N/A : Merci pour votre patience à tous et toutes, pour la peine, voici un chapitre avec une modification amicale importante et un évènement qui va commencer à faire bouger les choses.
Rappel : cette écriture signifie que la phrase est en fourchelangue
Le soir même, Harry avait discrètement mis le journal à sécher non loin de la cheminée, juste à côté de lui. Hermione et lui avaient tenté quelques sorts pour faire évaporer l'eau rapidement, mais aucun n'avait eu d'effet. Hermione avait suggéré que son propriétaire avait dû le protéger des attaques magiques, et que c'était sûrement pour ça que quelqu'un avait voulu s'en débarrasser dans les toilettes de Mimi Geignarde.
Harry avait approuvé cette théorie, et avait donc opté pour un séchage classique à l'abri des regards. Le brun ne voulait pas prendre le risque qu'un autre Griffondor reconnaisse le carnet. Avec toute l'affection qu'il avait pour sa maison et ses camarades, il devait admettre que certains d'entre eux n'hésitaient pas à jouer des "blagues" cruelles aux membres des autres maisons.
Grâce à sa célébrité et l'amitié qu'il avait rapidement nouée avec George et Fred, Harry avait été relativement épargné à ce niveau. Ce qui n'était pas plus mal lorsqu'il y pensait, parce qu'entre les provocations de Malfoy et les aventures mortelles qu'il avait eu à affronter, il n'était pas certain de pouvoir gérer du harcèlement en plus.
Mais il n'était pas aveugle pour autant. Nombre de première et deuxième années se faisaient régulièrement embêter, voire harceler, par des élèves plus âgés d'autres maisons. Les préfets et professeurs sanctionnaient les responsables lorsqu'ils étaient témoins d'un tel acte, mais ils ne pouvaient pas être partout et beaucoup d'agissements restaient de facto impunis. Griffondor n'était pas exactement une maison modèle lorsque l'on y regardait de plus près, et Harry avait très vite constaté que la rivalité farouche entre Griffondors et Serpentards prenait ses racines dans un cercle vicieux.
Perdu dans ses pensées, Harry entendit vaguement Dean protester lorsque Ron gagna la partie d'échecs. Hermione était assise dans un fauteuil, ses genoux repliés et un livre ouvert dans ses mains. Neville était assis par terre, pas très loin de Harry, et observait également la cheminée. La salle commune de Griffondor était inhabituellement calme pour un vendredi soir, mais Harry en était reconnaissant. Un semblant de paix était exactement ce dont il avait besoin, et il se perdit dans la contemplation des flammes et de leur fascinante danse au-dessus des bûches.
Il ne releva pas la tête quand le portrait de la grosse dame s'ouvrit pour laisser passer Percy, et ne porta son attention sur le frère de Ron que lorsqu'il s'approcha de leur petit groupe.
- Votre attention, les deuxième années, commença-t-il.
Les jeunes Griffondors se répartirent aussitôt en trois types de réaction. Certains, comme Harry et Hermione, étaient curieux, d'autres, comme Neville, étaient inquiets, et les derniers, notamment Ron, étaient agacés par l'intervention du préfet. L'air constamment hautain et ambitieux de Percy avaient tendance à énerver bon nombre de Griffondors, et Harry avait déjà entendu les jumeaux s'étonner de ce que leur frère aîné n'ait pas été envoyé à Serpentard.
- Demain après le déjeuner, vous êtes tous priés de vous rendre au club de duel organisé par le professeur Lockhart. La salle sera celle juste à gauche de votre salle de Défense habituelle.
Harry fronça les sourcils. Lockhart qui créait un club de duel ? L'annonce ressemblait plus à une blague qu'autre chose, mais Percy n'était pas connu pour son sens de l'humour. Il tenta toutefois d'esquiver.
- Le samedi après-midi, j'ai déjà entrainement de Quidditch avec l'équipe de Griffondor.
- Toutes les activités ont été décalées pour faire de la place à ce nouveau club. McGonagall et les autres directeurs de maison ont recalé les entraînements, les capitaines d'équipe se chargeront de transmettre les nouveaux horaires.
- On est obligés d'y aller ? se plaignit Ron.
- Présence obligatoire, répliqua Percy. Hermione, je compte sur toi pour faire passer le mot aux filles.
Sur cette réplique, le préfet tourna les talons. Dès qu'il fut assez loin, Dean s'adressa à Hermione, un air surpris sur le visage.
- Comment ça se fait qu'il te demande de transmettre l'info au lieu de le faire lui-même ?
- Parce que toutes les autres filles de deuxième année sont déjà dans le dortoir et que les garçons ne peuvent pas y accéder, répondit-elle simplement.
- Et aussi, intervint Harry en souriant, parce que tu es la seule personne responsable parmi tous les deuxième années de Griffondor.
- Et parce que tout le monde sait que tu seras désignée préfette dès que McGonagall pourra le faire, ajouta Ron.
La sorcière sourit sous les compliments, puis se leva en annonçant son intention de rester fidèle à sa réputation et de profiter de sa mission pour aller se coucher.
Un par un, les garçons suivirent son exemple et le reste de la salle commune suivit bientôt. Fait exceptionnel, la salle fut pratiquement déserte avant onze heure du soir. Ne restaient plus qu'Harry et Neville devant le feu, qui profitaient de la chaleur et de la présence calme de l'autre.
Ce fut Neville qui brisa finalement le silence. Sa voix était plus assurée qu'à l'accoutumée, mais si peu élevée qu'Harry douta un instant l'avoir entendue.
- Harry, est-ce qu'on est en danger ?
Le garçon à la cicatrice continua à fixer les flammes qui dansaient dans l'âtre.
- Oui, répondit-il finalement.
Neville inspira profondément, comme si ce simple mot confirmait ses réflexions et lui indiquait quelle attitude adopter pour l'avenir.
- En tout cas, nuança Harry, je pense que oui.
Le timide garçon de Griffondor tourna la tête pour regarder le sorcier le plus célèbre de Poudlard.
- L'an dernier, quand j'ai compris que tu allais retourner au troisième étage avec Ron et Hermione, j'ai voulu m'y opposer parce que je pensais que tu exagérais quand tu disais qu'on était en danger. Et à Halloween, tu avais pensé avant tout le monde à prévenir Hermione parce que tu pensais qu'elle était peut-être en danger.
Harry resta la tête tournée vers la cheminée, mais son attention était focalisée sur l'autre Griffondor, même s'il ne voyait pas exactement où celui-ci voulait en venir. Neville s'étira lentement, prit une grande inspiration et regarda Harry avec un sourire gêné.
- Je ne sais pas pourquoi ou comment, mais tu sens toujours le danger avant tout le monde et ton intuition ne se trompe jamais sur ce point.
Harry esquissa une ébauche de sourire et détourna finalement les yeux du feu pour observer son interlocuteur.
- Je ne sais pas non plus. J'imagine que j'ai pris l'habitude d'anticiper le pire, fit-il en haussant les épaules.
Neville fronça légèrement les sourcils. Sa propre intuition lui disait que cette phrase dissimulait une partie plus sombre de la vie de Harry, qu'il préférait ne pas évoquer. Du moins pas ce soir, ou pas devant lui. Respectueux de la vie privée de son camarade, Neville n'insista pas sur le sujet, mais se promit d'y réfléchir. Revenant au sujet principal, il regarda Harry droit dans les yeux pour montrer à quel point il pensait ses prochains mots.
- Je voulais juste que tu saches que j'ai décidé de te faire confiance. Si je peux t'aider, je le ferai. Je sais que je ne suis pas le meilleur élève qui soit, ou même le plus courageux des Griffondors, mais à partir de maintenant, tu peux compter sur moi quoi qu'il arrive.
Harry reconnut la promesse pour ce qu'elle était, et lut la détermination sans faille dans les yeux de Neville. Le Griffondor était peut-être timide et réservé en temps normal, mais le garçon à la cicatrice sentait la personnalité sous-jacente qui ne demandait qu'à s'exprimer.
Sous le manque de confiance brillaient les qualités d'un lion, et il était clair qu'il suffirait de le pousser dans la bonne direction pour révéler un Griffondor d'exception.
- Merci Neville. Je ne peux pas trop t'en dire pour l'instant, mais...
- Je ne te demande pas ta confiance immédiate et absolue en retour ! l'interrompit-il.
Neville venait de secouer les mains, embarrassé, et revenait à son habituelle personnalité moins solennelle, arrachant un petit rire à Harry.
- Je voulais juste te dire que je suis là pour toi si jamais tu as besoin de moi, et que je ne te laisserai pas tomber même si les autres le font ! Enfin je ne veux pas dire que je pense que les autres te laisseront tomber, juste que... argh, c'est compliqué de dire ces choses-là, fit-il d'un air d'excuse.
- Ne t'inquiète pas Neville, j'ai compris ce que tu voulais dire. Et je te promets que je n'hésiterai pas à solliciter ton aide le jour où j'en aurai besoin.
Sous une impulsion, Harry tendit sa main vers Neville.
- Amis ? proposa-t-il.
Le Griffondor se retrouva bouche bée. Harry s'entendait bien avec à peu près tous les membres de sa maison et était cordial avec leurs camarades de chambrée, mais Neville savait que seuls Ron et Hermione, et peut-être les jumeaux Weasley, avaient réellement l'amitié du garçon-qui-a-survécu. Harry lui montrait à sa façon qu'il acceptait sa déclaration et était prêt à s'ouvrir à lui avec le temps.
Avec un sourire incrédule, Neville serra la main tendue.
- Amis, confirma-t-il.
Le Golden Boy se contenta de sourire et de hocher la tête avant de récupérer discrètement le journal désormais sec, puis se leva.
- Je vais aller dormir, déclara-t-il en s'étirant.
- Moi aussi, fit Neville en bâillant.
Lorsqu'ils eurent fini de se changer, et avant de tirer leurs rideaux respectifs, Neville lança un regard de gratitude vers l'autre brun.
- Merci de me donner une chance.
- Je t'en prie, Neville. Bonne nuit.
- Bonne nuit Harry.
Et le dortoir des deuxième années de Griffondor redevint rapidement silencieux.
-o-oOo-o-
Le lendemain matin, la Grande Salle était relativement agitée au petit-déjeuner, la plupart des élèves discutant du club de duel ouvert par Lockhart. Les rumeurs les plus absurdes circulaient dessus, et le concerné semblait se délecter d'être au centre de toute l'attention.
Neville avait réfléchi un long moment après avoir tiré ses rideaux la veille. S'il voulait montrer à Harry qu'il était digne de sa confiance, il fallait qu'il avance doucement. Il s'était plus d'une fois fait la remarque que le garçon à la cicatrice ne parlait jamais de sa vie en dehors de Poudlard, ou de sa famille.
D'expérience, Neville savait que ne jamais évoquer aucun détail de sa vie en dehors de l'école signifiait la présence de problèmes. Merlin savait que sa grand-mère lui menait la vie dure, mais il avait tout de même des choses à raconter sur ses vacances ou des bons moments à partager.
Harry n'avait jamais ne serait-ce que mentionné les membres de sa famille, et Neville n'était même pas sûr que Ron et Hermione connaissent leurs noms. Le brun était d'ailleurs surprenamment plus petit et plus mince que la plupart des élèves de deuxième année. Il avait aussi tendance à peu manger aux repas dès qu'il était nerveux ou que quelque chose le préoccupait.
En pure logique griffondorienne, Neville avait donc décidé que la première étape concrète de son amitié avec Harry consisterait à s'assurer qu'il mangeait suffisamment. C'était simple, et ça lui permettait d'aider Harry de façon discrète tout en se rapprochant de lui.
C'est donc avec l'air le plus naturel possible que le timide Griffondor s'assit à côté de Harry au petit-déjeuner, avec Ron et Hermione de l'autre côté de la table. Les deux derniers ne firent aucun commentaire, le premier parce qu'il était occupé à se servir, la seconde parce qu'elle était plongée dans un livre sur les règles du duel magique. Mais Harry le remarqua et lui fit un petit sourire.
- Tu veux des oeufs, Harry ? proposa Neville après s'être servi.
- Non merci, refusa poliment ce dernier, mais est-ce que tu peux me passer une pomme ?
Hochant la tête, le brun saisit un fruit dans la corbeille la plus proche et le passa à son camarade, qui commença à la peler avant de la couper en quartiers. Hermione fit bientôt une remarque sur une coutume "absolument fascinante" des duels magiques, et les garçons l'écoutèrent patiemment résumer tout ce qu'elle venait de lire.
De l'autre côté de la salle, à la table des Serpentards, Blaise Zabini poignardait sans conviction le bacon qui était dans son assiette.
- Rappelez-moi pourquoi on doit assister à ce club ridicule ?
- Parce que Rogue nous l'a demandé, répondit Théodore Nott. Mais je dois avouer que je n'en vois pas l'intérêt non plus.
Le calme et élancé Serpentard semblait sceptique, mais avait mieux dormi que l'italien et faisait preuve d'un peu plus de dignité en tartinant son toast.
- Au moins, on ne sera pas les seuls à s'ennuyer, lança Daphné Greengrass. Tous les deuxième années doivent y assister.
- Donc en plus, on va devoir supporter les Griffondors, maugréa Blaise. Formidable.
- Vois ça comme une opportunité de ridiculiser Weasley, fit Théodore avec un petit sourire.
Un peu plus loin à leur table, un reniflement dédaigneux leur signala que Pansy Parkinson allait prendre la parole.
- Ce traître à son sang se ridiculise très bien tout seul, pas vrai Draky-chou ? fit-elle en tournant des yeux énamourés vers le blond.
Contrairement à son habitude, Draco ne réagit pas immédiatement au surnom ridicule ou à la proximité soudaine de Pansy. Son attention était dirigée vers l'autre côté de la salle et il fronçait imperceptiblement les sourcils, son assiette oubliée. La brune sembla prendre cette absence de réaction pour une approbation, et se mit à glousser avant de tenter une version des yeux de biche qui fut remarquablement ignorée.
Blaise haussa discrètement un sourcil interrogateur à l'attention de Théodore, qui haussa les épaules en réponse. Aucun des deux n'envisagea de demander une explication à Crabbe ou Goyle, les deux auto-proclamés gardes du corps de Draco étant occupés à s'empiffrer avec au moins autant de zèle que Weasley, et à peine plus de manières.
Les deux Serpentards tentèrent alors de suivre le regard du blond, et échangèrent un sourire ironique en comprenant finalement ce qui avait retenu l'attention de l'héritier Malfoy. Blaise adressa un clin d'oeil complice et discret à Daphné avant de se redresser pour faire un commentaire d'une voix parfaitement neutre.
- Tiens, on dirait que Londubat et Potter se sont rapprochés, vous avez remarqué ?
- Ah ? fit mine de s'étonner Théodore.
Il fit semblant de chercher du regard pendant une seconde ou deux et laissa Blaise reprendre.
- En même temps, vu tous les points communs qu'ils ont, ce n'était qu'une question de temps...
- Tout à fait d'accord, enchaîna Daphné.
La blonde venait de comprendre le manège de ses camarades et avait à son tour affiché le masque neutre et poli que tout Sang-pur apprend à maîtriser dès l'enfance. En son for intérieur, elle avait un grand sourire amusé, mais son visage ne montrait qu'une pointe d'amusement et un vague intérêt pour la conversation.
- C'est vrai, maintenant que j'y pense, les deux sont plus ou moins orphelins de guerre, pas vrai ? continua Théodore en faisant mine d'y réfléchir.
Daphné hocha la tête avant d'ajouter.
- Et puis ce sont deux Griffondors, ils ont la même couleur de cheveux...
- Ils sont tous les deux nuls en Potions, intervint Blaise.
- Mais les deux viennent d'une famille respectable du côté paternel, ajouta Théodore.
Du coin de l'oeil, les trois observaient le comportement de Draco, qui s'était mis à plisser les lèvres et dont le froncement de sourcils s'était légèrement accentué. Daphné fit discrètement signe aux garçons qu'elle allait donner le coup de grâce.
- Après, je dois dire que je peux comprendre que Londubat s'intéresse à Potter, fit-elle posément.
- Ah bon ? demanda Blaise avec une feinte nonchalance.
- Il est célèbre, puissant, les Potter sont une famille suffisamment ancienne pour être riche et respectée... et pour être totalement honnête, ajouta-t-elle en feignant être gênée, il est plutôt mignon et ses yeux sont absolument magnifiques, vous ne trouvez pas ?
Elle avait achevé sa tirade avec un air rêveur qui manqua de faire exploser de rire Blaise, et les lèvres de Théodore s'étirèrent imperceptiblement dans un sourire retenu de justesse. Pansy allait protester que Draco était de loin le plus bel élève des deuxième années et de Poudlard, mais s'interrompit avant de pouvoir dire un mot.
Draco venait de frapper la table avec la main qui tenait son couteau, suffisamment fort pour que la vibration résonne dans les trois places autour de lui. Ses yeux se fixèrent sur Daphhé dans un regard noir qui auraient probablement tué la Serpentarde s'ils avaient pu.
- Potter est un imbécile et Londubat est juste pathétique ! Il n'y a rien de plus à dire sur deux Griffondors aussi stupides l'un que l'autre.
Il prit le temps de fusiller les trois complices du regard avant de se servir un verre de jus de citrouille, et évita ostensiblement de regarder la table des Griffondors pendant tout le reste du petit-déjeuner.
De leur côté, Daphné, Théodore et Blaise échangèrent un regard triomphant et parvinrent tout juste à retenir leur fou rire jusqu'à ce qu'ils soient hors de portée de la Grande Salle et de Draco. L'obsession du blond pour Potter venait de devenir leur sujet de jeu préféré.
Bien entendu, ils seraient discrets dans leurs taquineries, pour que l'héritier Malfoy ne se doute de rien. Aucun Serpentard digne de ce nom ne prendrait ouvertement le risque de se mettre le blond à dos. Après tout, ils avaient été placés dans cette maison pour leur ruse et leur finesse, à eux de les utiliser pour embêter leur ami de la façon la plus innocente possible.
-o-oOo-o-
Les deuxième années se retrouvèrent tous dans la salle indiquée à peu près à l'heure, et s'étaient naturellement répartis par maisons. Au milieu de la salle – qui avait été magiquement agrandie – se trouvait désormais un podium qui semblait plus adapté à un défilé de mode qu'un duel.
Finalement, Lockhart fit sa grande entrée, sa cape beige volant autour de lui pour révéler le costume bleu ciel qu'il portait en-dessous. Il monta aussitôt sur le podium et enchaina quelques pas avant de faire un tour sur lui-même.
- Approchez, approchez ! Est-ce que tout le monde me voit ? Est-ce que tout le monde m'entend ?
Le plaisir manifeste qu'il prenait à être au centre de l'attention fit lever les yeux au ciel à plusieurs élèves, mais le professeur de Défense ne semblait pas s'en rendre compte.
- Au vu des récents évènements, déclara-t-il, le professeur Dumbledore m'a accordé l'autorisation d'ouvrir ce petit club de duel afin de vous former, et de vous entraîner !
En parlant, il défit la cordelette argentée qui tenait sa cape, et envoya cette dernière dans le public, où plusieurs filles l'attrapèrent en même temps en laissant échapper des exclamations ravies. Harry ne put s'empêcher de se demander ce qu'elles pouvaient bien trouver à un sorcier aussi pathétiquement superficiel, mais renonça à trouver une réponse.
- Je vous présente mon assistant ! poursuivit Lockhart.
Une série d'exclamations surprises se fit entendre. Dans son habituel mouvement de robes noires, Rogue venait de rejoindre Lockhart sur le podium, mais avec infiniment plus de retenue.
- Le professeur Rogue a fort aimablement accepté de m'assister dans ce petit club pour les démonstrations. Rassurez-vous mes chers enfants, votre professeur de Potions sera toujours en un seul morceau lorsque j'en aurai fini avec lui !
Non loin de lui, Harry entendit quelques ricanements discrets de la part des Serpentards. Pour une fois, il avait à peu près la même réaction que les vert et argent. Si Rogue était à moitié aussi compétent en Sortilèges qu'en Potions, Lockhart n'avait pas l'ombre d'une chance dans un duel, et il tardait à Harry d'assister à l'humiliation de l'insupportable vedette.
- Nous allons vous montrer comment un duel doit se dérouler selon les règles de l'étiquette, et ensuite nous lancerons un sort pour désarmer notre adversaire.
Rogue ne prononça pas un mot et son visage était totalement inexpressif. Harry se demanda quel tête ferait le professeur de Potions s'il se mettait ouvertement à l'encourager maintenant. Mais tous les élèves étaient devenus silencieux, et le brun préféra ne pas courir le risque d'une retenue inutile.
Lockhart et Rogue se firent face au centre du podium, et le professeur de Défense expliqua chaque étape en joignant le geste à la parole, imité à chaque fois par Rogue.
- Tout d'abord, on se salue en amenant sa baguette devant soi. Ensuite, on l'abaisse à côté de sa jambe, et on se retourne. Ensuite, on marche en comptant jusqu'à dix, et à dix, on fait demi-tour avant de lancer un sort.
Les professeurs attendirent toutefois de s'être tous les deux retournés, désormais face-à-face tout en étant bien plus éloignés, pour cette dernière étape. Lockhart ouvrit la bouche en premier.
- Et maintenant, regardez bien ce que je vais faire !
- Expelliarmus !
Le sortilège de Rogue envoya Lockhart voler jusqu'à l'autre extrémité du podium, où il roula une ou deux fois avant d'atterrir sur le ventre. Les exclamations en tout genre fusèrent immédiatement, mêlant surprise, admiration, rire et inquiétude.
- Tu crois qu'il est blessé ? couina Lavande Brown.
Derrière elle, Ron murmura un "j'espère" qui fut malheureusement entendu par Hermione et lui valut un coup de coude dans le bras. Harry ne pouvait toutefois qu'être d'accord avec le roux, et eut un sourire hilare qui disparut lorsque sa meilleure amie se retourna. Question de prudence. À côté de lui, Neville ne fut pas assez rapide pour dissimuler son amusement et se prit un regard de reproches qui le fit immédiatement pâlir.
Entretemps, Lockhart s'était relevé en grimaçant, mais se força à reprendre contenance et retrouver son sourire signature.
- Excellent choix, professeur Rogue, mais sans vouloir vous offenser, j'avais tout de suite deviné que vous aviez l'intention d'utiliser ce sortilège ! Et si je l'avais voulu, j'aurais parfaitement pu...
- Peut-être serait-il prudent de commencer par leur apprendre à neutraliser les mauvais sorts, professeur.
Rogue était la seule personne à la connaissance de Harry capable d'employer un titre et de le faire sonner comme une insulte. Pour un peu, il aurait applaudi la performance.
- Excellente suggestion, mon cher collègue, répondit le sorcier blond. Peut-être que des élèves pourraient monter nous rejoindre afin de montrer ce qu'ils savent faire ? Potter, et hum... tiens, Weasley, venez donc vous prêter à l'exercice ! fit-il en les désignant.
Ron et Harry se regardèrent, un sourire complice et compétiteur aux lèvres. S'ils étaient partenaires, ce club allait tout de suite être bien plus amusant que prévu. Alors qu'Harry venait de monter, Rogue intervint avant que Ron grimpe à son tour.
- La baguette de Weasley fait des ravages avec les sorts les plus simples. S'il tente un sortilège offensif, je crains que nous ne devions envoyer Potter à l'infirmerie dans une boîte d'allumettes.
À la mention de Harry blessé dans son cours, Lockhart blêmit.
- Ah oui naturellement, il y a ce petit détail. Et bien je suppose qu'il va nous falloir demander à un autre élève de venir pour...
- Puis-je suggérer quelqu'un de ma propre maison ? le coupa Rogue.
Le ton apparemment innocent du professeur de Potions déclencha immédiatement une alarme dans la tête de Harry. Rogue n'allait quand même pas suggérer...
- Malfoy, peut-être ? poursuivit Rogue.
Harry se retint de justesse de faire un facepalm. D'extrême justesse. Jusque dans un club de duel, il fallait que Rogue et Malfoy lui pourrissent l'existence. Le blond monta sur le podium à son tour, son habituel air arrogant sur le visage. Harry le fusilla du regard pendant que Rogue descendait. Dès que ce fut fait, le brun ignora tous les autres élèves autour de lui pour se concentrer sur son rival.
- Bien, intervint Lockhart en descendant à son tour. Respectez l'étiquette comme le professeur Rogue et moi l'avons fait, et ensuite, lancez un sort pour désarmer votre adversaire. Seulement le désarmer, nous ne voulons pas d'incident.
Harry et Draco s'approchèrent au centre du podium, se faisant face.
- Levez vos baguettes ! leur signala Lockhart.
Ils s'exécutèrent, et le Serpentard eut un petit sourire narquois.
- On a peur, Potter ?
- Tu aimerais bien, Malfoy.
Les baguettes allèrent se positionner à leur côté dans un mouvement sec.
- Maintenant, retournez-vous et marchez droit devant vous en comptant jusqu'à dix ! Ensuite, faites-vous face et attendez mon signal pour lancer votre sort de désarmement.
En même temps qu'il comptait, Harry écoutait les pas du blond pour repérer quand il se retournerait. Connaissant Malfoy, il n'attendrait pas d'être à dix pour se retourner et lancer son sort.
Il était à neuf lorsqu'il entendit le léger changement dans la façon de marcher de son adversaire et se retourna immédiatement.
- À trois, messieurs ! annonça Lockhart. Un ! Deux !
- Everte Statum ! lança Draco.
Harry n'eut pas le temps d'éviter avant d'être projeté en arrière, mais refusa de lâcher sa baguette et se redressa rapidement après être tombé sur les fesses. Il aurait dû se douter que Malfoy ne jouerait pas fair-play. Autour du podium, les Serpentards ricanaient mais les autres élèves protestaient contre le non-respect des règles.
Du coin de l'oeil, Harry vit Rogue arborer un petit sourire satisfait. Un jour, il faudrait que quelqu'un lui explique ce qu'il avait pu faire dans une vie antérieure à son professeur de Potions pour que celui-ci lui en veuille autant.
Une fois relevé, Harry fixa Malfoy sans ciller et lança immédiatement un sort, prenant son rival au dépourvu.
- Rictusempra !
Bien que ce sort ne soit pas initialement pensé pour désarmer une personne, Harry était suffisamment énervé pour que le blond vole à son tour après se l'être pris de plein fouet.
Quelques secondes plus tard, les deux étaient de nouveau debout et assez furieux pour complètement ignorer la remarque un peu paniquée de Lockhart.
- J'ai dit désarmer seulement !
Avant qu'Harry puisse réfléchir à un nouveau sort offensif à lancer, Malfoy eut un sourire mauvais et effectua un mouvement particulier avec sa baguette.
- Serpensortia !
Un serpent apparut au bout de sa baguette et atterrit à quelques pas de Harry, sifflant de colère et dévoilant sa collerette de façon menaçante.
Les élèves à proximité du reptile s'éloignèrent immédiatement du podium, pendant que Lockhart, remonté en vitesse, se dirigea vers Harry et l'écarta pour passer.
- Ne vous faites pas de soucis, jeunes gens, la situation est parfaitement sous contrôle !
Avant que Rogue puisse intervenir, le professeur de Défense lança un sort sur le serpent, qui se trouva éjecté en l'air sur plusieurs mètres avant de retomber exactement au même endroit. Le reptile siffla immédiatement et sortit ses crochets, manifestant ses caractéristiques venimeuses, avant de se tourner vers les élèves les plus proches de lui.
Alors que Lockhart bafouillait des explications face à Rogue qui semblait avoir le plus grand mal à se retenir de l'insulter, Harry était focalisé sur le serpent. Celui-ci semblait avoir jeté son dévolu sur un élève de Poufsouffle que Harry savait être nommé Justin quelque chose.
Alors que le serpent se redressait pour frapper, Harry avança brusquement vers lui.
- Attends, ne le mords pas !
Le reptile s'immobilisa immédiatement et tourna la tête vers Harry, l'air curieux.
- Pourquoi ne devrais-je pas le mordre ?
- Il n'est pas responsable de tes souffrances.
- Alors qui dois-je punir pour m'avoir traité de la sorte ?
- Si tu mords quelqu'un, ils risquent de s'en prendre à toi après.
À cet instant, Rogue lança un sortilège qui fit disparaitre le serpent en une pluie d'étincelles. Harry fut surpris, mais souffla un bon coup à la disparition du reptile et se détendit.
Ce n'est qu'en relevant la tête qu'il remarqua le silence un peu trop parfait qui régnait dans la salle, et les regards effrayés des élèves.
- À quoi tu joues Potter ? fit Justin d'une voix étranglée.
Complètement perdu, Harry le regarda avec un air de franche incompréhension, avant de tourner la tête et de croiser les regards des deux professeurs et de Malfoy. Lockhart avait l'air abasourdi, tandis que Rogue avait pâli et semblait refuser catégoriquement de croire ce qui venait de se passer. Malfoy était immobile et avait perdu son air arrogant, ce qui était... étrange.
En silence, Harry descendit du podium et avant de pouvoir dire un mot, Hermione l'attrapa par la manche et l'emmena hors de la salle, rapidement suivie par Ron et Neville.
Ils coururent presque jusqu'à la salle vide la plus proche, dont Neville ferma la porte juste au moment où Hermione se retournait. Avant même qu'Harry ouvre la bouche, Ron se mit à crier.
- TU ES UN FOURCHELANGUE !? Merlin Harry, pourquoi tu nous l'as jamais dit !?
Abasourdi par la surprise et l'accusation inattendue, le brun le regarda sans comprendre.
- Je suis un quoi ?
- Tu parles aux serpents, traduisit Hermione.
- Ah ! Oui, une fois j'ai lâché un python sur mon cousin sans faire exprès, déclara Harry en se calmant. J'ai toujours cru que c'était normal dans le monde magique, et que tout le monde pouvait le faire, expliqua-t-il.
Ron trouva le moyen de pâlir davantage et Hermione semblait encore secouée par ce qui s'était passé pendant le duel, par conséquent, ce fut Neville qui répondit avec tout le calme dont il était capable.
- Harry, déclara-t-il lentement, parler fourchelangue est un don extrêmement rare que seule une poignée de sorciers et sorcières ont maitrisé dans l'histoire.
- D'accord, mais pourquoi tout le monde avait l'air terrifié alors que j'ai juste dit au serpent de ne pas mordre Justin ? s'étonna Harry. Si je n'étais pas intervenu, il aurait...
- Oh, c'est ça que tu lui as dit ?
Ron avait l'air coupable qu'il affichait lorsqu'il réalisait avoir accusé quelqu'un à tort et le brun eut un mauvais pressentiment.
- Ron, tu étais là ! Tu m'as entendu !
- Harry, intervint Hermione, tout ce que nous on a entendu c'est un mélange de sifflements entre ce serpent et toi, et d'un point de vue extérieur, on aurait dit que... que...
- Que tu poussais le serpent à attaquer Justin, compléta Ron d'un air embarrassé.
Harry sentit son visage se décomposer et il s'accrocha à la table la plus proche, sentant ses mains et ses genoux se mettre à trembler.
- Mais... mais je n'aurais jamais...
- N'importe qui te connaissant un peu sait que tu n'aurais jamais fait ça, fit Neville avec un regard rassurant. Mais ils ne te connaissent pas tous, et puis...
Le Griffondor hésita, et lança un regard vers Hermione, qui inspira un grand coup avant de larguer la dernière bombe.
- Harry, Salazar Serpentard était un fourchelangue. C'est même un des seuls sorciers à l'avoir revendiqué haut et fort. Et... bien sûr, il n'y a pas vraiment eu d'études sur le sujet, mais tout le monde a toujours présumé que... que c'était un don héréditaire.
Un silence tomba sur la salle, qu'Harry brisa d'une voix tremblante.
- Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
- Que maintenant, toute l'école va penser que c'est toi l'héritier de Serpentard, répondit Ron.
Le roux se prit un regard incendiaire de la part d'Hermione pour son manque de tact, et Neville posa une main sur l'épaule de Harry en guise de soutien.
- Mais c'est impossible, murmura le garçon à la cicatrice. Je... je ne peux pas être son descendant, c'est impossible.
- Evidemment que c'est impossible ! fit Ron en essayant de se racheter. Si tu étais vraiment son arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils, le Choixpeau t'aurait envoyé à Serpentard !
Ayant laissé sa main sur l'épaule de Harry, Neville fut le seul à réaliser que le brun se tendit immédiatement à ces mots. Curieux, il n'en fit toutefois pas la remarque mais se promit de garder l'information en mémoire.
- En tout cas, on sait que ce n'est pas toi qui a écrit ce message sur le mur, ou attaqué Colin, déclara Hermione.
- Merci 'Mione, répondit Harry en forçant un sourire.
- Et puis moi je reste persuadé que c'est Malfoy l'héritier ! Vous avez vu comme il a regardé Harry après leur duel ? reprit Ron.
Neville, Hermione et Harry fronçèrent les sourcils en même temps.
- J'avoue n'avoir pas fait attention, déclara prudemment Neville.
- Ce sale serpent avait l'air... heu... fourbe !
Harry et Hermione poussèrent un soupir résigné, et le second brun écarquilla les yeux. Il savait que Ron ne portait pas le Serpentard dans son coeur, mais à ce point-là, c'en était presque ridicule.
- On devrait retourner à la salle commune, suggéra doucement la sorcière. Il faudra y aller de toute façon, et mieux vaut jauger rapidement l'ambiance chez les Griffondors.
Harry semblait prêt à s'effondrer, mais à la surprise de Neville, le célèbre Golden Boy ferma les yeux un instant et prit une grande inspiration. Lorsqu'il les rouvrit, son regard était ferme.
- Tu as raison 'Mione. Allons-y.
- Harry ? fit-elle.
Le garçon à la cicatrice regarda sa meilleure amie, et celle-ci avait la même détermination farouche dans le regard.
- Peu importe ce que l'école peut penser ou les pouvoirs que tu as. Tu es mon ami et je resterai à tes côtés quoi qu'il arrive.
- Moi aussi ! ajouta Ron.
Neville ne dit rien, mais quand Harry tourna ses yeux émeraude vers lui, il hocha simplement la tête, un renouvellement silencieux de la promesse qu'il avait faite la veille au soir. Il avait également une idée à proposer pour aider Harry, mais sentait que le moment n'était pas idéal et préférait attendre qu'ils soient seuls pour la lui suggérer.
Le petit groupe sortit et remonta jusqu'à la salle commune de Griffondor, sans paraître porter la moindre attention aux chuchotements provoqués par leur passage.
Dire qu'Harry avait cru quelques semaines plus tôt que l'année se passerait bien.
Commentaire de la bêta : Un chapitre riche en émotions n'est-ce pas ? Il y a enfin un rapprochement entre Neville et Harry ? Ne sont-ils pas adorables ? Et nos petits serpents prennent enfin un peu la parole. Leurs joutes verbales sont toujours un plaisir à lire ! Bon par contre Harry prend cher, pour changer... Pauvre chaton T.T
