Galette à la frangipane, mes bien chers adelphes ! À l'heure où j'écris ces mots, j'avance très bien dans l'écriture du prochain chapitre. Quand je l'aurai fini, ça sera la première fois depuis des mois voire années que j'aurai à nouveau de l'avance sur mon rythme de publication. Si j'arrive à écrire le suivant en moins d'un mois, je pourrais même reprendre un rythme de publication régulier ?!
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Réponse aux reviews :
Hello Emmaiwenn, alors en fait c'est justement parce que Justine n'est qu'une ado que j'ai choisi la Chorée de Huntington. Parce que comme je le dis quand le personnage est introduit pour la première fois, la version juvénile de la Chorée de Huntington est extrêmement fulgurante, avec un taux de mortalité de 100% en quelques années. En outre, il s'agit d'une maladie neuronale (neurodégénérative), qui touche donc une partie de l'organisme que les sorciers connaissent très mal. Donc la maladie est fatale chez les moldus et carrément inimaginable chez les sorciers. Autrement dit, elle est foutue.
Salut Tiph ! Ha ha, je vois que les théories autour de Loki se multiplient.
Alors, Morgana ne peut pas juste rescussiter Justine pour un détail con : les porteurs de sceaux doivent être capables de transmettre leur sceau avant leur mort, soit par le sang soit par la volonté. Hors, une morte-vivante ne peut ni procréer, ni avoir de volonté propre. Il faut bien retenir ce détail pour le chapitre ci-dessous : les serviteurs de Morgana sont des marionnettes très intelligentes, pas des personnes conscientes à proprement parler. Pour rentrer dans le métaphysique, ils n'ont pas d'âme.
Chalut Allan ! Ah bah après c'est pas mon problème si t'es pas à jour, hé ho. C'est en ligne, tu te débrouilles !
Alors oui du coup c'est possible vu que c'est prévu. Mais tu verras que c'est fichtrement capillotracté.
Par contre dans l'absolu c'est faux : une hybride de nymphe peut devenir une nymphe si elle est gestationnée par la nymphe (donc conçue avec un mâle humain, ce qui n'est pas le cas de Camille).
Et aussi les satyres qui sont des fœtus de chevreaux touchés par la magie.
Bah en fait c'est vraiment comme essayer de se souvenir d'un rêve. Tu te souviens à long terme des éléments que tu as pu rationnaliser pendant ta phase de réveil, mais tout le reste disparaît totalement. C'est d'ailleurs pour ça que beaucoup notent leurs rêves. C'est un truc du cerveau qu'on comprend encore très mal. Mais du coup, Mathis se souvient que c'était un rêve conscient très détaillé, très long, et a de nombreuses brides de souvenir, mais l'essentiel de ce que nous avons pu voir dans les premiers chapitres, lui l'a oublié.
Emrys fait effectivement la même chose avec… bah non pas les six, mais quatre des Loups. Isadora et Danielle n'ont pas vécu le cauchemar pour des raisons similaires : grande distance plus grands pouvoirs psychiques (plus de distance pour Isa, beaucoup plus de puissance pour Dani). Le don de Gamaliël a ses limites, même si Emrys est un démon extrêmement puissant en lui-même.
Alors oui du coup les cambions ont existé il y a très longtemps. Pas au Moyen-Âge, parce que contrairement à ce que Poudlard raconte, Merlin n'a jamais été à Serpentard : il a vécu dans les années 300, soit 700 ans avant la création de Poudlard… À l'époque, il y avait beaucoup plus de démons sur Terre, donc plus de cambions. Certains ont eu une descendance, mais par la suite les cambions étaient massacrés puis les démons ont presque disparu de la Terre. Et du coup oui, il y a des descendants de cambion qui ont des pouvoirs spécifiques à leur ancêtre, comme par exemple les illusionnistes qui pourraient descendre de Crocell, le démon des mirages décrit comme un sosie d'ange (ou une illusion ?), très beau avec d'immenses ailes blanches, donc il a dû pécho grave le saligaud.
Tout depuis le réveil jusqu'à la fin de ce prochain chapitre se passe au mois d'août 2019.
En fait Emrys se "cache" dans Aimée-Lyne Hastier, le temps que son corps s'habitue au monde humain. C'est un peu une combi anti-UV, pas un pyjama de chair.
Rogan les téléporte vers une arche de Brocéliande, pas vers Avalon directement.
Mais qui t'as dit que Morgana était vraiment folle ? Tu connais l'expression "l'Histoire est écrite par les vainqueurs" ?
Headcanon : les Koenig ont du sang de dryade. Ça expliquerait effectivement le côté show queens qui se téléportent derrière toi pour s'incruster dans ta conversation.
Et oui, à tout le reste.
Bonjour Icequeen ! Ça faisait un bail, ravi de te retrouver ! Ah c'était une torture de ne plus réussir à écrire. J'en ai besoin, c'est viscéral. Je finirai ELM même si je dois y passer ma vie, et dès que j'ai fini j'ai encore des tas de projets. Comme Margaret Weis pour Dragonlance, j'écris pour un collectif d'auteurs mais je n'aurais pour autant aucun scrupule à en écrire 50 à moi tout seul.
Bon bah du coup tu as pu voir de l'épigéen dans le chapitre 5, et pendant mon Lexember. La langue manque de vocabulaire pour être fonctionnelle, mais sa grammaire est complète et passe tous les tests structurels.
Ah, un petit point de ta question est inédit, du coup je m'y attarde : effectivement, ce qu'ils ont fait dans le cauchemar aura des conséquences sur le présent ! Les marques de mort de Mathis en étaient un indice. Du coup, t'as gagné une question en MP, bravo !
C'est TOTALEMENT à cause de Bender que j'ai choisi cette chanson.
J'ai le plan général de tout le reste de la saga, le plan détaillé du tome 5 chapitre par chapitre, mais dans le corps du texte la priorité est la cohérence des personnages. Donc s'ils doivent réagir d'une manière qui n'est pas compatible avec ce que j'ai prévu, je change ce que j'ai prévu pour ne jamais risquer d'OOC. On peut me reprocher des tas de choses, surtout que ma fic est trop compliquée à suivre, mais jamais que mes persos sont inconsistants !
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Avant le chapitre, j'ajoute une très longue note d'auteur. Elle ne fait pas partie du chapitre, mais toutes les infos que je donne dedans sont canons, donc je vous conseille de la lire.
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CECI N'EST PAS (que) UNE RÉPONSE À UNE REVIEW. CETTE SECTION COMPORTE DES EXPLICATIONS IMPORTANTES, ET DES INFORMATIONS INÉDITES.
Salut Athenos ! Plus j'avance dans la réponse à tes reviews, plus c'est long, et plus il y a de détails qui peuvent intéresser tout le monde. Donc plutôt que de laisser un pâté énorme au milieu des petites reviews, ou de te répondre injustement en MP, voici toute une section pour toi et au profit des autres.
J'ai peut-être échoué à le souligner, mea culpa, mais effectivement Nilüfer et Erwin n'ont jamais pu se supporter. Ça peut paraître bizarre à certaines personnes que deux membres d'une bande d'amis très soudés ne soient pas amis du tout, mais l'ayant vécu je confirme que c'est parfaitement possible de détester quelqu'un avec qui on passe toutes nos journées par personnes interposées.
Dire qu'Erwin a perdu son meilleur ami, c'est déjà partir du principe qu'Erwin avait des amis. J'ose espérer que les lecteurs ont au moins remarqué que Mathis était beaucoup plus proche des autres de la bande alors même qu'il partageait sa chambre toute l'année avec Erwin. C'est simplement qu'Erwin est très réservé. De ce qu'on a vu de sa mère et de sa tante on aurait pu douter, mais en tant qu'aîné et surtout garçon d'une famille traditionnel, il a surtout été élevé sur le modèle de son père, qui est le fils du patriarche d'une famille de sympatisants grindelwaldiens/nazis, et neveu du Ministre de la Magie. C'est horrible à dire et elle ne l'a sûrement pas vécu comme ça, mais Karol y a largement gagné au change d'être rejetée par sa propre famille.
Et justement, c'est aussi pour ça qu'Erwin accepte aussi facilement l'idée que les problèmes viennent des moldus : il a été élevé dans ces idées, et n'avait commencé à les rejeter qu'à cause du traitement que recevait sa soeur. Amara et compagnie l'auront convaincu que ce qui compte est le sang et non le pouvoir, et donc que sa soeur cracmole vaut bien mieux que les sorciers nés-moldus parce qu'elle n'en reste pas moins une "princesse".
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Pour Nilüfer, je n'ai jamais eu trop l'occasion d'expliquer l'histoire de sa famille, alors voilà :
Enver Şentürk est un né-moldu français, nés de parents immigrés d'origine turque. Il a fait ses études à Beauxbâtons, puis a dû quitter l'école en fin de premier cycle pour des raisons financières, et a commencé à travailler comme maçon avec son père moldu. En quelques années, il a mis au point une technique de travail alliant le savoir-faire manuel moldu et la magie du bâtiment pour se spécialiser dans la restauration de monuments et bâtiments historiques, travaillant à la fois dans le monde Moldu et dans le monde Magique.
Süreyya Azerbas est la fille de Hikmet Azerbas, sorcier-ambassadeur de Turquie en France. On sait qu'elle a au moins un frère qui s'appelle Aziz, et qui était à Urtica. Contrairement à Enver, elle est donc de nationalité turque. De ce fait, elle a fait ses études à Isis la Grande, en Égypte (attention : l'école égyptienne porte ce nom parce qu'elle se trouve dans un temple de la déesse Isis, aucun rapport avec le nom anglais de Daesh !), puis elle est devenue diplomate itinérante, et ses séjours en France lui ont permis de rencontrer Enver presque par hasard.
Ils ont eu cinq enfants : Ahmet en 1997, Haydar en 1999, Tarkan en 2000, Bora en 2002, et enfin Nilüfer en 2005. Les cinq enfants ont la double-nationalité franco-turque, et donc le choix d'étudier soit à Beauxbâtons, soit à Isis la Grande.
Ahmet a choisi Beauxbâtons comme son père, les trois autres ont choisi Isis comme leur mère. Nilüfer, elle, a surtout choisi de s'éloigner de ses frères qui lui pourrissaient la vie.
Nilüfer Azerbas est la cinquième enfant et seule fille d'Enver et Süreyya. Elle est née au Japon et son second prénom est Kirarin (ce qui veut dire "étoile filante" en japonais), mais le Japon ne reconnaissant pas le droit du sol, elle n'a pas la nationalité japonaise. Elle a cependant eu l'honneur de recevoir une baguette japonaise lorsqu'elle y est retournée des années plus tard.
Alors pourquoi Nilüfer n'y connait rien au monde magique quand elle débarque, et a toujours des lacunes ?
– Enver est un homme simple, qui a grandi moldu et qui travaille toujours dans leur monde. Il a donc toute sa vie et encore plus en tant qu'adulte, relayé la magie à un outil secondaire plutôt qu'à une philosophie de vie.
– Süreyya étant une femme très importante, elle travaille énormément et passe relativement peu de temps avec sa famille, c'est donc surtout Enver qui a élevé les enfants : à la moldu, avec bénéfices de l'outil magique.
– La différence d'âge avec ses frères et le fait que les écoles sorcières soient des pensionnats à l'année n'a pas aidé à partager avec eux, surtout qu'ils passaient leurs vacances à l'emmerder et du coup elle à les fuir.
– Il faut savoir que la France a une politique très stricte de non-ingérence internationale. Son bureau des affaires étrangères se cantonne à accueillir les dignitaires étrangers en visite, il n'y a aucune agence de renseignement étatique (la Rosace est une agence privée ayant un contrat gouvernemental non-officiel avec le Secret), et il n'y a donc aucune ambassade magique étrangère en France ni française à l'étranger. Les sorciers-ambassadeurs comme son père sont donc logés à l'ambassade moldu, dans une aile certes séparée, mais où il n'est pas très prudent de faire usage de la magie.
– Même si leur principal point d'attache est la France, dans les circonstances citées ci-dessus, la famille voyage énormément. Du coup, Nilüfer a vu plus de pays qu'elle n'a pu avoir d'amis ou de points d'attaches dans le Monde.
Ainsi quand elle débarque à Beauxbâtons, elle n'est ni plus ni moins qu'une gamine isolée qui connaît l'existence de la magie mais n'a jamais pu mettre plus qu'un orteil dans le monde magique.
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Ah, le secret d'Émi ! En fait c'est un truc tout con : son oncle (le frère de sa mère, Angus O'Reilly) est un loup-garou. Quand Émi dit "même Angela n'a pas fait de remarque", c'est une référence au fait qu'elles s'étaient disputé lourdement quand Angela avait traité les loups-garous d'animaux, dans le tome 3 il me semble, suite à quoi elle l'avait raconté à Mathis. D'où le fait qu'il le savait déjà et que Sertorius, issu d'une famille de sang-purs hyper conservatrice, prend assez mal que sa copine sang-pure avec qui il aurait pu avoir des projets de mariage ait caché un lycanthrope dans sa famille. Comme Mathis le dit, "Serpent" veut se donner l'air cool en s'inspirant d'esthétique moldue, mais en vrai il est pire qu'Erwin.
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D'abord, le groupe auquel Carter appartient est la Légion d'Argent. Leur rôle est de protéger les porteurs de sceaux, les Loups d'Argent, à travers le temps. Les Loups d'Argent sont des personnes choisies, dont le sang est utilisé pour sceller la Faille des Pyrénées, qui est une déchirure entre "notre" monde et les Terres d'Argent. Cette déchirure, qui est un portail devenu entropique, était une tentative de créer une nouvelle porte d'Argent. Alors là je vais spoiler un point de la fic Les Marchands de Secrets de Dreamer, mais s'agissant du crossover c'est nécessaire (en outre, beaucoup de ces infos avaient été publiées avant qu'elle ne retire la fic pour la réécrire, et restent donc canons par les règles du Multivers), et je serai le plus succint possible…
Adoncques, il existe sept portes d'Argent menant aux Terres d'Argent (qui doivent ce nom au ciel argenté, pas au métal des portes), protégées par sept gardiens qui comme les Loups transmettent leur charge par le sang et/ou la volonté. Sept gardiens qui forment le Cercle d'Argent. Sept est un nombre magique très puissant, mais quatorze n'en est pas un. En revanche, douze en est un ; c'est pour ça qu'il y a eu cinq sceaux pour la faille, et sept portes scellées, pour un total de douze gardiens.
Mais voilà, il y a eu un problème : à cause de ce qui s'est passé lors de leur "invasion" de la Faille (quand Bash attaque Christian), il n'y a que six gardiens des portes pour sceller la faille de l'intérieur. Pire, dans le nouveau cercle, comme le rappelle Emrys dans le chapitre précédent, il y a des jumeaux dans le nouveau Cercle, donc ils ne peuvent faire que six sceaux de sang.
Il faut donc, pour maintenir l'équilibre, six Loups (qui portent ce nom parce que la faille a été ouverte dans un temple celtique du dieu-loup Lug, il n'y aucune symbolique magique en soi ! Tout comme le Cercle d'Argent se nomme ainsi parce que la salle des portes est circulaire, parfois faut pas trop chercher…). Voilà pourquoi il y a six nouveaux loups alors qu'il n'y en avait que cinq.
Alors comment ces nouveaux loups ont été choisis ?
Hé bien ça sera expliqué dans le futur donc je ne vais pas le dire, mais ce que je peux dire c'est que le fait que Justine va mourir très vite est important : au cas où c'était pas clair, si Justine meurt il sera impossible de fermer la Faille. Mathis s'en doute, d'où son insistance à ce qu'elle survive à tout prix, mais il n'a pas conscience de l'absoluité du truc. Et du coup oui, c'est Justine et non Mathis qui a le nouveau sceau. Lui a reçu le sceau de Pernelle Flamel, en partie à cause de son plongeon partiel dans la Fontaine Flamel.
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Pour "l'erreur de Harry Potter"… Il faut prendre en compte deux choses :
1) Gamaliël (ici, Emrys) n'est pas omniscient. Cela doit venir de son sous-fifre Chaigidel, mais pour des raisons évidentes et d'autres qui le sont moins, il ne peut pas se servir de ce pouvoir. Donc Emrys n'a pas la science infuse. C'est d'ailleurs pas la seule connerie qu'il dit dans son interprétation.
2) Emrys manipule Mathis, qui lui s'est approprié une prophécie qui ne le concernait pas. Il veut le faire douter, lui faisant croire que c'était désormais son destin comme ça aurait été le cas pour Harry, alors que pas du tout.
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6) Aller-retour avec dommages collatéraux
En juin 2019, Chaigidel avait provoqué une évasion massive des cellules spécialisées du secteur A-0. Il n'avait fallu que deux jours aux dizaines de prisonniers de se libérer mutuellement, et de purger leur organisme des sédatifs les paralysant. Ils avaient pensé un temps se barricader dans le souterrain blindé pour pouvoir libérer le Vide en toute quiétude, et Chaigidel avait demandé à Héphaïstos de souder la porte. Ce qui n'avait pas empêché Zomiel et Loki de s'évader avec le mystérieux Apocalypse, mais aucun d'eux n'était important. Seul le Vide comptait à présent.
Mais lorsqu'ils furent confrontés à des gardes lourdement armés qui semblaient sortir de nulle part, Chaigidel dut se rendre à l'évidence. Il utilisa son pouvoir d'omniscience sur catalogue, et apprit ainsi que l'ascenseur descendant à la grotte marine où était retenu le plus puissant prisonnier de la prison déservait l'étage supérieur, dans une aile du A-1 uniquement accessible aux gardes. Héphaïstos avait alors fait sauter la porte, et les plus puissants prisonniers d'Europe, portant tous des noms de dieux mythologiques, mirent moins d'une journée à prendre le dessus sur la totalité de l'île carcérale. Il y eu quelques morts par excès de zèle, mais Chaigidel avait ordonné que les gardiens soient tous faits prisonniers et traités correctement, car eux-même n'avaient jamais été violents avec les prisonniers.
Société primale à majorité masculine, Chaigidel eu la présence d'esprit d'assigner les femmes prisonnières aux cuisines. Cela calmait les esprits étriqués qui ne supportaient pas de traiter une femme comme une égale, mais ça les mettait également à l'abri dans les cuisines. En outre, la majorité des prisonnières étaient de l'asile. Le Seigneur des Mouches, comme se faisait déjà appeler Chaigidel, manipulait les gens en leur faisant croire qu'il était le seul à leur offrir ce dont ils pensaient avoir besoin grâce à ses suggestions. Une forme de manipulation impossible, face à un esprit instable.
Parmi ces prisonnières, l'une d'elle se considérait parfaitement saine d'esprit, et n'avait échappé au bâtiment B que parce qu'elle était encore mineure. Nilüfer était ardue à la tâche, prenant presque goût à la cuisine malgré les circonstances, et s'était arrangée pour être dans les bonnes grâces de Geb le jardinier pour faire partie de l'équipe chargée de nourrir les gardes entassés dans les grandes cellules de transfert du bâtiment frontal.
À chaque fois qu'elles s'y rendaient, malgré les gamelles qu'elles portaient, les prisonnières qui l'étaient encore pouvaient sentir la puanteur atroce qui émanait du hall. La première fois que cette équipe avait été envoyée dans le bâtiment frontal, Geb avait trouvé très amusant de les mener jusqu'à l'entrée, où Zomiel et Nico avaient massacré des dizaines de gardes et de tireurs d'élites venus en renfort par le point de transplanage. Beaucoup avaient vomi tripes et boyaux, mais Nil était restée de marbre. Coup sur coup, elle avait en moins d'un an assisté au poignardage de son frère qui était presque tombé sur elle, puis à l'horreur qu'elle avait elle-même fait subir à Erwin.
Bien sûr, la scène d'horreur qui se déroulait sous ses yeux était au-delà du descriptible, mais elle était déjà traumatisée. Geb avait qualifié la lueur dans son regard de "délicieusement sombre", et l'avait assignée à l'équipe permanente. Depuis, personne ne semblait avoir nettoyé le hall.
– Nilüfer, ça fait plaisir de te revoir ! s'exclama Leonas Hastier comme il le faisait tous les jours. Comment est la météo ?
Nilüfer pencha la tête, avec un regard équivoque. Ses cheveux étaient terriblement frisés par l'humidité.
– Il pleut à seaux. Seaux salés bien sûr, sinon ça serait pas drôle. Je tuerais pour un bon schampooing…
La remarque tira des murmures d'indignations parmi les gardes, qui avaient perdu plusieurs des leurs.
– Rhoooh ça va je plaisante, s'exaspéra Nilüfer. J'ai jamais tué personne moi, je suis une gentille…
– C'est ce qu'ils disent tous ! cracha une gardienne. On sait pourquoi tu es ici Azerbas, ce n'est pas pour avoir volé des fleurs.
– Fous-lui la paix Nuitari ! intervint Leonas. Nilüfer, s'il te plaît, raconte-moi encore une anecdote à propos de ma fille…
– Mmmh… Je vous ai raconté la fois où elle s'était perdue pendant presque une heure parce que le concierge aveugle avait inversé deux tableaux ?
– Ah ah, non ?
– Alors, c'était en 3ème Année, donc Camille commençait enfin à se repérer entre les étages, mais ce jour-là M. Épidon avait décidé de décrocher les tableaux pour les épousseter, et comme vous le savez, il est aveugle. Alors…
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À Brocéliande, Oriande venait d'apprendre au petit groupe que Camille souhaitait rester avec sa mère, pour apprendre à la connaître un peu. Elle pensait avoir encore un espoir de sauver son autre mère, et leur faisait confiance pour sauver son père s'il était encore en vie.
Mathis était circonspect, ne sachant toujours pas pourquoi il était censé connaître la jeune dryade (qui malgré ses dires, ne devait pas avoir plus de vingt ans réels, il en était persuadé), mais ils ne purent que la croire sur parole, car le temps pressait.
Ils venaient de rejoindre l'arche par laquelle ils étaient arrivés lorsqu'une silhouette sombre s'abattit presque à côté d'eux. Avant même quel la poussière ne retombe, Joséphine fut la première à le reconnaître :
– Étienne ?! Qu'est-ce que tu fous là ? Morgana a oublié de nous dire quelque chose ?
– Non c'est moi… Je lui ai demandé de vous accompagner.
– C'est plus à nous qu'il faudrait demander ce genre de chose, fit remarquer Mathis.
La marionnette zombie, ex-Duc Infernal, ex-Loup d'Argent, ex-Mangemort, se tourna vers l'adolescent avec un air de soumission pitoyable.
– Je t'en pries Mathis, laisse-moi vous accompagner.
– À quoi vous me serviriez ? Vous n'avez jamais mis les pieds à la Giraglia, si ?
– Détrompes-toi. J'y suis allé une fois… Le jour où Chaigidel et Samaël se sont fait arrêter pour avoir tenté de faire évader le Vide. J'étais avec eux, et je me suis enfui en m'envolant quand les choses se sont corsées. En revanche, j'ignore comment Samaël a pu s'évader, ce gamin me foutais trop les jetons pour que j'ose lui demander des comptes… En tout cas, j'ai des comptes personnels à régler avec Chaigidel.
Mathis sembla réfléchir intensément, puis acquiesça. Ensuite, il révéla :
– D'une manière que j'ignore encore, Samaël a échangé sa place avec le véritable Limier quand Richard Magnus l'a fait libérer pour enquêter sur vous. Un sort de confusion sur le pauvre gendarmage, et le tour était joué. Angela m'a confirmé qu'après avoir vérifié ses vieux dossiers, son père s'est rendu compte que le prisonnier qu'il avait fait sortir était beaucoup trop jeune… et pas si ressemblant.
– Je doute qu'un sort de confusion aurait suffi, intervint Joséphine. Il aura probablement altéré sa mémoire. Lui, ou le véritable Limier.
– C'est possible, ça ? s'horrifia Visperi.
– Un puissant psychomancien peut le faire, confirma gravement Rogan. Je suis sûr que Maître d'Armonval en est parfaitement capable.
– Et chaque jour, la magie m'horrifie un peu plus, déplora Mathis. M'enfin… Vous pouvez venir, Duncan.
– Tu peux m'appeler Étienne.
– Vous n'êtes pas mon ami, Duncan, répliqua sèchement Mathis.
À cause d'Étienne Duncan et d'Eletheńq Nıkćachıśulı, qui n'étaient certes pas des plus discrets, Mathis dut renoncer à retourner chez les Brisebois pour planifier la suite. Il tenta de convaincre Visperi de rentrer avec Rogan, mais la jeune septère le dissuada en le menaçant de lui arracher un bras et de lui fourrer dans le… Tout ceci n'était guère constructif, et Mathis n'était pas très enjoué de perdre la face devant les trois adultes tueurs de masse sous ses ordres.
Ils durent planifier les derniers éléments dans les bois. Joséphine révéla que Nico avait un moyen de téléportation qui n'était pas restreint par les barrières anti-transplanage, mais qui était extrêmement bruyante. L'aire de transplanage, point le plus éloigné de l'île par rapport aux bâtiments de la prison, était donc malheureusement leur seule entrée possible. Il était convenu que Duncan, qui avait perdu ses capacités d'animagus après sa mort mais conservait ses ailes de Duc, pourrait s'envoler à tire-d'ailes et prendre la prison à revers. Joséphine la métamorphomage devait réussir à s'infiltrer, et c'est Nico qui suggéra une tactique. Ce fut un processus long et difficile, l'himnikoyard étant incapable de parler une autre langue que la sienne, et Joséphine la comprenant assez mal. Elle déplora l'absence de Loki, qui semblait avoir un vrai talent pour l'apprentissage des langues, même aussi compliquée que l'Aczu Śavnecze.
– À quoi il ressemble, ce Loki ? Comment est-il ?
– Euh, la trentaine… quarantaine… cinquantaine… J'en sais rien. J'ai l'impression qu'il utilise ses pouvoirs pour brouiller ses traits en permanence afin d'être méconnaissable. En tout cas il est brun, et assez grand. Grande-gueule, mais très réfléchi : en général il m'amuse, mais parfois il me fait froid dans le dos. Si on ne compte pas Nico qui ne semble pas vraiment être là, perdu dans ses pensées, Loki est le seul être vivant à s'être volontairement mis au service de Morgana. Je ne peux rien dire quant à ses activités parce qu'elle me l'interdit, mais même les ducs n'allaient pas aussi loin. Sauf Samaël, bien sûr.
Mathis réfléchit intensément :
– Je me pose une question… Samaël serait-il brun, la trentaine, par hasard ?
– Euh oui effectivement ! Comment tu le sais ?
– J'ai le pressentiment que "Loki" est le véritable limier. Et s'il est resté à la Giraglia au lieu de profiter de sa propre extradition, c'est qu'il cherchait quelque chose… Qu'il a trouvé.
– Et tu te bases sur quoi, à part ton intuition et ses cheveux bruns ? intervint Étienne. C'est assez maigre, je dois dire…
– Sur des éléments que je ne vais pas vous révéler. Je ne fais pas confiance à Morgana.
– Et tu as bien raison, asséna Joséphine. Bon alors, on se lance quand ?
Mathis expliqua qu'au crépuscule, la lumière jouerait en leur faveur. À l'heure grise, où l'horizon se confondait dans la mer et dans le ciel, ils seraient comme des fantômes. En quelques sorts basiques, ils changèrent leurs habits et les plumes d'Étienne en gris, et se maquillèrent de poussière de grès. Enfin quand Étienne, perché au sommet d'un chêne, leur donna le signal, tous attrapèrent la main de Nico… Et furent violemment projetés en arrière dans une explosion.
Dans le bourdonnement de ses oreilles, Mathis crut entendre Nico prononcer "zonme" avant que son dos ne heurte violemment un rocher.
Ses poumons se bloquèrent par réflexe, et il suffoqua, incapable d'inspirer pendant de longues secondes.
– Hhhhhhhhhh ! put-il enfin inspirer douloureusement. Aïe.
– Urgh, gémit Joséphine. S'ils ont entendu la même chose que nous, toute la prison est au courant de notre arrivée. Tout le monde va bien ?
– C'était quoi ce bordel ?! râla Étienne.
– Ph ackvudteı ućpıreldph tphk chasem, répondit posément Nico.
– Qu'est ce qu'il dit ? s'enquit Visperi.
– Euh, un truc à propos d'air et de corps, supposa Joséphine.
– Ah bah oui ! La poussée d'Archimède, réfléchit Mathis. Le bang du transplanage doit créer une zone de dépression d'air pour ne pas que le corps se désartibule en fusionnant avec des bulles d'air dans le sang. Mais avec une forme de magie plus brute, le déplacement d'air prend la forme d'une onde de choc.
– …
– …
– …
– … Tu crois vraiment que c'est le moment de philosopher, gamin ? râla Étienne.
Mathis secoua la tête d'agacement.
– Si ici l'apparition de notre corps à la place de l'air a provoqué une onde de choc, ça veut dire que le bruit d'explosion qu'on a entendu était en fait l'implosion de l'air qui prenait notre place à notre disparition. Autrement dit, le bruit a eu lieu à Brocéliande, pas ici.
– Eleszephe śesam.
– Tu m'étonnes Elton, approuva Joséphine. Bon alors petit génie, c'est quoi la suite du plan ?
– Nilüfer est détenue dans le A-2, elle fait des travaux d'intérêt généraux dans la maison de repos. Mais nous ne pouvons pas accéder au bâtiment A sans passer par la cour intérieur. Duncan va partir en reconnaissance. Je doute que Nilüfer le suive, mais selon les prisonniers ou gardes présents, il choisira soit de faciliter nos chances d'entrer, soit de les prendre à revers.
Nous quatre allons entrer par la grande porte. S'il y a des gardes ou que le système de surveillance est toujours opérationnel, nous ne pourrons pas compter sur l'effet de surprise. C'est pourquoi il nous faut une entrée fracassante.
Mathis échangea un regard avec Joséphine et Nico, qui acquiescèrent. Ils avaient déjà abordé ce point du plan avant de partir.
– Lupin va faire une entrée fracassante, en provoquant la même tempête ionique qui lui a permis de s'évader. Nico ouvrira la voie pour Visperi et moi. Deux enfants qui courent dans une prison qui en accueille, ça devrait passer inaperçu dans le chaos. Visperi me guidera, et au pire je pourrai la défendre.
– Hé, je sais me débrouiller toute seule ! râla l'adolescente.
– Certes, mais tu es plus importante que moi dans ce plan. Nous devons rejoindre le hall menant à la cour intérieure, et y retrouver Duncan. S'il ne nous rejoint pas, c'est qu'il y a un problème, et il faudra nous cacher jusqu'à ce que Nico ou Joséphine nous rejoigne. Je répète, Visperi : on ne sort pas seuls. Et en cas de difficulté, il faut fuir, et se cacher à proximité de la zone de transplanage.
– Compris, compris…
– Ensuite, nous devons prendre contact avec Nilüfer, et l'extrader. Peu importe avec qui elle est, on n'emmène personne d'autre.
– Et si elle refuse ? demanda Joséphine. Elle a pu s'attacher à d'autres prisonniers qu'elle voudra sortir de ce merdier.
– Aucune exception, asséna Mathis. S'il faut, je la stupéfixierai moi-même. C'est peut-être une duelliste redoutable, mais elle n'aura pas de baguette. Duncan, tu pourras la porter, le cas échéant ?
– Pas en volant, et si je la porte je serai inutile au combat.
– Merde. Impérium ?
– T'es sérieusement en train de nous suggérer d'utiliser un Impardonnable sur ton amie ? fit remarquer Joséphine.
– Un Impardonnable risque de déclencher les systèmes de sécurité de la prison, ou tout au moins l'alarme, intervint Étienne.
– Effectivement. Du coup, nous voilà obligé d'attendre Joséphine et Nico…
– Sa baguette d'ailleurs, comment on la récupère ? demanda Visperi. Contrairement à moi, elle ne peut pas faire grand-chose sans…
– On la considère perdue. Les Brisebois lui en fourniront une nouvelle. Ce qui compte, c'est de la faire sortir d'ici.
– Une fois que nous avons rejoint le bâtiment A, Nico et moi irons nous occuper de Chaigidel. Il ne doit surtout pas parvenir à ses fins.
– C'est lui qui est responsable de tout ce merdier ? grinça Visperi. Merde, dire que c'est moi qui l'ai sorti de sa transe chimique…
– Tu ne pouvais pas savoir. User de ses pouvoirs est tentant, concéda Joséphine. Mais au fait Azr… pardon, Étienne, tu as dit que Chaigidel avait été emprisonné alors que vous essayiez de libérer le Vide. Qui, ou quoi, est le Vide au juste ?
Étienne soupira.
– Le "Vide" est Murmur, un très puissant seigneur démon. Peut-être même le plus puissant démon du vide de tout le pandémonium, ou second derrière Lamia. Murmur était censé être Gamaliël, l'archiduc de Chaigidel.
– Mais si Chaigidel est omniscient, il doit savoir que le sceau de Gamaliël a été donné à Emrys, le père de Merlin ? fit remarquer Mathis.
– À mon avis, Chaigidel ne sert plus les intérêts des Ducs, grogna Joséphine. L'omniscience a dû lui révéler des choses que la Maîtresse des Enfers ne voulait pas qu'il voit. Je pense même que c'est pour ça qu'elle l'a doublé.
– On dirait que devenir des traîtres est votre destin à tous, ironisa Mathis. Vous savez qui elle est, d'ailleurs ?
– Non, répondirent les deux anciens ducs.
– Fe vuqam uvelań, grogna soudain Nico, l'air alerte.
Mathis paniqua, et sortit sa baguette.
– Qu'est-ce qui se passe ?
– Ha ha, il dit juste qu'on parle trop, ricana Joséphine. Cette phrase, il l'a sortie un nombre incalculable de fois à Loki…
– Il a raison, allons-y ! ordonna Mathis.
Étienne Duncan pris son envol. Les quatre autres trottinèrent, courbés, jusqu'au bâtiment. Mathis Devaux était le seul à tenir sa baguette. Eletheńq Nıkćachıśulı avait sa magie étrange, pliant la réalité à ses seuls mots. Presque tout aussi étrange, les pouvoirs de la septère Visperi Glazkov, qui, bien que beaucoup moins puissants, étaient instinctifs comme les pouvoirs innés des enfants, mais chez une adolescente en pleine possession de ses moyens. Joséphine Lupin, elle, utilisait les runes de sang qu'elle se gravait à même la peau pour amplifier ses pouvoirs élémentaires. Ayant une affinité naturelle à l'élément simple d'air, elle s'était spécialisée dans l'électromancie, une mancie difficile à maîtriser et très destructive. Le côté magie rouge, presque noire, était venu ensuite, et elle avait encore beaucoup appris récemment au côté de Morgana Lefay. Mathis, le plus normal du groupe, ne devait au final sa place ici que pour son intelligence hors du commun. Bien sûr, il avait quelques pouvoirs, innés ou acquis, mais peu maîtrisés et bien inutiles dans ce contexte. Et puis même ce pouvoir d'illusion, qu'il pensait être propre… Ce "Loki" en maîtrisait apparemment une version bien plus puissante ! Cependant Mathis restait un duelliste plutôt doué pour son âge, et s'il ne chercherait pas à attaquer, il saurait bien se défendre. Toutes les chances étaient que les plus puissants prisonniers étaient la garde rapprochée de Chaigidel dans le A-0, ou avaient été laissés enfermés car trop dangereux pour son plan.
Peut-être qu'ils avaient fini par mourir de faim, en deux mois, pensa sombrement Mathis.
C'est justement l'odeur de la mort qui les arrêta. Ils s'approchèrent prudemment… et Mathis dût se retenir de vomir.
Depuis l'évasion de Zomiel, Loki et Nico, le charnier était resté tel quel. Le sang avait séché, et les carcasses des gardes pourrissaient librement.
– Qui a pu faire une chose pareille ? hoqueta Mathis, sous le choc.
– Je plaide coupable, avoua Joséphine. Je suis sincèrement désolée d'avoir dû en arriver là… Attendez…
Elle avisa un tas de cadavres en tenue de prisonnier.
– Ceux-là, c'est pas moi. Ils doivent se servir de cet endroit comme d'une morgue.
– Ça veut dire qu'on va pouvoir rentrer facilement par là, sourit Visperi que les montagnes de morts en putréfaction ne choquait pas le moins du Monde.
Elle essaya de pousser la porte vitrée, mais elle résista.
– On casse la vitre, ou on essaie de forcer la serrure avec un sort ? proposa Mathis.
– C'est une prison, fit remarquer Joséphine. Les serrures sont forcément protégées. Mais je pense que nous avons mieux : Nico ?
Le colosse d'or et d'argent s'avança, et désigna la porte vitrée du doigt :
– Ph ıtıtıceću śesam chas.
La vitre se mit à onduler, et Nico passa à travers.
– Il peut changer n'importe quelle matière minérale en gaz inerte, expliqua Joséphine. Mais ça ne dure que quelques secondes. Dépêchons.
Le trio d'humain le suivit à l'intérieur.
Si dehors l'odeur était déjà écœurante, à l'intérieur elle était carrément insupportable. Mathis ne put retenir un vomissement, qui en entraîna un autre de la part de Joséphine, et Nico dût invoquer une bulle d'air purifiée autour d'eux avant qu'il ne se mette lui-même à rendre le contenu de ses boyaux (dont Joséphine ignorait la nature d'ailleurs, ne l'ayant jamais vu manger).
Au cas où des prisonniers en faction les entendent, ils avaient convenu de communiquer par gestes. Mathis indiqua dont au groupe d'avancer en direction du mur de fond opposé au bureau d'accueil, pour contourner le tas de prisonniers morts le long d'un mur aveugle, et pouvoir aborder le couloir avec un angle de repli.
Après l'angle, il n'y avait personne. Et après, personne. Le couloir était complètement dégagé, le bâtiment semblait à l'abandon. Cependant Mathis entendit du bruit dans un couloir parallèle. Il fit signe qu'il tournait seul. Joséphine fit les gros yeux et "non" de la tête, mais Mathis bondit hors de la bulle d'air, mettant son t-shirt devant son nez pour respirer à travers.
Joséphine secoua la tête, et s'engagea derrière l'inconscient. Mathis avança prudemment, et les voix se précisaient. Soudain il sourit, et s'avança sans longer le mur. Il entendit Joséphine hoqueter de surprise, quand elle entendit Mathis lancer un :
– Hé !
– Qui va là ? demanda une voix.
Mathis sourit à la dizaine de prisonniers entassés dans une cellule.
– À vos tenues, je devine que vous êtes les gardiens ?
Joséphine s'avança.
– Et vous, vous êtes qui ? Où avez-vous trouvé ces habits civils ?! s'étonna le garde emprisonnés.
– Nous venons de l'extérieur. Nous sommes un commando d'infiltration, mentit effrontément Mathis.
– Qui serait assez insensé pour envoyer un gamin dans un merdier pareil ?! s'écria le garde.
– En réalité, je suis un très grand nain fraîchement rasé, assura Mathis. Excusez-moi, où puis-je trouver Leonas Hastier ?
– Grumbl, il est dans la troisième cellule, grogna le garde.
– Bien le merci ! Quand notre mission sera remplie, nous chercherons un moyen de vous libérer tous.
– Ce n'est pas ça le plan, souffla Joséphine.
Mathis l'ignora et s'avança de deux cellules, puis appela en essayant de ne pas trop hausser le ton :
– M. Hastier ? Leonas Hastier ?
Un homme brun mal rasé à l'air fatigué fit un geste sans prendre le temps de se lever de son banc. Il avait entendu la conversation précédente, et ne semblait guère en tenir rigueur.
– M. Hastier, je suis un ami de Camille…
Soudain, Leonas bondit du banc et se jeta presque contre les barreaux.
– Tu viens de l'extérieur, c'est ça ? Comment tu t'appelles ? Comment va Camille ? Elle n'est pas venue ici, au moins ?!
– Je suis le héraut de Mauvais Augure.
– Le chasseur de Ducs !? Alors c'est vrai, il emploie vraiment des enfants ?
– Hum. Camille va très bien, et elle a failli nous accompagner…
– Oh non !
– Mais elle a finalement rencontré… Elle a finalement rencontré sa deuxième mère biologique, la dryade, à Brocéliande.
– Oh m… Pfuuuh, je devais me douter que ça arriverait un jour. Au moins elle est en sécurité avec ses tantes…
– J'aurais des tas de questions à propos de tout ça, mais c'est pas le moment. Nous devons faire évader une prisonnière du A-2, vous auriez des informations utiles ?
– Une femme du A-2, tu dis ? Hmm…
– Une adolescente, en fait, précisa Mathis. Nilüfer, une amie de Camille aussi.
– Oh oh ! le visage de Leonas s'éclaira. Quelle aubaine ! Nilüfer fait partie de l'équipe de cuisine autorisée à venir nous apporter à manger, et d'après mon estomac, le repas ne devrait pas tarder.
– Oh.
Mathis se figea comme une statue, soudain plongé dans ses pensées.
– C'est vraiment pas une bonne idée de changer tout le plan, fit remarquer Joséphine.
– Nous avons une opportunité en or ! répliqua Mathis.
– C'est trop dangereux ! insista Joséphine.
– Hé mais je connais cette voix, s'écria soudain une gardienne prisonnière.
Elle bondit à son tour contre les barreaux, et gronda violemment :
– TOI ! C'est toi qui a tué tous nos collègues dans le hall ! Les gars, c'est Zomiel, celle qui a provoqué tout ça !
– Du calme, Nuitari ! intervint Leonas. Tu vas attirer les prisonniers !
– T'as pas entendu ce que je viens de dire, Hastier ?! C'est la femme qui a massacré la moitié de nos effectifs ! C'est à cause d'elle que nous sommes enfermés ici !
– Alors euh, je plaide coupable pour le massacre, et j'en suis désolée, avoua Joséphine. Je dirais bien que j'étais sous les ordres, mais mes seuls ordres étaient de faire évader Chaigidel, et j'ai échoué en beauté. Aujourd'hui, c'est le gamin qui donne les ordres. Par contre, pour le reste, tout est de la faute de Chaigidel.
– Zomiel, Chaigidel, j'en ai rien à foutre ! cria Nuitari. Je vais tous vous massacrer !
– SILENCE ! aboya Mathis, en faisant inconsciemment claquer un tentacule d'Ahta sur la gardienne qui se raidit. Zomiel est morte, et la retuer ne changera rien à la situation. Il faut mettre fin à tout ça, et si vous continuez à hurler à tue-tête, vous allez gâcher notre seule chance d'y arriver. Joséphine, va chercher Visperi, et dit à Nico de rejoindre Duncan, qu'ils aillent tuer Chaigidel.
Joséphine acquiesça silencieusement, ravie de s'éloigner de la zone de conflit.
– C'est vraiment toi qui donne les ordres ? remarqua un autre garde de la cellule, incrédule.
– Je fais ce qu'i faire, grogna Mathis. Les gens auront beau continuer à me diminuer par rapport à mon âge, ça n'affaiblira en rien ma détermination. Mauvais Augure me fait confiance, et je sais que j'en suis capable.
– Tu es sacrément courageux, mais aussi complètement inconscient, gamin. Tu as la moindre idée d'à qui vous vous attaquez ?
– Idéalement, à personne, grinça Mathis qui étudiait les environs. J'ai fichu tout notre plan à l'eau en venant dans ce couloir…
Il y avait une quatrième cellule vide après les gardes, et le couloir terminait sur un cul-de-sac. Une caméra y était accrochée, et Mathis pria pour qu'elle ne soit pas active ou du moins surveillée.
– Chaigidel a libéré de très dangereux prisonniers. Tous ceux qui préfèrent tourmenter les autres que de chercher à s'évader pour de bon. Tous les pires sadiques. Tu as la moindre idée de ce dont ils sont capables ?
– Et vous, connaissez-vous le prisonnier Apocalypse ? répliqua Mathis.
– Le deuxième pire prisonnier du A-0 ? hoqueta Leonas. S'il l'ont libéré, alors…
– En fait, quand Zomiel a provoqué tout ce bazar, elle a réussi à s'évader avec deux prisonnier : Loki et Apocalypse. Hé bien Apocalypse est celui que nous appelons Nico. Vous avez rencontré Joséphine, l'ex-Zomiel, et j'ai mentionné Duncan. Il s'agit d'Étienne Duncan, le Mangemort mondialement recherché, qui est devenu un Duc lui aussi avant que Mauvais Augure ne le tue. Loki, lui, est resté planqué dans la forêt, je crois…
– Qu'est-ce que tu racontes ? T'es en train de nous dire que ton équipe c'est le plus dangereux prisonnier à s'être évadé de cette prison et deux morts qui marchent Merlin sait comment ? se moqua Nuitari.
– Merlin je ne sais pas, mais Morgana oui. Après leur mort, Étienne et Joséphine sont devenu des pantins de Morgana Lefay. Certains d'entre vous ont peut-être eu écho de rumeurs disant qu'elle avait rescussité à Brocéliande ? Bah c'est vrai, et nous avons passé un pacte avec elle.
– Je retire ce que j'ai dit, soupira l'autre garde. Tu n'est pas inconscient, tu es fou à lier. Les gars, c'est probablement un évadé du A-1 qui n'a pas eu droit à ses médocs…
– Alors moi non, mais on a une ancienne du A-2 dans l'équipe.
– Vous voyez, râla le garde. Ils nous ont envoyé les fous pour se moquer de nous. Une forme de torture encore pire que de supporter les séances de sport de Nuitari…
– Ouvre encore ta bouche pour dire des conneries, et tu seras mon punching-ball pour ma prochaine séance, gros plein de soupe. Hé gamin !
– Hum ?
– Si tout ce que tu dis est vrai, pourquoi prendre autant de risque pour libérer une seule prisonnière ?
– C'est la clef d'une prophétie, indiqua Mathis, avant de se détourner. Il n'y a aucune cachette dans ce couloir, mais ce coin est assez sombre. Joséphine, tu penses pouvoir atténuer les lumières ?
– Tesla bénisse les néons électriques, répondit Joséphine, en attrapant son stylet pour commencer à se scarifier le bras gauche.
– Nous allons nous mettre tous les trois dans ce coin. Je vais essayer de nous cacher derrière une illusion opaque, mais il nous faut moins de lumière. Joséphine ?
– Presque… Voilà !
Elle ajouta un dernier trait aux runes gravées sur son bras, et le leva vers le néon. Elle envoya une impulsion électrique, et le néon grilla presque instantanément. Le starter clignotait encore faiblement, produisant ce petit bruit agaçant typique des néons en fin de vie. Joséphine chancela.
– Parfait, approuva Mathis.
Ils s'entassèrent dans le coin, et attendirent. Mathis ne pourrait pas tenir l'illusion longtemps, alors ils devaient attendre le dernier moment, et croiser les doigts.
L'attente ne fut pas si longue que prévu, et Mathis réalisa que la discussion avec les gardes avait failli leur coûter la vie.
Un bruit de casseroles et de roulettes précéda le cortège de cuisine. Une demi-douzaine de femmes accompagnées d'autres prisonniers qui étaient identifiables par leur attitude comme leurs joaillers.
– C'est l'heure de la bouffe, les affreux ! s'exclama l'une d'elle.
Les gardes s'alignèrent d'eux même derrière les barreaux, et le service s'organisa. Comme Mathis l'espérait, elle s'étaient déployées pour surveiller les autre prisonnières et la seule issue. Personne ne prêtait attention au recoin sombre. Il fallait juste attendre la bonne opportunité…
Soudain, une des prisonnières armées qui surveillait le couloir se retourna et s'avança vers eux :
– Il déconne depuis combien de temps ce néon ?
– Il… Il a commencé à déconner il y a une heure ou deux.
– On ne peut pas vous laisser dans la pénombre comme ça, c'est trop dangereux. Marie, tu sais s'il reste des tubes neufs dans la réserve ?
– Tout une palette, assura une autre prisonnière armée.
– Va en chercher tout de suite.
La dénommée Marie acquiesça silencieusement, et partit au pas de course.
– Rhaaah, ça m'agaçe ce truc ! Diffindo !
De ce sort, elle trancha le néon en deux, et une pluie de verre s'abattit. Mais à l'instant même où une des moitiés du néon se fracassait au sol, Mathis choisit d'attaquer :
– Incarcifors !
Il saisit au vol la seconde moitié du néon, et la changea en collier étrangleur. Cependant, son usage du sort fétiche de Nilüfer n'était pas aussi précis que celui de son amie ici-présente, et les bords tranchants du néon brisé tournoyèrent autour de la gorge de la prisonnière, la lacérant.
Sans même réaliser qu'il venait de commettre son premier assassinat de sang-froid, il bondit en avant, et cria :
– CHARIOT !
Joséphine comprit, et termina une rune sur son bras d'un coup de lame, pour invoquer un puissant charme de vent qui projeta le chariot dans les airs en direction de deux des surveillantes.
– Incarcifors ! lança-t-il à nouveau.
Le chariot se changea en une sorte de poulpe qui enserra les deux surveillantes. Mathis ne relâcha pas le sort avant d'entendre un craquement d'os et un hurlement. Sans ralentir sa course, il fonça sur la quatrième et dernière surveillante, la seule à garder le couloir suite au départ de Marie.
– D'où tu sors, toi ?!
Mathis ne prit pas la peine de répondre.
– Expelliarmus ! Flipendo ! Enervatum !
La sorcière dévia facilement chaque sort, de sortilèges de déflection informulés. C'était une duelliste accomplie, et Mathis n'avait aucune chance.
– Avada Kedavra ! lança la gardienne.
Mathis n'eut même pas le temps de réfléchir, qu'il fut projeté sur le mur à sa gauche par un puissant souffle. Il ressentit une violente brûlure sur sa joue. Devant lui, la sorcière avait perdu l'équilibre, et alors qu'elle allait à nouveau attaquer, elle se raidit et son cou se tordit dans un angle improbable dans un craquement dégoûtant. Elle s'effondra, et Mathis put voir Visperi qui se tenait derrière elle, sa baguette à la main et une lueur rougeâtre autour de l'autre.
Il sentit quelque chose de poisseux sur son bras, et s'apperçut qu'une grande quantité de sang s'écoulait de son visage.
Visperi se précipita sur lui :
– Vulnera Sanentur. Ça va, rien de cassé ? Qu'est-ce qui s'est passé ici ?
– Je, j'ai pas compris… bégaya Mathis, encore sous le choc. Elle… elle m'a jeté un sortilège de mort et soudain…
Il tourna la tête, et croisa le regard de Joséphine. Celle-ci leva le pouce, le sang coulant à filet de son bras. Elle s'effondra.
– Joséphine ! s'écria Mathis, oubliant de l'appeler par son nom de famille.
Visperi l'examina.
– Elle s'est entaillé l'artère en traçant sa rune de sang trop vite, elle se vide de son sang.
– Vite, utilise ton sort ! la pressa Mathis.
– Ça ne servirait à rien, déplora Visperi. Ce n'est pas assez puissant…
– On fait quoi alors ?!
– Il faut lui faire un garrot, intervint une des prisonnières.
Sans attendre de réponse, la vieille femme décrocha un torchon de sa ceinture, et en déchira une bande qu'elle noua autour du bras de Joséphine.
Il y eut un moment de flottement, et soudain Nilüfer s'écria :
– Mathis !? Visperi ? Mais qu'est-ce que vous foutez là ? Et je rêve ou c'est Zomiel ?!
– Ha, vous voyez que c'est elle ! râla Nuitari à travers les barreaux.
– Longue histoire, Mauvais Augure a fait un pacte avec Morgana pour te sortir de là, expliqua Mathis, plus focalisé sur le couloir que sur son amie.
– Mais… mais pourquoi ?
– La prophétie de Sindari, c'était pas à propos d'Eurydice, c'était à propos de toi, répondit Mathis de même, avant de s'éloigner. Visperi, où sont les autres ?
– Ils ont réussi à entrer dans le A-0. Quand Duncan a vu la porte blindée arrachée, il m'a ordonné de revenir vers vous. Pourquoi vous avez dévié du plan ?!
Nilüfer hoqueta de surprise.
– Attends, Duncan comme…
– Azraël, longue histoire encore, éluda Mathis avant de se tourner vers Visperi. C'est justement Duncan qui m'a donné cet idée, quand on a parlé de l'évasion de Samaël. Je me suis dit que les cellules de transfert seraient parfaites pour ne pas avoir à déplacer le personnel.
Puis il se tourna vers les cellules :
– Il y a moyen d'ouvrir les cellules sans clef ?
– Il n'y a pas de clef, les serrures sont factices, expliqua un vieux gardien. Les fermetures sont électromagnétiques. On peut les ouvrir depuis la salle de contrôle, à l'étage. C'est très simple, il suffit de revenir au croisement, en face puis à gauche il y a un escalier, et en revenant sur vos pas à l'étage supérieur. Si la porte est verrouillée, il faut utiliser un sortilège de feu sur la serrure.
– Ça la fera fondre ?
Le gardien sourit.
– Non, ça déclenchera le système cryogénique anti-pyromanciens. Sauf que la salle de contrôle a une porte vitrée pour des raisons de sécurité. Les patrouilles de couloir doivent pouvoir voir l'opérateur à son poste. Le gaz à l'intérieur de la vitre blindée supportera très mal la cryogénie, et un simple coup bien centré avec quelque chose de lourd devrait briser la vitre.
Nilüfer ramassa un poêlon en fonte.
– Ça fera l'affaire, ça ?
– Parfait.
– Faut qu'on se dépêche, pressa Visperi. On fait quoi des autres ?
– Il faut évacuer en direction du bout de l'île…
– Mais le point de transplanage a été bloqué, fit remarquer Nuitari. C'est le système de sécurité de la prison qui se retourne contre nous… D'ailleurs comment vous avez pu le forcer ?
– On ne l'a pas forcé, Apocalypse peut le contourner.
– Il y a un mec qui s'appelle Apocalypse dans votre équipe ? pépilla Nil. C'est génial !
– Vous devez aller là-bas, et surtout ne montrer aucune hostilité, sinon il vous massacrera toutes.
– Ah ça c'est moins cool.
– Visperi, accompagne-les. Quelqu'un pourrait porter Miss Lupin ?
– Je m'en occupe, assura une prisonnière, plus petite que Nil mais qui n'eut aucune difficulté à hisser la grande femme inconsciente sur son épaule.
– Je viens avec toi, assura Nil.
– J'y comptais bien, répliqua Mathis.
Le groupe s'avança donc dans le couloir, prenant garde à ne pas être vus au croisement. Au moment de se séparer, Visperi réalisa :
– Hé mais, la porte est toujours fermée !
– … Merde ! cracha Mathis. Tant pis, explose la vitre.
– Mais, et l'alarme ?
– Laissez-nous un peu d'avance.
– Je n'aime pas ça…
– Je t'assure que je ne suis pas pressé de mourir, sourit Mathis. Allez, allez !
Sans attendre, il partit en courant vers l'escalier, Nil sur ses talons. Il monta les marches quatre à quatre, rejoignit le couloir… et tomba nez à nez avec Marie, qui portait un carton contenant un tube de néon neuf. De surprise, elle le laissa tomber au sol. Ni elle ni Mathis n'eurent le temps de réagir, tandis que Nilüfer projetait son poêlon comme une hache de jet.
La pièce de fonte percuta la tête de la prisonnière dans un bong sourd qui fit grimacer Mathis.
– Joli lancer !
– Heh.
Ils reprirent leur course, Nil récupérant son arme fatale au passage. La salle était effectivement juste au-dessus des cellules, et sa porte, dotée d'une petite vitre, était verrouillée. Mathis lança donc un Incendio, concentrant le cône de feu sur la poignée en métal. Cela lui parut très long, mais quand l'acier autour de la serrure commença à rougir, la poignée se mit soudain à fumer, et la porte se couvrit presque instantanément de givre. Mathis vit les cristaux de glace commencer à de former à l'intérieur de la vitre.
– Plus qu'à l'ouvrir !
Nilüfer sourit, et visa pour frapper de toutes ses forces… quand l'alarme se déclencha.
– Merde, c'est nous qui avons fait ça ? jura Nil.
– Non, Visperi a dû pulvériser la porte d'entrée pour évacuer les autres. Dépêche-toi !
– Rhooh, ça va ! râla Nil en prenant à nouveau la pose.
Elle frappa de toutes ses forces, pivotant le buste pour donner plus de puissance au coup, et la tête pour ne pas recevoir de verre dans les yeux. Elle frappa si fort que le poêlon lui échappa de la main, et alla se fracasser avec vacarme de la pièce.
– Bah bravo ! se moqua Mathis.
– Avec ce vacarme, je doute que quiconque ait entendu. Et maintenant ? Ça fait vachement haut pour escalader…
Mathis roula les yeux au ciel, s'avança, passa le bras par la fenêtre en veillant à ne pas se blesser avec le verre restant, et déverrouilla la porte de l'intérieur.
– Si Madame veut bien se donner la peine, minauda-t-il en esquissant une révérence.
– Bien aimable, Monsieur.
Nil entra dans la salle en pirouettant.
– Alors, on fait quoi ?
– On cherche un logo avec une porte, et on appuie sur tous les boutons ? proposa Mathis.
Ce qu'ils firent. À force d'essais, ils entendirent un déclic sourd, puis trois autres en activant les boutons adjacents.
– Et maintenant ?
– On se tire !
Les deux gamins coururent en dehors de la salle, revenant sur leurs pas. Arrivés en bas, ils croisèrent les gardiens qui commençaient à sortir des cellules.
– On va au point de transplanage ! indiqua Mathis.
– Hors de question qu'on leur laisse la prison, répliqua Nuitari. Tu as dit qu'Apocalypse peut vous sortir d'ici sans réactiver le point de transplanage ?
– Ouais !
– Alors eux aussi sont bloqués sur l'île. Ramirez, va couper cette foutue alarme ! Les autres, rendez-vous à la planque d'armes !
Nil sembla la fixer, l'air gênée.
– Qu'est-ce qu'il y a, gamine ?
– Vous sauriez où je peux trouver ma baguette ?
– Je vous accompagne à la salle des scellés, intervint Leonas Hastier. C'est juste derrière le bureau de l'accueil.
Le gardien, la prisonnière évadée et le gamin évadant coururent donc trois vers le charnier odorant. Leonas jura comme un charretier en voyant l'horreur des corps en décomposition, mais ne ralentit pas pour autant. Il sauta carrément au-dessus du bureau avec souplesse, ouvrit la porte du bureau à la volée, et alla composer un digicode sur la porte suivante. Derrière, un immense placard renfermait des dizaines d'étagères chargées de boîtes.
– C'est comment ton nom, déjà ?
– Azerbas, indiqua Nil.
– A, A, A… Ae, Al, Ar… Az ! Az…erbas ! Je l'ai !
Il jeta l'enveloppe scellé à Nil, et se dirigea vers le fond de la salle. Nil l'ouvrit, et récupéra ses affaires. Des bracelets, une montre, des pin's qu'Angela lui avait donné, et sa magnifique baguette japonaise.
– Bonjour, toi !
– Vous faites quoi ? pressa Mathis.
– Attendez…, marmonna Leonas. Ah, voilà !
Il jeta une autre boite au sol, fouilla, et en tira une enveloppe qu'il déchira. Elle ne contenait qu'une seule baguette.
– Je me suis rappelé qu'un cambrioleur du C-2 qui est arrivé en début d'année avait quasiment la même baguette que moi. Ça peut être utile.
– Je vois. Bon cette fois-ci on ne traîne pas !
Ils ressortirent de la salle des cellés, mais ils entendirent des bruits de pas. Mathis plongea derrière le guichet d'accueil tandis que Leonas et Visperi se plaquèrent contre le mur du bureau.
Mathis se tourna pour s'assurer qu'ils étaient invisible, et hoqueta de surprise : la porte ouverte !
Dans le hall, il entendit des éclats de voix, dont plusieurs personnes qui se plaignaient de l'odeur. Une voix autoritaire s'éleva :
– Ils ont défoncé la porte d'entrée ! Retrouvez-les, c'est un ordre ! Toi, toi et toi, allez voir dans l'autre couloir, au cas où. Vous deux, allez voir le phare moldu. Les autres, à la zone de transplanage !
Mathis allait souffler de soulagement, mais…
– Chef ! La porte du bureau n'était pas ouverte ce matin !
Bordel de merde, pour rester poli.
– Va voir ! S'il se cachent danglzrgzrmgrl…
La fin de sa phrase s'acheva dans un gargouillis écœurant.
– Ph lınachfeı chuplusıthćam !
Il y eu une détonation moite, puis un silence absolu. Mathis empoigna sa baguette, puis bondit hors de sa cachette. Il tomba presque nez à nez avec Nico, qui se tenait juste à côté de l'épicentre d'une explosion de sang qui avait dû être une personne quelques secondes auparavant.
– Źq, szeph ? demanda Nico en désignant Mathis d'un coup de menton.
Le garçon ne comprit pas les mots, mais devina l'intention.
– Ça va. Les autres sont partis vers la zone de transplanage. Il y a peut-être des ennemis là-bas.
Nico allait répondre, mais tourna brutalement la tête. Mathis sursauta et se retourna, mais ce n'était que Nilüfer et Leonas qui sortaient du bureau.
– Ils sont avec nous ! s'écria Mathis, se plaçant instinctivement entre eux et la créature.
– C'est quoi ce truc ?! ne put retenir Nil.
– Nil, M. Hastier, je vous présente Apocalypse, alias "Nico".
– Ça répond pas à ma question, fit remarquer l'adolescente.
Mathis haussa les épaules.
– Aucune idée, répondit-t-il tandis qu'il grimpait sur la chaise du guichet pour passer de l'autre côté. Nico, où est Duncan ?
Ce fut au tour de la créature de hausser les épaules, et de mimer deux doigts barrant sa gorge. Mathis comprit le message, et pour changer, s'exclama :
– Merde.
Il aida Nil et Leonas à passer, et ils se précipitèrent tous les quatre vers la porte, quand un sort fusa vers eux. Il percuta Nico de plein fouet, et celui-ci chancela. Leonas se retourna, et d'une rapidité que son allure débonnaire ne laissait pas paraître, mis les trois prisonniers revenant du couloir de droite hors d'état de nuire en moins de deux secondes.
– On y va ! s'écria-t-il.
Ils passèrent la porte arrachée par Visperi, et Nico marmonna un truc d'un ton renfrogné. Mathis s'imagina qu'il déplorait le manque de subtilité de l'humaine, là où sa méthode à lui avait été plus optimale. Tandis qu'ils s'éloignaient du bâtiments, ils purent entendre l'alarme s'interrompre.
– Les gardiens ont une chance de reprendre la prison, commenta Leonas avec confiance. Il faut sceller le A-0… C'est contraire à nos directives, mais je pense que la meilleure solution est de tous les tuer, malheureusement. À moins d'un miracle, ils n'auront aucun moyen à disposition pour neutraliser autant de prisonniers ultra-dangereux. Il a déjà fallu pour certains des contingents entiers pour les arrêter seuls, alors là…
– Vous allez faire quoi, vous ?
– Je vous accompagne. Aimée-Lyne n'aurait jamais autorisé Camille à voir Suchii, donc il a dû arriver quelque chose de grave.
Mathis hésita.
– Sa mère… Votre femme est possédée par Gamaliël.
Leonas se contenta de soupirer d'agacement, comme si Mathis lui avait annoncé que le supermarché était fermé. Il ne dit rien pendant plusieurs secondes, et alors que la zone de transplanage, où les attendaient les autres, était visible, il lâcha soudain à voix basse :
– Je suis à peu près certain que le sort qui a percuté ton camarade étrange, c'était un sortilège de mort.
– C'est… c'est pas impossible d'y… survivre ? haleta Nil, qui n'était plus aussi endurante qu'avant son emprisonnement.
– Pour un être vivant, non, confirma Leonas. Mais ça, je ne sais pas ce que c'est…
Près de la zone, ils trouvèrent quatre corps inertes. Les trois patrouilleurs, et une des prisonnières des cuisines.
– Ils l'ont eue en première, mais j'ai pu me débarrasser des autres, raconta Visperi.
– Cette gamine est terrifiante, assura une des prisonnières.
– Ils ne s'attendaient pas à la moindre résistance, répliqua l'adolescente.
Mathis sourit.
– Voilà ce qui arrive quand on sous-estime les enfants. Où sont leurs baguettes ?
Trois prisonnières les levèrent.
– Parfait. Comment va Lupin ?
Les femmes s'écartèrent respectueusement. Le corps pâle de la rousse reposait au milieu de la pierre froide. Elle semblait endormie, si ce n'était ses bras maculés de sang.
– Elle est morte, déplora la plus vieille prisonnière.
– On en fait quoi ? demanda Visperi, pragmatique.
– On l'emmène, assura Mathis.
– Et Duncan ?
– Mort aussi. Tout le monde se tient la main, et quelqu'un doit prendre la sienne, ordonna-t-il en désignant Joséphine.
Les femmes et adolescentes s'exécutèrent, mais personne n'osa prendre la main de la morte. Mathis secoua la tête d'agacement. Il attrapa une main du cadavre, la main libre de Nil, et croisa le regard de Nico.
– "Zon" ? tenta Mathis.
– Zuńmr, confirma Nico, en posant la main sur son épaule.
Tout le monde se sentit écrasés les uns contre les autres, comme aspirés par un vortex, puis projetés au loin au milieu de la forêt.
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Par la suite, tout se passa étonnamment bien. Les prisonnières assurèrent qu'elles allaient se rendre à la justice pour finir leur peine dans de meilleures conditions. Mathis n'y crut pas un seul instant, mais ce n'était plus son problème. Une seule ex-prisonnière resta, une vieille femme édentée que Nilüfer et Visperi connaissaient toutes les deux sous le sobriquet de "Mamie Grine".
Ceux qui restèrent rejoignirent l'arche druidique, où les attendaient Rogan Brisebois qui avait carrément campé à côté de celle-ci. Il activa l'arche et fit passer tout le monde sur Avalon. Là-bas, il assura au groupe qu'il ferait en sorte que Mamie Grine soit prise en charge par les druides. Leonas fonça dans la forêt, semblant savoir où il allait. Les trois adolescents suivirent alors Nico, qui portait le corps de Joséphine Lupin, vers le foyer de Morgana.
Là-bas, Morgana se montra très enthousiaste, accueillant Mathis comme le sauveur. Elle lâcha, pas accidentellement du tout :
– Je ne pensais pas que tu reviendrais vivant.
– Je suis plein de surprise, assura Mathis. Ça ira pour elle ?
– Elle est morte, fit remarquer la dryade.
Mathis haussa un sourcil incrédule. Morgana gloussa.
– Mais oui, t'inquiètes ! Quelques coups d'aiguille, une transfusion de sang, et je te la redémarre comme un moteur diesel. Par contre, où est Duncan ?
– Ruku pckel s śrkzı "Caȷkıdzel", expliqua Nico.
Morgana hocha la tête. Puis elle sourit à l'adresse de Mathis.
– Je suppose qu'il est mort, maintenant. Hé bien visiblement tu me dois un serviteur, Mauvais Augure.
– Je n'aime pas trop la formulation de cette phrase, commenta Nil.
– Moi j'aime beaucoup tes cheveux, répliqua Morgana, pince-sans-rire.
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Voilà donc ! Comme dit, il pourrait y avoir un chapitre dans un mois. En outre, il y a également un très long OS en préparation, qui je vous le révèle aujourd'hui, est une biographie de Samaël le Destructeur de sa naissance à sa rencontre avec un personnage que vous connaissez.
Une rencontre qui n'aura pas lieu dans Entre les Mondes, mais dans un spin-off qui portera le titre de "La Légion d'Argent" et se déroulera en parallèle de ce tome. Vous devinerez facilement le sujet de cette mini-fic (qui devrait faire entre 5 et 10 chapitres).
J'aimerais aussi avancer les Wiccans de Salem. Mais du coup, le côté négatif de tout ça, c'est que Renouveau 6 va devoir passer au second plan quelque temps.
