Attention : ce chapitre contient une blague carambar. Désolée.

benebu

Chapitre quatre. Le dîner.

La vitesse à laquelle le jeudi suivant arriva était incroyable, mais c'est souvent le cas avec les événements que l'on redoute. Plus on redoutait un jour, plus il arrivait vite, en conclut Hermione.

Elle était devant son armoire, essayant de décider quoi se mettre. Elle ne pouvait pas porter ses robes de tous les jours, 'chez Merlin' était un restaurant trop chic. Mais elle ne voulait pas non plus porter ses plus belles robes, elle ne voulait pas que Rogue se fasse des idées. Elle se décida finalement pour un ensemble de robes bleu marine, par dessus une robe simple assortie. Ce n'était pas ce qu'elle avait de mieux, mais avec les cheveux remontés en chignon, et des boucles d'oreille élégantes, elle était plutôt jolie.

Elle vérifia l'heure, attrapa rapidement son manteau, et se dépêcha de descendre retrouver Rogue. Ou était-ce Severus ? Elle ne savait pas exactement comment elle était supposée l'appeler ce soir. Peut-être quelle pourrait éviter tous ces problèmes de nom en ne lui adressant la parole que quand il la regardait bien en face. Ou alors, elle pouvait toujours recourir à 'hé, vous !'.

Elle le rejoignit dans l'entrée du château, il avait l'air en même temps impatient et surpris de la voir. Est-ce qu'il s'était imaginé qu'elle ne viendrait pas ? Elle se sentit un peu désolée pour lui. Elle lui avait offert ce cadeau en premier lieu parce qu'elle s'était dit qu'il ne devait pas en recevoir beaucoup pour Noël. Il était logique de se dire alors qu'il ne devait pas avoir grand monde à inviter à dîner. Elle décida de se montrer cordiale, sinon amicale pendant le soirée. Enfin, tant qu'il en faisait autant, précisa t'elle. Après tout, elle devait supporter ses remarques désagréables et ses commentaires blessants pendant la semaine – alors en dehors des heures de cours, pas question.

« Vous avez l'air… jolie, » lui dit-il, mal à l'aise. Le Rogue qui dirigeait ses cours avec confiance, soumettant ses élève à son règne de terreur, avait disparu. A sa place se trouvait un homme timide et peu sûr de lui. Elle lui sourit et prit le bras qu'il lui tendait.

Il était habillé tout en noir, comme toujours. Elle aurait voulu le voir changer de couleur, juste une fois. Peut-être pour du bleu ou du vert ? Elle essaya de le visualiser habillé en rose, et cette simple image suffit à la faire rire. Il la regarda, sans comprendre.

« Je repensais à une blague que m'a racontée le Professeur McGonagall, » improvisa t'elle. Elle ne pensait pas qu'il rirait avec elle de savoir qu'elle l'avait imaginé en survêtement rose.

« Vraiment ? » interrogea t'il. Zut ! Il voulait entendre une blague maintenant. Elle n'avait jamais été douée pour raconter des blagues.

« Euh, voyons. Qu'est-ce qu'un chou plongé dans une casserole d'eau avec des abeilles autour ? »

Il la dévisagea.

« Un chou-marin-ruche. Un sous-marin russe ! »

Apparemment, il n'avait pas saisi.

« Euh, bon… » hésita t'elle. Ce rendez-vous commençait fort, se dit-elle. Elle avait déjà réussi à se rendre ridicule, et ils n'étaient pas encore arrivés au restaurant. Elle espérait que ça irait mieux, ou, à défaut, que le repas vaudrait le déplacement.

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Severus aurait voulu être moins nerveux. Ce n'était qu'un dîner. Il l'attendait dans l'entrée, essuyant ses mains moites sur les manches de ses robes. Pour la troisième fois, il vérifia qu'il avait tout. Sa baguette, OK, le bon pour le dîner chez Merlin, OK, le cadeau d'Hermione, OK. Bon. Tout était toujours là.

Levant les yeux, il la vit descendre l'escalier. Elle portait des robes du même bleu que sa potion contre le mal de crâne préférée. Elles lui allaient bien, elles mettaient en valeur ses grands yeux marrons. Il se rendit compte qu'il devait dire quelque chose. Il balbutia un compliment sans originalité et lui offrit son bras.

Elle avait fait un essai pitoyable de blague sur le chemin vers la grille de Poudlard, très certainement pour essayer d'alléger la tension. Il prit note de s'en tenir aux sujets sérieux ce soir. Il n'était pas sûr de pouvoir supporter beaucoup plus de ses 'blagues'.

Une fois au restaurant cependant, les choses allèrent un peu mieux, sans doute aidées par la bouteille de vin qu'ils avaient commandé en arrivant. Ils discutèrent de Potions, des élèves passés et présents, et de ses collègues professeurs. Le vin lui avait délié la langue quand il en arriva là, et il lui fit un portrait de presque chaque professeur.

« La chose la plus intelligente que vous ayez jamais faite a été de quitter la classe de Trelawney. Malheureusement, tout le monde ne peut pas éviter sa présence, » lui dit-il.

« Vraiment ? » demanda t'elle, l'invitant à continuer sur ce sujet. Il décida qu'il aimait ça chez elle. Elle avait toujours souri et acquiescé aux bons moments ce soir. Ses questions étaient des ouvertures vers d'autres sujets ou l'encourageaient à continuer dans la même veine. Rien à voir avec son insupportable curiosité en classe.

« La semaine dernière au dîner, au lieu de me demander de lui passer le plat de purée, elle a affirmé à Minerva que son Troisième Œil l'avait informée que j'allais le lui passer, » se moqua t'il.

« Et vous l'avez fait ? Vous lui avez passé le plat ? »

« Eh bien, j'étais en train de le faire quand je me suis dit que ce serait plus amusant si je le renversais. »

« Ce que bien sûr, elle avait également prévu, » commenta t'elle sarcastiquement.

« C'était inévitable, mais ça valait le coup pour le lui entendre dire avec de la purée qui lui coulait sur les joues et le nez. »

Elle rit, et il décida qu'il aimait ce son. Il ne pouvait pas se souvenir de la dernière fois qu'il avait fait rire une femme. Celles qui avaient ri de lui ne comptaient pas.

Quand il lui avait donné son cadeau, elle avait poussé une exclamation de joie qu'il avait noté avec plaisir. Même s'il ne pensait pas qu'Hermione ait déjà trouvé un livre qui ne lui plaisait pas.

'Oui,' se disait-il. 'cette soirée se passe bien.' Il n'avait pas une fois eu envie de l'étrangler ou de lui lancer un mauvais sort, même s'il avait dû se retenir de commenter certaines des choses qu'elle avait dites d'un remarque caustique. Les vieilles habitudes ont la vie dure.