- MON SORCIER BIEN-AIMÉ -
Disclamer : la plupart des lieux et personnages viennent de l'univers créé par J.K Rowling.
Je dois également beaucoup à mes relecteurs : Monsieur Alixe, Fenice et Calimera
Résumé de la semaine : Lui qui croyait avoir tout vu ! Mais voilà qu'on lui colle un Potter comme partenaire et que cette jolie petite Moldue entre les pattes… Quoi de pire, quand on est Serpentard et fier de l'être ? (Fenice)
XXIV : La demande
Cela faisait plusieurs mois que nous procédions à une longue enquête en vue de mettre fin à un trafic de substances illégales ayant un effet euphorique, mais dangereuses pour la santé. Nous avions tous activé nos réseaux d'informateurs.
Suite à l'attaque des Détraqueurs à Pré-au-Lard, cette opération avait été mise en sommeil car nous passions une partie de notre temps à intervenir suite à l'appel de personnes croyant avoir aperçu une de ces créatures. La plupart du temps, ce n'était que des fausses alertes, mais certains de mes collègues s'étaient retrouvés faces à ces dévoreurs d'âmes, ce qui nous incitait à traiter sérieusement chaque demande.
Le commandant, cependant, finit par nous demander de reprendre, dans la mesure du possible, nos recherches sur le trafic. A cette occasion, j'avais voulu interroger une personne que je n'avais pas vue depuis un moment. C'était une brune plantureuse qui vendait ses charmes Allée des Embrumes. Normalement, elle s'arrangeait pour me faire parvenir des informations sans que nous nous rencontrions, pour préserver au mieux sa sécurité.
Mais cette fois-ci, je voulais lui demander des renseignements précis et il me fallait la voir. Je pouvais à la rigueur lui envoyer un hibou, mais le message risquait de tomber dans de mauvaises mains. Je me décidai donc pour une rencontre directe. Et puis c'était l'occasion de former Potter à ce genre d'exercice.
Je fis donc mettre son bonnet change-tête à Potter et je l'entraînai à proximité de l'endroit où la Belle-de-jour travaillait.
"Bon, tu l'abordes comme si tu étais un client, tu montes avec elle, et une fois dans sa chambre, tu lui dis que Fulbert le rouge veut la voir ce soir. Elle te donnera un lieu et une heure. Tu reste un petit moment et puis tu viens me rejoindre devant Gringott's. Ah, évite d'accepter, si elle te fait des propositions."
Il me jeta un regard où la gêne le disputait à l'indignation.
"C'est juste que si un jour un de nos collègues l'arrête, c'est embarrassant de se retrouver devant une prévenue qui t'a vu à poil, précisai-je, pour bien lui faire comprendre que mon conseil était purement professionnel. Et en plus, Shacklebolt n'est pas du genre à couvrir ce genre de choses."
Il grogna vaguement avant de répéter d'une voix incertaine :
"Je l'aborde comme un client…
- Oui, expliquai-je patiemment, tu lui demandes combien c'est, puis tu lui dis que c'est d'accord. Ah au fait ! T'as de quoi payer ? Elle va être furax si tu lui fais perdre son temps pour rien."
Il vérifia ce détail et je le laissai aller. Il avait l'air emprunté en lui parlant, mais ce n'était pas très gênant, certains clients n'assumant pas très bien leur goût pour ce genre d'amusement. Personnellement, ce n'est pas ma tasse de thé. D'abord parce que je trouve vexant de payer pour ce que je peux obtenir gratuitement, et qu'ensuite, contrairement à ce que pouvait en penser Christina, je savais éviter les pratiques susceptibles de récupérer de sales maladies.
Quand je le vis pénétrer dans une maison avec la fille, je quittai le renfoncement où je m'étais dissimulé, et rejoignis le lieu où je devais le retrouver.
Elle nous avait donné rendez-vous dans un bar louche, dont les consommations servies au comptoir n'étaient sans doute pas toutes réglementaires. J'avais dit à Potter de venir avec sa robe la plus vieille, mais son épouse veillait qu'il n'ait rien de négligé dans ses armoires et nous dûmes enchanter son vêtement pour qu'il ne détonne pas avec l'endroit.
Nous retrouvâmes la gagneuse dans une alcôve sombre au fond de la salle. Couverts par les beuglements des autres clients, nous eûmes une discussion des plus instructives. Pour finir, je lui passai discrètement une poignée de gallions, lui promettant le double si elle me faisait parvenir plus tard les précisions que je lui avais demandées.
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Du côté de ma vie privée, je finis par admettre que je voulais vraiment garder Christina auprès de moi. Elle avait pris une place dans ma vie que j'aurais bien du mal à combler désormais si je la perdais.
Il y avait mon désir pour elle, bien sûr, toujours aussi vif qu'au début de notre liaison. Il y avait aussi le respect sans cesse grandissant que j'éprouvais pour la femme autodidacte qu'elle était. Elle était cultivée, témoignait d'une grande virtuosité dans son métier, et le jour de l'attaque des Détraqueurs, elle avait su me prouver qu'elle arrivait à trouver sa place parmi les miens, nonobstant sa qualité de moldue.
Et puis… il fallait bien que je l'admette. J'étais prêt à renoncer à certaines choses pour elle. A chaque fois que je l'avais vue triste ou dans une situation difficile, cela m'avait touché, et j'avais souhaité effacer la tristesse ou la contrariété de son fin visage. Tout comme je ne pouvais expliquer rationnellement mon désir pour elle, ce qui m'émouvait chez elle était hors de ma compréhension. Mais je ne pouvais nier cette réalité pour autant.
Je savais donc que je souhaitais rester à ses côtés. Ces derniers mois, nous avions vécu ensemble la plupart du temps, et cela ne m'avait pas pesé, bien au contraire. Les seules fois où sa conduite m'avait été pénible, c'est quand elle s'était permise de prendre des décisions à ma place. Car c'était bien la peur de perdre mon indépendance qui restait le point le plus délicat pour moi. Mais je devais reconnaître qu'à chaque fois, nous avions réussi à résoudre notre conflit sans trop de casse.
Et puis, si je laissais partir Christina, que pouvais-je espérer d'autre qu'une succession d'aventures sans lendemain jusqu'à ce que je sois trop vieux pour me trouver une nouvelle compagne. J'avais toujours pensé que je préférais être seul que mal accompagné. Mais maintenant, la situation ne se présentait plus tout à fait de la même manière.
Je me sentais bien avec Christina. Je voulais la garder. Eh bien, si le mariage était la seule solution pour y parvenir, pourquoi pas ? Bref, ma résolution était prise, j'allai lui demander de m'épouser.
J'avais réfléchi à la manière de m'y prendre. Bien que j'aie déjà été fiancé, c'était ma première demande en mariage. Du temps où je fréquentais Celyn, j'étais jeune et naïf, et notre amour était si grand que notre union nous paraissait la suite évidente de notre relation. Nous évoquions donc notre futur mariage sans que je lui aie jamais posé la question fatidique. Comme quoi, il faut se méfier des évidences.
Après avoir envisagé plusieurs scénarios, qui allait du voyage à l'étranger, une soirée dans un lieu spécial, les fameux Fuseboum et même une demande par écrit, je me dis que tout cela n'était pas pour moi. Cela ne me ressemblait pas, je n'étais pas sentimental, et il fallait bien que Christina s'y fasse. J'allais lui dire simplement que je me sentais prêt à l'épouser et voilà tout.
Mais je me rendis compte que ce n'était pas si facile. La soirée qui suivit cette décision, elle était contrariée pour des raisons professionnelles, et ne put parler d'autre chose de toute la soirée. Je ne suis peut-être pas romantique, mais je ne suis pas dénué de tact et de diplomatie quand je veux bien m'en donner la peine. J'attendis donc qu'une occasion plus favorable se présente. Plusieurs soirées passèrent sans que je trouve de moment propice. Quelle ironie ! J'avais mis des mois à me décider, et maintenant les circonstances m'obligeaient à remettre à plus tard ma déclaration. Mais je peux aussi être patient, et je ne laissai rien filtrer.
Finalement, le samedi suivant, nous nous retrouvâmes dans son salon, la promenade que nous avions prévue de faire étant retardée par une pluie battante. Ma compagne était assise sur le canapé à lire le journal. Je m'installai à côté d'elle et lui dis :
"Christina.
- Oui ? fit-elle en abaissant son Times.
- Si tu veux toujours qu'on se marie, c'est d'accord pour moi."
Elle me fixa de longues secondes en silence.
"Tu es sûr ?", finit-elle par demander, le visage sans expression.
Je fus un peu décontenancé. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'évanouisse ou autre cliché romanesque, mais je pensais au moins qu'elle semblerait heureuse.
"Si je te le dis, c'est que j'en suis sûr", répondis-je en me demandant si c'était la façon dont je m'étais déclaré qui lui posait problème.
J'aurai peut-être dû opter pour un dîner dans un grand restaurant finalement. Ou prévoir des fleurs. Ce n'est pas grand-chose, mais elles aiment toujours.
"Tu le fais pour me faire plaisir ou parce que tu en as vraiment envie ?"
Mais c'était quoi cette question ? J'acceptais de l'épouser, n'était-ce pas suffisant ? Il fallait des serments éternels, des déclarations enflammées, des poèmes galants ? Etait-ce normal qu'elle m'interroge ainsi ? Aurai-je dû montrer plus de passion et faire ma déclaration le genou à terre et la main sur le cœur ?
"Un peu des deux, j'imagine, répondis-je prudemment. Où est le problème ?
- Si tu m'épouses seulement pour me faire plaisir, notre union ne va pas durer longtemps.
- Christina, je tiens suffisamment à toi pour te demander en mariage, ce n'est pas encore assez ?
- Je ne veux pas t'épouser contre ton gré.
- Tu veux qu'on arrête ? demandai-je, la gorge serrée.
- Non, Will, non !"
Elle avait crié sa réponse, et je me sentis revivre. Mais mon soulagement fut de courte durée. Je ne comprenais toujours pas ce qu'elle attendait de moi et je me sentais complètement désarçonné.
"Christina, je suis sans doute très bête, mais je ne vois pas du tout où tu veux en venir."
Elle soupira puis se rapprocha, jusqu'à être assise tout contre moi. Elle me prit la main et dit :
"J'ai l'impression, que tu ne supportes pas de te sentir lié ou contraint. C'est ce que représente le mariage pour toi non ?
- Un peu.
- J'ai pensé… enfin, si tu veux vraiment qu'on reste ensemble, parce que, tu sais, tu ne m'as jamais dit ce que tu ressentais pour moi…"
Elle laissa planer un silence qui m'appelait nettement à préciser mes sentiments.
"Je tiens beaucoup à toi, expliquai-je.
- William, il y a plein de gens qui tiennent beaucoup à leur chien.
- Je t'ai dit que je voulais bien t'épouser, me défendis-je.
- Je dois me contenter de cette affirmation, je présume, soupira-t-elle
- Christina, je n'aime pas parler de mes sentiments, me justifiai-je. Mais cela ne veut pas dire que je ne ressens rien.
- J'espère."
Elle marqua une pause avant de me demander :
"Et concernant les enfants, tu es d'accord pour en avoir ?
- Je… si c'est avec toi… je pense, oui. Mais je n'ai pas la moindre idée de la façon dont on s'y prend. Pour les élever, je veux dire.
- Pour ce qui est de les faire, je ne me fais pas trop de souci sur tes capacités, commenta-t-elle avec une moue suggestive. Pour le reste, qu'est ce qui te fait croire que tu ne seras pas la hauteur ?"
Je me demandai soudain quelle part mon père avait pris dans mon éducation. J'avais peu d'images de lui dans mes souvenirs les plus anciens. Je jouais avec ma sœur, et c'était Mère qui s'occupait de moi et me faisait la classe. Je me rappelai qu'elle lui faisait un compte-rendu de mes progrès chaque dimanche. Il regardait mes cahiers et commentait mes leçons. Il me faisait la morale et me punissait quand je m'étais montré trop désobéissant ou paresseux. Quand je suis rentré à Poudlard, il m'interrogeait sur mes études, et s'intéressait au contenu de mes cours.
Je ne peux pas dire que je l'indifférais. Il était soucieux de mon éducation. Mais quand j'avais un problème ou un chagrin, c'était à Gwen ou à ma mère que j'allais me confier.
Lors de mon séjour chez ma sœur, j'avais découvert un modèle familial très différent. Léopold était très proche de ses enfants. Ces derniers l'embrassaient quand il rentrait, et ils lui racontaient leur journée. Il savait plaisanter avec eux et s'occuper des petites choses comme vérifier qu'ils s'étaient bien lavé les dents avant de se coucher ou qu'ils avaient bien rangé leur chambre.
Quel père serai-je ? Je ne voulais pas que mes enfants aient une image de moi semblable à celle que j'avais du mien, mais je ne savais pas si j'aurai la patience et la capacité de faire comme mon beau-frère.
"Moi aussi j'ai peur de ne pas être une bonne mère, reprit doucement Christina, interrompant le fil de mes pensées. Mais tous les parents passent par là, tu sais. Mais je me dis que je pourrai toujours demander conseil à mes parents. Je ne suis pas trop mécontente de l'éducation qu'ils m'ont donnée, alors c'est un modèle pour moi."
Etrangement, cette référence me rassura. Je n'étais pas sûr de vouloir faire des enfants qui me ressemblent, mais j'en voulais bien qui ressemble à Christina.
Je souris à ma compagne et déposai un baiser sur sa tempe :
"Je suis certain que tu seras une excellente mère.
- Alors tu es d'accord pour en mettre un en route ? demanda-t-elle pleine d'espoir.
- Donne-moi encore quelques mois", temporisai-je.
Elle me serra très fort dans ses bras.
"Je t'aime William !
- J'en suis heureux."
Elle eut un petit rire, comme si elle se moquait de mon incapacité à exprimer mes sentiments.
"On peut avoir des enfants sans se marier, tu sais, indiqua-t-elle, revenant au sujet initial de notre discussion.
- Vraiment ? répondis-je un peu décontenancé.
- Oui, c'est assez courant maintenant, dans mon monde.
- Tu veux avoir des enfants de moi mais pas m'épouser ? demandai-je, complètement dérouté.
Cela ne me paraissait pas très logique. Avoir des enfants me paraissait un engagement plus durable que le mariage.
"Eh bien, me répondit-elle, je pense que tu as besoin d'avoir une marge de liberté pour trouver ton équilibre et que rester célibataire serait moins angoissant pour toi. Je pense aussi que nous ferions bien de garder chacun notre maison. Tu habiterais ici avec nous, mais tu aurais toujours un endroit à toi où tu pourrais te réfugier quand tu voudras souffler un peu."
C'était assez tentant comme proposition.
"Et toi, tu iras où quand tu auras besoin de souffler, demandai-je sur le ton de la plaisanterie.
- Je confierai nos enfants à mes parents et je sortirai avec mes copines, bien sûr ! A vrai dire, je ne suis pas sûre de pouvoir me transformer en épouse modèle, continua-t-elle d'un ton plus sérieux. Moi aussi, j'ai pris des habitudes d'indépendance alors ne t'attend pas à retrouver une maison propre, un repas préparé et une brave petite femme qui t'attend impatiemment quand tu rentres du travail.
- Je pense que je finirais par m'ennuyer si tu devenais trop prévisible, répondis-je. Ecoute, je vais un peu penser à tout ça à tête reposée, conclus-je. Mais je pense que cela me va comme organisation.
- Très bien. Il pleut moins fort, on va faire un tour à Hyde Park ?
- Bonne idée."
Nous avons longuement marché sous la pluie, bien abrités par nos cirés, respirant l'odeur enivrante de la terre mouillée. Plus je pensais à sa proposition, plus elle me plaisait. J'étais agréablement surpris par sa capacité à cerner mes inquiétudes, y compris celles dont je n'avais pas clairement conscience. Cela me rassurait, plus que tout le reste, sur notre aptitude à partager la même vie.
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Vers la fin du mois de mai, soit une quinzaine de jours avant les élections qui devaient nous donner un nouveau Ministre de la magie, Rita Skeeter vint à la Ruche. Elle s'avança dans la grande salle, suivie par des regards suspicieux. Elle n'avait pas bonne presse chez nous depuis qu'elle avait révélé dans la Gazette, quelques années auparavant, une opération ultra secrète que nous avions en cours, faisant capoter toute l'opération, réduisant à néant des mois de travail. Le pire, c'est que nous n'avions jamais pu déterminer lequel d'entre nous avait vendu la mèche. Avec notre action en cours, sa présence était plus que malvenue.
Du coin de l'œil, je vis Freegarden qui se glissait dans le bureau du commandant, sans doute pour le prévenir de cette visite inopportune. Constatant que la journaliste se dirigeait dans ma direction, je jetais un regard à Potter pour savoir ce qu'il en pensait. Il souriait d'un air entendu :
"J'aurai dû me douter que c'était elle que Percy et Hermione allaient m'envoyer, dit-il à mi-voix.
- Elle vient pour toi ?
- Y'a des chances
- Tu vas lui accorder une interview ?
- Ça m'en a tout l'air.
- Potter, tu es un grand garçon, mais je préfère te prévenir : elle met tout et n'importe quoi dans ses articles.
- T'en fais pas. Je sais parfaitement à quoi m'en tenir à son sujet. Plus qu'elle ne le voudrait d'ailleurs."
Je ne pus lui demander des éclaircissements sur sa remarque sibylline car la teigne était déjà devant nous :
"Bonjour, Harry. Il paraît que j'ai rendez-vous avec toi.
- J'ai un peu grandi depuis la dernière interview, Rita, alors je pense que vous pourriez me traiter en adulte."
Elle le fixa d'un air mauvais et parut sur le point de lui lancer une répartie au vitriol dont elle avait le secret, mais, à ma grande surprise elle se maîtrisa et reprit d'une voix grinçante :
"Monsieur Potter, une de vos amies…" là, son expression indiquait un profond dégoût, "m'a affirmé que vous seriez d'accord pour m'accorder une interview exclusive dans laquelle vous vous prononceriez sur l'élection en cours.
- C'est possible, Madame Skeeter. Mais êtes-vous sûre qu'elle a dit 'exclusive' ?
- J'en suis certaine.
- Et n'aurait-elle pas rajouté 'conforme, authentique, exacte, sans fioritures, inventions ni affabulations' ?
- Peut-être.
- Je crains qu'il ne me faille un peu plus d'assurance dans ce domaine pour que je me risque à vous livrer une quelconque opinion. Je crois même que je vais vous demander de relire votre article avant que vous ne le vendiez au plus offrant.
- Je pensais que le grand Harry Potter était pour la liberté de la presse.
- Le grand Harry Potter est pour la bonne application des lois."
Le regard qu'elle lui lança à cet instant aurait pu percer un cuir de dragon.
"La communauté magique sera heureuse d'apprendre que le Survivant fait preuve d'une telle rectitude morale, grimaça-t-elle.
- Votre approbation me touche infiniment", ironisa-t-il.
A ce moment, Shacklebolt intervint :
"Bonjour, Madame Skeeter. Puis-je vous demander ce que vous faites ici ?
- Auriez-vous quelque chose à cacher ? demanda-t-elle en retour.
- Commandant, coupa Potter, est-ce que je pourrais m'absenter une petite demi-heure, s'il vous plaît ?"
Shacklebolt hésita un instant. Mais l'air assuré de mon partenaire dut le convaincre que celui-ci savait ce qu'il faisait.
"D'accord, finit-il par lâcher.
- Pouvons-nous utiliser une des salles d'interrogatoire ? continua Potter.
- Si tu veux.
- Suivez-moi, Madame Skeeter, dit Potter d'un ton affable. Je suis certain que cela vous fera une expérience des plus instructives."
Il sourit en réponse au regard haineux qu'elle lui décocha et l'escorta vers la sortie.
"Qu'est ce qu'elle lui veut ? me demanda Shacklebolt.
- L'interroger sur ses opinions politiques. J'ai l'impression que c'est sa copine Granger et Percy Weasley eux-mêmes qui ont organisé cette interview.
- Mais qu'est ce qui leur a pris ?
- Si j'ai bien compris, Potter a barre sur elle. Il semble être au courant de quelque chose qu'elle ne désire pas voir ébruiter, et qui la mènerait tout droit dans une salle d'interrogatoire, mais du mauvais côté de la table.
- Je vois. Et je viens de comprendre pourquoi c'est elle qui a procédé à l'interview de Potter qui disait enfin la vérité sur le retour de Tu-sais-qui. Je n'avais jamais compris ce qui l'avait poussée à faire un acte aussi civique.
- Potter a plus d'un tour dans son sac, on dirait
- Ouais. Et je peux te dire que Percy Weasley plus de chance qu'il n'en mérite."
Là dessus, le commandant réintégra son bureau, me laissant perplexe quant à la signification de sa dernière phrase.
Potter revint quarante minutes plus tard, l'air satisfait.
"Alors ? lui demandai-je.
- Sur ce coup-là, je me sens presque Serpentard, me répondit-il.
- Qu'est-ce que tu as trouvé contre elle ?
- Désolé, mais si je te le dis, je perds mon avantage sur cette langue de vipère.
- Je te préfère Gryffondor et un peu plus bavard.
- Il semble que je sois un peu contrariant aujourd'hui", admit-il.
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Le surlendemain, l'interview du Survivant s'étalait en première page de la Gazette du Sorcier.
Mon partenaire se déclarait sans ambages en faveur de la candidature de Percy Weasley. Il réaffirmait que la paix de notre communauté passait par une plus grande ouverture envers d'autres races "qui ont beaucoup à nous apprendre". Il soulignait aussi que nous ne pouvions continuer de vivre pacifiquement au milieu des Moldus sans les connaître davantage. Ils devaient être une source d'inspiration pour nous et non se réduire à de simples voisins gênants.
Il rappelait aussi que Percy venait d'une famille qui s'était courageusement engagée pendant la guerre et qui en avait payé le prix fort. Il certifia avoir une grande confiance dans les capacités de Percy, nonobstant sa jeunesse, pour assumer ce poste à très haute responsabilité.
Enfin, il affirmait que l'application du programme de Sigfried Kivalla ne pouvait mener qu'aux errements qui avaient permis l'émergence d'un Voldemort. "Que feriez-vous si un Voldemort revenait ?" demandait alors Rita Sketeer. "Mon travail d'Auror, répondait le Survivant. Pour le reste, il vous faudra trouver un autre volontaire".
Il y avait beaucoup de journaux dépliés ce matin-là quand Potter arriva à la Ruche. Tous les regards se portèrent vers lui, mais il affecta de ne pas les remarquer et vint me rejoindre près de ma table de travail.
"Tu lis la presse pendant les heures de boulot, feignit-t-il de s'étonner.
- Qu'en a pensé ta femme ? lui demandai-je en retour.
- Elle a beaucoup aimé la dernière phrase. Elle parle de l'encadrer et la mettre au-dessus de la cheminée pour que je ne l'oublie pas."
La voix traînante de Malefoy intervint dans notre conversation :
"Eh bien, Potter, cela faisait longtemps que tu n'étais pas apparu dans le journal. Cela te manquait à ce point là ?
- La déchéance ne te réussit pas Malefoy. En dix ans, tes sarcasmes n'ont pas changé d'une virgule. Tu devrais faire une cure de queues de lézard, c'est excellent contre la sénilité précoce", lui rétorqua tranquillement Potter.
Morrito eut juste le temps d'attraper le bras de Malefoy pour l'empêcher de saisir sa baguette, avant de le traîner sans ménagement vers la sortie. Potter, qui avait sorti la sienne pour se défendre, la rangea en grognant un "Connard de… Malefoy !" plus agacé que rageur.
J'appréciai la diplomatie de sa formule.
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Les élections eurent lieu deux semaines après. J'allai voter, et mis dans l'urne magique un bulletin pour Percy Weasley. Je pensai, avec un peu d'ironie, qu'un an plus tôt j'aurai sans doute voté pour son adversaire. En fait, je n'étais pas vraiment convaincu par l'utilité de la politique d'ouverture envers trolls, loups-garous et autres elfes. Les circonstances qui avaient permis au Seigneur des Ténèbres de prendre autant d'ascendance sur notre communauté étaient bien plus complexes que Potter tentait de le faire croire. Par contre, mes relations avec Christina seraient grandement facilitées par la poursuite du programme de rapprochement avec les moldus.
En tout cas, je mettais en œuvre ce programme à mon échelle privée : la semaine précédente, Christina m'avait diplomatiquement demandé si je désirais l'accompagner chez les amis qui l'avaient invité à dîner. Désireux de lui faire plaisir et de la remercier de la délicatesse qu'elle me témoignait, j'avais accepté. A ma grande surprise, j'avais passé une bonne soirée. Ses amis étaient très sympathiques et la compagnie était assez nombreuse pour qu'on s'en tienne aux sujets de conversation généraux et que je puisse éviter un interrogatoire en bonne et due forme sur ma situation personnelle.
Le lendemain du vote, sous la surveillance des membres du Magenmagot, le contenu de toutes les urnes qui avaient été mises à la disposition des électeurs fut versé dans le Tonneau du Choix. De ce dernier sortit un parchemin portant le nom du vainqueur : Percy Weasley.
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La première mesure prise par le nouveau gouvernement fut d'ordonner le bannissement des Détraqueurs dans une presqu'île perdue au nord de l'Ecosse. Une brigade spéciale, forte d'une cinquantaine de sorciers, fut constituée pour prêter main forte au département des Créatures magiques. Sur la base du volontariat, et avec allocation de primes conséquente, Shacklebolt recruta huit Aurors pour en faire partie. Plusieurs services du Ministère firent de même.
Les membres de cette brigade avaient pour mission de récupérer les créatures qui avaient été rassemblées tant bien que mal dans plusieurs lieux provisoires, de les escorter à l'endroit prévu et de superviser leur installation. Ils resteraient ensuite à proximité pour les surveiller tant qu'une solution pour dissuader Détraqueurs de sortir ne serait pas trouvée.
Shacklebolt n'entra pas dans les détails mais Potter, qui tenait l'information de son amie Hermione, m'expliqua qu'une étude avait été lancée au Département des Mystères pour "nourrir" ces horreurs sur place. D'après ce que j'en compris, il était prévu de jeter des sorts d'allégresse sur des volontaires, de stocker leur euphorie factice dans des Pensines qui ensuite émettraient tout ce bonheur sur le lieu de résidence des Détraqueurs. Outre ce dispositif, propre à maintenir les dangereux locataires dans l'endroit assigné, des repousse-moldus devaient être mis en place tout autour du périmètre pour éviter toute visite inopportune.
Des moyens exceptionnels furent mis en œuvre et, en une quinzaine de jours, les effectifs spécialisés furent opérationnels, nous déchargeant du surcroît de travail qui avait été le nôtre depuis que les dévoreurs d'âmes avaient décidé de se révolter. C'était une bonne chose, car nous commencions à nous lasser d'être appelés à la rescousse chaque fois qu'un sorcier commençait à déprimer.
Le commandant en profita pour enfin faire aboutir notre opération de lutte contre les substances illicites et dangereuses. Trois semaine après les élections, Shacklebolt nous réunit tous à dix-sept heures et nous informa que le coup de filet de grande envergure qui devait mettre définitivement mettre fin au trafic aurait lieu ce jour-là. Il nous donna nos ordres de mission et nous indiqua de façon concise ce qu'il attendait de nous. Le maximum d'arrestations devait intervenir dans l'heure qui suivait.
Potter et moi faisions partie d'une équipe de huit Aurors qui devait investir un des lieux de production des produits euphorisants dont nous voulions stopper la diffusion. Quand Potter réalisa que Malefoy et Morrito faisaient partie de notre groupe, il jeta un regard furibond vers le commandant. Ce dernier s'en aperçut et dit sèchement :
"Malefoy et Potter, j'avais d'autres impératifs à prendre en compte que votre petite guéguerre. Mais si on me rapporte le moindre incident entre vous deux, vous êtes bons pour être de garde tous les soirs et tous les week-ends pendant un mois. C'est clair ?
- Oui, commandant !" répondirent-ils tous les deux, en se fusillant du regard.
Morrito et moi avons échangé un regard circonspect. Ce genre d'opération est suffisamment délicate pour ne pas avoir envie de jouer les nounous par dessus le marché.
"'Eh Potter, me fais pas ce coup-là. On a le match contre les Sports et Jeux magiques dimanche prochain, dit Ben Tarvi, visiblement catastrophé par la perspective de devoir se passer de son attrapeur.
- Tarvi, fous-nous la paix avec ton Quidditch !" grogna Shacklebolt.
Il était rare que le commandant se laisse aller à de tels mouvements d'humeur, mais je le comprenais. Nous étions sur cette affaire depuis plusieurs mois déjà, et un échec réduirait à néant un immense travail, tout en mettant à plat le moral de toute la brigade.
De plus, il devait avoir le nouveau Ministre sur le dos. C'était un problème qui se posait couramment juste avant ou juste après une élection. Le cabinet du Ministre exigeait des résultats immédiats et spectaculaires pour impressionner l'opinion. Il me semblait de surcroît que Shacklebolt n'appréciait pas énormément son nouveau supérieur, et avait avec lui des rapports plus tendus qu'avec Marchebank. Oui, les deux frères ennemis n'avaient pas intérêt à la ramener.
Alors que nous attendions le signal du départ, l'atmosphère était fébrile dans la Ruche. Certains vérifiaient leur baguette, d'autres leur Portoloin. Théoriquement, seul l'Auror Senior de chaque équipe en avait un. Mais pour l'occasion, il en fut distribué à tous pour faciliter les arrestations en série. Chacun vérifia que son écusson était bien visible, certains mirent dans leur poche des amulettes porte-bonheur. Potter me demanda s'il devait passer son bonnet change-tête, et je lui dis de rester comme il était.
Finalement, Shacklebolt nous dit qu'il était l'heure d'y aller. A l'exception de quatre petits jeunes qui descendirent au dixième niveau pour gérer l'afflux des prisonniers que nous espérions ramener, nous suivîmes le commandant dans les couloirs du Ministère, en direction de l'Atrium. Evidemment, ce n'était pas très discret, mais c'était hélas l'une des conséquences de l'interdiction d'avoir des cheminées de transport directement dans la Ruche.
L'équipe que je dirigeai arriva sans encombre aux abords du manoir où se tenait le sale trafic. Nous l'encerclâmes et donnâmes l'assaut. Ceux qui se défendaient n'étaient pas des enfants de chœur et très vite, toute une série de sorts offensifs fusèrent de tous les coins. On a tort de croire que seuls les Avada Kedavra peuvent être dangereux.
Au milieu de la mêlée, je m'aperçus soudain que Malefoy était en mauvaise posture, pris à partie par trois adversaires.
Il était assez loin de moi et je vérifiai qu'aucun autre collègue ne pouvait venir à sa rescousse. Potter était à proximité, mais ne faisait pas mine de le couvrir, sans doute trop occupé par son propre adversaire. Je m'arrangeai donc pour obliger mon propre opposant à se déplacer et je finis par atteindre Malefoy, rétablissant un peu l'équilibre du combat, puisque nous étions désormais deux contre quatre.
Finalement, Potter finit par nous repérer et, à nous trois, nous vînmes à bout de nos assaillants. Une demi-heure plus tard, tous les malfaiteurs étaient immobilisés et nous commençâmes à les transférer à la Ruche en utilisant les Portoloin et leur cheminée. Je chargeai Malefoy de faire des prélèvements dans les chaudrons que nous avions trouvés sur place pour constituer les preuves.
Traiter la soixantaine d'arrestations effectuées par l'ensemble de la brigade et classer sommairement une centaine d'éléments de preuve ne fut pas une mince affaire, et il était plus de trois heures du matin quand Potter et moi remontâmes d'un pas lourd vers l'Atrium. J'avais remarqué que, depuis notre retour, mon partenaire était étonnamment sombre, tranchant avec l'euphorie victorieuse de nos collègues.
"T'as un problème ?"
Il mit un certain temps à me répondre.
"Je... j'aurais dû aller aider Malefoy, non , finit-il pas lâcher.
- Dans le feu de l'action, on ne remarque pas forcément que nos partenaires ont besoin d'un coup de main. Ça arrive à tout le monde, dis-je sombrement, en pensant à Cyril, qui avait payé de sa vie ma faute d'inattention.
- Mais j'avais parfaitement vu qu'il était en difficulté !
- Pardon ?
- J'avais bien vu qu'il était tout seul contre trois !
- Et tu n'as pas pu te dégager pour aller l'aider ?
- Je pense que j'aurai pu, mais... c'était Malefoy." Il avait terminé sa phrase dans un murmure.
Eh bien voilà, autre chose ! Décidément, à chaque fois que je croyais en avoir fait le tour, Potter me dévoilait un aspect inédit de sa personnalité !
" Personne ne peut rien te reprocher, tentai-je de minimiser l'incident.
- C'est tout ce que ça t'inspire ! Il aurait pu être blessé ou tué ! Mais bien sûr, toi tu trouves ça normal !"
Mais qu'est ce qu'il attendait de moi à la fin. Pourquoi il me racontait ça d'abord ? Etait-ce mon absolution qu'il recherchait ? Je suis pas confesseur, merde ! Puis je compris. Il voulait que je l'engueule. Cette attitude masochiste a même un nom : la Rédemption par la punition.
Dans le temps, j'étais sorti avec une employée du département de la Justice magique. Un jour, je l'avais taquinée en lui demandant comment une gentille petite Poufsouffle, comme elle, supportait de prononcer des condamnations parfois sévères. Elle m'avait répondu par un discours duquel il ressortait que les malfaiteurs ont besoin d'être punis pour se sentir ensuite le droit de se réinsérer dans la société. Je me rappelai avoir pensé que cette théorie était bien pratique pour les bourreaux. Mais manifestement, ce n'était pas aussi farfelu que ça.
En tout cas, Potter avait de la chance. Il avait justement sous la main un méchant Serpentard prêt à faire des sacrifices pour ne pas avoir à se coltiner sa tronche de coupable tout le reste de la semaine.
"C'est effectivement immonde de ne pas avoir eu envie de venir en aide à un type qui s'évertue à te pourrir la vie dès qu'il s'ennuie un peu, commençai-je. Tu devrais avoir honte !"
Je récoltai un regard glacé. Aurais-je mis trop d'ironie dans ma diatribe ? Après tout, il n'était pas complètement demeuré, juste handicapé par une éthique envahissante. Je repris, plus proche de ce que je pensais vraiment :
"Il est certain qu'une telle attitude n'est pas souhaitable au sein de notre service. A priori, je devrais te signaler mon mécontentement, et éventuellement en toucher un mot au commandant. Cela dit, on ne peut t'accuser de rien. Après tout, cela arrive de ne pas avoir les bons réflexes. Mais si tu veux vraiment gâcher ta vie, tu peux aller faire des confessions complètes au département de la justice Magique ou mieux, à Rita Sketeer. Elle ferait un article du tonnerre avec ça.
- Tu vas en parler à Shacklebolt ?
- Tu m'emmerdes, Potter ! Je ne suis pas sourd et aveugle. J'ai quand même remarqué que c'est toujours cet imbécile qui te provoque ! Il faudrait être un saint pour ne pas avoir envie de le lui faire payer. S'il lui était vraiment arrivé quelque chose, et que j'avais eu l'impression que tu l'avais laissé crever exprès, oui, j'en aurais parlé au commandant. Mais notre emmerdeur en chef se porte comme un charme et moi, j'ai rien vu !
- Donc tout va bien !
- Non, parce que tu as manifestement un gros problème ! Mais pour qui tu te prends à la fin ! Tu dois toujours être gentil, respectueux, loyal, fidèle, bien poli, pardonner à tes ennemis, sinon tu as des vapeurs ! T'es humain, bon sang ! Eh oui, ça arrive d'avoir des pensées dégueulasses ! Tu ne supportes pas cette idée ? Mais c'est fou ce que tu peux être orgueilleux quand même !"
Il m'a regardé un moment, le visage parfaitement impénétrable. Nous étions arrivés à l'Atrium et, au lieu de s'avancer vers le mur des cheminées de départ, il s'assit avec lassitude sur le rebord de la fontaine qui se trouvait au centre de l'Atrium.
La fontaine de la Fraternité magique avait été détruite des années auparavant. Fudge avait proposé de la reconstruire à l'identique, mais certains s'y étaient opposés, pour des raisons à mon avis spécieuses, et rien n'avait été fait pour la remplacer avant la fin de la guerre. Finalement, c'est un projet qui représentait la Bataille du Survivant qui avait été choisi. La fontaine était donc de nouveau en service depuis quelque temps.
Elle représentait cinq Aurors en train de se battre contre autant de sorciers encagoulés. Au centre de la mêlés, deux fois plus grand que les autres protagonistes, on voyait Potter soumettre le Seigneur des Ténèbres. Ce dernier était agenouillé aux pieds de son adversaire, le visage caché par sa capuche, sa baguette brisée à la main. Le Survivant pointait la sienne vers son ennemi, l'air conquérant.
Je m'étais maintes fois fait la réflexion que sa représentation ne ressemblait pas tellement à mon partenaire. On reconnaissait la cicatrice, et les lunettes, mais l'expression supérieure de son visage lui donnait une personnalité qui ne correspondait pas du tout à l'original.
Shacklebolt avait été convié à l'inauguration mais, selon ce que j'en avais lu dans la Gazette, le Survivant y avait brillé par son absence. J'avais noté que, depuis l'installation de l'ouvrage, il n'avait pas une seule fois daigné tourner les yeux en sa direction, en ma présence du moins. Il l'ignorait, purement et simplement, tout comme il avait feint de ne pas entendre les réflexions narquoises de Malefoy.
Le voir reconnaître l'existence de cette fontaine en s'y installant, montrait à quel point il était troublé.
"Tu crois que c'est de l'orgueil de vouloir se conformer à la morale ? a-t-il fini par me demander.
- Non. C'est de se croire au-dessus des tentations qui l'est. J'ai l'impression que dès que tu t'éloignes un tant soit peu du modèle idéal que tu t'es forgé, c'est la catastrophe. C'est si dur de reconnaître que tu n'es pas parfait ?"
Il a soupiré et eut un petit sourire, comme s'il se moquait de lui-même :
"Oui, enfin non ! J'essaie juste de ne pas décevoir les autres.
- Dans le fond tu es juste perfectionniste.
- Pas exactement." Il rougit. "En fait, j'ai l'impression que tout le monde va se détourner de moi si je laisse transparaître mes défauts.
- Oh, fis-je un peu décontenancé. Si on se détournait des autres quand on découvre leurs défauts, on ne parlerait pas à grand monde.
- Oui, je sais, c'est stupide de penser ça. Et injuste pour mes amis. Je sais qu'ils sont mieux que ça.
- Mais tu le penses quand même.
- Oui. Je pensais que j'étais guéri, mais c'est revenu, finalement. Désolé de t'avoir ennuyé avec mes problèmes."
Il était écarlate maintenant, et commença à se redresser pour partir. Moi-même, je n'étais pas sûr d'apprécier de me retrouver à mener une conversation aussi intime avec mon partenaire, mais je ne voulais pas le laisser partir sans régler définitivement l'incident de ce jour.
"Potter, pour revenir à Malefoy... si je n'étais pas intervenu, tu es sûr que tu n'aurais pas fini par le faire ? Tu es bien venu nous aider finalement, non ?
- Je l'ai fait parce que tu es mon partenaire et que je n'allais pas te laisser dans la merde !
- Mais enfin, si tu te ronges à ce point pour Malefoy maintenant, tu ne crois pas que ta morale, ta conscience ou quoi que ce soit t'aurait poussé à agir, tout à l'heure ? A mon avis, si j'avais pas été là, le Malefoy serait quand même vivant. A la limite blessé à cause de ton temps de réaction. Mais tu ne l'aurais pas laissé mourir. Des meurtriers, j'en ai vu défiler en vingt ans de carrière, tu sais. T'as pas le profil !
- Oh ! C'est comme les Impardonnables, en quelque sorte, commenta-t-il.
- Les Impardonnable ?
- Oui, un jour j'ai essayé de jeter un Doloris. Mais ça n'a pas marché. Et la personne m'a expliqué qu'il faut aimer faire souffrir pour être efficace. Sur le moment, j'étais fou de colère et très motivé, pourtant. Mais il semble que cela n'ait pas suffi. Il faut que ce soit plus profond que ça."
Ah oui, c'est vrai ! J'étais en train de parler avec Harry Potter.
"On t'a donné le droit d'utiliser les Impardonnables ? demandai-je.
- La première fois, j'ai pas demandé la permission. Après, Dumbledore a demandé à Maugrey de me les enseigner. Mais je suppose que Fudge serait tombé dans les pommes s'il l'avait su.
- Et… cela t'a servi ?
- Non. J'aurais préféré…"
Là-dessus, son visage s'est fermé et je compris qu'il n'avait pas l'intention de m'en révéler davantage. Il s'est levé et s'est retourné vers la fontaine, l'examinant comme s'il la voyait pour la première fois :
"Il l'ont refaite, mais elle représente toujours un mensonge, finit-il par lâcher.
- Pourquoi ? Tu n'as pas vaincu Tu-sais-qui ?
- J'ai peut-être gagné la guerre, mais ce qu'il m'a fait perdre ce jour-là est irremplaçable."
oooO§0§Oooo
30/03/2005 : Bonjour à tous. Eh partez pas, j'ai plein de choses à vous dire !
Tout d'abord, que je pars en vacances la semaine prochaine, et qu'il n'y aura donc pas de mise en ligne. Nous nous retrouvons donc dans deux semaines.
Je souhaite également la bienvenue à mes lecteurs de TWWO qui sont venus nous rejoindre ici à cause de l'indisponibilité de la partie fanfic de leur site habituel.
Au cas où, je signale que je publie aussi sur Hpfanfiction (org). On ne sait jamais…
oOo
Ensuite, j'ai constaté que ma correctrice Fenice et moi-même avaient un certain nombre de lecteurs communs. A ce propos, je voudrais rappeler que c'est son Rupture d'un processus linéaire qui m'a donné l'idée de base de Mon sorcier bien-aimé (ainsi que Antigone Birds de Coline la Rétameuse). Il ne faut pas donc s'étonner qu'il y ait des similitudes entre nos deux fics, d'autant que nos corrections croisées donnent lieu à un échange de mails nourri qui alimente nos réflexions respectives.
Je dois en outre avouer qu'en relisant le début de Ruptures, il y a quelques jours, j'ai constaté que les emprunts que j'avais faits à cette histoire sont plus nombreux (et involontaires) que je le croyais. Je ne saurais trop vous conseiller de vous plonger dans la lecture de cette fic que j'aime beaucoup.
Dans le même ordre d'idée, j'ai beaucoup pensé à une nouvelle de Martha Sprague, intitulée Langue de vipère en écrivant ma scène sur Rita Skeeter. Si ce personnage vous intéresse, allez lire ce succulent chapitre (/s/2133149/1/)
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Enfin, vous savez sans doute pour la plupart que j'ai édité un guide pratique sur les fonctionnalités de Fanfiction en m'associant avec Lisandra. Or ce guide a été supprimé par les administrateurs car il violait la charte en vigueur ici (qui n'accepte que les vraies histoires). Pour que ce guide puisse continuer à jouer son rôle, à savoir mettre à la disposition de tous le mode d'emploi en français de Fanfiction, j'ai besoin de vous.
J'aimerais que vous en parliez dans vos notes d'auteurs, vos reviews, et sur vos profils et que vous signaliez que le guide reste à la disposition de tous ceux qui me le demanderons par mail aux adresses alixeetlisandra chez free (fr) ou alixe01, toujours chez free.
Vous pouvez simplement renvoyer vos lecteurs à notre profil Fanfiction-mode d'emploi (/u/577456/) où toutes les informations-ci dessus ont été indiquées, avec un lien pour nous écrire directement. N'hésitez pas vous-même à propager les informations que vous y trouverez (comment mettre de tirets notamment).
Je vous rappelle ce que l'on peut trouver dans le guide :
I : Comment s'inscrire et poster sur Fanfiction - inscription, créer une histoire, poster un chapitre, description des fonctionnalités de votre compte, la charte de Fanfiction
II : Outils pour les lecteurs (inscrits ou non) -rechercher une histoire, poster une review, les alertes et les favoris
III : Les communautés - qu'est ce que c'est, comment les créer ou y adhérer
IV : Maîtriser les formats et la mise en page - comment garder sa mise en page, ce qui est possible ou non
V : Orthographe et autres conseils divers - des trucs pour améliorer son orthographe, les fautes les plus courantes, les anglicismes à éviter
VI : Les services payants - en quoi consistent-ils, comment devenir adhérent
VII : Foire aux questions - les délais de chargement, les nouveaux rating, trucs pour se simplifier la vie, rechercher une fic ou un auteur, vocabulaire des potterfictionneurs.
VIII : Mettre des tirets pour les dialogues - comment faire accepter ses tirets
Merci d'avance.
Et les réponses à mes chers lecteurs :
Lunenoire : Merci infiniment pour tes 51 reviews en une journée. Je les ai suivies une à une car j'étais devant mon ordi. C'était assez grisant de te suivre dans ta progression et de constater, heure après heure, que tu n'étais toujours pas lassée. J'espère que les chapitres qui me restent à mettre en ligne te plairont tout autant.
Sassy : merci pour cette dernière review de la semaine. Bises.
Titania.M : J'espère que tes examens se sont bien passés. Je vois que tu as apprécié chaque scène, j'en suis heureuse.
Bruno-Pier : Hum, je ne sais pas si je vais refaire le coup des indiscrétions des tableaux, ce serait du réchauffé, non ? Mais soit sûr que Willyboy va quand même lui ressortir ce que Catogan lui a révélé, quand ils seront à Poudlard. Willy est assez grand pour deviner ce que le Chevalier n'a pas vu (c'est pas dur à deviner, il faut dire). En ce qui concerne Hermione, je la vois mal se faire piéger par un tableau (Ron par contre serait effectivement du genre à ne pas faire attention. Heureusement pour lui qu'il n'a pas cherché à tromper Hermione). Effectivement, au point où nous en sommes dans l'histoire, Harry a déjà déposé le dossier pour Sirius et a reçu la réponse du Magenmagot. Mais il n'a pas rendu l'information publique, et n'en a pas encore parlé à Willy… ce qui ne saurait tarder. Introduire une Moldue dans une famille de Serpentard a une dimension assez intéressante, je trouve aussi.
Belval : Pour la réplique de Willy le soir où ses neveux restent dormir, je voulais montrer que l'amour ne rend pas forcément évident ou facile la vie de couple. Pour le test de l'Epouvantard, c'est surtout de celui de Willy dont j'avais envie de parler.
alana : C'est pour tous les âges les legos, même Louise adore !
Kazy : Ce que Harry raconte à Willy sur la vie de couple n'est qu'une manière de voir. Il y en a d'autres et puis cela dépend des partenaires et de ce qu'on attend de son couple. N'ai pas peur d'attendre la maturité. Il y a un temps pour les coups de cœur de la jeunesse et un autre pour la sérénité que nous apporte l'âge. Si j'avais su que t'allais en Angleterre, j'avais plein de questions à poser moi. Par exemple, j'aurai bien aimé en savoir davantage sur le système des préfets tel qu'il est pratiqué dans les écoles britanniques. Bises
Sofia evans : La demande, on y est. C'est ce que tu imaginais ?
kikou224 : Oui, les chapitres sont de plus en plus longs, ce n'est pas une impression ! La demande, voilà c'est fait, oui, on reverra Titus à Poudlard avec McGonagall en directrice. Pour le moment 35 chapitres de prévus.
chrys63 : Le pauvre ? Pour moi Willy est en partie responsable des relations qu'il a avec sa famille quand même. Pour renouer avec ses parents, ce sera moins spectaculaire et plus vraisemblable. C'est sur, sans ses mauvais souvenir, il n'aurait pas tellement de consistance, le Harry.
Csame : En ce qui concerne Miss Teigne, merci de ta proposition, mais je connais le site et préfère découvrir un seul chapitre par jour, je le savoure mieux. Pour la suite, de l'histoire, je suis d'accord avec toi sur le principe, il faut savoir terminer une histoire avant de lasser et faire de "l'alimentaire". A l'origine, je n'avais prévu de que 25 chapitres, mais j'ai encore des choses à dire sur la relation de Will et Christina (pour le moment , Willy n'est pas vraiment prêt à se marier et avoir beaucoup d'enfants), sur sa relation avec Harry aussi. En outre, il y a 4 chapitres de prévu sur l'enquête à Poudlard durant laquelle Christina sera reléguée au second plan. Je garde cependant tes commentaires en tête (qui sont très clairs) et compte sur toi pour me les rappeler si, malgré ma vigilance, ma fic s'essouffle avant de se terminer (je suis bien consciente que mon nombre de reviews ne me met pas à l'abri de pondre un mauvais chapitre).
Cigale : Bienvenu à toi !
Vaaliyah : Merci pour ta proposition, mais je n'ai pas trop le temps de faire autre chose que ma fic et mes corrections en ce moment. Mais si l'envie m'en prend…
Lyane : Il est certain qu'il n'a jamais vraiment désiré avoir ce genre de relation avec une femme, et encore moins avec une moldue. Je pense que même Harry sait que la vie en couple c'est plus compliqué. Mais il a pas forcément envie de parler du côté affectif de sa relation avec Ginny à son partenaire.
BabyChang : merci d'avoir pris la peine de poser un mot. Même court, j'apprécie toujours.
mate : C'est toujours ça !
Allima : oui, un jour Harry va parler de Sirius…la semaine prochaine en fait.
Shiri : ravie de te retrouver ici. C'est sûr que vu meur âge on aurait pu penser que ce serait à Willy de donner des conseils, mais finalement, Will ne connaît pas grand chose du mariage. Par contre, il pourrait donne des leçon de drague à Harry si ce dernier en avait besoin, lol. C'est pô gentil de souhaiter la disparition su papa de Will !Pour le travail d'écriture, j'ai de la chance, j'ai deux filles (c'est plus calme que les garçons) et mon mari est très autonome ;-)
Lily Petite Etoile : Le dîner Ginny / Cristina, c'est la semaine prochaine. Je crains que Willy ne soit pas au bout de ses questions existentielles !
Namyothis : ravie de lire cela !
Angel's Eyes : pour la tranformation des canapés j'y ai pensé, mais c'est une transformation mineure et comme il dort la nuit, cela ne le dérange pas trop. Evidement, il l'a annulée avant de partir le matin (je ne l'ai pas mis car cela faisait un peu lourd). Tu as raison de privilégier les Secrets d'Hermione, cette fic est trop bien. PS : tu as finalement trouvé un peu de temps pour lire mes autres fics, finalement…
Vert : oui j'ai beaucoup aimé ton Da Vinci code J'aurai bien voulu te voir danser, lol ! J'espère avoir réussi Poudlard (me demande si j'ai bien fait de l'annoncer, c'est le meilleur moyen de décevoir, en fait !)
La p'tite Lili : Contente que cela t'ait plu.
aurore : Merci à ta sœur qui m'a amenée une nouvelle lectrice (c'est qui ta sœur ?). Effectivement, Monsieur Alixe est très mimi lol Les mini Alixe aussi. Je n'écrirai sans doute pas une histoire complète sur Samantha, mais je posterai une petite nouvelle.
Mademoiselle mime : Contente de savoir que tu me lis toujours. C'est pas grave si tu review pas toujours. L'essentiel c'est que cela te plaise. Bises
Zabou : j'apprécie le geste de laisser un mot, même pour ne rien dire. Je ne pense pas que Stratford ait compris ce que disait la Ginny-Epouvantard car elle s'est interrompue au milieu de sa phrase. Harry parlera de la Bataille, mais je ne sais pas s'il dira absolument tout ce qui s'y est passé.
kobe23 : Oui, la demande c'était bien cette semaine.
Dawn456 : Si je mets deux chapitres par semaine, ça va finir plus vite. T'y as pensé, hein ?
Fee Fleau Je crois que toute la vie est plus ou moins basée sur les compensations. Anticiper et profiter des bons moments est meilleur moyen de supporter les moments difficiles (c'est la raison d'être des fêtes à intervalle réguliers dans toutes les civilisations).
Dreyd : souvent l'aide nous vient de là où on l'attend pas
Lapaumee : Je ne vois pas trop Will avoir volontairement une discussion a cœur ouvert avec Christina, c'est pas son genre. Pour les parents… tu verras.
Aresse : Dans le fond, ces deux là ont le même humour, mais ils ne le savent pas ! Léopold est quelqu'un de très bien. C'est juste Will qui ne s'était jamais donné la peine de faire sa connaissance. Quand je dis que les parents ne changeront pas… c'est l'opinion de Will. Mais ce n'est pas facile de juger ses proches, surtout quand on a avec eux des relations conflictuelles, ce qui est le cas de Will et ses parents. Les conseils de couples, c'est la vie mais aussi ce que j'ai lu dans les livres et vu sur les forums de discussion. Seulement 4 chapitres sur poudlard, pour une fic qui decrait aller vers les 35 chapitres. Oui, mini Potter va apparaître, vous allez aimer ce que je vous ai concocté pour ce chapitre.
Antadelie : Malefoy ? J'y pense, j'y pense, lol.
Patacitrouille : Merci pour cette précision. A mercredi !
Hadler : C'est la semaine prochaine qu'il n'y aura pas de chapitre ! Dsl. La relation de Will et Christina avance lentement mais sûrement. Mais c'est pas gagné. C'est une chose de vivre ensemble. Une autre de réellement s'engager.
beru ou bloub : Mais si, mais si, ils vont parler les hommes. Ce n'est que la première rencontre, mais peutêtre effectivement que plus tard, quand Ginny et Christina se connaîtront mieux…
2005-03-30
youpala : Voui, la pub était gratuite, merci pour le résumé ! (cela dit, tu as le droit de faire de la pub pour mon guide, cela m'arrangerait).
Ryan : Ah, d'accord, j'avais eu peur d'avoir raté quelque chose ! En tout cas je te remercie pour toutes des reviews, seule et unique Ryan.
Fenice : Oui, sans doute, je sens que je vais avoir des regrets avec cette famille ! Je suppose que Willy en guide de technologie moldue vaut bien Harry en conseiller familial !
