Regardez qui est de retour ! (pour vous jouez des mauvais tous, mais vous connaissez tous le slogan maintenant) Et avec un nouveau chapitre ! (comme d'habitude j'ai envie de dire)

Hé hé ! Je suis contente ! Pourquoi ? Bah étant donné que j'ai fini la partie des arrivées et que (presque) tout le monde est là (oui, il manque quelques personnages, mais je pense que vous savez de qui il s'agit ;-)) on va pouvoir passer aux choses sérieuses ! Bon, peut-être avant un ou deux chapitres... ^-^' il faut mettre tous les éléments en place.

J'espère que vous allez bien en ce confinement bizarre (et souhaite bonne chance à ceux qui sont confinés comme moi). Pour ma part (info perso !), on va dire que mon genou a connu de meilleurs jours. Juste pour dire qu'une luxation de la rotule en étant debout et à l'arrêt n'est pas la meilleure façon de passer un vendredi soir (je déteste les urgences...) C'était l'instant personnel !

Bref ! Comme toujours (parce que je ne suis pas la seule à faire vivre cette histoire), merci à AkiHime, Akira Di, Alfader, Alyra Night, Amnesia Riku, Anekonee, AriadXXDarknessXX, Barukku Iris, BloodyDarkNaruto, Cheshire., Darkemeraud, Eien Moon, Epsilon Karasuno, Farlouch, Gol-D Lymne, Haku132, Heyli13, Hydrabell-chou, Killer by night, KuroiUsagi-Chan, Lexi727, Liske, Loupdecrystale, M. Mi, MoMoDESTE, NatanyChan, Pandadoudoucornu, Rydia16, Sillis, SkySora-R27, Syt the Evil Angel, Thunder-Death, Tyallen, agathe. ch, alyss au pays de l'abyss, ame197, angelusjedusor, arieslucie46, cedzoualiko, estallias, fanais, fanonyme, hadrian phantomhive, hotaru98, katakumime, keina1808, kyokousami, lilylys, mahon5971, manitousupreme, melanie-ripoteau, mikan-chan21, morgane-97, mukutsuna93, neko-chan200, raphael. dubois20, rokamostafa232, silkie 19, tahury, terino, yaoi-chan-poowa, zorchide, 0kam1ryuu, Alynoe, Amatsukyo, Amber Woods, Audragon, BloodyUsagi89, Deponia, Hebihime, Katherine Tiger, Kinitori Natsumi, Kyara17, Lecfan, Mai96, Mlo78, Oriona Blek, QueenAyame2002, Shin no panda, Tsuki Banritt, YumeBaka, Zeaphir, ame197, anastasia172, ao no oni, ealine51, garodorian, isidris-shiro, jilie084, kedy ichyo, llyphos, marjo1607, maya9231, misa2, myositice, nora-net'luna, tamarahc et terino pour favoriser et suivre cette histoire ! Merci !

Un gros merci aussi à Tsuki Banritt, Heyli13, Amber Wood, thor94, Hydrabell-chou, Rydia 16, tahury, Hebihime, Mao, myostice et alyss au pays de l'abyss pour leur review ! (je répondrais à la review anonyme en fin de chapitre ;-))

Et encore un énorme merci à llyphos pour sa correction ! *^*

Sur ce, comme je n'ai plus rien à dire (je le dirai à la fin), je vous souhaite une bonne lecture !

Disclaimer : KHR ne m'appartient pas (comme toujours j'ai envie de dire)

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Mais avant de partir, le petit mémo qui ne fait pas de mal ! (et je viens de me rendre compte que c'est la première fois que je mets tous les duos \*o*/)

27 : Tsuna

95 : Kyoko

80 : Takeshi

98 : Aki

86 : Haru

87 : Hana

33 : Ryohei

18 : Kyoya

96 : Chrome/Nagi

59 : Hayato

78 : Miu

23 : Lambo

16 : I-Pin

69 : Mukuro


Parler : japonais

Parler : italien

Chapitre 7

Pièces et jeux

Alors que la journée continuait tranquillement pour les habitants de Namimori, sans qu'aucun ne se doute un seul instant de la découverte macabre dans un certain magasin d'antiquités, l'un d'entre eux, encore au lycée et debout depuis presque deux jours consécutifs, s'affaissa contre le dossier de sa chaise tout en poussant un soupir de soulagement. Un sourire se dessina sur son visage alors qu'il porta ses orbes verts sur les chefs-d'œuvre – de son point de vue. Et Irie Shoichi, ingénieur pour le très célèbre groupe de tueurs à gages, les Numbers, venait de les achever près de quatre ans après les avoir commencés.

S'étirant de tout son long, le jeune homme ne put qu'être surpris par le temps qui s'était écoulé depuis la première fois qu'il eut entre ses mains les plans pour des armes inédites. Il avait l'impression que ce jour remontait à peine à une semaine ou deux. Certainement pas des années.

Certes, au début, il n'y avait clairement rien compris et ne savait pas trop ce que voulait faire 27 avec. Néanmoins, à force de discussions avec son partenaire ingénieur et meilleur ami, Spanner, et avec 86 et 59, à comparer les plans entre eux et d'autres déjà existants et à faire divers tests plus ou moins dangereux, il avait réussi à dégager l'essentiel des résultats attendus une fois le travail achevé.

Ce qui avait eu pour effet de le motiver encore plus et de réaliser à quel point ce n'était pas gagné d'avance pour arriver à de telles armes. En plus de matériaux très rares et très coûteux, il fallait une énorme quantité de flammes. Un effort épuisant autant pour les nombres que pour les scientifiques qui devaient s'assurer que tout se passait bien.

Mais après tant d'années et de tests effectués, Shoichi tenait enfin entre ses mains les résultats tant désirés par l'ensemble du groupe. Bien que l'objet en lui-même soit des plus insignifiants pour beaucoup, la puissance qu'il recelait aura de quoi effrayer les plus hautes sphères du monde souterrain. Sachant très bien ce à quoi il fallait s'attendre avec elles, il pouvait affirmer sans le moindre doute, après en avoir réalisées plusieurs personnalisées et d'autres à effet utilitaire, que si ces armes étaient produites à une plus grande échelle, elles révolutionneraient totalement la façon de se battre.

Avec un soupir, l'adolescent reconnut que voler ces plans à Verde avait été l'une des meilleures idées lors des débuts des Numbers. Seul un génie aussi tordu que l'Arcobaleno de la foudre, Koenig et Innocenti auraient pu décoder les plans de Gepetto Lorenzini pour des armes aussi novatrices et en avance sur leur temps – ce qui lui fit se demander pourquoi personne n'avait encore tenter de les créer.

Cependant, pour son plus grand bonheur, selon ses sources, Verde ne semblait pas travailler dessus ou en avait créées. De ce fait, la première fois que les mafieux seront témoins de ces créations sera lors du combat des anneaux.

Maintenant, Shoichi n'avait qu'une hâte. Donner les boîtes armes aux Numbers !

xxxxxx

Reborn ne savait pas vraiment quelle réaction adopter dans ce genre de situation. Pousser un soupir, se lamenter sur le fait que les Numbers l'avaient dépassé ou simplement regarder. Sans y réfléchir à deux fois, il opta pour la première option et poussa un soupir qui passa inaperçu auprès des membres du CEDEF. Ceux-ci courraient actuellement dans tous les sens pour suivre à la lettre les ordres de leur chef dans la boutique désormais éclairée par quelques lampes et les rayons du soleil qui filtraient à travers les fenêtres ouvertes. Il ne leur accorda aucun regard, sachant très bien qu'ils étaient occupés, et se contenta de porter ses orbes sombres sur l'individu devant lui. Ou plutôt, sur ce qu'il en restait. Un simple cadavre.

Juste sous ses yeux se trouvait non seulement l'une des dernières victimes en date des Numbers, mais aussi et sûrement la seule personne au monde qui aurait pu les renseigner sur l'identité des numéros.

A vue de nez, l'Arcobaleno donnait à l'homme la cinquantaine voire la soixantaine. Ses cheveux qui devaient être à l'origine noirs, grisonnaient et certains avaient même pris une teinte blanche. Quelques rides creusaient ses joues et le tour de ses yeux sombres. Ceux-ci, à la place d'être fermés, étaient ouverts et ternes. Plus aucune lumière ne les illuminera à présent.

Seulement, alors que le bébé examinait le corps sans doute mort depuis plus d'une journée à en voir la rigidité cadavérique, trois détails lui sautèrent à la figure. Le premier se trouvait être le visage déformé par la terreur de la victime. La présence des deux nombres avait – à coup sûr – dû le surprendre et lui faire peur. La bouche ouverte, comme pour un dernier cri silencieux et ses doigts crispés le révélaient assez bien.

Le second était la profonde entaille qui lui traversait la gorge. Celui ou celle qui l'avait tué ne s'était clairement pas raté. Presque aussi profond que le cou de Kabuto, Reborn devina facilement, grâce à son expérience en tant que tueur à gages et d'une période dont il ne souhaitait pas parler, que même si la blessure semblait impressionnante, elle n'avait en aucun cas touché la colonne vertébrale ou les cervicales. Quelque chose qui l'aurait fait siffler d'admiration pour un meurtre aussi précis, surtout que la victime devait bouger avant le coup final, mais il s'abstint de faire tout commentaire en sachant que ceux qui lui avaient ôté la vie étaient un duo de Numbers. Restait à savoir lequel maintenant.

Et le troisième et pas des moindres, fit froncer les sourcils au maudit. Sur la poitrine du cadavre, il y avait un immense « X », marque de l'équipe de tueurs à gages/assassins. Néanmoins, contrairement à l'entaille à la gorge, celle-ci n'avait pas été faite lorsque la personne était encore vivante. Mais après.

Une seule explication à cela.

Le sang.

Si l'homme avait été marqué lorsqu'il respirait encore, la mare autour de lui aurait été plus conséquente que celle au cou. Alors que là, la quantité de sang était moindre et moins importante. Un corps mort ne fabrique plus de sang et le flux sanguin s'arrête. Résultat, Reborn pouvait assurer que le « X » avait été tailladé sur la chaire plusieurs minutes après le décès clinique de l'homme.

Plongé dans ses pensées sur le cadavre devant lui, le porteur de la tétine du soleil ne prêta aucune attention aux évènements extérieurs. Ce ne fut que la présence de Turmeric à ses côtés qui le ramena à la réalité. Il leva la tête vers le membre du CEDEF et l'un des plus proches conseillers d'Iemitsu, qui tenait une tablette dans sa main gauche. Sûrement les premières analyses de la scène de crime avant l'arrivée de la scientifique et de la police.

L'homme d'une trentaine d'année passa sa main libre dans ses cheveux bruns et coupés très courts avant de remonter ses lunettes de soleil et de se tourner vers l'Arcobaleno. Avec un signe de tête, ce dernier lui indiqua qu'il avait sa pleine attention et que l'autre pouvait commencer son rapport.

-D'après les premières expertises, Matsumi Kabuto, cinquante-quatre ans, est décédé il y a maintenant près de deux jours.

Le bébé hocha lentement la tête en prenant connaissance de ces informations. Surtout de la dernière. Il se doutait bien que le décès remontait à plus d'une journée, pourtant, il ne pensait pas qu'il pourrait dater d'aussi loin. Ce qui lui fit se souvenir d'une certaine date…

-Est-ce que sa mort peut être datée du même jour que l'attaque des Numbers sur la Spreco Famiglia ?

-Il y a de fortes chances, mais nous n'en sommes pas encore tout à fait sûrs donc je ne peux m'avancer là-dessus.

-Je vois…, fit-il avant de demander, ayant un léger doute sur l'identité des assassins, a-t-on la moindre idée de quel duo aurait pu commettre ce meurtre ?

-C'est là qu'est tout le problème, soupira le conseiller d'Iemitsu tout en se massant les tempes.

-Pourquoi ? Voulut savoir le maudit en haussant un sourcil, perplexe par ce qui avait pu lui faire dire ces mots.

Pour que l'identité du duo qui avait assassiné l'antiquaire dérange à ce point un mafieux aussi endurci que son camarade, il n'y en avait pas beaucoup qui y arrivaient. Seuls eux le pouvaient. Et cela pouvait peut-être expliquer leur absence lors…

Soudain, avant que Turmeric n'ait pu donner une réponse au meilleur tueur à gages, l'unique téléphone fixe de la pièce, posé près de la sortie, sonna. La sonnerie stridente attira l'attention de toutes les personnes présentes qui se tournèrent vivement vers l'appareil. Certains membres du CEDEF sursautèrent et d'autres portèrent automatiquement leurs mains sur leurs armes cachées sous leurs vêtements. Seuls Reborn et Turmeric n'eurent aucune réaction et se contentèrent simplement de le fixer. Le premier plissa les yeux et le second fronça les sourcils.

Sans échanger le moindre mot, le meilleur tueur à gages se dirigea vers le téléphone qui sonnait pour la quatrième fois. Avec une légère inspiration et le sentiment qu'il ne devrait pas y répondre, il attrapa le combiné et le porta à son oreille.

-Qui est à l'appareil ? Demanda-t-il sans laisser le temps à celui à l'autre bout du fil de commencer la conversation.

Seulement, à peine eut-il fini sa phrase qu'un rire inconnu s'éleva du haut-parleur. Dès qu'il parvint au bébé, ce dernier sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale. Et il ne fut pas le seul à réagir. Un coup d'œil à ses camarades mafieux lui indiqua que même de là où ils se trouvaient, ils pouvaient entendre distinctement la voix. Quelques-uns réfléchissaient déjà s'ils l'avaient déjà entendu quelque part tandis que d'autres reculèrent d'un pas sous le choc.

Toutefois, l'Arcobaleno ne put rien dire que la personne parla. Dans un autre contexte, sa voix aurait pu être douce et chaleureuse. Pourtant, à la place, elle causa plutôt un profond malaise chez tous ceux qui l'entendirent. Et simplement l'écouter suffit à mettre n'importe quel individu vivant dans le monde souterrain sur ses gardes.

-Je crois, mon cher Reborn, que lorsqu'on répond au téléphone, il faut dire « Allo » et puis poser la fameuse question. Aurais-tu oublié ce principe de base ?

En moins de trois phrases, l'inconnu annonçait qu'il savait que c'était Reborn qui avait décroché en plus de connaitre son identité. Rajouté à cela qu'il le provoquait ouvertement. Aucun mafieux ne savait exactement si celui – reconnu comme étant un homme – qui les appelait était complètement fou ou simplement stupide. Après tout, personne ne parlait avec autant de désinvolture et de provocation au meilleur tueur à gages sans risquer une balle entre les deux yeux. Surtout dès les premiers mots.

Le bébé en question fronça les sourcils. Certes, il n'aimait pas ce qu'il entendait – d'autant plus que l'inconnu connaissait son nom et savait qui il était sans savoir son identité – ce qui aurait pu conduire le bébé à raccrocher. Pourtant, il ne pouvait nier que cet appel et surtout l'individu de l'autre côté l'intriguait. Outre la connaissance de son interlocuteur, il avait appelé avec un si bon timing que cela fit se demander au maudit si l'autre ne l'espionnait pas en ce moment.

Cependant, il ne le montra pas, gardant son visage neutre. Il ne voulait pas que l'étranger mette fin à l'appel ou se doute de quelque chose.

-Pour quelqu'un qui connait mon identité, mais dont j'ignore la sienne, je vous trouve bien présomptueux.

-Ah bon ? S'étonna faussement le mystérieux interlocuteur. Personnellement, après tout ce que m'ont dit mes ennemis, je pensais que j'étais arrogant. Mais présomptueux fonctionne aussi, surtout si c'est toi qui le dis.

-Présomptueux est littéralement un synonyme d'arrogant, lui apprit l'Arcobaleno.

-Je me coucherai moins bête ce soir grâce à toi mon cher Reborn.

L'interpellé retint un grognement. Cette conversation ne menait clairement à rien. Il ne savait toujours rien au sujet de celui qui les appelait à part des informations qu'il considérait comme mineures et qui ne les aideraient certainement pas à deviner son identité. En plus du fait qu'il ne connaissait pas les motifs de cet appel.

Déjà, l'inconnu était un homme d'après sa voix. Et plutôt jeune selon Reborn – après, de son point de vue, beaucoup de gens étaient jeunes. S'il devait donner une fourchette d'âge, il dirait entre la fin de l'adolescence et le début de l'âge adulte. Entre dix-sept ans et vingt-cinq ans pour être plus précis. Ou dans d'autres termes, des gamins pour lui. Sauf si la personne savait modifier sa voix.

Ensuite, il n'avait aucun accent. Généralement, les japonais, surtout ceux qui vivaient en dehors de Tokyo ou dans certains quartiers, ou les étrangers avaient un certain type d'accent. De ce fait, il était plutôt facile de deviner selon l'accent de l'individu d'où il venait. Néanmoins, le mystérieux interlocuteur n'en n'avait aucun. Sa voix était si lisse que Reborn en vint même à se demander s'il n'avait pas affaire à une machine tant il n'y avait aucune intonation dans sa voix hormis la moquerie.

-Trêve de bavardages, je me fiche complètement de ce que je peux bien t'apprendre…

Au diable la politesse avec ce genre d'individu, notamment, celle du vouvoiement.

-… et puis, qui es-tu ?

-Oh ! S'exclama l'inconnu d'un ton surpris et faux. Je suis étonné que tu n'aies toujours pas deviné mon identité mon cher Reborn.

-Je ne suis pas ton cher Reborn, répliqua sèchement l'Arcobaleno avec une pointe de venin dans la voix.

-Si tu le dis… mon cher Reborn.

Il détestait officiellement la personne qui se trouvait à l'autre bout du fil qui quelle soit. Jusqu'à présent, dans son métier de tueur à gages, nul n'avait osé lui manquer autant de respect surtout avec la réputation qu'il avait, à laquelle se rajoutait celle d'Arcobaleno depuis quelques années. Alors qu'un type qu'il ne connaissait pas – même pas son nom – se moque de lui et le provoque aussi ouvertement lui donnait juste envie de commettre un meurtre ou de lui faire avaler son téléphone pour qu'il meure étouffé.

Seulement, bien que l'autre ait réussi à l'énerver – ce qui n'était pas arrivé depuis TRES longtemps – sa curiosité à son sujet ne cessait d'augmenter. Plus ils discutaient, plus la théorie qui tournait dans sa tête depuis qu'il avait discuté avec Turmeric sur l'identité de l'inconnu prenait de l'ampleur au point qu'il se dit qu'elle n'était pas si farfelue que cela. Il ne lui manquait qu'un simple indice de rien du tout pour tout relier et la valider.

-Tss, ça ne me dit toujours pas ton identité.

-N'as-tu vraiment aucune idée ? Vraiment, je pensais que l'illustre Arcobaleno du soleil aurait une petite idée sur mon identité depuis qu'il a décroché ce téléphone. Tu me déçois mon cher Reborn.

Ce dernier se retint de pousser un soupir et de se masser les tempes, il voulait encore garder une certaine image. Son interlocuteur trouvait peut-être amusant que le maudit essaye de deviner son identité, cependant, le bébé ne voulait pas lui faire ce plaisir et préféra se taire. A la place, il se demanda s'il devait lui faire manger son téléphone à cette sale langue de vipère ou lui tirer une balle le jour où il le rencontrera – ce qu'il savait arriver un jour. A vrai dire, il pensait plutôt à lui renverser « accidentellement » de l'essence et de jeter une allumette…

Mais avant qu'il ne puisse poursuivre ses pensées morbides sur son prochain meurtre – qui se trouvait ne pas être Ieyasu pour une fois – le jeune homme à l'autre bout du fil reprit.

-Toujours pas ? Pourtant ce cher Matsumi Kabuto nous a reconnu dès qu'il nous a vu, rajouta-t-il comme indice.

A ces mots, une petite lumière de compréhension alluma le regard du tueur à gages tandis qu'un très discret sourire narquois remplaça l'expression neutre qu'il avait jusque-là. Outre le fait que l'inconnu venait de lui avouer être responsable de la mort de l'antiquaire, il tenait enfin la preuve qu'il attendait pour valider sa théorie, certes complètement absurde sur le coup, mais plausible.

Depuis la discussion avec Turmeric, il se doutait bien que le coupable n'était pas l'un des duos habituels des Numbers. Surtout si la date du meurtre datait du même jour et de la même tranche horaire que le massacre de la Spreco Famiglia. De ce fait, il ne restait plus que deux personnes dans la bande qui auraient pu assassiner l'homme. Et ils étaient les seuls à déranger des mafieux aussi endurcis que le conseiller d'Iemitsu. En plus, le type d'arme correspondait parfaitement.

Il savait qui les appelait. Il ne pouvait donc s'agir que de LUI.

Ce qui fit se dire au maudit que Nono allait avoir un très long rapport après cet appel…

-Et puis-je savoir ce que me veut un Number… ou devrais-je plutôt dire… 27 ?

Le leader des nombres nouvellement découvert se contenta de glousser à l'autre bout du fil. Un rire qui commençait à sérieusement énerver le bébé, si bien qu'il ne put réprimer un froncement de sourcil. Toutefois, il arriva à retenir le grognement qui menaçait de sortir.

Son interlocuteur, ou devrait-il plutôt le désigner par son surnom maintenant, 27, jouait un petit peu trop avec ses nerfs dans cette discussion. Quiconque connaissait un tant soit peu l'Arcobaleno du soleil savait que celui-ci, en plus de détester être interrompu lorsqu'il parlait, n'aimait pas le fait que la personne avec qui il parlait rigole ou se moque de lui. Chose que faisait totalement le second meilleur tueur à gages à cet instant.

Néanmoins, l'annonce de l'identité de l'inconnu, en plus de créer un malaise chez Reborn, eut un effet assez important sur toutes les autres personnes présentes dans la pièce. L'un des plus jeunes membres du CEDEF se mit à trembler violemment avant que ses jambes ne le lâchent et qu'il ne tombe par terre. Sa camarade la plus proche lui vint en aide, même si l'ensemble des mafieux n'allaient pas mieux. Certains avaient perdu toutes les couleurs de leurs visages, d'autres en avaient oublié de respirer et quelques-uns fixaient le téléphone l'air béant, comme si leurs cerveaux n'avaient pas totalement assimilé l'information. Turmeric, quant à lui, avait la bouche ouverte et les yeux écarquillés sous le choc.

L'Arcobaleno ne pouvait pas leur vouloir de réagir aussi excessivement à cette révélation. Après tout, ces agents passaient la plupart de leur temps à s'occuper de recherches des informations sur les Numbers. Qu'elles soient vraies ou fausses, ils allaient sur le terrain pour recueillir un maximum de renseignements ou les démentir si elles s'avéraient fausses.

Ces hommes et ces femmes ne pensaient avoir affaire qu'à une simple mission de routine. Alors que la personne dont ils entendaient parler à longueur de temps, et dont ils savaient à quoi ressemblaient ses victimes et ce qu'il leur faisait, dont le simple nom suffisait à les mettre sur leurs gardes et qui se trouvait être l'un des individus les plus introuvables sur cette planète, les appelle aussi simplement, avait de quoi rendre n'importe qui étonné ou plutôt ahuri.

Avec un dernier regard à ses coéquipiers de mission, l'attention du bébé se reporta sur son interlocuteur qui, à l'autre bout du fil, continuait de rire. A vrai dire, lui non plus ne savait pas trop quoi en penser de cet appel, somme toute complètement imprévu et déstabilisant.

Dans un coin de sa tête, il passa en revue tout ce qu'il savait sur 27. Et il n'y avait pas grand-chose. Entre le fait qu'il soit le chef des Numbers, le deuxième meilleur tueur à gages juste derrière le maudit, un assassin dont les victimes ne semblaient avoir aucun lien entre elles, un manipulateur très habile des lames et il s'avérait aussi que personne ne connaissait son apparence après cinq ans.

De ce fait, cet appel semblait être le meilleur moyen d'en apprendre plus sur ce fameux 27 car en moins de cinq minutes, Reborn avait découvert des informations exclusives et dont les Vongola et lui-même auront bien besoin pour trouver les Numbers.

-Wouha ! Mais je vais finir par croire que tu es un génie mon cher Reborn.

-Arrête ton cirque 27, grogna l'Arcobaleno en ignorant l'insulte, que me veux-tu ?

-Moi ? De toi ? Peut-être te donner un indice…

-Un indice ?

Le tueur à gages cligna plusieurs fois des yeux. Sur ce point, il devait bien l'admettre, il ne s'attendait certainement pas à ce genre ce genre de chose de la part d'un individu aussi recherché que 27. Surtout que cela n'avait strictement aucun sens pour lui. Un indice ? Mais pour quoi et pourquoi ?

Il n'en avait pas besoin… et il ne voyait pas à quoi il pourra bien lui servir… A moins que le numéro ait entendu parler de sa mission et ne veuille l'aider.

A bien y réfléchir, même si sa précédente théorie sur l'identité de son interlocuteur s'était avérée vraie, celle-ci, par contre, lui semblait complètement improbable. Il ne savait peut-être pas grand-chose sur 27, mais il pouvait dire qu'il n'était pas le genre de personne à agir inconsciemment, les cinq années d'existence des Numbers le prouvaient assez bien.

-Evidemment, reprit le numéro légèrement outré, crois-tu réussir ta quête sans un indice au moins ?

D'accord, si le maudit pensait que l'individu de l'autre côté du fil le perdait dans son histoire d'indice, la quête dont il parlait ne lui disait strictement rien. Il ne devait pas avoir reçu le mémo ou découvert ce qu'avait préparé les Numbers pour lui.

Le porteur de la tétine jaune serra les dents à cette pensée. Ces nombres n'avaient pas seulement un coup d'avance sur eux…, non… ils avaient tout préparé à l'avance et simplement avoir cette connaissance suffit pour qu'il affirme qu'il sera compliqué aux Vongola de les rattraper tout de suite. Pour le moment, il devait jouer comme s'il avait déjà découvert cette fameuse quête pour avoir cet indice. Peut-être qu'il lui servira qui sait.

-Vas-y qu'on en finisse le plus rapidement possible.

-Mais rien n'est rapide dans ce monde et tu devrais bien le savoir mon cher Reborn. D'après une expression française, « tout vient à point à qui sait attendre ». Et pour ce qui est de l'indice, poursuivit 27 sans laisser le temps au maudit de l'interrompre, « Quand la palourde n'est pas là, les nombres dansent. Si le roi attend son heure, la reine a toujours un coup d'avance. »

-Hein…

-Maintenant, essaye de trouver les pièces qui vont t'aider dans ta quête. Et ne perd pas aussi, sinon nous serions déçus de toi. Tes compétences nous sont parvenues et nous ne pouvions pas mieux rêver comme adversaire que toi mon cher Reborn. Les jeux n'en seront que plus amusants ! S'exclama-t-il d'un ton si enjoué que Reborn dût se forcer à ne pas grimacer de dégoût.

-Pourquoi devrais-je résoudre cette quête ? Voulut simplement savoir ce dernier.

L'idée de devoir s'occuper d'un défi que leur lançait les Numbers ne lui plaisait pas. Surtout que cet « indice » - il avait encore quelque doute sur si s'en était vraiment un – ne les menait clairement à rien et pour l'instant, il n'y comprenait strictement rien. Il voulait y réfléchir tranquillement et autour d'un café et non énervé et en train de discuter avec l'individu qu'il recherchait.

-Oh ? Aurais-tu peur de jouer avec nous ? Ricana le numéro.

A ce stade de la conversation, ses pensées morbides sur son futur meurtre lui revinrent en mémoire aussi vite qu'une balle de pistolet atteignait sa cible. Le porteur de la tétine jaune se tâtait vraiment entre le brûler vif ou l'écarteler, qu'importe qu'il s'agisse d'un parfait inconnu ou du très célèbre 27.

-Je n'ai certainement pas peur de jouer avec une bande de gamins comme vous, cracha l'Arcobaleno sans détour.

Depuis le début, celui-ci les considérait comme des enfants et discuter avec le chef de cette bande ne lui fait que réaffirmer ses propos. Après tout, c'était un fait commun parmi les hauts dirigeants Vongola – exclusivement Timotéo et ses gardiens – que Reborn ne voyait pas les Numbers comme de vrais tueurs à gages bien qu'ils lui aient prouvé leurs compétences.

Personne à sa connaissance (ou pas) n'était aussi stupide ou complètement fou pour vouloir « jouer » avec lui. Seuls des individus avec de faibles facultés intellectuelles ou des mioches voudraient tenter le diable et le provoquer dans un jeu.

De plus, chaque mafieux savait – pour sa propre survie – qu'il ne fallait surtout pas évoquer ou défier le maudit dans un jeu, ou tout ce qui y ressemblait de près ou de loin. Même si personne n'en connaissait la raison, aucun n'osait demander par peur d'un regard noir ou d'une balle entre les deux yeux dans le meilleur des cas.

Cependant, le boss du groupe des numéros à l'autre bout du fil ne prit pas aussi bien la déclaration que l'espérait Reborn. Avant que quiconque ne comprenne et sans même que 27 ne se trouve dans la même pièce qu'eux, la température chuta violemment de quelques degrés. Plusieurs membres du CEDEF déglutirent tandis que l'un des plus jeunes frissonna.

Quant au bébé, celui-ci cacha soigneusement son expression de surprise derrière son visage neutre. Et se pencha un peu plus pour écouter ce que son adversaire allait dire, tout en notant cette information dans un coin de sa tête.

-Des gamins ? Nous ? Siffla dangereusement 27. Est-ce que tu t'entends Arcobaleno du soleil ?

L'interpellé fronça les sourcils. Jusqu'à présent, l'assassin l'appelait constamment « mon cher Reborn » pour le narguer et le provoquer. Le simple fait qu'il l'ait changé pour « Arcobaleno du soleil » suffisait à affirmer que le maudit avait touché une corde sensible. Cela rajouté à la baisse de température ne faisait pas le moindre doute.

Cependant, il ne put réfléchir plus que l'autre reprenait d'une voix plus douce, mais encore empreinte du ton glacial de la réplique précédente. Ce qui aurait pu l'inquiéter s'il n'avait pas été confronté à plus dangereux par le passé.

-Il semblerait, mais laisse-moi te prévenir que tu t'avances sur une pente dangereuse en nous traitant comme des gamins.

Intéressant… alors comme cela, ces numéros n'aimaient pas être appelés des gamins ? Bon après, il pouvait le mettre sur le fait que peu de monde aimait être appelé « gamin » surtout ceux dont les compétences autant physiques que mentales avaient été prouvées et étaient respectées par un grand nombre de personnes. Bien que son intuition lui dise qu'il y avait plus derrière… peut-être le changement de ton brutal.

-Enfin, je vais laisser passer pour cette fois.

-Quelle gentillesse, fit sarcastiquement Reborn en roulant des yeux.

-Ce n'est pas de la gentillesse, mais plutôt que je vais le mettre sur le compte que tu ne savais pas vraiment qui nous étions jusqu'à il y a peu.

-Comment… ?

Oui, comment ? Presque personne chez les Vongola n'était au courant de cette information. Seuls Nono, ses gardiens et à la limite Iemitsu en avait connaissance. Il se passait quelque chose dont il n'était pas encore au courant et qui le dérangeait assez pour qu'il perde son expression neutre pour une grimace.

-Comment je le sais ? Peut-être que ça fait partie de mon plan qui sait ! Mais ne t'inquiète pas, tu le sauras très bientôt lorsque tu nous rencontreras, mon cher Reborn.

-Et je peux savoir à quelle occasion je pourrai rencontrer le tristement célèbre 27. Aux dernières nouvelles, personne ne sait à quoi tu ressembles, pas même les Vongola.

Derrière lui, les agents du CEDEF s'agitaient nerveusement. Rencontrer 27 ? L'individu qu'ils recherchaient depuis maintenant des années ? Celui dont nul ne savait à quoi il ressemblait – à part les morts – en cinq années d'activités ? Celui qui n'avait pas fait d'apparition publique ? Celui qui prenait ses missions via ses coéquipiers ? Celui considéré comme l'un des êtres les plus dangereux derrière le Vongola Nono, Reborn et Vindice ? Il prévoyait enfin de se révéler pour l'Arcobaleno du soleil ?

A quoi jouait-il ?

Le maudit allait de surprise en surprise avec le leader des Numbers. Et quelque chose ne tournait sérieusement pas rond dans ce monde. Il n'avait pas besoin de se tourner vers ses coéquipiers pour savoir que ceux-ci n'en revenaient pas de ce qu'ils entendaient. Quelques halètements se firent entendre sans qu'il ne s'en occupe. Il avait encore un autre problème sur les bras qui reprenait avec ses ricanements.

-Evidemment. Je crois que ton élève…

-Que vient faire cet imbécile d'Ieyasu dans la conversation ?

Si le futur Decimo était lui aussi évoqué, la chance n'allait clairement pas être du côté de la palourde à ce rythme. 27 en savait beaucoup trop sur la situation des Vongola entre le fait que Reborn ne connaissait pas vraiment les Numbers et maintenant son élève, qu'allait être la prochaine fois ? Le combat des anneaux ? Toutefois, il ne fallait pas être un génie pour deviner ce qu'il se passait.

Il y avait un espion parmi les Vongola.

Qui ? Il ne le savait pas encore, mais il n'allait pas tarder à avertir Nono de lancer une enquête en profondeur sur tous ceux qui avaient pu avoir connaissance de ces informations. En espérant juste que cet espion ne les ait pas juste hacker ou découvert par hasard.

-Si tu me laissais finir. Alala, mon cher Reborn, la patience est requise dans ce genre de conversation.

La colère soigneusement cachée pour qu'il puisse se concentrer et récupérer un maximum de renseignements revint à la charge tel un cheval lancé au galop ou dans son cas, telle une balle de pistolet sorti de son canon. Si bien qu'il ne put s'empêcher de lancer un regard noir au téléphone.

-Sans même que je me trouve dans la même pièce, je sais que tu viens de lancer un regard noir au téléphone, lui apprit 27 à sa surprise. Bref, rajouta-t-il aussitôt sans lui laisser le temps de l'interrompre, je disais donc avant que tu ne m'interrompes que je crois que ton élève va bientôt participer à un évènement en particulier.

Surpris par les derniers mots, surtout de la bouche de 27, Reborn ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux. Il ne voulait quand même pas parler de… ?

-Que veux-tu dire ? Vérifia-t-il prudemment.

-Oh allez mon cher Reborn ! Fait un peu preuve de bon sens ! Tu le sais aussi bien que moi que le patron du CEDEF n'est pas d'accord avec le choix du Vongola Nono.

-Comment tu sais ça ?

-Ce n'est pas la question de savoir comment je le sais, mais plutôt de ce qui va arriver. Et je crois que tu sais très bien de quoi je parle.

-Le combat des anneaux.

-Exactement ! Tu es un tel génie mon cher Reborn !

-Pourquoi tu y seras ?

L'Arcobaleno du soleil avait beau repassé chaque détail de 27 dans sa tête, il ne voyait pas du tout de raisons pour lesquelles le chef de la si célèbre équipe de tueurs à gages, les Numbers, serait présent aux combats des anneaux. Cela n'avait aucun sens !

-Déjà, joue avec nous mon cher Reborn ! Je crois me souvenir que tu as encore une quête en cours.

-Très bien, finit par abdiquer le porteur de la tétine jaune avec un soupir tout en sachant qu'il finira bien par le trouver, je jouerai à vos jeux de gamins si ça me permet de découvrir ton identité.

-Oh ? Mais, mon cher Reborn, je n'ai jamais dit que le jeu sera facile avec nous.

-C'est moi votre adversaire, lui rappela le maudit entre ses dents.

-Mais ça, je le sais très bien mon cher Reborn et c'est l'une des raisons pour lesquelles je… nous n'allons pas sous-estimer. Alors prépare-toi car les jeux ne font que commencer !

Sur ces mots et sans laisser la moindre seconde au bébé pour répondre, le chef des Numbers raccrocha soudainement. Le déclic sonore annonçant la fin d'un appel résonna dans la pièce toujours silencieuse. Les membres du CEDEF, pour la plupart, se remettaient encore du fait que l'individu au téléphone se trouvait être 27, le leader d'une bande de tueurs à gages et l'une des personnes les plus mystérieuses du groupe dont seuls ceux qui auraient eu connaissance de son apparence ou les seuls l'ayant entendu se trouvaient toutes six pieds sous terre.

Sans prendre en compte ce qu'il se passait dans le magasin, l'Arcobaleno lança un dernier regard à l'appareil de communication avant de reposer le combiner sur son socle. Il tira ensuite son fédora sur son visage pendant que ses poings se serraient. Reborn n'était pas simplement énervé, ce serait un euphémisme que de le dire.

Il. Etait. Furieux.

Déjà, il se retrouvait au Japon pour éduquer un véritable imbécile dans l'espoir de faire de lui le prochain patron Vongola, ainsi que tenter de découvrir la véritable identité d'un groupe de tueurs à gages qui gênait les Vongola. Ensuite, il découvrait que la seule piste solide dans sa seconde mission venait d'être tuée par ceux qu'il cherchait. Et maintenant, le chef de la bande qu'il considérait comme un gamin avait eu le culot de le provoquer lui, l'Arcobaleno du soleil et le meilleur tueur à gages au monde.

Sérieusement, s'il n'avait pas un tant soit peu de respect pour Timotéo, le Vongola Nono, il aurait déjà pris ses cliques et ses claques et serait retourné en Italie pour prendre une mission qui mettait moins à l'épreuve ses nerfs. Si cela continuait, il ne savait pas combien de temps il tiendra avant de déverser tous ses plombs sur le premier venu juste pour se défouler. Maintenant, il fallait prier pour que personne ne teste sa patience de sitôt. Sinon, il n'allait pas donner cher à tout ce qui se trouvait devant lui. Et pour couronner le tout, il savait que même s'il le voulait, les Vongola ou le CEDEF ne pourraient pas retracer l'appel. La discrétion pour laquelle les Numbers était connue n'était pas simplement une légende.

Comme s'ils avaient compris ce qu'il se tramait dans son esprit et les conséquences de si quelqu'un le dérangeait, les agents du CEDEF reprirent leurs activités qu'ils faisaient avant d'être interrompus par l'appel, non sans chuchoter entre eux sur ce qu'il venait de se passer. Et aucun ne s'approcha de lui à moins d'un mètre. Même Turmeric le laissa tranquille bien qu'ils discutassent jusqu'à il y a peu. A la place, il sortit son téléphone pour rapporter la situation à son boss, Iemitsu.

Ce qui fit penser au tueur à gages qu'il devait lui aussi appeler Nono pour lui dire avant que cet abruti de patron du CEDEF ne le fasse. Alors avec un soupir qui pouvait se confondre avec un grognement, il attrapa d'une main Léon qui venait de se transformer et composa le numéro personnel du Vongola Nono.

Il ne fallut pas attendre plus d'une sonnerie avant que le vieil homme ne décroche. Heureusement parce que le bébé n'aurait pas attendu plus longtemps. Comme si l'autre savait inconsciemment qu'il était en colère.

-Nono, commença Reborn sans laisser le temps à son ami de le saluer, rajoute à la fiche de 27, arrogant, immature, présomptueux, joueur, imbu de lui-même et une foutue langue de vipère.

-Et… puis-je savoir pourquoi je devrais rajouter ces termes dans un dossier que toute la mafia verra ? Voulut-il savoir, un peu surpris par ce que le maudit venait de lui dire.

-Au moins, ils auront quelques informations supplémentaires à son sujet…, ce qui ne fera pas de mal, ajouta ce dernier en marmonnant.

-C… comment ? Balbutia Timotéo.

-Je viens d'avoir une charmante discussion avec lui et sa foutue langue de vipère, répondit simplement le meilleur tueur à gages d'un ton plat comme s'il ne venait pas d'annoncer un fait complètement impossible à concevoir pour l'ensemble des mafieux et des plus aberrants, mais plutôt la météo.

A l'autre bout du fil, il entendit clairement Nono pousser un soupir. La nouvelle ne semblait pas vraiment le surprendre, comme s'il s'attendait à un moment ou à un autre à ce type d'annonce de la part de l'Arcobaleno

-Pourquoi cela ne me surprend pas ? Demanda le vieil homme sans chercher à vouloir une réponse. Que t'a-t-il dit ?

-A part qu'il a réussi à m'énerver ? Fit le bébé en haussant un sourcil. Qu'il m'invite à jouer à un jeu complètement absurde, que j'ai une « quête » en cours, qu'il m'a donné un indice que je ne comprends pas encore et quoi d'autre déjà ? Ah oui, qu'il aura certainement quelque chose à voir avec le combat des anneaux en plus de connaitre mon élève.

-Ça fait beaucoup d'informations à prendre d'un coup, dit finalement Timotéo après quelques instants de silence. Mais ça ne rend pas les choses moins inquiétantes pour autant… est-ce vraiment tout ce qu'il t'a dit ?

-Dans les grandes lignes. Mais je t'expliquerai plus en détail ce qu'il s'est passé une fois que je pourrai être tranquille. Pour le moment, j'ai encore une quête à résoudre.

-Ne fais pas quelque chose d'intrépide alors.

-Pourquoi le ferais-je ? Demanda le bébé en fronçant les sourcils.

Avec un rire et sans aucune réponse de sa part, le Vongola Nono raccrocha. Contrairement au précédent appel, Reborn se contenta d'un petit soupir avant que Léon ne se transforme en lézard et ne reprenne place sur son fédora. Décidément, le vieil homme ne changeait jamais. Toujours à le taquiner gentiment.

Néanmoins, en jetant un coup d'œil à l'horloge qui indiquait midi cinquante en ce moment même, et avec un rapide calcul, il se demanda ce que faisait Timotéo déjà debout alors qu'en Italie, il n'était pas encore tout à fait six heures. Quelque chose lui dit que cela avait un rapport avec ses papiers, ce qui lui fit se masser les tempes. Les patrons Vongola et leur paperasse, c'était vraiment une longue histoire de haine et d'amour – surtout de haine – qui remontait au temps de Primo. Certains la considérait même comme une malédiction.

Laissant de côté les soucis qui se présentaient sous forme de hautes piles interminables de papier, le meilleur tueur à gages se reconcentra. S'il se souvenait bien des paroles de 27, il y avait quelque part dans la pièce, une « quête » qui l'attendait. Restait à savoir où. Près du téléphone ? Dans l'une des Kokeshi ? Derrière l'un des meubles ? En tout cas, les cachettes ne manquaient pas dans la boutique d'antiquités et pour la deuxième fois de sa vie, Reborn ne savait pas où donner de la tête. Il y avait tellement d'objets et d'endroits où pouvait se cacher un simple bout de papier que le rechercher parmi tout ce bordel donnait envie au maudit de faire manger ses jeux à 27. Pourquoi avait-il déjà accepté ce petit jeu ?

Seulement, avant que le bébé ne puisse commencer ses recherches ou toute plainte au sujet d'un numéro incroyablement agaçant, Turmeric se dirigea vers lui. Il semblait légèrement hésitant et il ne cessait de tripoter un morceau de papier un peu jaunie par le temps. Ce qui attira l'attention du bébé lorsque ses orbes se portèrent sur ce que lui apportait le conseiller d'Iemitsu.

-Je n'ai pas eu le temps de te le dire tout à l'heure avant que 27 n'appelle, mais l'un de mes gars a trouvé ce message qui t'es adressé près d'une carte postale d'Italie et sous une poupée en bois, lui apprit-il tout en lui tendant ce qu'il avait dans la main.

Avec un hochement de tête pour le remercier, le porteur de la tétine du soleil le prit. Sans trop de surprise de ce côté, il ne s'agissait que d'un simple morceau de papier, légèrement rugueux, brûlé sur les bords et jauni par le temps. S'il devait entrer dans le jeu de son adversaire, il dirait que cet objet sort tout droit d'un jeu vidéo.

Cependant, à peine eut-il lu le contenu que son visage se renfrogna aussitôt.

.

Nouveau message ! Vous avez reçu un nouveau message !

From : les Numbers

A : Reborn

A : 16 : 06

Rang : SS+

Particularité : émit par les Numbers

Notes : Mon cher Reborn, comme le temps est propice aux jeux et à l'amusement, nous, l'ensemble des Numbers, t'offrons ta première quête dans ta mission pour nous démasquer. Chanceux va ! Ceux avant toi n'ont pas eu autant de chance que toi !

Nous espérons que tu t'amuseras autant que nous !

A la prochaine, Arcobaleno du soleil,

Les Numbers

PS : Tu nous excuseras, mais nous n'avons pas pris la peine de mettre tous les numéros pour ne pas te perturber :P

Quête : Trouvez les leaders des Numbers

Temps imparti :

.

A la fin de sa lecture, Reborn se demanda s'il devait être trop vieux pour qu'il accepte aussi facilement de jouer à des jeux avec des gamins. Soit, ces numéros étaient plus fous qu'il ne s'y attendait. Non mais sérieusement, quelle personne censée et recherchée donnerait volontairement des indices et des… sortes de quêtes pour les retrouver ? Pas celles qu'avaient dû poursuivre le bébé jusqu'à cette mission.

Le pompon devait être le fait que 27 avait noté un temps imparti – il n'y avait que lui pour lancer des piques même à l'écrit – pour ne pas marquer le temps qu'il avait pour « compléter cette quête ». Plus il en découvrait sur les Numbers et moins il les comprenait et il n'avait pas hâte de les rencontrer officiellement en vrai.

Avec un soupir, l'Arcobaleno rangea le message dans sa poche. De toute façon, pour le moment, il ne lui servira clairement à rien et le maudit devait plutôt se concentrer sur l'indice que lui avait si gentiment offert 27 – encore une fois, un indice ! Et en y réfléchissant bien, il allait devoir pas mal se casser la tête pour le décoder. Heureusement qu'il pouvait compter sur sa mémoire infaillible pour s'en souvenir.

« Quand la palourde n'est pas là, les nombres dansent. Si le roi attend son heure, la reine a toujours un coup d'avance. »

Joli détournement de l'expression « quand le chat n'est pas là, les souris dansent » dont Reborn se moqua complètement sur ce coup pour se concentrer sur la seconde partie qui l'intéressait un peu plus dans sa recherche. Pour la première, il ne savait pas encore vraiment ce qu'il pouvait en tirer et pour le moment, rien de très significatif pour lui et sa quête.

Tout en se massant à nouveau les tempes, l'Arcobaleno se trouva un petit coin pour réfléchir tranquillement à l'indice qui se présentait plutôt sous la forme d'une énigme.

La première partie de la seconde phrase se présentait sous cette forme « si le roi attend son heure ». Le terme « roi » le dérangeait assez. Après tout, il désignait autant une personne de la royauté que le lion, appelé le « roi des animaux », que les sigles en économie et en traitement de texte ou, pour en revenir aux « jeux » dont étaient si fiers les Numbers, la carte du roi dans les jeux de cartes, la pièce d'échec du même nom ou encore Le roi ou la mise, une variante du jass. (NDA : un jeu de cartes pratiqué en Suisse, au Lichtenstein, en Autriche, en Allemagne et en Alsace). Alors chercher ce que ce nom commun, sans majuscule, voulait véritablement signifier dans l'indice fit froncer les sourcils au tueur à gages. La seule chose intéressante qu'il a tiré de ses réflexions sur ce morceau de phrase serait qu'il s'agit de quelque chose de haut placé. Pas forcément appartenant à la royauté, mais quelqu'un ou quelque chose d'important.

27 pourrait correspondre à ce terme… ? Rien que cette pensée suffit pour que le porteur de la tétine jaune eut une grimace. Déjà que ce sale gamin avait réussi à l'énerver et à se rendre maître de la conversation téléphonique, il n'allait quand même pas le considérer comme un roi en plus !

Mettant sa mauvaise foi de côté, il y avait un certain sens. Car en y réfléchissant bien, le bébé n'avait aucun argument comme quoi le chef des nombres ne pouvait pas être associé au terme de « roi ». Et en y regardant d'un peu plus près, il y trouvait une certaine ressemblance et même un peu trop à son goût. Car si le roi désignait 27, la reine ne correspondait qu'à une seule personne dans la bande. La partenaire de 27 et le second leader des Numbers, 95.

Un roi et une reine…

Des titres hauts placés et appartenant à la royauté…

Qui dirigeaient des numéros…

C'était à n'y rien comprendre.

Reborn inspira un grand coup avant de relâcher tout l'air contenu dans ses poumons. Il fallait qu'il se calme pour pouvoir réfléchir tranquillement à l'indice. Cependant, à chaque fois qu'il pensait à quelque chose, la conversation qu'il avait eue avec cet assassin/tueur à gages lui revenait en tête et il s'énervait.

Un instant… les sourcils du maudit se froncèrent. 27 n'avait pas dit quelque chose à propos de pièces peu après lui avoir donné l'indice ? Et s'il se souvenait bien, il lui avait dit « essaye de trouver les pièces qui vont t'aider dans ta quête » et ces phrases mystérieuses devaient l'aider normalement.

Seulement, en quoi pouvaient-elles l'aider alors qu'il se trouvait encore sur la dernière scène de crime des Numbers… ?

Ses yeux s'écarquillèrent. Depuis le début, il s'y prenait mal. Il ne devait pas chercher ce que voulait dire à proprement parler l'indice, mais plutôt à quoi cela faisait référence dans la boutique et aussi trouver ces « pièces » évoquées plus tôt.

Il serra le poing. A force de vouloir chercher un double sens au message, il en avait oublié le sens premier. Les Numbers prenaient tout pour un jeu et certaines fois, dans les jeux, il ne fallait pas chercher midi à quatorze heures et aller au plus simple. Il se cassait la tête pour un rien. Sur ce coup-là, il blâmait totalement son adversaire.

Avec un petit hochement de tête, il reprit tout depuis le début. En ce moment, il se trouvait dans un magasin d'antiquités rempli d'un tas d'objets divers, un cadavre froid depuis un certain temps et des agents du CEDEF qui remplissaient les tâches que leur avait donné Turmeric et fouillaient dans les antiquités sans trop les déranger pour garder intact la scène de crime pour la scientifique. Et… ces hommes et ces femmes travaillaient… pour les Vongola… la palourde !

Un regard autour de lui indiqua au tueur à gages que ses coéquipiers sur cette mission évitaient ou ne touchaient pas trop certaines zones. Notamment celles en hauteur ou les grands meubles donc… une grande horloge de grand-mère européenne. Une si vieille qu'il pensait que ce modèle n'existait plus depuis le temps.

Seulement, ce n'était pas ce qui attira son regard. Le meuble en lui-même n'avait rien de particulier à part peut-être le fait que ce modèle avait vu sa production s'arrêter peu avant le début du vingtième siècle. Complètement en bois – sûrement du chêne – les traces du temps semblaient ne pas l'avoir affecté à part son non fonctionnement. Si le bébé devait dire sa provenance, il dirait qu'elle vient de France et plus précisément qu'il s'agissait d'une horloge comtoise. Qui s'était arrêtée à seize heures et six minutes s'il lisait bien. La même heure que celle de…

-… la quête ? Réfléchit-il à voix haute. D'accord, il doit s'agir d'un endroit que les autres évitent, mais une horloge ? Marmonna-t-il avant de se souvenir. « Le roi attend son heure » … ne me dit pas que ce serait si facile…

Il haussa un sourcil. Toutefois, il devait en avoir le cœur net. Après tout, il n'avait rien à perdre donc autant vérifier si sa théorie tenait la route. Pour le moment, tout correspondait.

Sans un regard aux membres du CEDEF autour de lui, l'Arcobaleno s'approcha de l'horloge comtoise. Celle-ci le surplombait de toute sa hauteur et dans ce genre d'instant, Reborn détestait vraiment la malédiction des tétines, sa petite taille ne lui permettait pas d'atteindre tout ce qui se trouvait être plus grand que lui.

Cependant, il n'eut pas besoin d'escalader quoi que ce soit que ses orbes furent attirés par le creux du meuble, là où le pendule se balançait toutes les secondes. Mais comme l'horloge n'était plus en fonctionnement, il était à l'arrêt. Et juste en dessous, un objet tout petit par rapport au mastodonte de bois, attendait patiemment que quiconque le remarque. Surtout qu'il n'avait clairement pas sa place sous un pendule et n'avait pas non plus la bonne couleur.

-A quoi tu joues 27 ? Demanda Reborn alors qu'il se penchait pour récupérer la pièce.

Pas plus grosse que son poing, celle-ci tenait dans la main du porteur de la tétine jaune. Sa teinte ne correspondait pas à celles qu'il connaissait. La sienne était un mélange de blanc et de noir assez agréable à l'œil. Sinon, elle ressemblait à n'importe quelle autre du même genre.

Une simple pièce d'échec.

Un roi.

Au moins, il avait résolu une partie de l'indice, même s'il ne voyait pas en quoi une pièce d'échec mi-noir mi-blanche l'aidera dans sa quête. Si 27 voulait se faire une partie d'échec, il lui manquait les tours, les pions, les cavaliers, les fous et… la reine…

Bien sûr la reine ! Il fallait encore trouver la reine pour avoir l'ensemble des pièces s'il suivait bien l'indice. Quelle était déjà la fin de la phrase ? « La reine à toujours un coup d'avance ».

A part dans les jeux que semblaient adorer tous les Numbers – du moins 27 – il ne voyait pas où la reine pourrait se cacher dans la boutique. Près des cartes postales où l'un des agents du CEDEF avait trouvé la quête ? A côté d'une poupée de porcelaine qui mériterait mieux de figurer dans un film d'horreur ? Vers l'une des Kokeshi ? Ou posé sur un pistolet pour le jeu de mot avec « coup » ?

Si l'obtention du roi avait été rapide, celle de la reine n'allait pas l'être s'il en croyait les mots qu'il se rappelait. A cela, Reborn poussa un soupir. Les Numbers faisaient beaucoup trop travailler son cerveau et il semblerait au vu du message laissé dans la boutique, que plus il allait continuer sa mission, moins il y aura de sens dans ce que feront ou diront les numéros. La pièce manquante de la reine, à cet instant, et la fin de l'indice résumaient à peu près la complexité de tout ce bazar.

Le bébé se massa les tempes. Tant qu'il n'aura pas trouvé la compagne du roi, il ne s'en ira pas, même s'il devait fouiller l'intégralité du magasin et retourner l'ensemble des objets. Telles furent ses pensées avant qu'un détail n'attire son regard.

Lorsque le maudit étant rentré dans la boutique, il y a presque une heure, l'obscurité englobait la pièce et après l'arrivée de la lumière, ses orbes étaient restés fixés sur le cadavre de Kabuto avant que l'appel et l'indice de 27 ne l'entraînent dans une chasse au trésor. A aucun moment, il ne prit pas le temps de remarquer le plafond. Chose qui le fit presque jurer.

Au-dessus de lui, le plafond se composait uniquement de carreaux. Et de carreaux de même taille, tels ceux dans les salles de bain. Mais de couleur noir et noir. Un sur deux.

Tel un jeu d'échiquier.

Marmonnant une nouvelle série d'insultes à l'encontre de l'un ou des nombres complètement fous – il avait encore quelques doutes à ce sujet – il regarda quelques secondes le roi dans ses mains avant de revenir sur le plafond. Dans les jeux d'échec, la dame ou la reine selon les langues et le pays, avait le plus grand choix de déplacement par rapport à toutes les autres pièces. Ligne droite, verticalement, horizontalement et diagonalement. Elle se mouvait dans toutes les directions possibles.

Pourtant, l'endroit de l'échiquier où elle pouvait aller là où elle voulait – en arrière ou en avant – était le centre du plateau de jeu.

Sans un coup d'œil à ses camarades de mission, l'Arcobaleno calcula rapidement. La dame noire se tenait sur la case d8 et la blanche sur la d1. Le centre se trouvait être la case d4.

Il nota aussi que peu de carreaux se trouvaient être en bon état et que seul un carré de huit sur huit avait été épargné. Comme par hasard. Et le maudit était non loin de cette étrange coïncidence qui ne pouvait pas en être une connaissant les Numbers et leurs minutieux détails qui avaient la capacité de donner des cheveux blancs à n'importe qui.

Heureusement pour le porteur de la tétine du soleil qu'il avait passé une grande partie de sa jeunesse entourée d'énigmes, de casse-têtes et de jeux en tout genre. Sur le coup, il ne savait pas s'il devait les remercier pour l'avoir aidé à développer une rapide capacité à comprendre les énigmes et les décoder, ou jeter « accidentellement » un briquet ou une allumette allumée.

Laissant de côtés ses pensées – il n'aimait vraiment pas cette mission – il se dirigea vers l'emplacement d4 et selon ses déductions, il allait trouver la reine qui lui manquait. Juste en dessous du carreau indiquant cet emplacement se trouvait une table basse, tout ce qu'il y avait de classique dans le siècle dernier. Posé dessus se trouvait une petite sculpture d'une rose en pleine maturité avec à ses côtés, un napperon brodé de fleurs et un Barette 92. Un pistolet semi-automatique italien produit en 1976. Reborn aimait beaucoup cette arme et quand Léon ne se changeait pas en une arme à feu originale, il prenait généralement cette forme.

Seulement un objet de plus petite taille se tenait caché dans l'ombre de la rose de pierre. Le visage du bébé se renfrogna aussitôt à cette vue bien qu'il fut assez content de l'avoir trouvée et que ses déductions se soient avérées justes sur ce coup.

Une reine d'échec.

Comme le roi précédemment, elle tenait dans son main et possédait ce même mélange de couleur significatif. Enfin, pour l'instant, il ne comprenait pas encore ce choix de teinte et préféra laisser de côté le sujet pour une réflexion future. Il voulait encore prévenir Nono de ses découvertes. Ce fut donc dans un état second qu'il composa le numéro de Timotéo une fois que Léon se soit transformé en téléphone.

Cependant, son regard était toujours rivé sur ce qu'il venait de trouver d'après l'indice de 27.

-Des pièces d'échec…, répéta-t-il encore comme s'il cherchait un sens caché derrière ces deux objets.

-Pardon ? Des quoi Reborn ?

La voix de son ami lui semblait lointaine bien que son téléphone soit contre son oreille. Toute son attention était dirigée uniquement sur ce qui se trouvait entre ses doigts. De si fragiles et délicates pièces de jeu et qui pourtant, renfermaient un savoir important dans sa recherche des numéros.

Un roi…

Une reine…

Deux des pièces d'échec les plus importantes…

Reborn s'arrêta aussitôt avant de relâcher tout l'air contenu dans ses poumons qu'il ne pensait pas avoir bloqué à un moment donné durant sa réflexion. Ses orbes se posèrent sur les couleurs qu'il trouvait étranges il y a deux secondes. Mentalement, il se frappa la tête pour avoir oublié un détail aussi important mais si évident quand il était fait référence à un jeu d'échec. N'importe qui d'autre y aurait pensé avant à sa place.

Marmonnant une série d'insultes dans diverses langues, le maudit se reprit. Sa prise sur l'appareil de communication se raffermit et il prit enfin conscience que Timotéo attendait une réponse de sa part.

-Nono ! S'exclama-t-il. Demande à tes hommes de passer toutes les scènes de crime au peigne fin ! Il faut trouver toutes les pièces !

-Les pièces je veux bien. Mais de quoi et pourquoi ?

Le regard de l'Arcobaleno se porta une nouvelle fois sur les objets qu'il tenait. Cette fois-ci, il les leva assez haut pout qu'ils soient en face de son visage et directement dans sa ligne de mire. Un sourire narquois se forma sur ses lèvres tandis qu'il pensa que ni 27, ni aucun autre numéro ne l'aura sur ce coup-là.

-Des pièces d'échec… la clé de l'énigme que nous ont envoyé les Numbers…

xxxxxxx

Avec un dernier coup de tonfas en plein dans le crâne – mais avec moins de force qu'en temps normal sinon sa tête aurait été écrasée – Kyoya venait de battre le dernier membre du groupe de Yakuza qu'il affrontait depuis une grosse demi-heure. Normalement, avec la raclée qu'ils venaient de subir face à un adolescent, ils ne devraient plus revenir de sitôt. Il leur avait clairement fait savoir qui contrôlait Namimori.

Sérieusement, il gouvernait la ville depuis près de huit ans et il y avait encore des imbéciles qui s'amusaient à défier son autorité. Certaines fois, ils revenaient à la charge plusieurs fois, ce qui fit se demander au président du comité de discipline si tous les herbivores de cette catégorie réagissaient de la même façon ou s'ils ne comprenaient tout simplement pas le fait qu'il était le combattant le plus fort – sous forme civile – et qu'ils devaient respecter la chaîne alimentaire.

Soudain, un mouvement sur sa gauche attira son attention. En parlant de trouble-fête…

-Tu fais quoi mon petit nuage ? Voulut savoir Miu pendant qu'elle s'avançait parmi les mafieux assommés, ses orbes brillant d'une étincelle d'amusement en voyant les dégâts causés par son partenaire.

Son intervention ne surprit nullement le nuage de Tsuna, ayant remarqué sa présence depuis un moment maintenant. Il ne lui accorda qu'un regard noir et aucune réponse. Regard qui signifiait clairement qu'il n'appréciait toujours pas le surnom qu'elle lui donnait. Et si n'importe qui d'autre s'était trouvé à la place de la jeune femme à cet instant – hormis le reste des Numbers et quelques individus – la personne serait tombée dans les pommes ou aurait pris ses jambes à son cou. Toutefois, sa camarade ne s'en soucia pas, habituée à ce qu'il réagisse de cette façon, et haussa simplement les épaules.

-Hn, que fais-tu ici ? Lui demanda l'adolescent en rangeant ses tonfas.

Tant qu'aucun des deux n'avait besoin de jouer leur rôle de civil pour éviter ceux essayant de percer leurs identités secrètes – dont un certain Arcobaleno du soleil – ils n'avaient aucune raison d'être vus l'un avec l'autre. Sauf dans le cas d'une mission. Sinon, moins ils se voyaient, mieux ils se portaient.

-Ah ? Aux dernières nouvelles, tant que je suis ici et sous le nom de Miu, je dois te suivre, quitte à te harceler et tu sais que ça me plait autant que toi, gémit-elle sarcastiquement.

-Hn.

-Oui, moi aussi j'ai hâte que cette mission se termine, mon petit nuage.

Kyoya plongea ses yeux devenus violets dans ceux de sa partenaire et haussa un sourcil. Celle-ci croisa les bras sur sa poitrine et soutint son regard. Dans la bande des Numbers, c'était un fait commun, alors qu'aucune personne en dehors d'eux ne le savait. Mais le duo des nuages, même s'ils avaient le nombre de mission le plus élevé parmi les numéros, ils se détestaient. Ou plutôt, 78 haïssait 18 pour un évènement qui s'était produit lors de leur enfance et depuis, elle voulait sa vengeance. 18 lui rendait ses sentiments. Rajouté à cela qu'étant des nuages, ils aimaient travailler seuls et n'aimaient pas le travail d'équipe. Ce que leur imposait leur ciel. Et aucun élément ne désobéissait à un ordre de leur ciel.

De ce fait, leurs couvertures en tant que civil, si jamais ils venaient à se croiser, sera la suivante. Miu devait harceler Kyoya et le pousser à se battre contre elle. Ce qui n'était pas trop compliqué dans ce sens. Après tout, même si les nuages étaient connus pour chercher les combats, en aucun cas, en cinq années d'existence, ils ne s'étaient battus l'un contre l'autre. Les seuls contre qui ils sortaient plus que volontairement leurs armes, se trouvaient être les brumes quand 69 et 96 s'amusaient un peu trop à les taquiner. Et pour le moment, Mukuro venait à peine de rentrer et Chrome se tenait à carreau. Donc, les nuages n'avaient pas d'autres choix que de se battre l'un contre l'autre. Enfin, 78 sera la seule à s'amuser vraiment dans son rôle puisqu'elle avait une chance de se venger en partie.

-De toute façon, on verra bien plus tard, finit-elle par soupirer en rompant le contact. Tout pour le ciel, rajouta-t-elle sans son sourire habituel quelques instants plus tard.

Peu après la création du groupe, l'ensemble des Numbers – hormis 27 et 95 – avaient développé un slogan assez particulier. Lorsque la situation devenait hors de contrôle et qu'il y avait de fortes chances d'un affrontement ou d'un possible glissement, cette phrase était de mise. A ce moment, chacun des numéros oubliait ce qu'il faisait pour se concentrer uniquement sur son ciel. Ce qui agaçait profondément les leaders qui voyaient leurs mouvements restreints.

Ce slogan servait aussi de temps en temps de mots de passe ou de vérification. Mais la plupart l'utilisait aussi comme une sorte de conviction. Pour 18 et 78, il y avait un autre sens. Les deux anciens adversaires savaient très bien qu'au-dessus de leur querelle, il y avait leur ciel et ils étaient prêts à déposer les armes pour les protéger à n'importe quel prix.

-Tout pour le ciel, répéta 18 avant de se détourner pour chercher un autre combat, rapidement suivit par sa partenaire.

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Avec un sourire narquois qu'il était presque sûr que l'Arcobaleno pouvait deviner, 27 mit fin à l'appel sans un mot de plus. Le plan que lui, 95, 43 et le dernier Number avaient mis des heures et des jours à élaborer avançait sans problème jusqu'à présent. Et même trop bien. Reborn suivait à la lettre ce qu'il devait faire comme le ferait n'importe quel chien. Une pensée qui fit rire le nombre.

Tsuna n'avait même pas eu à jouer totalement la carte de l'arrogance pour que son adversaire s'énerve. Il semblerait qu'un certain Arcobaleno du soleil ne supportait pas les « gamins » - comme il les avait appelés – surtout ceux qui avaient tendance à ne pas avoir leur langue dans la poche. Et sur ce coup, le chef des nombres n'était pas le pire d'entre tous. Miu, Mukuro, Chrome et Kyoko le dépassaient largement.

Sans un regard de plus à son téléphone qui finit sur son bureau à côté de sa montre à gousset, le numéro laissa de côté la discussion qu'il venait d'avoir avec le bébé pour se concentrer sur ce qu'il restait à faire et sa bonne humeur disparue aussitôt.

Selon son espion en place chez les Vongola, le combat des anneaux approchait dangereusement. 27 ne lui donnait pas plus de deux semaines maximum avant les débuts des affrontements. Tout en mordant son ongle du pouce sous l'effet du stress montant, il ne pouvait que se sentir anxieux à cette annonce. La première partie du plan devait absolument arriver à terme avant. Et que rien d'imprévu ne survienne… comme l'arrivée d'EUX.

Il fallait bien l'avouer, mais le dernier message du Number en poste en Italie ne lui plaisait pas vraiment. Aucun d'entre eux n'avait prévu qu'ILS bougent aussi vite alors que la seconde phase se mettait en place très rapidement. Cependant, tant qu'ILS ne tombaient pas sur l'indice que les numéros avaient laissé aux Vongola, tout devrait bien se passer.

Pour le moment, avant que le combat des anneaux ne commence, il manquait encore un certain nombre, les ciels auront besoin de lui sur place pendant les affrontements, et quelques armes supplémentaires. Lors de la dernière réunion, après avoir réussi à calmer 95, Shoichi et Spanner leur avaient expliqué qu'il leur faudrait encore un ou deux jours pour finir les dernières vérifications. Cette annonce avait réjoui l'ensemble des Numbers et avait fait disparaître la tension dans la pièce.

Maintenant, le jeune homme attendait un message de la part de l'un des deux ingénieurs qui ne devrait pas tarder selon son Hyper Intuition. Ce qui ne l'empêchait pas d'être à cran. Surtout ces derniers temps et la présence du meilleur tueur à gages au monde dans sa maison.

Alors qu'il poussa un soupir et passa une main dans ses cheveux, il reconnut qu'il n'avait pas prévu une accélération aussi soudaine des avancées du plan. Entre l'arrivée du maudit, l'élimination de la Spreco Famiglia, la mort de Matsumi Kabuto et la phase deux de 43, les évènements s'enchaînaient très rapidement sans leur laisser le temps de respirer.

Mais les nombres s'approchaient enfin de leur objectif fixé il y a cinq ans lors de la création du groupe.

Le combat des anneaux ne sera qu'un pas supplémentaire dans la direction où ils allaient et rien ni personne ne pourra les arrêter. Pas même Reborn qui venait de devenir officiellement leur adversaire sur cette partie. Et s'il pensait que l'indice reçu plus tôt était complètement tordu, il n'avait pas encore vu ce qu'avait prévu les numéros pour la suite.

D'ailleurs, en parlant de l'indice imaginé par 27, 43, 95 et 59, le premier espéra juste que l'Arcobaleno trouvera la réelle signification des pièces – il avait beaucoup d'espoir en lui – les autres aussi et le sens caché des phrases. Pas seulement l'emplacement du roi et de la reine.

En pensant à sa partenaire, le ciel se rappela qu'il devait encore envoyer un message au porteur de la tétine jaune pour lui indiquer un défi. Il esquissa un sourire narquois. Reborn en avait de la chance dans ce jeu. En plus de recevoir un indice et une quête, il avait aussi le droit à un défi. Peut-être qu'ils devraient arrêter de donner autant d'informations dans une zone de temps aussi proche.

Avec un haussement de sourcil et un regard autour de lui, Tsuna haussa les épaules. Avoir quelques renseignements supplémentaires sur les Numbers – notamment leurs leaders – ne fera pas de mal.

Après s'être assuré une nouvelle fois que personne ne se trouvait dans les environs – Nana était partie faire deux courses avec I-Pin et Lambo, ceux-ci allaient faire une visite du quartier et sûrement rendre visite aux autres nombres ; Ieyasu était allé retrouver et rencontrer ses gardiens que Reborn lui avait trouvé (son frère jumeau roula des yeux à cette pensée, cet imbécile n'était même pas capable de remplir cette tâche tout seul) et Mukuro avait rejoint Chrome et ses amis à Kokuyo après avoir fait part de son retour – 27 attrapa à nouveau son téléphone.

Néanmoins, le flux de ses pensées s'arrêta soudainement lorsqu'une douleur aigüe lui traversa le corps. Retenant du mieux qu'il put le gémissement qui menaçait de sortir, Tsuna serra les dents tandis qu'il agrippait sa poitrine. Son appareil de communication s'écrasa au sol dans un bruit sourd auquel il ne prêta pas attention tant il avait mal.

Depuis son accident et ce qui en avait suivi, l'aîné Sawada faisait quelques fois des crises où tous ses sens se bloquaient et une douleur lancinante le prenait de la tête aux pieds. Il savait qu'il arrivait de temps en temps la même chose à ses amis, mais surtout à 95, 43 et le dernier numéro en raison du lien étroit entre leurs pouvoirs et leurs ressemblances.

Ses jambes cédèrent rapidement et il s'écrasa sur le sol de sa chambre sans qu'il ne le remarque. Son esprit était uniquement sur la souffrance qu'il endurait. Il ne sentait plus rien, ne voyait plus rien, ne ressentait plus rien. Le noir total l'engloba et il n'y avait plus que le silence oppressant, comme les minutes précédent une mise à mort. Il ne restait plus qu'une brûlure ardente dans ses veines. Et l'impression que son cœur se faisait écraser entre deux mains. Une sensation qu'il détestait et qu'il ne voulait plus ressentir de sa vie, mais qui le reprenait.

Finalement, après ce qui lui avait semblé une éternité, la douleur disparut aussi vite qu'elle apparut. Quelques secondes plus tard, il ne restait plus rien. Seul le corps encore tremblant de Tsuna indiqua qu'il s'était passé quelque chose.

Il inspira de grandes bouffées d'air alors qu'il se reconcentrait. La vue lui revint encore quelques instants plus tard, suivit par le toucher, le goût, l'ouïe et l'odorat. Ses mains, toujours crispées sur son tee-shirt, se desserrèrent pour passer sur son visage vide de couleurs avant de se poser sur le sol.

Avec un effort plus que surhumain de sa part, il réussit à s'assoir une longue minute après avoir recouvré ses sens. Les tremblements ne s'étaient pas arrêtés, mais se faisaient de moins en moins présents. Son regard eut encore besoin de plusieurs secondes pour pouvoir se concentrer sur le moindre objet sans que sa vision ne devienne floue.

27 serra les dents tout en passant une main dans ses cheveux. Il détestait, ou plutôt, il haïssait encore plus que l'Arcobaleno du soleil, ce genre de moments qui lui rappelait chaque horreur vécue et sa faiblesse. Il se sentait faible après chacune de ses crises et il détestait ce sentiment. En plus, son Hyper Intuition ne fonctionnait plus pendant la prochaine demi-heure, ce qui avait tendance à le rendre irritable voir exécrable. Il n'était plus 27, le célèbre tueur à gages et assassin, mais simplement un adolescent hanté par son passé.

Tandis qu'il retrouvait ses forces et une respiration moins sifflante, le bourdonnement familier de son téléphone se fit entendre. Avec un haussement de sourcil sur qui pourrait bien l'appeler à cette heure-ci, il tendit la main, toujours assis par terre, et attrapa l'appareil vibrant. Dès qu'il réussit à lire le numéro sur l'écran, il cligna plusieurs fois des yeux. Pourquoi sa partenaire l'appelait-elle ? Il décrocha rapidement et le porta à son oreille.

-Que se passe-t-il ? Lui demanda-t-il, oubliant sa salutation habituelle.

-Toi, tu as fait une crise, fit-elle après un instant de silence.

Ce n'était pas une question, mais une affirmation qui fit marmonner une série de jurons en plusieurs langues au jeune homme et fit que sa coéquipière poussa un soupir.

-Comment ça va ? Voulut-elle savoir, un peu inquiète de son état.

-Ça va assez bien, grommela-t-il sans grande conviction.

-Défini le bien.

Tsuna grogna. A chaque fois que l'un d'entre eux faisait une rechute ou une crise, c'était toujours la même rengaine. Enfin, d'habitude, c'était plus lui qui s'inquiétait pour les autres et non l'inverse. La dernière fois, Haru avait fait une crise et il avait fallu presque deux heures à la snipeuse avant de pouvoir rentrer chez elle tant le reste des Numbers présents l'avaient harcelée de questions et de leurs frayeurs.

Alors, si l'un des ciels venait à avoir la même chose, 27 savait qu'il n'allait pas pouvoir en ressortir avant un très long moment. Heureusement pour lui que 95 comprenait la volonté de ne pas avertir les autres nombres, mais cela ne l'empêchait pas de se préoccuper de l'état de son partenaire.

-Assez bien pour m'assoir, mais pas encore pour me lever complètement. Peut-être dans deux minutes. Je n'ai pas de problème pour le reste sauf ma vue qui n'est pas encore complètement parfaite, lui expliqua 27 rapidement.

-Ça semble assez bien pour le moment, approuva Kyoko en soupirant avant de changer complètement de ton pour un enjoué. Sur une autre note, tu lui as envoyé ma demande ?

L'adolescent roula des yeux. S'il ne connaissait pas la jeune femme depuis une dizaine d'années, il serait encore surpris par sa capacité à écarter le sujet principal de la conversation pour un autre de moindre importance. Même si celui-ci était le futur défi de l'Arcobaleno.

-J'allais le faire avant que tu ne m'appelles.

-Pardon de m'inquiéter pour mon coéquipier qui vient de faire une crise.

-Mais je vais bien, gémit-il.

Comme pour le prouver, bien que 95 ne le voyait pas, le numéro se leva. Il réussit à tenir correctement sur ses jambes après quelques secondes à chanceler. Quant à sa vue, la précision était presque entièrement revenue. Après, ce n'était qu'une question de temps. En revanche, pour son Hyper Intuition, il faudra attendre encore plus longtemps avant qu'elle ne soit opérationnelle à nouveau.

-C'est ça…, marmonna la fleur peu convaincue et se doutant fortement de ce qu'il avait fait. Alors au lieu de m'inquiéter, ramène-toi, on va chez Shoichi.

-Il les a déjà finis ? Je pensais que ça lui prendrait au moins jusqu'à la semaine prochaine, fit le ciel, surpris par cette annonce.

-Il semblerait que non selon le message qu'il m'a envoyé plus tôt.

-Alors qu'est-ce qu'on attend ? Demanda-t-il en retrouvant son sourire narquois.

Maintenant, les numéros avaient leurs armes pour être parés pour la suite du plan. Il ne manquait plus qu'un certain Number les rejoigne pour que tous puissent passer à la deuxième phase. Et aussi que la fête commence ! Après tout, ils avaient des héritages à récupérer.

-Toi ! S'exclama 95 avec un soupçon d'intention de tuer. Je suis près de chez toi, vers le parc. Je t'attends.

-Pourquoi tant de précautions ma chère 95 ? Ricana 27.

Même s'il savait exactement la raison pour laquelle elle ne souhaitait pas venir chez lui, il s'amusait beaucoup trop à lui rappeler sa souffrance quotidienne. D'accord, il détestait Reborn, mais il appréciait rappeler que l'Arcobaleno vivait chez lui et observer tranquillement les réactions des autres. Sa coéquipière avait les plus marrantes d'entre elles.

-Je crois, mon cher 27, continua-t-elle sur la même ligne en sachant très bien ce qu'il faisait, que tu oublies vite la personne qui vit chez toi en ce moment. Et je préfère l'éviter avant la rencontre.

-Si tu le dis.

-Oh ! S'exclama 95 comme si elle se souvenait de quelque chose. Comme je pense que tu n'as pas lu le message que 43 a envoyé il y a deux minutes, je me dois de te prévenir qu'un certain groupe d'assassins indépendants avec une qualité plus que supérieure dans ce domaine ne va pas tarder et selon les informations, sera là dans quelques heures.

-La Varia arrive ? Déjà ? Fit le ciel en écarquillant les yeux. Xanxus a trouvé le temps trop long et a décidé de venir exploser mon imbécile de frère avant le combat des anneaux ?

-Quelque chose comme ça si tu n'oublies pas la recherche des demi-anneaux.

-Je n'ai pas hâte qu'ils soient là…

-Moi non plus…, gémit la jeune femme.

Tsuna devait dire qu'il s'attendait à moitié à ce que la Varia arrive en avance – ils n'étaient pas connus pour leur grande patience. Cependant, peut-être pas aussi tôt. Le fils adoptif du Vongola Nono devait vraiment s'ennuyer avant la confrontation avec Ieyasu depuis sa sortie des glaces pour venir près de deux semaines plus tôt.

Dans un sens, cela ne le surprenait pas vraiment et l'énervait plutôt. Avec la Varia dans les parages, les Numbers devront faire encore plus attention. D'autant plus que leur présence voudra aussi dire plus de Vongola postés à Namimori. Kyoya n'allait pas aimer la nouvelle.

Toutefois, l'information de cette arrivée imminente entraînera une rencontre assez importante pour eux et le monde de la mafia. 27 sentait déjà les maux de crâne dans quelques temps.

-Il faudra aussi prendre rendez-vous avec le Vongola Nono dans au moins trois jours si on veut participer.

-Pour toi. C'est plutôt ton cas que le mien ! Répliqua 95. Moi il faut toujours que j'attende que la rose en place fasse parler d'elle. Pourquoi cette grand-mère est si compliquée à trouver !

-Ça ne veut pas dire qu'elle restera introuvable, rassura l'aîné Sawada.

-Si tu le dis, répéta sarcastiquement la jeune femme avec un grognement. Allez, je t'attends.

-J'arrive.

Sur ces mots, 27 raccrocha. Avec un dernier regard à la montre à gousset posée sur son bureau, il mit son téléphone dans sa poche et se dirigea vers la sortie pour retrouver sa partenaire. A partir de cet instant, le compte à rebours pour le combat des anneaux venait de se déclencher. Les différentes équipes et participants se mettaient en place. La petite ville tranquille de Namimori deviendra bientôt le plateau de jeu d'un affrontement aux proportions mondiales. Et les Numbers aller veiller à jouer leurs rôles.

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Quelques heures plus tard, une fois le repas terminé et après que Nana lui ait souhaité une bonne soirée, aux alentours de dix-neuf heures alors que le soleil commençait à entamer sa course pour disparaître et laisser place à la lune, Reborn sortit de la maison pour se diriger vers une certaine direction.

Tout en se massant les tempes à nouveau, l'Arcobaleno du soleil repensa à ses pensées morbides qu'il avait eu plus tôt dans le magasin d'antiquités. A ce stade, il hésitait entre soit déverser tous ses plombs – il devait vraiment essayer de fabriquer les balles de 59 et 86 – ou soit jeter de l'essence ou de l'huile suivie par une allumette ou un briquet lorsqu'il rencontrera en chair et en os 27.

Sérieusement, il pouvait encore accepter la quête et l'indice à la limite, mais des pièces d'échec et un défi ? Surtout que ce gamin arrogant avait réussi à avoir son numéro de téléphone personnel – que seul Timotéo, Iemitsu et les autres porteurs de tétine connaissaient – pour lui envoyer un message indiquant une sorte de défi avec quelqu'un dans un bar. Le message ne précisait cependant pas contre qui. Le maudit se demandait à quel point les nombres aimaient les jeux pour baser l'intégralité de leurs faits et gestes dessus. Choses que détestait Reborn.

Avec un soupir, il laissa de côté ses dernières pensées et passa plutôt en revue tout ce qu'il venait de se passer pendant cette journée remplie d'interrogations et de réflexions. Il passait un bon moment le matin après avoir enfermé son imbécile d'élève dans sa chambre avec plusieurs codes et serrures sur sa porte (NDA : lire : beaucoup trop). Lambo était arrivé suivi de près par I-Pin qui lui avait remis une lettre de son maître. La jeune chinoise était l'élève de son camarade Arcobaleno de la tempête, Fon, et l'un des seuls avec qui le soleil s'entendait à peu près bien sans avoir envie de lui coller une balle entre les deux yeux.

Celui-ci avait apparemment fait une avancée dans sa recherche de l'héritière des Dragons Noirs et selon sa source, elle serait au Japon. De ce fait, l'artiste martial avait prévu de retrouver son collègue maudit d'ici quatre jours. Sa présence ne dérangeait pas vraiment le tueur à gages. Peut-être même qu'il pourra l'aider dans l'entraînement de la famille d'Ieyasu parce que ses gardiens en avaient besoin. Tous.

Pour en revenir à sa journée, Nono lui avait ensuite envoyé un SMS pour qu'il rejoigne une équipe du CEDEF pour rendre visite à Matsumi Kabuto, le seul à posséder des informations sur les Numbers, interrompant son café. Enfin, c'était pour retrouver ledit homme mort depuis presque deux jours, tué par l'un des duos de ce groupe.

Ensuite, le téléphone avait sonné et la personne à l'autre bout du fil se trouvait être 27, le leader des nombres. Ce dernier, après l'avoir énervé avec sa langue de vipère, lui avait donné un indice et lui avait appris qu'ils se rencontreraient prochainement.

Suite à cet appel, Turmeric lui avait donné la quête dont parlait 27 sans le temps imparti. Après avoir réalisé que l'indice pouvait être utilisé dans la boutique, le bébé avait trouvé deux pièces d'échec, le roi et la reine, et découvert leur véritable signification. Ce qu'il devait encore expliquer à Timotéo une fois que ses hommes auraient trouvé toutes les autres pièces.

Après avoir quitté les agents du CEDEF peu avant l'arrivée de la police, il était rentré à la maison. Ieyasu venait de partir retrouver ses gardiens et Tsuna avait rejoint ses amis pour une sortie. Il avait alors pu demander à Nana ce qu'il s'était passé il y a neuf ans pour recevoir une réponse assez vague. Maintenant, il devait attendre le retour d'Iemitsu pour qu'il lui raconte tout en détail. Ou alors avec le maximum de détails.

Et entre temps, 27 n'avait rien trouvé de mieux à faire que de lui envoyer un message par téléphone au sujet d'un défi ce soir dans un bar aux alentours de dix-neuf heures quinze. Ce qui fit se demander au maudit quand il pourra se reposer. A première vue, pas tout de suite puisque la Varia, moins Squalo, arrivait dans moins d'une heure. Il sentait que le combat des anneaux n'allait pas tarder dans ces conditions.

Avec un nouveau soupir, il remarqua qu'au cours de ses réflexions, il était arrivé devant le bar indiqué par le numéro. Sans un regard à la devanture qui n'avait rien de particulier, à part peut-être son nom L'Immortel – nom qu'il n'aimait pas – il fit coulisser la porte et entra.

La première chose que releva l'Arcobaleno tout de suite en rentrant fut le silence qui y régnait, coupé par des tintements de vaisselles, et la douce chaleur qui l'accueillit. Ce sentiment lui rappelait ce qu'il éprouvait à chaque fois qu'il rentrait à la maison après une longue mission. Le bébé cligna plusieurs fois des yeux. Il ne savait pas qu'il pouvait ressentir cela en dehors de ce qu'il appelait son chez lui.

Après quelques instants de stupéfaction, il se reprit très vite et se dirigea vers le comptoir qui se trouvait sur la droite. Sur la gauche, il y avait quelques tables et chaises qui longeaient les vitres. Celles-ci donnaient une vue parfaite sur la route où les éclairages publics venaient de s'allumer. Il nota vite fait la présence d'une personne au fond de la salle, bien que son aura ne se faisait presque pas ressentir avant de s'assoir sur l'un des tabourets hauts.

Devant lui, le comptoir ressemblait à n'importe quel autre qu'il pouvait trouver dans ce genre d'endroit. Au-dessus étaient accrochés divers verres à bière et sur le mur du fond, il y avait une grande étagère remplie de verres de toutes formes et diverses bouteilles. Un bar qui lui rappelait beaucoup l'Europe surtout en remarquant plusieurs marques originaires de France, de Belgique, d'Allemagne, de Russie… et d'autres.

Le barman, un homme âgé d'une quarantaine d'années, près d'un lavabo, séchait l'un des récipients avec un torchon. Il porta un instant son regard sur le maudit avant de finir ce qu'il avait dans les mains. Puis, se tourna vers lui et haussa un sourcil. Reborn, habitué à ce genre de réaction, se contenta simplement de passer commande.

-Un café s'il vous plaît.

L'homme, après quelques secondes de plus à l'observer, suspicieux, hocha la tête et commença à fouiller dans l'étagère à la recherche d'une tasse. Il en ressortit une avec une coupelle puis prépara ce que lui avait demandé le tueur à gages.

Moins de cinq minutes plus tard, celui-ci sirotait tranquillement sa boisson – qu'il devait avouer, excellente pour ses critères – tandis que le barman passait une porte dans le fond de la salle, laissant seul l'Arcobaleno du soleil. Ce dernier haussa un sourcil, mais ne fut pas dérangé par ce geste. A la place, il préféra boire son café et attendre que la personne qui devait venir se présente.

Il fut tellement absorbé par ses réflexions qu'il ne remarqua pas que l'autre individu présent s'était levé de sa chaise et l'avait approché. Avec un sourire narquois.

-Dis-moi mon petit, ce n'est pas vraiment une boisson pour toi. Et puis, tu ne devrais pas être au lit à cette heure-ci ? Demanda celui ou plutôt celle dont la présence passait presque inaperçue sur un ton moqueur.

L'utilisation d'italien dans le pays du soleil levant surprit légèrement Reborn qui leva un sourcil alors qu'il se tournait lentement dans sa direction. Devant lui se tenait une personne que même lui n'arrivait pas à identifier. Mesurant près d'un mètre-soixante, sa silhouette qui aurait pu indiquer son sexe en dehors de sa voix était masquée par un gros manteau noir qui lui arrivait aux genoux. Accompagné par un pantalon militaire sombre et de Rangers avec des semelles surélevées de quelques centimètres. La capuche était rabattue cachant une grande partie du visage de l'inconnue. Le bébé ne voyait que la bouche qui s'étirait dans un sourire narquois.

Il se dégageait d'elle – sa voix ne laissait aucun doute là-dessus – un sentiment de malaise. Le genre qui arrivait à déranger le maudit. L'aura de la nouvelle venue, qui rayonnait maintenant à travers tout le bar, puait l'arrogance et la mort. Deux éléments qui s'associaient généralement à un tueur à gages, bien que ce ne soit jamais aussi fort que dans ce cas.

Seulement, il n'eut pas le temps de se concentrer dessus que les phrases qu'elle prononça réveillèrent de mauvais souvenirs. Il avait déjà entendu le même type de mots quelques heures plus tôt dans un magasin d'antiquités de la part d'une certaine personne. Plutôt d'un numéro. Avec le même ton moqueur.

Une grimace de dégoût se forma sur ses lèvres, faisant sourire encore plus l'inconnue en face de lui pendant qu'il posait sa tasse encore chaude sur la coupelle.

-C'est quoi ces entrées en matière ? Finit-il par dire lui aussi en italien. Il faut toujours que vous me repreniez à chaque fois… Number ?

Le nombre, non inquiété, ricana à ses mots. Le porteur de la tétine du soleil fronça les sourcils. Il sentait que la colère qu'il avait enfoui peu après la conversation avec Nono ressurgissait. Il n'avait même pas échangé plus d'une réplique avec elle qu'il perdait déjà tout son calme. Et encore, il n'avait qu'un seul membre de ce fichu groupe devant lui. Il ne savait pas s'il pourra se retenir de déverser tous ses plombs si jamais il venait à en croiser plus d'un. En espérant juste qu'ils n'avaient pas tous cette même arrogance et langue de vipère qui l'énervaient.

Maintenant, il devait encore savoir qui était celle devant lui. Comme il savait que c'était une fille – si la nouvelle venue ne modifiait pas sa voix – il pouvait donc éliminer la moitié masculine des duos. De ce fait, il ne restait plus que 86, 87, 78, 98, 16, 96 et… 95.

A la voir, pour le moment, il penchait plutôt sur l'illusionniste. Après tout, il ne voyait pas le second leader des Numbers avoir une conversation tranquillement avec lui. 27 restait une exception à la règle et encore, il l'avait eu au téléphone, il ne l'avait pas encore rencontré en vrai.

Cependant, il laissa de côté ses suppositions pour se concentrer sur l'inconnue devant lui et son « défi ». Surtout qu'elle reprenait la parole.

-Mais non, mon cher petit, nous veillons juste à ce que tu respectes les codes de conduite les plus élémentaires.

-Et qui me dit que vous les respectez, vous ? L'adulte ici, c'est moi.

-Tu es mon adversaire pour le moment et je me moque totalement du fait que tu sois un adulte, tu n'as pas vraiment la taille…, mon cher petit, ricana-t-elle, sa main faisant des moulinets lorsqu'elle parlait.

-Certes, je ne suis pas très grand, mais me traiter de petit est un peu exagéré ? Tu ne trouves pas Number ? Siffla le maudit entre ses dents.

Un sujet tabou avec lui ou n'importe quel autre Arcobaleno. Sa taille. Elle le dérangeait toujours depuis qu'il fut maudit avec six autres personnes et ce numéro lui rappelait sans prendre de pincettes ce qu'il considérait comme sa plus grande faiblesse. Ses plombs le dérangeaient sérieusement à ce stade de la conversation et ses pensées morbides sur le sort prochain de quelques personnes lui revinrent aussi vite qu'une balle de pistolet. Il laissa même échapper une fraction de son intention de tuer.

Pourtant, cela n'impressionna nullement la nouvelle venue qui se contenta de rigoler.

-Fufufu, il n'y a rien d'exagéré dans mes propos, Arcobaleno…

Le bébé grinça des dents en entendant ce titre qu'il détestait dans la bouche d'une personne qu'il ne supportait plus.

-… ce n'est que la pure vérité.

-Tsk, c'est une tradition chez vous d'insulter à tout va les gens que vous rencontrez ? Demanda-t-il sarcastiquement.

-Mais non mon cher Arcobaleno, cette règle ne s'applique qu'à toi. Tu es si amusant à embêter.

Mettant dans un coin de sa tête l'information comme quoi les Numbers ne s'en prenaient qu'à lui pour une certaine raison qu'il ne connaissait encore, il reprit une gorgée de son café pour se calmer les nerfs. A cause de ces numéros – surtout 27 et la nouvelle venue – il devenait de plus en plus tendu rapidement.

-Si vous continuez, vous n'allez plus me trouver si amusant, répliqua-t-il en reposant sa tasse avant de lui poser la question qui le tracassait depuis qu'il avait reçu le message du chef des Numbers. En quoi consiste ce défi ?

Le nombre qui continuait de rigoler tranquillement, s'arrêta à son interrogation, perdant son sourire. Elle porta son regard sur lui. Bien qu'il ne vît pas ses yeux, Reborn sentit clairement ses orbes se poser sur lui avec une telle intensité qu'il en devint presque mal à l'aise. A la place, il haussa un sourcil face au silence soudain de son adversaire.

Cependant, elle retrouva bien vite son sourire narquois. Elle s'assit sur la place à côté du maudit sans le quitter du regard.

-Je ne suis pas venue me battre, lui apprit-elle. Du moins… pour le moment… Je veux juste jouer, rajouta l'inconnue avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche.

-Vous n'avez vraiment que ce mot à la bouche, grogna le soleil en sirotant sa boisson chaude.

-Mais mon cher Reborn, la vie n'est qu'un jeu où nous sommes les pions.

Le porteur de la tétine jaune préféra ne pas répondre. D'autant plus qu'il ne savait pas vraiment quoi dire à cette phrase ou sûrement à cette devise des plus étranges de son point de vue. Elle lui rappelait surtout un individu qui prenait lui aussi tout pour un jeu, mais qui, heureusement pour le maudit, était mort depuis un moment.

Plongé dans ses pensées d'un passé révolu, il ne remarqua pas que le numéro l'observait avec un grand sourire avant qu'elle ne pioche quelque chose dans sa poche. Le bébé se tourna à temps la tête pour la voir sortir un jeu de cartes qui avait quelques années.

-On le fait ce jeu ou pas ? Voulut-elle savoir. C'est ton défi tout de même.

-A quoi veux-tu jouer ? Demanda-t-il avec un grognement. Qu'on en finisse vite.

-Ne sois pas si pressé, tout vient à point à qui sait attendre. Mmh… une expression française je crois, rajouta le nombre en faisant mine de réfléchir.

-Abrège.

Il envoya un regard noir à son adversaire. A croire qu'elle et 27 le faisaient exprès. Après lui, c'était au tour de la nouvelle venue de récité cette expression. Il lui semblait qu'il était revenu quelques heures plus tôt dans le magasin d'antiquités en train de discuter au téléphone. Sauf que contrairement à précédemment, il y avait quelqu'un devant lui et les traits du visage visibles de cette dernière se tordirent dans une moue enfantine.

-Tu ne sais pas te détendre. Puisque c'est ça, nous allons jouer au poker.

-Sérieusement ?

De tous les jeux de cartes auxquels ils auraient pu jouer, ils jouaient au poker ? Il avait eu droit aux échecs plus tôt et maintenant le poker. Il sentait qu'il n'allait pas se débarrasser des jeux de sitôt tant qu'il aura affaire aux Numbers.

-Bien sûr ! S'exclama-t-elle. J'espère que tu connais les règles !

-Ne me prend pas pour l'idiot que je ne suis pas, grinça le tueur à gages irrité.

-Mais je ne te prends pas pour un idiot… c'est même le contraire…

Sans un mot de plus au maudit, le numéro sortit les cartes du paquet qu'elle posa sur la table. Le maudit l'observa quelques instants tandis qu'elle mélangeait le jeu avant de finir son café en deux gorgées. Son identité le dérangeait toujours. Son intuition lui disait qu'il était proche, pourtant, il avait beau fouiller dans sa mémoire et l'analyser en détail, il ne savait qui elle était.

Et plus cette interrogation demeurait dans son esprit, et plus il sentait qu'il atteignait les limites de sa patience. Après, il en avait beaucoup en tête en ce moment. Entre la mission de démasquer les Numbers, l'éducation du futur Vongola Decimo, la recherche de gardiens potables pour lui, l'arrivée tumultueuse d'Hayato et de Miu, le massacre de la Spreco Famiglia par ce groupe sans aucune raison apparente, la venue de Lambo et d'I-Pin, le message de Fon, la découverte de la mort de Matsumi Kabuto, l'appel de 27, l'indice, la quête, la chasse au trésor pour trouver deux pièces d'échec – une reine et un roi – la discussion avec Nana, le message de 27 avec un défi et maintenant, un nombre inconnu qui l'énervait autant que celui qu'il avait surnommé le gamin arrogant. Accompagné par le rappel presque quotidien d'un passé oublié. Et tout cela en à peine trois jours.

L'Arcobaleno aurait aimé faire une pause. N'importe qui d'autre aurait déjà perdu son calme et le soleil en était à deux doigts s'il n'y avait pas eu son café pour l'aider à supporter ces journées.

Toujours en pleine réflexion, sans accorder le moindre regard à son adversaire, le bébé ramassa ses cartes et les observa. A première vue, il n'avait pas un trop mauvais jeu et pourrait peut-être s'en sortir.

-Tu es bien silencieux dis donc, remarqua la nouvelle venue après quelques minutes sans relever le nez de ses propres cartes.

-J'essaye de comprendre.

-De comprendre quoi ? Demanda le numéro en reportant son regard sur lui.

-Ce qu'un Number comme toi fait ici et ton identité.

-Mais, n'as-tu toujours pas compris qui je suis mon cher Reborn ? Pourtant mon identité est des plus simples ! Et tu n'auras pas d'indices ! S'exclama-t-elle avec un ricanement.

-Indice ? Répéta lentement Reborn.

Décidément, plus la conversation avançait et plus il avait l'impression de revivre celle qu'il avait eu avec 27. Ce qui lui fit lâcher une grimace. Dans un sens, ce Number lui rappelait un peu ce gamin arrogant. Ils partageaient les mêmes expressions, le même ton moqueur, la même présomption et le même goût pour les jeux. Bien que pour ce dernier, toute la bande devait l'avoir.

Tout en serrant les dents, il analysa une nouvelle fois le physique de la jeune femme sans rien trouver de plus. Il ne lui manquait plus qu'un seul élément pour qu'il puisse l'identifier à un nombre connu. Et ce petit détail ne se montrait toujours pas. Ce qui commençait à le frustrer plus qu'il ne le désirait. Bien sûr, son adversaire devait le remarquer puisqu'elle continuait d'afficher son sourire narquois.

-Que serai une énigme sans indice ? Un zoo sans animaux ? Une bibliothèque sans livre ? Une console sans jeux ? Un jeu sans plateau ou pion ? Un…

-C'est bon, j'ai compris, l'interrompit soudainement l'Arcobaleno ne souhaitant pas continuer cette liste d'énumération, tu es aussi bavarde que 27…

Un instant… Il s'arrêta net alors que ses yeux s'écarquillèrent légèrement sous le choc. Depuis le début de la conversation, le maudit remarquait beaucoup trop de similitudes entre elle et 27. Le goût pour les jeux, l'arrogance, le ton moqueur, l'expression, la langue de vipère, l'indice…

Retenant un juron, le tueur à gages se frappa mentalement. Il savait enfin qui elle était et pourtant, il avait tout ce qu'il avait besoin sous le nez. Il n'avait peut-être jamais rencontré le moindre duo des Numbers – les illusionnistes ne comptaient pas puisque 69 était caché par une puissante illusion – mais il savait que les numéros agissaient toujours par deux. L'un n'allait pas sans l'autre. Et s'ils ne le faisaient pas, le deuxième suivait toujours le premier peu de temps après.

A part peut-être 43 dont le partenaire demeurait un mystère. Bien qu'il doive avouer qu'il ne savait toujours pas si cet individu faisait partie du groupe ou non.

Laissant de côté ce questionnement, il reporta ses orbes sombres sur la nouvelle venue devant lui dont le sourire semblait s'être encore élargi.

Il savait qui elle était.

Il connaissait son identité.

Car la reine ne se trouvait jamais loin du roi.

-Quand 27 disait que je devais m'attendre à un sacré défi dans son message, je ne pensais pas que ce serai toi qui viendrais à ma rencontre.

-Oh ? Tu as déjà deviné qui je suis ? Fit-elle en perdant son sourire. Ce n'est même pas drôle, je n'ai pu dire aucune devinette. Pff ! Tu n'es pas drôle Reborn, rajouta-t-elle avec une moue sur son visage. Mauvais joueur va !

-Comme je l'ai dit à 27 tout à l'heure, je ne jouerai pas à vos petits jeux et surtout pas à des devinettes, grogna le porteur de la tétine jaune sans prendre en compte son changement de comportement.

-Je le sais très bien, mais de toute façon, tu vas jouer avec nous Reborn que tu le veuilles ou non.

-Et si je refuse ? Demanda-t-il en haussant un sourcil.

-Ce n'est pas une question d'accepter ou de refuser. Tu ne peux rien y faire quoi que tu fasses, rigola le numéro en secouant la tête.

-Même découvrir vos identités ?

-Oh ! Mais je doute fort que tu y parviennes mon cher Reborn.

Avec un nouveau sourire dans sa direction, elle posa son jeu de cartes face contre terre pour se concentrer pleinement sur le maudit. Ce dernier fronça les sourcils et ajusta son fédora. Léon gigota, mal à l'aise avec la tension grandissante entre les deux.

-Rira bien qui rira le dernier, marmonna Reborn entre ses dents, … 95…

Relevant suffisamment la tête pour que la majorité de son visage reste cachée par les ombres, ses orbes teinte coucher de soleil brillaient comme deux étoiles dans la nuit. Nullement impressionnée par sa menace, le second leader des Numbers eut l'affront de ricaner avant de tirer une nouvelle carte dans son jeu.

-C'est ce que nous verrons… mon cher Reborn…

.

Temps imparti : 605 heures 24 minutes 43 secondes

Temps imparti : 605 heures 24 minutes 42 secondes


Tadam ! Il est quand même chanceux Reborn ! Il a eu une conversation avec 27 et maintenant, il rencontre 95 ! (par contre, ce n'est pas tout de suite qu'il va se calmer avec tout ce que lui disent les leaders des Numbers ^-^')

Sur une autre note, j'ai fait sauté toute une partie du chapitre parce que je trouvais qu'il commençais à être long (si vous voulez savoir ce que c'était, c'est la discussion Nana/Reborn) Mais elle n'a pas disparu ! Je la mets dans l'un des chapitres suivants !

Une petite correction aussi s'impose ! Pour ceux qui ont remarqué, dans le dernier chapitre, je disais qu'ils étaient dimanche. Mais c'est faux ! C'est samedi et non dimanche ! Je l'ai découvert quand j'ai relu mes notes (et fait un bon nombre de calculs aussi... ce que je déteste ! (le temps imparti était dans ces calculs...))

Ah ! Si vous trouvez l'indice et la quête complètement tirés par les cheveux, vous n'avez pas encore vu ce que je réserve pour la suite ! Ce sera pire dans un sens :-D (par contre, je ne sais pas si ce sera pire pour vous ou pour moi)

Autre précision, pour ceux qui savent jouer aux échecs ou au poker, vous avez sans doute dû vous rendre compte du manque d'informations ou de précisions des règles. Il y a une raison à cela... je ne sais pas jouer aux échecs ni au poker ^-^' (on va dire que ce que je connais des échecs se limite à ce qu'une amie m'a expliqué et de ce que j'ai lu, et pour le poker, encore moins !)

J'ai surtout besoin de la partie symbolique des échecs et pour le poker... c'est le premier que j'ai trouvé et le plus connu ^-^' je n'avais pas envie de me casser la tête.

Aussi, je ne fais pas médecine donc je n'ai presque aucune connaissance dans ce domaine. Tout ce qui est raconté au début vient de séries policières et de livres de policer ou thriller parce que je suis une énorme fan de ce genre ! (et aussi d'internet je l'avoue !)

Bref ! J'attends toutes vos petites théories en review ! Et vous avez de la matière puisque dans ce chapitre, j'ai laissé beaucoup même beaucoup TROP d'indices ! A vous de les trouver (ou d'attendre les prochains chapitres !)

N'hésitez pas à suivre ou favoriser cette histoire ou encore de me laisser une review !

D'ailleurs en parlant de review, réponses aux reviews anonymes (il n'y en a qu'une mais bon) :

Mao : Merci beaucoup pour ta review ! Je suis contente que cette histoire te plaise ! ^-^ Ah bah, pour avoir les réponses, il faudra attendre la suite ;-) (mais ne t'inquiète pas, il y a une explication logique pour tout !)

Sur ce, moi je souhaite de passer un bon confinement bizarre (je n'ai toujours pas compris la logique derrière) pour ceux en France, de passer une bonne journée/soirée/nuit (qu'importe !) et je vous dis à la prochaine mes chers petits bonbons !

Sylosse