La chaleur de tes bras
Disclaimer: Genshin Impact appartient à MiHoYo, et je ne reçois aucune primo pour cette histoire
Genre: Hurt/Comfort, souvenirs d'enfance, relations ambigües,
Rating: T
Personnages/Couple: Kaeya et Diluc en principaux. Crepus et Adelinde en secondaire.
Résumé: Diluc se souviendrait toujours de sa première rencontre avec Kaeya. A l'époque, ce n'était qu'un pauvre enfant abandonné retrouvé par son père, et déjà, il avait été prêt à partager sa vie avec lui. Est-ce que tout n'était que mensonge, ou Kaeya nourrissait-il un peu de réciprocité envers lui?
Note:Et voilà le troisième chapitre! Les choses continuent d'avancer lentement, mais le prochain sera construit de manière un peu différente. En attendant, j'espère qu'il vous plaira! Merci à tous pour votre soutient!
Kaeya et Diluc avaient passé l'entière journée dans le jardin viticole.
L'enfant aux cheveux rouges lui avait d'abord fait le tour du jardin, lui présentant les différents plants de raisins, puis les autres jardins qui servaient plus de faire valoir qu'autre chose. Puis ils s'étaient installés derrière le manoir, Diluc ayant soudain eu l'idée de jouer avec un plant de terre qui lui évoquait Mondstadt. Il voulut reconstruire ce qui s'apparentait à une maquette de la ville avec des pierres et des feuilles, tant pour montrer ses talents d'architecte, que de présenter la ville à son compagnon de jeu. Au début, le garçon à la peau mate fut assez nerveux, ne sachant pas réellement ce que "jouer" voulait dire, et chercha un moment un sens à ce que Diluc voulait faire.
Cependant, il l'aida sans broncher, et trouva l'activité aussi intéressante qu'agréable.
Chaque petit élément de décor était accompagné d'un commentaire de Diluc qui lui servait malgré lui de source d'information, bien que ce qu'il apprit fût assez peu pertinent. Il apprit l'emplacement de la fleuriste, qui avait une fille "bizarre qui le regardait tout le temps" ainsi que celui du Cadeau de l'ange, une taverne tenue par son son père en ville. Diluc fut assez généreux en matière de taille, car l'amas de bâtons et de feuilles censé représenter l'établissement prenait un quart de la place. Il montra également la grande statue dédiée à Barbatos, leur Dieu, en face de l'Eglise, et le QG de l'Ordre Favonius qui n'était pas très loin.
"Un jour, je serais chevalier Favonius, je défendrais Mondstadt et papa sera fier de moi!"
Kaeya haussa les sourcils à cette affirmation, mais n'osa poser de questions.
Diluc continua sa présentation, en plaçant au hasard divers bâtiments. Cela leur prit une bonne partie de la matinée, pendant laquelle Diluc était intarissable sur Mondstadt. Il n'allait pas si souvent que ça en ville, mais le vivait à chaque fois comme un évènement, et il s'instruisait à côté sur l'histoire du pays, bien au-delà de ses cours conventionnels. Kaeya voyait ses yeux briller à chaque anecdote, chaque commentaire sur certains aspects de la ville. Il aimait sincèrement cet endroit, alors même qu'il ne devait pas connaître la moitié des habitants de la ville.
Quelque part, l'étranger eut du mal à comprendre.
Bien sûr, lui-même était attaché à ses origines et connaissait l'histoire de son défunt peuple par coeur, mais cet attachement qu'il avait pour Kahenri'ah n'avait rien à voir avec celui de Diluc. Cela ressemblait plus à un devoir de mémoire envers des inconnus, dont certains n'étaient plus vraiment humains. Il n'y avait rien de joyeux ou charmant dans son pays d'origine, bien au contraire. C'était juste une terre désolée et maudite de ténèbres éternelles, où l'espoir se faisait rare. Kaeya avait certainement vu plus de preuve d'affection ces dernières heures que durant sa vie entière là-bas.
Il enviait sincèrement Diluc d'avoir grandi dans un cadre pareil.
Plus loin, Adelinde les observait d'un oeil intransigeant.
Crépus étant parti en ville pour mener son enquête quant à l'identité du jeune étranger, il avait ordonné sa surveillance aux domestiques. Jamais Diluc n'avait autant été ennuyé par leur présence, notamment celle d'Adelinde qui veillait toujours à ce qu'ils restent dans son champ de vision. Elle n'était pas d'ordinaire aussi collante, et laissait même le jeune maître s'aventurer à la lisière de la forêt pour rejoindre sa "base secrète" comme il aimait l'appeler. Mais cette fois-ci, impossible de s'éloigner sans se faire réprimander, et donc d'y accéder pour la montrer à son compagnon de jeu. Dans son monde encore teinté d'innocence, le garçon aux cheveux rouges ne comprenait pas pourquoi elle était si stricte.
Il n'imaginait pas que l'on puisse soupçonner son compagnon de jeu de vouloir éventuellement le kidnapper. Lui, l'héritier de l'honorable clan Ragnvindr et fils du plus riche propriétaire de Mondstadt. Une rançon qui s'élèverait à plusieurs millions de moras, ou une pression politique sur Mondstadt elle-même a porté de main. Certes, Kaeya n'était qu'un enfant, mais cela ne faisait pas de lui quelqu'un d'inoffensif, et même le jeune homme aux yeux bleus était moins surpris par la méfiance de la gouvernante que par l'inconscience de Diluc qui, sans elle, se serait sûrement isolé avec lui, porte ouvert à n'importe quelle mauvaise intention à son égard.
Cependant, malgré cette surveillance accrue, ils purent quand même s'amuser.
Une fois le déjeuner engloutit, où Kaeya découvrit d'autres spécialités culinaires de Mondstadt, Diluc voulu l'initier à la Poursuite du Vent. Le jeune étranger du s'initier aux règles, tout d'abord en tant que Chasseur où il du compter avant de chercher Diluc. Il se retrouva perplexe étant donné que ses sens affutés lui permirent de pister le garçon assez rapidement. Ce dernier protesta de manière puérile, et insista pour recommencer le jeu. Cela dura trois tours avant qu'ils n'inversent les rôles, Kaeya commençant à trouver l'activité... distrayante. Voir l'air dépité de son camarade à chaque fois qu'il le trouvait aussi facilement sous une vigne ou dans un tonneau le mettait étrangement de bonne humeur.
Il fit moins le malin lorsque ce fut son tour de se cacher, et Diluc rigola en le voyant au milieu d'une rangée de vigne.
À la fin de la journée, Kaeya comprit ce que jouer et s'amuser voulait dire réellement. Et cela valait bien plus que toutes les informations qu'il put glaner sur Mondstadt.
Lorsque vint le moment du dîner où il fut convié comme pour le petit déjeuner, ce fut le visage sérieux de Crépus qui lui rappela la raison de sa présence.
Ce dernier ne dit rien sur ce qu'il avait fait, ou apprit durant sa journée pendant la première partie du repas, laissant les enfants se restaurer, et Diluc raconter leur folle journée. Kaeya n'avait jamais connu Diluc avant, alors il ne pouvait imaginer que le bonheur avec lequel le garçon aux cheveux rouges s'adressait à son père n'avait rien d'habituel. Ses yeux ne brillaient pas autant d'ordinaire, et il n'était pas aussi bavard, mais le fait est qu'il monopolisa la conversation, et son père le laissa parler avec un mélange de bienveillance et de satisfaction, comme si ce qu'il entendait correspondait à quelque chose qu'il attendait, ou espérait.
"...Et ensuite, je lui ai montré comment reconnaitre un raisin assez mûr pour le récolter."
"C'est très bien, mon petit soleil." Répondit Crépus avec un sourire attendri.
Kaeya avait noté le ton et la manière dont le maître de maison s'adressait à son fils. Il y avait toujours beaucoup de douceur dans ses paroles, alors que Diluc ne faisait, ou disait généralement rien d'extraordinaire. Pour le garçon aux cheveux bleus qui n'avait jamais su ce qu'était une marque d'affection, même lorsqu'il accomplissait un exploit, voir que l'on pouvait encourager autant quelqu'un sans raison autre que la gentillesse le déstabilisait. Pourtant, il était incapable de dire que Diluc ne méritait pas d'être adoré ainsi, car ce serait un mensonge.
Le repas fut ainsi animé, entrecoupé par quelques questions de Crépus.
Une fois la fin du repas arrivée, l'adulte voulut congédier son fils, comme la matinée, mais cette fois, ce dernier s'entêta à rester, comme s'il avait deviné de quoi son père allait parler avec son nouveau compagnon de jeu.
"Kaeya va rester cette nuit?" Demanda-t-il pour engager lui-même le sujet.
Crépus soupira de dépit, même s'il s'était douté qu'il n'allait pas pouvoir tenir Diluc en dehors de tout ça. Après tout, il s'était attaché à l'étranger, et se sentait concerné par son sort. Ça aurait tellement été plus facile avec un adulte, car il n'aurait pas eu de remords à l'amener au quartier Général de l'Ordre Favonius pour être pris en charge. Mais comme il s'agissait du cas complexe d'un enfant encore dépendant, cas pour lequel globalement Mondstadt, citée de la liberté, n'avait pas prévu grand-chose, il ne pouvait pas l'ignorer.
"Eh bien... Kaeya, je me suis renseigné sur ton père." Fit-il en se tournant vers le concerner d'un air grave.
"Et? "
Malgré lui, le garçon aux cheveux bleus sentait une lueur d'espoir totalement irrationnelle. Il savait très bien qui était son père, et pourquoi il l'avait laissé ici. Rien de ce que Crépus aurait pu faire ne pourrait arranger sa situation, puisqu'elle avait été préparée en avance pour être une impasse. Et pourtant, il n'arrivait pas à s'empêcher de penser, quelque part au fond de lui, que si ces personnes retrouvaient son père, il pourrait rentrer chez lui alors même que c'était impossible. Mais cela lui donnait au moins une certaine crédibilité
"Et il s'avère qu'il a passé la frontière de Liyue tôt ce matin... À l'heure qu'il est, il est sûrement déjà loin dans le pays, peut-être a-t-il même prit la mer."
"Alors... Ça veut dire qu'il ne reviendra pas?"
Kaeya le savait. C'était prévu. Mais cela faisait toujours aussi mal de le dire à voix haute, et les tremblements laissant présager des débuts de sanglots n'avaient pas besoin d'être forcés pour paraître naturels. Face à sa détresse, Crépus semblait autant embarrassé que désolé, car il se rendait compte que la perspective de rendre Kaeya à son père devenait difficile, voire inatteignable. Personne ne pouvait dire quand il reviendrait, et s'il allait même accepter de récupérer sa progéniture après l'avoir abandonné dans un pays étranger. Kaeya se retrouvait bel et bien sans famille et sans personne pour s'occuper de lui.
Diluc posa alors sa main sur le dos de Kaeya pour le tapoter gentiment en guise de réconfort.
"Ne t'inquiète pas. Papa trouvera une solution. Il est fort pour ça!"
À cette affirmation, le concerné eut un rire nerveux et reprit son fils:
"Ce n'est pas si facile, ma luciole. Il n'y a pas vraiment d'endroit à Mondstadt qui s'occupe des enfants abandonnés ou orphelins..."
Bien que le cas de Kaeya ne soit pas répandu, il arrivait parfois que des enfants se retrouvent sans parents par quelconque coup du sort. Les religieux de Barbatos acceptaient de s'occuper des plus jeunes encore trop dépendants pour qu'ils ne manquent de rien, mais passé un certain âge, l'église n'étant pas une structure adaptée pour accueillir et élever des enfants jusqu'à maturité, ils étaient obligés de les renvoyer dehors. Certains groupes acceptaient aussi de les prendre en charge, comme à la guilde d'aventurier, mais c'était relativement rare. La liberté concernait toutes les tranches d'âge après tout...
Et malheureusement, Kaeya était dans le cas de ces enfants que personne n'allait prendre à charge.
"Dans ce cas, laissons le rester ici!" Proposa Diluc sans détours.
Ça y est. Il y était. Le moment crucial pour Kaeya de passer la première étape importante de sa mission. Il était prêt à accepter tous les compromis pour faire partie du manoir Ravingndr. Non seulement il aura un point de départ pour commencer son infiltration, mais en plus il côtoiera un élément important de l'autorité de Mondstadt. Un des trois clans fondateurs. Avec l'ordre Favonius, c'était ce qu'il pouvait espérer le mieux pour obtenir un maximum d'informations et se glisser au sein de l'organisation interne de la hiérarchie. Il commencerait en bas de l'échelle sociale s'il le fallait, et il grimperait petit à petit les échelons.
Cependant, il fallait convaincre Crepus, ce qui ne semblait pas gagner d'avance et soupira en posant sa main sur le côté de son crâne.
"Diluc, mon trésor, ce n'est pas que je ne veux pas, mais je ne suis pas sûr que ce soit une place adéquate pour Kaeya. Que pourra-t-il bien faire ici? Être ton compagnon de jeu n'est pas une réponse envisageable."
Le garçon aux cheveux rouges ferma sa bouche, coupé dans son enthousiasme, et prit une moue sincèrement triste et déçue. En le voyant ainsi, son homologue aux cheveux bleus sentit une nouvelle motivation en lui, en plus de celles qu'il avait déjà. Il se retourna vers l'adulte, plus déterminé que jamais à défendre sa cause:
"Je... Je sais me débrouiller pour m'occuper de chevaux! Et pour les champs aussi! Je peux aussi me battre pour protéger Diluc quand vous n'êtes pas là. Et si ce n'est pas assez, je peux même apprendre à nettoyer et cuisiner! S'il vous plaît, laissez- moi rester, je promets que je me rendrais utile! Je ne serais pas un poids, je serais sage et obéissant!"
Il y avait bien plus de choses qu'il avait prévu de dire, mais toutes étaient sincères. Cela ne le dérangeait pas d'être un domestique et d'exécuter toutes les basses besognes. Très sincèrement, après l'entraînement qu'il a eu, même tout ce qu'il venait d'énumérer à faire tous les jours lui semblait bien plus agréable, surtout dans un tel cadre. Le soleil, le ciel, la verdure, et des humains normaux. Certes, la surface regorgeait de monstre également, mais aucun n'était aussi horrifique ce qu'il put combattre dans les ténèbres.
Sa motivation sembla toucher Crépus qui le jaugea un certain temps, avant de reporter son regard vers son fils qui le scrutait également avec la même intensité.
"Je ne peux pas dire non à de tels visages." Finit-il par dire en soupirant de résignation. "C'est d'accord Kaeya. Tu peux rester, au moins le temps de trouver une solution à long terme. Cependant, n'imagine pas que tenir compagnie à mon fils en est la raison principale."
Alors que Diluc sauta de joie à l'annonce de cette nouvelle, Kaeya se pencha humblement avec la sensation qu'un énorme poids venait d'être retiré de ses épaules.
"Je ... J'en ai conscience. Ne vous inquiétez pas, je pourrais faire beaucoup..."
"Kaeya." Coupa Crépus d'une autorité qui ne tolérait aucune réponse. "Ce que je veux dire par là, ce que je ne te considérais pas comme un domestique. Tu es beaucoup trop jeune pour ça."
Face au regard confus du concerné, il préféra détourner le visage, comme s'il avait du mal lui-même à mettre un mot sur la manière dont il voyait Kaeya. Il n'avait pas menti: ses domestiques étaient différents. Ils travaillaient pour sa famille de génération en génération, et faisaient finalement eux-mêmes partie de cette grande famille. Adelinde avait vu naître Diluc. Charle avait été son soutient à la mort de sa femme. Leur relation allait bien au-delà d'une rémunération contre un service, et il imaginait mal Kaeya s'intégrer dans ce groupe, surtout que beaucoup des domestiques ne le considéraient pas d'un bon oeil.
Cependant, si Kaeya n'avait pas sa place en tant que domestique, comment pourrait-il faire partie de cette résidence?
"Ne te préoccupe pas de cela pour le moment." Conclut Crépus pour clore le sujet. "Pour le moment, nous allons procéder à ton emménagement. Malheureusement, toutes les chambres sont réservées aux domestiques, et tu ne peux pas rester indéfiniment dans la chambre d'amis car je reçois assez régulièrement..."
"Il peut dormir avec moi en attendant!" S'exclama Diluc, encore sous l'euphorie d'avoir enfin un nouveau compagnon de son âge présent au domaine.
"À ce sujet ma luciole, je ne suis pas sûr..."
Son fils lui coupa la parole en enlaçant Kaeya et lui servit cette moue boudeuse qui lui seyait si bien lorsqu'il voulait obtenir quelque chose de la part de son père. Les joues gonflées, les sourcils froncés et une légère rougeur sur les joues pour bien souligner son mécontentement puéril. A la fois exapérant et adorable.
"Kaeya n'arrive pas à dormir seul, et moi non plus! S'il reste dans ma chambre, on n'a plus ce problème, et tout le monde est content! Tu ne vas pas le faire dormir dans les écuries quand même!"
Alors que Crépus soupira de nouveau face à la témérité de son fils, Kaeya eut un rire nerveux. Dormir dans les écuries fut pour lui une solution envisageable si cela pouvait lui permettre de rester ici. Il était déjà reconnaissant envers Crépu de lui accorder cette immense faveur, il n'allait pas faire la fine bouche sur sa chambre, surtout qu'il avait dormi dans des endroits bien pires. Mais Diluc semblait déterminé à le garder à ses côtés autant que possible.
"Si c'est vraiment ce que tu proposes, nous pourrons faire construire un lit et aménager un peu de place pour lui... Mais attention Diluc, si tu t'engages à partager ta chambre avec Kaeya, je ne veux pas t'entendre te plaindre dans un mois que tu manques de place! Cela va durer longtemps, tu en as bien consciences!"
"Oui père! C'est promis, je ne ferais pas de caprice! Kaeya peut reste tout le temps dans ma chambre, toute sa vie s'il le veut!"
"Bien, c'est décidé alors."
La discussion se termina sur des sujets moins importants, comme les vêtements à acheter à Kaeya et quelques objets nécessaires au quotidien pour préparer son installation.
Crépus en fit une liste de courses qu'il allait transmettre à Adelinde le lendemain, mais en attendant, pour le deuxième soir consécutif, le garçon d'origine étrangère allait devoir emprunter de nouveau quelques affaires à Diluc. Comme la veille, ils montèrent ensemble dans la chambre de ce dernier, cette fois sans aucun adultes pour les accompagner, ni les séparer. Diluc put ainsi véritablement introduire Kaeya à tous ses biens comprenant une jolie collection de livres concernant Mondstadt pour la plupart, mais aussi d'autres sujets plus exotiques, ainsi que quelques jouets, certains déjà trop enfantins pour son âge.
Après une petite soirée à découvrir les jeux préférés de Diluc, Crépus vint les voir pour l'heure du coucher.
Si Kaeya ne fit aucune résistance, Diluc tenta de négocier une demi-heure supplémentaire, mais son père resta impartial, et il du rejoindre son compagnon de chambre dans le lit qu'ils partageaient. L'adulte vint déposer un baiser sur la joue de son fils puis éteignit la bougie en leur souhaitant une bonne nuit et referma la porte. Cependant, même après son départ, aucun des deux enfants ne se sentait assez fatigué pour s'endormir immédiatement, l'un trop excité par la présence de l'autre, et le deuxième encore plus par le fait que tout se déroulait merveilleusement bien, au-delà même de ses espérances.
Pourtant, au-delà de la réussite de sa mission, ce qui lui fit le plus plaisir était de pouvoir rester avec Diluc.
Ne connaissant rien à part la demeure Ravingndr, et personne ne l'ayant accueilli comme l'enfant aux cheveux rouges, il se sentait rassuré d'être dans un endroit où on prendrait un minimum soin de lui, avec quelqu'un en qui il pouvait avoir confiance. C'était un sentiment étrange, surtout après sa formation où on n'avait cessé de lui répéter de ne jamais placer sa confiance en qui que ce soit une fois arrivé à Mondstadt. Que n'importe qui pourrait, et voudrait le tuer à l'instant même où ils sauraient ses origines et ses vraies motivations. C'était vrai. Mais tant qu'il gardait ce secret, il n'aurait rien à craindre, ni de Diluc, ni de personne.
Allongé l'un en face de l'autre, la petite voix de Kaeya s'éleva dans l'obscurité:
"Merci Diluc."
Une petite main chaude vint attraper la sienne. Le garçon à la peau mate ne pouvait le voir dans le noir, mais il était sûr que Diluc était en train de lui sourire.
"De rien Kaeya. Je t'avais promis que tu resterais. Et je tiens toujours mes promesses."
"Mais... Pourquoi?"
Un petit silence d'à peine quelques secondes passa, ce qui parût bien trop courts aux yeux de Kaeya pour préparer une réponse adéquate à cette question si complexe: pourquoi lui venir en aide? Il comprenait que Diluc se sentait seul et voyait en lui un compagnon de jeu, peut-être au même titre que ses jouets, mais cela ne justifiait pas de vouloir tout partager avec lui. Et Kaeya sentait qu'il ne serait pas tranquille tant qu'il ne saurait pas. Il avait besoin de connaître les vraies motivations du fils de Crépus, afin de mieux se préparer pour l'avenir.
Rien ne le préparait à ce qui allait suivre.
"C'est parce que tu étais si triste quand tu es arrivé." Répondit doucement le garçon aux cheveux rouges. "Je sais que c'est triste d'être seul... Alors je voulais t'aider."
L'aider.
Juste l'aider.
Sans rien demander en échange. Pour Kaeya, cela semblait illogique. On attendait toujours quelque chose de la part de quelqu'un en l'aidant. tout avait un prix. Et il était sûr que Mondstadt ne faisait pas exception à la règle, sinon ils n'auraient eu aucun mal à trouver quelqu'un pour s'occuper de lui. Non, ce n'était pas culturel, et pourtant Diluc semblait sincère. Et cela toucha Kaeya, bien plus qu'il ne l'aurait pensé. Quelqu'un qui s'investissait pour lui sans compter. Sans le connaître. À quel point Diluc était-il prêt à donner de lui-même juste pour aider son prochain?
"Est-ce que cela veut dire... Que tu peux me promettre de ne jamais me laisser seul."
"Oui, c'est promis."
"Vraiment?"
Comment pouvait-il promettre comme cela, aussi légèrement?
"Vraiment. Si tu me promets aussi de ne jamais me quitter, alors on restera ensemble pour toujours."
Kaeya attrapa alors la deuxième main de manière à ce qu'ils ne puissent pas se lâcher l'un l'autre.
Elle était si chaude, et si douce. Il l'avait senti plus tôt, mais quand Diluc le touchait, lui qui n'avait connu de contact physique affectueux, il avait l'impression que son coeur s'enflammait. Mais ce n'était pas seulement les sensations. Diluc lui donnait un sentiment de sérénité et d'accomplissement. C'était comme s'il venait de trouver une partie de lui-même en Diluc. Quand il le touchait, il avait l'impression d'être capable de tout, de supporter tout. Il n'arrivait pas à mettre un mot sur tous ces sentiments qui l'envahissait d'un coup, et contre lesquels on l'avait mis en garde.
Ne t'attache pas.
Mais comment pouvait-il ne pas s'attacher? Cette promesse était sûrement la seule qu'on lui avait faite qu'il savait être sincère. On lui avait toujours dit de ne jamais croire quelconque engagement d'autrui, car ils ne concernaient que ceux qui voulaient bien y croire. Une parole se brisait si facilement lorsque l'honnêteté et l'intégrité n'avaient aucune valeur à ses yeux. Mais le garçon aux cheveux rouges était justement la personne la plus honnête et la plus intègre qu'il ait connu de toute sa vie. Il ne pouvait pas lui refuser sa confiance, et encore moins rester détaché de lui, car il était bien trop tard pour cela.
Et pour cela, alors il voulait croire du fond de son coeur que jamais Diluc ne l'abandonnerait.
