pas la moindre ambition ? Un homme de ton envergure doit bien en avoir, fit Dragon. Je te propose une alliance pour changer le monde, c'est pour ça que je suis ici.

- Je n'en ai rien à battre du monde, yoi. Qu'il change ou pas, ça n'a pas d'importance. Et je pense que c'est la seule chose sur laquelle Akagami, Big Mum, Kaidou et moi sommes d'accord. Va les voir, si tu as du temps à perdre. Akagami te tranchera la gorge pour ton inaction dans l'affaire d'Impel Down. Big Mum sera presque tentée de t'avaler sur place. Et si Kaidou accepte, ce sera pour te poignarder dans le dos en suivant. On n'a pas l'intention de changer le système, yoi.

- Nous avons pourtant des ambitions de Liberté semblables !

- Non, j'en doute. On n'a pas la même conception de ce que l'on attend de la vie, yoi. Le simple fait que ce soit nous, pirates et pas toi ou tes amis révolutionnaires qui ont sorti Sabo d'Impel Down n'en est qu'une marque de plus.

Vista se racla la gorge pour cacher son envie de rire. Oui, Marco ! Vas-y ! Frotte la blessure avec du papier de verre ! Rappelle-lui qui a fait la plus grosse partie du boulot !

- Joue franc jeu, Dragon, tu n'es pas ici pour ça, intima Marco.

- Pourquoi serais-je venu, dans le cas contraire ?

- Tu veux le contrôle, et pour ça, tu as besoin d'informations, de moyens de pression. Dès que j'ai su le lien entre toi et Ace, j'ai étudié tes actes. Sabo a été bien formé. Rayleigh a fait un très bon travail, yoi. Pas étonnant venant de celui qui a formé Shanks. Tu as essayé de le contrôler. Puis, une information en or massif t'est tombée dans l'assiette. Il est le frère de saké de Luffy, yoi. Pour vous, Révolutionnaires, ça ne veut rien dire, mais c'est une vieille tradition pirate, tombée presque en désuétude, et ressortit seulement lors d'occasions extrêmement spéciales. La cérémonie est courte, et simple, mais pour un pirate, avoir un frère de saké, ça revient à presque à être né du même sang que son kyodai, yoi. Et tu as réalisé la puissance du lien entre Sabo et Luffy. Tu as réalisé que cet enfant que tu as abandonné de façon immonde, avait un potentiel d'utilité que tu n'avais pas vu au départ. Tu as cherché à manipuler Sabo, histoire de pouvoir te rapprocher de Luffy, n'est-ce pas ?

- Beaucoup de présomptions de ta part, Yonkou.

- Je n'ai pas fini ma petite histoire.

Marco croisa les bras sur sa poitrine, toujours assis sur la rambarde intérieure.

- Tu as réalisé que Sabo ne te laisserait pas faire. C'est à cette période, je pense, que tu as saisi qui l'avait formé. Silver Rayleigh. Ce gosse avait tout ce qu'il fallait, yoi. La puissance et le savoir transmis par l'ancien bras-droit de Roger, mais aussi des sources internes sur le comportement d'une certaine couche de la noblesse. Il aurait fait un parfait pantin. Alors, tu as essayé de te l'approprier un peu plus, de le contrôler, au point de t'assurer qu'il serait incapable de danser autre part que dans le creux de ta main. Et pour ça, tu avais besoin de faire pression sur lui, yoi. Quoi de mieux qu'un petit frère, hein ? Tu as d'abord tenté d'approcher Luffy à Loguetown, mais Smoker a foutu en l'air les choses. Tu te disais que tu pourrais tenter un autre moment, durant sa montée vers Shabaody, mais un autre souci s'est présenté, et celui-là, tu ne l'avais pas prévu.

Marco leva une main avec juste deux doigts tendus.

- Les deux jeunes n'étaient pas seuls, yoi.

Il leva un autre doigt.

- Portgas D. Ace, né Gol. Unique descendance mâle de Gol D. Roger, le précédent Kaizoku Ou. Le Kaizoku Ouji, yoi. Tu ne l'avais pas prévu dans ton équation de départ. Je sais que tu as essayé de prendre contact avec Luffy à Alabasta, j'ai vu plus d'un révolutionnaire là-bas avec sa prime. Tes hommes sont très imprudents de laisser leurs ordres traîner ainsi. Si ça avait été Ace qui avait découvert ça, ça ne se serait pas passé aussi bien pour eux, yoi. Le fait est qu'avec Ace et moi dans les environs, ils n'ont pas osé se manifester. Ça a recommencé à Jaya. Cette fois, Ace les a interceptés avant qu'ils n'entrent en contact avec Luffy… Tu sais maintenant pourquoi deux de tes hommes sont absents depuis tout ce temps. Leur corps a dû nourrir les kai-ô du coin.

Marco rebaissa son bras.

- Où que tu regardes, ils étaient bien entourés. D'autant plus que Rayleigh s'est manifesté… je crois d'ailleurs qu'il t'a laissé une sale balafre. Et si j'en juge la façon dont tu tiens ton bras, elle est encore douloureuse, yoi. Mauvaise idée de donner ainsi des signes de faiblesse à un potentiel ennemi, surtout quand celui-ci est en position dominante.

Dragon lâcha son bras, maudissant le tic qu'il avait développé.

- Je reprends ? Je reprends. Tu as eu enfin un rapport disant que Nico Robin avait rejoint Luffy. Il devenait encore plus important de pouvoir mettre sous ton contrôle cette fratrie, même si Ace ne semblait être qu'un gêneur dans cela. Puis, Impel Down est passé par là, et tes plans ont été chamboulés, outre un point positif, yoi. Nico Robin était désormais entre tes mains. Sauf qu'elle est une femme très têtue, et qu'elle sait qu'elle détient un pouvoir dangereux. C'est une chance que la seule chose qu'elle cherche, ce soit l'Histoire, et pas les armes. Et qu'elle soit tombée sur Luffy. C'est une jeune femme charmante et très intéressante, yoi. Et elle ne s'est pas laissée faire, à ton plus grand regret. Avec elle, tu aurais pu avoir les Armes Antiques, l'Histoire Oubliée, et avoir un certain contrôle sur Luffy.

- Pas d'pot ! commenta quelqu'un.

Marco se leva et marcha vers Dragon, le dépassant à pas lent, tout en parlant :

- Impel Down t'a fait réaliser la puissance des liens de cette famille qui s'est construite envers et contre tout. Cette famille dont tu refuses de voir la validité, en rappelant encore et toujours à Sabo son origine noble. J'ai vu assez de nobles dans ma vie pour savoir qu'il n'en est pas un, yoi. Avec Marine Ford, tu as dû recalculer tes plans. D'un côté, on disait qu'Hanran était mort, et de l'autre, un nouveau joueur venait de faire apparition. Gol D. Ann.

- Je ne crois pas à son existence.

- A toi de voir…

- Elle est assez réelle pour être plus que vocale quand Marco la fait grimper au rideau, souffla Haruta à Jozu qui secoua la tête avec amusement.

- Haruta… gronda gentiment Marco. Tu veux que je parle de ce que tu fais avec Ben-kun, peut-être ?

Haruta fit mine de se coudre la bouche, laissant Marco reprendre son histoire :

- Et enfin, Sabo est revenu, métamorphosé. Un garçon qui avait pris en compte ses erreurs. Un ange déchu qui revenait de l'enfer. Si je n'étais pas moi-même le Phénix, je me serais demandé si ce n'était pas lui, yoi. Je l'ai vu de mes yeux guérir de son mieux, l'implication de Ace a aidé son frère à se relever, à avancer, à redevenir ce qu'il avait toujours été. Un jeune homme plus qu'admirable.

Marco prit une pose pensive.

- Izou, message pour Sabo, je te prie, fit Marco en allant à la rencontre de l'okama.

- Je t'écoute, assura le commandant.

- S'il se retrouve au chômage, je suis prêt à concevoir une nouvelle flotte et à l'en nommer Commandant. Il a tout ce qu'il faut pour faire un parfait pirate, yoi.

- Je ferai passer le message, assura Izou.

Marco se tourna de nouveau vers Dragon qui le fixer sans la moindre expression.

- Plus le temps passe, plus tu réalises que les garçons sont bien protégés. Shanks les voit comme ses petits frères ; Oyaji voyait Sabo et Luffy comme des fils, sans qu'ils aient besoin d'être des nôtres. Même Boa Hancock et les Kuja sont de leur côté. Sans compter Rayleigh. Et ce sont nos frères, yoi. Je sais pourquoi tu es ici, aujourd'hui, et ce n'est pas pour une quelconque alliance. Tu peux abuser qui tu veux avec tes bonnes paroles, mais je joue à ce jeu depuis plus longtemps que toi.

Marco se planta devant Dragon.

- Tu veux les secrets des Roger Kaizoku, la puissance et la jeunesse de ces gosses. Mais surtout, le potentiel du D. de Luffy… peut-être que tu cherches aussi celui d'Ace. Ce potentiel éveillé, n'est-ce pas, yoi ? Tu te dis que le Grey Terminal a dû le faire, et qu'ils seront parfaits pour te servir de jouer. La différence entre toi et moi, Dragon, c'est que je pense accorder plus de valeur que toi à la vie humaine, yoi.

- Étonnant d'entendre ça de la bouche d'un pirate.
Marco retourna vers la rambarde et cita des noms :

- Mathieu, Conor, Hendrix, Marti, Houssin, Kasha, Ramo, José, Pierre, Takeshi, Houdini, Cinthya, Mara, Karin, Yumi…

Marco se tourna de nouveau vers Dragon.

- La liste est encore longue, elle s'étend sur pas mal d'années, yoi. Je pense qu'après tout ce temps, si j'arrive à me rappeler encore du nom de la plupart de ceux que j'ai tués, c'est un bon signe. Peux-tu prétendre en faire autant ?

Marco posa une main sur la hanche, un pouce à sa ceinture. Dragon perçut du coin de l'œil le mouvement des pirates pour garder leurs armes à portée de main.

- J'étais là, tu sais…

- Quand ? Où ? s'enquit Dragon.

- Une stupide rencontre avec ton père. Sur un port. Il était torché et pleurait. Il était même plus capable de réaliser qu'il était en train de chialer toutes les larmes de son corps sur l'épaule de Roger. Tout ce que j'ai compris ce jour-là, c'est que son fils unique était devenu révolutionnaire. Je n'ai pas fait le lien avant qu'Ace ne me parle de toi, yoi. C'est étrange, mais à une époque, j'avais pitié de toi. Garp pour père, ce ne devait pas être la joie tous les jours, cinglé comme il est. Mais en voyant la haine dans les yeux d'Ace quand il racontait la façon dont tu avais abandonné ton propre fils… je me suis dit que tu n'avais pas assez subi le vieil homme, yoi.

- Avoir un enfant sur les bras n'est pas conseillé quand on a une prime sur le crâne.

- Oui, j'ai cru comprendre à cette époque que tu le voyais comme un talon d'Achille. C'est encore une différence entre toi et moi. Car vois-tu, si Davy Jones me faisait la surprise d'offrir un ou des enfants à mon couple, ce n'est pas ma prime et la peur pour ma vie qui fera que je les enverrais au type le plus dingue de la Grand Line, yoi.

Marco tira un flingue de sa ceinture, dans son dos, et pointa le canon entre les deux yeux de Dragon.
- Je serais prêt à me salir encore plus les mains pour m'assurer qu'ils aient une belle vie, envers et contre tout. Thatch. Le tonneau, je te prie.

Thatch s'avança et prit le tonneau.

- Tu veux qu'on le garde ? demanda son frère.

- Fais-en ce que tu veux, mais je ne veux rien de cet homme, yoi.

Un sourire étira les lèvres de Thatch. Il tira une de ses épées et ouvrit d'un coup de lame le tonneau, avant de le prendre à plein bras.

- Tu as fini ? s'enquit-il.

Marco rangea son arme et retourna s'asseoir.

- Il est à toi.

- Très bien, Dragon-chan. Tu as… une minute pour dégager. Sinon, je te douche avec ce saké. En plus d'être trempé avec la pluie, tu auras de l'alcool sur le dos. Kingdew, tu nous fais le compte à rebours ?

- Soixante, cinquante-neuf… décompta Kingdew.

- Ceci est mon avertissement personnel, Dragon. Approche-toi de mes îles, et je considérerai que tu me veux la guerre. Fais souffrir Ace, Sabo ou Luffy… Et même Davy Jones ne te sauvera pas de ma colère, yoi. Hors de ma vue.

- Dommage, ça aurait été une alliance fructueuse, regretta Dragon.

- Reste plus longtemps sur ce pont, et je demande à Thatch de te jeter le saké sur la tête avant la fin de la minute, avec une lame dans les entrailles en prime.

Dragon eut un soupir et quitta le navire. Sur le départ, il s'arrêta et se retourna vers Marco en prenant bien soin de regarder attentivement tous les pirates rassemblés, avant de regarder le capitaine.

- Tu as fait un très bon boulot pour garder cet équipage aussi fort et soudé, malgré la regrettable mort de Newgate. Mais si j'étais toi, je ferai attention. Tu ne sais pas tout de ta famille. Et ce que tu ignores pourrait te coûter cher.

Une balle frôla l'oreille de Dragon et tout le monde vit clairement Marco prendre son temps pour souffler la fumée du canon de son pistolet, avant de viser de nouveau, cette fois, un point entre les deux yeux du D.

- Je sais plus que tu ne le crois, yoi. Maintenant, casse-toi, avant que je ne me fâche sérieusement.

- Nous nous reverrons un jour, lui dit Dragon.

Et il s'en alla enfin. Bientôt, le navire des révolutionnaires prit le large, et la tension redescendit.

- Barrons-nous d'ici, demanda Marco.

- Tout le monde à son poste ! Hissez les voiles, levez l'ancre !

C'était une bonne chose de faite. Maintenant, il ne restait plus que retrouver Ace et tout irait pour le mieux. Marco se massa les tempes. Il devait régler le problème d'Edessa avant que les choses ne s'enveniment. C'était une priorité à présent.


- Ce n'était pas prudent… dit Sabo à Ann alors qu'ils étaient en pleine chute après la disparition du ring.

- J'ai passé des jours entiers avec du kairoseki. Tu m'excuseras mais j'avais les flammes juste sous la peau qui n'attendaient que ça.

Ils atterrirent sur un toit, sous le ring. Très bizarre.

Juste sous un beau filet d'eau.

Ann vacilla pour se faire rattraper par la collègue de Sabo. La brune se dégagea et prit le bô de son frère pour s'appuyer dessus et avancer.

- Je peux t'aider, Ann-san, lui dit Koala.

Ann lui lança un regard argenté.

- Il n'y a que deux choses qui font que tu es encore debout et indemne. Sabo et l'affection de Jimbe pour toi. Ne pousse pas ta chance, je vous hais tous, à l'exception de la bande d'Ivankov et bien entendu Sabo.

Elle s'ébroua comme un chien et sauta plus bas, espérant ne plus se retrouver sous de l'eau.

- On parlait bien de la haine de ta famille pour notre groupe, mais j'imaginais pas à ce point, nota ironiquement Koala.

- T'as pas idée. Allons-y, avant qu'elle ne fasse une connerie, maintenant qu'elle est dans la nature, sourit Sabo avec affection.

Et il suivit la marche.

Ann tomba plus bas sous le ring, atterrissant sur le géant qui brandissait toujours Usopp, avant de sauter plus loin, après être certaine que son frère suivait.

- Ann ! Tu peux me faire confiance, juste le temps d'une discussion ? s'enquit Sabo alors qu'ils atterrissaient sur un toit. Oui, je sais ce que tu penses, pas la peine de me faire ton regard de tueur, mais j'en ai besoin, juste pour un instant.

Ann eut un grognement, montrant qu'elle n'appréciait guère ce qui allait se passer, mais laissa les révolutionnaires passer devant et suivit la route.

Ils atterrirent devant un gyojin en kimono.

« Le fameux Hack » reconnut Ann.

Elle se mit exprès en retrait.

Ne pas se laisser tenter.

Voir des révolutionnaires lui donnait des envies de meurtre. Elle avait tenu jusqu'à présent, elle ne pouvait pas se permettre de céder.

Elle ignora la conversation entre Koala et Hack, avec le Gyojin cachant sa main blessée.
Quand il dit avoir fait une mauvaise chute, elle eut un reniflement sarcastique.
Koala et Hack la regardèrent.

- Quoi ? leur demanda-t-elle. J'avais rien de mieux à faire que de suivre les matchs avec mon Haki. J'vous jure. Tss.

Et elle reprit son sac que lui lança Sabo et partit dedans à la recherche de matos de premier secours. Elle en avait toujours sur elle, pour les fois où elle se poussait à bout. Elle se retira d'un geste négligeant le collier à son cou qui explosa, bien sûr et se massa la nuque. Elle respirait mieux pour le coup. Elle prit une chemise propre et un pantalon dans ses affaires. C'étaient ses affaires d'homme, mais tant pis. Ses fringues tombaient en lambeaux après les jeux de Doflamingo.
Elle releva la tête quand Sabo vint s'accroupir devant elle, inquiet.

- Tout va bien ?

- Plus de peur, que de mal, assura Ann avec un sourire.

- Quand je vois ton état, j'ai un peu de mal à te croire.

- On m'a frappé, entaillé, fait à moitié crever de faim et de soif, mais rien de plus. Luffy et toi m'avez sauvé de ça, et de choses pires qui auraient pu m'arriver. Merci d'être venu me tirer le cul de ce merdier.

Sabo sourit.

- On est une famille.

Leur petit moment se brisa quand Bartolomeo débarqua en courant, appelant son sempai.

- Qui êtes-vous vraiment ? demanda Rebecca une nouvelle fois à Sabo.

- Maaa, il existe encore des personnes qui ne te connaissent pas, frérot ? taquina Ann. Je reviens, je vais me changer.

Sabo leva un sourcil en la voyant s'éloigner. Ann savait pourquoi et lui dit avec un petit rire :

- J'ai finalement appris ce qu'était la pudeur à Teotihuacan, Tenshi ! Une femme ne se change pas devant des hommes !

Et elle se fourra dans une allée, cherchant un coin pour se changer tranquillement, entendant clairement son frère crier au miracle.

Elle s'appliqua quelques soins, se mit deux trois pansements, et se changea rapidement, mettant sa tenue d'hiver. Elle noua la chemise au-dessus de son nombril et retroussa un peu ses manches très larges. C'est dingue comme sa carrure pouvait changer quand elle passait d'un sexe à un autre.
Elle prit son denden de son sac et le regarda. Vu les yeux noirs que l'escargophone lui faisait, elle devait avoir pas mal de messages, et pas que des déclarations d'amour.

- J'écouterai les messages plus tard. Mets-moi en communication avec Marco.
Le denden obtempéra et bientôt, la voix de Lilith se fit entendre.

« Ici le Moby Dick, qui est en ligne ? »

- Lilith-san ? C'est Ann… Marco est par là ? J'aimerais pouvoir lui parler rapidement, j'ai vraiment pas beaucoup de temps.

« Oh, bien sûr. Contente de te savoir toujours en vie. Je vais lui apporter le denden. »
- Merci.

Elle entendit distinctement Lilith prendre le denden puis ouvrir une porte, avant de frapper à une seconde à quelques instants d'intervalle. Le nombre de pas qu'avait fait la blonde renseigna immédiatement sur là où était Marco : cabine.

« Marco ! Denden pour toi. »

La porte s'ouvrit et le denden changea de main avec un remerciement soufflé. Ann attendit patiemment que le denden soit posé sur la table et que Marco s'installe pour parler :

- Ichibantai taisho au rapport, senshô.

Il eut un long silence, suivi d'une profonde inspiration puis expiration.

« Putain Ace… »

Ces deux mots, Ann comprit tout ce qu'il y avait derrière. L'air épuisé, nerveux et larmoyant de son amant via le denden lui disait le reste. Le léger tremblement de sa voix et la note indéniable de soulagement. Marco avait eu peur et se faisait un sang d'encre pas possible en plus de se surmener.

- Je suis vraiment désolé. J'ai outrepassé mes droits de commandant et ça m'a apporté des emmerdes. Je suis inexcusable et j'accepterai toutes les punitions et remontrances qui me tomberont sur le crâne quand je rentrerai.

« Ce n'est pas ma priorité pour l'instant. Tu vas bien, yoi ? Ce connard ne t'a pas fait de mal ? »

- Coups et blessures. Quelques kilos de perdus. Rien que je n'ai pas déjà connu. On est en famille. Tout ira bien. Dressrosa ne se relèvera pas de l'Enfer de Dawn.

Marco eut un pauvre rire, avant de devenir plus grave.

« Dragon est passé. Il faut qu'on fasse quelque chose pour ton frère et Edessa, yoi. Il a essayé de l'utiliser contre nous. Il est reparti bredouille, mais il réessaiera certainement, yoi. »

- Tu peux te charger d'Edessa ? Tu as toujours les bons mots pour qu'on s'ouvre à toi. Je me chargerai de rapatrier Sabo.

« Très bien. Sois prudent et rentre vite, yoi. Tu nous manques à tous. Particulièrement à la Red Line et moi. »

Ann eut un sourire tremblant.

- Si j'ai tenu tête aussi longtemps, c'est parce que je pensais à vous trois à chaque instant. Embrasse-les pour moi. Et repose-toi. Je t'aime.

« Moi aussi je t'aime. »

Ann raccrocha le denden et souffla profondément en essuyant son début de larmes.

Bon, maintenant, il ne restait plus qu'à sortir de cette mouise.

Elle rangea ses affaires et rejoignit le groupe à temps pour voir Koala coiffer son frère de son chapeau noir en disant qu'il faisait lui aussi des choses imprudentes.

- Honto ? s'étonna naïvement Sabo.

- Ji-chan doit avoir la liste complète de tout ce qui peut être caractérisé comme imprudent et que tu as fait, en plus de continuer de faire, lui dit Ann.

Sabo lui envoya son chapeau noir comme un frisbee. Ann attrapa son stetson et l'enfonça sur son crâne, masquant ses yeux légèrement rouges suite à sa conversation avec Marco.

- Fedora ou stetson ? s'enquit Sabo avec un petit rire.

- Cette dispute date de trop loin pour que tu poses encore la question. Stetson.

- Le fait est que moi, contrairement à la catégorie des D., j'utilise mon cerveau avant d'agir, sourit Sabo d'un air malicieux.

- De quoi ? Toi tu réfléchis ? lui dit Koala d'un air abasourdi.

- Par rapport à celle-ci ou Luffy ? Largement plus. Ann, fais plaisir à ton frère et avoue que tu as agi sur un coup de tête pour t'être retrouvée ici.

- Disons qu'une chose que j'ai gagnée à Teotihuacan m'a en effet fait agir sur un coup de tête. Si tu avais été dans ma position, tu en aurais fait de même, lui annonça Ann en redressant son chapeau pour regarder d'un air entendu Sabo.

- Je sais pas tout de cette affaire, loin de là. Si tu as quelque chose à me dire, je suis à ton écoute, assura Sabo.

Ann haussa des épaules et arrangea son sac sur son épaule. Elle reçut son arme quand Sabo la lui lança et lui renvoya la sienne.

- Cela n'est plus nécessaire. J'ai réussi à persuader Kemuri-chan d'aller jeter un œil sur ce qui m'a fait déplacer, pendant que je voulais attaquer le haut de la pyramide. Je ne m'attendais pas à l'intervention de Luffy, mais maintenant, je suis en paix.

- Juste une question, s'enquit Rebecca. Qu'est-ce qui amène l'Armée Révolutionnaire dans ce pays, avec la Kaizoku Hime ?

- Le Flamant Rose protège un scientifique déchu qui faisait des expériences sur des enfants à Punk Hazard, annonça Ann. Je suis peut-être une pirate, mais je ne tolère pas qu'on touche à des enfants.
Sabo blanchit.

- Des gosses !? Les Louveteaux nous ont rien dit sur le sujet, ne, Koala ?!

- Pas que je sache, lui dit son amie.

- Donc, tu as envoyé Smoker à Punk Hazard, fit Sabo.

- Hun. Il y a trouvé Luffy et Law. César est hors d'état de nuire. Law a… pour le citer… brisé l'engrenage. De mon côté, j'ai tenté de viser le haut de la pyramide.

Elle ramassa son Striker que Sabo avait appuyé à un mur et se le mit à l'épaule.

- Ma chance a tourné. J'ai piqué du nez dans mon assiette en arrivant ici. Je me suis réveillé suspendu par les poignets devant Doffy. Fin de l'histoire. Et toi ? Si tu ne savais pas pour les gosses, tu es ici pour quoi ?

- Hack… montre-lui.

Hack haussa des épaules et alla donner un bon coup de poing dans une caisse, dévoilant un stock assez impressionnant d'armes. Ann s'approcha et les observa.

- Mais ce sont… souffla Rebecca.

- Les armes exportées depuis ce port aggrave les guerres un peu partout dans le monde, annonça Sabo, son arme sur l'épaule. Nous sommes ici pour y mettre un terme.
- J'ai déjà vu ses armes. Whitey en a déposé une caisse pleine sur le Moby Dick pour les montrer à Doma et Marco, nota Ann. C'est pour ça d'ailleurs qu'Ace est parti en mission récemment.

Koala ouvrit son carnet et annonça :

- L'Armée Révolutionnaire a déjà envoyé plusieurs hommes mener l'enquête, mais vu qu'ils ont tous été transformés en jouet, on n'a jamais pu de réponse franche sur ce port.

- J'ai pris l'affaire en main à la suite de la mort de Sorasa. Mort qui m'a valu une promotion en rang direct sous le lézard géant, grommela Sabo.

- J'en ai profité pour appeler Marco. Ton lézard géant de salopard de patron vient de quitter le Moby Dick. Bredouille. Je suis assez surprise qu'il ait pu le faire sur ses deux jambes. Après, ni Ace, ni moi n'étions là pour lui tomber sur le dos.

- J'ai essayé de le dissuader, je te promets, se défendit Sabo.
Ann leva un sourcil, perplexe.

- Je ne t'accuse de rien ! Ne te sens pas agressé. Zen, Sab'… tout va bien. Tu as besoin de vacances.

- On se tue à lui dire, annonça Hack. Mais monsieur n'en fait qu'à sa tête.

- Eh bien ! Tu vas venir avec moi en partant ! sourit largement Ann.

Sabo leva un sourcil perplexe. Il n'aimait pas le sourire de sa sœur.

- Tu n'as tout de même pas oublié l'anniversaire de Cassandra, mon cher frère…

Sabo vira au blanc.

Ann eut un petit rire démoniaque. L'anniversaire de Cassandra était peut-être une excuse pour mettre dans la même pièce Sabo et Edessa, mais elle adorait faire tourner en bourrique son petit frère.

- Parlons de l'affaire du moment, fit Hack. Les armes ne sont pas fabriquées ici. Pas de ce que j'ai vu en tout cas.

- Des usines possibles, on peut en trouver des tas, surtout dans le Shin Sekai, marmonna Ann.

- Koala !

Ann tourna la tête pour voir Robin arriver. Koala se jeta sur elle, apparemment contente de la voir. Elle salua tout le monde et regarda Ann.

- Coupe courte ? Les cheveux longs vont mieux à une femme, Ann. Un plaisir de te revoir, merci encore pour l'aide que tu nous as apportée et ton soutien moral à distance.

Ann tira sur son chapeau pour tout commentaire avec un sourire.

- Sabo… tu as osé ne pas me dire l'addition que tu as dû faire sur ton cv, gronda gentiment l'archéologue.

- C'est une expérience que je ne veux surtout pas revivre. Sans vouloir te vexer, Ann. Tu as bien failli me briser les doigts, et je suis certain que Ji-chan t'aurait lavé la langue avec de la javel s'il avait entendu la moitié des noms d'oiseaux que tu m'as balancé à la figure.

- Tu n'as rien vécu, Sabo, alors ne te plains pas. C'est moi qui ai souffert dans l'histoire. Enfin, laissons-là ce sujet.


Patrick fut bousculé sauvagement par la carrure famélique de Haiiro dans le couloir.

- Oi, qu'est-ce qu'y t'arrive ?

- Rien !

Patrick la rattrapa en faisant demi-tour et lui coupa la route.

- On se connaît depuis un bon bout de temps, Kali. Assez pour que je puisse prétendre avoir assisté Ace et Chris à t'aider à redevenir clean quand on t'a prise à bord. Dis-moi où est le problème, tu sais très bien que tu peux tout me dire.

La brune essaya de reprendre son calme. Difficile à faire. Elle partageait sa colère et sa frustration et une certaine douleur avec ceux autour d'elle... qui s'en seraient bien passés. Et en retour, elle ressentait de nouveau ces émotions, dans un cercle vicieux. Elle modifiait les émotions des gens autour d'elle, et elle percevait le changement qui n'améliorait pas son humeur. Etc.

- Edessa, finit par dire la pirate avec difficulté.

- Et ? insista Patrick.

- On s'est disputées. J'ai essayé de lui faire comprendre qu'elle n'était pas le centre du monde et qu'elle n'était pas la seule à avoir un passé chiant qu'on voudrait pouvoir effacer.

- Tu sais que...

- Je sais oui, si j'ai besoin d'en parler, tu es prêt à m'entendre. Fais juste entendre raison à Edessa pour l'instant.

- Marco-san va s'en charger, je pense. Il veut la voir.

Kali eut un grognement.

- Et ça va encore me retomber sur la gueule avec mademoiselle qui m'accusera d'avoir cafeté, alors qu'elle pense vraiment que les gens autour d'elle sont aveugles.

Patrick eut un petit rire.

- On se doute tous plus ou moins de ce qu'elle cache. Ace était plus doué pour cacher sa double vie, qu'elle qui n'arrive pas à étouffer son passé. Je vais aller la chercher. Va voir Chris, il garde une bouteille de lait juste pour toi, mais ne te fait pas chopper par les infirmières.

Le regard reconnaissant et la fougue avec laquelle la brune remonta le navire à la recherche de l'ancien médecin de bord des Spades tirèrent un sourire à Patrick. Ils avaient vraiment besoin d'Ace. Il savait y faire avec leur flotte, parce qu'Edwin allait finir par étrangler Edessa sous la frustration. Si Marco ne pouvait rien faire, il n'y aurait que leur commandant pour faire entendre raison à la fille.

Patrick se dirigea vers le dortoir des femmes et y frappa, avant de s'appuyer contre le mur à côté de la porte, histoire de ne pas se faire tuer pour être accusé d'espionner les filles.

- Qui que ce soit, il peut entrer ! lança Edessa de l'intérieur du dortoir.

Patrick ouvrit la porte et entra dans la pièce. Edessa était dans son hamac, un peu plus loin, faisant des marionnettes avec des chaussettes dépareillées pour les jumeaux.

- Yop ! Le senshô voudrait te parler et récupérer ses gosses, annonça Patrick avec un grand sourire.

Il se figea un instant, l'air pensif, avant de dire :

- A moins qu'il veuille reprendre ses gosses, puis te parler... je sais plus dans quel ordre.
Edessa le regarda d'un air perplexe, se demandant ce qu'avait fumé son supérieur pour être comme ça.

- Maaa, peu importe. Besoin d'aide pour monter les jumeaux jusqu'à leur père ?
Edessa fit un geste pour prendre Lina avant que Patrick ne lui pointe quelque chose du doigt.

- Je doute que ce soit pratique, avec des chaussettes dans les mains, de monter les échelons.

La jeune femme piqua un fard et retira les chaussettes de ses mains pendant que Patrick prenait Red dans ses bras. Le gosse tenta de prendre le large immédiatement en grognant et essayant de le mordre avec les quelques dents qu'il commençait à avoir.

- Ce gosse est pire que sa mère… grommela Patrick en essayant de ne pas laisser le gamin tomber.

- Sois content qu'Ace ne soit pas rentré… marmonna Edessa. Marco-san est où ? Sa cabine ou la chambre des jumeaux ?

- Cabine, au denden avec Ace, justement. Il est sur le chemin du retour avec ton fiancé. Semblerait que pendant que l'on recevait Dragon, les emmerdes d'Ace se soient réglées.

Patrick nota le silence et la tristesse d'Edessa. Hum. Il devrait en parler à son supérieur. Connaissant Ace, la méthode serait radicale et originale. Avec Edessa, il sortit du dortoir et remonta jusqu'au premier étage, tenant avec précaution Red contre lui, avant d'arriver à la cabine du capitaine.

La porte était ouverte, alors que Marco raccrochait le denden.

- Bonne nouvelle, Nii-san ?

Marco regarda les deux pirates devant lui. Les Spades avaient eu un peu de mal de passer du 'senshô' à 'Oyaji' en joignant l'équipage. Puis, quand Marco avait pris les commandes, beaucoup avait continué de l'appeler 'Taisho' par réflexe, enfin, ceux dont il n'était pas si proche que ça. C'était les Commandant qui avaient donné l'idée aux autres. Le bon vieux 'Nii-san' qui était utilisé par leurs hommes quand ils étaient un peu plus de cinquante Shirohige. C'était bizarre d'être appelé comme ça par des personnes parfois plus âgées que lui, mais il s'y était fait. Et si ça plaisait à l'équipage, ainsi soit-il.

- Très bonne, Patrick. Dans le sens que votre idiot de commandant revient à bord dans quelques jours, ce qui fait que les jumeaux n'auront plus à appeler en vain leur mère et que je vais pouvoir cesser de dormir seul en me rongeant les ongles jusqu'à l'épaule, yoi. Oh, et qu'on aura très certainement une occasion de se débarrasser définitivement de ce crétin de gosse qui prend plus de place qu'autre chose et que je donnerais cher pour tuer, si Ace ne s'y opposait pas, yoi.

Marco soupira profondément et se massa le visage.

- Je dirais plutôt que vous avez besoin de lâcher du lest, commenta Patrick.

- Dans le civil, on appellerait ça des vacances, pointa Edessa avec un petit rire.

- Je n'ai pas besoin de vacances, yoi.

Les deux pirates s'écartèrent l'un de l'autre pour ne pas se prendre dans la tête la chaise qui fila de l'infirmerie jusqu'à Marco… qui rattrapa la chaise, pour s'asseoir dessus comme si de rien n'était. Les deux autres reconnurent le 'harrumph' de Cassandra, mais ne firent aucun commentaire. Ce n'est pas parce que la femme marchait en talon aiguille et passait ses journées dans un uniforme digne d'un porno qu'elle ne pouvait pas botter le cul des commandants, les mains attachées dans le dos.

- Je te rends ton fils, Nii-san, Haiiro est de mauvaise humeur, donc, je vais voir s'il reste quoi que ce soit de Chris, annonça Patrick.

- Je pense qu'on l'a tous senti, sa mauvaise humeur, bien que la façon dont elle est passée devant la porte me dit qu'il y a du lait qui l'attend en bout de course, yoi. Va.

Marco arrangea son fils sur ses genoux et indiqua une chaise à Edessa. Patrick salua de la tête leur capitaine et s'en alla, fermant la porte derrière lui.

- Patrick m'a dit que vous vouliez me parler, Marco-san ? demanda Edessa, incertaine.

- Je ne t'ai pas déjà demandé d'arrêter de me vouvoyer ?

Le fait que la jeune femme rosisse lui indiqua que oui, il lui avait déjà dit. Elle n'était pas la seule, et sûrement pas la dernière à le faire.

- Je voulais en effet te voir. Tu sais que ce cher Dragon nous a rendu visite, raison pour laquelle j'ai demandé un ou une volontaire pour garder les jumeaux, yoi.

- Lilith-san a été plus que vexée que cela doive se jouer à la courte paille.

- J'ai déjà eu droit à sa façon bien personnelle de me dire qu'elle avait peu apprécié. Ce n'est ni la première fois, ni la seconde qu'une blonde me hurle dans les oreilles, yoi. Et certainement pas la dernière, mais j'ai de l'expérience dans le domaine. J'ai grandi avec Cassandra.

Edessa se demanda furtivement comment il avait fait pour survivre, mais ne vocalisa pas sa pensée.

- Je tiens tout d'abord à te remercier de m'avoir rendu ce service.

- C'est tout à fait normal, il est question de mes neveux, après tout. Mais ce n'est pas pour ça que vous m'avez fait venir.

Marco fronça les sourcils.

- Tu m'as fait venir, rectifia la brune à la hâte.

Mettre son capitaine en colère n'était pas sa liste de chose à faire, surtout sur une broutille pareille.

- Je pense être un homme assez patient…

- Une telle patience mérite d'être sanctifiée, c'est l'opinion de tout le monde à bord.

- Edessa...

- Désolée.

Marco eut un soupir.

- Je disais que je pense être patient. Je sais aussi que tout le monde à son histoire, son passé et qu'il n'a pas envie d'en parler. Et honnêtement, c'est leur problème. Les seuls gosses à bord sont les jumeaux, malgré le comportement de certaine personne que je ne nommerai pas...

Le regard suspicieux vers la cuisine, royaume de Thatch, disait exactement à qui il pensait. Il était le plus facile à localiser. Haruta avait tendance à se pointer là où on ne l'attendait jamais.

- … nous sommes tous des adultes, yoi. A moins qu'une personne vienne me voir volontairement pour en parler, je n'ai pas l'intention de me renseigner sur ce que faisaient les personnes sous mes ordres avant de joindre l'équipage, yoi.

Edessa baissa la tête, raide sur sa chaise. Bien, elle sentait où il voulait en venir.

- Néanmoins, ton cas est différent. Tu n'es pas la première dans cette situation à bord, ce mérite revient à Haruta, et tu ne seras pas la dernière, yoi. Tu as un passé très… collant, je dirais. Et il peut malheureusement être utilisé à mauvais escient si tu ne vides pas ton sac rapidement.

- Je ne peux pas… je sais ce que vous voulez, mais… vous allez me jeter…

Génial… voilà qu'elle essayait de pas pleurer.

- Désolé mon grand, murmura Marco en se levant.

Il posa Red sur le lit et alla s'agenouiller devant Edessa. Il lui releva le menton et lui essuya son début de larmes.

- Pourquoi ? Pourquoi tu crois que je vais te jeter, yoi ? Je te rappelle que si je n'avais pas un minimum de confiance en toi, tu aurais droit à un traitement comme celui de Liam, et j'aurai absolument refusé quand Ace a proposé que tu sois la marraine de Lina, yoi.

Il prit la jeune femme par les bras, la regardant dans les yeux.

- Je t'ai vu débarquer dans ce bar avec la seule et unique idée de sauver Sabo, l'homme que tu devais espionner ou je ne sais trop quoi, parce que les histoires entre la Marine et la Révolution, je m'en fiche, yoi. Si tu n'avais pas été sincère, tu n'aurais pas réagi ainsi. J'ai appris à te connaître, Edessa et même si ce que tu étais crevait les yeux tellement c'était évident, Oyaji a vu en toi le potentiel d'être une des nôtres. Et j'y ai cru. Tu l'as prouvé plus d'une fois, yoi. Tu as eu plus d'une opportunité de nous trahir, et je ne sais pas si tu les as simplement ignorées ou tout simplement pas vues. J'aurais laissé l'histoire là si Dragon n'avait pas envoyé son message ô combien subliminal.

- Kali m'a dit… marmonna Edessa.

- Raison de sa mauvaise humeur ? Je sais qu'elle est ta confidente, yoi. Regarde-moi.

Edessa osa tout juste croiser le regard océan de Marco.

- Tu es une des nôtres. On se soutient les uns les autres, peu importe ce qu'on faisait avant. Je n'ai pas l'intention de te jeter de cet équipage, à moins que tu commettes une faute si grave que tu trahirais ce qui nous garde tous unis à bord, yoi. Et rappelles-toi d'une chose, Edessa… c'est ma fille que tu as sur tes genoux. Ta filleule.

Edessa regarda la gamine qui l'observait de ses grands yeux cendre et onyx, sa main dans sa bouche et la pirate eut un pauvre sourire devant cette vue.

- Si vous savez déjà, pourquoi vous me demandez de le dire ? demanda Edessa en reniflant.

- Parce que j'ai besoin de détails, d'éléments. De bases concrètes sur lesquelles je puisse m'appuyer si un autre idiot se ramène pour remettre en cause ta fidélité à cet équipage. Je veux que tu me donnes des clefs, Edessa. Des clefs que toi seule possèdes. Des clefs qui me permettront de te protéger, toi, ma petite sœur, yoi. Autre chose… je te conseille de me parler maintenant. Ace demandera un rapport de la rencontre avec Dragon, et parce que c'est dans ton intérêt, tes frères et ta sœur de la première flotte risquent très fort de lui dire ce qu'il s'est passé avec toi. Et tu n'as pas envie qu'Ace t'interroge. Juste pour te donner une idée, je te rappellerai juste que c'est le filleul du Mei-Ô, et que si Rayleigh s'est calmé avec l'âge et le fait qu'il avait trois gosses à la maison, quand il était encore dans le milieu, je lui ai demandé plus d'une fois si sadique n'était pas son second prénom, yoi. Tout ça pour dire qu'il vaut mieux que tu me parles volontairement, plutôt que de devoir laisser Ace t'interroger. Choisis tes batailles, yoi. Tu n'as rien à perdre, si tu me parles. Si tu laisses Ace faire, il sera de mauvaise humeur et extrêmement vexé de devoir en arriver à cette extrémité pour pouvoir protéger un membre de sa flotte, sa sœur et sa futur belle-sœur…

Edessa eut un reniflement désabusé au dernier qualificatif.

- Je ne sais pas ce que toi et Sabo vous vous êtes dit. Ce que je sais, c'est que la dernière fois que vous vous êtes vus, vous n'étiez pas bien tous les deux, et qu'il était en colère. Dans cette situation, on parle souvent sans réfléchir. Et tu as lu tout aussi bien que moi à qui il a dédié son dernier livre, yoi, pointa Marco. Donc, si tu ne me parles pas, tu auras un Ace vexé, boudeur et blessé sur le dos. Pour avoir déjà vécu ça, je te déconseille cette option, yoi.

- Ne le saura-t-il pas tout autant si je vous parle à vous, et pas à lui ?

- Oh, tu pourras toujours lui parler, je te le conseille vivement, même si la priorité, c'est Sabo. Certes, il le prendra mal, mais moins que s'il devait t'arracher les mots de la bouche, yoi. Et je peux toujours arranger ça sur l'oreiller avec lui.

Marco eut un sourire en voyant qu'Edessa avait cessé de trembler et avait réussi à sourire un tout petit peu.

Il prit sa fille pour la déposer sur le lit avec son frère et s'assit dessus, attendant que la jeune femme parle.

Quand elle le fit enfin, Marco sentit un poids en moins sur ses épaules.

Une chose en moins dont il devait s'inquiéter.


Ann préférait bien faire comprendre à ce Bartolomeo que 1 : elle n'aimait pas qu'on l'appel Ann-hime /Hime-sama et autres termes de la même déclinaison et 2 : qu'elle n'aimait pas non plus qu'on la prenne pour une starlette.

Quand cela fut bien rentré dans le crâne du vert, elle regarda son frère et sourit en reconnaissant le log et le bracelet au poignet de son frangin.

- Pourquoi tu souris ? s'enquit Sabo, perplexe. Toi qui souris seule, c'est mauvais signe.

- Et toi, tu es de plus en plus paranoïaque, lui dit Ann. Me dis pas que je vais devoir te rebrancher le cerveau. Tu n'en as pas eu assez après Impel Down ?

- Maki a fait le reste du boulot, ne t'en fais pas. Pourquoi tu souris ?

Ann allait lui répondre quand elle entendit Luffy par son Haki. Elle releva la tête, les sourcils froncés.

- Tu as entendu ? demanda Ann.

- L'Armement est ma spécialité, pas l'Observation, tu le sais, rappela Sabo. Que dit Luffy ?

- Qu'on va avoir des emmerdes.