N/A : Toutes mes excuses pour le retard de publication !

J'ai passé le weekend à l'autre bout de la France et je suis rentrée hier soir avec l'énergie de prendre une douche et de m'effondrer sur mon lit...

J'espère que ce chapitre vous plaira, j'ai passé un temps certain à l'éditer. Vu le retard, ma (merveilleuse, unique, fabuleuse) bêta ne l'a pas relu, donc pas de note en fin de chapitre, vous m'en voyez navrée.


Le calme de Tom était plus apparent que réel. Harry était proche de l'hyperventilation, mais l'ancien préfet avait l'intuition qu'une intervention de sa part ne ferait qu'empirer la situation. Artémis était aussi immobile que lui, attendant patiemment le résultat de la confrontation entre les deux descendants. Tom se demanda un instant ce qu'elle ferait si Harry lui ordonnait de l'attaquer. En théorie, la basilisk était censée obéir aux descendants de Salazar, mais il était peu probable que deux d'entre eux se soient déjà affrontés au cours des mille dernières années. Après quelques secondes de réflexion et une brève remémoration du respect avec lequel la Reine des Serpents avait traité Harry dès qu'elle l'avait senti, l'intuition du Serpentard lui souffla que le résultat ne serait pas en sa faveur.

- Les horcruxes, fit soudain Harry.

Deux prunelles vertes se fixèrent sur Tom. L'ancien préfet se força à rester impassible, même s'il devinait la question qui allait suivre le ton choqué et accusateur.

- Tu as créé six horcruxes, mais il n'y en avait que cinq quand tu as attaqué ma famille. Est-ce que tu te souviens de... de ce que...

Harry s'interrompit, un mélange de curiosité et d'horreur écrit sur son visage à mesure que l'incertitude et la peur se frayaient un chemin dans son esprit. Tom soupira, mais répondit néanmoins. Il avait déterminé que jouer cartes sur table était la meilleure stratégie à employer avec Harry lorsque cette conversation arriverait, et il s'y tiendrait.

- Il faut que tu saches qu'en tant que premier horcruxe créé, les connaissances et les émotions liées à mon âme principale me sont de moins en moins accessibles avec le temps, déclara lentement Tom. Les évènements les plus intenses sont évidemment plus précis et plus simples à percevoir. Cette nuit d'Halloween est le dernier souvenir conscient que j'ai ressenti avant une décennie de silence. Tes parents ont donné leur vie sans hésiter pour te protéger, et les tuer a achevé de briser ce qui restait de l'âme présente dans mon corps.

Tom s'appliqua à conserver une voix posée et une attitude calme. Imposer de tels souvenirs à un enfant lui rappelait amèrement sa propre expérience. À l'époque, l'absence totale de soutien l'avait conduit à intérioriser toute la douleur tragique de son histoire. Harry méritait de savoir la vérité après avoir passé sa vie dans l'ignorance, mais le Serpentard s'assurerait que le jeune sorcier ne serait pas seul pour l'encaisser.

- Par ailleurs, en donnant leur vie en échange de la tienne, ils t'ont offert la protection la plus absolue qui soit, poursuivit le préfet. Lorsque j'ai lancé le sortilège de Mort sur toi, il a ricoché et m'a frappé à la place. Ce qui restait de mon âme s'est scindé en deux sous le choc. Une partie a fui au plus vite, mais l'autre s'est raccrochée instinctivement à ce qui restait de vie dans la pièce.

Sans un mot, Harry porta la main à sa célèbre cicatrice en forme d'éclair, et sa respiration devint laborieuse.

- Je... je suis...

- Une partie de mon âme vit à l'intérieur de toi, confirma Tom dans un murmure. C'est une des raisons pour lesquelles tu as été insensible à la volonté de mon journal.

- Une des raisons ?

- Ce morceau n'interfère pas avec ce que tu es, expliqua le Serpentard. Il est un peu comme un coffre scellé dans une pièce. Il est là, mais son contenu n'a aucun moyen de changer ce qu'il y a autour de lui. Lorsque tu es entré en communication avec moi, les deux horcruxes se sont reconnus et au lieu d'être perçu comme une proie, tu as été perçu comme un égal. Ceci étant dit, ta volonté et ta force mentale ont également leur part dans ta capacité à résister à son emprise.

Au fur et à mesure des explications, Harry tourna son regard vers le sol, et se contenta de faire de petits hochements de tête pendant qu'il engrangeait les informations.

Le silence s'installa entre eux et régna un long moment. Puis des larmes se mirent à couler silencieusement sur les joues du Griffondor. Lorsqu'il parvint à s'exprimer, sa voix n'avait plus rien d'assurée et correspondait davantage à celle d'un enfant perdu au milieu d'enjeux bien au-dessus de ce qu'il aurait dû affronter à son âge.

- Pourquoi ? Pourquoi tu ne veux plus me tuer ? Tu es mort à cause de moi, ton objectif a échoué à cause de moi, tu as tué mes parents, qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Pourquoi tu m'as dit tout ça sur Dumbledore ? Pourquoi tu m'as appris l'Occlumancie ? Pourquoi tu m'as aidé pendant toute l'année ?

Tom observa les questions s'enchainer frénétiquement, toujours immobile en face du jeune sorcier assis par terre. Même s'il possédait le corps qu'il avait à quinze ans et n'était pas aussi effrayant que sa forme physique actuelle, le Serpentard doutait qu'une quelconque manifestation physique de réconfort serait la bienvenue. Harry et lui avaient tous les deux subi des sévices corporels dans leur vie, le contact physique n'était par conséquent pas un synonyme de confort et de soutien pour eux.

- Techniquement, répondit Tom avec une pointe d'humour, je ne suis pas mort, et je considère que mon objectif n'a été que temporairement retardé. Par ailleurs, le monde que j'aurais créé si je n'avais pas été stoppé aurait été à mille lieues de celui dont j'avais rêvé en étant à Poudlard.

- Mais pourquoi tu...

- Calme-toi Harry, je vais répondre à tes autres questions aussi. Respire profondément. Je ne vais pas te tuer. Artémis ne me laisserait probablement pas faire de toute manière, ajouta le Serpentard avec un sourire.

La surprise de Harry lorsqu'il releva la tête vers le serpent géant fut assez amusante. Le Griffondor semblait avoir presque oublié l'existence d'Artémis avec tout ce qu'il venait d'entendre. Sans grande surprise, la basilisk approcha sa tête du jeune sorcier et se positionna à sa droite afin de fixer Tom du regard.

- C'est exact, siffla-t-elle. Maître Harry est d'un rang supérieur, et je me rangerai à ses côtés si les descendants se livrent bataille.

Tom hocha simplement la tête, la déclaration confirmant ses soupçons. Harry était l'enfant de deux êtres magiques, alors que lui-même était issu d'une union bâtarde, selon les standards de Salazar. La pureté du sang prévalait toujours dans ce genre d'histoires de pactes, et le garçon avait un meilleur pédigrée. En voyant Harry reprendre pied avec la réalité et retrouver un semblant de calme, le préfet continua ses explications.

- Pour reprendre là où j'en étais, fit Tom sans s'offusquer, j'ai eu le temps de réfléchir pendant la dernière décennie. Je dois avouer qu'en reprenant contact avec le monde extérieur, ce que j'ai appris sur toi m'a d'abord conforté dans l'idée qu'il valait mieux t'éliminer. C'est ce qui m'a poussé à te montrer ma capture de Hagrid et à vouloir gagner ta confiance à tout prix, admit-il honnêtement.

Artémis demeura à côté de Harry dans une posture protectrice. Tom nota au passage le semblant de soulagement compréhensif du jeune Griffondor lorsqu'il comprit que la personne en face de lui avait commencé à le manipuler et prévoyait de le tuer. Comme s'il s'agissait d'une logique familière avec laquelle il savait vivre.

Tom inspira discrètement et effaça toute trace d'envie meurtrière envers un certain directeur de son regard. Aucun enfant ne devrait avoir une réaction pareille en apprenant qu'un meurtrier multi-récidiviste assis en face d'eux avait prévu de faire d'eux leur prochaine victime. De façon générale, rien que le fait qu'un élève se retrouve à faire face à un horcruxe pendant plusieurs mois aurait dû valoir à Dumbledore de perdre son poste.

- Toutefois, reprit Tom avec un calme apparent, j'ai assez rapidement changé d'avis.

- Pourquoi ?

- Pourquoi ? répéta Tom avec un soupçon d'incrédulité amusée dans la voix. Harry, est-ce que tu as la moindre idée d'à quel point je me suis retrouvé dans ce que tu me racontais de ta vie ? Les mauvais traitements infligés par les moldus, les attentes de tous ceux qui t'entourent, les trahisons, les mensonges constants de ton entourage proche... et je ne parle même pas de ton caractère. Tu es ambitieux, inventif, déterminé, tu agis quand les autres hésitent, et tu as appris à maîtriser le sarcasme comme un Serpentard en quelques semaines, ajouta l'ancien préfet avec un clin d'oeil.

La méthode fonctionna, et une ébauche de sourire étira le coin des lèvres du Griffondor. Tom prit le signe comme un encouragement, et continua son explication.

- Lorsque j'ai compris ce que nous avions en commun et constaté que tu étais loin d'un stupide gamin célèbre et imbu de lui-même, j'ai commencé à me dire que nous n'avions peut-être pas besoin de nous affronter. J'apprécie ta compagnie et je n'ai pas honte d'admettre que j'ai développé de l'affection à ton égard. Je n'ai pas eu de frère ni d'enfants, mais j'imagine que c'est ce qui pourrait s'en rapprocher le plus.

À la mention d'enfants, Harry se tendit et Tom hésita un instant. Entendre que le meurtrier de ses parents le voyait comme un petit frère ou un fils adoptif était sans doute plus perturbant que ce que le Griffondor était prêt à gérer émotionnellement. Malgré leur ancêtre commun et l'amitié qu'ils avaient développée au cours de derniers mois, suggérer un lien familial était quelque peu déplacé au vu de leur histoire commune.

- J'imagine que c'est perturbant pour toi d'entendre ça, admit Tom avec un air compréhensif. Retiens simplement que j'ai voulu t'épargner la vie que j'ai eue. Te prévenir de la personnalité de Dumbledore était indispensable pour que tu puisses te protéger de ses manipulations. Le reste, l'Occlumancie, les conseils que je t'ai donnés et le soutien que je t'ai apporté, étaient la simple démonstration de ma considération pour toi. Je n'ai pas énormément d'expérience dans ce genre de domaine, donc je me suis contenté de te transmettre ce qui me semblait être le plus utile.

Harry posa sa tête contre celle d'Artémis, sourcils froncés et prunelles fixées sur une dalle trempée. Après quelques secondes de réflexion interne, le Griffondor releva la tête et plongea ses yeux droit dans ceux de Tom, une détermination farouche brillant dans son regard.

- Sur quoi tu m'as menti pendant tout le temps que j'ai passé à te parler ?

- J'ai dissimulé une partie de ma vie et déguisé la vérité à quelques reprises, répondit l'ancien préfet en haussant les épaules, mais sinon, je me suis efforcé d'être aussi honnête avec toi que tu l'étais avec moi.

L'ombre d'un sourire apparut pendant un instant sur les lèvres du Griffondor, et le silence retomba sur la Chambre des Secrets.

Tom observa avec curiosité la façon dont Harry se mit à caresser les écailles d'Artémis sans s'en rendre compte. La basilisk sembla ravie du traitement, à la surprise du préfet. Jamais Cassiopée n'avait fait preuve d'une telle familiarité à son égard. La relation qu'il avait eu avec la vieille femelle basilisk avait été purement professionnelle. Il descendait de Salazar, et était à la fois assez puissant pour pouvoir lui donner des ordres et assez déterminé pour la contrôler. La relation qui semblait se créer entre Artémis et Harry avait l'air nettement plus amicale.

Et Tom avait très envie d'observer comment un garçon de douze ans allait apprivoiser une Reine des Serpents.

De son côté, Harry prenait le temps d'ordonner toutes ses pensées le plus factuellement possible, en mettant les émotions de côté autant qu'il le pouvait. S'il laissait ses émotions prendre le contrôle, il sentait qu'il allait exploser sous l'effet du trop-plein. Sa magie le démangeait, et ne demandait qu'à s'exprimer, de préférence en attaquant quelqu'un ou quelque chose. Le Griffondor pouvait sentir un étrange instinct tournoyer au fond de ses entrailles, comme un violent besoin de simplement volatiliser la source de ses tourments.

Le corps lisse et frais d'Artémis à côté de lui l'aida à garder son calme. Les écailles de la basilisk étaient étonnamment agréables à caresser. Les yeux fermés, Harry laissa la douceur des écailles et la fraîcheur de l'eau calmer le brasier de sa colère, jusqu'à ce qu'il parvienne à prendre une décision qu'il ne regretterait pas plus tard.

Lorsque le Griffondor rouvrit les yeux, il était incapable de dire combien de temps s'était écoulé, mais il savait ce qu'il voulait.

- Je ne peux pas pardonner à Voldemort le meurtre de mes parents, déclara-t-il simplement.

Le Serpentard hocha la tête dans un silence résigné, comme s'il ne s'était pas réellement attendu à autre chose.

- Mais je peux pardonner Tom Jedusor, nuança Harry d'une voix plus douce.

Le visage de l'ancien préfet demeura impassible, mais ses yeux s'écarquillèrent imperceptiblement sous le coup de la surprise.

Harry se leva, et retira la main qui était posée sur la tête d'Artémis. Le jeune sorcier fit un pas vers Tom, inspira profondément, et plongea son regard vert dans les yeux noirs en tendant sa main.

- Si tu es prêt à m'aider à détruire Lord Voldemort, alors je serai heureux de te considérer comme mon ami, Tom.

Tom avait conscience que son ébahissement devait être lisible sur son visage, mais fut incapable de s'en préoccuper plus d'une seconde. À douze ans, la sagesse dont Harry faisait preuve dépassait de loin celle qu'il avait cru aquérir en près de six décennies. Le Serpentard sourit pour dissimuler son incrédulité sous un air amusé, puis se leva et serra la main tendue.

- Harry Potter, tu es décidément un sorcier à part. Compte sur mon aide pour anéantir le Seigneur des Ténèbres et le forcer à laisser la place à Tom Jedusor.

Un regard franc et une poignée de main plus tard, les deux descendants de Salazar avaient conscience de l'accord implicite qu'ils venaient de passer. Tom nota toutefois la pointe d'inquiétude et d'incertitude dans le regard du Griffondor. Harry aurait besoin de temps pour se remettre de tout ce qu'il venait d'apprendre et lui faire à nouveau pleinement confiance.

- Et maintenant ? demanda Harry.

Avant que Tom puisse répondre, un chant d'oiseau retentit dans la Chambre des Secrets et un phénix apparut, une boule de tissu informe entre ses griffes. Artémis se mit aussitôt à émettre un sifflement intimidant pour éloigner l'oiseau magique, mais celui-ci s'arrêta au-dessus de Harry pour laisser tomber son paquet avant d'aller se poser sur une des têtes de serpent sculptées.

- Fumseck ? s'exclama le Griffondor.

Harry attrapa au vol le vieux morceau de tissu et le déplia, révélant le Choixpeau magique.

- Qu'est-ce que le phénix de Dumbledore fait ici ? demanda l'ancien préfet en fronçant les sourcils.

Sous la méfiance, Tom était tout aussi surpris qu'Harry par l'apparition de la créature colorée, et par son cadeau inattendu. Artémis s'était calmée en voyant que le phénix n'avait pas d'intention hostile, mais le surveillait attentivement. Un silence tendu régna quelques instants, puis le Choixpeau se mis à chanter.

- À celui qui au lieu d'affronter son ennemi, a réalisé la valeur sacrée de la vie. À celui qui a compris ce qu'est être brave, qu'il gagne mon soutien pendant l'heure grave. À celui qui sait la vraie valeur du courage, qu'il reçoive cette lame qui traversa les âges.

Au fur et à mesure que la chanson avançait, la garde magnifiquement ouvragée d'une épée apparut à l'extérieur du tissu, et bascula définitivement dans la réalité lorsque la dernière note résonna. Harry la saisit, et sortit entièrement la lame en provoquant un sifflement d'Artémis. Tom retint de justesse une exclamation de surprise incrédule en reconnaissant la lame légendaire.

- L'épée de Godric Griffondor, murmura le Serpentard. J'aurais juré qu'elle était perdue à jamais.

- L'épée de Griffondor ? répéta Harry en écarquillant les yeux.

- Forgée et offerte par les gobelins en remerciement d'un service qu'il leur aurait rendu dans sa jeunesse, récita mécaniquement l'ancien préfet. Je n'arrive pas à croire qu'elle était scellée dans le Choixpeau depuis tout ce temps. Harry, c'est une des trois épées les plus puissantes du monde magique que tu tiens entre tes mains.

Le Serpentard était choqué par la découverte. Il lui fallut quelques secondes pour se reprendre et regarder Harry qui semblait, une fois de plus, dépassé par les évènements de la soirée. Tom ne pouvait décemment pas le blâmer. À ce rythme, Merlin allait ressusciter dans la Chambre des Secrets d'ici une demi-heure.

- D'accord, mais pourquoi est-ce que le Choixpeau vient de me la donner ? demanda Harry d'un air perdu.

- Et bien, si on se réfère à la chanson, supposa Tom, il a estimé que tu en étais digne.

Harry écarquilla les yeux et observa de nouveau l'arme entre ses mains. En son for intérieur, le Griffondor avait du mal à donner un sens à l'analyse de Tom. L'épée était magnifique, mais Harry ne comprenait absolument pas en quoi il pouvait bien en être digne. Tout ce qu'il avait fait, c'était accepter de donner une chance à Tom d'être son ami plutôt que son ennemi, même après ce qu'il avait fait en tant que Voldemort. Est-ce que c'était si rare pour un Griffondor de ne pas vouloir anéantir son ennemi à tout prix ?

Après avoir consacré quelques instants de réflexion à la pensée, Harry grimaça. Tout bien pesé, il n'était pas certain de vouloir connaître la réponse. Le jeune sorcier allait demander davantage d'explications à l'ancien préfet quand un infime gémissement de Ginny attira son attention. Harry se tourna vers elle et se sentit immédiatement coupable. Avec tout ce que Tom lui avait dévoilé, il en avait oublié la présence de la soeur de Ron.

- Ginny ! fit-il en se précipitant à son chevet. Tom, je ne peux pas la laisser mourir !

- Je sais, répondit le Serpentard en s'approchant.

Fumseck vola pour atterrir à côté de la première année, et Artémis ondula pour rester au plus proche de Harry. Si les descendants souhaitaient sauver cette faible petite créature, la basilisk ne s'y opposerait pas.

- Alors qu'est-ce qu'on fait ? demanda Harry.

- Ce rituel n'a pas vraiment été prévu pour être interrompu, soupira le Serpentard. En théorie, une fois commencé, il ne peut s'interrompre qu'avec la mort de l'un des deux participants. Il faudrait détruire mon journal ou la laisser se vider de son énergie pour stopper définitivement le processus.

Le garçon à la cicatrice réfléchit à toute vitesse, et une idée lui vint.

- Et si... si on ne détruit qu'une petite partie du journal ?

- C'est assez proche de ce que j'avais en tête, déclara Tom avec un regard approbateur. Mais je vais avoir besoin de votre participation à tous les deux. Ou plutôt tous les trois, fit-il en englobant Fumseck du regard. Par ailleurs, une fois que cette gamine sera réveillée, tu vas devoir être prudent dans la version officielle qui sera donnée à Dumbledore.

Harry lui lança un regard curieux, et Tom commença à détailler son plan. À la fin de ses explications, Harry avait pâli devant le risque d'une telle stratégie, mais son regard était déterminé.

Artémis et Fumseck se mirent chacun d'un côté de Ginny, Harry prit place à côté de l'oiseau, et Tom se positionna à quelques pas de distance pour ne pas interférer. Le jeune sorcier saisit le journal et le tint dans ses mains, légèrement au-dessus du corps de Ginny.

- Artémis, à toi de jouer.

La basilisk ouvrit sa gueule, et l'approcha doucement pour planter un de ses crochets venimeux dans l'horcruxe. Lorsque le venin entra en action, de l'encre se mit à couler du carnet, et Tom hurla de douleur pendant qu'une partie de son corps disparaissait dans une gerbe d'étincelles.

En se concentrant, Harry essaya de se rappeler comment sa cicatrice avait réagi en présence de Voldemort, afin de solliciter l'horcruxe enfoui en lui pour qu'il appelle son compagnon. D'après Tom, un morceau d'âme en danger devrait naturellement aller rejoindre un autre fragment si celui-ci était assez proche.

Le Serpentard hurla pendant presque dix secondes avant que Harry sente un déclic s'effectuer dans son esprit. Un instant plus tard, le Griffondor perçut un lien s'établir avec le journal entre ses mains. La sensation était similaire à la fois où Tom avait utilisé la Légilimancie sur lui, mais en beaucoup plus puissant.

Une pluie d'étincelles explosa là où Tom s'était tenu, puis fonça vers Harry à la façon d'un aimant. Harry retira le carnet de la gueule d'Artémis juste après, en prenant garde à ne pas effleurer un autre de ses crochets au passage.

D'un coup, une présence supplémentaire sembla s'imposer dans l'esprit de Harry, qui vacilla.

- Fumseck ! parvint-il à dire.

Le phénix battit des ailes, puis pencha la tête pour se mettre à pleurer au-dessus du carnet. Pourquoi la créature associée à la Lumière par excellence acceptait d'aider un ennemi de Dumbledore, c'était une question à laquelle aucun des deux descendants de Salazar n'avait de réponse. Mais puisque leur plan en était facilité, ils avaient renoncé à obtenir une explication.

Les larmes parurent n'avoir aucun effet pendant quelques secondes, puis le trou commença doucement à se refermer, et l'encre qui avait coulé au sol revint à l'intérieur du livre. Au fur et à mesure que l'objet se réparait, Harry sentit la présence quitter sa tête et retourner dans le carnet entre ses mains. Tom avait affirmé qu'un horcruxe cherchait toujours à retourner à l'objet auquel il était lié, et avait une fois de plus eu raison.

Avec une dernière larme, le carnet redevint comme neuf et le lien se rompit définitivement.

- Le rituel a fonctionné, maître Harry. La petite créature devrait bientôt reprendre conscience.

Un soupir de soulagement s'échappa du brun.

- Merci Artémis. Je reviendrai te voir avant la fin de l'année, je te le promets.

Le serpent géant hocha doucement la tête, puis s'approcha du jeune sorcier. Harry hésita, mais prit l'épée de Griffondor et asséna quelques coups superficiels sur le corps de la basilisk, avant de déchirer sa manche.

La saleté obtenue après l'éboulement dans la grotte et l'eau qui trempaient ses vêtements complèteraient la mise en scène d'une bataille entre lui et le monstre de la Chambre.

Artémis siffla gentiment dans sa direction, puis alla s'allonger un peu plus loin, sa tête penchée de façon à passer pour morte et donner l'impression que les blessures étaient plus graves qu'elles ne l'étaient réellement.

Harry eut juste le temps de dissimuler le journal sous son pull avant que Ginny ouvre les yeux et se relève d'un coup sous l'effet de la panique.

- Harry ! gémit-elle. C'était moi, mais je jure que je voulais pas le faire ! Jedusor m'a obligée et... Oh par Merlin Harry, tu es blessé ?

En constatant l'affolement de la petite soeur de Ron, Harry prit soudainement conscience que la journée était finie. Plus de révélations atroces, plus de risque de mort certaine, Ginny était saine et sauve, plus personne ne se ferait attaquer, Poudlard ne fermerait pas...

Sans qu'il ait besoin de jouer la comédie, sa respiration devint fébrile et il tomba à genoux, les mains tremblantes. Harry parvint toutefois à faire un sourire rassurant à la petite soeur de Ron.

- Tout va bien Ginny. Les larmes de phénix ont le pouvoir de tout guérir, fit-il en désignant Fumseck du menton.

- Harry, je suis tellement, tellement désolée, je jure que je ne voulais pas...

- Ginny, c'est terminé, l'interrompit Harry. Plus personne n'est en danger. Ron et Neville doivent nous attendre de l'autre côté de la porte.

- Ron est venu aussi ? s'exclama-t-elle.

Harry hocha la tête et se releva, laissant Ginny l'imiter. Le jeune sorcier ramassa le Choixpeau et l'épée de Griffondor désormais ensanglantée, et ils se dirigèrent vers la sortie. Ginny laissa échapper un petit cri de terreur en voyant le corps de la basilisk et s'efforça de s'en éloigner le plus possible.

Lorsqu'il ouvrit la porte, Harry eut la surprise de voir Ron et Neville presque tomber à travers l'ouverture.

- HARRY ! hurlèrent-ils en choeur.

- GINNY ! s'écria Ron juste après.

Immédiatement, le roux serra sa petite soeur dans ses bras, pendant que Neville faisait de même avec Harry, s'écartant rapidement en sentant le célèbre Griffondor se tendre sous l'étreinte. Sous le coup de l'émotion, il avait oublié qu'Harry n'était pas un grand amateur de contact physique.

- Bonjour ! Qui êtes-vous tous ? Et est-ce que quelqu'un pourrait enfin me dire comment je m'appelle ? lança une voix curieuse derrière eux.

- Professeur Lockhart ? s'écria Ginny.

- Professeur ? Est-ce de moi que vous parlez, gente demoiselle ?

- Je sens que ça va être long, soupira Harry.

Neville empêcha Ron de faire la moindre réflexion en lui donnant un coup de coude, avant de lui montrer l'état dans lequel était leur ami.

- Merlin Harry, si tu es là et Ginny aussi, réalisa le roux en blêmissant, ça veut dire que... ça veut dire que...

Sans répondre, Harry indiqua aux deux Griffondors de regarder derrière lui. Neville se figea et Ron laissa échapper une exclamation horrifiée.

- Harry, tu as vraiment...

Toujours sans un mot, Harry leva l'épée.

- Tu as vaincu un basilisk, seul et uniquement armé d'une épée, déclara Neville d'une voix blanche. Harry, tu es le sorcier le plus incroyable que je connaisse.

- Merci Neville. Mais là, je suis surtout fatigué et je rêve d'un bain et d'un lit.

Les trois autres Griffondors le regardèrent comme s'ils n'arrivaient toujours pas à croire qu'il était encore en vie et pratiquement indemne.

- Je ne pense pas qu'on pourra repartir par là d'où on est venus, fit Neville en grimaçant. On a juste eu le temps d'utiliser le passage qu'on a créé avant qu'il s'effondre à nouveau.

Harry fronça les sourcils. Il préférait ne pas rester trop longtemps dans la Chambre, et il n'était pas certain de vouloir essayer tous les tunnels avec trois personnes qui se rappelleraient des chemins empruntés. Après tout, la Chambre des Secrets était uniquement destinée à l'usage des héritiers de Salazar et d'une basilisk. Par ailleurs, Harry n'était pas contre avoir un endroit où personne ne pourrait le déranger s'il avait envie de s'isoler. Être le seul fourchelangue de l'école avait ses avantages.

Derrière eux, Fumseck se mit à chanter et se dirigea vers une des gueules de serpents les plus proches du mur représentant le visage de Salazar. Harry sourit en comprenant ce que le phénix voulait dire.

- Je crois qu'on vient de trouver un guide, déclara-t-il.

Ron frissonna un instant en entrant dans la gueule du serpent de pierre, mais Neville était fasciné par la Chambre et la Reine des Serpents qui gisait au sol, les coups d'épée visibles sur son corps. Lockhart continuait à poser des questions sur tout et n'importe quoi, et Ginny regardait Harry avec des étoiles dans les yeux.

Lorsque la lumière qui venait de la chambre disparut, Harry passa le Choixpeau à Neville et sortit sa baguette pour lancer un Lumos. Les deux autres deuxième années l'imitèrent, pendant que Ginny aidait Lockhart à avancer. Ils décidèrent rapidement que Ron fermerait la marche, laissant Neville éclairer les deux membres les plus vulnérables de leur groupe et Harry marcher en tête pour suivre Fumseck.

Au bout d'un long moment et d'un bon nombre de marches dans l'obscurité, les escaliers s'arrêtèrent brusquement devant une porte en pierre sculptée sur le mur à leur droite. Le blason de Salazar Serpentard était gravé au-dessus et Harry soupira. À tous les coups, il fallait encore parler en fourchelangue pour sortir. Au moins, cette fois, la porte les ramènerait dans le château. Avec un peu de chance, ils atterriraient même directement à l'infirmerie. Pour la troisième fois de la journée, Harry s'adressa à une porte dans la langue des serpents, assez fort pour ne pas avoir besoin de se répéter.

- Ouvre-toi.

-o-oOo-o-

Dans la salle commune de Serpentard, tous les élèves qui avaient fini de préparer leurs affaires s'étaient réunis et installés un peu partout dans un silence presque complet. Sans un mot, ils étaient tous en train de se préparer à l'idée qu'il s'agissait de leur dernière nuit dans leur dortoir et leur école.

Près de la cheminée principale, le groupe habituel de deuxième années s'était réuni en silence, un air plus renfermé qu'à l'accoutumée. Blaise fut le premier à forcer une remarque ironique pour alléger l'atmosphère.

- Désolé pour ton intuition légendaire, Draco, mais on dirait bien que Poudlard va fermer ses portes. Même Potter ne peut plus sauver la fille Weasley là où elle est.

Daphné et Théo n'eurent pas le coeur de relever la faible tentative d'humour. Draco resta sans réagir pendant quelques minutes, puis arrêta de fixer les flammes pour relever la tête.

- J'imagine qu'on ne peut pas trop en vouloir à Potter. Trouver la Chambre requiert une capacité intellectuelle supérieure à deux neurones actifs, et c'est plus qu'il n'y en a dans toute la tour de Griffondor.

Malgré son ton arrogant et son air impassible, aucun des Serpentards autour de lui ne fut dupe de la déception qui était perceptible dans sa voix. La fermeture de Poudlard était un coup dur pour tout le monde, et l'héritier Malfoy ne faisait pas exception.

Dans le silence uniquement troublé par le crépitement des flammes, seule Daphné, proche d'un des tableaux à côté de la cheminée, se boucha une oreille d'un coup en fronçant les sourcils.

- Vous n'avez pas entendu une espèce de sifflement ?

L'instant d'après, le bruit d'un mur en pierre qui bougeait surprit toute la salle et certains Serpentards crièrent en croyant qu'il s'agissait d'une attaque.

Un tableau représentant d'un chaudron bouillonnant avança dans la pièce et se décala sur le côté. Avant qu'ils puissent voir ce qui se trouvait derrière ou même que les élèves finissent de sortir leurs baguettes, une voix chargée d'ironie s'éleva depuis l'autre côté de la porte.

- Sérieusement, Fumseck, la salle commune de Serpentard ?

À la surprise générale, Potter sortit du passage avec une épée ensanglantée dans la main gauche, sa baguette dans la droite, son uniforme déchiré et trempé, et son visage comportant des traces noires ici et là. Un phénix sortit à sa suite et chanta quelques notes joyeuses.

- Au moins on est de retour dans l'école, déclara Londubat en sortant à son tour.

- Attention professeur, il y a une marche, prévint une rouquine à sa suite.

- Merci bien, mais pourquoi diable persistez-vous à m'appeler professeur ? fit Lockhart qui avait l'air complètement perdu.

- Merlin Harry, j'ai eu ma dose de serpents pour au moins les dix prochaines années ! Il fallait vraiment qu'on sorte ici ? protesta Weasley en sortant après eux.

- Plains-toi à Fumseck, répliqua Potter d'un ton sec.

L'instant d'après, il siffla quelques mots en fourchelangue – faisant ainsi frissonner la plupart des élèves présents – et le passage se referma.

- Après ça, le célèbre Griffondor sembla prendre enfin conscience de son environnement, et il passa la main qui tenait sa baguette dans ses cheveux. Lorsqu'il remarqua Draco, qui était aussi figé et estomaqué que les autres, il fit un grand sourire.

- Si ce n'est pas trop demander, est-ce que que quelqu'un pourrait appeler un professeur ? On ne voudrait pas abuser de votre hospitalité.

-o-oOo-o-

Après l'ahurissement général provoqué chez les Serpentards, Rogue arriva en courant avec l'air de vouloir tuer Harry juste en le regardant. Le professeur de Potions exigea une explication d'un ton sec, et le Griffondor soupira avant de s'exécuter.

- On a trouvé l'entrée d'un tunnel, demandé à Lockhart de nous accompagner, puis il a voulu nous rendre amnésiques avec la baguette de Ron, ça a provoqué un éboulement qui nous a séparés, j'ai continué tout seul, ouvert la porte de la Chambre, trouvé le monstre et Ginny, réglé le problème, ouvert la porte aux autres, et comme le passage d'entrée était impraticable on a utilisé un autre passage de la Chambre en suivant Fumseck qui nous a amenés jusqu'ici. Ah et c'est lui qui m'a apporté le Choixpeau qui a fait apparaître l'épée de Griffondor. Est-ce que je peux aller dormir maintenant ?

Il acheva sa tirade en bâillant, et semblait prêt à s'effondrer sur place dans les trentes secondes, avec ou sans permission. Presque tous les Serpentards avaient la bouche ouverte sous l'effet de la surprise. Rogue lui-même dut se concentrer pour conserver son impassibilité légendaire, et resta sans voix pendant presque cinq secondes avant de trouver quelque chose à dire.

- Cinq points en moins pour Griffondor pour manque de respect envers un professeur, Potter, déclara-t-il finalement par réflexe. Et vous, ainsi que vos camarades et le professeur Lockhart, allez me suivre immédiatement.

Potter ne répliqua même pas et se contenta de hocher la tête avant d'avancer, suivi par Londubat. Toutefois, il ne fit pas trois pas avant que ses yeux se ferment, et tomba littéralement de sommeil, en lâchant au passage sa baguette et l'épée. Les quelques pas qu'il avait effectués et la direction de sa chute l'envoyèrent droit dans les bras de Draco.

- Harry ! s'exclama Londubat.

Le blond récupéra par réflexe le corps qui lui tombait dessus en balbutiant des insultes incohérentes, et repoussa tant bien que mal le corps du Griffondor dans le fauteuil le plus proche.

- Professeur, paniqua Londubat, Harry n'est pas en état d'aller où que ce soit après ce qui s'est passé, il faut l'emmener à l'infirmerie !

Rogue inspira profondément, se pinça l'arrête du nez, et s'adressa à une poignée d'élèves de septième année.

- Par groupe de deux, allez dire à tous les professeurs de me rejoindre dans les donjons. Il semble que certains élèves se soient trompés de salle commune.

Quelques minutes plus tard, tous les professeurs de Poudlard poussaient des exclamations stupéfaites en voyant le petit groupe de Griffondors attroupé autour d'un Harry Potter profondément endormi. En quelques minutes, les enseignants déménagèrent le problème dans l'infirmerie, Rogue prenant une poignée de secondes pour rappeler à ses élèves que l'interdiction de sortir était toujours valable.

Lorsque la porte de la salle commune se referma sur la silhouette de leur directeur de maison, Blaise cligna des yeux.

- Draco, finit-il par dire d'un ton incrédule, toutes mes excuses pour avoir douté de ton intuition. Mais dis-moi, juste comme ça, tu es vraiment sûr que tu ne veux pas partager Potter ?

- La ferme, Blaise.