Bonjour à tous ! Je reviens vers vous avec un nouveau chapitre (on remercie encore une fois Mana.Y pour sa correction d'enfer !).

Et... ce fut bref. Ce fut émouvant. Ce fut intense. Mais c'est fini.

*se protège dans un bunker pour ne pas se faire tuer*

STOOOP ! Pas la fic ! Juste Dressrosa ! La mini réunion de famille improvisée prend fin ! L'aventure se poursuit toujours, soyez sérieux ! Pfff !

Enfin.

Toujours sans nouvelle d'Evanae, je prends mes libertés avec les perso normalement à sa charge, donc, elle aura un gros rattrapage à faire quand elle sera de nouveau d'attaque. Voilà quoi !

je vous remercie tous de vos commentaires, ils sont toujours aussi géniaux et je vous dis à bientôt pour la suite!

P.S. j'ai fait un peu trop de sushi... qui en veut ?


Bien entendu, la nouvelle fit le tour du monde comme une traînée de poudre.

La vidéo avec Fujitora présentant ses excuses avait été diffusée sur trois îles voisines.

Et sur ces îles, il y avait des journalistes. La version Révolutionnaire aurait du retard pour son contenu, puisque les agents n'étaient pas encore de retour de mission, mais rien que la version classique en disait long.

Entre ses mains, Marco apprenait la déchéance de Doflamingo par le fait de Luffy et Law. Et aussi la réponse d'un individu parmi la Marine qui venait, juste avec ça, de gagner son respect.

Marco rejeta le journal sur la table de réunion où plusieurs copies étaient étalées pour permettre à tous de les lire. Il se caressa le menton, Red sur ses genoux jouant avec sa peluche, pendant que sa jumelle faisait la lecture en même temps qu'Izou.

- La donne va changer, plus d'armes de Doflamingo, c'est ça en moins comme souci, nota Haruta en prenant des notes.

- Plus d'une nation va devoir capituler dans leurs efforts de guerre, sans leur fournisseur principal. Il reste Buggy derrière, mais c'est assez négligeable, commenta Atmos.

- Quel est la décision du senshô ? demanda Jiru en reposant sa propre copie.

- Qui a envie de mordre, yoi ? demanda Marco avec un sourire vicieux.

Kennichi grogna d'avance, sachant que les rares fois en mission où Marco avait souri ainsi, ça signifiait grosse effusion de sang dans un proche futur.

- On va frapper Kaidou, pointa Marco en tapotant des phalanges la table devant lui. Là où il ne nous attend pas. On va réduire ses alliés, dans un premier temps, yoi. Et j'aimerais qu'on ne revendique pas ces attaques… qu'on fasse porter le chapeau à… Big Mum, oui. Ainsi, il se tournera vers elle, et l'attaquera très certainement, ce qui nous laissera une belle ouverture, yoi.

- Je n'aurais jamais dû t'offrir Sun Tzu pour ton anniversaire, grommela Vista en cachant mal son sourire.

- Et pour Ace ? demanda Kingdew.

- Il n'y a pas à s'en faire. Je le mettrai au courant à son retour. Je m'en fais plus pour Luffy, yoi. Il vient de se faire un bon gros tas d'ennemis… D'autant plus qu'ils ont encore César. Tant qu'ils auront cet homme, ils seront en danger, yoi. César doit disparaître. Je veux dire par là, mort. Et au fond de l'eau. On peut pas se permettre de laisser son savoir retourner entre les mains du Gouvernement, et entre les mains de n'importe quel pirate, ça serait la pire chose qui soit. Je veux que le monde existe encore demain, d'où ma demande, yoi. Quitte à fâcher notre ami Luffy. Haruta, Izou, gardez un œil plus particulièrement ouvert sur la réaction des autres équipages. On devrait avoir du mouvement assez intéressant, yoi.

- Bien, Nii-san, annonça Haruta.

- Dans l'immédiat, on règle notre affaire avec Akagami, puis on attaque. Si vous avez des remarques, je vous écoute.

- Juste une… tu as une couche à changer, sourit moqueusement Izou.

Marco eut un profond soupir et se leva pour récupérer sa fille qui commençait à s'agiter.


Ann était revenue à elle sur le dos de quelqu'un. Des cheveux blonds et un haut-de-forme lui dirent ce qu'il fallait savoir.

- Sab' ?

Sabo, visiblement en train de parler, s'interrompit et regarda sa sœur par-dessus son épaule. Ann le regarda d'un air à moitié endormi.

- Rendors-toi, j'essaye de faire comprendre à ma chère collègue et amie que je vais devoir m'absenter pour des raisons familiales, expliqua Sabo.

Ann s'arrangea de son mieux et ouvrit un peu plus les yeux pour voir qu'ils étaient dans le port souterrain et devant un navire, avec pas mal de gars, dont un Hack assez blasé et une Koala remontée.

- Ace veut voir en face à face Sabo pour l'étrangler. Vous voulez dire à mon jumeau que vous l'empêchez de voir l'un de ses petits frères ? marmonna Ann, en se frottant les yeux.

- Il n'a pas fait grand-chose pour sa propre jumelle, rétorqua Koala.

- Ace était trop loin pour intervenir. Il est quasiment à l'autre bout du Shin Sekai en infiltration pour Marco, bidonna Sabo. Tu as fini de râler, je peux y aller ou tu vas encore me faire des reproches ?

- Casse-toi avant que je change d'avis, grommela Koala en tournant le dos aux deux autres.

Ann descendit du dos de son frère en se frottant le visage, permettant au blond d'arranger son sac. Il passa un bras autour des épaules de sa sœur et la conduisit hors du port souterrain.

- Comment tu te sens ? demanda Sabo.

- Encore crevée, mais ça va. Mon akuma no mi a déjà fait une bonne partie du boulot. Où sont les autres ?

- Plus loin. Viens.

Sabo continua de guider sa sœur.

- Luffy s'est expliqué pour son comportement ? demanda Ann d'une voix sourde, un nœud dans les entrailles.

- Il a perdu le contrôle, je pense. De ce qu'il dit, il n'avait plus conscience de quoi ce soit. Je pense qu'on a réussi à faire entrer dans son crâne la réalisation de la connerie qu'il a failli faire. Il se repose pour l'instant, il s'est effondré juste après toi.


Une petite nuit de sommeil avait suffi pour qu'ils puissent reprendre des forces (et Ann revenir des années en arrière en se réveillant au matin en voyant que ses frères l'avaient utilisée toute la nuit comme une bouillotte et un coussin).

Avant un solide petit-déjeuner, ce fut l'heure des soins pour les plus blessés. Autrement dit, Kyros, Bartolomeo, Bellamy (toujours inconscient), Franky (pour ce qui marchait encore sur le principe humain) ; Law (il se soigne tout seul comme un grand garçon) et Ann.

Comme c'était une femme, tout le monde évacua. Sauf ses frères et Law (on n'allait pas faire sortir le seul médecin).

Connaître parfaitement le type de patient auquel il avait affaire, dans le cas de Hiken, régla rapidement les choses pour Law : soit elle se laissait faire, soit il envoyait un double message pour Rayleigh et le Moby Dick faisant part de son comportement. (Qui a dit que Law était fourbe ?)

Pour le coup, Ann se laissa faire, mais resta méfiante.

- Sévère déshydratation et sous-alimentation…

- No shit, Sherlock, commenta narquoisement Ann en laissant Law l'ausculter. Aouch !

- Côte numéro neuf à onze du côté droit cassées. Numéro huit fêlée à gauche.

Ann serra les dents quand Law lui remit en place les côtes cassées avec son pouvoir. Le logia intervint immédiatement pour ressouder les os.

- Petite nature, déconna Sabo, alors que Luffy se marrait.

- J'en ai fini avec le visage et le torse. Les jambes, maintenant, Portgas-ya.

Ann soupira et se déchaussa. En se baissant, Law fronça les sourcils, son regard s'arrêtant sur le bassin d'Ann.

- Redresse-toi et baisse la ceinture de ton pantalon.

- Je te demande pardon ? s'enquit Ann au plus vieux, perplexe.

Avec un bruit de langue agacé, Law se leva de sa chaise et força Ann à se mettre debout, se mettant à genoux devant son bassin qu'il prit entre ses deux mains.

- Je croyais que tu préférais les vraies femmes ? demanda Luffy en fronçant les sourcils.

De son côté, Sabo referma ses doigts sur son arme appuyé à côté de lui sur le mur, prêt à intervenir si Law allait trop loin.

- Les hanches sont plus écartées qu'auparavant. Même un accident impliquant des os brisés dans cette zone n'aurait pas pu faire quelque chose d'aussi flagrant.

Il sentit une triple menace peser sur lui.

- Trafalgar D. Water Law. Ne vas pas plus loin si tu tiens à ta vie, menaça Ann.

Law regarda Ann, puis ses frères étrangement menaçants, et ne poursuivit pas sa constatation. Il savait ce qui pouvait écarter autant le bassin, et le comportement de la fratrie le lui confirmait. Il préféra opter pour la continuité de son existence et ne pas dire ce qu'il avait deviné… aussi improbable cela puisse paraître.

Le reste de l'examen et des soins se poursuivirent en silence, avant que la fratrie ne s'absente pour régler quelques affaires avant le petit-déjeuner.


- Qui commence ? demanda Sabo.

- Ace est l'aîné, pointa Luffy en se laissant tomber au milieu du champ de tournesol sans la moindre élégance.

- Ok, vas-y mon vieux, à toi le plaisir.

Ann regardait toujours avec suspicion dans la direction de Law, puis soupira en s'asseyant à son tour entre ses frères.

- Je n'ai pas grand-chose à dire. Hormis que je suis content que vous soyez venus me tirer de ce mauvais pas et que je vous en suis reconnaissant. Merci beaucoup à tous les deux.

Luffy et Sabo lui sourirent, lui disant que ce n'était rien.

- Ensuite, j'ai quelques plaintes à formuler à ton encontre, Sabo. Notamment au sujet du denden, de Liam et… oh, et deux jeunes femmes.

- Sabo, qu'est-ce que tu m'as pas dit ? demanda Luffy avec un grand sourire.

- Je peux voir qu'il est plus ou moins question d'Edessa. Liam, c'est…

- Liam, Maki m'en a parlé. Je l'ai appelé en montant vers le Shin Sekai. C'est l'autre fille qui m'intéresse. C'est qui ?

- Eh bien… là est la question, je vois pas de qui Ace parle.

- Si je te dis Elena, éclaircit Ann

- C'est vieux ! La nana que je devais épouser à Goa.

- Ah, comprit Luffy, se rappelant du bref incident. Et quel est le sujet ? Qu'est-ce qu'il t'arrive pour qu'une histoire aussi vieille t'intéresse, Ace.

- Deux fois. Deux fois que je me la chope dans le Shin Sekai. La première fois, tu faisais encore le mort, et on était à Anvil, donc, plus ou moins logique qu'on se croise là-bas.

- Anvil ? demanda Luffy.

- Une plaque tournante du commerce. L'île est neutre et ne tolère aucun affrontement entre pirate et marine. Elle ne fait pas partie du Sekai Seifu, explicita Sabo. Et c'est l'île d'origine de Marco, non ?

- Exact. Le souci est que je l'ai croisée avant toute ma merde avec Doflamingo sur une île pas loin du territoire de Big Mum. Pas de commerce et elle me cherchait spécifiquement. Pourquoi elle doit venir me faire chier, moi ? Venir me traquer jusqu'à Sacramento, en plus !

Luffy ne put s'empêcher de rire devant l'indignation d'Ann et le regard de hibou de Sabo.

- Honnêtement… je… je sais pas… tu veux que je te dise quoi ?

- Je veux pas des paroles. Je veux des actes. Arrange-toi comme tu veux, mais si je tombe encore une fois sur elle, on ne retrouvera jamais son corps ! Quant à Liam, déjà, tu nous dois des excuses à Luffy et moi.

Luffy eut l'air perplexe, avant de blanchir en devinant la raison de la colère de sa sœur.

- T'as pas parler de ça à ce type !

- C'est mon frère !

- Je veux bien mais je le connais pas ! J'étais à la moitié du Paradis quand mes propres hommes ont su pour mon cas, et encore, juste Robin et Nami ! Les autres n'ont rien su avant Shabaody ! Et quelqu'un que je n'ai jamais vu est au courant de ma santé et de la particularité qui me fait le plus chier et honte ! T'es pas bien !

- Je savais qu'on aurait le même point de vue, Luffy, annonça Ann avec satisfaction.

Sabo roula des yeux dans ses orbites et présenta ses excuses, disant qu'il aurait dû les consulter avant.

- Bien. Dernier point… j'ai réalisé mon problème avec vous deux et ma tendance à vous surprotéger et à m'en faire pour rien. Désormais, j'ai l'intention de vous laisser respirer. Faîtes vos vies… faîtes-moi part de vos nouvelles de temps à autre, c'est tout ce que je demande.

- T'es pas malade, au moins ? s'inquiéta Luffy. Je vais aller chercher Law.

- Je ne suis pas malade. Je réalise que je dois vous laisser faire vos vies, mais aussi que j'ai pas la possibilité d'être partout. Diriger les Spades était simple en comparaison à seconder Marco pour les Shirohige, sans parler des jumeaux. J'ai bien trop de causes de soucis, et en vous responsabilisant plus ou moins, j'essaye d'alléger mes problèmes. Néanmoins, si j'apprends que l'un de vous est en prison ou risque la mort, attendez-vous à me voir débarquer.

- On fera attention.

- Outre le souci avec Edessa, pour lequel on va continuer à te bassiner, Sabo et je te vois venir, je suis pas aussi aveugle que toi, la chose devra être réglée. Rapidement. Avec la concernée.

- Ou ?

- Ou je demande un congé à Marco et je t'embarque par la peau du cul jusqu'à Dawn pour que tu dises à Makino-nee-chan pourquoi tu fais le con avec une nana qui a quand même voulu et réussi à envahir plus ou moins une prison d'Etat pour t'en sortir. Si c'est pas une preuve d'amour, je sais pas ce que c'est.

- S'passe quoi avec Edessa ? demanda Luffy, perplexe.

- Sabo qui fait le con et la mule, résuma Ann. Edessa fait la mule et la tombe, par contre. Ton géniteur est passé sur le Moby Dick et a laissé tomber des gros indices à son sujet. Marco se met sur l'affaire.

- Ah.

Luffy se tourna vers Sabo et le regarda avec le regard plissé.

- Quoi ? demanda Sabo. Pourquoi j'ai l'impression que c'est ma journée aujourd'hui ?

- Parce que tu fais le con ! Ace a raison ! Si j'apprends que votre embrouille est toujours d'actualité quand je vous revois, j'aiderai Ace à t'embarquer jusqu'à Dawn, avec Ji-chan sur l'affaire et je mettrai même Dadan et Woop au courant !

- Tu veux pas le mettre à la Une du journal, tant que tu y es ? commenta sarcastiquement Sabo.

- C'est une idée !

Luffy se prit une claque derrière le crâne.

- Je pense que j'ai fait le tour. Hormis que la rencontre avec Shanks-nii-san tient toujours et que tu es toujours attendu comme témoin pour le pacte. Je t'aurai bien lancé l'invitation, mais si tu bottes le cul de la personne avec qui on doit passer un pacte de non-agression au beau milieu de la signature de l'accord, ça ne va pas le faire, Lu'.

- Pas grave. Shanks connait mes intentions. C'est tout ?

- Oui, c'est tout, annonça Ann avec un instant de réflexion.

Les deux bruns regardèrent le blondinet qui se passa une main dans les cheveux avant de prendre la parole.

- Je réitère mes excuses pour avoir laissé Liam en apprendre un peu trop, sans vous avoir demandé l'autorisation. Simplement, c'est mon frère, autant que vous. Certes, je le connais moins, mais je me suis attaché à lui. Je ne vous demande pas de l'aimer, ni de l'accepter dans la famille. Juste d'accepter que je puisse avoir un frère indépendant de notre famille à nous… c'est très bizarre ce que je viens de dire.

- Non, c'est compréhensible, assura Ann.

- Tu nous as juste mal compris. On ne t'en veut pas que tu ais un autre frère, informa Luffy. Et on le rejette pas de la famille.

- C'est simplement un inconnu pour nous. Tu te souviens du temps qu'il a fallu pour que Ji-chan te dise qui était mon père ? Il l'a fait parce qu'il a appris à te faire confiance et que tu lui as prouvé que tu la méritais. Liam débarque tout juste. Tu aurais dû nous laisser du temps, tout simplement. Je vais donc répondre en partie à ta question sur pourquoi Liam a disparu. J'ai demandé à Doma de s'en charger. Il est toujours vivant et bonne santé. Il en sait juste trop, donc, je le fais surveiller. Et je te vois venir avec tes questions, mais tu n'en sauras pas plus avant que tu ne viennes sur le Moby Dick.

L'expression butée d'Ann était quelque chose de bien connu dans la fratrie. Le genre d'expression contre laquelle Rayleigh lui-même n'arrivait à rien. Sabo abandonna donc. De toute façon, Ann lui avait dit que Liam allait bien, pourquoi s'en faire plus ; il aviserait quand il en saurait plus.

- Second point… suite à ma promotion, j'ai réalisé comment je me comportais avec vous… ma tendance à fouiner partout, à vouloir tout contrôler. Et je tiens à m'en excuser.

- Il était temps que tu réalises toi aussi que tu as un comportement étouffant, grommela Luffy.

Sabo adressa un regard noir à Luffy qui se contenta de se curer le nez, lui envoyant ainsi un vent monumental.

- J'ai réalisé aussi les responsabilités que vous aviez en tant senshô et fuku-senshô de vos équipages respectifs… et la pression que vous devez avoir au quotidien. Je ne m'aviserai plus de sous-estimer ce que vous vivez. Je vais essayer de moins vouloir contrôler les choses. Ce sera dur, mais je ferai au mieux. Mais attendez-vous à ce que je continue à intercepter les rapports et infos vous concernant, tant que je le peux.

- Du moment que tu n'essayes pas de tout régler comme du papier à musique dans nos vies, tu peux continuer, assura Ann.

- Et bien entendu, je serai là pour couvrir vos arrières si vous êtes en danger de mort. Si je fais pas ça au minimum, je suis un frère qui sert à rien.

Ann eut un air déprimé.

- M'en parle pas… à vous voir vous démerder seul, c'est moi qui ai l'impression d'être inutile.

- T'es pas inutile ! rouspéta Luffy en l'enlaçant pour la réconforter. On a toujours besoin de toi pour nous montrer la route et l'exemple ! C'est ton rôle de nous guider !

- Si c'est pas un amour ! minauda Sabo.

- Je l'aime pour ça mon frangin, sourit Ann en attirant Luffy dans ses bras pour un câlin. Autre chose, Sab'.

Sabo se frotta le crâne et avoua :

- J'ai pas grand-chose à dire, à part que vous m'avez manqués...

Ann marmonna un truc du style "ça va de soi" qui lui valut un regard noir de son frère.

- Donc, vous m'avez manqués, je suis content qu'on ait pu se revoir tous les trois, mais je veux que l'on me fiche la paix au sujet d'Edessa. Stop, Ace, je te vois venir, je sais que tu es son Commandant et que tu te doutes de l'histoire. Mais c'est à moi de régler ça et je dois encore réfléchir à la situation et éclaircir quelques points. Je vais me démerder seul.

Ann leva les mains pour dire qu'elle se déchargeait de l'affaire.

Elle allait le lui faire payer. Clairement. Il allait y goûter à sa vengeance. Luffy sifflota d'un air innocent à proximité. Forcément, si Sabo avait oublié qu'elle était du genre vicieuse, ce n'était pas le cas du benjamin. Sabo allait se souvenir de la façon dont elle allait mettre fin à cette situation. Se serait violent. Elle devait juste trouver un moment pour s'éloigner de lui afin de commencer à organiser les choses. C'était dur de ne pas pousser un petit rire machiavélique.

- Tu as fait le tour ou pas, Sabo ? demanda Ann avec un sourire innocent.

Sabo devait être à l'ouest parce qu'il ne tiqua pas et confirma avoir fini.

C'était donc au tour de Luffy de dire ce qu'il avait à raconter à ses frères après tout ce temps.

- Alors, moi aussi je suis hyper content de vous revoir! J'imaginais pas qu'on se reverrait aussi rapidement et surtout, tous les trois en même temps ! annonça Mugiwara avec un énorme sourire.

- De même, Lu', ta p'tite bougne d'ahou gomu m'a plus que manquée... Sab', c'est une autre histoire, sourit Ann.

- Moi aussi je t'aime, Ace, marmonna Sabo d'un air blasé.

Ann tira la langue à son frère.

- Ensuite, je veux vous remercier de m'avoir retenu hier. J'ai passé une partie de la nuit à réfléchir sur ce qu'il s'est passé, et j'ai réalisé ce qui m'a fait basculer, je pense.

- Et ? demanda Sabo.

Luffy regarda sa fratrie d'un air sérieux.

- Cet homme a touché à Ace. A ma famille. Avec mes nakamas, c'est la chose la plus importante pour moi. J'ai failli tué Arlong, et l'abruti qui a voulu s'en prendre à Usopp n'était pas allé assez loin pour que je veuille le démonter. Mihawk s'en est sorti parce que Zoro en faisait une affaire personnelle. Smoker a récupéré Crocodile avant que je puisse en terminer avec lui, et j'avais autre chose en tête à Impel Down pour lui mettre mon pied au cul pour Vivi. Pareil à Enies Lobby, le Buster Call me pressait sur le temps. Pour Moria, je suis tombé dans les pommes avant de l'achever et Ji-chan m'a dit ce qu'il est advenu de Kuma. Je pense que Doffy était bien parti pour prendre pour tous les autres. Je réalise aujourd'hui que si on fait du mal à mes proches... je craque. J'aurais fait comme Ace à Impel Down s'il n'avait pas agi avant moi.

Les deux aînés eurent un échange de regard et Ann passa sa main dans ses cheveux qui recommençaient à pousser, laissant Sabo parler. La constatation de Luffy la ramenait à cette discussion avec Kuzan. Ils étaient leur force, et leur faiblesse mutuelles.

- Frérot... commença Sabo, peu importe les circonstances, ne fais pas nos erreurs. Surtout pour nous. Ni Ace, ni moi ne voulons que tu tombes dans le même piège que nous. On veut te voir réussir là où on a échoué. Ne gâche pas tout maintenant, pas après avoir fait ce chemin en ayant réussi à garder les mains propres.

- J'étais sérieux hier quand je t'ai dit que je ne voulais pas que tu te salisses les mains, et que si tu t'amusais à tuer, je t'empêcherai de toutes mes forces de devenir le Kaizoku Ou, glissa Ann. Je veux que tu nous surpasses tous. Que tu réussisses là où nous avons tous échoué. Alors, pour nous tous, que ce soit Sab', moi, Ji-chan, Shanks et même Roger…. Je veux que tu atteignes Raftell avec les mains blanches. On est d'accord ?

Luffy hocha la tête.

- T'as un sabreur démoniaque avec les mains déjà très sales. Laisse-le amonceler les cadavres pour toi, mais reste vierge de la moindre goutte de sang. C'est tout ce que je veux, Luffy. C'est notre vœu le plus cher.

Sabo hocha la tête pour appuyer les paroles de leur sœur.

- Autre chose ? demanda le blond.

- Yep. Au sujet du Kemuri et de la Red Line. J'ai cru comprendre qu'il y avait un accord… c'est quoi l'embrouille ?

Sabo se contenta de rire alors qu'Ann soupirait.

- Je devais être au troisième ou quatrième mois de grossesse quand Smoker m'a croisé à Delva. Il m'a immédiatement poursuivi, bien entendu. Au cours de la course poursuite, il a parlé de Sabo, et ça m'a perturbé suffisamment pour que j'en baisse ma garde un bref instant. Suffisamment pour qu'il m'accroche par la chemise et découvre la supercherie. Je l'ai assommé et ramené à bord. Si je n'avais pas réussi à convaincre Marco et Oyaji, il serait mort.

- Et pourquoi ? demanda Luffy.

- Pour le futur. Je veux pas forcer les jumeaux à devenir des pirates. Je veux leur laisser le choix autant que possible. Avec Smoker dans mon camp, j'ai plus de chance d'y parvenir, en ayant une personne de mon côté pour empêcher la moindre remontée d'information à ce sujet au Gouvernement ou à la Marine. La moindre rumeur ; photo ou information sera tuée dans l'œuf grâce à lui. C'est tout con.

- Je vois. Eh bien, va falloir que vous changiez de méthode, parce que Tashigi, la nana avec Smoker, sait que vous avez un accord. Elle ne sait pas le pourquoi du comment, mais elle sait que vous avez un marché. Après, point positif, elle juge que la personne devant elle et te voit comme quelqu'un avec » un bon fond, sur la mauvaise route », pour reprendre ses mots… Elle se charge personnellement de faire soigner les enfants de Punk Hazard et de les ramener chez eux.

Ann se mordit le pouce d'inquiétude.

Que faire avec les soupçons de Tashigi… ? L'éliminer ferait agir Smoker contre les jumeaux en représailles.

- J'ai eu l'occasion de parler à ton mec, en compagnie de Smoker et Tashigi. Il l'a avertie de ne pas fouiller plus loin. C'est à vous de voir le reste.

- Tu veux que j'intervienne ? demanda Sabo. On a déjà Traffy avec des soupçons, pas besoin de rajouter Tashigi.

- Je me charge de Tashigi. Law est assez intelligent pour savoir ce qu'il risque s'il cause, grommela Ann.

- De plus, on va passer encore un moment ensemble, si on veut frapper Kaidou, pointa Luffy. J'aurai donc l'occasion de le garder un moment à l'œil.

Ann hocha la tête. Bon, la situation ne lui échappait pas encore totalement, il était encore temps de réparer les pots cassés.

- Tant qu'on est sur la Red Line… tiens, c'est pour eux. Cadeau de leur tonton ! Ils doivent être encore un peu trop petits pour ça, mais garde-les pour quand ils seront plus grands.

Luffy avait sorti d'une doublure de son bermuda deux petits paquets de velours qu'il tendit à Ann.

- Merci, Lu'. Je leur dirai que c'est leur cadeau d'anniversaire de tonton Luffy.

- Ils sont trop petits pour comprendre ce genre de chose, ricana Sabo.

- Détrompe-toi, Sabo ! Quand je les ai laissés, ils commençaient à parler et essayaient de marcher. Mes enfants sont très intelligents.

- Ils doivent tenir de leur père, alors…

Sabo s'effondra de rire quand Ann le frappa sur l'épaule avec un air indigné.

- Dernier point… j'ai fouiné dans ton sac, Ace ! Et je suis sans remord !

- Je m'en doutais, Luffy. C'est le genre de liberté que toi et Sabo prenaient quand vous avez mes affaires entre vos mains. J'ai juste trop de respect envers mon rôle de grand frère pour en faire autant. Qu'est-ce que tu as vu dedans… non, je retire ma question. Je reviens.

Ann se leva en soupirant et alla vers la petite maison, exaspérée par les libertés que ses frangins prenaient avec ses affaires. Elle trouverait un moyen de se venger de Luffy. Parole de Shirohige. Elle avait déjà sa vengeance toute prête pour Sabo, elle devait juste s'assurer qu'il ne puisse pas l'entendre appeler le Moby Dick.

Elle entra dans la maison et regarda partout, sous le regard perplexe de ceux dans la maisonnée.

- Non, ils sont pas encore de retour si tu réponds à l'appel du ventre, informa Zoro.

- Du tout, je cherche mon sac. Juste pour faire le compte de ce que Luffy a pris dans mon porte-monnaie et récupérer ce qui l'intéresse tant.

- J'ai conservé la facture du restaurant, pour lequel, je tiens à te remercier, Ace ! ricana Franky en lui tenant le ticket de caisse.

Ann prit la facture et resta indifférente devant le montant.

- Il a été raisonnable. Il a fait pire avec mon argent de poche, quand on était gosses.

Law ramassa le sac d'Ann, à proximité de lui et l'envoya à la pirate.

- Oh, tant que j'y suis, Law… quand tu auras quelques instants à nous accorder, j'aimerais m'entretenir en privé avec toi et Luffy.

- Quand tu veux, Portgas-ya.

- Eh bien, je boucle la réunion de famille improvisée et je suis à toi.

- Cela pourrait porter à confusion et rendre jalouse une certaine personne, pointa Robin avec un amusement évident.

- Je suis pas intéressé, trancha immédiatement Law.

- T'es pas mon type, rassura Ann.

Et elle quitta la maison, son sac à l'épaule.

Elle retrouva ses frères et s'accroupit dans l'herbe pour ouvrir son sac.

- Lu', après, j'aimerais qu'on parle avec Law. Il y a deux ou trois points que j'aimerais éclaircir.

- Idem, assura Luffy.

- Pourquoi je sens que je ne suis pas invité ? demanda Sabo.

- Parce que c'est le cas et pour une bonne raison. Je te dirai ce qu'i savoir plus tard. Tout dépendra de l'issu de la conversation.

Sabo eu un soupir et allait faire un commentaire quand il se retrouva avec deux copies de son dernier livre sous le nez, le faisant cligner des yeux.

- C'est mon bouquin et alors ?

Luffy avait l'air excité comme une puce juste devant les livres et Ann savoura l'instant en minaudant d'une voix timide.

- M'sieur Samyaza, ze suis vot' plus grande fan ! Un autographe, s'i'ou plaît !

- Arf, t'es ridicule…

Ann usa de son arme secrète : les tâches de rousseur. Avec son regard innocent et triste, ses tâches de rousseur avaient un effet encore plus redoutable, traumatisant ceux osant lui refuser quelque chose. C'est comme refuser un refuge à un chiot blessé et abandonné, au milieu de la tempête. On ne peut que se sentir coupable.

- Eurg, arrête, c'est bon, tu vas l'avoir ton autographe… Donne-moi ça et un stylo.

Ann se fit un plaisir de lui refiler les bouquins et un stylo.

- Alors… pour toi et Lu', je présume… soupira Sabo avec un sourire de coin. Honneur au plus jeune.

Il déboucha le stylo bille avec ses dents, conservant le bouchon en bouche et ouvrit la couverture.

- Pour mon stupide et adoré Ahou Gomu de pt'tit frère que j'aime, j'ai nommé, Luffy, futur Roi des Pirates ! Là ! Tiens.

Luffy poussa un cri de joie en recevant le livre dédicacé qu'il serra contre lui, ravi comme un gosse à qui on offre le jouet de ses rêves.

- Next ! Pour P.D.A, seigneur incontesté des aniki chiant et travelo, que j'aime énormément. Et voilà, ma p'tite dame, ça vous fera une barquette format maxi de takoyaki.

- Tu attendras samedi, rappela à l'ordre Ann. On est mardi. Merci pour la dédicace. Je l'ai déjà bien lu. Tu seras ravi de savoir que tu touches aussi les marines. Smoker a lu tes livres et m'a piqué un de mes exemplaires le temps de ma détention dans ses cales. Et j'ai appris que l'un de tes bouquins servait de livre de chevet à Kuzan-san.

Sabo eut un reniflement moqueur mais ne commenta pas, alors qu'il rebouchait le stylo.

Ann rangea ses affaires, glissant au passage dans son sac les cadeaux de Luffy.

- Autre chose ? demanda Ann à Luffy.

- Oui, et ça sera la dernière chose…

Luffy prit une profonde inspiration et annonça d'un air grave :

- Je vais passer sur ce qu'il s'est passé à l'île Gyojin, tu auras un rapport à ce sujet, je pense. J'ai juste une chose à dire sur mon séjour là-bas.

- Le Ponéglyphe ? devina Sabo à voix basse.

Luffy hocha la tête, le regard en biais, avant de se mâchonner les lèvres.

- Joy Boy m'a parlé, dit-il tout bas.

Ann soupira et se frotta le visage.

- Quelle est ta position sur le sujet ? s'enquit-elle.

- Je m'en passerai bien, c'est certain, et je vais pas aller chercher plus loin… je laisse ça à Robin… ça me fait juste flipper. Pas toi ?

Ann prit le temps de choisir ses mots :

- Au début, oui. Puis, j'ai réalisé que j'étais bien entouré. Le secret en lui-même est bien gardé. J'ai confiance. Si tu ne veux pas aller plus loin, je ne t'en veux pas, et je le comprends.

- Toi, tu vas y aller, devina Luffy.

- Je vais en profiter autant que possible. J'ai plus que ça comme objectif, à part assurer un futur meilleurs pour mes enfants. Je découvrirai ce qu'i savoir. Si j'apprends quelque chose sur le sujet, j'en ferai part à Robin, elle n'a pas à s'en faire. Chiantos aura du boulot.

Sabo eu un sourire, appuyant son menton sur le creux de sa main, permettant à la lumière de jouer avec le bracelet doré que lui avait offert Ann, avec les glyphes si mystérieux et dangereux.

- J'ai aidé Robin à faire le tri dans les papiers de Dragon. Tout ce qu'on avait à la base centrale, sur les ponéglyphes, a mystérieusement disparu. Donc, tu auras certainement de la lecture très bientôt.

- Ce doit être l'enveloppe qu'elle a confiée à Thatch, supposa Luffy.

- Certainement, il était là quand Ji-chan a abordé le sujet.

Ann se nota mentalement de chopper Thatch pour ces documents.

Elle regarda ensuite Luffy, mais celui-ci avait fait le tour.

- Bon, eh bien, je vais voir où en sont les autres et voir ce que mijote Fujitora, annonça Sabo en se levant.

- Ah non, j'allais oublier !

Pour le coup, Sabo soupira et se rassit. Ann regard Luffy, se demandant pourquoi il avait l'air en colère.

- J'ai dit que j'avais appelé Makino, non ? demanda-t-il.

- Oui, et ? demanda Ann.

- Le sujet de Garp a été abordé.

- Ah, firent les deux aînés.

Tout s'expliquait. Luffy avait eu les infos de Makino, mais aucune réelle explication. Pas que la situation changeait pour Ann.

- Quelque chose à dire, Sabo ? demanda Luffy d'un ton sec. Parce que j'ai l'impression d'être allé à Marine Ford pour que dalle. Et ça fait vachement plaisir.

- Luffy, ne raconte pas de connerie. J'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup réfléchi. Je ne lui pardonne pas. Je ne lui pardonnerai certainement jamais. J'ai trop souffert à Impel Down pour ça. J'ai encore du mal à aller de l'avant.

Ann regarda Sabo avec espoir. Un foutu miracle était en train d'avoir lieu. Son frère parlait à cœur ouvert sans qu'on le force. Elle garda le silence, refusant de le briser dans son élan.

- J'ai guéri physiquement. Tout ce temps au bon soin des Shirohige puis des bons petits plats de Makino-nee-chan y ont contribué. Si je suis retourné à Dawn, c'est pour me retrouver. Et retrouver celui que j'ai été. J'étais quelqu'un qui laissait une seconde chance au genre humain. Et jusqu'à preuve du contraire, Garp est un être humain. Je ne lui pardonne pas, je le répète. Je lui ai laissé une seconde chance de prouver qu'il nous considère comme une famille et d'agir comme tel. C'est tout ce que j'ai à dire sur le sujet. Je n'ai pas craché sur ce que vous avez fait à Marine Ford. Je suis là, aujourd'hui, en un homme nouveau, et c'est grâce à ce que vous avez fait. Je ne vous force pas à suivre mon choix.

Luffy se tourna vers Ann.

- Toi, tu l'as déjà pardonné.

- Je te demande pardon ? demanda Ann, choquée.

Elle n'allait certainement pas pardonner Garp ainsi. Oh que non ! Pas après avoir dû traverser tout Impel Down pour sauver Sabo !

- Si tu ne l'as pas pardonné, pourquoi tu portes encore ton stetson ? Celui que t'avais offert Sabo a cramé, je m'en souviens parfaitement, et il ne te reste que celui de Garp. Si tu lui en voulais, tu t'en serais débarrassé.

Pourquoi son frangin tirait-il une telle conclusion juste parce qu'elle conservait un vulgaire chapeau ?

- Je suis ton petit frère, je te connais.

Et voilà qu'il faisait de la télépathie.

Ann soupira et se mit à jouer avec la tige d'un tournesol à proximité, essayant de trouver les mots juste pour dire ce qu'elle ressentait envers Garp.

Le détestait-elle ? Du fin fond de ses tripes.

Le pardonnait-elle ? Certainement pas.

Pourtant… l'homme avait reconnu son erreur. Il essayait de se rattraper, elle en avait conscience. Etant plus visible et plus facilement localisable que ses frères, elle était celle vers qui il s'était tourné. Elle l'avait vu un peu trop souvent à son goût…

Et elle ne pouvait pas nier qu'il lui avait plus ou moins sauvé la vie. Sans lui pour les avertir, ils n'auraient pas pu se préparer contre Kizaru.

Elle baissa à sa hauteur la fleur jaune, cherchant à occuper ses mains pendant que son esprit travaillait.

Elle s'était planquée derrière Sabo pour cette histoire de deuxième chance… mais elle aussi voulait le voir se ressaisir et faire un effort.

Parce qu'au fond, il restait son grand-père. Et elle n'en avait qu'un seul.

- Je ne pardonnerai pas Garp pour ce qu'il s'est passé avec Sabo. J'ai lutté autant que toi pour le tirer de là. Néanmoins… il fait des efforts, c'est indéniable, et sans lui, Marco et moi n'aurions pas pu anticiper l'arrivée de Kizaru à Teotihuacan. Je veux, je pense… moi aussi lui donner cette seconde chance. Pas pour les mêmes raisons que Sabo, je n'ai pas sa foi en le genre humain. Simplement parce que, quand bien même le sang n'y est pas, Garp est mon grand-père. Et c'est le seul que j'ai. La famille, c'est mon seul trésor.

- Je vois. Je n'ai ni l'intention de lui pardonner, ni de lui offrir une seconde chance. Du moins, pas pour l'instant. Le futur me dira ce qu'il en est, pointa Luffy.

- On s'en fout parfaitement et on ne t'en veut pas. Fais tes choix, ne t'aligne pas sur les nôtres à contrecœur, sourit Sabo.

Il attrapa son frère sous un bras et lui embrassa le sommet du crâne, faisant tomber le vieux mugiwara boshi dans le dos de Luffy.

Ann eut un sourire.

Elle était chanceuse d'avoir une telle famille.


C'était une réunion entre D.

Luffy et Ann voulaient des infos. Law avait une éducation différente de la leur, il en savait peut-être plus.

Pour s'assurer de ne pas être espionnés, ils avaient marché longtemps en silence, jusqu'à atteindre le pont reliant Green Bit à Dressrosa.

Le Haoshoku dissuada les poissons-combattants de venir les faire chier, leur permettant de s'asseoir sur les gravats et de discuter.

- J'ai cru comprendre que je n'avais pas besoin de répéter mon identité réelle et complète, nota Law en s'asseyant, son nodachi contre son épaule.

- Pas plus que je n'ai pas besoin de te faire un dessin sur la mienne ou ce qu'il risque de t'arriver si tu parles de la seule façon dont mon bassin a pu s'élargir, répondit calmement Ann, son bô sur ses genoux, assise en tailleur à même le sol.

Elle se laissa aller contre les jambes de Luffy qui s'était trouvé un siège sur un bout de métal tordu et effondré sur le pont.

- Je n'ai pas pour habitude de m'occuper de ce qui ne me regarde pas, et c'est pas mes affaires. Je dirais juste que vous devriez changer d'infirmières, elles auraient dû savoir qu'elles devaient refermer le bassin après l'acte. Ce ne sont pas des pros.

- La personne qui a fait le job pour moi… vu que ce n'est pas un médecin, et que l'île avait droit à la visite de Kizaru… j'ose penser que le fait que je sois vivante et mère est déjà un très bon succès, surtout quand il n'y connaissait strictement rien. La seule sage-femme que j'ai consultée n'a pas pu être présente et elle est arrivée, je pense un peu trop tard pour faire ce qu'il fallait.

- Et si on parlait d'autres chose ? proposa Luffy avec un geste des mains pour dire de laisser le sujet de côté.

- Oui, vaut mieux. Félicitation quand même.

- Merci, grommela Ann. Bon, crache le morceau Traflagar. Pourquoi j'ai la foutue impression que tu as bousillé ton potentiel.

- Parce que je l'ai bousillé. Je n'ai su que trop tard ce que ça impliquait. Parce que quand j'ai eu les informations, j'avais autre chose en tête. Par simple curiosité… à quoi associez-vous le Sekai Seifu pour les reconnaître ?

Question facile.

- Au Grey Terminal, le jour du grand incendie. Aux ordures et à la chair qui brûlent et se consument par les flammes, répondit Ann, la mâchoire crispée.

Luffy serra brièvement l'épaule de sa sœur, puis se redressa.

- Et toi ?

- A la maladie, aux corps malades en décomposition et au Hakuen tout juste extrait.

Ann fronça les sourcils. Le nom lui disait quelque chose, mais d'où, elle ne saurait le dire.

- Jamais entendu parler… fit Luffy.

- Blanc de Saturne, ou Césure. Une espèce de plomb retrouvé dans les entrailles de l'île de Ferubansu. Il rendait la terre et les plantes blancs comme neige. C'est là d'où je suis originaire. C'était un minerai précieux qui fit la richesse de mon pays… et causa sa destruction. A force de l'extraire et de d'utiliser des objets faits avec, il a fini par nous contaminer. La maladie qui en est issue n'est pas contagieuse, mais héréditaire. Chaque génération se retrouvant avec une espérance de vie plus courte que la précédente. Ma génération ne devait jamais voir l'âge adulte. Refusant de reconnaître ses torts, le Sekai Seifu a refusé d'offrir une assistance médicale adéquate à notre pays. Les hauts-dignitaires et le souverain ont pris la fuite grâce à eux, mais les habitants mourraient. S'en est suivie une campagne de désinformation, disant que le Saturnisme, maladie développée avec ce plomb, était contagieux et mortel. Mortel, je ne dis pas le contraire. Contagieux, c'est des conneries. Mais peu importe. A dix ans, j'ai commencé à montrer les premiers symptômes du mal et ma petite sœur Lamy était à un stade plus avancé que moi, souffrant de douleurs chroniques l'empêchant de trouver tout repos. Mon pays a fini par entrer en guerre… a défaut d'avoir le traitement contre le mal, on avait beaucoup d'armes en Hakuen. C'était l'excuse attendue par le Sekai Seifu pour nous tuer. Mes parents, de simples médecins, les meilleurs de l'île, ont été fusillés. L'hôpital tenu par mes parents, la maison où j'ai grandi, a été incendiée, avec ma petite sœur cachée dans un placard. Mes camarades de classe et une bonne-sœur de notre église locale ont été fusillés eux aussi, alors que les soldats avaient dit qu'ils les épargneraient. J'ai réussi à passer la frontière en me cachant dans une pile de cadavres.

Law eu un sourire très cynique et blasé. Pendant un instant, Ann se demanda si lui et Kali n'étaient pas de lointains parents. C'était le genre d'expression qu'arborait sa nakama quand elle se décidait à sourire.

- J'ai rencontré Doflamingo avec l'intention de tout détruire. J'étais peut-être qu'un gamin, mais je savais pertinemment qu'il ne me restait plus très longtemps à vivre. Alors, je voulais me venger du monde qui m'avait tout pris. J'ai pas réalisé à cet instant l'étrange odeur attachée à Doflamingo. D'autant plus que j'ai eu quelques accrochages avec son frère.

- Doffy a un frère ? pâlit Ann.

Merde ! Un autre salopard comme Doflamingo dans la nature ! Ils n'étaient pas sortis de la merde !

- Corazon était le jeune frère de Doflamingo. Je l'ai immédiatement détesté. Simple d'esprit, maladroit et muet. Un gars comme lui pouvait vivre et ma sœur avait été tuée sans même avoir eu le temps d'avoir dix ans. J'ai essayé de le tuer plusieurs fois, bien que ce soit interdit, pour finir par le poignarder dans le dos, alors qu'il était occupé et seul. Pourtant, il ne m'a pas vendu. J'ai passé deux ans à être formé par Doflamingo à la piraterie. Soi-disant que j'avais une chance de trouver un remède. C'est le temps qu'il a fallu pour que je commence à montrer des symptômes plus avancés… des plaques blanches sont apparues sur ma peau, et elles gagnaient en nombre et taille chaque jour. J'avais du mal à bouger sans souffrir, mais je supportais au mieux. Un jour, Cora-san m'a entendu parlé à Baby Five. Je lui disais mon vrai nom, qu'on m'avait pourtant dit de garder secret. J'étais inconscient et ignorant, mais surtout mourant. Cora-san m'a littéralement kidnappé. Il s'avère qu'il avait été recueilli gamin par la Marine, quand Doflamingo avait tué leur père. Il était devenu un officier, avant de revenir auprès de son frère, comme l'agent infiltré Rosinante, dans le but de l'arrêter, retransmettant à la marine les plans et les mouvements de son frère. Il se faisait passer pour simple d'esprit et muet pour ne pas être suspecté par Doflamingo. Cora-san m'a pris avec lui et a fait la quasi-totalité des médecins de North Blue dans l'espoir de trouver quelqu'un qui voudrait et pourrait me soigner… pour se faire jeter à chaque fois. Un soir où il était bourré, je l'ai entendu pleurer. Ce type s'en faisait pour moi, alors qu'il trahissait son frère et risquait sa vie. Il avait mal pour moi. Aussi con que ça puisse paraître, je me suis attaché à lui… La première fois que je l'ai appelé Cora-san, il pleurait pire qu'un gosse.

Law eu un air triste à cela. Ann pencha la tête sur le côté, sans rien dire, le laissant parler, raconter son histoire.

- Un jour, Doflamingo nous a appelés. Il nous a parlé du Ope Ope no mi. Il voulait que son frère le mange, afin de le rendre immortel. Sauf que Doflamingo ne savait pas que son frère avait déjà un akuma no mi. Celui du silence. Le fait est qu'après un appel à Sengoku, Cora-san avait un plan pour doubler à la fois son frère et la Marine. Il avait l'intention de voler l'akuma no mi pour me le faire consommer pour que je puisse me soigner. En cela, il a réussi, mais ça lui a coûté la vie. J'étais qu'un gosse. J'avais vu des marines et je savais que Cora-san en était un, bien qu'il m'ait dit le contraire pour que je ne le déteste pas. Je voulais qu'on l'aide, après tout, il avait été blessé. Je suite tombé sur Vergo.

- Meeerde… jura Ann.

- Je lui ai remis sans le savoir les informations qui auraient pu empêcher tout ceci -il montra du bras Dressrosa- et je l'ai conduit jusqu'à Cora-san. On a tous les deux étaient tellement roués de coups qu'on ne pouvait plus fuir. Cora-san m'a caché dans un coffre au trésor pendant que Vergo allait chercher Doflamingo. Je n'ai rien vu, mais je sais que c'est lui qui a tiré les balles qui ont achevé la vie de l'homme sans qui je serais mort aujourd'hui. C'est pour ça qu'en plus de notre affaire, Doflamingo était aussi une affaire personnelle. Je ne me considérais pas libre, comme le voulait Cora-san, tant que cet homme serait en vie. Voilà.

- Comme quoi, on peut trouver des exceptions partout… nota Luffy.

- Un D. qui doit sa vie à un Tenryuubito. Et il l'a fait en connaissance de cause, en plus…

- Ouais. Le monde qui tourne à l'envers.

Les deux autres eurent un reniflement narquois.

- Je pense pas savoir grand-chose de plus, par rapport à vous, sur le D. J'ai bousillé mon potentiel d'Eveil en m'attachant à Cora-san.

- Malgré le fait qu'il soit digne de son nom, il restait un Tenryuubito, même déchu, comprit Ann.

Le regard perplexe disait à Law qu'il ne voyait pas le rapport.

- Heart, c'est la variante d'East Blue pour dire kokoro ou « cœur ». Dans le South Blue, on a le mot corazón.

- Je vois. Il était en effet digne de son nom.

- Qu'est-ce que tu sais au final sur le D. ? demanda Luffy, resté silencieux jusqu'à présent.

Law secoua la tête.

- Bien peu. On leur fait peur. On doit les renverser, causer un raz de marée. Nous sommes leur ennemi. La menace ultime. Cora-san me disait qu'à Mari Joa, on disait ceci aux enfants : « les enfants mal élevés seront mangés par les D. ».

- Mais oui, avec de la sauce barbec', c'est excellent, ça fond sous la langue ! commenta Mugiwara avec un sarcasme si lourd qu'un sourd l'aurait perçu.

- Tu dégoulines de sarcasme sur moi, Lu', rouspéta Ann.

- Je sais pour la particularité génétique aussi. Mon grand-père l'avait, bien heureusement, lui aussi était médecin, et bien heureusement pour la fierté de ma famille, il n'était pas tordu et n'avait pas d'akuma no mi !

- Ace est comme ça, cherche pas, on a renoncé, fit Luffy.

- Tu avais une apparence assez intéressante à Shabaody, rappela Law.

- J'avais perdu un pari, ce n'était pas de mon plein gré que j'étais comme ça ! se défendit Luffy.

- Tu ne sais rien de plus ? demanda Ann.

- Je crois qu'on est plus ou moins liés au Siècle Perdu, mais rien de plus.

Ann leva la tête vers Luffy, lui demandant implicitement son avis. Son jeune frère hocha la tête et Ann refit face à Law, se penchant vers l'avant, sérieuse.

- Ce que je vais te dire, je te conseille de le garder pour toi. En le répandant, tu pourrais avoir de très gros ennuis, et pas avec moi, malheureusement.

Law se pencha vers l'avant, attentif.

- On a un lien avec le Siècle Perdu, c'est assez probable. En discutant avec Luffy, j'ai constaté une similitude dans les conditions de notre Eveil respectif. On était sur une place où le sang avait coulé entre le Sekai Seifu et ceux qui étaient là à l'époque des Ponéglyphes. On a eu aussi une forte envie de vengeance, elle s'évanouit dans les heures qui suivent, mais elle se réveille en présence de Tenryuubito ou d'agents du Sekai Seifu.

- Comme si ton sang entrait en ébullition et te poussait à t'en prendre à eux, renchérit Luffy.

- Et où est le pire ? demanda Law.

- Les Ponéglyphes. J'en ai croisé quatre dans ma vie. Deux avant mon Eveil et deux après. Avant, je me sentais curieux et attiré par eux… après, ils se sont mis à me parler.

Law garda les sourcils froncés, puis ses yeux s'arrondirent en faisant le rapprochement.

- Kenbunshoku.

- La Voix de toute chose. Les Roger Kaizoku avaient tout découvert, et ce, avec mon vieux qui n'a jamais appris la langue des Ponéglyphes et qui pourtant pouvait lui aussi les entendre. Il a même laissé une trace de son passage sur l'un des Ponéglyphes que j'ai vu suite à mon Eveil. J'ai pas non plus appris la langue, et pourtant, j'ai gravé une citation d'un bouquin dont je raffole avec ces caractères sur le bracelet de Sabo.

Law se passa lentement la main sur son visage.

- Quelle merde… quelle foutue génétique de merde… quelle foutue lettre de merde ! Je sais pas si je dois me sentir reconnaissant ou triste de ne pas m'être éveillé.

- C'est quoi le proverbe déjà qu'utilise Ji-chan quand il se réfère à l'idée de faire les choses en grand ? demanda Luffy.

- Je crois qu'il y avait une idée de pendaison, mais je m'en souviens plus. Pourquoi tu me demandes ça ?

- Ben, quant à se faire coincer pour vouloir mettre le monde sans-dessus dessous, briser l'engrenage et j'en passe… autant se faire pendre pour quelque chose d'encore plus gros et avec plus d'impact, comme connaître la langue des Ponéglyphes.

- Luffy, tu es déjà condamné au niveau Six, puis à l'échafaud… tu préfères échanger l'échafaud contre la torture le temps qu'on te retire le secret de ton Haki et des Ponéglyphes ? demanda Ann, abasourdie.

- Ton frère a perdu la tête, avoua Law.

- Je me demande parfois s'il en a eu une un jour. Autre chose à partager ?

- Non, je ne vois rien de plus à dire sur le sujet.

Ann se leva et marcha jusqu'à Law.

- Garde mes secrets et je garderai les tiens. Content de rencontrer un autre D. qui ne soit pas une raclure à la Dragon ou un traître à notre nature comme Garp.

Elle tendit son bras à Law qui le lui serra en souriant.

- Garde mes secrets et je garderai les tiens. Le plaisir est réciproque, Portgas-ya. Conseille à ton capitaine de faire attention où il met les pieds. Une fois Kaidou à terre, je pourrai avoir la tentation de venir pour sa tête.

Ann eu un rire au défi. Oui, Law était fort, mais si faible par rapport à Luffy ou Marco, ou elle-même. Même avec ses hommes, le résultat serait le même. Ils s'étaient tous poussés pour être assez fort et protéger les jumeaux. Les Shirohige ne tomberaient pas de sitôt du trône.

- Puisque nous avons fait le tour et que nous n'avons plus rien à nous dire, je vais vous laisser. Une vengeance à préparer contre un petit idiot. Sabo et moi partons cette nuit, au couvert de l'obscurité.

- Dommage, grommela Luffy. Mais on se reverra.

Et il sourit. Ann lui rendit son sourire et lui ébouriffa les cheveux avant de s'éloigner. Elle tira son denden de son sac, et composa rapidement le numéro du Moby Dick. Quand Kali lui répondit, Ann bénit sa chance.

- Hey, Kal', c'est moi… j'aurais un petit service à te demander…

« Je ne fais pas de blague pour toi. » avertit immédiatement la jeune femme cynique.

- Il ne s'agit pas de ça. Il est plutôt question de régler définitivement les affaires sentimentales d'Edessa. Et j'ai un plan pour ça. Mais j'ai besoin de ton assistance dans sa réalisation.

« Je t'écoute. » informa Kali, attentive brusquement.