..MON SORCIER BIEN-AIMÉ -


Disclamer : la plupart des lieux et personnages viennent de l'univers créé par J.K Rowling.

Je dois également beaucoup à mes relecteurs : Monsieur Alixe, Fenice et Calimera


Résumé de la semaine : A son grand dam, William Stratford, Auror solitaire et bougon, se retrouve avec Harry Potter comme coéquipier. Et, à son plus grand dam encore, il fait connaissance avec une Moldue qui lui plait bien… (Crookshank)

Note : Cette semaine, les tires avec lesquels je marque normalement les dialogues ne passent pas. Je les ai exceptionnellment remplacés par deux points (..)


XIX : L'aveu

La semaine qui suivit ma discussion avec Christina, j'eus beaucoup de mal à me concentrer sur mon travail. Tous les matins, je me levais en me disant que le soir, j'allais retourner la voir pour lui dire que tout était terminé. Mais chaque soir, je me trouvais une excuse bidon pour remettre cette corvée d'une journée supplémentaire.

Je suppose que j'étais assez difficile à supporter pour mon coéquipier. Heureusement, tout à son bonheur de jeune marié, il était imperméable à mes sarcasmes et acceptait sans broncher le surcroît de travail que lui occasionnait le fait que plus personne ne veuille avoir affaire avec moi.

Le vendredi soir, cependant, je me dis que cela suffisait, que je ne pouvais indéfiniment faire traîner les choses, et que j'allais mettre ce soir même un point définitif à toute cette histoire.

Alors que je songeais à partir, répétant mentalement pour la centième fois ce que j'allais dire à Christina, Potter s'approcha de moi.

"Tu as des projets pour la soirée ?"

Rien d'important, répondis-je dans mon for intérieur, je dois juste aller rompre avec la moldue dont je suis tombé amoureux.

C'est alors que l'évidence me creva les yeux. Oui, c'était ça qui était en train de m'arriver. J'étais tombé amoureux, voilà tout. Je sus alors que je n'arriverais pas à rompre si facilement avec elle. Que sans doutes j'allais encore me défiler ce soir. Mais qu'est-ce que j'allais faire, par Merlin ?

Potter attendait patiemment ma réponse, me dévisageant d'un air inquiet. Décidément, j'étais pathétique. Je soupirai :

"Pas vraiment. Tu as quelque chose à me proposer ?

On va boire un verre ?

..C'est d'accord."

Nous nous rendîmes à notre endroit habituel. Pendant un long moment, je ne dis rien, et Potter, qui commençait à bien me connaître, attendit patiemment que je me décide à cracher le morceau. Finalement, je lui demandai de but en blanc :

"Pourquoi tu t'es marié ?

..Tu veux dire, pourquoi j'ai eu envie d'épouser Ginny ?

..Oui.

..Eh bien, euh... c'était déjà pas facile de lui dire à elle, alors à toi."

Il sembla cependant considérer que la situation méritait qu'il fasse un effort car il se lança laborieusement :

"Bon, euh... Bon, euh... Disons que quand ça va pas, rien que de la voir, ça va mieux. Et quand je suis heureux, c'est avec elle que j'ai envie de le partager. Disons que je me sens bien avec elle et je voudrais être capable de la protéger et de lui donner du bonheur."

Il resta pensif quelques instants avant de conclure :

"C'est avec elle que j'ai envie de faire ma vie, même si je ne peux pas vraiment dire pourquoi."

Il me jeta un coup d'œil embarrassé avant de se plonger dans la contemplation de sa chope. Je n'étais pas très à mon aise, non plus. Et puis j'étais troublé par le contenu de sa réponse. C'est vrai que j'étais bien avec Christina, mais avais-je envie de tout partager avec elle ? Etais-je prêt à faire des sacrifices pour qu'elle soit heureuse ? Ce doute ne signifiait-il pas que mes sentiments n'étaient pas assez forts ? A moins que cet altruisme ne soit qu'un signe distinctif de Potter et des grands sentimentaux que sont les Gryffondors !

Potter, maintenant, souriait d'un air attendri à sa bièraubeurre. Mon embarras redoubla. Cet étalage de sentiments me paraissait de plus en plus impudique. Mais ressentais-je cette gêne parce que j'étais moi-même incapable de ressentir cette émotion ou parce qu'il n'était pas dans ma nature de la montrer ainsi ?

"Cela ne veut pas dire que nous ne nous disputons jamais, reprit Potter, qui avait renoncé à faire les yeux doux à son verre. Des fois, elle m'énerve beaucoup, et moi aussi, je l'exaspère. Parfois je n'ai pas envie d'être gentil avec elle parce que je suis en colère ou que je lui en veux. Mais d'une façon ou d'une autre, je m'arrange toujours pour ne pas dépasser les bornes et ne rien dire ou faire qui mettrait fin à notre relation. On a failli casser une fois, et ça a été très dur. Je ne veux plus jamais revivre ça. Tu vois, rien que d'y repenser, je me sens mal."

C'était peut-être ça le signe. Durant tous ces mois, malgré la difficulté croissante à cacher mes origines, je m'étais donné beaucoup de mal pour ne pas mettre en péril notre relation. Et maintenant, j'étais au trente-sixième dessous à l'idée de rompre définitivement. Oui, si c'était une preuve de mon attachement, mon cas n'était pas grave, il était désespéré. Je ressentis soudain le besoin urgent d'aller la voir pour lui dire que je l'aimais et que je ne voulais pas la quitter. Mais presque en même temps, je me sentis glacé à l'idée de m'engager définitivement, a fortiori avec une Moldue. Une fois de plus, le découragement me submergea.

Potter, qui m'observait, finit par me dire :

"C'est ta Moldue, c'est ça ?

..Oui. Elle veut que je m'engage ou que l'on arrête.

..Et qu'est ce qui t'ennuie le plus ? L'engagement ou le fait qu'elle soit moldue ?

..Les deux, je suppose. Enfin non, l'engagement, c'est le plus gros morceau pour moi. Elle veut des enfants, tu vois.

..Je vois. Cela fait quatre ans que Ginny en parle.

..Quatre ans, déjà ? Mais elle s'y est pris drôlement tôt, non ?

..Il faut se remettre dans le contexte. J'allais affronter Voldemort, et personne ne pouvait prédire si je survivrais. Et puis tu sais, les Weasley ont le culte de la famille.

..Et toi ?

..Maintenant que tout est derrière moi, je désire vraiment créer la famille que je n'ai jamais eue.

..Mais cela ne te fait pas peur ? Tu ne te poses pas de questions ?

..Si, bien sûr. Je me demande si je saurai être un bon père. Mais je fais confiance à Ginny. Et puis, je vois bien que Bill et Percy n'ont pas l'air trop malheureux avec leurs marmots."

Quand il avait dit qu'il voulait créer la famille qu'il n'avait jamais eue, j'avais fugitivement pensé que c'était peut-être ça l'explication : il souhaitait fonder une famille car il ignorait ce que c'était. Mais l'engagement des Weasley, pourtant bien placés pour en connaître les inconvénients, ruinait ma théorie. Quoique le Bill avait peut-être perdu certaines de ses facultés intellectuelles à trop fréquenter une vélane. Quant à Percy Weasley, il devait penser que cela faisait plus sérieux d'être marié pour briguer un poste à hautes responsabilités.

Potter me considéra pensivement, et finit par dire :

"Allez, viens. Je vais te présenter la meilleure cuisinière du monde sorcier."

C'était toujours mieux que d'aller me saouler la gueule tout seul dans un bar comme je l'avais fait toute la semaine !

"Je te suis."

Nous nous rendîmes à la Halle aux Poudres, et je m'engouffrai dans l'une des cheminées en criant "Le Siège", ainsi qu'il me l'avait indiqué. Quel drôle de nom pour un restaurant !

Mais en émergeant dans un vestibule aux murs couverts de photographies de rouquins nous saluant de la main, je réalisai mon erreur. Je n'étais pas dans un endroit public, Potter m'avait entraîné dans un repaire de Weasley. Et il était un habitué des lieux, si j'en jugeais par la familiarité avec laquelle il quittait ses chaussures pour mettre de confortables pantoufles.

Il me guida jusqu'à la cuisine. Une femme rousse, boulotte, au visage avenant, ayant sans doute une dizaine d'années de plus que moi, s'y trouvait.

"Bonsoir Molly ! Je vous amène un invité, dit Potter. Je vous présente mon partenaire William Stratford. Voici Molly Weasley", ajouta-t-il à mon intention.

Molly Weasley me salua chaleureusement et me demanda :

"Vous restez dîner ?"

Je regardai Potter, hésitant un peu. Ne devait-il pas rentrer chez lui pour retrouver sa femme ?

"Ginny est de garde de nuit toute la semaine, c'est pour cela que je viens manger ici. Veux-tu te joindre à nous ?

..Pourquoi pas", répondis-je, doutant que Léopold ait l'idée de s'inviter chez mes parents à cause d'un empêchement de Gwen.

Tandis qu'une troisième assiette s'ajoutait aux deux qui se trouvaient déjà sur la large table, mon hôtesse me proposa un apéritif. J'acceptai avec reconnaissance un Whisky Pur feu. Elle me posa ensuite quelques questions, mais constatant que je n'étais pas d'humeur à parler, elle me laissa tranquille, et entreprit de conter avec volubilité les nouvelles du jour à Potter.

Nous apprîmes ainsi qu'un certain Arthur avait été très sage, que Charles n'était pas loin de savoir marcher, que Pénélope et Percy étaient invités le lendemain à une soirée, et qu'il fallait donc aller garder Ulysse. Cela ne t'ennuie pas de rester tout seul demain soir Harry, mon chéri. Harry-mon-chéri assura qu'il se débrouillerait bien, d'autant que Helpy et Spotty seraient ravis d'être aux petits soins pour lui.

Effectivement, acquiesça Mrs Weasley. Au fait Hermione a envoyé un hibou pour s'excuser de ne pouvoir venir déjeuner dimanche prochain car elle a une expérience en cours. C'est très bien les expériences, mais elle devrait penser à faire un bébé, tu ne crois pas, tu pourrais d'ailleurs lui en toucher deux mots. Mais Harry-mon-chéri affirma être convaincu que la fameuse Hermione avait sans aucun doute tout planifié et qu'un ou deux bébés finiraient bien par apparaître entre deux expériences. D'ailleurs, il ne se sentait pas très concerné par la question, c'était plutôt avec Ron qu'il fallait aborder le sujet.

Molly Weasley se tourna à ce moment vers moi et me demanda si j'avais des enfants. Je lui répondis que j'avais deux neveux, mais je fus incapable de lui dire l'âge exact du plus jeune.

"Ah, c'est bien les hommes, fit remarquer Mrs Weasley. Ils ne se rappellent jamais ce genre de choses. Arthur oubliait régulièrement les âges et les dates d'anniversaire de ses propres enfants."

J'avais eu une ou deux fois affaire à Arthur Weasley dans le cadre de mes enquêtes. Je revis sa silhouette dégingandée, son crâne roux un peu dégarni, ses robes usées et son air illuminé dès que la conversation portait sur les Moldus. Je l'avais toujours considéré comme un petit fonctionnaire un peu raté, ayant une passion aussi bizarre et qu'incompréhensible pour le monde non magique. J'avais d'ailleurs été très étonné d'apprendre qu'il avait participé à la Bataille.

Maintenant, je me disais qu'il n'était pas aussi raté qu'il le paraissait. Il avait manifestement très bien réussi un pan de sa vie qui m'était inconnu. Je comprenais mieux qu'il ait pu risquer sa vie pour défendre notre communauté.

Et moi, serais-je allé à cette maudite Bataille si je n'avais pas été Auror ? Qu'aurais-je eu à défendre ? Mais qu'est ce qui avait foiré dans ma vie pour que je me pose ce genre de question ? Une fois de plus je m'interrogeai : était-ce si important de se marier, d'avoir des gosses ?

Les femmes n'avaient manqué dans ma vie. J'étais pas trop mal foutu, j'avais un métier valorisant, et j'avais pas ma langue dans ma poche quand il s'agissait d'emballer. J'avais même failli me marier une fois. Elle s'appelait Celyn. Elle m'a plaqué après deux mois après que nous ayons décidé de nous marier.

Mais tout ceci remontait à plus de quinze ans maintenant. Quinze ans de rencontres, de liaisons qui ne duraient de quelques mois, et que je prenais soin d'interrompre quand ma compagne commençait à se faire des idées sur mes intentions. J'avais passé de très bons moments, bien sûr, mais dans cette cuisine, j'avais l'impression d'avoir raté quelque chose d'essentiel.

Et Christina dans tout ça ? Quel rapport avec elle ? Pourquoi avec elle avais-je l'impression que c'était différent ? Avais-je trouvé ma place auprès d'elle comme Harry-mon-chéri dans cette cuisine ?

Je regardai Potter. Il écoutait le discours qui lui était adressé en souriant doucement, manifestement heureux de se trouver là. Tout le monde sorcier s'était demandé pendant des mois où le vainqueur de Vous-savez-qui se cachait après la grande Bataille. Les supputations les plus folles avaient été lancées.

Mais la vérité était tellement triviale que personne ne s'en était approché : le Survivant se reposait tout simplement dans sa famille. Car, nonobstant l'absence de tout lien de sang, et sans que son récent mariage y soit pour quelque chose, il était évident que c'était ainsi qu'il considérait les Weasley.

oO§0§Oo

Quand, trois heures et trois parts de gâteau au chocolat plus tard, je pris congé, je m'excusai de m'être montré un si piètre invité. Mais mon hôtesse me sourit, et me dit que cela n'avait aucune importance. Ce qui comptait, c'était que maintenant, je savais où j'en étais.

Je me sentis confus d'avoir été si transparent, mais en même temps, je me sentis rassuré par ce qu'elle venait de dire. C'était comme si elle approuvait la résolution que je venais de prendre. Je saluai rapidement Potter, et rentrai chez moi. Je revêtis mes vêtements moldus et, profitant qu'il faisait largement nuit, je transplanai dans un parc se trouvant à proximité de la demeure de Christina.

Elle mit un certain temps à venir m'ouvrir. Je notai qu'elle était déjà en vêtements de nuit.

" William ?

..Il faut qu'on parle.

..Il est plus de onze heures.

..Je sais. Je préfère te parler pendant que j'en ai encore le courage."

Elle me regarda un moment puis s'effaça pour me laisser passer. Elle me suivit sans un mot alors que je montais à l'étage et me dirigeais vers le salon. Je m'assis sur le canapé.

"Tu veux du thé ?" me demanda-t-elle.

J'aurais préféré un whisky, mais je me dis qu'elle aurait sans doute besoin d'un thé bien fort pour digérer ce que j'avais à lui dire.

"Je veux bien, oui, merci."

Elle alla en préparer à la cuisine, et revint avec un plateau sur lequel elle transportait deux tasses et une théière. Elle posa le tout sur la table basse, laissant le thé infuser. Elle s'assit sur le fauteuil qui me faisait face, et me considéra, l'air résigné. Cela me serra le cœur, et du coup, les mots ne me venaient plus. Finalement, c'est elle qui rompit le silence :

"Je pensais que je ne te reverrai plus jamais.

..Il n'est pas dans mes habitudes de disparaître sans explications, répliquai-je, vivement.

..Alors tu veux qu'on arrête ?"

Oh, par Merlin, j'avais réussi à lui faire croire que je venais pour rompre. Un court instant, je faillis répondre par l'affirmative. A l'idée de toutes les explications que j'aurais à lui donner, toutes les justifications à fournir auprès des miens, je me dis qu'elle me montrait le chemin plus simple, le moins difficile. Que ce serait plus aisé pour elle, aussi. Elle aurait de la peine, bien sûr, mais elle m'oublierait et se trouverait bien un moldu qui la rendrait heureuse. Et puis c'était si facile... Il suffisait d'un simple oui.

Je crois que c'est cela qui m'arrêta. Je ne suis peut-être pas un Gryffondor, mais je n'étais pas allé si loin avec elle, pour rompre par facilité. Certes, la voie que je choisissais risquait d'être ardue, mais j'en étais capable, bon sang !

"Non. Je voudrais continuer. Je… Ecoute, cela fait quinze ans que je pense que je ne suis pas fait pour le mariage ni avoir des enfants. Quinze ans, aussi, que je ne suis pas tombé amoureux. Je… Sans doute le plus simple pour moi serait de rompre. Mais j'ai vraiment envie de continuer avec toi, alors… je suis prêt à reconsidérer certaines choses. Mais il faut me laisser un peu de temps.

..Tu penses être… amoureux de moi ?"

Je grimaçai.

"Je n'ai plus vingt ans et je ne crois pas trop aux grands serments, aux envolées lyriques et tout ce qui s'ensuit. Tout ce que je sais, c'est que rompre avec toi m'est insupportable et que j'ai passé une des pires semaines de ma vie.

..Ma semaine à moi non plus n'a pas été très… productive, avoua-t-elle.

..Je ne suis pas très romantique, tu sais, la prévins-je.

..Je pense que je l'ai remarqué, répondit-elle.

..Je suis quelqu'un d'assez bizarre, essayai-je de lui expliquer.

..Cela ne m'avait pas échappé non plus.

..Hum… je pense que c'est pire que tu ne crois.

..J'ai beaucoup d'imagination.

..Pas à ce point.

..Si tu m'expliquais, William ?

..Je ne suis pas Canadien.

..Pas possible, commenta-t-elle avec une ironie marquée.

..Ah, euh… "

Mais comment allais-je tourner cela sans qu'elle me prenne pour un dingue, pour qu'elle me croie.

"Je fais partie d'un groupe de personnes un peu particulières…

..Qui ne savent pas ce qu'est une Rolls, la BBC ou un tableau électrique.

..Oh !"

Je pensais avoir été meilleur que cela. Bon, autant régler cela une fois pour toutes. Je lui devais bien ça.

"Je suis un sorcier."

Elle me fixa avec une expression interrogative.

"Sorcier ? C'est quoi ? C'est une secte ? demanda-t-elle enfin, comme cette idée ne lui plaisait pas particulièrement.

..Non, enfin, je ne crois pas. Cela signifie que j'ai des pouvoirs magiques".

Elle est restée un moment sans expression, puis a prononcé avec colère :

"Je ne trouve pas ça drôle. Moi je suis sérieuse. Je te parle de notre avenir et toi, tu me racontes des conneries. Si tu es incapable de t'engager, aies au moins le courage de me le dire et barre-toi !

..Ce n'est pas une plaisanterie !"

Je pris mon imperméable que j'avais posé à côté de moi et en sortis ma baguette magique. Je me suis senti coupable en le faisant. On m'avait toujours dit qu'il ne fallait pas le faire devant les moldus, et j'avais du mal à combattre mon conditionnement.

Je notai que c'était désormais la peur que je pouvais lire dans les yeux de Christina. Elle devait me prendre pour un dingue, et se demandait ce que j'avais l'intention de lui faire avec mon morceau de bois. Je réfléchis à toute vitesse. Que faire pour qu'elle comprenne, sans l'effrayer encore davantage ?

J'avisai la théière fumante qui était posée sur la table basse. Je posai ma baguette dessus et la transformai en tortue. L'avantage de choisir cette forme, c'est que lorsque vous voulez la récupérer pour mettre fin à l'enchantement, elle n'est pas trop loin. Les souris, c'est mignon, mais ça a tendance à se carapater à toute allure.

Elle resta plusieurs secondes sans réagir. Puis elle avança la main vers l'animal, sans pour autant oser le toucher.

"Cela ne mord pas, tu sais, tentai-je de la rassurer. Enfin, ne met pas ton doigt trop près de sa bouche, elle risque de te pincer si elle te confond avec une feuille de salade."

Elle me regarda, comme stupéfaite de ma remarque terre à terre, et avança davantage sa main tremblante et la posa sur la carapace. Comme si ce contact avait fait entrer la réalité dans sa conscience, sa bouche s'ouvrit, mais aucun son n'en sortit. Enfin, elle murmura :

"Comment as-tu fait ça ?

..C'est de la magie. De la métamorphose, pour être précis.

..Ce n'est pas possible.

..Si.

..Ça se saurait

..On se donne beaucoup de mal pour que cela ne se sache pas.

..Alors pourquoi tu me le dis ?

..Parce que nous ne pouvons pas aller plus loin tous les deux si je ne te le dis pas."

Après un petit silence elle me demanda :

"Tu crois qu'il faut qu'on lui donne à manger ?

..Inutile de te donner cette peine !"

Je posai de nouveau ma baguette sur la tortue et j'annulai la transformation.

"Tu ne peux pas me la laisser ?

..En fait, je prendrais bien une tasse de thé, lui répondis-je.

..Oh !"

Elle regarda la théière qui avait repris sa forme première, comme si elle avait oublié la raison de sa présence sur la table. Elle ne fit aucun geste en sa direction, comme si elle craignait désormais de s'en servir. Je pris l'initiative de nous verser une tasse à tous les deux.

"J'ai l'impression de rêver, dit-elle après avoir précautionneusement avalé quelques gorgées de liquide brûlant.

..Je suppose.

..Cela fait beaucoup de choses à la fois.

..Oui. Par quoi veux-tu qu'on commence ?

..Tu veux vraiment qu'on continue tous les deux ?

..Oui, j'ai envie de continuer avec toi, répondis-je.

..Moi, je veux des enfants.

..Je commence à y penser.

..Tu commences seulement ?

..C'est déjà beaucoup pour moi.

..Tu crois qu'un jour tu en auras suffisamment envie pour en faire ?

..Je n'ai jamais été aussi proche d'en avoir envie. Je ne peux pas faire mieux. De toute façon, avant que nous puissions prendre une décision, il va falloir que tu acceptes mon monde."

Il y eut un petit silence, durant lequel elle sembla analyser ce que je venais de lui dire.

"Et ton fameux monde, il est où, alors ?

..Tout près du tien. Parfois, là où vous voyez une vieille maison ou un magasin à l'abandon, c'est l'entrée d'une rue ou d'un bâtiment sorcier. Il y a des sorts qui dissuadent les moldus d'aller trop près de chez nous. Mais nous ne sommes jamais loin.

..Mol quoi ?

..Moldu. C'est notre façon d'appeler les non-sorciers."

Elle grimaça. Manifestement, elle n'aimait pas ce mot. Je soupirai. Cela faisait partie des nombreuses choses auxquelles elle devrait s'habituer si elle voulait continuer à me fréquenter.

"Ce n'est pas possible, tu me fais marcher, hein ? Un monde parallèle et personne ne serait au courant ?

..Des gens sont au courant. Votre Premier Ministre. Certaines personnes clé dans vos Ministères. Nous avons quelqu'un à Scotland Yard qui nous signale les délits susceptibles d'être l'œuvre d'un sorcier. Et tous les Moldus qui ont épousé un sorcier ou dont les enfants se révèlent sorciers.

..Des enfants qui sont sorciers mais pas leurs parents, cela peut arriver ?

..Oui

..Mais nos enfants... si nous en avons ?

..Ils ont de grandes chances d'être sorciers, oui". Mais pas forcément, ajoutai-je et cette fois ci, c'est moi qui ne pus retenir une grimace.

"J'ai l'impression que tout va être horriblement compliqué.

..Ce le sera, ai-je admis.

..J'ai l'impression d'être tombée sur la tête.

..Le mieux je crois, c'est que demain, je t'emmène sur le Chemin de Traverse.

..Le Chemin de Traverse ?

..C'est une rue complètement sorcière. Là, tu ne pourras plus douter.

..Et comment on y va ? En volant sur un balai ?

..Non, on n'a pas le droit de voler au-dessus des agglomérations. On risquerait de se faire remarquer.

..Will, je plaisantais !

..Pas moi. Avant, on utilisait vraiment les balais pour voyager. Maintenant, on utilise plutôt un réseau qui relie toutes nos cheminées. C'est un peu salissant mais très efficace. Enfin, pour commencer, on va se déplacer à pied.

..Tu as déjà volé sur un balai ? demanda-t-elle incrédule.

..Cela m'arrive, de temps en temps. Mais on s'en sert surtout pour faire du sport maintenant."

Je faillis lui parler du Quidditch, mais je me dis que cela pouvait attendre un peu.

Elle parut sur le point de poser une autre question, mais se ravisa :

"William, il est une heure du matin. Je crois que je ne pourrai plus encaisser de nouvelles révélations. On va se coucher ?

..Oui, cela me paraît une bonne idée."

oO§0§Oo

Je ne pense pas que nous dormîmes beaucoup ni l'un, ni l'autre. De mon côté, j'éprouvais un trac monstre à l'idée de ce qui nous attendait le lendemain. Quant à Christina, elle devait ressasser tout ce qu'elle venait d'apprendre, car je la sentis se tourner et se retourner à mes côtés. Finalement, je la pris dans mes bras, et elle s'accrocha désespérément à moi, comme si ma présence pouvait exorciser ses peurs. Le sommeil finit par nous prendre au petit matin.

A notre réveil, nous déjeunâmes sans parler de notre programme de la journée, comme si nous voulions attendre d'être un peu mieux réveillés pour affronter ce qui nous attendait.

Je lui demandai de mettre une jupe longue et un manteau, histoire de limiter au maximum la métamorphose que j'avais l'intention d'appliquer à ses vêtements pour quelle passe inaperçue. Pour ma part, cela faisait longtemps que j'avais adopté un imperméable quand j'allais chez elle, au cas où je devrais faire un saut par le monde sorcier sans repasser par chez moi et pour dissimuler plus facilement ma baguette.

Nous nous rendîmes au Chaudron baveur. Elle eut beaucoup de mal à vaincre ses réticences et à me suivre dans le bâtiment, gênée par les sorts repousse-moldus :

"Will, c'est une ruine, c'est dangereux d'aller là dedans.

..C'est une illusion, ma chérie. Cela disparaîtra dès que tu en auras franchi le seuil.

..Mais il n'y a pas de porte !

..Prend mon bras, n'ai pas peur.

..Mais Will…

..Christina, nous ne pouvons pas rester là, nous allons attirer l'attention. Tu viens tout de suite, ou on annule tout."

Elle s'agrippa à mon bras et je la traînai dans le pub. Elle eut une exclamation étouffée quand l'illusion s'évanouit. Elle regarda la salle enfumée et emplie de monde avec stupéfaction. Un peu gêné, je l'entraînai rapidement dans la petite cour qui donnait sur notre rue commerçante. Avant d'ouvrir le mur, je transformai ses vêtements pour qu'elle paraisse porter une robe sorcière. Quant à mon imperméable, un changement minime lui donna l'apparence d'une cape.

Ma compagne ne dit rien, mais elle était à l'évidence très impressionnée. Puis, elle resta médusée quand j'ouvris le passage, et qu'elle eut sa première vision du Chemin de Traverse. Je lui laissai un peu le temps de se remettre, puis l'entraînai dans le monde magique.

Malgré ses tentatives pour rester discrète, il y avait tellement de choses stupéfiantes et insolites pour elle qu'elle ne pouvait cacher son étonnement et son émerveillement. J'avoue que dans un premier temps, j'eus honte de son attitude, et je fis de ferventes prières pour ne pas rencontrer quelqu'un de ma connaissance.

Puis j'eus honte de moi. N'avait-elle pas été particulièrement patiente quand je découvrais le monde moldu ? N'était-ce pas de ma faute, par amour pour moi qu'elle était là ? Résolument, je pris son bras plus familièrement, décidé à ne pas renier notre relation devant les miens.

Pour commencer, je lui fis faire un tour rapide des principales boutiques, puis nous allâmes nous asseoir sur la terrasse du glacier Fortârome, et je tentai de répondre à ses questions. Je commençai par lui expliquer les principales branches de la magie : métamorphose, enchantements et potions. Je lui signalai l'existence de Poudlard et lui brossai notre forme de gouvernement. Ensuite, après qu'un groupe de jeunes gens soit passé devant nous leur balai sur l'épaule, je lui parlais brièvement du Quidditch.

"C'est quoi ton vrai métier ? me demanda-t-elle finalement.

..Je suis vraiment policier. Sauf que chez nous, on appelle ça un Auror.

..Ah bon. Il y a beaucoup de sorciers dans notre police ?

..Aucun, mais quand il y a des affaires bizarres, le chef de votre police, qui connaît notre existence, nous demande de vérifier qu'un sorcier n'est pas dans le coup. C'était d'ailleurs bien le cas dans ton affaire de vol de bijoux. C'est un sorcier qui allait chez ses victimes en utilisant la cheminée et qui ouvrait les coffres à l'aide d'un sortilège.

..Tu veux dire que n'importe quel sorcier peut venir chez moi en utilisant ma cheminée ?

..Non, théoriquement, tu n'es pas reliée au réseau. Mais ce type créait des liaisons temporaires illégales. Tu n'es plus reliée maintenant. Enfin, normalement.

..Alors c'est bien toi qui as résolu l'affaire, non ?

..Oui. On l'a coincé et on a remonté la filière.

..Bravo !

..Je suis payé pour cela, tu sais. Et cela m'a donné la chance de te rencontrer.

..Tu considères vraiment que c'est une chance ?"

Cela ne m'était pas arrivé depuis de nombreuses années, mais je crois bien que je rougis un peu. J'étais bien conscient d'avoir été particulièrement injuste une grande partie de ma vie avec ses semblables.

"Je dois avouer que je n'avais jamais rencontré de Moldus, alors j'en avais une idée un peu réductrice. Du coup, je n'étais pas très enthousiaste à l'idée de te fréquenter au début. D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment je me suis retrouvé à te voir si régulièrement.

..Mon charme ravageur ?

..Oui sans doute, répondis-je en souriant. Si tu étais sorcière, je te soupçonnerais de m'avoir fait boire un philtre d'amour.

..Ça existe ?

..Il existe des potions qui lèvent un peu les inhibitions et d'autres qui sont aphrodisiaques. Mais celles qui sont vraiment efficaces sont illégales. Celles que tu pourrais trouver en vente libre ici relèvent plutôt de la superstition ou de l'escroquerie. Je ne te conseille pas d'essayer.

..Je n'en ai pas besoin, de toute façon.

..Oui, c'est l'avantage d'avoir un charme ravageur inné.

..J'espère que tu n'en as pas usé sur moi.

..Si j'avais su comment tout cela allait se terminer, j'aurais plutôt utilisé un charme de répulsion.

..William, je le confirme, tu n'es pas romantique pour deux sous. Au fait, qu'est-ce que tu appelles une idée un peu réductrice ?

..Eh bien… ne pas savoir utiliser de magie, c'est un peu comme…je sais pas moi, ne pas savoir écrire ou vivre au Moyen âge. Tu vois, chez nous la lumière ou l'eau courante marchent grâce à la magie. Je ne voyais pas comment vous pouviez atteindre le même résultat alors que vous en étiez dénués.

..Au fond, tu croyais qu'on vivait dans des cahutes au fond des bois.

..Non, quand même pas. Mais à vrai dire, je ne me posais pas trop de questions. Je ne sortais jamais de la sphère magique, alors cela ne m'intéressait pas. Mais maintenant, je me rends compte que vous nous avez dépassés dans un certain nombre de domaines. Créer un réseau électrique me paraît encore incroyablement compliqué pour tout juste allumer une ampoule. Mais vous avez l'informatique, le téléphone, la télévision. Nous n'avons pas d'équivalent pour tout cela.

..Comment faites-vous pour communiquer et vous tenir au courant de ce qui se passe ?

..Nous nous envoyons du courrier par hiboux ou nous utilisons les cheminées de communication. Pour l'information, nous avons plusieurs journaux et l'équivalent de votre radio."

Christina regarda autour d'elle pensivement.

"C'est vraiment étrange, dit-elle lentement. Ton monde est à la fois si semblable à ce qu'en raconte notre folklore, mais en même temps si différent. Je vais avoir du mal à démêler tout cela.

..Il y a des chances, oui. Moi, cela fait plus d'un an que j'essaie de comprendre le tien, et je suis loin d'en avoir fait le tour.

..Cela ira peut-être plus vite maintenant que tu peux me poser directement les questions qui te démangent.

..C'est sûr que cela va me simplifier la vie."

Puis, je pensai à la raison qui avait fait évoluer notre relation.

"Non, en fait, tu me compliques terriblement la vie. Je ne suis toujours pas sûr d'être à la hauteur de tes espérances, tu en es consciente ?

..William, moi aussi je suis morte de trouille. A cause d'une terrible déception il y a six ans, j'avais fait une croix sur toute vie sentimentale et familiale. Tu crois que cela ne me fait pas peur cette envie d'enfant ? Et tous ces mois au cours desquels mes sentiments pour toi sont devenus malgré moi de plus en plus forts, alors que je savais très bien qu'il y avait plein de trucs qui ne collaient pas avec toi ? Tu ne peux pas imaginer ce que j'ai pu inventer pour trouver logiques tes incohérences. Remarque, dans un sens, cela me facilite les choses, maintenant. Ce que tu me racontes est incroyable, mais j'y crois parce qu'au moins cela explique tout. Je ne réalise peut-être pas dans quoi je me suis fourrée, mais au moins, je sais à quoi m'en tenir. Tu ne peux pas savoir à quel point je me sens légère.

..Qu'est ce que tu t'étais imaginé sur moi ?

..Mhm... d'abord, je me suis dis que tu devais être un agent secret. Je pensais que ton vrai nom était Bond.

..Bond ?

..Oui, James Bond ! Encore une chose que même les Canadiens connaissent, tu sais. C'est une série de films qui relatent les aventures d'un agent secret de charme.

..De charme ? Merci beaucoup.

..Oui bon ! Mais je n'ai pas cru cela longtemps, car un agent secret qui ne sait pas que le Ritz est un hôtel ou qui ignore que la moitié de l'Europe est passée à l'euro il y a deux ans, c'est pas courant.

..Un jour, quand on aura le temps, tu m'expliqueras de quoi tu parles. Qu'est ce que tu as cru après ?

..J'avais plusieurs idées. J'ai pensé un moment que tu débarquais d'une île déserte où tu avais passé dix ans avec les œuvres complètes de Shakespeare, vu ta connaissance approfondie de cet auteur. Ça collait bien avec l'astronomie aussi. Mais quand je me suis aperçue que tu ne savais pas allumer un feu, mon hypothèse est tombée à la mer.

..Je sais très bien allumer un feu. Avec ma baguette.

..Pour les mêmes raisons, j'ai finalement éliminé la possibilité que tu aies vécu les vingt dernières années loin de toute civilisation, autre hypothèse qui me plaisait bien.

..J'ai pas l'air civilisé ?

..Tu es quand même un peu sauvage, tu sais. Tu n'as jamais voulu rencontrer personne de ma famille ou mes amis.

..J'avais assez de problème à éviter les questions personnelles seulement avec toi.

..Je me suis même demandé si tu ne venais pas d'être libéré de prison ou d'un asile de fous. Mais je me suis rappelée que tu étais venu la première fois avec un policier de Scotland Yard, alors c'était un peu gros.

..C'est flatteur ça !

.. J'ai même un court moment supposé que tu étais un prêtre défroqué tout droit sorti de son couvent. Mais dans un certain domaine, tu connaissais un peu trop de choses pour que cela soit vraisemblable.

..Quel domaine ?

..Les prêtres s'engagent à l'abstinence. Cela veut dire pas de relations intimes.

..Quelle horreur !

..Oui, je me suis dis que cela ne collait pas avec ta personnalité. Finalement, l'hypothèse sur laquelle je suis restée, c'est que tu devais souffrir d'amnésie partielle.

..Tu as effectivement beaucoup d'imagination.

..N'est-ce pas ? J'ai même vérifié la taille de ton petit doigt.

..Pardon ?

..Non, je plaisante. Je n'ai pas réellement cru que tu puisses être un extraterrestre. Quoique finalement, c'était ce qu'il y avait de plus proche de la réalité.

..Christina, tu tiendras le coup ?

..Je vais essayer.

..Il y a une chose que je ne comprends pas, lui fis-je remarquer. Si j'étais si bizarre, pourquoi ne me l'as-tu jamais dit ? Tu te montrais très peu curieuse, finalement.

..Tu étais un mystère vivant, mais il y a une chose qui était très claire. Tu ne voulais pas parler de toi. J'étais persuadée que si je commençais à me montrer indiscrète ou pressante, tu romprais. Et je n'avais pas envie de rompre. D'abord j'appréciais vraiment les moments que je passais avec toi et puis j'avais peur de me retrouver toute seule. Je suis restée cinq ans sans personne dans ma vie suite à mon grand fiasco et j'avoue que cela m'a été pénible. Car même si j'avais renoncé au grand amour, la solitude me pesait."

Elle grimaça, comme si le souvenir de cette période lui était amer.

"C'était une façon de me protéger, aussi, reprit-elle. Je me disais que comme ça je ne tomberai pas amoureuse de toi. Mais il faut croire que je suis indécrottable car finalement, non seulement je me suis rendue compte que je désirais fonder une famille mais qu'en plus j'avais réussi à tomber amoureuse d'un type vraiment bizarre. Une vraie idiote, hein ?"

Sans me laisser le temps de répondre, elle enchaîna en me regardant droit dans les yeux :

"Mais il y a une chose que je ne veux pas revivre, William. C'est les mois de disputes et de ruptures suivies de réconciliations qui ont caractérisé ma précédente expérience. Je ne pourrais pas le supporter. C'est pour ça que j'ai préféré te dire carrément ce que j'attends de toi. Si tu penses que cela ne te convient pas, autant qu'on arrête tout. Cela me fera mal, mais cela ne me détruira pas autant que la dernière fois. Je te pardonnerai de partir, mais pas de te moquer de moi ou de laisser pourrir la situation pour éviter une scène désagréable."

Dans son regard, je pouvais lire à la fois la douleur que lui avait causé les événements passés et la détermination de ne pas retomber dans les même errements.

"Je te le promets", lui assurai-je.

Elle hocha la tête, comme pour prendre acte de ma promesse. Puis elle fronça les sourcils, comme si une pensée venait de lui traverser l'esprit :

"Au fait, que se passera-t-il si on finit par rompre ? Et tu n'as pas peur que je raconte à tout le monde ce que tu m'as montré ?"

Je laissai passer un moment avant de lui répondre, incertain de l'opportunité à lui révéler la vérité. Et puis, je décidai de le lui dire.

"Je pense que je te ferai oublier ce que je t'ai révélé.

..C'est possible ?

..Oui. Je ne suis pas un spécialiste, mais il y a un service entier dans notre Ministère dont la seule mission est de faire perdre la mémoire aux Moldus qui ont vu des choses qu'il ne fallait pas voir.

..Cela arrive souvent ? me demanda-t-elle horrifiée.

..Trop ! Enfin, théoriquement, nous avons tout un ensemble de lois qui visent à ne pas rendre ce genre de mesures nécessaires. Et je suis chargé de les faire appliquer.

..Et là, tu les appliques ?

..Avant, il aurait fallu attendre que nous soyons mariés pour que je te dise la vérité. Mais la loi a changé et les cas comme le nôtre sont prévus. Mais dès lundi, j'irai te faire enregistrer au bureau des relations avec les Moldus.

..Oh ! Je ne suis pas sûre d'aimer cette idée.

..Moi je suis sûr de ne pas l'aimer. Mais je risquerais beaucoup à ne pas me plier au règlement. Et toi aussi"

Elle soupira.

"Je ne voudrais pas t'oublier.

..Tu ne m'oublierais pas complètement. Seulement ma nature."

C'était un mensonge. Avec ce qu'elle venait de m'avouer sur mes incohérences et ses suppositions, les Oubliators lui effaceraient sans doute tout souvenir de moi. Je frissonnai en pensant à la confusion mentale qui en résulterait. Je me promis de faire mon possible pour l'aider à accepter notre monde et lui faire comprendre l'importance d'en garder le secret.

Tout à coup, je me demandai si j'avais bien fait de lui révéler ce que j'étais. Décidément, j'agissais de façon complètement irrationnelle depuis que je l'avais rencontrée. Tout d'abord, je l'avais fréquentée régulièrement, sans m'avouer à quel point j'étais attiré par elle. Ensuite, j'avais laissé traîner cette liaison, en occultant complètement qu'un jour, cela risquait de déboucher sur quelque chose de plus sérieux. Et maintenant, je lui avais tout déballé, alors que je ne savais même pas si je serai capable de rester avec elle.

L'aveuglement total et volontaire dont je témoignais en ce qui la concernait était effrayant. Mais qu'est ce qu'elle avait de si spécial pour me faire agir comme le plus demeuré des Gryffondor ? Le doute qui m'habitait dû transparaître sur mon visage, car elle me prit la main et murmura :

"On peut y arriver, William. Il n'y a pas de raison pour que nous n'ayons pas notre chance, nous aussi."

Etrangement rassuré par la chaleur de sa main sur la mienne, je la crus. Peut-être qu'à leur manière, les moldus sont capables de magie.

oooO§0§Oooo


02/03/2005 : Bonjour à tous, comment va ? J'ai senti beaucoup d'entre vous très inquiet pour l'avenir de Willyboy et de sa Moldue. Hé, pas de panique ! Il m'a fallu 17 chapitre pour que Christina envahisse, la vie de Stratford, je n'ai pas l'intention de l'en faire sortir en deux coups de cuiller à pot. Et puis qu'est ce que je raconterai dans les 12 chapitres suivants, hein ? Bon, maintenant que vous avez lu le chapitre 19, vous voilà rassurés. Et vous avez enfin compris d'ou vient le titre de cette histoire ! Pour le mariage de Harry, c'était un mariage très confidentiel, et lui et Stratford ne sont pas encore assez intimes pour que ce dernier y soit convié. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette cérémonie, vous pouvez vous reporter au chapitre 15 de Après la Bataille.

Pour ce chapitre-ci, j'ai des remerciements spéciaux à adresser à Calimera, Djeiyanna et M. Alixe qui m'ont donné des idées sur les délires que Christina s'était faits concernant les incohérences de William. Moi je séchais complètement, alors rien ne vient de moi et tout d'eux. Fenice n'a pas été en reste car elle m'a aidé sur un passage qui accrochait et nous avons eu, à cette occasion, un échange de mails nourri, entre les copines qui débarquent et les enfants qui rentrent. Ouais, le SOS-je-publie-demain-mais-ce-passage-ne-va-pas marche à merveille !

Au fait, vous avez failli ne pas avoir de réponses au reviews cette semaine, car je suis tombé sous le charme d'une histoire assez longue et très bien écrite dont je n'arrive pas à sortir ! Elle traite magnifiquement les personnages (notamment Ron et Hermione), exprime merveilleusement les émois amoureux mais aussi l'amitié qui lie nos jeunes amis et n'oublie pas l'humour. L'intrigue est admirablement bien construite, ce qui ne gâche rien Bref j'adore Les secrets d'Hermione de Miss Teigne1.


Et les réponses à mes chers lecteurs :

Belval : Bravo pour ton organisation et le succès que cela a eu (j'adore écouter des contes). Je te sens très subjectif à propos de Ginny. Fais attention quand même, je l'ai faite un peu trop parfaite pour être réelle ! Oui, c'est sympa de raconter la même histoire avec un autre point de vue ou du recul. Un vrai exercice de style. Bin oui, mon premier bébé-fic est enregistré sur fanfiction. C'est déjà pas mal, non ? Pour les compliments, parfois les hommes ont des traits subis d'inspiration. Mais cela ne dure pas hélas ! La réplique croustillante est de l'indispensable Fenice, en fait. J'ai beaucoup aimé aussi. Le Willy n'a pas l'habitude de se vanter, mais c'est vrai que c'est tentant avec les gamins. Mais il a encore des progrès à faire avec sa famille. Effectivement, quand Willy est pris de court, il n'est pas des plus sympathique. Mais bon, on lui pardonne. Tu as eu ta (tes) discussion(s). tu les voyais comme cela ? Louer Poudlard ? Je ne sais pas si la France a un PNB suffisant pour cela !

Kazy : Will et Harry sont tous les deux pudiques dans leurs sentiments, alors, ils ont des moyens (très) détournés de se dire qu'ils s'apprécient. Comment ça, c'est bien seulement pendant 5 ans les enfants ! Tu aurais pu me le dire plus tôt, j'en ai deux maintenant ! C'est marrant, j'ai écrit une scène Harry -Lily samedi dernier !Les Détraqueurs ne vont pas trop tarder. Et contente si tu estimes que l'Esprit est toujours là !

Lapaumee : Et oui, il fallait bien faire avancer le shmilblick !

kobe23 : non, je ne pouvais pas vous faire cela. Pas au moment où ça devient intéressant !

sofia evans : Tu as la réponse à ta question : il s'est décidé !

Lila Flow : Bienvenue dans mon monde. Cela me fait plaisir de sentir le plaisir que tu as pris à me lire. Si tu aimes tant Ginny, mes autres fics sont plus axées sur elle (mais le style est un peu différent) et plus romance aussi. A la semaine prochaine !

Lanata : Plus que le chocolat ? C'est possible d'aimer quelque chose plus que le chocolat ? Woua, je suis impressionnée. Merci. J'espère que tu as également aimé mes autres fics !

Ptronille : Si je ne t'ai pas fait fuir, tant mieux.

Ryan : le désir d'enfant, surtout quand on arrive à un âge où il faut se décider à en avoir ou renoncer définitivement n'est pas vraiment quelque chose que l'on peut contrôler ! C'est une impulsion irraisonnée. Par contre, je trouve que prendre le risque que William s'en aille est plutôt courageux et responsable de la part de Christina. Ce n'est qu'en mettant les cartes sur table qu'ils peuvent savoir s'ils ont le même projet de vie. Et puis si on attendait que les hommes le propose, je crois qu'il y aurit beaucoup moins d'en fats dans les pays ou la fécondité est maîtrisée.

Zabou : merci

dadmax : Bien vu !

Harry Gryffondor : lol, y'a pas à avoir honte. Ne pas laisser de review est un droit imprescriptible du lecteur. Si l'autre fic que tu as lue est "Le journal de Ginny la Furie", d'Alysia, ce n'est pas vraiment une autre Ginny puisque je suis partie de sa fic et j'en ai fait une suite (avec son accord, bien entendu). C'est quoi ton premier livre ? Merci pour tous tes bons mots.

Angel's Eyes : Non, je ne conçois pas que Harry et Draco ne deviennent amis. Il ne fat pas oublier que Malefoy n'est pas un personnage sympathique, contrairement à ce que l'on peut lire dans certaines fics.

Angie Black : Hélas oui, pour beaucoup d'hommes admettre leurs sentiments et se décider à avoir des enfants est une démarche difficile. Je voulais un peu trancher avec le côté très sentimental (peut-être un peu trop) de mes premières fics. (je te pardonne pour la dernière fois, l'essentiel, c'est que tu prennes du plaisir à lire)

Allima : Oui, pour les maisons j'imagine aussi une évolution. Je pense que tu es contente de l'évolution de la relations entre Will et Christina. Merci pour tes reviews sur Ginny la furie….

Namyothis : J'attends tes idées (sans garanties que je les utiliserai car il va bien falloir que je mette fin à cette fic)

Aresse : Très bien ton résumé : j'ai eu de nouveaux lecteurs ! Oui, le pauvre Willy va devoir se remettre en cause …

BabyChang : Oui, Willy est un peu brutal dès qu'il se retrouve dans une situation qu'il ne maîtrise pas. Je n'ai pas l'intention de te décevoir ;-)

Crookshank : Bin, oui, c'est pas toujours facile de composer avec un monsieur !

Milie : mouarf, " il ne sait même pas dans quel sens ça se prend", c'est bien ce qu'il pense le pauvre ! Réponse sur Will et le mariage de Harry dans les notes d'auteurs. Je ne sais pas encore exactement quand va finir MSB mais cela ira au delà de la naissance de Lily.

alana chantelune : La Christina sait faire danser les ours, il semblerai ! A demain en mail et après-demain en vrai.

Kira-sama : Contente de te plaire. C'est le principal pour moi. La reviews systématique est en option ;-). Merci d'avoir au moins posé un mot.

Relebe :Eh bien non il a pas rompu. A la semaine prochaine alors.

Lyane : Faire collaborer Harry et Draco n'est pas une bonne idée selon le point de vue de Willy qui doit les surveiller tout le temps ! Mais il y aura une opération où ils interviendront tous les deux. Pour le bébé… tu verras bien !

kyras01 : J'essaierai de passer voir ta fic mais ne promets rien ! Question de temps ! Merci pour tes compliments.

Draya Felton : à mercredi prochain, merci d'avoir laissé un mot.

divine-sigyn : Oui, Willy va voir sa vie changer un peu. J'ai pas prévu de raconter le mariage de Tonks (je vais y réfléchir). Je ne pensais pas faire une histoire si longue, mais j'avais plein de choses à dire en fait.

Youpala : J'ai eu un mal fou à faire entrer Christina dans la vie de Will, elle va pas nous quitter si vite !

gaelle griffondor : merci pour ton mot

Csame : Tu as ta grande scène et tes explications. Cool non ?

La p'tite Lili : J'espère que la suite t'a bien plu.

Harana : merci, bisous!

sissicho : Non, à priori on reste toute la fic avec le même point de vue. Plus de détails sur le mariage de Harry dans Après la Bataille

Dawn456 : Dans l'ensemble il devrait y avoir par la suite toutes les scènes que tu demande. Meric pour ta longue review. (Migon les mini-Alixe !)

Rayuroplanis : Je crois que les jumeaux n'en font pas trop car ils savent qu'une Ginny énervée, c'est très dangereux. Bon, je pense que tu as une idée maintenant de ce que va devenir le Willy !

orrchy : Merci !

Marie-Jo : A mon avis, si elle était enceinte sans lui avoir demandé avant, il ne resterait pas. Mais il se décide à faire évoluer les choses, oui…

Kaorulabelle : Le chapitre répond à ta question je crois. A la semaine prochaine.

beru ou bloub : Oui, il c'est un célibataire endurci mais pas idiot pour autant.

Hadler : c'est une impression, en fait, les chapitres sont de plus en plus longs ! Mais non, tu t'es pas trompé. Poudlard ne viendra pas tout de suite. Will et Christina ont plein de comptes à régler avant !

Fee Fleau : Cela va être un peu plus chaotique en fait. Il est pas romantique pour deux sous le William. Et il n'a pas une image très positive de la famille en plus.

Lily Petite Etoile : Ça pour réfléchir, il va réfléchir… Bises

Dreyd : Si j'avais su qu'on parlerait un jour de moi sur un LJ ! o-O. L'analyse magique est dans le prochain chapitre !

m4r13 : Oui, un petit retour en arrière ne fit jamais de mal ! Merci pour ton mot !

fénice : Mais c'est vrai que tu m'avais prévenu que tu partais dans ta review. J'avais oublié ! Tu lui en veux à ce pauvre Willy !