A/N : j'ai vu que de plus en plus de gens venaient lire cette histoire, et j'en suis vraiment contente.
Par conséquent, et mes excuses d'avance pour celleux que ça embêtent ou qui le font déjà, mais si vous appréciez cette histoire, est-ce que vous pourriez considérer la possibilité de laisser un commentaire sous les chapitres pour me le faire savoir ? Mine de rien, ça compte beaucoup pour moi.
Et sur ce, bonne lecture !
Harry et Ron réussirent à retourner aux toilettes de Mimi Geignarde quelques secondes avant que les effets du polynectar se dissipent complètement. Un peu essoufflé, Harry remit ses lunettes et prévint les deux occupantes de leur arrivée dès qu'il passa la porte.
- Hermione, Myrtille, on est revenus !
- Et on a plein de choses à te dire ! ajouta Ron sans cacher qu'il ne s'adressait qu'à son amie.
À leur grande surprise, seul le fantôme arriva à leur rencontre, et elle avait une étrange expression sur le visage. Comme si elle était à la fois préoccupée par quelque chose et terriblement amusée.
- Vous allez voir, c'est... chacrément surprenant, chuchota-t-elle en pouffant.
Inquiet, Harry poussa la porte de la cabine dans laquelle Hermione était restée enfermée, et la sorcière se mit à parler d'une petite voix en même temps que les garçons se figeaient, bouche bée.
- Vous vous souvenez quand j'ai dit que le polynectar permettait de se transformer en n'importe qui ? Et quand j'ai précisé la semaine dernière que ça ne s'appliquait qu'aux transformations humaines ?
Elle se retourna doucement, et Harry ne savait pas s'il trouvait son amie absolument adorable ou carrément effrayante. Son visage était recouvert de fourrure, ses yeux s'étaient agrandis et possédaient des pupilles allongées, et des oreilles poilues dépassaient de ses cheveux bouclés.
- C'étaient des poils de chat sur la robe de Millicent... Regardez mon visage, ajouta-t-elle.
La jeune sorcière semblait à deux doigts de pleurer, et Harry sentait qu'ils allaient devoir faire preuve de beaucoup de délicatesse et de discrétion pour ménager leur amie.
- Regarde ta queue ! fit Ron avant d'exploser de rire.
Harry prit une grande inspiration pour se calmer. Un jour, il faudrait vraiment que quelqu'un apprenne à Ron comment faire preuve d'un minimum de tact dans certaines situations. Myrtille avait au moins la décence d'essayer de cacher son rire derrière sa main, et s'était visiblement retenue jusqu'à leur retour.
En entendant la remarque, Hermione fondit en larmes et c'est à ce moment-là qu'Harry nota que même ses mains étaient désormais pourvues de fourrure et de coussinets. Le brun lança un regard incendiaire à Ron – qui reçut le message et parvint à se taire – et s'approcha de leur amie.
- Hermione, regarde-moi. Ça va aller, je te le promets. Ron, décida-t-il, on se change rapidement et tu vas remettre leurs uniformes à Crabbe et Goyle. Moi, j'accompagne Hermione à l'infirmerie.
- Mais... mais si on me voit dans cet état, commença à paniquer la jeune sorcière, qu'est-ce que les autres élèves vont dire ?
En quelques secondes, Harry échafauda un plan et l'exposa son amie, tout en tentant maladroitement de la réconforter sans toucher un endroit recouvert de fourrure.
- On expliquera que quelqu'un t'a fait boire ça sans que tu le saches, pour te faire une blague. Pomfrey saura quoi faire pour te ramener à la normale. Mais en attendant, moi je te trouve adorable comme ça, ajouta-t-il avec un sourire.
- Vraiment ? demanda-t-elle timidement.
- Vraiment, 'Mione. Je veux dire, tu as vu ces coussinets ? Et je parie que tes griffes pourraient avoir un effet dévastateur sur... certains élèves, s'ils venaient à faire le moindre commentaire déplacé, ajouta-t-il avec un clin d'oeil.
L'argument fit son effet et Hermione arrêta de pleurer pour lui faire un sourire timide, dévoilant ainsi une rangée de crocs qu'Harry préférait ne pas voir près de sa gorge.
- Comme les Serpentards ! s'exclama Ron.
Harry leva les yeux au ciel, mais conserva son sourire rassurant. La sorcière aux cheveux bouclés en profita pour se rappeler d'un coup quel était leur objectif initial et eut un regard curieux.
- En parlant de Serpentards, vous avez pu interroger Malfoy ?
- Oui, mais ça n'a pas exactement donné les résultats qu'on espérait, soupira le brun.
Hermione tenta de froncer les sourcils, ce qui eut pour effet de faire remuer ses vibrisses. Mimi Geignarde laissa échapper une exclamation attendrie et se précipita auprès d'Hermione pour lui assurer qu'elle était la plus adorable des chats-sorciers. Elle repartit ensuite explorer les canalisations, avec un sourire pour Harry. Hermione sortit finalement de la cabine, et les trois Griffondors poursuivirent la discussion pendant que Ron et Harry remettaient leurs uniformes originels.
- Donc, résuma-t-elle, Malfoy ne savait rien de plus... Au moins, ça coïncide avec ce que Tom Jedusor t'a raconté, Harry.
Le garçon à la cicatrice hocha la tête. Même s'il avait toujours du mal à croire à la culpabilité d'Hagrid pour toute une série de raisons, le reste des événements semblait concorder.
- Moi je pense qu'il a menti ! insista Ron. Tu as entendu comme il nous a tous insultés ? Et comme il refuse de dire quoi que ce soit sur l'héritier ?
- Ron, insulter quelqu'un ne fait pas d'une personne un meurtrier, lui rappela Hermione. En plus, si c'était il y a cinquante ans, ça met Lucius Malfoy hors course pour avoir ouvert la Chambre quand il était à Poudlard puisque c'est l'époque où il doit être né, voire un peu avant.
Ron ouvrit la bouche, puis la referma. Harry envoya un regard reconnaissant à son amie pour l'argument imparable.
- Récapitulons, fit Harry. On sait que la Chambre des Secrets a été ouverte il y a cinquante ans environ, et qu'une élève Né-moldue est morte. On sait que Hagrid a été accusé d'avoir gardé le monstre et a été expulsé. On sait que quelqu'un, en ce moment, peut ouvrir la Chambre et libérer un monstre qui pétrifie.
Devant l'exposé clair des faits, les trois Griffondors restèrent pensifs quelques minutes. Puis Ron se racla la gorge et regarda Harry d'un air gêné.
- Dis... ne le prends pas mal Harry, mais tu crois que tu aurais pu... je sais pas, être somnambule, et...
- Et lâcher un monstre sur Miss Teigne et Colin, écrire un message ensanglanté sur un mur, et me mettre toute l'école à dos en parlant à un serpent sans faire exprès ?
Le brun avait tenté de répondre avec ironie, mais sa voix était glaciale. Hermione eut une exclamation indignée qui, dans son état actuel, donnait l'impression qu'elle feulait.
- Ron ! Comment oses-tu insinuer qu'Harry pourrait faire une chose pareille ? Surtout quand tu as été témoin qu'il n'en aurait pas eu le temps !
- Désolé 'Mione, maugréa le roux. Pardon Harry, c'est juste que depuis que tu as... enfin...
- Depuis que je peux parler aux serpents, je suis automatiquement devenu un potentiel mage noir qui se repaît du sang des innocents et n'aspire qu'au meurtre, comme Voldemort avant moi ?
Ignorant le frisson qui parcourut le corps de ses amis à la mention du nom, Harry continua à fixer Ron du regard. Il n'arrivait pas à croire qu'une simple capacité qu'il n'avait jamais choisi d'avoir pouvait influencer son meilleur ami à ce point.
- Harry... hésita Hermione.
La température avait chuté d'un coup dans les toilettes, mais le sorcier brun sentait une fureur brûlante monter dans sa poitrine. Ses yeux émeraude ne lâchaient pas ceux de Ron, qui baissa la tête mais fut incapable de regarder ailleurs.
- Juste parce que j'ai un point commun avec un sorcier qui a vécu il y a un millénaire, ça veut dire que je partage forcément son avis ? Que je suis prêt à faire souffrir les autres et à tuer mes amis simplement parce qu'ils n'ont pas un statut de sang suffisamment pur aux yeux du monde sorcier ? C'est vraiment ce que tu penses, Ronald ?
À la mention de son nom, Ron devint rouge de honte et baissa les yeux. Harry ne l'appelait jamais comme ça, il savait à quel point il détestait son nom complet. Pour avoir choisi de l'employer, il devait vraiment être furieux. Même Hermione avait les yeux écarquillés et laissa échapper un miaulement plaintif.
Le bruit sembla sortir Harry de sa transe, et il ferma les yeux avant de prendre trois grandes inspirations.
- Désolé, je me suis un peu emporté. J'ai déjà presque toute l'école qui me regarde comme un monstre, alors l'idée que mes meilleurs amis puissent faire pareil au lieu de me croire...
- C'est ma faute, s'excusa Ron. J'ai... j'ai juste toujours entendu qu'être un fourchelangue était une capacité de mage noir, utilisée pour de la magie noire, alors... avoir mon meilleur ami qui... enfin...
Harry leva une main pour l'arrêter et força un sourire pour montrer que les excuses étaient acceptées.
- On oublie ?
- On oublie, accepta immédiatement le roux.
À côté d'eux, Hermione relâcha la respiration qu'elle retenait. Ses nouveaux sens félins lui avaient permis de percevoir la colère du brun de façon plus nette que d'habitude, et elle avait instinctivement baissé ses oreilles et rentré sa queue entre ses jambes. Harry en colère était une vision qu'elle espérait ne pas revoir de sitôt.
- Bon, si tout est réglé, tu t'occupes de Crabbe et Goyle, et moi j'emmène Hermione à l'infirmerie. Ensuite, on ira raconter à Neville ce qui s'est passé.
Les deux autres hochèrent la tête, et Ron sortit en premier pendant qu'Harry et Hermione finissaient de ranger les dernières traces de leur passage.
- Qui est Neville ? lança soudainement la voix de Mimi Geignarde.
Harry sursauta, puis sourit au fantôme. Elle était apparemment revenue juste à temps pour entendre la toute fin de leur échange.
- Neville est un ami, un autre Griffondor. Il a couvert notre absence de ce soir.
- Il est comme vous ou comme l'autre ?
Hermione fronça les sourcils – ce qui fit encore remuer ses vibrisses – et répondit à la place de Harry.
- Ron n'est pas méchant, il... manque juste cruellement de tact parfois. Mais il n'a pas de mauvaises intentions et il est toujours prêt à aider.
Le brun hocha la tête, et poursuivit pour répondre à la première question alors que le spectre semblait hautement douter de la déclaration de la sorcière-chat.
- Neville est plutôt timide, mais il est loyal et courageux quand il faut défendre ses amis.
La jeune fille flotta au-dessus des cabines quelques instants, puis se rapprocha du Griffondor avec un air à la fois inquiet et plein d'espoir.
- Tu me le présenteras, Harry ?
- Bien sûr Myrtille, mais il manque de confiance en lui alors ne t'étonne pas s'il ne parle pas beaucoup au début.
Avec un sourire ravi, elle battit des mains et promit d'être gentille. Quand Harry la remercia avec un autre de ses sourires charmants, elle cacha son visage dans ses mains et pouffa avant de leur souhaiter un bon retour.
Heureusement pour les deux élèves de Griffondors, les couloirs étaient presque déserts. Entre l'heure tardive et le fait que presque tous les élèves passaient le vendredi soir dans leur salle commune, ils arrivèrent à l'infirmerie sans croiser personne. Madame Pomfrey sortit de son bureau d'un pas énergique en entendant leurs voix.
- Potter, qu'est-ce qui vous est encore arr...
En voyant Hermione, elle s'interrompit immédiatement et se rua vers la jeune sorcière avant de l'allonger sur un lit et de lancer une série de sorts de diagnostics.
- Par Merlin miss Granger, que s'est-il passé ?
Les deux amis délivrèrent leur version de l'histoire, en faisant mine de n'avoir aucune idée de la potion qu'Hermione avait bien pu ingérer. Sans surprise, l'infirmière devina assez vite ce qui s'était passé.
- Miss Granger, il semble que quelqu'un vous ait fait boire une potion polynectar dans laquelle il y avait des poils de chat. Une blague d'un extrême mauvais goût et qui aurait pu être dangereuse ! fulmina-t-elle.
- Vous pouvez la faire revenir à son état normal ? demanda Harry.
- Les effets de la potion s'estomperont d'eux-mêmes d'ici une semaine maximum. En attendant, mieux vaut attendre ici et ne pas utiliser de magie.
- Une semaine ? paniqua Hermione. Mais les cours...
Avant qu'elle puisse argumenter davantage, Pomfrey déclara qu'elle préviendrait les professeurs et Harry promit que Ron, Neville et lui se chargeraient de lui apporter ce qu'elle avait manqué. Et avec le weekend qui arrivait, ils feraient en sorte de passer un maximum de temps avec elle.
À la fin de la double tirade, Hermione était un peu rassurée. Pomfrey lui fit prendre une potion pour calmer sa magie et l'aider à s'endormir, et donna une note à Harry pour retourner à la tour de Griffondor sans se faire sanctionner pour être dehors après le couvre-feu.
Une fois de retour dans la salle commune, Harry vit que seul Neville était encore réveillé, assis près du feu. Sans un mot, il alla s'asseoir à côté de lui.
- Ron m'a plus ou moins mis au courant de ce qui s'était passé. Comment va Hermione ?
- Pomfrey dit qu'elle redeviendra normale dans une semaine maximum, elle n'est pas en danger. Je lui ai promis qu'on irait la voir demain et qu'on se relaierait pour lui apporter les cours et les devoirs.
Neville hocha la tête avant de poursuivre.
- Et pour Malfoy ?
Harry soupira.
- J'imagine que Ron t'a donné sa... version de la soirée.
Le timide Griffondor lui adressa un sourire gêné, et le Golden Boy n'eut pas besoin d'une plus ample confirmation. Harry soupira et se lança dans un résumé objectif de ce qu'ils avaient appris.
- Il ne sait pas qui est l'héritier, et son père lui a seulement confié que lorsque la Chambre a été ouverte la dernière fois, une Né-moldue est morte et le responsable a été expulsé. Et il ne pense pas que je suis l'héritier. En fait, l'idée avait même l'air de le révulser.
Neville fixa les flammes, réfléchissant posément à ce qu'il venait d'entendre. La version de Ron avait été... sensiblement différente. Mais il était nettement plus enclin à croire le témoignage de Harry.
- Au moins on a une confirmation que le journal a dit la vérité, finit-il par dire. Mais... Harry, qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?
Le garçon à la cicatrice passa une main dans ses cheveux dans un geste fatigué.
- Je ne sais pas. Mais en tout cas, quoi qu'on fasse, ça attendra demain.
Son camarade acquiesça, avant de lui tendre le journal de Jedusor. Devant les yeux écarquillés de Harry, il rougit légèrement avant de s'expliquer, un peu embarrassé.
- Je me suis dit que tu allais vouloir lui écrire ce soir pour lui dire ce qui s'était passé, alors... enfin, j'ai pensé que ce serait plus confortable pour toi d'écrire ici que dans le dortoir.
Surpris par l'initiative de son ami, Harry aurait pu considérer qu'il s'agissait d'une invasion de sa vie privée si Neville n'était pas au courant de l'existence du journal et si celui-ci n'était pas posé en évidence sur sa table de chevet. Il eut un sourire de gratitude, et nota en son for intérieur de dissimuler le carnet à l'avenir. Neville était honnête, mais tous les Griffondors n'étaient pas aussi bien intentionnés et il voulait à tout prix éviter que le journal de Tom tombe entre de mauvaises mains. Encore moins depuis qu'une amitié était en train de se développer entre l'ancien préfet et lui.
- Merci Neville, j'apprécie le geste.
- De rien. Je vais aller dormir, on se voit au petit-déjeuner.
Plein de tact, le timide Griffondor laissa Harry seul pour discuter avec le carnet et disparut dans leur dortoir. L'Attrapeur lui en fut reconnaissant. Il récupéra de quoi écrire sur une table proche, et posa un coussin par terre pour s'installer confortablement devant la cheminée. Une fois posé, il ouvrit le journal et commença à écrire, en notant au passage que c'était plus pratique ainsi.
Bonsoir Tom.
Au vu de l'heure, j'hésite presque à te souhaiter une bonne nuit, Harry.
Sans se formaliser de l'ironie, le Griffondor hésita avant de jouer sur la curiosité de son interlocuteur.
J'ai eu une longue soirée. La salle commune des Serpentards a toujours été aussi sombre ?
Harry sentit clairement la stupéfaction émaner du journal et ne put retenir un petit rire en imaginant la tête de son interlocuteur.
Étant donné qu'elle est située dans les donjons et sous le niveau du lac, oui, elle a toujours été sombre. D'ailleurs peut-être l'as-tu remarqué, on peut parfois voir une sirène ou le calamar géant nager de l'autre côté des fenêtres. C'est un spectacle des plus fascinants. Ceci étant dit, pourrais-tu m'expliquer ce qu'un Griffondor faisait dans la salle commune de mon ancienne maison ?
Mes amis et moi avions un projet pour essayer d'obtenir plus d'informations sur la personne qui a ouvert la Chambre des Secrets.
Un projet ? Tu ne m'en as pas parlé.
Harry grimaça légèrement. Il se doutait que Tom le prendrait mal, mais il avait ses raisons et entreprit de les lui expliquer.
Je pensais que tu essaierais de m'en dissuader. Et puis, de la même façon que je ne raconte pas à mes amis toutes nos conversations, je ne te dis pas tout ce qu'on fait non plus.
La réponse mit plusieurs minutes à venir, au point que le brun eut peur d'avoir vexé Tom, mais finalement, la réponse arriva avec un sentiment amusé de la part du journal.
C'est de bonne guerre. Après tout, je ne t'ai pas tout dit sur moi non plus. Mais je dois admettre que ma curiosité a été piquée, et je suppose que si tu l'évoques maintenant, c'est que tu prévois de me raconter ce qui s'est passé ?
Tes suppositions sont correctes, Tom. Mais ce sera en échange d'une information de même valeur, conformément à notre accord.
Cette fois, Harry eut presque l'impression d'entendre un rire. Désormais, les deux discutaient si librement qu'ils n'évoquaient presque plus leur accord initial. Et lorsqu'ils le faisaient, c'était d'une manière ironique qui faisait sourire le jeune sorcier.
Naturellement Harry. Je suis un homme de parole, après tout.
Parfait. Donc, mes amis et moi avons voulu en savoir plus sur la personne qui a pu ouvrir la Chambre cette année, puisque je suis certain de n'y être pour rien, même si on a un jour la confirmation que je descends de Salazar Serpentard. Il se trouve que dans l'école, il y a cet élève qui contrôle quasiment tous les Serpentards, Malfoy.
Malfoy ? Tu ne m'as jamais parlé de lui... à moins que ce soit lui, le fameux rival blond que tu évoques si régulièrement ?
Harry eut l'impression étrange que Tom venait de glisser un sous-entendu, comme s'il lui faisait un sourire malicieux. Incapable de comprendre pourquoi, le Griffondor ignora la sensation et répondit.
Oui, c'est lui. Pourquoi, tu connais sa famille ?
Au départ, je connais surtout son grand-père, Abraxas, mais j'ai très bien connu Lucius également. Nous nous sommes... perdus de vue, un peu après la naissance de son fils. Mais je t'ai interrompu, tu disais qu'il contrôlait la maison Serpentard ?
Le brun écarquilla les yeux. Tom connaissait la famille Malfoy ? Et était assez proche d'eux pour les appeler par leurs prénoms ? Si c'était le cas, comment avaient-ils pu se perdre de vue ? Et comment quelqu'un comme Tom avait pu s'entendre aussi bien avec une personne aussi arrogante et froide que Lucius Malfoy ? Conservant toutes ces questions pour plus tard, Harry poursuivit son récit.
Oui, et si l'héritier de Salazar est à Poudlard, la logique voudrait qu'il soit dans la maison de son ancêtre, pas vrai ? Et si c'était le cas, Malfoy en aurait forcément entendu parler ou aurait une idée de qui c'est. Un de mes amis était – est toujours – persuadé que c'est lui l'héritier.
Il pense que les Malfoy descendent de Salazar ? Absurde. Ils n'auraient jamais pu se retenir de le crier fièrement sur tous les toits du monde sorcier si c'était le cas. Simple curiosité, quel est le prénom du fils de Lucius ?
C'est aussi ce que les deux autres amis impliqués dans ce projet et moi lui avons dit. Et il s'appelle Draco.
Harry regarda ce qu'il venait d'écrire. Même sur papier, appeler Malfoy par son prénom était... étrange.
Les familles Sang-purs et leur obsession pour les noms latins de constellation ou de fleur... je crois que c'est une tradition que je ne comprendrai jamais. En revanche, penser que ce garçon disposait d'informations supplémentaires n'était pas idiot. Je présume que vous avez projeté de l'interroger ?
C'est exactement ce qu'on a voulu faire, mais sans qu'il s'en rende compte. Parce qu'il ne nous dirait jamais la vérité si c'était nous qui posions directement la question.
Enfin un Griffondor qui utilise sa tête, je commençais à désespérer. Et donc, quelle méthode avez-vous employée pour le faire parler ?
Harry fronça les sourcils au sous-entendu, mais comme l'émotion véhiculée restait purement curieuse, il écrivit rapidement la suite et se sentit de plus en plus gêné en réalisant que leur idée était stupide.
On a préparé du polynectar en secret, et des muffins avec des somnifères pour endormir deux Serpentards qui trainent tout le temps avec lui mais sont assez stupides. On a récupéré leurs uniformes et quelques cheveux, puis on s'est transformés et on est allés dans les donjons jusqu'à ce que Malfoy nous trouve et nous fasse rentrer dans la salle commune. Ensuite, il a commencé à insulter la famille de mon ami et il a déclaré que Dumbledore était la pire chose qui soit arrivée à Poudlard. Puis il s'est mis à parler de moi et de mes amis en termes... inadéquats, et il a dit que je ne pouvais pas être l'héritier de Serpentard. Après ça, il a admis ne pas savoir qui était derrière tout ça, et nous a raconté ce que son père lui avait dit. Mais il n'y avait rien de nouveau par rapport à ce que tu m'avais déjà montré dans ton souvenir.
Harry reposa sa plume, et attendit que les lignes s'effacent en étant affreusement embarrassé. Au bout d'une minute, une réponse apparut avec un mélange d'émotions qu'Harry eut du mal à analyser. Il y avait de l'incrédulité, de l'amusement et un petit quelque chose qui ressemblait à de l'admiration.
Tes amis et toi avez préparé secrètement du polynectar à douze ans avant de piéger un Malfoy pour qu'il vous emmène dans la salle commune de Serpentard, où vous avez obtenu qu'il vous révèle une confidence de son père, le tout sans éveiller les soupçons et sans vous faire prendre.
C'est une façon de le résumer, oui.
Harry, oublie immédiatement tout ce que j'ai pu dire au sujet d'un Griffondor qui réfléchit. Ce que tu viens de me raconter est une des actions les plus Serpentardes que j'ai pu entendre de ma vie. Je refuse de croire que le Choixpeau ne t'a pas au moins proposé de rejoindre ma maison.
Harry se mordit les lèvres. Il ne l'avait jamais dit à personne. Mais d'un autre côté, il n'avait jamais dit à personne que les Dursley avaient tenté de le tuer. Le jeune sorcier prit une grande inspiration pour calmer les tremblements qui commençaiet à agiter sa main, puis reprit sa plume.
En fait, j'aurais dû aller à Serpentard. Pendant la cérémonie, le Choixpeau a essayé de me convaincre que c'était la maison où je serais le plus à ma place, mais il a accepté de me laisser aller à Griffondor quand je le lui ai demandé.
Harry, je garderai ce secret, tu n'as pas à t'inquiéter. Si je peux me permettre cependant, pourquoi ne pas avoir voulu aller à Serpentard ? C'est une bonne maison et plusieurs très grands sorciers en sont sortis. Je ne juge pas ton choix, mais si tu venais tout juste de découvrir le monde sorcier, tu n'aurais pas dû avoir d'a-prioris sur les maisons et donc pas de raison de refuser.
Harry soupira et sourit faiblement. Il aurait dû se douter que Tom réagirait bien, le journal lui envoyait de nouveau des émotions réconfortantes et rassurantes. Et au moins, il pouvait facilement répondre à la question.
J'avais plusieurs raisons. Quand Hagrid m'a récupéré, il m'a raconté l'histoire derrière ma cicatrice et comment mes parents sont morts, en me signalant au passage que Voldemort, leur meurtrier, était un Serpentard. Un peu plus tard, en allant acheter mes robes, j'ai rencontré Draco Malfoy, qui a été arrogant et assez méprisant et a déclaré vouloir aller à Serpentard. Enfin, dans le train, j'ai fait la connaissance de Ron Weasley, qui a été mon premier ami et m'a dit juste avant la cérémonie que tous les sorciers et sorcières qui avaient mal tourné étaient à Serpentard.
Le sorcier regarda les phrases disparaitre les unes après les autres en fronçant les sourcils. Maintenant qu'il l'avait posé par écrit, il était forcé d'admettre que cela faisait beaucoup de raisons en très peu de temps pour quelqu'un qui découvrait le monde sorcier. Il avait à peine entendu les noms des maisons de Poufsouffle et Serdaigle, avait été informé que ses parents étaient à Griffondor, mais avait été plus que prévenu envers Serpentard. Cependant, Hagrid semblait incapable de tromper qui que ce soit, la rencontre avec Malfoy était complètement coïncidentielle, et Ron était simplement entré dans son compartiment parce que tous les autres étaient bondés.
Harry se figea soudainement, puis se concentra pour se rappeler la scène en détail et nota pour la première fois que quelque chose clochait dans cette dernière affirmation. Comment tous les compartiments avaient-ils pu être bondés ? Le train n'était jamais totalement plein et lui-même avait trouvé un compartiment vide en moins de cinq minutes. Mais pourquoi Ron aurait-il utilisé un prétexte pour s'asseoir avec lui ? Pourquoi utiliser une excuse plutôt que juste demander à s'asseoir ?
Il était si concentré sur cette soudaine réalisation qu'il faillit manquer la réponse de Tom.
Je dois admettre que ça fait beaucoup de raisons. Soit dit en passant, l'argument de ton ami Weasley est absurde. Grindelwald, par exemple, n'était même pas à Poudlard. En revanche, il a été un grand ami de Dumbledore, qui si je ne m'abuse, était à Griffondor. Toutes les maisons ont leur lot de sorciers et sorcières qui ont mal tourné, ça n'a jamais été propre à Serpentard.
Harry écarquilla les yeux. Il avait entendu parler de Grindelwald, l'homme était réputé pour être le plus grand mage noir de tous les temps avant que Voldemort ne le détrône. Le jeune sorcier ne pensa même pas à relever le fait que Tom avait avancé un excellent argument. Toute son attention se porta sur son affirmation concernant Dumbledore.
Dumbledore était ami avec Grindelwald ? Mais c'est impossible, c'est lui qui l'a vaincu !
Oh, il l'a vaincu, je ne le nie pas. Mais dans leur jeunesse, Grindelwald et Dumbledore ont été excessivement proches. Je n'en ai jamais eu la confirmation directe, mais je pense même qu'ils ont été amants pendant quelques années. À l'origine, les deux partagent la même idéologie du "plus grand bien". Ils ont simplement choisi de l'appliquer de manière très différente. Au risque de te décevoir, Dumbledore n'a rien du gentil grand-père ou du vieux sage qu'il prétend être.
Harry n'en croyait pas ses yeux. Comment Tom pouvait-il dire une chose pareille ? Dumbledore avait été là pour le guider, pour lui donner un semblant de rassurance, il avait eu confiance en ses capacités et avait été un des premiers à croire en lui ! Il lui avait même donné la cape d'invisibilité de son père.
Tom, je ne sais pas pourquoi tu dis ça, mais tu te trompes. Dumbledore croit en moi et pense aux élèves de l'école avant tout, il a même refusé le poste de Ministre pour rester directeur de Poudlard.
Cette fois, une colère chargée d'amertume fut transmise en même temps que la réponse apparaissait.
Oh, vraiment ? Alors dis-moi, Harry, qui t'a placé dans cette famille moldue et pourquoi personne n'est jamais venu vérifier que tu étais bien traité ? Qui t'a dit d'y retourner sans même écouter tes protestations ? Comment se fait-il que deux des premières personnes à te traiter avec respect aient le réflexe de te monter contre Serpentard ? Qui a choisi de protéger un artefact aussi précieux que celui que tu es allé récupérer l'an dernier avec des épreuves qui ont été surmontées par des enfants de onze ans ? Quel directeur qui se targue d'impartialité donnerait la coupe des maisons avec juste assez de points à la dernière minute, en ignorant toutes les règles enfreintes par les élèves à qui il les octroie ? Qui oserait prétendre ne pas faire de politique en étant à la fois directeur de la seule école de sorcellerie de Grande-Bretagne, président du Magenmagot, et Manitou suprême de la confédération internationale des sorciers ?
Lorsque les questions cessèrent enfin de s'enchainer, Harry était tremblant et était devenu extrêmement pâle. Il voulait défendre Dumbledore, dire à Tom qu'il avait tort, lui expliquer la vérité. Mais chaque question était un écho à ses propres doutes, ses propres peurs, et le renvoyait à des détails qu'il avait inconsciemment remarqués au fil du temps. Et il n'osait pas l'envisager. Parce que s'il commençait à y croire, s'il acceptait que même Dumbledore n'était pas celui qu'il pensait, n'était pas le directeur sage et bienveillant qui croyait en lui, mais juste une autre personne qui ne le voyait que comme un outil...
Une sensation de vide horrible s'installa en lui, et il commença à avoir du mal à respirer. Sans qu'il s'en rende compte, des larmes se mirent à ruisseler sur ses joues. Est-ce que toute sa vie était basée sur les mensonges et la fausseté des gens qui l'entouraient ? Est-ce que personne ne le regarderait jamais juste pour lui-même au lieu de sa fichue célébrité et du fichu destin qu'il était censé accomplir ? Est-ce qu'il n'avait pas le droit de vivre sa vie comme il l'entendait ?
Une nouvelle série de phrases apparut sur le carnet, qui avait absorbé ses larmes comme il avait absorbé l'encre. Harry se força à essuyer ses yeux et se concentrer sur sa lecture.
Je suis désolé d'avoir été aussi brusque avec toi, Harry. Mais je ne pouvais pas supporter de te laisser admirer Dumbledore comme une idole parfaite en sachant ce dont il est capable. Harry, c'est lui qui a insisté pour que l'école reste fermée en été au lieu d'accueillir les élèves qui, comme toi et moi, n'avaient nulle part où aller ou vivaient dans des familles violentes. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Toujours tremblant, Harry écrivit trois mots à la va-vite.
Je vais dormir.
Il n'attendit pas de réponse et ferma le journal avant d'aller se coucher le plus discrètement possible. Une fois en pyjama et les rideaux tirés, il se roula en boule et se mit à pleurer silencieusement, comme il avait appris à le faire chez les Dursleys. Il ne voulait pas croire ce que Tom lui avait dit, ne pouvait pas croire qu'il s'agissait de la réalité. Mais chaque question tombait trop juste, et chaque réponse était une brèche dans l'image immaculée du directeur. Finalement, après un long moment à pleurer sur son oreiller, la fatigue finit par l'emporter et Harry sombra dans un sommeil agité.
Commentaire de la bêta : Mon bébé Harry est bien trop souvent secoué dans cette histoire... Je sais que c'est pour la bonne cause mais tu devrais arrêter de le torturer euh ! Les lecteurices pensent pareil que moi, j'en suis sûre !
