- MON SORCIER BIEN-AIMÉ -


Disclamer : la plupart des lieux et personnages viennent de l'univers créé par J.K Rowling.

Je dois également beaucoup à mes relecteurs : Monsieur Alixe, Fenice et Calimera


Résumé de la semaine : Harry : Alors c'est toi mon coéquipier ? Willy : Tais toi et écris ! Harry : On t'as coupé l'eau chaude pendant que tu prenais ta douche ce matin ou quoi ? Willy : Pitié... (Andromede)

Note : Pour ceux qui se demandent comment je fais pour avoir des tirets, la réponse est que j'ai mis mes tirets en italique. (Merci à Lila Flow de m'avoir passé le truc).
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XX : La ceinture enchantée

Même si savoir ce que Christina attendait de moi m'effrayait toujours autant, c'était un soulagement de pouvoir lui parler à cœur ouvert et de ne plus devoir surveiller la moindre de mes paroles. Par contre, je lui demandai de remettre à plus tard la rencontre qu'elle projetait entre moi et ses parents. Vu ce qu'elle m'avait révélé sur mes incohérences, je ne me sentais pas prêt à les affronter.

Toute la semaine qui suivit la révélation de mes origines, je passai mes soirées avec elle. Nous parlions beaucoup. Elle avait beaucoup de questions à me poser, et moi aussi.

J'avais projeté de lui apprendre à voyager en cheminée. C'était la seule façon de l'intégrer vraiment au monde magique. Le problème, c'est que je ne me voyais pas lui donner une leçon au beau milieu de la Halle aux Poudres. L'idéal serait de relier sa cheminée au réseau. Mais pour cela, il fallait faire une demande, donner des justifications, bref toute une procédure bureaucratique qui ne m'enchantait guère.

Tout à coup je me rappelai que le responsable du service des cheminées avait une petite dette envers mon coéquipier. C'était le moment de lui présenter la note. J'avais bien fait d'aider Potter, finalement. Il faut croire que les doux rêveurs qui sont persuadés que toute bonne action finit toujours par être récompensée ont parfois raison.

C'est ainsi que deux semaines après ma grande révélation, nous nous retrouvâmes dans son atelier, devant sa cheminée.

"C'est très simple, expliquai-je. Quand les flammes deviennent vertes, tu dois entrer dans la cheminée et crier ta destination. Ne crains rien, tu ne risques pas de te brûler. Une fois arrivée, tu fais juste un pas en avant pour laisser la place à la personne qui vient après.

- Je vais être transportée directement ? demanda-t-elle dubitative.

- Cela va durer quelques secondes. Si tu as mal au cœur, ferme les yeux.

- Ça marche vraiment ?

- Je suis bien arrivé par ta cheminée, non ?

- Je ne sais pas, j'étais à l'étage, moi. J'ai rien vu.

- Fais-moi confiance", répondis-je en me retenant de lever les yeux au ciel.

Elle fit une petite grimace avant de demander :

"Et c'est quoi, l'adresse que je dois dire ?

- On va commencer par la mienne. C'est Paracelsus, 3.

- Pardon ? s'enquit-elle en ouvrant de grands yeux.

- Paracelsus, c'est le nom de l'immeuble où j'habite. Trois, c'est le numéro de mon appartement, lui expliquai-je patiemment.

- Paracelsus ?

- Oui, c'est le nom d'un alchimiste.

- Paracelsus 3", répéta-t-elle visiblement plus préoccupée par la mémorisation de ce nom que par mes références historiques.

C'étais bien la première fois que je la voyais négliger quoique ce soit propre à élargir sa culture générale.

"Prononce-le bien distinctement, précisai-je.

- Qu'est ce qui se passe, sinon ?

- Tu risques d'arriver chez quelqu'un d'autre. Dans ce cas, ne panique pas, et répète ta destination calmement. Mais tout va bien se passer, dis-je tentant d'adopter une intonation rassurante.

- Mais comment je sais que je suis arrivée si j'ai les yeux fermés ? insista-t-elle, visiblement pas rassurée du tout.

- Il y a un petit choc à l'arrivée.

- Un choc ? dit-elle d'une voix incertaine.

- Oui , c'est comme quand un ascenseur arrive à destination. Rien de bien méchant. Allez, vas-y, maintenant.

- Tu ne veux pas passer avant moi ? demanda-t-elle plaintivement.

- Non, si je te laisse toute seule ici, tu n'iras jamais. Allez, tu prends cette poudre, tu la jettes dans la cheminée. Tu avances et tu dis Paracelsus 3."

Elle prit une grande inspiration, et fit ce que je lui avais dit de faire. Je crois bien qu'elle avait les yeux fermés avant même d'entrer dans les flammes. J'eus un petit pincement au cœur quand elle disparut, mais il n'y avait pas d'autre manière d'apprendre. En tout cas, c'est comme ça que j'avais appris, quelques trente ans auparavant.

Je laissai passer une vingtaine de secondes pour lui laisser le temps de reprendre ses esprits et de libérer l'âtre, avant de la suivre. Je fus soulagé de la retrouver dans mon salon quand j'émergeai à mon tour de la cheminée. Elle était agenouillée sur le sol, visiblement secouée, mais au moins, elle était là. Je lui servis un whisky venant tout droit de la distillerie de mon père, et elle reprit peu à peu ses couleurs.

"C'est un peu fort, mais c'est pas mauvais, apprécia-t-elle, après être passée d'un blanc crayeux à un rouge cramoisi.

- Je peux t'en avoir autant que tu veux, l'informai-je. Avec la potion anti-gueule de bois qui va avec.

- Formidable.

- Prête à repartir ?

- Maintenant ?

- Oui, il faut que tu fasses plusieurs voyages pour en prendre l'habitude."

Sans écouter ses protestations, je l'obligeai à faire une dizaine d'aller-retour entre son appartement et le mien. Finalement, quand je jugeai qu'elle se débrouillait suffisamment bien pour ne plus appréhender d'utiliser une cheminée et ne pas se faire remarquer si nous allions dans un lieu public, je l'invitai à rester chez moi pour dîner.

Elle prit alors le temps de regarder mon intérieur.

"C'est joli chez toi. Et c'est bien rangé."

Mais pourquoi les femmes sont-elles toujours étonnées de constater que je ne vis pas dans une cave crasseuse ?

"J'avais bien remarqué que la tenue d'une maison n'était pas ton point fort, ripostai-je, agacé.

- Evidemment, moi je n'ai pas de baguette magique !

- Cela n'a rien à voir. Il faut autant d'énergie pour le faire magiquement qu'à la main, tu sais. C'est juste un peu plus rapide.

- Vraiment ?

- Oui, les lois de la physique s'appliquent à nous aussi : 'Ce que la magie donne, la magie prend'

- Tu veux dire 'Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ?'

- En gros, c'est ça.

- Je suis très déçue. Je croyais qu'il suffisait de bouger le nez.

- Encore une référence que tout le monde connaît, même les échappés de l'asile et les repris de justice ?

- Quelque chose comme cela, oui, s'esclaffa-t-elle. Au fait, j'ai une question. L'autre jour, la tortue que tu as créée, elle existait en vrai ou pas ?

- Oui et non. En fait la métamorphose utilise la matière de l'objet d'origine pour la transformer et lui donner la forme de l'objet de destination. Mais comme la nature n'aime pas être contrainte, la matière a tendance à revenir à sa forme première. De ce fait, maintenir la métamorphose prend de l'énergie au sorcier qui la pratique, surtout quand on transforme un objet inerte en être vivant. C'est pour ça que j'ai rendu à ta théière sa forme première. Cela m'aurait fatigué pour rien. Seuls les grands magiciens peuvent maintenir des objets sous une forme artificielle pendant une longue période. Généralement, ils puisent l'énergie autour d'eux pour préserver la leur. Mais le plus simple, pour le long terme, est d'utiliser un support : un objet magique qui se charge de pomper l'énergie et pratiquer la magie à votre place.

- Tu ne pourrais donc pas faire apparaître un objet du néant ?

- En théorie, on peut créer un objet à partir de la matière qui est tout autour de nous, mais c'est très difficile et cela demande une très grande puissance magique. Personnellement, je serais incapable de faire apparaître un objet important ou un peu complexe.

- Tu ne pourrais donc pas faire jaillir des fleurs du néant pour me les offrir !"

Je préférai ne pas lui parler du sort d'Orchideus. D'abord parce que c'est un sortilège pour les cabotins romantiques, et que je n'avais pas envie de me ridiculiser en lui en faisant la démonstration. Ensuite parce que ce c'était une exception et qu'il n'était pas très pédagogique de commencer par là.

"Le plus simple est de faire venir à soi ce dont on a besoin, expliquai-je. Accio", ajoutai-je en tendant ma baguette vers un livre pour lui en faire la démonstration.

Ce dernier vint docilement dans ma main.

- Si on veut épater la galerie, on peut avoir l'objet en question entre les mains, mais invisible." Je jetai un sort d'invisibilité sur le livre que je tenais. "Ensuite on lève le sort d'invisibilité au moment voulu".

Le livre réapparut subitement.

"Wouah ! fit Christina visiblement impressionnée

- Ça en jette, hein ?

- Si cela avait été des fleurs, c'est sûr, là je devenais carrément folle de toi.

- Heureusement que ce ne sont pas des fleurs, alors !" remarquai-je, songeant que j'avais bien fait de ne pas lui faire une démonstration de d'Orchideus.

"William, un peu de romantisme n'a jamais tué personne.

- Il y a des choses pires que la mort.

- Très drôle !" répondit-elle d'un ton pincé.

Il valait mieux abandonner le sujet :

"Tu as faim ? Je vais préparer à manger.

- Besoin d'aide ?

- Ça ira. J'ai une cuisine sorcière, tu sais. Sans baguette, c'est pas très pratique."

Sous ses yeux écarquillés, je lui composai un bon dîner. Finalement, elle fit remarquer :

"Ça a quand même l'air plus facile avec une baguette.

- Ça, c'est le talent. Si j'étais moins expert, tu te rendrais compte que ce n'est pas aussi évident que ça en a l'air. Il faut beaucoup de concentration pour éplucher des légumes, faire tourner une cuillère dans une casserole et allumer un feu simultanément.

- Modeste, en plus !

- Pour parler franchement, non, je ne suis pas modeste. Pour moi, la modestie, c'est de l'hypocrisie. Si on est bon en quelque chose, pourquoi faire comme si on était mauvais ? L'important, c'est de ne pas se surestimer ou d'ignorer ses points faibles.

- Et c'est quoi tes points, faibles ?

- Les connaître ne veut pas dire les divulguer à n'importe qui.

- Je ne suis pas n'importe qui.

- Si tu veux savoir mes points faibles, tu n'as qu'à les trouver toute seule."

B'en ouais, je m'appelle pas Potter, moi, et l'idée qu'on puisse me connaître à la perfection ne me paraissait pas souhaitable pour établir une relation à long terme.

oO§0§Oo

La semaine suivante, je profitai de la récente initiation de Christina aux voyages en cheminée pour l'emmener à Pré-au-Lard.

Dire que ce qu'elle y vit l'enchanta serait en dessous de la vérité. Pour ne pas m'embarrasser, elle essayait de se faire discrète, mais elle ne pouvait s'empêcher de sourire largement et d'ouvrir de grands yeux à chaque nouveauté que je lui présentais. Les oiseaux de la poste la ravirent, les sucreries d'Honeyduke l'enchantèrent, elle fut transportée par la Bièreaubeurre que nous servit Madame Rosemerta, elle frissonna quand je lui racontai toutes les légendes qui s'attachaient à la Cabane hurlante.

Finalement, alors que nous flânions dans les rues, elle s'arrêta devant une boutique d'artisanat magique qui avait ouvert récemment. Les bijoux présentés en devanture l'intéressaient à titre professionnel. Je lui proposai d'entrer pour les voir de plus près, et elle accepta.

Nous fûmes accueillis par une jeune femme très souriante. Timidement, Christina demanda à voir les colliers, puis dans la conversation qui suivit avoua en monter elle-même. La discussion devint assez technique. Je la regardais, heureux de la voir si à l'aise.

Finalement, elle remercia la vendeuse, et se dirigea vers la sortie. En passant, elle avisa une très jolie ceinture. Je lui suggérais de l'essayer, envisageant de la lui offrir, si elle la trouvait à son goût. Elle la passa autour de sa taille, mais à peine eut-elle joint les deux éléments du fermoir magique, qu'en un "pop" sonore, elle se transforma en chat.

Durant une seconde, nous restâmes pétrifiés. Puis, je me précipitai vers elle, au moment où elle lançait un miaulement désespéré qui me fendit le cœur. Je m'agenouillai devant le chat-Christina.

"Ne t'inquiètes pas, ma chérie, dis-je de la voix la plus calme possible. Tu vas bientôt te retrouver comme avant"

Je me retournai fou de rage vers la vendeuse pour lui dire ce que je pensais de ses méthodes, mais cette dernière semblait horrifiée :

"Oh ! Merlin, Merlin ! Mais ce n'est pas possible. Je vais le tuer. Je suis sûre que c'est lui. Je vais le tuer !"

Voyant qu'elle ne me serait d'aucun secours, je fis ce que j'aurais dû faire immédiatement. Je sortis ma baguette et effleurai Christina en murmurant :

"Finite incantatem"

Mais rien ne se passa. Le chat miaula. La vendeuse se mit à son tour à genoux à mes côtés :

"Ne paniquez pas, Madame. Si le sort a été jeté par la personne que je pense, il prendra fin tout seul d'ici quelques minutes."

Le chat tenta de s'approcher de moi, mais trébucha en miaulant de nouveau. Je lui caressai doucement la tête en lui murmurant des mots apaisants. Au bout d'un moment, la vendeuse nous dit :

"Elle ne devrait pas tarder à se re-transformer"

Effectivement, quelques instants plus tard, je n'eus que le temps de m'écarter avant que Christina ne reprenne sa forme première, assise par terre, les yeux écarquillés.

"Ça va ? lui demandai-je

- Je... je crois."

Je l'aidai à se remettre sur pied, mais elle paraissait ébranlée.

"Venez vous asseoir, dit la vendeuse en la prenant par le coude. Je vais vous faire une tasse de thé."

Sans protester, Christina se laissa entraîner vers l'arrière-boutique.

Nous étions en train de boire un excellent thé indien et les mains de Christina commençaient à cesser de trembler quand la porte de la boutique s'ouvrit et qu'une voix joyeuse lança à la cantonade un chaleureux :

"Bonjour, tout le monde !"

La vendeuse bondit sur ses pieds et fonça dans la boutique.

"George ! J'ai justement deux mots à te dire !

- Ah Padma, comme ces paroles sonnent doucement à mes oreilles. Que puis-je pour toi, ô belle déesse ?

- Espèce de crétin ! Est-ce que les mots "ceinture" et "chat" te disent quelque chose ?

- Déjà ! Alors, c'était comment ?

- Imbécile ! C'est tombé sur une moldue figure-toi ! Avec tes conneries, je vais finir à Azkaban !

- Heureusement qu'il n'y a plus de Détraqueurs à Azkaban ! plaisanta-t-il. Allons, calme-toi, elle ne va pas porter plainte pour ça, quand même !"

Je connaissais cette voix et j'avais déjà entendu ce prénom quelque part. Je décidai d'intervenir pour mettre un peu de plomb dans la tête de ce petit con.

Je me levai et repassai à mon tour dans la boutique :

"Monsieur Weasley, puis-je vous rappeler que la magie exercée sur des Moldus sans raison valable est strictement interdite ?"

Il perdit d'un coup son sourire et sa superbe :

"Monsieur Stratford ! dit-il d'une voix mourante.

- Vous vous connaissez ? demanda Padma la vendeuse.

- C'est le partenaire de Harry", répondit le roux qui n'en menait pas large.

Elle sembla comprendre ce que cela impliquait car elle pâlit et se serait sans doute effondrée si elle ne s'était retenue au comptoir.

"Cela peut vous coûter jusqu'à trois mois d'emprisonnement, continuai-je d'une voix tranquille.

- Je... je suis désolé. Ce n'était pas intentionnel. Je ne pensais pas que cela tomberait sur... sur une moldue..."

Lui aussi avait perdu toutes ses couleurs.

"Avec un peu de chance, le Magenmagot prendra en compte cette circonstance atténuante, commentai-je d'une voix doucereuse. Dans le cas contraire, comme vous le faisiez si justement remarquer, heureusement qu'il n'y a plus de Détraqueurs à Azkaban !"

Même ses taches de rousseur commençaient à disparaître.

J'entendis derrière moi Christina repousser sa chaise. Elle s'apprêtait à intervenir, trouvant sans doute que j'allais trop loin. Considérant que j'avais atteint mon but, je lâchai :

"Enfin, pour cette fois, je vous laisse le bénéfice du doute. Je vous demanderai simplement de présenter vos excuses à la dame.

- Bien... bien sûr !" bafouilla le rouquin qui se sentait revivre.

Il demanda humblement pardon à sa victime. Il eut l'intelligence de ne pas en faire trop, et prit congé avec une discrétion qui ne lui ressemblait pas. La vendeuse le raccompagna jusqu'à la porte et lui fit sans doute de nouveaux reproches car nous entendîmes un rapide conciliabule.

Finalement, elle revint vers nous et me regarda avec admiration :

"Monsieur Stratford, je ne sais comment vous remercier. Je n'ai jamais vu George Weasley se faire remonter les bretelles de cette façon. Et Merlin sait si sa mère et nos professeurs à Poudlard ont essayé. C'était du grand art !"

Et oui, ma mignonne, on apprend des petites choses utiles dans la salle commune de Serpentard !

Nous finîmes notre thé et prîmes congé. Avant que nous ne sortions, la vendeuse donna un paquet à Christina, en précisant que c'était un cadeau, "pour se faire pardonner". Cette dernière l'ouvrit et un magnifique châle en soie apparut.

"Même s'il gèle dehors, il suffit que vous le jetiez sur vos épaules pour avoir chaud, spécifia la jeune femme. Il est imperméable aussi."

"Mais c'est beaucoup trop beau. Je ne peux pas l'accepter !

- C'est un cadeau de George en fait. Il m'a demandé de vous le donner. Si vous n'en voulez pas, allez le lui rendre directement. Mais je vous le déconseille. Sa boutique de Pré-au-Lard est encore plus piégée que celle de Londres.

- Il vaut mieux éviter", décidai-je, considérant que ma compagne en avait assez vu pour la journée.

Christina remercia chaleureusement et nous partîmes enfin. Une fois rentrés chez elle, je lui demandai si elle ne regrettait pas de m'avoir accompagné.

"Oh non ! J'ai adoré cette visite. Bien sûr, à la fin, j'ai eu un peu peur, mais cela n'a pas été si terrible. Tu sais, ajouta-t-elle après réflexion, le plus affolant ça a été de me retrouver avec les yeux à vingt centimètres du sol. Je n'ai pas réalisé tout de suite que j'avais été transformée. J'ai juste eu l'impression que toute la boutique devenait immense. Ce n'est que lorsque je me suis entendue miauler que j'ai compris que c'était moi qui avais changé. Cela fait vraiment bizarre d'avoir quatre pattes, conclut-elle. Je n'ai d'ailleurs pas très bien réussi à m'en servir. Cela t'est déjà arrivé d'être transformé ainsi ?

- Une ou deux fois, en cours de Métamorphose. On s'entraînait les uns sur les autres.

- Tu pourrais me transformer alors ?

- Oui, mais avec beaucoup de concentration et de puissance magique. La métamorphose des mammifères est un exercice très délicat. Si tu veux vraiment une démonstration, je pense que je te transformerais plutôt en cancrelat. C'est beaucoup plus simple !

- Merci bien, je te crois sur parole.

- En tout cas, enchanter cette ceinture ainsi, c'était loin d'être évident. Ces frères Weasley sont vraiment très forts.

- Ces frères... parce qu'il y en a plusieurs ?

- Un paquet, oui. Mais seuls deux d'entre eux, des jumeaux, sont aussi redoutables. Ils tiennent un magasin de farces et attrapes. Cela dit, ce ne sont pas les seuls à avoir du talent. Un de leurs frères vient d'obtenir un très haut poste au Ministère et pourrait bien devenir un jour notre Ministre.

- Tu as l'air de bien les connaître.

- Il se trouve que mon partenaire est très lié avec eux et vient d'épouser leur petite sœur.

- Ton partenaire ? Le beau gosse qui était avec toi la seconde fois que tu as pris le thé chez moi ?

- Comment ça, le beau gosse ?

- Ecoute, c'est pas ma faute s'il est mignon. Et puis tu viens de me dire qu'il est marié.

- Exactement, et sa femme, elle est pas commode avec ses rivales ! Pire qu'un troupeau de Détraqueurs !

- C'est quoi un Détraqueur ?

- Euh... la matérialisation de l'horreur.

- Elle est si laide que cela ? demanda Christina en fronçant les sourcils.

- Non, elle est mignonne, très, très mignonne même. Mais elle a un sacré caractère.

- Et bien, buvons alors aux amours du beau gosse et de sa très, très mignonne épouse et arrêtons de nous asticoter, d'accord ?

- Tu as raison, nous avons mieux à faire", ai-je répondu en l'attirant à moi.

oO§0§Oo

Au cours des semaines suivantes, Christina et moi avons continué nos sorties, en partie chez les moldus, en partie dans le monde sorcier. Nous n'avions pas tellement changé nos habitudes, si l'on excepte que je passais plus de nuits chez elle. Elle venait aussi parfois me rejoindre dans mon appartement, mais c'était plus rare car, le plus souvent, elle continuait à travailler dans son atelier pendant nos débuts de soirée.

Nous n'avons pas reparlé tout de suite de nos projets d'avenir. Christina devait avoir compris qu'elle n'avait pas intérêt à me brusquer. Mais, même sans l'évoquer, nous testions notre capacité à vivre durablement ensemble et à accepter les différences qui nous séparaient.

Désormais, je n'hésitais plus à faire de la magie devant elle : sorts domestiques, métamorphose de vêtements, réparation d'une assiette cassée. A début, elle semblait assez troublée, puis petit à petit sembla s'habituer. Il est vrai que moi aussi je m'étais imperceptiblement accoutumé à la télévision et à l'informatique.

Vers la mi-février, alors que nous nous mettions au lit, je finis par aborder un sujet qui commençait à me turlupiner mais qui était assez délicat.

"Hum, on ne pourrait pas utiliser un autre moyen de contraception ?

- Celui-ci te pose un problème ?

- Il en existe de moins contraignant, non ?

- Ce n'est pas seulement une question de contraception."

Ça, je le savais, car je m'étais renseigné sur la question par le biais de mes lectures empruntées à la Bibliothèque d'études moldues. Au début, j'étais surtout préoccupé par l'endroit où me procurer les articles en question. Finalement, cette connaissance ne m'avait pas été utile car Christina en avait toujours un stock, dans le tiroir de sa table de nuit, plus que satisfaisant pour mon ego de mâle. Mais au cours de mes recherches, j'avais découvert qu'il existait d'autres moyens plus commodes et surtout j'avais appris l'existence de certaines maladies moldues dont le contraceptif proposé par Christina pouvait protéger. L'idée qu'elle me soupçonne malade m'avait profondément déplue, mais le sujet était trop difficile à aborder et j'avais dû renoncer à lui en parler à l'époque.

"C'est ce que j'ai cru comprendre, admis-je. Mais euh… je ne pense pas qu'il y ait vraiment lieu… je euh… enfin, je suis en excellente santé et…

- William, il se trouve qu'il existe une maladie très dangereuse dont on peut être porteur sans en avoir les symptômes. On peut être contagieux sans le savoir.

- Nous n'avons pas ce genre de chose chez nous.

- Ce n'est pas parce que tu n'en as jamais entendu parler que cela n'existe pas. On a mis plus de dix ans à rendre l'information publique en Europe. Et s'il y a des liens entre sorciers et moldus, le virus finira par passer, crois-moi, si ce n'est déjà fait. Es-tu certain qu'aucune de tes anciennes petites amies n'a eu de relation avec un moldu avant toi ?

- Je ne leur ai jamais demandé, mais c'est assez peu probable.

- Ecoute, William. Je suis peut-être assez inconsciente pour avoir une liaison avec un type très bizarre, mais pas au point de prendre des risques inutiles quand une maladie mortelle est en jeu."

Je trouvai cette insistance offensante, mais il valait mieux être constructif que d'user ma salive à la persuader de son erreur :

"J'ai lu qu'il y avait un test qui permettait de savoir si on était malade ou pas, lui indiquai-je.

- Tu accepterais de le faire ?

- Pourquoi pas, si cela peut te rassurer ? Mais il y a un truc que je n'ai pas très bien compris. C'est quoi au juste une "prise de sang".

- Rien de bien méchant. Je vais essayer de nous prendre rendez-vous pour demain.

- Nous ?

- Il me paraît normal de faire le test avec toi, non ? Après tout, c'est toi aussi que je protège en utilisant des préservatifs."

Je laissai tomber le sujet et décidai de lui faire confiance pour la bonne marche à suivre. Elle m'entraîna le lendemain dans un "Laboratoire d'analyse". Dès que j'y mis les pieds, je détestai ce lieu. Cela me fit penser à Ste Mangouste, en pire.

Quand ce fut notre tour, Christina demanda à me suivre dans la petite pièce où se passait l'examen, expliquant que j'étais étranger. Alors que la préposée préparait son attirail, je remarquai une longue pointe en acier.

"Eh, mais qu'est ce qu'elle va me faire ? chuchotai-je à Christina.

- Ce n'est rien, juste une petite piqûre. On ne sent presque rien. Tiens-toi tranquille, tu es censé savoir ce que c'est."

La femme ayant terminé ses préparatifs se tourna vers nous et me serra le bras avec un lien, avant s'approcher de moi la pointe acérée.

"Le monsieur a peur des piqûres? demanda-t-elle notant mon regard horrifié.

- Oui, il déteste ça. Il vaut peut-être mieux que tu ne regarde pas, William."

Mais je l'observai me trouer la peau avec une fascination morbide. Quand je vis mon sang dégouliner dans la fiole en verre, mes oreilles se mirent à bourdonner.

Dix secondes plus tard, je me retrouvai les jambes surélevées, avec l'infirmière en train de faire des réflexions sur les hommes qui roulent des mécaniques et tournent de l'œil à la vue d'une petite goutte de sang, et Christina qui me demandait comment je me sentais. Mon regard dut être éloquent, car elle demanda à la femme d'en finir au plus vite. Elle se soumit à son tour à l'opération et nous quittâmes les lieux.

On a beau dire, il y a quand même des domaines où les moldus en sont vraiment restés à des méthodes barbares !

oO§0§Oo

Le résultat des analyses fut satisfaisant, et je proposai à Christina d'essayer les méthodes de contraception sorcières que je lui affirmai comme étant beaucoup plus sûres. En fait, je désirais garder la mainmise sur cet aspect, ne lui accordant qu'une confiance relative en la matière, tant était grand son désir de maternité. Un oubli est si vite arrivé, n'est ce pas ?

Je lui fis donc choisir entre une potion à ingurgiter à chaque pleine lune et un sort que je lui appliquerai à chaque fois. Elle choisit la seconde solution.

oO§0§Oo

Au début du mois de mars, nous décidâmes d'aller dîner sur le Chemin de Traverse. Alors que nous sortions de la Halle aux Poudres, nous croisâmes Potter, son balai sur l'épaule.

Il hocha discrètement la tête à mon intention, s'apprêtant à continuer son chemin. Jusqu'à présent, je n'avais jamais organisé de rencontre entre Christina et une de mes relations sorcières. Je me dis que Potter serait un bon début.

"Potter ! Bonsoir. Je ne sais pas si tu te souviens de Christina Fallen. Nous avions visité son atelier quand nous avons enquêté sur le vol des bijoux à Londres. Christina, mon partenaire, Harry Potter.

- Mais bien sûr, je me rappelle parfaitement de Madame, dit-il en hochant la tête d'un air entendu. Belle soirée pour se promener, n'est ce pas ?

- On pensait aller manger un morceau. Tu aurais un moment pour prendre l'apéritif avec nous ?

- Ma femme ne rentre pas avant une bonne heure, répondit-il en regardant sa montre. Ce sera avec plaisir."

Nous nous rendîmes de concert au restaurant. Potter s'installa, selon son habitude, de façon à tourner le dos aux autres clients. Nous prîmes place face à lui.

Potter nous confia la raison de sa présence à cet endroit :

"Je suis allé faire réviser mon balai, expliqua-t-il. La Coupe du Ministère va bientôt commencer.

- Il est beau, mais il n'est plus tout jeune, ton balai, remarquai-je. Tu n'es pas tenté d'en racheter un neuf, un Foudre de Guerre, par exemple ?

- Le Foudre est plus rapide, mais je le trouve moins maniable pour faire de la haute voltige. Et puis, celui-là c'est un cadeau, alors j'y tiens beaucoup.

- Ah, je vois. Potter est un des meilleurs attrapeurs du pays, expliquai-je à Christina. Il attrape le Vif d'or au péril de sa vie à chaque match.

- Je n'avais pas compris que le... comment tu m'as dis que cela s'appelle déjà ? demanda Christina en se tournant vers moi

- Le Quidditch.

- Je n'avais pas compris que le Quidditch était aussi dangereux.

- Théoriquement, il ne l'est pas tant que ça. C'est juste que Potter est très enthousiaste. Mais il est vrai qu'il n'a pas le choix. S'il perd, c'est son entraîneur qui le tuera.

- Avez-vous déjà vu un match ? demanda Potter, amusé, à Christina qui ouvrait de grand yeux.

- Non, pas encore.

- Il faudra que vous veniez voir une de nos rencontres, alors. C'est très important, le Quidditch. Une notion culturelle indispensable dans le monde sorcier.

- C'est un peu comme le Rugby chez nous, remarqua Christina. C'est sans doute moins impressionnant, mais c'est important pour les Anglais.

- Je sais, acquiesça Potter. J'ai passé mon enfance chez les Moldus.

- Oh, cela veut-il dire que vos parents n'étaient pas sorciers ?"

Finalement, ce n'était pas une si bonne idée que cela, pensai-je en écrasant le pied de Christina sous la table.

"Si, mes parents étaient sorciers, mais ce sont mon oncle et ma tante qui m'ont élevé, répondit mon partenaire d'une voix neutre avant d'enchaîner rapidement. "Vous n'avez pas trop de mal avec les voyages en cheminée ? Mes premiers trajets ont été un cauchemar, j'ai mis des années à m'y habituer.

- Oh non ! William m'a bien expliqué, et une fois la nouveauté estompée, je n'ai pas eu trop de problème. C'est juste très salissant.

- Vous avez de la chance. J'avais mal articulé la destination lors de mon premier voyage et du coup je me suis retrouvé Allées des Embrumes au lieu du chemin de Traverse.

- C'est une rue très mal fréquentée avec plein de boutiques louches, expliquai-je à ma compagne.

- Oui, en plus c'est chez Barjow et Beurk que j'ai atterri. Une boutique très particulière. Heureusement, une personne de ma connaissance, un certain Hagrid est passé par là. Comme c'était un demi-géant, j'ai pu le repérer de loin.

- Un demi-géant ? demanda Christina étonnée.

- Oui, les géants sont assez sauvages et les unions entre géants et humains assez rares, mais cela arrive quand même.

- Hagrid, tu parles du garde-chasse de Poudlard ? demandai-je.

- Oui, c'est lui qui s'est occupé de moi à mes débuts dans le monde sorcier. Il m'a emmené ici pour acheter mes premières fournitures scolaires. Il m'a même offert une chouette."

Je donnai un léger coup de pied à Christina pour qu'elle ne l'interroge pas plus avant. Je me rappelai parfaitement l'avis de recherche qui avait été lancé au sujet du grand barbu peu avant la fin de la guerre. Je n'avais pas entendu dire qu'on l'ait retrouvé.

Le regard lointain de Potter confirma que ma mémoire était fidèle. C'est fou le nombre de cadavres que ce gamin trimballe dans sa tête. Il secoua énergiquement cette dernière avant de détourner, une fois de plus, la conversation :

"Ma femme est passionnée d'art moldu. Elle serait sans doute ravie de vous rencontrer, Madame Fallen.

- Cela me plairait aussi beaucoup. J'ai l'impression que très peu de sorciers s'intéressent à notre monde. Vous vivez très à l'écart des non-sorciers, n'est-ce pas ?

- Disons que l'on s'y intéresse plus de nos jours qu'il y a quelques années. Feu mon beau-père passait pour un illuminé avec sa collection de prises de courant.

- Une collection de prises de courant ! C'est euh… original commenta Christina. Et il avait les appareils qui vont avec ?

- Quelques-uns. Mais il ne pouvait pas les faire marcher, bien sûr.

- Il devait regretter de ne pas avoir d'électricité chez lui.

- Être raccordé au réseau électrique ne résout pas tout, à cause des ondes magiques.

- Pardon ?

- Les ondes magiques ne sont pas compatibles avec les autres formes d'énergie. Tenez, par exemple, le téléphone de Stratford ne peut pas fonctionner ici. Il y a une trop grande concentration de sorciers et d'objets magiques.

- C'est pour ça que j'ai l'impression que tu ne l'allumes jamais ? me demanda-t-elle.

- Oui, je suis rarement dans un endroit où ça peut marcher. Heureusement qu'il n'y a que quatre appartements dans mon immeuble ce qui constitue un niveau de magie assez bas pour que je puisse utiliser mon téléphone chez moi.

- Hermione m'a expliqué que pour les utiliser au Ministère et installer les prises de rechargement, cela a été très difficile, expliqua Potter.

- Comme toujours, ton amie est une mine de renseignements. Les Mystères ont effectivement travaillé d'arrache-pied pendant des semaines avant de trouver une solution. La réception a toujours été mauvaise là-bas, mais c'était mieux que rien puisqu'on n'osait plus utiliser les cheminées.

- Qu'est-ce qui se passait avec les cheminées, demanda Christina.

- Elles étaient contrôlées par Tu-sais-qui, répondis-je, sans réfléchir.

- Tu-sais-qui ? C'est qui ça ?" questionna plaisamment Christina, pensant à une blague.

Merde ! Bonjour la gaffe. Et c'était entièrement de ma faute. Car non seulement c'est moi qui avais amené ce nom sur le tapis, mais en plus, je n'avais pas encore abordé le sujet avec Christina, préférant qu'elle soit plus à l'aise avec notre monde avant de lui en dévoiler les plus sombres aspects. Lui faire un cours d'histoire maintenant, devant Potter en plus, ne m'emballait pas vraiment.

Je cherchais désespérément une façon de détourner la conversation, quand Potter répondit tranquillement :

"C'est un mage noir qui a tenté de prendre le pouvoir, il y a quelques années.

- Un mage noir ? Il a un drôle de nom, s'étonna Christina.

- En fait, son véritable nom était Tom Jedusor et il se faisait appeler Voldemort, précisa Potter, me faisant grimacer. Mais il a causé de la mort de tant de gens et inspiré une telle terreur que la plupart des sorciers n'osent toujours pas prononcer son nom.

- Vous l'avez dit pourtant.

- Un homme sage m'a dit qu'il ne fallait pas avoir peur d'un nom.

- Vous avez fini par l'arrêter ?

- Il est mort", répondit Potter, d'une voix égale.

Christina ouvrit la bouche pour poser une autre question. Considérant que cela avait déjà été beaucoup trop loin, je lui balançai sous la table un coup de pied pour qu'elle la boucle. Mais je calculai mal mon élan et j'y allai un peu fort, arrachant une exclamation de douleur à ma compagne.

Potter haussa les sourcils et dit, clairement moqueur :

"Je pense qu'on devrait changer de sujet avant que notre ami Stratford ne nous fasse une crise cardiaque.

- T'as retrouvé ton sens de l'humour, toi ? lui lançai-je, assez agacé par la situation dans laquelle je m'étais imprudemment fourré.

- Et toi, tu sembles avoir perdu le tien. Quel dommage que nous n'arrivions pas à en faire preuve au même moment, hein !"

J'étais en train de rechercher une riposte qui lui ferait comprendre qui avait le plus d'humour, quand le hasard, qui décidément était très en forme ce soir, se chargea de lui rabattre son caquet :

"Ex... Excusez-moi Monsieur. Vous êtes bien Harry Potter ?"

Un môme, qui devait avoir huit ou neuf ans, se tenait près de notre table. Potter ferma les yeux une seconde avant d'adopter l'expression neutre qui était la sienne dans ce genre d'occasion, et de se retourner vers le gamin.

"Oui, c'est bien moi.

- Ooh ! Je... Excusez-moi... Je voulais juste vous demander... Vous pourriez me signer ma carte de Chocogrenouille ?"

Il se trouve que je n'avais jamais vu la carte en question car je n'étais pas présent quand Potter était allé faire son petit cadeau au responsable des cheminées. Je me penchai donc pour regarder celle que le mioche lui tendait.

Il était pas mal là-dessus. Il saluait de la main en souriant, vêtu d'une robe verte qui le mettait en valeur. M'est avis que si le môme avait une grande sœur, il ferait bien de la planquer soigneusement sa carte !

"Je suis désolé, répondit Potter à son habitude, mais je ne signe aucun autographe."

La déception du gamin fut tangible, mais il en fallait davantage pour que Potter déroge à son principe.

"Je... Oui. Excusez-moi de vous avoir dérangé, dit tristement le mioche.

- Ce n'est rien. Bonne soirée", conclut Potter avant de se retourner vers nous.

Je sentis que Christina déplaçait ses jambes sous la table, sans doute pour les mettre hors de ma portée dans le cas où je la soupçonnerais d'être assez stupide pour poser une question indiscrète.

"Vous avez déjà mangé des chocogrenouilles ? la questionna Potter.

- Non, qu'est ce que c'est ?

- Des confiseries en chocolat qui ont une forme de grenouille et qui se sauvent en sautillant si vous ne les attrapez pas assez vite après avoir ouvert le sachet qui les contient. Elles sont vendues avec des cartes représentant les sorciers. Un gamin sur deux les collectionne.

- Comme les collections Panini ?

- Euh... sans doute, dit Potter qui manifestement ne connaissait pas plus que moi ce dont elle parlait.

- Ce sont des albums sur lesquels on doit coller des cartes. Ces dernières sont vendues par paquets. Quand on a des cartes en double, on les échange avec les copains.

- Oui, c'est le même principe.

- J'ai jamais réussi à récupérer celle de Wilbur le Fou, remarquais-je. Des fois je me suis demandé si elle existait vraiment.

- Mon ami Ron a mis des années avant de tomber sur celle d'Agrippa, répondit Potter en souriant à l'évocation de ce souvenir. Pourtant, il était difficile de manger plus de sucreries que lui ! Et aujourd'hui, il n'a toujours pas réussi à avoir la mienne, conclut-il comme si l'échec de son ami était une bonne plaisanterie.

- Je croyais qu'on en avait mis à ta disposition.

- Mais où serait le plaisir si je la lui donnais directement, hein ?"

Tout à coup, il regarda sa montre et fit un bond.

"Mais vous avez vu l'heure qu'il est ! Ma femme doit m'attendre depuis un bon moment maintenant. Elle va encore dire que je suis toujours en retard !"

Il se leva précipitamment et fouilla dans sa poche pour régler sa consommation.

"Laisse tomber lui dis-je. A charge de revanche.

- Merci. Ce fut un plaisir. A une autre fois, j'espère", sourit-il en direction de Christina avant de partir en toute hâte, son balai sous le bras.

"Désolée si j'ai gaffé, dit Christina. Mais tu aurais pu y aller un peu moins fort. Je suis sûre que j'ai un bleu maintenant. Sans compter mon pied tout écrabouillé.

- Pardon, m'excusai-je. Je sais que ce n'est pas ta faute, mais tu posais vraiment les mauvaises questions. Montre-moi où tu as mal, je vais t'arranger ça."

Je lui appliquai un léger sort de guérison.

"Tu m'expliques, maintenant ? demanda-t-elle une fois soulagée.

- Non, pas ici. Je préfère attendre qu'on rentre.

- Cela a un rapport avec cette histoire de carte ?

- Oui.

- Il est très connu, c'est ça ?

- Christina ! J'ai dit, pas ici."

Tout au long du repas, elle essaya de grappiller des informations, mais à ce petit jeu j'étais plus habile qu'elle et elle en fut pour ses frais.

C'est ainsi que plus tard, dans son salon londonien, je racontai la fulgurante ascension de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, comment le Survivant avait résisté à l'Avada Kedavra après le meurtre de ses parents, la résurrection de son ennemi qui était intervenue treize ans plus tard et l'inexplicable acharnement du Seigneur des Ténèbres à avoir la peau du Celui-Qui-Avait-Survécu. Puis je lui parlai de la Bataille du Survivant, à laquelle j'avais participé, où j'avais perdu grand nombre de mes collègues et au cours de laquelle le célèbre Harry Potter avait définitivement mis fin à la guerre.

Quand j'en eus fini, Christina resta un long moment silencieuse. Puis finalement elle murmura :

"C'est fou, cette guerre si proche de nous et qui est passée inaperçue...

- Inaperçue, pas complètement. Mais quand il y avait des morts moldus, on leur inventait une autre cause.

- Et ce garçon, il a quel âge ?

- Il doit avoir dans les vingt-deux ans.

- Mais il avait quel âge quand tout cela s'est passé ?

- Dix huit ans.

- Mais c'est affreux, ce pauvre garçon ! Et ce surnom que vous lui donnez ! C'est abominable !

- Hein ? Pourquoi ?

- Mais enfin, tu ne te rends pas compte qu'à chaque fois que vous l'appelez le Survivant, vous lui rappelez qu'il a survécu à ses parents et autres victimes de cette guerre !

- Il n'est pas le seul à avoir survécu à ceux qu'il connaissait.

- Oui, mais lui, on le lui rappelle à chaque fois qu'il met le nez dehors !"

Je n'avais jamais réfléchi à cet aspect des choses. Je savais qu'il ressentait à l'égard de la Bataille la même culpabilité que moi et que l'épisode Diggory pesait lourdement sur sa conscience. Mais je n'avais jamais réalisé qu'il vivait avec ce malaise depuis sa plus tendre enfance. Pas étonnant qu'il soit si susceptible sur tout ce qui touchait sa célébrité.

"Il y a autre chose que je ne comprends pas, me dit Christina.

- Oui ?

- Pourquoi est-ce lui qui a été opposé à ce sorcier ? Il n'était pas encore Auror, à l'époque, n'est ce pas?

- Non effectivement, il sortait tout juste de Poudlard. Je ne sais pas pourquoi c'est lui qui s'y est collé, et j'avoue que c'est une question que je me pose régulièrement.

- Tu ne le lui as pas demandé ?

- Non. On discute pas mal, mais il y a encore des sujets qui semblent difficiles pour lui. D'ailleurs, je suis étonné qu'il soit resté si à l'aise, quand tu l'as interrogé sur Tu-sais-qui. Il faut dire que depuis qu'il est jeune marié, rien ne semble l'atteindre.

- Des fois, ça fait du bien de se marier", dit Christina d'une voix rêveuse.

Cette soirée était un véritable fiasco.

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09/03/2005 : Bonjour à tous.

Tout d'abord, je réponds de manière publique à une remarque que j'ai retrouvée dans un certain nombre de reviews : Christina accepte bien facilement ce que lui révèle William et s'est montré drôlement patiente en ne lui demandant pas de se justifier avant qu'il ne se décide.

Mon idée est que Christina est avant tout très soulagée de voir William revenir. Donc ce qu'il lui révèle passe un peu au second plan, du moins dans un premier temps. D'autre part, elle est fan du Seigneur des Anneaux et autres livres de Fantasy et puis c'est une artiste, dotée de beaucoup d'imagination, ce qui facilite son initiation au monde de la magie.

En ce qui concerne la patience de Christina, tout comme William, elle a nié la réalité des sentiments qu'elle ressentait. On peut même dire qu'elle s'est montrée assez irresponsable dans sa relation. Cela arrive en amour…

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Ensuite, je voulais vous annoncer que j'ai l'intention de mettre William Stratford dans le domaine public.

En gros, si vous voulez l'utiliser dans d'autres fics (ainsi que Calimera et Djeiyanna l'ont déjà fait), cela ne me pose pas de problème. Mes seules conditions sont :

- être prévenue,

- que Stratford ne soit pas trop dénaturé (je ne veux pas le retrouver en couple avec Harry par exemple).

A priori, j'apprécierais être citée dans vos notes d'auteur, mais je ne vous poursuivrai pas si vous l'omettez.


Et les réponses à mes chers lecteurs :

Lila Flow : Je suis heureuse que mes autres histoires t'aient plu aussi. Merci infiniment pour ton "truc" je vais le rajouter dans mon guide !

Belval : Je pense plutôt que tu commence à comprendre ma logique et mon rythme et que tu peux laisser ton hamster reposer en paix ! Les secrets d'Hermione, j'ai enfin rattrapé mon retard et je profite de mon chapitre quotidien, c'est un vrai bonheur (comme quoi je suis pas la seule à en donner). Pour Molly, ton avis ne fait pas l'unanimité : beaucoup la trouvent trop possessive. Mais moi aussi je vois le côté positif de l'amour qu'elle porte à ses "enfants". Sans doute mes tendances pro-familiales. Euh, non, j'ai pas prévu de les faire finir à Ste Mangouste ! Faut dormir plus que cela la nuit !

Angel's Eyes : Je ne suis pas sûre que le silence pesait sur la conscience de Stratford, mais cela ne lui facilitait pas la vie. Je pense que l'engagement qu'elle lui demande lui est plus pesant que tout autre chose.

Relebe : oui, ça fait toujours plaisir. Merci d'être passé.

Titania.M : Ainsi que je le dis plus haut, je pense que Christina est aidé par son tempérament "artiste" pour accepter l'existence de la magie. Et puis elle est du genre à aimer SDA, hein ! Je crois qu'elle n'a pas trop mal réussi son adaptation.

sissicho : La relation Stratford Christina est un des sujets important de la fic. Donc pas question de l'abandonner. Non, Christina ne peut pas aller à Poudlard. Les repousse moldus y sont trop forts. Merci d'aimer.

chrys : oui, une véritable relation s'est également contruite entre Harry et Willy. Il y aura aussi du progrès avec Rogue, mais pas de franche camaraderie quand même.

sofia evans : Merci, à la semaine prochaine

Marie-Jo : Oui, faut le faire, 19 chapitres pour faire comprendre le titre ! On pouvait aussi considérer ce dernier comme un indice. Contente de te plaire.

Ryan : Bien sûr qu'il y a des hommes qui veulent des enfants. Mais, contrairement aux Weasley, Stratford représente la frange irréductible qui n'en veux pas. Cela dit, le "déclic" se fait souvent plus vite chez les femmes que chez les hommes.

Eireann : Oui, on va aborder un nouveau sujet.

Csame : Merci d'avoir pris la peine de laisser un mot malgré ta fatigue.

Coline : Willy est effectivement coureur de jupon et célibataire endurci mais même les "vieux garçon" se font parfois prendre par les sentiments. Cela dit, cela ne se fera pas sans difficulté, ni du jour au lendemain. Je t'embrasse aussi.

kyras01 : Contente que cela te plaise. Bises

dadmax : Cela lui arrache la langue effectivement. Et c'est encore pire quand il s'agit de sentiments. J'aime beaucoup Leçon pour la vie que j'ai lu en cours de traduction.;-)

Lyane : Christina a un côté artiste et rêveur qui l'aide bien. Je ne pense pas qu'elle y croyait vraiment avant d'y être. J'ai enfin rattrapé mon retard pour les Secrets d'Hermione. Oui, j'adore McGregor, elle n'est pas du tout Mary-Sue, on regrette vraiment qu'elle ne soit que OC.

m4r13 : Oui, Harry a de la chance que Ginny l'ai pris en main. Il reste un peu simplet. Mais c'est pour cela qu'il ne comprend pas trop les questions que se pose Willy et qu'il ne trouve pas d'autre solution que de l'emmener voir de visu ce qu'est une famille (un petit dessin valant toujours mieux qu'un grand discours).

Namyothis : Heureusement que je m'améliore, j'ai relu mes premiers chapitres, je les ai trouvés drôlement lents.

Nobee : C'est gentil, mais je suis parfaitement consciente que j'écris moins bien que Miss Teigne (notamment pour ce qui est de l'élaboration de l'intrigue). Il est vrai que j'avais pris le point de vue général dans ALB pour éviter les contraintes du point de vue unique, mais c'est vrai que j'arrive plus facilement à faire passer l'humour avec la 1ère personne alors j'y suis revenue.

Allima : Eh oui, il faut se méfier des a priori !

Crookshank : Houlà, me comparer à Miss Teigne, c'est cruel ! Mais c'est très gentil de dire que je soutiens la comparaison mais je suis loin d'en être persuadée. Très heureuse d'avoir su répondre à tes attentes. Les prochains chapitres seront effectivement très axés sur la relation Will-Christina

Geobabault : j'étais obligé de prendre mon temps pour cette relation car le Willy est un dur à cuire. Il fallait qu'il soit vraiment mordu pour ne pas fuir à toutes jambes devant une demande d'engagement. Il devait évoluer sur un certain nombre de choses aussi.

Fee Fleau : Mouarf, ce côté association nourriture-accueil est aussi très inspiré de ma grand-mère (celle du voleur). J'espère que ton anniversaire s'est bien passé.

Severia Dousbrune : Au début, j'avais pensé faire une fic complètement axée là-dessus, mais c'était un peu pauvre. Mais au milieu du reste, on s'amuse bien.

Dawn456 : Hé oui, mes chapitres sont de plus en plus longs et vous les trouvez de plus en plus courts ! Bises à toi aussi.

Harry Gryffondor : L'histoire de la fille de Ginny c'est Gloomy Sunday, qui est la suite du Journal de Ginny la furie (lequel relate les deux mois d'été avant la sixième année de Ginny). En quelque sorte mes Ginny la furie en sixième anné, ALB et MSB continuent une suite alternative au Journal. Hum, je ne suis pas sûre que ce soit plus clair. Très juste ta remarque sur la fausse assurance de Stratford. C'est fou ce qu'on s'invente pour se protéger, n'est-ce pas ?

Lily Petite Etoile : Y'a des chances qu'ils restent ensemble, mais ce ne sera pas sans beaucoup d'interrogations de la part de Willy

Youpala : Pourquoi je te croirait pas. T'es aussi bonne que Djei, Calimera et M'sieur Alixe, faut croire lol. Avait pas du tout pensé à une rencontre avec Malefoy. Mais c'est intéressant comme piste. Will obligé de se justifier devant un Serpentard !

kobe23 : pas tout de suite, Willl encore très réfractaire.

Zabou : Merci, çà la prochaine.

Angie Black : Il a encore du chemin à faire le Willy.

Kaorulabelle : Bises.

gaelle griffondor : A la semaine prochaine !

lapaumee : Des vertes et des pas mures… on peut dire que cela a commencé là. Et c'est pas fini.

Rayuroplanis : Contente que cela t'ait plu. Oui, des évolutions en vue (surtout pour le Willy)

alana chantelune : Pauvre Willy, je le secoue beaucoup. C'était super vendredi dernier :-)

La p'tite Lili : Oui, la grossesse de Ginny va être évoquée. Mais je ne pense pas que cela suffise pour donner envie à Willy. Mais Christina a envie pour deux, alors…

Draya Felton : Je n'ai pas de mérite à poster régulièrement car j'ai beaucoup de temps libre avec mon congé parental. Cela changera quand je reprendrai le boulot. On va retrouver Harry de temps en temps, mais c'est vrai que là, je m'occupe surtout de Willy.

beru ou bloub : le plus dur sera de convaincre Willy de fonder une famille. Je pense que cela amènera leur différence au second plan. Et puis cela fait un an qu'ils se connaissent alors, s'ils étaient incompatibles, ils s'en serait rendus compte.

Kazy : Pas de sort d'oubli mais sort de confusion, ce qui fait qu'on y croit pas vraiment. Et puis c'est bien connu : les Moldus ne voient pas ce qu'ils ont sous le nez ! Bien entendu mes puces sont adorables et beaucoup plus jolies et mieux élevées que les autres (je sais, si j'y crois c'est la faute aux hormones lol). C'est sûr, avec Willy, pas de chance d'avoir la moindre eau de rose en vue !

Aresse : en fait, je m'efforce de répondre aux questions posées dans les reviews, rien de tel pour avoir l'air d'avoir pensé à tout auprès des lecteurs ;-)

Dreyd : Christina a découvert à Pré-au-Lard un autre aspect de la magie… et c'est pas fini (mais ce sera moins plaisant)

Hadler : Le Will il a pas fini de manquer de tact, lol

Fenice : Ah ! Ruptures (encore sous le coup de ma première lecture du chapitre 17… euh oui, je fais mes RàR au lieu de corriger ton chapitre)