N/A : Et on attaque la phase finale ! J'espère qu'elle sera à la hauteur de vos attentes.
Après le diner, les Serpentards étaient retournés dans leur salle commune. L'annonce de la professeure d'Astronomie avait surpris bon nombre d'entre eux, pas tant par le fait qu'il y avait eu une nouvelle attaque, mais parce que la victime était un Poufsouffle. Jusque-là, l'héritier avait semblé privilégier les Griffondors. Le fait que la liste des victimes comprenne finalement autre chose que des rouge et or brisait l'impression d'invulnérabilité des autres maisons.
- Alors comme ça, fit Théo, Potter est encore le premier à trouver la victime...
- McGonagall était avec lui, rappela Blaise.
- Weasley, Londubat et Thomas aussi, ajouta Daphné. Apparemment, les quatre ont passé l'après-midi à l'infirmerie.
Draco restait impassible. Il avait entendu les rumeurs comme les autres. Les Poufsouffles avaient été pathétiquement affectés par la pétrification de l'un des leurs, et semblaient s'être retournés contre Potter dès que son nom avait été mentionné.
- C'est quand même bizarre que Potter soit toujours impliqué quand une attaque a lieu, déclara Pansy.
- Ce qui est bizarre, corrigea Draco, c'est que même en étant toujours impliqué, il n'est jamais seul au moment de l'attaque, et jamais accompagné par les mêmes personnes.
Un silence accueillit sa remarque. Potter réussissait l'exploit d'être impliqué dans toutes les attaques et d'avoir un lien avec toutes les victimes, tout en ayant un alibi inattaquable ou presque dans chaque cas.
- Mais Potter ne peut pas être l'héritier, déclara Daphné en secouant la tête. Il n'aurait jamais attaqué Granger. Finnegan, à la rigueur, mais pas Granger.
- Draco, tu penses vraiment que ton père a bien fait de dégager Dumbledore ? demanda prudemment Blaise.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? répliqua le blond sèchement.
- Il veut dire que sans Dumbledore pour faire semblant de protéger les élèves, expliqua Théo, les attaques risquent de se multiplier et Poudlard pourrait fermer.
Une nouvelle fois, personne ne parla pendant presque une minute dans le petit groupe de deuxième année. Aucun ne l'avouerait à voix haute, mais ils ne voulaient pas que l'école ferme et se retrouver envoyés dans d'autres écoles, probablement Beauxbâtons ou Durmstrang.
- Ça n'ira pas jusque-là, murmura Draco.
- Comment tu peux en être si sûr ? demanda l'italien.
- Une intuition, répondit le blond en haussant les épaules.
- Tu as sans doute raison. Après tout, Potter est dans l'école, plaisanta Daphné. À tous les coups, il va trouver la Chambre par hasard et se sacrifier héroïquement d'une manière ou d'une autre avant de revenir en triomphe pour faire gagner la coupe des maisons à Griffondor.
Quelques rires et sourires discrets approuvèrent la tirade ironique. Ce serait tout à fait le style de la mascotte de Griffondor de faire un coup pareil, même si les Serpentards avaient encore le banquet de l'année précédente en travers de la gorge. Cent soixante-dix points de dernière minute en ignorant toutes les règles enfreintes, et Dumbledore voulait faire croire qu'il n'avait pas de favoris.
- Il reste à peine trois semaines avant la fin de l'année, il a intérêt à se dépêcher s'il veut sauver Poudlard, remarqua Théo.
- Il parait que les vrais héros attendent toujours la dernière minute pour sauver la situation, sourit Blaise. Ça veut dire qu'on a encore un peu de temps.
- Ça sous-entendrait que Potter est un héros, objecta Pansy. Alors que c'est juste un stupide Griffondor.
- Point pour Pansy, accorda Daphné. Mais c'est un stupide Griffondor mignon.
- Et malchanceux au-delà du raisonnable, ajouta Blaise.
Ils continuèrent à ajouter des adjectifs pour qualifier le Golden Boy pendant encore un moment, s'amusant à lui trouver des défauts et des qualités plus ou moins discutables, jusqu'à ce que Draco se lève avec un air contrarié et déclare aller se coucher. Une fois qu'il eut refermé la porte, Blaise, Daphné et Théodore échangèrent des clins d'oeil discrets. Ce n'était pas parce qu'un Poufsouffle s'était fait attaquer qu'ils allaient renoncer à leur divertissement préféré.
-o-oOo-o-
Le lendemain matin, à la fin du cours de Métamorphose, Harry demanda discrètement à McGonagall s'il pouvait passer le déjeuner à l'infirmerie au chevet d'Hermione. Celle-ci hésita, mais avait remarqué l'attitude des Poufsouffles envers son élève. Lorsque Neville et Ron se joignirent à sa demande pour ne pas le laisser seul, l'enseignante céda à la condition qu'un professeur les accompagne à l'aller et au retour. Dean les avait entendu, mais préférait déjeuner dans la Grande Salle avec les autres. Même s'il faisait confiance à Harry, il n'était pas proche de lui au point de se mettre le reste des élèves à dos en le soutenant ouvertement.
En sortant du cours de Lockhart, les trois Griffondors eurent la surprise de voir Sinistra les attendre avec un petit sourire compréhensif. La professeure d'Astronomie les accompagna jusqu'à l'infirmerie, et leur annonça qu'elle viendrait les chercher quinze minutes avant le début de leur cours d'Herbologie. Un plateau avec des sandwichs était posé au pied du lit d'Hermione. Les trois Griffondors mangèrent rapidement dans un silence presque complet.
Harry ne savait pas combien de temps était passé depuis qu'il fixait son amie pétrifiée. Neville et Ron étaient de l'autre côté du lit, et observaient la sorcière aux cheveux bouclés en silence.
- Tu nous manque, Hermione, murmura Harry. J'aimerais que tu sois là avec nous. On a besoin de toi.
En parlant, il caressa doucement le poignet qui était le long de son corps, et s'arrêta d'un coup en arrivant à sa main. Ses yeux s'écarquillèrent et il se pencha brusquement, provoquant une réaction de surprise chez les deux autres.
- Harry ?
Le garçon à la cicatrice tira rapidement une boule de papier froissée de la main serrée de son amie, la déplia et pâlit en même temps qu'un éclair de compréhension fusait sur son visage.
- Voilà pourquoi elle était dans la bibliothèque quand elle a été pétrifiée, souffla-t-il.
En quelques seconde, les trois garçons se retrouvèrent au pied du lit et Harry étala la feuille sur le plateau en la lisant à voix basse.
- De toutes les créatures qui hantent nos contrées, il n'en est pas de plus dangereuse ni de plus mortelle que le Basilisk, ou Roi des Serpents. Il peut atteindre plus de quinze mètres et vivre plusieurs centaines d'années. Le venin contenu dans ses crochets est un des plus mortels au monde, et une mort immédiate attend celui qui croise son regard. Il constitue le plus mortel ennemi des araignées, qui s'enfuient devant lui.
Lorsqu'Harry termina de lire, les trois Griffondors étaient sous le choc, mais le garçon à la cicatrice releva la tête avec empressement et croisa le regard de l'autre brun.
- Neville, c'est la solution, le monstre de la Chambre est un Basilisk !
- C'est pour ça que tu es le seul à l'entendre, comprit-il en écarquillant les yeux, c'est un serpent !
- Attendez une minute, protesta Ron, c'est impossible, un serpent géant qui se déplace dans l'école, quelqu'un l'aurait forcément vu !
Harry indiqua un mot gribouillé au bas de la page arrachée.
- Hermione a répondu aussi à ça.
- Les tuyaux ? lut Ron. Il utilise la plomberie ?
- Voilà pourquoi tu l'entendais toujours dans des couloirs déserts avec l'impression qu'il se déplaçait, conclut Neville dans un souffle.
Pendant un instant, ils regardèrent tous les murs autour d'eux, avant que Ron relise rapidement la page et s'arrête sur un point essentiel.
- Mais Harry... s'il tue d'un simple regard, pourquoi personne n'est mort ?
Un silence accueillit sa remarque, jusqu'à ce que Harry relève la tête, ses iris verts perdus dans le vague.
- Personne ne l'a regardé dans les yeux, réalisa-t-il dans un murmure.
Neville et Ron le dévisagèrent sans comprendre.
- Du moins, pas directement.
Harry se mit à marcher de long en large et commença à énumérer les victimes, en ajoutant une explication à chaque fois.
- Colin l'a vu à travers son appareil photo. Justin... Justin l'a vu à travers Nick Quasi-Sans-Tête, c'est Nick qui a tout pris ! Mais c'est un fantôme, il ne peut pas mourir ! Seamus... avec le miroir au-dessus du lavabo ! Et Hermione avec le miroir de poche qu'on a retrouvé à côté d'elle ! Je vous parie tout ce que vous voulez qu'elle s'en est servi à un angle de mur pour surveiller s'il arrivait dans son dos !
- Et miss Teigne alors ? objecta Ron. Elle ne se promenait pas avec un miroir ou un appareil photo !
Harry resta silencieux, et fronça les sourcils en réfléchissant. Neville se replongea également dans ses souvenirs de ce soir-là, et claqua des doigts en se rappelant d'un détail crucial qu'il avait remarqué sur ses robes en rentrant au dortoir.
- De l'eau, déclara Neville.
Harry et Ron tournèrent la tête vers lui.
- Il y avait de l'eau dans le couloir ce soir-là ! insista-t-il. Elle a vu uniquement le reflet du Basilisk !
Le héros de Griffondor comprit immédiatement et hocha rapidement la tête pour marquer son approbation, avant de retourner lire une ligne sur la feuille.
- Les araignées s'enfuient devant lui... c'est exactement ce qu'Aragog nous a dit ! s'exclama-t-il. Tout concorde, et... oh Merlin !
Ses yeux étaient écarquillés derrière ses lunettes, et il porta une main à sa bouche sous le choc de sa réalisation.
- Harry ? s'inquiéta Neville.
- Vous vous souvenez de ce qu'Aragog a dit à propos de cette fille qui est morte il y a cinquante ans ? fit-il d'une voix blanche. Elle a été tuée dans les toilettes. Et si... et si elle y était toujours ?
Neville sentit sa mâchoire se décrocher, et Ron répondit d'une voix incrédule.
- Mimi Geignarde ?
Au moment où Harry tourna la tête vers ses amis, la voix urgente de McGonagall retentit autour d'eux, et probablement dans tout le château.
- Tous les élèves doivent regagner immédiatement leurs dortoirs ! Tous les professeurs sont attendus dans le premier couloir du deuxième étage !
Pomfrey sortit en trombe de son bureau et ordonna sèchement aux trois garçons de retourner à la tour de Griffondor.
Neville et Ron eurent à peine besoin de regarder Harry pour savoir ce qu'il comptait faire, et soupirèrent de concert avant de lui emboiter le pas hors de l'infirmerie. Sans surprise, au lieu de se diriger vers leur salle commune, le Golden Boy suivit l'infirmière jusqu'au deuxième étage, où il se cacha derrière une statue juste avant le tournant.
Presque tous les autres professeurs arrivaient en courant pour rejoindre la directrice adjointe, dont le masque calme et composé était en train de se fissurer. McGonagall fixait le mur en face d'elle, qu'Harry et les deux autres ne pouvaient pas distinguer de leur place.
- Ce que nous redoutions le plus s'est produit, déclara-t-elle. Une élève a été capturée par le monstre et emmenée dans la chambre.
Des exclamations de surprise et d'horreur s'échappèrent de tous les enseignants en même temps qu'ils découvraient le message et l'information de la directrice de Griffondor.
- Nous devons renvoyer les élèves chez eux. J'ai bien peur que ce soit la fin de Poudlard, ajouta-t-elle d'une voix brisée.
Le moment de silence qui suivit était composé d'un mélange de stupeur et de recueillement pour les enseignants de la prestigieuse et millénaire institution. Jusqu'à ce que des pas se fassent entendre et qu'une voix enjouée retentisse.
- Navré, je m'étais assoupi ! Qu'est-ce que j'ai raté ?
Même cachés dans leur recoin, les trois Griffondors eurent soudain envie de faire de frapper leur front devant une telle insensibilité. Ou de lancer un sort au professeur de Défense.
- Une élève a été emmenée par le monstre, Lockhart, déclara Rogue avec dédain. Le moment est venu pour vous d'agir.
- P-pour moi ? D'agir ?
- Ne disiez-vous pas hier soir que vous saviez depuis toujours où se situait l'entrée de la Chambre des Secrets ? demanda le professeur de Potions.
- Et bien, je...
- Alors c'est réglé, déclara McGonagall. Nous vous laissons faire, Gilderoy. Vos compétences, après tout, sont légendaires.
Les professeurs étaient tous tournés vers Lockhart, qui était désormais coincé.
- En-entendu. Je vais dans mon bureau me... me préparer, déclara-t-il d'un ton forcé.
La vedette tourna les talons et se dirigea vers son bureau. La directrice reprit la parole dès qu'il fut hors de portée de voix.
- Severus, Pomona, Filius, prévenez vos maisons et dites à vos élèves de préparer leurs bagages, le train partira demain matin. Ne les laissez sortir sous aucun prétexte.
- Qui le monstre a-t-il emmené, Minerva ? demanda Pomfrey d'une voix inquiète.
Les trois Griffondors entendirent la respiration brusque de leur directrice de maison depuis leur cachette, preuve que la professeure de Métamorphose était bouleversée malgré ses efforts pour rester stoïque.
- Ginny Weasley.
Harry et Neville se tournèrent immédiatement vers Ron, qui se décomposa. Lorsque les enseignants se furent tous éloignés, ils avancèrent et purent enfin lire le message inscrit – encore une fois avec du sang – sur le mur. Le roux lut la phrase d'une voix tremblante.
- Son squelette reposera à tout jamais dans la Chambre. Ginny ! gémit-il.
Neville voulut le réconforter, mais Harry les prit tous les deux par la manche avant de foncer dans les couloirs.
- Harry ! Qu'est-ce qui te prend ? s'exclama Ron. Ma soeur...
- Lockhart est peut-être nul, le coupa le Golden Boy, mais il va essayer de trouver la Chambre, alors il faut lui dire ce qu'on sait !
Le ton déterminé du héros de Griffondor sortit Ron de son état, et il se mit à courir à côté de Harry avec une volonté retrouvée. Lorsqu'ils arrivèrent devant le bureau du professeur de Défense, ils l'ouvrirent à la volée et Harry commença immédiatement à parler avant de s'interrompre.
- Professeur, on a des informations importantes à vous...
Lockhart était en train d'enfouir toutes ses affaires dans des malles de voyage. Presque toutes les photos avaient été décrochées des murs et Neville pouvait apercevoir l'équivalent d'une penderie entière dans un des coffres.
- Vous allez quelque part ? demanda Neville.
- Heu, et bien je, oui ! bafouilla la vedette. Une urgence, o-on m'a appelé, je dois partir et...
- Et pour ma soeur alors ? s'exclama Ron.
- Et bien concernant cette pauvre petite, personne n'est plus désolé que moi et...
- Vous êtes professeur de Défense Contre les Forces du Mal ! s'énerva Ron. Vous ne pouvez pas partir maintenant !
- Et bien quand j'ai lu la description du poste, je n'ai jamais vu mentionné que...
Harry avança d'un pas et bloqua le passage de Lockhart, le coinçant entre son bureau et une de ses malles. Sa voix véhiculait un mélange d'incrédulité et de colère contenue.
- Vous prenez la fuite ? Après tout ce que vous avez dit dans vos livres ?
- Il ne faut pas croire tout ce qu'on lit, répliqua très vite l'enseignant.
- Vous les avez écrits ! cria Harry.
- Mais enfin mon garçon fais preuve d'un peu de bon sens ! s'énerva Lockhart. Mes livres se seraient moitié moins vendus si les gens n'avaient pas cru que c'était moi qui avait fait tout ça ! Personne ne s'intéresserait à un sorcier arménien hideux et borgne, même s'il a sauvé un village d'une meute de loup-garous !
- Vous êtes un imposteur, réalisa le Griffondor d'un ton furieux. Vous vous êtes attribués les mérites de ce que d'autres sorciers ont fait !
Lockhart serra la mâchoire, et se tendit à la seconde où sa bévue permit aux trois élèves d'apprendre son secret le mieux gardé.
- Vous êtes capable de faire quelque chose ? demanda Neville sans y croire.
- Oui ! Puisque tu en parles, déclara-t-il en retrouvant son calme, je réussis très bien le sortilège d'amnésie. Heureusement d'ailleurs, sinon tous les sorciers auraient parlé, et je n'aurais plus vendu un seul livre. D'ailleurs, je vais...
Il se pencha lentement vers son bureau, mais les trois Griffondors étaient prêts.
- ... devoir vous faire subir la même chose !
La vedette s'immobilisa en voyant les trois baguettes pointées sur lui.
- Je ne vous conseille pas d'essayer, menaça Harry. Maintenant professeur, vous allez venir avec nous. Après tout, tous les déplacements doivent se faire en étant accompagné d'un enseignant.
Neville ne put retenir un sourire ironique en entendant le sarcasme. La situation ne se prêtait pas vraiment à l'humour, mais la remarque était bienvenue malgré tout.
Ils sortirent du bureau et marchèrent jusqu'aux toilettes de Mimi Geignarde, sans croiser un seul autre professeur, au grand dam de Lockhart. La vedette était toujours à la merci des trois baguettes et avait dû laisser la sienne dans son bureau. Aucun des trois Griffondors ne lui faisait assez confiance pour la lui laisser, et puisque l'enseignant était – de son propre aveu – encore moins puissant qu'il n'y paraissait, ils avaient préféré ne pas prendre le risque.
Ils entrèrent prudemment, Lockhart le premier, et Harry inspira avant de composer le visage charmant qu'il avait toujours en présence du fantôme.
- Myrtille ? appela-t-il.
- Myrtille ? répéta le professeur sans comprendre.
- C'est toi Harry ?
La voix réjouie résonna dans les toilettes, et le spectre de la jeune fille à couettes s'éleva au-dessus d'une cabine pour observer les nouveaux occupants.
- Tu as amené du monde ? Bonjour Neville, fit-elle en reconnaissant l'autre brun.
- Bonjour Mimi, répondit-il.
Neville restait tendu et focalisait son attention sur Lockhart autant qu'il le pouvait, mais avait eu assez d'échos sur la susceptibilité du fantôme pour prendre le temps de lui rendre son salut. Il fut assez surpris de voir qu'elle posa à peine son regard sur Ron pour montrer qu'elle avait remarqué sa présence. En revanche, elle pencha la tête en observant le professeur, et lorsqu'elle vit la baguette de Harry pointée sur lui, elle fronça les sourcils.
- Qui est-ce ?
- Ah, jeune demoiselle, fit Lockhart en essayant son sourire charmeur, je suis professeur de Défense Contre les Forces du Mal et ces malotrus ont eu le culot de me priver de ma baguette pour empêcher que je les ramène en sécurité à leur dortoir, pourriez-vous aller quérir un autre enseignant afin qu'ils reçoivent une punition ada...
- Comment osez-vous traiter mon Harry de malotru ! cria-t-elle en fonçant vers le blond.
Harry réprima un rictus satisfait qu'il avait peut-être emprunté à Malfoy. Le numéro de Lockhart marchait peut-être sur les sorciers et sorcières crédules et inexpérimentés, mais Myrtille avait déjà vécu un demi-siècle en tant que fantôme brimé et moqué. Quelques mots et un sourire creux n'allaient pas suffire face à la politesse et la considération sincères dont Harry faisait preuve depuis l'automne.
Lockhart, en revanche, ne s'attendait absolument pas à ce que le spectre réagisse de la sorte et en fut choqué. Le Golden Boy leva les yeux au ciel un instant devant un sorcier aussi pathétique, et reporta toute son attention sur son interlocutrice. Il faisait confiance à Neville et Ron pour surveiller l'imposteur.
- Myrtille, en fait, on est venus te voir parce que quelque chose de terrible s'est produit. Et tu es la seule à pouvoir nous aider.
Toute sa colère envolée, la jeune fille se décala aussitôt pour ne parler qu'au brun.
- Oh Harry, qu'est-ce qui s'est passé ? Et bien sûr que je vais t'aider, enfin si je peux... dans mon état, je ne peux pas faire grand-chose, renifla-t-elle.
- La petite soeur de Ron a été enlevée par le monstre de la Chambre des Secrets, répondit-il lentement.
Une exclamation stupéfaite échappa au fantôme, et elle mit ses mains devant sa bouche dans un geste horrifié. Avant qu'elle se mette à sangloter, Harry poursuivit.
- Et je voudrais savoir... je sais que c'est très personnel, ajouta-t-il vivement, mais je voudrais savoir comment tu es morte.
L'horreur fut remplacée par de la curiosité quand le Griffondor recommença à parler, puis par son rougissement – ou plutôt grisement – spectral lorsqu'il formula sa demande.
- Comment je suis... Oooh, fit-elle d'un air flatté. J'ai cru que tu n'oserais jamais poser la question.
- Je ne voulais pas prendre le risque de te mettre mal à l'aise, sourit Harry.
- C'est très gentil à toi, roucoula-t-elle.
Le fantôme flotta jusqu'à la cabine d'où elle était sortie et resta au-dessus, ses yeux ne quittant jamais le visage du garçon à la cicatrice.
- Ça s'est passé ici même, je suis morte dans cette cabine. Je m'étais cachée pour pleurer à cause de cette peste d'Olive Hornby qui se moquait de mes lunettes. Puis j'ai entendu quelqu'un entrer.
- Qui c'était ? demanda Ron.
- Je n'en sais rien moi, j'étais folle de chagrin ! s'écria-t-elle.
Elle sanglota quelques instants avant de reprendre, son attention de nouveau sur Harry.
- Mais j'ai entendu des bruits bizarres, comme une langue qu'on aurait inventée. J'ai compris que c'était un garçon qui parlait, alors j'ai ouvert la porte pour lui dire de ficher le camp ! Et... je suis morte, acheva-t-elle d'une petite voix.
- Ça a dû être une expérience traumatisante, non ? demanda Harry. Tu ne te souviens de rien d'autre ?
- Oh, ça allait, j'ai été choquée, et puis j'ai senti mon corps s'engourdir et j'ai eu la sensation de m'élever dans les airs. Je me souviens juste de deux gros yeux jaunes, là-bas, près de ce lavabo.
Et en parlant, elle désigna un des éviers de la pièce centrale sur laquelle Harry s'était appuyé après avoir pris le polynectar. Tous les regards se tournèrent vers l'énorme structure centrale en pierre, et Harry se rappela à temps de rester courtois avec la jeune fille décédée.
- Merci Myrtille. Je crois que grâce à toi, on va pouvoir trouver l'entrée.
Celle-ci fit un petit bruit embarrassé, mais elle semblait heureuse à l'idée d'avoir pu aider le Griffondor gentleman. Le garçon à la cicatrice jeta un oeil à Lockhart, constata que ses deux amis le tenaient toujours en joue, et s'approcha du lavabo que Myrtille avait désigné.
Il se mit à regarder attentivement tous les détails du miroir, à la recherche d'un indice, aussi minime soit-il. Lorsqu'il n'en trouva aucun, il commença à observer l'évier et s'arrêta presque immédiatement sur le robinet. Sa main se dressa et suivit le contour d'un minuscule serpent gravé sur le métal. Il tenta de le tourner, mais l'eau ne sortit pas.
- Harry ? appela Ron.
- Il y a un serpent gravé sur un robinet qui ne fonctionne pas, répondit le brun. On y est, c'est ça l'entrée.
- Harry, dit quelque chose, lui indiqua Neville. Dit quelque chose en fourchelangue, précisa-t-il.
Le garçon à la cicatrice se concentra quelques instants, comme lorsqu'il avait répondu à Seamus dans la Grande Salle.
- Ouvre-toi.
Tous les spectateurs se figèrent en entendant les sifflements, et Mimi Geignarde laissa même échapper un petit cri en reconnaissant la langue qu'elle avait entendue avant de mourir.
En reconnaissant la langue et l'ordre, l'ancienne magie qui activait le sortilège s'enclencha. Le cercle s'élargit progressivement, le dôme de pierre qui le couvrait s'éleva, et le lavabo sur lequel le serpent était gravé s'enfonça dans le sol, révélant un énorme et sombre tunnel qui s'enfonçait probablement loin sous Poudlard.
- Absolument fantastique Harry ! s'exclama Lockhart. Bon et bien je vais... vous n'avez plus besoin de moi ! fit-il en tentant de fuir.
Ron et Neville le retinrent aussitôt, et Harry le poussa au bord du trou, si bien que le professeur fut obligé de s'accrocher aux deux lavabos les plus proches pour ne pas tomber.
- Au contraire, déclara le Golden Boy. Je pense que pour notre sécurité à tous, il serait plus prudent qu'un professeur de Défense expérimenté ouvre la voie. Qu'est-ce que vous en pensez ?
- Complètement d'accord, approuva Ron.
- Ça me paraît plus prudent, ajouta Neville.
D'un signe de menton, Harry indiqua à Lockhart de se retourner. Celui-ci s'exécuta avec une mauvaise grâce évidente et déglutit difficilement en voyant ce qui l'attendait. Il tourna la tête vers ses élèves.
- Vous ne voulez vraiment pas y aller d'abord ?
Pour toute réponse, le héros de Griffondor lui donna un coup de pied au derrière, qui propulsa l'imposteur dans le tunnel avec un cri.
- Désolé, j'avais envie de faire ça depuis la première fois que je l'ai vu, expliqua-t-il en haussant les épaules.
Son excuse était toutefois démentie par le sourire satisfait qui étirait légèrement son visage, et Myrtille pouffa. Ron et Neville lui sourirent en réponse. Ils comprenaient parfaitement. Leur échange fut écourté par un bruit d'atterrissage, lui-même suivi par une exclamation de Lockhart.
- C'est vraiment dégoûtant ici.
Les trois Griffondors se regardèrent et hochèrent la tête.
- Bon, on y va, décida Harry. Souvenez-vous, si quelque chose bouge, fermez immédiatement les yeux.
Ron et Neville hochèrent la tête, et les trois élèves s'approchèrent du tunnel. Avant qu'ils sautent dedans, la voix du fantôme retentit et les arrêta.
- Harry !
- Oui Myrtille ?
- Si tu meurs, je serai ravie de partager mes toilettes avec toi, déclara-t-elle en rougissant.
- Merci Myrtille, fit Harry en souriant.
Un instant plus tard, il sautait dans le tunnel, suivi par Ron et Neville.
Le tunnel était raide et tenait presque plus du toboggan que d'un moyen de se déplacer qu'on pourrait emprunter dans les deux sens. D'ailleurs, les trois Griffondors crièrent pendant la descente, mais leur réaction était nettement moins paniquée que lorsqu'ils avaient fui le nid d'acromentules.
Harry sortit finalement du tunnel pour se ramasser par terre. Sans prêter attention à la drôle de texture du sol, il chercha immédiatement Lockhart des yeux et dirigea sa baguette vers lui. Neville et Ron arrivèrent à leur tour, et l'imitèrent un peu moins rapidement. Ils reprenaient tous leur souffle lorsque Ron regarda le sol et eut un cri de dégoût horrifié.
- Eeww regardez sur quoi on marche !
- On dirait des squelettes de rongeurs, reconnut Neville sans s'alarmer.
Il supposait que c'était un effet secondaire de l'amitié de Harry. En moins d'un an, il avait déjà cru voir son ami se suicider après avoir été dépressif pendant deux semaines, avait vu deux autres amis pétrifiés, avait échappé à un nid d'acromentules en voiture volante et était désormais en train de se diriger vers la tanière d'une des créatures les plus dangereuses au monde avec un imposteur qui voulait effacer sa mémoire. En comparaison, un sol couvert de squelettes de petits mammifères n'avait rien de réellement dérangeant.
- On avance, décida Harry. Au moindre soupçon, fermez les yeux.
Le tunnel en pierre débouchait sur une sorte de caverne rocheuse grossièrement scultpée, faites de plusieurs cavités qui se rejoignaient pour ne laisser qu'un seul chemin possible. En sortant de l'une d'elle, Neville eut une exclamation de frayeur en voyant quelque chose par terre.
- Un serpent !
- Non, objecta Harry en s'approchant davantage. C'est une peau de serpent.
- Incroyable, fit Ron en écarquillant les yeux. Le serpent en question doit mesurer une vingtaine de mètres ! Au moins !
À côté de lui, Lockhart tomba sur le sol, apparemment évanoui. Le roux le désigna de sa baguette en regardant les deux autres Griffondors.
- Il a un sacré courage ce type.
Juste quand il finissait sa phrase, la vedette se redressa et lui arracha sa baguette des mains. Neville et Harry pointèrent immédiatement leur baguette vers lui, et la tension monta dans la grotte. Neville était à trois mètres de Ron, mais Harry avait avancé jusqu'à arriver de l'autre côté de la mue, afin de continuer à explorer. Il ne pourrait pas les rejoindre rapidement si la situation dégénérait.
- L'aventure se termine ici, mes chers élèves, mais n'ayez crainte, le monde saura tout de notre histoire, sourit Lockhart. Comment je suis arrivé trop tard pour sauver la fille, et comment vous avez tragiquement perdu l'esprit à la vue de son corps mutilé...
Il s'éloigna de Ron et pointa la baguette vers le garçon à la cicatrice.
- Toi d'abord, mon cher Harry. Tu aurais dû te contenter d'écouter mes conseils.
Harry le fusilla du regard et prépara ses muscles. Esquiver serait périlleux, mais il ne savait pas comment se protéger d'un sort d'amnésie. Et surtout, Lockhart semblait avoir oublié un petit détail dans son projet. Il s'était emparé de la baguette de Ron. Avec un peu de chance...
- Oubliettes !
Un jet de lumière partit de la baguette directement vers Lockhart, le propulsant en arrière. Visiblement, il avait eu la main lourde sur le sort, car la grotte se mit à trembler autour d'eux.
Lorsque les pierres du plafond commencèrent à tomber, chaque Griffondor agit instinctivement et se projeta vers l'endroit le plus en sécurité possible. Le vacarme dura presque une minute, avant de se calmer et se transformer en un léger bruit de gravier.
- Harry ! s'écria Neville dès qu'il le put.
- Harry ! appela Ron presque en même temps.
En un regard, les deux Griffondors virent qu'ils étaient restés du même côté. L'humidité ambiante avait empêché la moindre poussière de voler, ce qui signifait que leur ami commun était soit de l'autre côté, soit coincé sous les décombres.
- Neville ! Ron ! Vous allez bien ?
Les deux relâchèrent une respiration qu'ils n'avaient pas remarqué avoir retenue jusque-là. Harry était vivant.
- Ça va oui ! répondit le brun. Et toi ?
- Ça va ! Et Lockhart ?
Ron sembla soudain se rappeler de la présence du professeur, et se tourna vers l'endroit où il avait été catapulté. Il récupéra sa baguette et sursauta lorsque le sorcier blond leva la tête avec un regard curieux.
- Bonjour, fit poliment Lockhart. Qui es-tu ? D'ailleurs, qui suis-je ?
Ron et Neville échangèrent un nouveau regard surpris, avant que le roux recommence à crier vers la barrière de pierres qui s'était formée.
- Le sortilège d'amnésie a marché à l'envers ! Lockhart ne sait plus qui il est !
De son côté, Harry soupira. Au moins, l'imposteur qui leur servait de professeur n'était plus un danger immédiat pour ses amis. Mais vu la quantité de roches qui les séparait, ils n'auraient jamais fini de les déblayer à temps. Ça ne laissait pas trente-six options.
- Écoutez-moi tous les deux ! Vous restez où vous êtes et vous essayez de créer un passage ! Moi je continue de chercher Ginny !
Neville blêmit. Harry allait essayer de secourir la soeur de Ron, affronter l'héritier et un basilisk seul ? C'était du suicide, et il refusait de laisser son ami s'embarquer dans une mission pareille sans aide. Mais malgré la logique, la raison, et tout ce qui lui indiquait que ça ne pouvait que mal finir, il s'entendit répondre d'une voix assurée.
- Compte sur nous et sois prudent, on te rejoint dès qu'on peut !
À côté de lui, Ron ne répondit pas mais hocha la tête dans sa direction. Derrière le roux, Lockhart tira sur sa manche et continua à poser des questions.
- Au fait, où suis-je ? C'est un endroit vraiment curieux, fit-il en lui montrant une pierre. Tu habites ici ?
- Non, répondit Ron.
Et sans un mot de plus, il prit la pierre et l'utilisa pour assommer le professeur. Devant l'air surpris de Neville, il haussa les épaules.
- Moi aussi j'en avais envie depuis longtemps. Et comme ça il ne nous gênera pas.
Neville dut admettre que l'argument se tenait.
- S'il se réveille alors qu'on n'a pas fini, ce sera mon tour par contre, fit-il avec un sourire.
Le sourire manquait de conviction, mais fit son effet et Ron le lui rendit tant bien que mal.
- Ça marche.
Et les deux sorciers se mirent au travail pour dégager les roches sans créer un nouvel éboulement. Chacun d'eux priait intérieurement pour que tout se passe bien du côté de Harry, sans trop oser y croire pour autant.
De l'autre côté du mur de roches, Harry avait poursuivi le chemin qui était plus ou moins creusé à travers les cavernes, jusqu'à arriver à un mur de pierre dans lequel était inséré ce qui ressemblait à une énorme porte de coffre-fort ronde.
Lorsqu'il vit les serpents en métal vert qui couraient tout le long de la porte, il ne douta pas de ce qu'il était censé faire.
- Ouvre-toi, siffla-t-il.
Lentement, un serpent se mit à bouger pour faire le tour de la porte, forçant chaque tête à se rétracter une par une. Lorsque le tour fut complet, la porte s'ouvrit de façon silencieuse, ce qui étonna Harry. Pour ne faire aucun bruit après presque un millier d'années, elle avait dû être enchantée pendant sa création.
Il franchit la porte sans hésiter et se trouva à l'entrée d'une salle à couper le souffle. Il entendit à peine la lourde porte se refermer derrière lui, tant ses yeux étaient captivés par la vue qui s'offrait à lui. Le vert et le noir dominaient toutes les couleurs, mais des torches magiques semblaient illuminer l'endroit d'une lueur argentée. Une grande allée de pierres vert pâle découpait en deux la pièce aux dimensions gigantesques, et de chaque côté de l'allée, des têtes de serpent ouvraient la gueule sur ce qu'Harry imaginait être des tunnels permettant de rejoindre divers endroits du château. Tout au bout de l'allée, en face de lui, le mur entier consistait en un visage d'homme barbu et chevelu, dont la bouche était grande ouverte. Une fine couche d'eau recouvrait tout le sol, indiquant la présence du lac non loin, et semblait plus profonde juste devant le mur en question pour former une énorme flaque.
Harry aurait sans doute pu contempler l'impressionnante architecture du lieu pendant un long moment, si le spectacle juste devant le mur-visage n'avait pas davantage retenu son attention. Même à cette distance, il pouvait voir le corps de ce qu'il devinait être Ginny au sol, étendue sur le dos. Devant elle se tenait le Tom Jedusor qu'Harry avait vu dans son souvenir lorsqu'il avait une quinzaine d'années, avec son uniforme de Poudlard et sa coiffure parfaite.
Et devant Tom, se tenait le plus énorme serpent qu'Harry ait jamais vu. Le python qu'il avait involontairement lâché sur Duddley faisait office de ver de terre à côté de l'immense reptile qui dominait le Serpentard. Et surtout, bien qu'il soit trop loin pour les entendre, Harry comprenait que Tom et le basilisk étaient en train de parler en fourchelangue. Et si leurs postures respectives en étaient une quelconque indication, ils étaient visiblement en désaccord.
Sans réfléchir davantage, Harry se mit à courir.
Commentaire de la bêta : et Harry se précipite toujours face au danger... C'est à ça qu'on reconnaît un Griffondor ! Pour celleux qui vont devoir attendre deux semaines pour la suite, bon courage ;)
