A/N : les changements avec le canon continuent, mais ils sont plus subtils dans ce chapitre. Il y a aussi davantage d'alternance entre les points de vue, j'espère ne pas trop vous donner le tournis ^^'

Rendez-vous dans deux semaines pour le dernier chapitre !


Une fois à l'infirmerie, Pomfrey lança une demi-douzaine de sorts sur Harry avant d'estimer avoir assez d'information pour établir un diagnostic avec certitude.

- Potter est épuisé, déclara la Guérisseuse. Aucune blessure physique ou mentale, juste de la fatigue. Il a simplement besoin de repos.

Des murmures de soulagement se répandirent parmi les professeurs. Pomfrey examina brièvement Neville et Ron pour constater qu'aucun des deux n'avait plus que quelques écorchures, avant de se pencher sur les cas plus complexes de Lockhart et Ginny.

- Merlin, Gilderoy, qui vous a fait ça ? s'étonna l'infirmière au bout d'une minute d'examen.

- Il se l'est fait lui-même avec ma baguette, expliqua Ron.

- Je vois, soupira Pomfrey sur un ton proche de l'exaspération. Minerva, il faudra l'envoyer à Sainte Mangouste, il n'y a rien que je puisse faire pour lui ici. Il a besoin de soins spécialisés.

La directrice de Griffondor hocha la tête, et ajouta à sa perpétuelle liste mentale d'envoyer une note à l'hôpital magique. La liste en question avait pratiquement triplé de volume depuis que Potter était apparu dans la salle commune de Serpentard.

Elle retourna promptement son attention vers sa dernière élève lorsque la Guérisseuse fronça les sourcils après avoir lancé plusieurs sortilèges de diagnostic sur Ginny.

- Miss Weasley, déclara Pomfrey avec sérieux, vous portez les traces d'un sortilège mental extrêmement puissant.

La jeune sorcière s'empourpra immédiatement et tourna un regard implorant vers son frère et sa directrice de maison. Le premier se précipita à côté d'elle, mais la seconde se contenta de hausser un sourcil et d'échanger un regard lourd de sens avec la Guérisseuse.

- Je crois que miss Weasley et messieurs Weasley, Londubat et Potter ont une explication à donner sur leur emploi du temps de ces dernières heures.

Ron et Neville se regardèrent, indécis. Finalement, ce fut le brun qui prit la parole.

- Harry a déjà raconté ce qui s'était passé au professeur Rogue, fit-il prudemment.

- Severus ?

Le professeur de Potions fusilla Londubat du regard. Sous son attitude calme et posée, le regard de Minerva n'en restait pas moins fermement décidé. En tant que directrice de Griffondor, elle n'allait probablement pas renoncer tant qu'elle n'aurait pas le fin mot de l'histoire. Toutefois, Severus était toujours en train de réfléchir au témoignage de Potter. Son premier réflexe en entrant dans la salle commune avait été l'activation d'une forme atténuée de Légilimencie, simplement de quoi détecter les inévitables mensonges du Griffondor lorsqu'il les formulerait. Toutefois, les dires de la mascotte de Griffondor n'avaient déclenché aucune de ses alarmes.

Ce qui revenait à dire que seule une étrange intuition lui soufflait que Potter cachait quelque chose malgré tout. Severus n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais il sentait qu'un détail du récit de Potter lui échappait. Le Serpentard se promit de trouver ce dont il s'agissait une fois le rejeton de James réveillé.

- De ce que j'ai compris de son explication baclée, admit l'enseignant de mauvaise grâce, Potter et ses amis ont trouvé l'entrée de la Chambre et défait le monstre qu'elle contenait, sauvant ainsi miss Weasley et retrouvant l'épée perdue de Griffondor au passage.

McGonagall cligna une fois des yeux, inspira profondément, et tourna son regard vers les deux garçons de sa maison. Les deux hochèrent la tête de concert en guise d'approbation.

- Le monstre était un basilisk, précisa Neville, et Harry l'a affronté tout seul.

- Pardon !?

L'exclamation était venue d'au moins trois professeurs en même temps. Flitwick était très rouge, Chourave très verte, et la plupart des autres avaient pâli drastiquement.

- On a été bloqués par un éboulement à cause du professeur Lockhart, ajouta Ron, et après on est arrivés devant une porte qui ne s'ouvrait pas.

- Pas sans parler fourchelangue, précisa Neville. On est restés bloqués devant jusqu'à ce que Harry l'ouvre avec Ginny à côté de lui.

Tous les regards se tournèrent vers la petite rousse, qui se ratatina et se mit à parler d'une petite voix.

- Je... je me souviens d'avoir quitté la Grande Salle avant la fin du déjeuner, et puis plus rien avant de me réveiller dans la Chambre. Harry était à côté de moi, et l-le serpent géant é-était par terre avec d-des traces de coups d'épée.

- Après ça, le phénix de Dumbledore nous a montré quel chemin prendre et on s'est retrouvé chez les Serpentards, acheva Neville.

Un silence complet et abasourdi accueillit la brève explication des trois Griffondors. Un sorcier de douze ans qui parvenait à vaincre un basilisk en combat singulier, de surcroît sans recevoir aucune blessure, laissait supposer une puissance d'un niveau jamais-vu depuis Merlin. Même un groupe d'Aurors expérimentés aurait été incapable de sortir victorieux d'un affrontement avec un Roi des Serpents sans pertes d'aucune sorte.

- J'ai l'impression que Potter aura une histoire des plus intéressantes à raconter à son réveil, murmura Rogue en fixant le Griffondor endormi d'un regard soupçonneux.

- En effet, approuva McGonagall. Bien, je pense que nous pouvons désormais laisser le reste des élèves aller manger. Severus, une annonce au repas s'impose, je vous laisse le soin de vous en occuper. Pour ma part, j'ai des hiboux à envoyer.

La directrice adjointe sortit de l'infirmerie, rapidement suivi par l'ensemble du corps enseignant à l'exception de Pomfrey. L'infirmière obligea les trois Griffondors restant à s'allonger sur les lits et à se reposer jusqu'à ce qu'elle les déclare aptes à repartir. Leur diner leur fut servi sur des plateaux, et aucune visite ne fut autorisée malgré la foule d'élève qui se pressa aux portes de l'infirmerie dès la fin du repas.

-o-oOo-o-

Harry se réveilla le lendemain en fin d'après-midi, complètement seul dans l'infirmerie. Même les élèves pétrifiés avaient disparu. Il cligna une ou deux fois des yeux, et attrapa ses lunettes sur la table de chevet. Moins de cinq secondes plus tard, Pomfrey sortit de son bureau, ce qui acheva de convaincre le Griffondor de l'existence d'alarmes sur les lits pour l'informer de l'état de ses patients.

- Potter, comment vous sentez-vous ?

Harry s'étira brièvement et sourit.

- En pleine forme. Où sont les autres ? Ils vont bien ?

- Vos camarades sont en parfaite condition, le rassura l'infirmière en lançant un sort de diagnostic. Miss Weasley devra subir quelques examens supplémentaires au cours des prochaines semaines, mais le sortilège qui l'affectait semble avoir complètement disparu. Le professeur Lockhart, en revanche, est parti hier soir pour Sainte Mangouste. Je crains qu'il ne soit pas possible de lui rendre la mémoire, mais à part ça, il est en parfaite santé.

Harry soupira de soulagement. L'état de Lockhart ne l'intéressait pas spécialement, mais savoir que ses amis étaient indemnes le rassura. Ils n'avaient pas eu l'air blessés dans ses souvenirs, mais lui-même était épuisé et aurait pu louper quelque chose. Pomfrey lui sourit avant de poursuivre.

- Les quatre élèves pétrifiés ont reçu l'antidote ce matin, miss Teigne et Sir Nicolas également. Aucun d'entre eux n'a de séquelles.

- Merci madame Pomfrey, fit Harry avec un immense sourire reconnaissant.

L'infirmière se contenta de hocher la tête, mais son sourire s'élargit et se teinta d'une légère affection. En dépit de sa propre présence à l'infirmerie après avoir survécu à une expérience mortelle, la première réaction du jeune sorcier était immanquablement de s'inquiéter pour ses amis dès son réveil. Quitte à en oublier de demander dans quel état lui-même se trouvait.

- Quant à vous, reprit Pomfrey avec un léger regard de reproche, vous semblez effectivement en pleine forme. Ces presque vingt-quatre heures de sommeil vous ont été bénéfiques. Un repas solide devrait achever de vous remettre sur pied.

Harry fut surpris en apprenant qu'il avait dormi pratiquement une journée entière, mais savoir que tout était rentré dans l'ordre maintint un sourire heureux sur son visage. Même lorsque les souvenirs de la Chambre lui revinrent en sentant le carnet caché sous son pull, sa bonne humeur demeura intacte. Il avait fait la paix avec Tom, et le soulagement qu'il éprouvait à cette idée lui confirma qu'il avait pris la bonne décision. Tout ce qui lui restait à faire à présent était d'aller vérifier l'état d'Artémis. Il avait promis à la basilisk de ne faire que des blessures superficielles et de retourner la voir rapidement, et il ne comptait pas briser ses promesses.

- Puisque vous êtes remis, je suis chargée de vous dire que le professeur Dumbledore vous attend dans son bureau. Je crois que plusieurs personnes aimeraient savoir ce qui s'est passé hier.

Harry sentit son sourire disparaitre, et déglutit difficilement. Parler à Dumbledore maintenant signifiait prendre prendre le risque de le laisser découvrir ce qui s'était réellement passé en utilisant la Légilimencie. Cependant, peut-être que la présence d'autres personnes dans le bureau du directeur lui permettrait d'éviter le regard de Dumbledore pendant la durée de leur entretien.

Harry se leva du lit, et remercia Pomfrey avant de sortir de l'infirmerie.

Le jeune sorcier passa tout le trajet à esquiver les autres élèves, qui semblaient avoir de nouveau le droit de circuler dans les couloirs et ne parlaient que de lui. Heureusement, personne ne semblait s'attendre à ce qu'il sorte si tôt des griffes de Pomfrey, et il put arriver sans trop de problèmes jusqu'à la gargouille gardant l'entrée du bureau du directeur de Poudlard.

Moins d'une minute plus tard, il était dans le bureau où Dumbledore, Rogue et McGonagall avaient interrompu leur discussion pour le regarder entrer. Harry focalisa immédiatement son attention sur sa directrice de maison.

- Ah, Harry, mon garçon, l'accueillit chaleureusement Dumbledore. Bon retour parmi nous, prends donc un siège.

- Merci professeur, répondit Harry en passant une main dans ses cheveux.

- Je pense que nous avons encore messieurs Londubat et Weasley à attendre, mais ils ne devraient plus tarder, continua aimablement le directeur. Un bonbon au citron ?

- Non merci professeur.

Albus était ravi. Le jeune Potter avait fait exactement ce qui était attendu de lui, il avait mené sa petite équipe avec efficacité, trouvé les bons indices au bon moment et vaincu ce que la Chambre renfermait, avec l'aide de Fumseck et donc indirectement la sienne. Tout ce qui lui manquait à présent était un contact visuel direct afin de pouvoir voir exactement ce qui s'était passé. Toutefois, fidèle à son image de héros humble et modeste, Harry évitait son regard et semblait embarrassé. Le directeur ne s'en préoccupa pas outre mesure, pas alors qu'il avait l'entièreté de la discussion à venir pour entrer dans l'esprit du garçon.

Le temps qu'il sorte de ses pensées, Ron et Neville étaient arrivés dans le bureau et semblaient tendus.

- Bien, à présent que vous avez votre audience, Albus, peut-être que Potter pourrait enfin nous raconter ce qui s'est passé ?

Rogue n'avait pas fait le moindre effort pour retenir la sécheresse de son ton. Dumbledore voulait juste un public qui témoignerait du nouvel exploit de son chouchou. Le professeur de Potions darda son regard sur la mascotte de Griffondor, et constata que celui-ci paraissait pensif, comme s'il s'apprêtait à choisir soigneusement ses prochains mots. Étrange.

- C'est... une histoire assez longue, professeur, déclara finalement le Griffondor.

- Nous avons le temps, Potter, déclara McGonagall.

Pour prouver son point, elle invoqua des chaises supplémentaires avant d'appeler un elfe de maison pour demander du thé. Harry inspira, puis se lança dans l'exercice périlleux qui consistait à raconter son histoire sans mentir, mais sans révéler toute la vérité. Les leçons de Tom sur l'importance de la formulation étaient sur le point de prouver leur utilité, et le jeune Griffondor espéra de toutes ses forces qu'il ne commettrait pas d'impair. Pas avec Dumbledore et Rogue qui l'observaient comme ça. Le garçon à la cicatrice fixa son regard sur une plume posée sur le bureau, et commença son récit.

- Après l'attaque sur Colin, j'ai trouvé un carnet dans des toilettes. Il appartenait à un ancien élève de Poudlard nommé Tom Jedusor.

À la mention du nom, McGonagall fronça légèrement les sourcils pour montrer à sa manière que la personne lui était inconnue, mais Dumbledore parut surpris et Rogue pâlit imperceptiblement.

- J'ai découvert que c'était son journal et qu'il pouvait me répondre, alors on a discuté plusieurs fois et on s'entendait bien. Mais il a disparu quand quelqu'un a fouillé notre chambre, désolé de ne pas vous l'avoir dit professeur, ajouta-t-il avec un air d'excuse vers McGonagall.

Celle-ci lui adressa un soupir, mais son absence de surprise indiqua à Harry qu'elle ne lui en tenait pas rigueur, voire qu'elle avait deviné qu'il lui avait dissimulé la vérité à l'époque.

- Après le vol, poursuivit Harry, les attaques ont recommencé, et j'ai entendu une voix dans les couloirs juste avant de trouver les victimes. C'est pour ça que je savais où aller à chaque fois. Mais je ne savais pas pourquoi j'étais le seul à l'entendre ou à qui elle était.

Sur sa chaise, Ron frissonna en repensant au serpent géant qui se déplaçait autour d'eux sans qu'ils le sachent. Il espérait sérieusement ne jamais rien revoir de tel.

- Et ensuite, continua Harry en serrant les poings, Hermione a été pétrifiée sans qu'elle nous dise ce qu'elle avait compris, puis il y a eu Justin et Nick, et on a été à l'infirmerie pour le déjeuner au lieu d'aller dans la Grande Salle. Là, j'ai trouvé une feuille qu'Hermione tenait dans sa main et qu'on n'avait pas remarqué jusque-là. C'était une description du basilisk, et c'est comme ça qu'on a compris ce qu'il y avait dans la Chambre.

- Minerva, intervint Dumbledore, faites-moi penser à récompenser miss Granger pour son excellent esprit de déduction et d'analyse.

La professeure de Métamorphose hocha la tête, mais s'abstint de faire un commentaire sur l'absence de ladite élève parmis eux malgré son importance dans cette histoire.

- Juste après avoir compris, reprit Harry après un signe, il y a eu l'annonce que Ginny avait été enlevée et... et on a suivi les professeurs au deuxième étage au lieu de retourner à la tour de Griffondor, ajouta-t-il avec un air coupable. C'est comme ça qu'on a su que Lockhart devait aller la chercher.

Derrière lui, Neville posa sa main sur son épaule en signe de soutien. Ils avaient fait ce qu'il fallait, et punir Harry pour ça serait complètement injuste.

- Et comment avez-vous découvert l'entrée de la Chambre des Secrets ? demanda Rogue. Malgré toutes ses capacités intellectuelles, miss Granger n'est probablement pas omnisciente au point d'avoir réussi là où des dizaines de chercheurs qualifiés ont échoué ?

- C'est Harry qui a compris où était l'entrée, intervint Neville.

- Vraiment ? fit Dumbledore. Mes félicitations, mon garçon, et où était-ce ?

- Dans les toilettes pour filles, celles où est Mimi Geignarde, répondit Harry. Quand j'ai appris que l'élève tuée il y a cinquante ans avait été trouvée dans des toilettes, j'ai fait le rapprochement et je lui ai demandé comment elle était morte. L'entrée ne s'ouvre que si on parle en fourchelangue.

Minerva réfléchit à toute vitesse, et tira les conclusions qui s'imposaient en quelques secondes.

- Salazar Serpentard était un fourchelangue, nous aurions dû nous attendre à ce qu'un passage secret destiné à ses descendants ne s'ouvre qu'en parlant la langue des serpents. C'est d'une telle logique que je me demande comment personne n'y a pensé plus tôt, ajouta-t-elle dans un murmure surpris. Poursuivez, Potter.

- On a envoyé le professeur Lockhart en éclaireur, et on y est allés après lui.

Pendant une fraction de seconde, Harry crut voir un coin de la bouche de Rogue se soulever légèrement, mais ne s'en préoccupa pas outre mesure. Si montrer ce qu'il pensait de Lockhart lui permettait de marquer des points auprès du professeur de Potions, il n'allait pas se priver. Rogue semblait les détester de façon à peu près égale, mais toute amélioration était bonne à prendre.

- Le passage descendait sous le château, plus bas que les donjons je pense, ajouta Harry, et ouvrait sur des galeries creusées dans la roche. On est vite tombés sur une mue de serpent, et c'est là que le professeur a volé la baguette de Ron pour nous lancer un sort d'amnésie.

- Lockhart voulait repartir après nous avoir fait perdre la mémoire et prétendre qu'on avait perdu l'esprit en voyant ma soeur morte ! intervint Ron. C'est juste un imposteur qui a volé les exploits d'autres sorciers !

- Weasley, calmez-vous, l'admonesta McGonagall. Le cas du professeur Lockhart fera l'objet d'une enquête, n'en doutez pas, mais ce n'est pas le sujet du jour.

Ron se rassit en grommelant. Il n'avait toujours pas digéré le comportement de la vedette superficielle et narcissique qui avait été prêt à laisser Ginny mourir juste pour sauver sa célébrité. Après l'intervention de Ron, Harry reprit. Il arrivait progressivement au passage le plus délicat et conservait ses yeux rivés sur la plume bleu nuit devant lui.

- Le sort a réagi bizarrement à cause de la baguette de Ron, et a provoqué un éboulement qui nous a séparés. J'ai dit à Ron et Neville d'essayer de créer un passage pendant que je continuai à avancer.

- C'est ce qu'on a fait, enchaina Neville. Mais on a à peine eu le temps de passer tous les trois avant que les rochers recommencent à tomber. Je pense que tout le passage est bloqué maintenant. Plus personne ne peut entrer dans la Chambre par là sans que tout le plafond s'effondre.

- Regrettable, murmura Dumbledore. Peut-être est-ce mieux que personne d'autre ne puisse y accéder à l'avenir. Harry, que s'est-il passé après que tu aies été séparé de tes amis ?

Harry hocha la tête doucement. Il était parfaitement d'accord avec le directeur. Lui aussi préférait que personne d'autre n'y accède.

- J'ai avancé jusqu'à une énorme porte ronde en métal, avec des serpents gravés dessus. Elle s'est ouverte quand j'ai parlé en fourchelangue, et j'ai pu entrer dans la Chambre des Secrets. Ginny était allongée au sol, et Tom Jedusor était à côté d'elle.

Les professeurs retinrent leur souffle, mais toute leur attention était sur Harry, tout comme Ron et Neville qui n'avaient pas encore entendu cette partie de l'histoire. Le célèbre Griffondor déglutit, et espéra que sa nervosité serait attribuée aux mauvais souvenirs plutôt qu'à la peur de se faire prendre en train de mentir.

- On a... on a parlé, et j'ai découvert qu'il était...

Harry s'interrompit et prit une grande inspiration, sentant ses mains se mettre légèrement à trembler. Sa réaction corporelle était parfaitement sincère. En évoquant les souvenirs, il se rappelait de son choc lorsqu'il avait compris qui était Tom.

- J'ai découvert que Tom Jedusor était Lord Voldemort.

Ron laissa échapper une exclamation horrifiée, Neville en fut muet de stupeur, et McGonagall devint livide. Seuls Dumbledore et Rogue semblaient ne pas être surpris par la révélation, et Harry rangea cette information pour plus tard. Pour l'heure, il devait faire resté concentré et faire attention à ses mots.

- Il m'a dit qu'il avait parlé avec moi pour gagner ma confiance. Apparemment, le pouvoir du carnet ne pouvait pas me manipuler comme il avait manipulé Ginny pour qu'elle inscrive les messages sur les murs et qu'elle contrôle le basilisk pour lui faire attaquer les élèves.

- Ginny n'aurait pas fait ça ! s'exclama Ron en sautant de son siège.

- Pas consciemment, répliqua Harry. Mais elle était sous l'emprise du journal, elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle faisait.

Ron tourna un regard implorant vers le directeur. Dumbledore n'allait pas laisser Harry insulter sa soeur comme ça.

- Miss Weasley est une charmante demoiselle, nuança Dumbledore, mais l'esprit d'une jeune fille de onze années n'est pas de taille à lutter contre Lord Voldemort, j'en ai peur. Je ne pense pas qu'elle puisse être tenue responsable de ses actes dans de telles circonstances.

McGonagall hocha la tête, parfaitement d'accord avec le raisonnement, et même Rogue ne trouva rien à redire. Face au Seigneur des Ténèbres, Ginevra Weasley était aussi impuissante qu'un nouveau-né. Que Potter ait résisté plusieurs mois tenait du miracle.

- Merci professeur, fit Harry avec un petit sourire, toujours sans le regarder. Après ça, il m'a dit qu'il allait ressusciter en échange de la vie de Ginny.

Ron eut une nouvelle exclamation horrifiée et le garçon à la cicatrice nota qu'il était toujours debout, avant de réfléchir à sa phrase suivante.

- Les choses se sont accélérées, il y a eu le basilisk, mais on ne pouvait pas tous les deux le contrôler en parlant fourchelangue. Fumseck est arrivé avec le Choixpeau qui s'est mis à chanter pour faire apparaître l'épée de Griffondor que j'ai utilisée contre le basilisk. Les larmes de phénix ont soigné les blessures qu'il a causées, et j'ai utilisé le venin du serpent pour détruire le journal.

Temporairement, ajouta-t-il dans sa tête. Techniquement, il n'avait raconté que la vérité, tout ce qu'il venait de dire s'était vraiment produit. Aux autres de l'interpréter comme ils le voulaient.

- Après ça, Ginny s'est réveillée, et on est allés ouvrir pour trouver Ron, Neville et Lockhart. Fumseck nous a indiqué une sortie dans une des têtes de serpent, on l'a suivi et ça nous a mené à la salle commune des Serpentards.

- Où tu as encore dû parler fourchelangue pour nous faire sortir, compléta Neville.

Harry acquiesça, et laissa la remarque de son ami constituer le point final de son histoire. Il s'en était sorti sans regarder Dumbledore dans les yeux une seule fois, et sans mentir.

- Vous avez conscience, tous les trois, que vous avez enfreint au moins une cinquantaine de règles de l'école et qu'il y a assez de preuves pour vous faire renvoyer, déclara Dumbledore lentement.

Harry faillit relever la tête et supplier le directeur de ne pas le faire, de ne pas le renvoyer vivre chez les Dursleys, mais se retint d'extrême justesse et riva son regard sur le sol en pierre. Derrière lui, Ron s'était une fois de plus levé brusquement et Neville était immobile, dans une posture à mi-chemin entre l'envie de protester et la résignation.

- Oui, professeur, murmura Harry.

- Je pense donc qu'il est approprié... que vous receviez tous les trois une récompense spéciale pour service rendu à l'école, et cent points chacun pour Griffondor, acheva-t-il avec un sourire. La même récompense s'appliquera à miss Granger.

Cette fois, Harry fut incapable de se retenir et releva la tête, orientant juste à temps son regard sur la barbe du directeur plutôt que ses yeux. Ron et Neville était tout aussi incrédules que lui, mais un grand sourire éclaira leur visage et les trois répondirent pratiquement en même temps.

- Merci professeur !

- Minerva, pourriez-vous reconduire les jeunes Londubat et Weasley à la tour de Griffondor ? Et envoyer un hibou à Azkaban pour que nous puissions retrouver notre garde-chasse ?

- Je m'en suis chargée hier soir, Albus, répliqua McGonagall d'un ton de reproche.

Et elle se leva, en faisant signe à Ron et Neville de la suivre. Resté seul avec Rogue et Dumbledore dans le bureau, Harry sentit son stress remonter. Est-ce qu'ils avaient remarqué quelque chose dans son comportement ? Est-ce qu'ils avaient compris qu'il n'avait pas exactement dit la vérité ?

- Harry, avant toute chose, commença Dumbledore, je voulais te dire un grand merci. Tu as dû faire preuve d'une grande loyauté à mon égard dans la Chambre. Rien d'autre n'aurait convaincu Fumseck de t'apporter le Choixpeau.

Harry décala son regard au phénix, qui était très occupé à fourrer son bec dans ses splendides plumes rouges et jaunes. Le Griffondor était à la fois perplexe et embarrassé. La supposition de Dumbledore était à peu près à l'opposé de la réalité. Plutôt que de répondre directement, il posa une question sur un sujet proche.

- À propos du Choixpeau, professeur, comment est-ce que j'ai pu sortir l'épée de Godric Griffondor ? Il s'est mis à chanter quelque chose et elle est apparue dans ma main.

- Ah, oui, l'épée de Godric... seul un véritable Griffondor peut la sortir du Choixpeau, vois-tu, sourit le directeur. Ton courage t'a rendu digne de cette épée. Il n'est pas impossible non plus que la lignée de ton père trouve ses origines chez le fondateur de ta maison.

Harry écarquilla les yeux dans une surprise non feinte. Dumbledore était à la fois très proche de la vérité dans ses deux affirmations, et totalement à l'opposé. À moins que le courage de pardonner son ennemi compte, et qu'il descende à la fois de Salazar Serpentard et de Godric Griffondor, mais la possibilité lui paraissait hautement improbable.

- Vous pensez vraiment que c'est à cause de ça, professeur ?

- Ma foi, concernant tes origines, je n'en serais pas surpris. Ton père montrait également des qualités que le fondateur de la maison rouge et or n'aurait pas reniées.

Harry hésita, et remarqua du coin de l'oeil que Rogue s'était tendu à la mention de son père. Est-ce qu'ils s'étaient connus à Poudlard ? Il garda la question pour plus tard.

- Harry, mon garçon, reprit gentiment Dumbledore, je vois bien que quelque chose te tracasse. C'est à propos de Voldemort, n'est-ce pas ?

Le Griffondor sursauta, mais décida de prendre un risque. Le directeur ne le croirait jamais s'il affirmait ne pas être secoué par l'annonce que Tom Jedusor, qu'il avait cru être son ami, était le meurtrier de ses parents. Il devait juste trouver quelque chose à dire qui ne ferait pas douter Dumbledore.

- En fait... oui, admit-il en ayant une idée. Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer certaines ressemblances, certaines similitudes entre Tom Jedusor et... et moi.

Harry entendit Rogue renifler dédaigneusement, et décida de poser plus de questions à Tom sur son professeur de Potions dès qu'il en aurait l'occasion. Apparemment, Rogue avait une vie plus compliquée et plus secrète qu'il n'y paraissait. De l'autre côté du bureau, Dumbledore aquiesça gravement, et prit un ton rassurant.

- Harry, tu possèdes nombre de qualités que Salazar appréciait chez ses élèves et que Voldemort possédait également lorsqu'il était Tom Jedusor. La détermination, l'ingéniosité, et un certain... mépris pour les règlements, ajouta-t-il avec un clin d'oeil. Et tu sais parler fourchelangue, parce que Voldemort sait parler fourchelangue. À moins que je ne me trompe, il t'a transmis certains pouvoirs le soir où il t'a fait cette cicatrice. Pas volontairement, bien sûr. Mais malgré tout cela, le Choixpeau t'a envoyé à Griffondor, est-ce que tu sais pourquoi ?

- Parce que je le lui ai demandé, réalisa Harry dans un murmure.

- Exactement, Harry, exactement ! approuva Dumbledore. Ce ne sont pas nos aptitudes qui déterminent ce que nous sommes, ce sont nos choix.

Harry sourit en entendant la phrase, qu'il se rappelait avoir entendu Hermione citer comme étant de Nicolas Flamel. Il était on ne peut plus d'accord avec cette déclaration. Et il comptait bien faire ses propres choix à l'avenir, plutôt que de suivre la direction indiquée par le directeur.

Alors qu'il allait répondre, la porte du bureau s'ouvrit dramatiquement sur Lucius Malfoy. Le père de Malfoy avait l'air aussi arrogant que d'habitude, en dépit d'une vague contrariété.

- Ainsi c'était vrai, constata-t-il en fixant le directeur. Vous êtes de retour.

- Quand le conseil d'administration a appris que la fille d'Arthur Weasley avait été enlevée, ils ont cru bon de me rappeler, déclara suavement Dumbledore.

- Visiblement. Le coupable a été identifié, je présume ?

- Tout à fait, grâce aux efforts du jeune Harry ici présent. Une histoire des plus impressionnantes, n'est-ce pas Severus ?

Le professeur de Potions échangea un long regard avec l'aristocrate, et se leva.

- Potter a une fois de plus fait preuve d'un mépris certain des règles, mais il semblerait que cette attitude, couplée à une chance insolente, lui permette quelques succès.

Harry n'était pas sûr s'il venait de se faire complimenter ou insulter, mais dans le doute, tourna un regard tranquille vers Lucius Malfoy. Même si par extraordinaire, il était lui aussi un Légilimens, il connaissait Tom et ne dirait probablement rien à Dumbledore. Surtout en étant celui qui avait glissé le journal dans le chaudron de Ginny avant le début des cours.

- Le coupable était Voldemort, déclara Harry en le regardant droit dans les yeux.

- Ah, répondit Lucius sans la moindre émotion. Et bien, espérons que monsieur Potter sera toujours là pour sauver la mise.

- Rassurez-vous, je serai là, assura Harry avec une tranquille détermination.

Harry ne lâcha pas le regard du père de son rival un seul instant. Mais le masque de Lucius Malfoy était impénétrable et il ne laissa absolument rien passer. Dumbledore en profita pour ajouter une petite remarque faussement anodine.

- Il faut espérer que de vieilles affaires de cours de Lord Voldemort ne tomberont plus entre des mains innocentes. Les conséquences pour les responsables seraient terribles.

- Il faut l'espérer, en effet. Je suppose que l'affaire est désormais close et que mon fils pourra effectuer la fin de son année en paix.

Lord Malfoy s'en alla, rapidement suivi par Rogue qui semblait vouloir lui dire quelque chose. Harry allait faire de même, lorsque Dumbledore le retint.

- Harry, mon garçon, une dernière chose avant que tu ailles rejoindre tes amis... Qu'est devenu le journal de Tom ?

- Je l'ai détruit avec le venin du basilisk, et je ne m'en suis plus occupé après que Ginny se soit réveillée, admit le Griffondor.

- J'imagine qu'il est resté dans la Chambre... dommage, l'étudier aurait pu nous en apprendre davantage sur le Seigneur des Ténèbres. J'imagine que tu ne peux pas rouvrir le passage dans les donjons ?

- Non professeur, s'excusa Harry, je pense que ce n'est pas possible de retourner dans la Chambre. Je suis désolé, j'ai fait ce que j'ai pu sur le moment.

- Allons Harry, tu as été admirable, le rassura Dumbledore. Un oubli aussi minime que celui-ci ne saurait être retenu contre toi, même s'il retarde un peu notre recherche sur Voldemort.

Harry prit un air contrit qu'il espéra convaincant. Encore une fois, il n'avait pas directement menti, il n'était effectivement pas possible de retourner dans la Chambre. Du moins, pas sans parler fourchelangue. Un simple détail que Harry ne se sentait pas en devoir de mentionner.

- Ah, mais je m'égare, reprit le directeur avec bonhomie. Aujourd'hui est un jour de célébration. Va donc rejoindre tes amis Harry, je pense que toute l'école a hâte de te revoir.

- Oui professeur, fit le Griffondor avec un sourire.

Dès qu'il fut dehors, il courut dans le couloir pour rejoindre les deux Serpentards.

- Monsieur Malfoy ! appela-t-il. Monsieur Malfoy !

Les deux adultes interrompirent immédiatement leur conversation et se tournèrent vers lui. Lucius fut le premier à prendre la parole lorsque le Griffondor arriva à leur niveau.

- Potter. Que me vaut le plaisir de cette entrevue ?

Harry prit le temps de reprendre son souffle, et se redressa pour regarder l'aristocrate dans les yeux et essayer au maximum de jauger sa réaction.

- Je suis désolé de ne pas pouvoir vous rendre le journal de Tom.

- Me le rendre ? Je ne vois pas de quoi vous parlez.

Même son léger étonnement était calculé. Severus ne fut pas dupe un instant, et à voir la tête de Potter, il ne l'était pas non plus.

- Je crois que si, monsieur. Vous avez glissé ce journal dans le chaudron de Ginny Weasley quand on était dans la librairie.

- Puisque vous en êtes si sûr, Potter, prouvez-le, déclara Lucius d'un ton de défi.

Mais l'étincelle de méfiance était bien présente dans ses yeux et Harry décida de prendre le risque. Tom aurait sûrement besoin de l'aide des Malfoy dans le futur. Le Griffondor sortit son sourire le plus innocent pour sa prochaine phrase.

- Je pourrais, mais ça serait aller contre la promesse que j'ai faite à un ami que nous avons en commun. Même s'il avait l'air de mieux connaître votre père, Abraxas, c'est ça ?

- Ça ne dura qu'une fraction de seconde, mais Harry était parfaitement concentré sur Lucius et ne loupa pas l'expression de stupéfaction qui apparut sur son visage. Sans attendre de réponse, il conserva son sourire et reprit.

- C'était un plaisir de vous revoir, monsieur. Professeur, fit-il en saluant Rogue.

Et il s'éloigna tranquillement pour rejoindre la tour de Griffondor et le bruit qui l'y attendait. Il avait hâte que la journée soit finie pour pouvoir se cacher dans son lit et tout raconter à Tom.

Derrière lui, Lucius et Severus demeurèrent immobiles pendant quelques secondes, abasourdis sous leurs masques impassibles. Ils échangèrent un bref regard, et le professeur prononça trois mots.

- Dans mes quartiers.

Lucius hocha la tête, et les deux hommes marchèrent rapidement jusqu'aux donjons où étaient situés les appartements du directeur de la maison Serpentard. À l'instant où ils se retrouvèrent à l'intérieur – et donc sous la protection des multiples sorts et barrières de Severus – ils abandonnèrent une partie des apparences.

- Lucius, juste pour être sûr qu'on a entendu la même chose, est-ce que Potter vient bien de-

- De sous-entendre qu'il était ami avec le Seigneur des Ténèbres et qu'il lui avait fait une promesse ? le coupa l'aristocrate. Je crois que oui.

Rien qu'en prononçant les mots à voix haute, Lucius se rendait compte à quel point l'idée était ridicule. Il se tourna vers son ami de longue date, attendant qu'il lui confirme que Potter avait simplement lancé un mensonge pour jauger leur réaction. Le professeur de Potions sembla comprendre ce qui était attendu de lui, et sorti une bouteille de whisky Pur-Feu et deux verres avant de s'installer sur un canapé.

- Il disait la vérité. J'ai passé la dernière demi-heure à l'écouter raconter ce qui lui était arrivé, et il n'a pas menti une seule fois.

Avec la grâce caractéristique des Malfoy, Lucius s'assit à son tour sur le canapé et accepta le verre qui lui était proposé.

- En parlant de ça, comment a-t-il fait pour... faire ce qu'il a fait ? Un résumé serait le bienvenu.

Severus but une gorgée de son verre, et répéta ce que Potter avait raconté dans le bureau, le plus fidèlement possible. À la fin, l'aristocrate ne chercha même pas à dissimuler sa surprise.

- Potter a retrouvé l'épée perdue de Griffondor et s'en est servi pour tuer un basilisk, seul, à douze ans ? demanda-t-il avec un soupçon d'incrédulité dans la voix.

Severus hocha la tête, avant de finalement mettre le doigt sur le détail qui lui échappait depuis la première version de Potter. Il fronça les sourcils pendant une minute, concentré sur ses souvenirs pour vérifier son intuition.

- Il n'a jamais dit qu'il l'avait tué, murmura-t-il finalement.

- Pardon ?

- Londubat et Weasley l'ont répété à n'en plus finir, mais Potter n'a jamais dit qu'il avait tué le basilisk. Il a dit qu'il avait réglé le problème, ou qu'il s'était servi de l'épée contre le basilisk.

Lucius allait signaler avec mépris qu'il s'agissait d'un détail puisque l'idée était la même, mais s'interrompit pour y réfléchir un peu plus. Est-ce que Severus était en train de sous-entendre que le garçon avait laissé le Roi des Serpents en vie ?

- Pourquoi Potter aurait menti ? En face de Dumbledore, qui plus est ? Tu sais aussi bien que moi qu'il a le garçon dans le creux de sa main.

L'enseignant hésita, et prit une autre gorgée avant de répondre prudemment.

- Je l'ignore, Lucius. Mais je sais que plusieurs détails dans son récit me gênent depuis le début. Potter ne ment peut-être pas, mais j'ai l'impression qu'il ne dit pas tout.

- Ça sous-entendrait que le garçon a des choses à cacher, objecta Lucius, à Dumbledore qui plus est, et qu'il sait qu'il doit les cacher. Aux dernières nouvelles, il n'était même pas au courant de l'existence de la Légilimencie.

- Peut-être, mais il a évité de croiser ses yeux tout le temps où il a été dans son bureau, alors que Dumbledore a fait de son mieux pour l'y pousser.

L'aristocrate se tut, réfléchissant intensément pour regrouper tous ces indices, toutes ces incohérences dans le comportement du garçon, et leur donner un sens. Mais les seules options qu'il trouva au bout de ses réflexions étaient au mieux insatisfaisantes. Pour ne pas dire franchement ridicules.

- Supposons que Potter ait réellement noué une relation... amicale avec le Seigneur des Ténèbres, proposa-t-il finalement en faisant tourner le liquide ambré dans son verre. Ça expliquerait pourquoi il se méfie de Dumbledore, pourquoi il est aussi prudent et évasif avec ses mots, d'où vient sa connaissance de la Légilimencie et des techniques de base pour s'en protéger, et pourquoi il a mentionné un ami commun qui aurait aussi connu mon père.

- Lucius, loin de moi l'idée de mettre en doute ton intelligence, ironisa l'enseignant, mais tout ton raisonnement repose sur l'hypothèse que Potter et le Seigneur des Ténèbres peuvent s'accorder sur un autre point que la nécessité de tuer l'autre.

Lucius soupira. Il savait que l'idée même était absurde, quiconque ayant connu Lord Voldemort plus de quelques secondes et vécu pour le dire aurait sauté à cette conclusion. Mais une fois cette possibilité écartée, il ne voyait pas d'autre option qui permettrait de relier tous les points. Ce n'étaient que des détails, remarqués par Severus et lui... mais c'était beaucoup de détails.

- Dans le doute, murmura Lucius, mieux vaut rester prudent. Tu devrais surveiller le garçon, juste au cas où. Je sais que Draco l'a déjà à l'oeil, ajouta-t-il avec un sourire amusé, mais une paire d'yeux attentifs supplémentaire ne peut pas faire de mal.

Severus hocha la tête pensivement. Il comptait de toute façon garder Potter dans sa ligne de mire jusqu'à la fin de l'année. Trop de choses ne tournaient pas rond avec le chouchou d'Albus, et un Griffondor avec une idée derrière la tête était comme une bombe à retardement. Dangereux.

Les deux Serpentards finirent leur verre, puis Lucius emprunta la cheminée du bureau de Severus pour retourner au manoir Malfoy.