A/N : merci pour les premiers retours !
Petite précision avant lecture : cette écriture signifie qu'il s'agit de fourchelangue.
Certaines répliques sont conservées quasi intactes, d'autres sont modifiées pour raison scénaristique. Pas la peine de me signaler que ce n'est pas exactement la phrase qui est dite dans le livre ou le film, je suis au courant ;)
Quelques jours plus tard, Harry était prêt à reconsidérer ce qu'il avait pensé en estimant que l'année serait paisible, ou en tout cas plus supportable que la précédente. Rogue leur menait une vie infernale à la moindre occasion et semblait plus déterminé que jamais à tenir les Griffondors pour responsables du moindre problème dans sa classe. Harry et Neville prenaient à eux seuls les trois quarts des blâmes et des échecs des autres élèves. Même les potions parfaites d'Hermione ne rapportaient pas le moindre point aux rouge et or, alors que les Serpentards – Malfoy en tête – semblaient prendre un malin plaisir à saboter leurs chaudrons dès qu'ils en avaient la possibilité.
Les cours de Défense étaient presque aussi insupportables, tout en étant dans un registre diamétralement opposé. Certes, la classe était régulièrement inondée de lumière à la place de la sombre humidité des donjons. Certes, Lockhart n'enlevait pratiquement jamais de points à personne et en donnait même un peu trop facilement. Mais le nouveau professeur passait son temps à parler de lui, de ses livres, et à tenter de convaincre Harry de faire des séances photos communes pour la presse. Les réticences de Harry à cette idée semblaient insuffisantes à décourager le sorcier blond, à la grande déception du premier.
Lors de leur deuxième cours, Lockhart les avait même laissé seuls avec la tâche de remettre des lutins dans leur cage après avoir misérablement échoué à le faire lui-même. Fort heureusement, Hermione avait pris de l'avance en Charmes et lancé un Immobilus qui leur avait permis de les réunir. Et accessoirement, de décrocher Neville du lustre où les malicieuses créatures l'avaient installé. Naturellement, seuls eux quatre étaient restés assez longtemps dans la salle après que les lutins aient été libérés et ils avaient dû tout ranger en un temps record.
- Sérieusement, à quel point ce prof est incompétent pour ne pas être capable de maîtriser des lutins ? s'était exclamé Ron.
Harry, bien que ne prononçant pas un mot, était on ne peut plus d'accord avec son ami. Hermione avait marmonné une quelconque excuse pour défendre Lockhart, mais ils avaient tous senti qu'elle commençait à éprouver quelques doutes.
Ron et Harry avaient reçu leurs attributions de retenue pendant le petit-déjeuner du vendredi matin, et au grand dam de Ron, celui-ci avait pour consigne de rejoindre le bureau de Rusard dès le lundi soir.
- Maintenant, la grande question c'est de savoir quel couloir tu vas nettoyer ! lança Dean.
- Trop facile le couloir, moi je parie sur la salle des trophées, contra Seamus immédiatement.
En moins de cinq minutes, la moitié de la table de Griffondor était en train de parier sur le premier endroit de Poudlard que Rusard ferait nettoyer à un élève, pendant que Ron se lamentait et protestait ardemment contre l'injustice de la punition. Avec un regard d'excuse à son ami, Harry ouvrit sa propre note et ne put contenir une grimace.
- Avec qui tu vas faire ta retenue Harry ? demanda Hermione.
- Lockart, répondit le brun. Jeudi soir prochain.
- Étrange, il n'a pas l'air du genre à se porter volontaire pour punir les élèves pourtant...
- À tous les coups, tu vas devoir passer une heure à le complimenter non-stop ! lança un quatrième année.
- Ou alors, il va te faire nettoyer sa garde-robe ! s'esclaffa un autre.
- J'espère que non, je suis prêt à parier que ce type a encore plus de fringues de Malfoy, lança quelqu'un.
Tous ceux qui avaient pu entendre la remarque se lancèrent dans un éclat de rire, y compris Harry qui retrouva temporairement le moral. La fin du petit-déjeuner porta presque exclusivement sur le débat involontairement lancé, pour savoir qui du professeur narcissique ou de l'égocentrique Serpentard possédait le plus de vêtements.
-o-oOo-o-
Le premier weekend passa tranquillement, Hermione poussant les garçons – et avec eux presque tout le dortoir de Griffondor – à faire leurs devoirs dès le samedi. S'ils s'exécutèrent avec un bon nombre de grognements et de protestations, ils n'en furent pas moins heureux de pouvoir profiter du reste de leur temps libre et allèrent observer les sélections de l'équipe de Quidditch de Griffondor.
Olivier et les jumeaux saluèrent immédiatement Harry lorsque celui-ci s'installa sur les gradins, et celui-ci leur fit un geste de la main et un sourire. Ron eut un regard jaloux pendant un instant, mais qui disparut rapidement au profit de la comparaison des différents candidats et de leurs aptitudes respectives.
En moins de deux heures, l'équipe était désormais au complet et le capitaine en profita pour confirmer que le premier entraînement aurait lieu dès la semaine prochaine, le samedi après-midi. Après quoi, tous les Griffondors laissèrent la place aux Serdaigles, qui avaient réservé le terrain pour leur propre sélection, et retournèrent dans leur salle commune ou dans le parc pour profiter de la fin d'après-midi en jouant ou discutant.
-o-oOo-o-
La semaine suivante passa rapidement. McGonagall était intraitable sur la théorie et leur connaissance des différentes étapes à garder en tête pendant l'exécution du premier sort qu'ils auraient à pratiquer. Lockhart, absolument ravi, passa un bon quart d'heure à expliquer à Harry qu'il avait personnellement demandé à s'occuper de sa retenue, et à garantir que le jeune sorcier lui serait reconnaissant pour les importantes leçons qu'il lui transmettrait.
Le mardi matin eut lieu une conversation de premier ordre entre les deuxième années de Serdaigle et de Griffondor, pendant le cours d'Histoire. Même les élèves les plus studieux de Poudlard étaient pratiquement incapables de rester attentifs – ou même éveillés – après plus de dix minutes du soporifique professeur Binns.
- Dites les gars, est-ce que ça sert vraiment à quelque chose qu'on se réveille aussi tôt pour venir à ce cours ? avait lancé Seamus en bâillant.
- Bonne question, avait grommelé un Serdaigle assez proche pour l'entendre.
- Vous croyez qu'il s'en rendra compte si on reste dans nos lits plutôt que de venir à son cours ?
La voix de Ron contenait un filament d'espoir, et tout le monde se posa la question pendant quelques instant avant qu'un autre élève de Serdaigle réponde.
- Lui non, mais nos directeurs de maison oui. Les listes de présence sont complétées magiquement.
Plusieurs jurons déçus se firent entendre à mi-voix.
- La vraie question, reprit le premier Serdaigle, c'est de savoir combien de fois il répète la même chose sans se rendre compte qu'il ne s'adresse plus à la même classe.
- Pas d'accord, contra Dean. La vraie question, c'est de savoir si oui ou non il est au courant qu'il est mort.
- Je croyais que c'était de savoir si oui ou non ce qu'il raconte a bien existé ?
- Dans toutes les guerres de gobelins qu'il raconte, il doit bien y en avoir au moins une qui a eu lieu, estima Harry.
Les chuchotements continuèrent bon train, et pour la première fois depuis probablement des années, un groupe de Griffondors et quelques Serdaigles restèrent éveillés durant l'entièreté de la leçon. Fidèle à sa réputation, le professeur d'Histoire de la Magie ne s'en aperçut toutefois absolument pas, absorbé qu'il était par son récit. Harry et Ron avaient de toute façon déjà prévu d'un commun et non-verbal accord de demander – plus probablement supplier – Hermione de leur prêter ses notes.
-o-oOo-o-
Ron avait réalisé sa retenue avec Rusard, et avait dû récurer de fond en comble la salle des trophées – faisant ainsi gagner son pari à Seamus – et astiquer chaque plaque commémorative. Pour Harry, le jeudi soir arriva un peu trop vite, et il commençait à s'inquiéter de sa retenue avec Lockhart.
Le jeudi matin, alors qu'ils avaient une période de libre, il avait enfin réussi à dégager un moment juste pour lui et était parti se balader avant le déjeuner. Malgré toute l'affection qu'il avait pour ses amis, l'habitude d'années de solitude chez les Dursley ne s'effaçait pas si facilement et il lui arrivait régulièrement d'avoir besoin d'une heure ou deux tout seul.
Évitant autant que faire se pouvait les couloirs encombrés, le jeune sorcier se dirigea vers le lac et un lieu discret qu'il avait repéré en première année.
Il s'agissait d'un endroit un peu en retrait, dissimulé du château par un amas de roches et quelques arbres. En passant à côté des racines, il pouvait se laisser tomber sur un rocher à fleur d'eau et s'asseoir confortablement. L'ensemble avait l'avantage non négligeable d'être à l'abri du vent et protégé par le feuillage des arbres. L'emplacement était calme, et Harry aimait à penser qu'il s'agissait d'une sorte de cachette secrète rien qu'à lui, aussi improbable que ce soit.
Il laissa sa main tomber dans l'eau, sans s'émouvoir de la froide température de celle-ci. Quelques poissons nageaient tranquillement autour de lui, sans s'inquiéter outre mesure de sa présence. Au bout de quelques minutes, deux ou trois d'entre eux s'éloignèrent et Harry sourit.
- J'espère que vous n'êtes pas en train de prévenir le calamar géant que je suis là, fit-il distraitement.
La surface du lac resta cependant calme, sans trace du fameux monstre marin, et sans autre manifestation de mouvement qu'une légère brise provoquant des vaguelettes autour de son rocher. Assis en tailleur, Harry posa ses mains légèrement derrière lui pour s'appuyer, et inspira lentement.
Il adorait le bruit de l'eau. N'étant jamais parti en vacances, l'idée de la mer et de la liberté qui y était liée avait quelque chose de profondément apaisant. Le jeune sorcier arrivait toujours à se détendre lorsqu'il était proche d'une source d'eau. Il aimait à penser que la forêt avait le même effet sur lui, mais il n'avait d'expérience que celle qui se trouvait à quelques kilomètres de la maison des Dursley. Les souvenirs qui y étaient liés n'étaient pas exactement ses plus heureux.
Il y avait la Forêt Interdite, aussi, mais la seule fois où il s'y était aventuré... rencontrer Firenze avait été intéressant, mais il se serait volontiers passé de la vision de Voldemort s'abreuvant du sang d'une licorne fraîchement tuée. Un frisson d'horreur le saisit alors que son esprit lui repassait la scène, et il s'obligea à se concentrer de nouveau sur la nature qui l'entourait.
Une heure plus tard, c'est avec un esprit apaisé et un sentiment de relaxation qu'Harry repartit. Il se hissa sans difficulté grâce aux racines, et se dirigea tranquillement vers le château.
Alors qu'il n'était plus qu'à quelques pas de l'entrée, il se retrouva involontairement face-à-face avec un groupe de Serpentards. Le brun parvint tant bien que mal à retenir son agacement et accéléra le pas avec l'intention manifeste d'ignorer Malfoy et la petite troupe qui l'accompagnait. Avec un peu de chance, il aurait le temps de passer avant qu'ils remarquent sa présence.
- On a perdu son fan-club, Potter ?
Évidemment, Harry n'avait jamais été un sorcier très chanceux. La réplique fusa sans même qu'il y réfléchisse.
- Contrairement à certains, je survis très bien sans l'attention des autres, Malfoy.
Un glapissement outré s'échappa de la gorge de la fille pratiquement accrochée au bras du blond – Parkinson, se rappela Harry. Les réactions des autres Serpentards étaient plus silencieuses. Crabbe et Goyle avaient l'air prêts à l'attaquer, Malfoy le fusillait du regard, et les deux autres – Zabini et Nott, s'il avait bonne mémoire – semblaient simplement observer la scène.
- De la part du chouchou de Lockhart, c'est difficile à croire, siffla le blond. Pas étonnant que vous vous entendiez si bien. Vous êtes tous les deux célèbres et incompétents.
Harry fronça immédiatement les sourcils et sentit une colère gronder en lui. Lockhart le traitait spécialement, mais il pensait que son déplaisir était évident pour tous. Et une part de lui était furieuse à l'idée d'être comparé à quelqu'un d'aussi ridicule. Il n'avait jamais demandé à être connu, et aurait volontiers donné sa célébrité et les ennuis qui l'accompagnaient au premier venu !
Alors qu'il ouvrait la bouche pour répliquer, quelqu'un l'appela de l'intérieur.
- Harry !
Quelques instants plus tard, Ron et Hermione était à côté de lui.
- Tiens, la cavalerie est enfin arrivée, se moqua le blond.
- Fiche-lui la paix Malfoy ! grogna Ron.
- Sinon quoi, Weasley ? répliqua le Serpentard avec un sourire narquois.
Alors que Ron commençait à virer rouge brique et qu'Harry avait toujours envie d'envoyer une ou deux phrases cinglantes pour remettre le blond à sa place, Hermione les tira tous les deux par la manche pour les faire rentrer. Le brun inspira un grand coup pour se calmer, et lança un dernier regard noir à Malfoy avant de suivre ses amis.
Une fois à table, Ron se jeta sur les plats devant lui tout en s'adressant à Hermione.
- Pourquoi est-ce que tu nous as empêché de lui régler son compte à ce fils à papa ?
La sorcière avait les lèvres pincées, signe qu'elle aussi était agacée par l'attitude du Serpentard, mais répondit avec la logique qui la caractérisait.
- Parce qu'il n'attendait que ça, qu'ils étaient plus nombreux que nous, et que ça aurait forcément fini à l'infirmerie avec des points en moins pour Griffondor.
- Mais c'est eux qui ont commencé !
- Peut-être, mais Rogue les aurait défendus et McGonagall aurait retenu qui a frappé le premier. Mieux vaut ignorer ces prétentieux, ajouta-t-elle avec un signe de tête.
Tant bien que mal, Ron se calma et retourna à son assiette. Hermione fit rapidement de même, tout en écoutant distraitement la discussion à côté d'elle. Les soeurs Patil discutaient avec Lavande Brown des options disponibles en troisième année, et particulièrement de la Divination.
Harry se força à se concentrer sur son repas, mais le poulet et les petits pois ne l'intéressaient pas vraiment. La sérénité qu'il avait acquise après son heure à côté du lac s'était évaporée au contact de Malfoy, et il était toujours agacé que le blond l'ait comparé à Lockhart.
Ce n'était pas comme s'il avait réellement quoi que ce soit en commun avec le professeur de Défense, après tout. Inconsciemment, son regard se dirigea vers la table des enseignants, où le blond lui fit un clin d'oeil et un signe de la main. Harry se détourna aussitôt, presque plus vite que les fois où sa cicatrice l'avait brûlé.
La fin de la journée arriva trop vite à son goût, et à dix-sept heure trente, Harry toqua poliment à la porte du bureau du professeur de Défense. Celui-ci lui ouvrit avec un sourire particulièrement enjoué.
- Harry, mon élève préféré ! Je suis ravi de te voir, entre donc !
Avec toute la mauvaise volonté possible mais une attitude polie, le plus jeune entra dans le bureau et eut le plus grand mal à retenir la grimace qui pointait. La pièce en elle-même était dans des teintes chaudes qui lui donnaient un aspect confortable, renforcé par un mobilier en bois clair.
L'ensemble aurait pu être un parfait équilibre entre bon goût et ambiance chaleureuse, si Lockhart n'y avait pas ajouté sa touche personnelle. Des dizaines de photos de lui-même décoraient les murs, la plupart dans des poses ridicules ou en compagnie d'autres célébrités. Harry constata avec un grognement difficilement contenu que la photo prise par la Gazette à la librairie était également encadrée.
- Ah, on pourrait passer des heures à s'extasier, n'est-ce pas ? murmura Lockhart avec un air entendu.
Incapable de trouver une réponse qui serait à la fois honnête et respectueuse, Harry choisit prudemment de se taire. Le plus âgé admira les images animées pendant presque une minute, avant de laisser échapper un petit rire et de diriger son élève vers le bureau, derrière lequel se trouvaient déjà deux chaises.
- Tu vois Harry, de célébrité à célébrité, il faut parfois savoir se serrer les coudes. Tu es encore jeune, et si tu veux pouvoir maintenir ta cote de popularité sur le long terme, il y a un millier de petits détails qu'il va te falloir apprendre.
- Mais je n'ai pas envie de...
- Tss tss Harry, je comprends parfaitement, crois-moi. Tu imagines que ton nom ne disparaitra jamais des mémoires, mais la renommée est une amie infidèle. C'est pourquoi cette retenue joindra l'utile à l'agréable.
Le brun prit un air interrogatif. Sur l'instant, il n'avait pas la moindre idée de ce que le narcissique sorcier pouvait bien avoir en tête. Cette attitude sembla ravir Lockhart, qui sortit soudainement une monstrueuse pile de lettres d'un côté, et de quoi écrire de l'autre.
- Nous allons répondre ensemble à mes admirateurs ! Entre nous, quel meilleur moyen de passer une retenue, pas vrai ?
Pour un peu, Harry aurait pu sentir sa mâchoire se décrocher. Son cerveau était pratiquement incapable de fournir une réaction logique à la scène qui se produisait. Il allait passer sa retenue avec un professeur de Défense Contre les Forces du Mal à répondre à du courrier. Quelque part, il n'arrivait pas à croire que Lockhart puisse réellement avoir été nommé professeur, encore moins qu'il considère qu'utiliser un élève comme son secrétaire personnel était une idée de punition proche d'un privilège.
Néanmoins, il finit par attraper une plume, un encrier, et écouter les consignes entrecoupées de conseils sur la célébrité avant de se mettre au travail.
La fin de journée s'annonçait longue.
-o-oOo-o-
Harry était incapable de dire combien de temps était passé depuis qu'il était entré dans le bureau de Lockhart, mais son poignet était douloureux à force d'écrire et son estomac avait déjà émis plusieurs gargouillements.
- Ah, miss Faraday... une de mes plus fidèles admiratrices, elle est dans mon fan-club depuis le tout début. Souviens-toi d'être toujours reconnaissant envers ton public, Harry, c'est lui qui fait de toi ce que tu es, et il est aussi imprévisible et exigeant que la Magie elle-même. La célébrité ne peut donner que ce qu'elle a, n'oublie jamais ça.
- Oui professeur, répondit Harry avec ce qu'il espérait être un air attentif convaincant.
Quelques lettres plus tard, Lockhart sembla commencer à avoir faim et s'interrompit soudainement pour regarder sa montre.
- Par Merlin, mais ça fait presque trois heures que nous y sommes ! C'est fou ce que le temps file quand on s'amuse, n'est-ce pas ?
Harry s'abstint de tout commentaire une fois de plus.
- Circé et Morgane, continua Lockhart, j'ai bien peur que nous ayons loupé le dîner... Allons, je t'ai assez retenu comme ça mon garçon, mais n'oublie pas toutes les importantes leçons que tu as apprises ce soir !
- Oui professeur.
Harry sortit rapidement, heureux d'être enfin libéré de cette séance de torture. Il était effectivement trop tard pour rejoindre la Grande Salle, le diner était selon toute probabilité pratiquement terminé. Peu enclin à aller jusqu'aux cuisines, il résolut de retourner à la tour de Griffondor. Ce ne serait pas la première fois qu'il sautait un repas après tout.
Le jeune sorcier était en train de tranquillement marcher dans un couloir désert en secouant son poignet endolori, lorsqu'il se figea. Une voix glaçante était sortie de nulle part.
Sang... Faim... Tuer...
Harry se sentit pâlir en entendant la voix inconnue se déplacer autour de lui sans voir personne. Sans réfléchir, il se mit à courir dans la direction vers laquelle la voix si inquiétante semblait se diriger. En tournant à un angle, il se retrouva nez-à-nez avec Ron et Hermione.
- Harry ! Où tu étais ?
- Harry, on t'a cherché partout !
Sans même remercier le roux qui l'avait retenu et empêché de tomber après leur être rentré dedans, il recommença à courir en leur faisant signe de le suivre.
- Harry, qu'est-ce qu'il se passe ?
Sang... Sang... Proie...
- Il se déplace ! Il cherche une proie !
- Qui ça ? demanda Hermione.
La sorcière avait suivi son ami par réflexe, mais semblait complètement perdue quant au pourquoi de la chose. Un coup d'oeil en direction de Ron suffit à Harry pour comprendre qu'il était tout aussi perdu.
- La voix ! Vous ne l'entendez pas ?
Ils tournèrent encore deux fois avant de se retrouver dans un couloir dont le sol était pratiquement inondé et s'immobilisèrent d'un coup, incapables de bouger pendant plusieurs secondes.
Sur le mur en face d'eux étaient inscrites deux lignes, qu'Hermione lut dans un murmure étouffé, incapable d'élever la voix plus haut.
- "la Chambre des Secrets a été ouverte, ennemis de l'héritier prenez garde" C'est... Harry, ajouta-t-elle d'une voix horrifiée, je crois que c'est écrit avec du sang.
Ils restèrent silencieux pendant quelques instants, Hermione et Ron mortellement pâles, et Harry complètement estomaqué. La lueur des flammes bougea soudainement, éclairant un important détail du corridor que les trois amis n'avaient pas remarqué jusque-là.
- On dirait... miss Teigne, constata Ron.
Il ne semblait pas croire les mots qu'il venait de prononcer, et aucun des deux autres ne pouvait le blâmer. La chatte du concierge était anormalement immobile et silencieuse, yeux écarquillés et gueule grande ouverte, les pattes écartées comme si elle s'était apprêtée à piquer un sprint.
Harry s'approcha lentement de l'animal pour essayer de repérer quelque chose, même s'il ne savait pas quoi exactement.
Ce fut ce moment que choisirent les élèves pour sortir en masse de la Grande Salle et commencer à débarquer dans le couloir par les deux côtés. Des dizaines de Griffondors, Poufsouffles, Serdaigles et Serpentards s'approchèrent avant de s'immobiliser en arc de cercle autour de la chatte et du message sur le mur. La plupart étaient figés par la stupeur ou l'horreur, jusqu'à ce que Malfoy arrive au premier rang.
- Ennemis de l'héritier prenez garde... murmura-t-il.
Les yeux gris du blond se fixèrent brièvement sur Hermione, ignorèrent Ron et s'arrêtèrent sur Harry. L'ombre d'un sourire narquois flotta sur les lèvres du Serpentard.
- Sois prudent, Potter. On dirait que Poudlard n'est plus disposé à accepter n'importe qui.
Avant qu'Harry puisse répliquer, la voix de Rusard se fit entendre dans le couloir, le concierge pestant et menaçant pour tracer son chemin parmi la marée d'élèves immobiles. Lorsqu'il arriva devant le mur, il n'accorda qu'un bref instant d'attention au message avant d'accuser le trio.
- Potter ! Vous allez nettoyer tout ça et en vitesse ! Croyez-moi, le directeur entendra parler de cette... cette...
Son regard venait de se poser sur la chatte à côté de Harry.
- Mi... Miss Teigne ? Vous... vous avez tué ma chatte ?
Incapable de répondre, Harry se contenta de secouer la tête, et recula involontairement en voyant l'aura meurtrière qui prenait progressivement place dans les yeux du concierge.
- Je vais vous tuer, gronda-t-il. Je vais vous tuer !
- Argus ! l'interrompit une voix.
Tous les élèves s'écartèrent rapidement pour laisser passer Dumbledore, suivi des directeurs de maison et de l'infirmière. Les professeurs s'immobilisèrent à leur tour devant le message.
McGonagall fut la première à se ressaisir.
- Tous les élèves retournent dans leurs dortoirs respectifs, ordonna-t-elle. Immédiatement.
Petit à petit, lesdits élèves s'exécutèrent dans un brouhaha qui s'amplifia au fur et à mesure, chacun répétant le message à ceux qui étaient derrière et discutant de ses possibles significations. Alors qu'ils allaient en faire de même, les membres du Golden Trio furent interrompus.
- Harry, Ron, Hermione, restez encore quelques instants, demanda Dumbledore. J'ai bien peur que nous devions vous poser quelques questions, mes enfants.
Lorsque le couloir fut désert à l'exception des trois Griffondors et de la majeure partie du corps enseignant, Rusard reprit immédiatement où il s'était arrêté.
- Ces délinquants ont tué ma chatte ! J'exige un renvoi immédiat !
- Non ! Professeur, je vous jure qu'on n'y est pour rien, se défendit Harry.
- Mensonges ! cracha le concierge.
Harry regardait directement Dumbledore, tentant comme il pouvait de comprendre ce qui se passait dans la tête du directeur. Celui-ci leva une main et s'approcha doucement de la chatte, sans se préoccuper de l'eau qui trempait le bas de ses robes criardes. Il observa l'animal pendant moins d'une minute avant de relever la tête d'un air entendu.
- Elle n'est pas morte, Argus. Elle a été pétrifiée.
Un étrange mélange d'émotions apparut sur le visage du concierge, qui semblait hésiter entre stupéfaction, soulagement et colère. Avant qu'il ait le temps de décider laquelle prenait le dessus, Lockhart, qui avait trouvé le moyen d'arriver juste à temps pour entendre les mots du directeur, prit la parole.
- Ah, exactement ce que je pensais ! s'exclama-t-il. Dommage que je n'ai pas été là, je connais le contre-sort qui lui aurait évité ça !
Si McGonagall et Flitwick parvinrent à garder un semblant d'impassibilité face à cette déclaration, Rogue leva brièvement les yeux au ciel en un signe discret d'exaspération et les yeux de Dumbledore pétillèrent quelques instants.
- Ma chatte a été pétrifiée ! recommença Rusard. J'exige un châtiment !
- Ce n'est pas moi qui l'ait attaquée ! répéta Harry.
- C'est la vérité professeur, aucun de nous n'a jamais touché à miss Teigne ! appuya Hermione.
Les enseignants semblèrent hésiter quelques instants, jusqu'à ce que Rogue prenne la parole en fixant Harry de ses yeux noirs.
- Qu'avons-nous comme preuve exactement ? Pour ma part, je ne me souviens pas avoir vu Potter au diner.
- J'y suis pour quelque chose, Severus, intervint Lockhart.
Pendant une seconde, personne ne reconnut le professeur de Défense. Le célèbre sorcier avait laissé tomber son sourire et se tenait droit dans ses robes ocres, une main sur la hanche, parfaitement sérieux.
- Harry était en retenue avec moi depuis dix-sept heure trente, il m'aidait à répondre à mes admirateurs.
Ron et Hermione lancèrent un regard incrédule à Harry, qui fit une légère grimace pour confirmer que c'est bien ce à quoi il avait employé les trois dernières heures. Profitant de ce que Lockhart avait fini et du fait que les autres professeurs semblaient y réfléchir, la jeune sorcière avança d'un pas, regardant tour à tour le directeur et McGonagall.
- Quand on a vu qu'Harry n'était pas dans la Grande Salle pour le repas, Ron et moi on s'est inquiétés et on est partis à sa recherche. On venait de le retrouver quand il nous a dit...
Elle s'interrompit un instant et se mordit la lèvre, hésitante.
- Quand j'ai dit que je n'avais pas faim, mentit Harry.
Dumbledore le regarda droit dans les yeux et l'éclat scintillant que le garçon à la cicatrice avait prit l'habitude de repérer brilla quelques secondes avant de disparaître. En dehors de ça, le directeur resta impassible et Harry poursuivit.
- On retournait à la salle commune de Griffondor quand on a découvert miss Teigne.
Si Rusard semblait toujours furieux et Rogue légèrement soupçonneux, les autres professeurs étaient apparemment satisfaits par leur alibi et se tournèrent vers Dumbledore. Ce dernier laissa échapper un soupir et secoua doucement la tête en direction du concierge.
- Innocent tant qu'on n'a pas prouvé qu'il est coupable, déclara-t-il simplement. Il semble que monsieur Potter et ses amis soient en mesure d'expliquer leurs déplacements inhabituels de ce soir.
- Mais ma chatte a...
- Je crois par ailleurs savoir que Pomona a des plants de mandragore très vigoureux en ce moment, ajouta Dumbledore. Lorsqu'ils seront à maturité, je suis persuadé que Severus et Poppy seront à même de brasser la potion nécessaire pour la ramener parmi nous.
Cette dernière déclaration, assortie d'un hochement de tête de l'infirmière, sembla finalement calmer Rusard, qui récupéra miss Teigne avec mille précautions avant de s'éloigner en fusillant Harry du regard.
- Harry, mon garçon, reprit Dumbledore. Y a-t-il autre chose que tu voudrais me dire ?
- Non professeur.
- Dans ce cas, je suggère que vous retourniez tous les trois dans votre salle commune. Minerva, pourriez-vous les accompagner ?
- Naturellement, Albus.
Le trajet jusqu'à la tour de Griffondor se fit dans un silence complet, et après avoir prononcé le mot de passe, les trois élèves entrèrent dans la salle et se retrouvèrent immédiatement sous une nuée de regards curieux.
- Bravo pour miss Teigne ! lança quelqu'un en plaisantant. Comment vous avez fait ?
- C'était pas nous, fit Ron en haussant les épaules. Qui que ce soit, il est parti avant qu'on arrive.
- Dommage, intervint un cinquième année, je l'aurais bien remercié pour nous avoir débarrassé de cette horreur !
- Elle est seulement pétrifiée et le professeur Dumbledore a dit qu'elle serait ramenée à la vie grâce aux mandragores du professeur Chourave, déclara Hermione.
L'affirmation on ne peut plus sérieuse de la préfette en devenir doucha l'enthousiasme des rouge et or, et ceux-ci se mirent aussitôt à commenter l'évènement de la soirée en petits groupes.
Aussi discrètement que possible, le Golden Trio alla s'installer dans un coin à l'écart pourvu de fauteuils confortables. En temps normal, ils aimaient tous les trois se poser en face de la cheminée, mais les places étaient déjà prises et ils avaient besoin d'un endroit un peu plus discret pour discuter de ce qui s'était produit. De toute façon, ce n'était pas comme si les membres de Griffondor appréciaient réellement les quelques fauteuils à côté du coin de mur qui servait de bibliothèque de maison.
D'après L'Histoire de Poudlard – ou du moins d'après Hermione qui l'avait lu – chaque salle commune possédait une petite bibliothèque destinée à l'usage exclusif de ses membres. Il était dit qu'elle se remplissait d'elle-même, et de façon à ce que chacun puisse trouver un livre susceptible de l'intéresser. Sans grande surprise, peu de Griffondors prenaient le temps de fouiller dans celle de leur salle commune. Harry avait une fois promené son regard sur les ouvrages disponibles, et avait été surpris de constater qu'il y avait majoritairement des livres sur le Quidditch et des romans d'amour. D'une certaine manière, il supposait que ça en disait long sur les membres de la maison censée être la plus courageuse de l'école.
Toujours est-il que cette partie était un peu isolée, probablement pour que celles et ceux qui souhaitent lire puissent le faire sans être dérangés. En général, Harry, Hermione et Ron en profitaient pour pouvoir discuter tout en étant relativement à l'abri des oreilles indiscrètes. Colin Crivey, qui avait depuis le début de l'année une fâcheuse tendance à vouloir prendre des photos de Harry à tout bout de champ, était dans une discussion animée avec un autre élève de première année et se contentait de jeter des coups d'oeil fréquents à son idole.
Alors que les trois amis étaient installés et qu'Hermione, sourcils froncés, se préparait à commencer à poser ses questions, une petite figure se rapprocha d'eux timidement.
- Ginny, soupira Ron, qu'est-ce que tu veux ?
- O-oh rien, je... je voulais juste p-parler à Harry deux minutes, s-si c'est possible, balbutia-t-elle.
En temps normal, Harry essayait toujours de répondre poliment et de prendre un minimum de temps pour discuter avec les gens qui l'accostaient. A plus forte raison lorsqu'il s'agissait de la famille de ses amis ou de personnes avec qui il avait un ou une amie en commun. Mais ce soir en particulier, son esprit était trop préoccupé par ce qui s'était passé. Sans compter que la petite soeur de Ron avait passé tout le temps où il était au Terrier à l'éviter et à devenir aussi rouge que ses cheveux les rares fois où le brun lui avait adressé la parole. Forçant un sourire poli, Harry répondit gentiment.
- Est-ce que ça peut attendre un autre moment Ginny ? Hermione, Ron et moi on doit discuter de choses importantes...
- Oh, oui bien sûr, je comprends... une prochaine fois alors ?
La petite rouquine avait un air dépité, mais une note d'espoir pointait dans sa voix et ses yeux s'agrandirent légèrement en attendant la réponse du célèbre ami de son frère. Harry se contenta de hocher la tête et elle s'éloigna, un petit sourire rassuré sur le visage. Ron leva les yeux au ciel de façon mélodramatique, et s'enfonça davantage dans son fauteuil en maugréant une remarque incompréhensible sur les filles en général, et les soeurs en particulier.
Lorsqu'il fut certain que les trois amis avaient de nouveau un semblant de privacité, Hermione reprit un air sérieux et s'adressa au brun.
- Harry, qu'est-ce que c'était que cette histoire de voix dans les couloirs ? Il n'y avait que nous et je n'ai rien entendu du tout.
- Moi non plus, ajouta Ron.
Harry posa ses coudes sur ses genoux, un air concentré sur le visage. Ses mèches noires cachaient sa cicatrice et tombaient presque au niveau de ses yeux, dissimulant ainsi son regard. Il se doutait que ses meilleurs amis lui poseraient la question, surtout vu à quel point il avait lui-même paniqué sur le moment.
- Je ne sais pas ce qui s'est passé ni d'où elle sortait, mais tout à coup, j'ai entendu une voix résonner dans le couloir où j'étais. Elle répétait juste des mots comme sang, faim, tuer et proie.
Sa voix était basse, pour être certain que personne d'autre ne l'entendrait. Hermione et Ron frissonnèrent en entendant les mots, et la jeune sorcière réfléchit aussitôt aux implications possibles.
- Ça voudrait dire que ce serait cette... chose, qui a attaqué miss Teigne ?
- Mais dans ce cas, pourquoi cette fichue chatte a été pétrifiée et pas mangée ? Et pourquoi Harry est le seul à l'avoir entendue ? demanda Ron.
Hermione fronça de nouveau les sourcils et se mordit distraitement la lèvre. Elle n'aimait pas ne pas avoir de réponse. Harry réfléchit à son tour, les questions pointées par son meilleur ami étaient loin d'être stupides et ne pas avoir de solution le chiffonnait presque autant qu'Hermione.
- Peut-être... commença-t-il. Peut-être que la voix n'avait pas prévu de pétrifier miss Teigne et qu'on l'a interrompue en arrivant aussi vite ?
- C'est possible, admit Hermione. Mais qui, ou quoi, peut pétrifier en silence aussi rapidement et disparaître tout aussi vite ?
Aucun des garçons n'avait de réponse, et vu l'air décidé qui apparut sur le visage de leur amie, ils se doutaient qu'elle allait probablement passer les prochains jours à la bibliothèque pour essayer de trouver la solution. Il y eut un silence de quelques minutes, pendant lequel chacun des trois resta perdu dans ses pensées, jusqu'à ce qu'Harry recommence à parler, un peu hésitant.
- Vous croyez que j'aurais dû leur dire ? A Dumbledore et aux autres ?
À sa grande surprise, ce fut Hermione qui répondit immédiatement.
- Non Harry, certainement pas. Entendre des voix c'est mauvais signe, développa-t-elle, même dans le monde des sorciers.
Enfoncé dans son fauteuil, Ron hocha la tête pour approuver la déclaration de son amie.
- 'Mione a raison. Surtout que tu es le seul à l'entendre.
- Vous ne pensez pas que je suis devenu fou ou que c'était... je ne sais pas, une hallucination auditive ?
Ses amis secouèrent la tête en souriant, et après quelques instants, Harry leur rendit leur sourire. Ses meilleurs amis lui faisaient confiance, c'était tout ce qui comptait. Rassuré, il allait envisager de regarder sérieusement si la bibliothèque ne contenait pas au moins un livre susceptible de l'intéresser, lorsque l'autre partie importante de la soirée lui revint en mémoire.
- Qu'est-ce que c'était que ce message sur le mur à votre avis?
Ron fit aussitôt une grimace expressive en se remémorant les mots écrits avec du sang, mais Hermione reprit une attitude concentrée.
- La Chambre des Secrets a été ouverte, ennemis de l'héritier prenez garde, murmura-t-elle. J'imagine que la Chambre des Secrets est une pièce de l'école, mais elle n'est mentionnée dans aucun des livres que j'ai pu lire jusqu'à présent.
- Et c'est qui cet héritier d'ailleurs ? demanda Ron. Parce que si son truc, c'est de menacer ses ennemis à coup de message ensanglanté sur les murs, m'est avis que ça doit être un sale type.
- Aucune idée, soupira Harry. Mais les professeurs avaient l'air préoccupés. Je pense qu'au moins Dumbledore et McGonagall savent quelque chose.
Hermione hocha la tête pour marquer son approbation. Elle aussi avait remarqué l'attitude tendue de leur directrice de maison, et Dumbledore... et bien, Dumbledore avait l'air de toujours être au courant de ce genre de choses. Même s'il n'en avait rien dit, le directeur en savait probablement plus long sur le sujet qu'il n'était prêt à l'admettre devant des élèves.
- On devrait aller se coucher, déclara finalement Hermione. Demain matin on a Potions et mieux vaut éviter d'être en retard avec le professeur Rogue. De toute façon, on ne peut pas faire grand-chose de plus ce soir.
Les garçons grimacèrent mais durent admettre qu'elle avait raison, et grimpèrent rapidement les escaliers jusqu'à leur dortoir.
Plusieurs heures plus tard, Harry n'arrivait toujours pas à dormir. Les rideaux de son lit étaient tirés, et il pouvait entendre les légers ronflements de Ron et les respirations régulières des autres garçons du dortoir autour de lui. Allongé sur le dos, habillé d'un T-shirt et d'un jogging ayant appartenus à Dudley, il ne pouvait pas arrêter de penser à la voix qu'il avait entendue. Ce qui l'inquiétait réellement – outre le fait qu'il était le seul à l'entendre – était les émotions véhiculées par la créature.
Les mots en eux-mêmes étaient incontestablement menaçants, mais la façon dont ils avaient été prononcés... Harry reconnaissait le désespoir quand il l'entendait. Quelle que soit la créature derrière cette mystérieuse voix, elle était affaiblie par la faim et cherchait désespérément à se nourrir. Le garçon à la cicatrice ne pouvait pas s'empêcher de compatir aux souffrances de cet être.
La façon dont il était traité chez les Dursley, le fait de devoir cuisiner pour eux sans jamais pouvoir manger à sa faim, s'étaient immédiatement imposées à lui. Il savait qu'il était incapable de laisser qui ou quoi que ce soit dans le même état s'il était en mesure d'aider l'être vivant concercé. Fut-ce une créature sanguinaire qui avait besoin de tuer pour se nourrir.
Avec un soupir et un sourire fatigué, Harry fixa le plafond de son baldaquin. Celui-ci était vaguement flou puisque le jeune sorcier n'avait pas ses lunettes, mais dans l'obscurité, ça n'avait pas une grande importance. D'une certaine manière, il n'était pas surpris de la façon dont ses pensées tournaient en rond et du fait qu'il avait déjà inconsciemment pris la décision d'aider la créature inconnue. Du moins tant qu'elle ne s'en prendrait pas aux autres élèves de l'école.
Il se retourna quelques fois dans son lit, et réfléchit aux options qu'il avait à disposition. La première chose à faire était de trouver de quelle créature il s'agissait. Pour cela, il lui faudrait probablement aller à la bibliothèque avec Hermione... ou demander à Hagrid. Si une créature potentiellement dangereuse était impliquée, Hagrid saurait sans doute de laquelle il était question.
Se forçant à s'immobiliser sur le matelas moelleux, Harry tenta une dernière fois de mettre ses pensées en ordre avant de fermer les yeux. Étrangement, ce fut un détail d'un tout autre ordre qui lui revint en dernier. La façon que Malfoy avait eu de le regarder en lui suggérant d'être prudent. Même si le blond avait son habituel air supérieur scotché sur le visage, maintenant qu'Harry revoyait la scène avec du recul, il avait l'impression qu'il y avait peut-être un message d'avertissement plus sincère qu'une simple provocation.
Le brun secoua rapidement la tête et chassa la pensée aussi vite qu'elle était venue. S'il en était au point d'envisager la possibilité que Malfoy puisse sincèrement s'inquiéter pour lui, c'est qu'il était vraiment plus épuisé que prévu... ou que la piste de l'hallucination n'était pas si absurde que ça. Avec un dernier soupir, Harry concentra ses pensées sur son rocher près du lac. Progressivement, il visualisa le paysage paisible autour de lui, le bruit des vaguelettes se brisant sur la pierre, et l'odeur de terre et de roche qui complétait la scène.
Une ombre de sourire apaisé étira légèrement ses lèvres, et il finit par s'endormir.
Commentaires de la bêta : on aime les petits ajouts à l'univers comme les listes de présence magiques. Mais franchement, Harry qui espère que Draco ne le remarquera pas... *lève les yeux au ciel* comme si c'était possible.
