- MON SORCIER BIEN-AIMÉ -
Disclamer : la plupart des lieux et personnages viennent de l'univers créé par J.K Rowling.
Je dois également beaucoup à mes relecteurs : Monsieur Alixe, Fenice et Calimera
Résumé de la semaine : Lui qui croyait avoir tout vu ! Mais voilà qu'on lui colle un Potter comme partenaire et que cette jolie petite Moldue entre les pattes… Quoi de pire, quand on est Serpentard et fier de l'être ? - MAJ CHQ MERCREDI - (Fenice)
XXVI : Visite impromptue
Quelques jours après ma visite chez ma sœur et ma rencontre avec Molly Weasley, Christina m'informa :
"J'ai acheté un cadeau de naissance pour la petite fille des Potter."
Elle se leva et revint avec un sac moldu. Elle en sortit un truc minuscule.
"Très joli, dis-je, à tout hasard.
- C'est mignon, hein !
- Euh, oui, je suppose. Mais c'est pas un peu léger ?
- C'est du six mois. Elle le portera l'été prochain."
Ah effectivement, il fallait y penser.
"Regarde, j'ai acheté les petits chaussons qui vont avec. Ils sont beaux, hein !
- Oui, mais les semelles ne m'ont pas l'air très solides, par contre.
- William ! répondit Christina en s'étouffant de rire. Ça ne marche pas les bébés, à six mois.
Mais comment veut-elle que je sache des choses pareilles ? Christina, qui m'observait, me prit la main et dit, apaisante :
"Fais pas cette tête. Je t'expliquerai tout au fur et à mesure.
"Tu veux que je le donne à Potter demain ? demandai-je, m'empressant de changer de sujet.
- Non, je dois faire un paquet cadeau, déclina-t-elle en rangeant soigneusement le petit vêtement.
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Le lendemain soir, je proposai de nouveau à Christina de poster son paquet :
"Pas besoin, me répondit-elle, je l'ai posté.
- Comment ça, posté ?
- Eh bien je suis allée à Pré-au-Lard, j'ai été à la poste et je l'ai envoyé en hibou, me répondit-elle comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
- Mais… comment as-tu fait pour payer ?
- Je suis passée chez Gringott's juste avant pour changer mon argent, bien sûr", m'expliqua-t-elle, comme étonnée d'avoir à me révéler des choses aussi évidentes.
Mais depuis quand Christina était-elle aussi à l'aise dans le monde sorcier ?
"Tu vas souvent te promener toute seule comme ça ? demandai-je.
- De temps en temps. Surtout depuis que ta sœur m'a parlé de vendre mes productions de ton côté. Je commence à y rechercher de l'inspiration, tu comprends. Tu n'avais pas remarqué que j'avais ramené ici mes robes de sorcier qui étaient dans ton appartement ?"
Non, mais le désordre de Christina est tel que, même en les cherchant, je ne les aurais pas trouvées.
"Pourquoi tu m'en as pas parlé ?
- Pour dire quoi ? Je suis allé sur le Chemin de Traverse, j'ai marché dans la rue en regardant les vitrines et en écoutant les gens parler ? Y'a rien à en dire, c'est tout. Tu serais pas un peu paranoïaque, dis ?
- Je peux quand même me demander pourquoi tu ne m'as pas parlé de choses susceptibles de m'intéresser !
- Le problème avec toi, William, c'est que tu ne dis rien, et qu'après tu t'étonnes quand les autres pensent que tu n'as pas envie de parler avec eux."
De toute façon, quand on discute avec une femme, tout est toujours de votre faute !
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Quelques jours plus tard, début novembre, Potter m'accompagna un soir, car il avait rendez-vous avec Christina pour choisir un cadeau pour son épouse. Après que je me sois, comme à l'accoutumée, assuré qu'elle n'avait pas de visite, nous avons débarqué par la cheminée.
Ils se saluèrent, et je les laissai parler affaires. Je montai à l'étage et commençai à préparer le dîner. Trois quarts d'heure plus tard, alors que je finissais de dresser le couvert, Christina vint me rejoindre, suivi de Potter qui venait me dire au revoir.
Il huma mes casseroles et remarqua :
"Ça a l'air bon ! Tu te débrouilles drôlement bien, dis donc !"
Ouais, et j'ai un appartement très bien rangé aussi !
"Je parie que t'es nul en cuisine, me bornai-je à lui répondre.
- J'avoue que je n'ai jamais lancé un sort ménager de ma vie, admit-il. Mais en cuisine moldue, je m'y connais un peu. C'était moi qui préparais le petit déjeuner quand j'étais gosse. J'aidais ma tante à préparer le dîner, aussi. On ne peut pas dire qu'ils ne m'aient rien appris."
Ses propos se voulaient légers, mais comme toujours quand il évoquait cette période, ses yeux étaient sombres. Je réalisai soudain qu'il n'était peut-être pas normal qu'un gamin de moins de onze ans prépare le déjeuner pour toute la famille. En tout cas, je n'avais jamais vu mes neveux faire autre chose que de mettre la table pour aider leur mère.
Mais déjà il enchaînait :
"Bon, je dois y aller, Ginny m'attend. A demain, Stratford !"
Il redescendit à l'atelier, accompagné par Christina. Quand cette dernière revint à la cuisine, je lui demandai :
"Tout s'est bien passé ?
- Oui. Je lui ai montré plusieurs bagues, mais il hésitait entre deux modèles. Du coup je lui en ai dessiné un autre qui allie ce qu'il aimait dans les deux premiers.
- Du sur-mesure !
- C'est ce qui m'intéresse le plus dans le métier, tu sais !
- Et à ce propos, tu en es où avec Gwen ?
- On voit les sœurs Patil demain.
- Je ne raconte peut-être pas grand-chose, mais cela m'intéresse, ta carrière professionnelle. Alors, je veux bien que tu m'en parles, d'accord ?
- D'accord, Will. Je te tiendrai au courant, m'assura-t-elle avec un grand sourire.
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Son entrevue avec "Padma et Parvati" fut très intéressante, selon elle. Son projet n'était toujours pas finalisé, mais il avançait bien.
Le dimanche suivant, nous sommes allés nous promener à Pré-au-Lard, puis nous sommes passés chez moi car j'avais une potion à préparer. Alors qu'elle mijotait, je proposais un thé à Christina, m'excusant de ne pas avoir de gâteaux pour l'accompagner.
"Si on faisait des crêpes ! proposa-t-elle.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une spécialité française. C'est ma correspondante qui m'a appris ça lors d'un séjour linguistique. Tu veux que je te montre ? Il faut du lait, de la farine et des œufs. Tu en as ?"
Je n'étais pas très convaincu par les qualités culinaires de ma compagne, mais je ne voulus pas la vexer et fis un rapide saut chez elle en cheminée pour lui ramener ce dont elle avait besoin. Cela me sembla simple à réaliser, ce qui expliquait sa compétence en la matière. Par contre, quand elle essaya de retourner le fin disque de pâte en le faisant sauter, elle dut renoncer, découragée par le poids de ma lourde poêle en fonte.
Mais quand j'eus compris le principe, je pris en charge l'opération à coup de Wingardium leviosa ce qui plut beaucoup Christina.
Bref, on s'amusait comme des gamins, tout en nous empiffrant. Soudain, j'entendis le petit son de cloche qui indique qu'une personne non enregistrée demande à accéder chez moi par la cheminée.
Je laissai Christina dans la cuisine et allai voir dans le salon qui désirait me rendre visite. C'était ma mère.
Un instant, je fus tenté de lui refuser l'entrée, mais je me dis que je n'avais plus seize ans et que je ne devais pas me sentir gêné parce qu'elle débarquait quand je recevais ma petite amie.
Je murmurais donc le mot de passe pour libérer le passage. Elle s'avança vers moi, époussetant machinalement sa robe :
"Bonjour William. Je ne te dérange pas ?
- Eh bien si, Mère, un petit peu. J'ai déjà de la visite.
- Souhaites-tu que je repasse plus tard ?
- Ce ne sera pas nécessaire, intervint Christina de la porte de la cuisine. J'allais partir."
J'ouvris la bouche pour protester, mais elle ne m'en laissa pas le temps. Elle s'avança vers ma mère et lui dit en souriant :
"Je suis très heureuse de vous rencontrer. J'espère que nous aurons l'occasion de faire plus ample connaissance une autre fois.
- Moi de même", répondit gracieusement ma mère en lui retournant son sourire.
Christina lui adressa un signe de tête, me souffla un "Au revoir, William", et d'un geste très naturel, se saisit d'une pincée de poudre de Cheminette dans le pot posé à cet effet sur le manteau de la cheminée. Elle la jeta dans les flammes encore vertes de l'arrivée de ma mère et fit un pas en avant, épela clairement son adresse et disparut.
Je fixai un moment les flammes, partagé entre l'agacement que me causait sa décision unilatérale de nous laisser et la fierté de la voir si à son aise.
"Elle sait ce qu'elle veut, fit remarquer ma mère d'un ton amusé.
- Je n'ai pas pour habitude de fréquenter des idiotes, répliquai-je vivement.
- Comment veux-tu que je le sache ? Tu n'as jamais amené tes amies à la maison.
- Eh bien, ça tombe mal puisque, cette fois-ci, je voulais vous la présenter mais que vous ne voulez pas la voir !
- Tu n'as pas présenté les choses de la manière la plus diplomatique qui soit !" me reprocha ma mère. Si tu avais annoncé la chose moins brutalement, ton père aurait été plus mesuré dans ses propos.
Elle fit une pause en regardant autour d'elle :
"Ta sœur a raison. C'est vraiment très bien tenu, chez toi.
- Il paraît, oui, répondis-je en respirant un grand coup.
- Tu ne m'offres pas une tasse de thé ?
- Venez dans la cuisine, soupirai-je. Vous voulez une crêpe ?"
Finalement, nous terminâmes la pâte qui restait en parlant de ma sœur et de sa famille. Titus avait de bonnes notes et Octave s'était bien acclimaté à l'internat. Je préparai ensuite du thé et ma mère aborda le véritable sujet de sa visite :
"J'aimerai que tu reviennes nous voir et que tu parles un peu avec ton père.
- C'est lui qui ne veut pas me parler, bougonnai-je.
- Ce n'est pas ce qu'il a dit et tu le sais très bien. Vous êtes juste les pires têtes de mule qu'il m'ait été donné de connaître.
- Je viendrai le voir quand il acceptera de recevoir ma compagne, m'obstinai-je.
- Il ne peut plus le faire sans se déjuger, et c'est en partie ta faute. C'est ton père, c'est à toi de faire le premier pas. Il n'attend que cela pour faire preuve de bonne volonté à son tour.
- Je n'en suis pas persuadé. Il ne m'a toujours pas pardonné de ne pas avoir choisi la carrière à laquelle il me destinait.
- Si c'était réellement le cas, cela ferait vingt ans que nous ne nous parlerions plus. Or il me semble t'avoir reçu régulièrement à la maison ces dix dernières années.
- Mais s'est-il réellement intéressé à ce que je fais ?
- As-tu tenté de nous en parler ? Tu ne participes pas réellement aux conversations quand tu viens chez nous, tu es toujours à te promener au dehors. Nous pensions que tu ne désirais pas que nous nous mêlions de ta vie."
Je restai un moment sans parler, à me demander ce qui clochait dans notre famille pour que nous ayons réussi à si mal nous comprendre depuis si longtemps.
"Je… je passerai vous voir un de ces jours, finis-je par répondre.
- Pourquoi ne viens-tu pas dîner à la maison ce soir ?" me demanda ma mère.
J'hésitai un instant, pas réellement convaincu d'avoir envie de revoir mon père si rapidement. Mais je me dis que je n'irais sans doute jamais si je ne suivais pas ma mère tout de suite. Je songeai à Christina. Avais-je le droit de repousser cette chance qui m'était peut-être offerte de la faire accepter par ma famille ? Car même si, conformément à mon souhait, elle n'en parlait jamais, je savais qu'elle était peinée par la situation, et qu'elle se sentait coupable d'être un sujet de discorde entre moi et mes parents.
"D'accord, consentis-je. Mais si je ne fais pas honneur à votre repas, n'imaginez pas que j'ai peur d'être empoisonné. C'est juste que je n'ai plus très faim après les quinze crêpes que je viens de manger. Au fait, les avez-vous trouvées bonnes ?
- Très bonnes. Je suppose que c'est une manière subtile de me faire remarquer que ton amie cuisine bien ?"
Je me demandais si c'était une bonne chose de laisser ma mère se mêler de ma vie, finalement.
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Mes retrouvailles avec mon père furent empreintes de réserves de part et d'autre. Nous ne savions pas trop par quoi commencer, et une fois déroulés les "Bonjour, tu vas bien ? Oui Père et vous ?" nous n'avions plus grand-chose à nous dire.
Finalement, Mère me demanda mon avis sur l'arrestation d'un escroc dont on parlait dans la Gazette. Je répondis par une ou deux généralités, mais Mère insista :
"C'est le genre de choses que tu fais ?
- Oui. Avant, j'étais même très spécialisé dans ce genre de délits. Mais maintenant que j'ai un jeune à former, on me donne de tout pour que je puisse lui montrer tous les aspects du métier. J'interviens donc dans des affaires de vols, d'escroqueries, d'utilisation et trafics d'objets ou de potions illicites, et plein d'autres choses.
- Ta sœur m'a dit qu'elle avait croisé ton partenaire et qu'il semblait très sympathique, fit prudemment ma mère.
- Et il est sérieux ?" demanda mon père qui ne semblait pas être dans la confidence.
Je ne pus m'empêcher de sourire :
" Il est un peu brouillon, comme tout Gryffondor qui se respecte, mais il ne se débrouille pas trop mal et il a quelques résultats probants à son actif. Un certain Harry Potter.
Les yeux de mon père s'écarquillèrent :
"LE Harry Potter ?
- En chair et en os.
- Et il a besoin d'être formé ? s'étonna mon père.
- En duel, il est pas trop mauvais. Mais pour tout ce qui est des techniques d'enquête, il n'en sait pas plus que les autres.
- Il doit quand même impressionner les criminels !
- Quand ils le reconnaissent, oui. Mais la plupart du temps, il essaie de se faire discret.
- C'est rare de la part d'un Gryffondor, grommela mon père.
- Nous apprenons peu à peu à mieux connaître et apprécier la maison de l'autre, lançai-je, un peu provocateur.
- Il n'aime pas les Serpentards ?
- Disons que certains d'entre nous ne l'ont pas épargné.
- Certains d'entre nous ne sont pas représentatifs de ce que Serpentard peut donner de meilleur", trancha Père, à ma grande stupéfaction.
Cette petite phrase me causa un soulagement immense. Je me demandai brusquement si les doutes que j'entretenais sur les convictions de mon père n'étaient pas une façon déguisée de m'interroger sur mes propres valeurs.
Quand j'étais à Poudlard, la plupart de mes camarades de maison se prononçaient nettement pour le Seigneur des Ténèbres. J'étais opposé à l'avènement de ce dernier, mais les thèses qu'ils proféraient n'étaient pas toutes en contradiction avec ce que je pensais.
Moi non plus, je n'étais pas certain que les enfants de Moldus soient à leur place à Poudlard, pas plus que je n'étais opposé à l'autorité des sorciers sur les races inférieures. Et je ne considérais pas que les hybrides aient grand-chose à nous apporter.
C'est pourquoi je n'étais pas complètement indifférent aux discours de mes condisciples, et j'avais beaucoup douté lors de ma dernière année. Finalement, c'est le refus qui l'avait emporté. Sans doute que ma décision d'entrer dans le corps des Aurors avait été une façon de rendre ma décision irrévocable et de m'empêcher tout retour en arrière.
Je me demandai vaguement quand mon ambivalence avait pris fin. Mais était-ce bien le cas ? Mon épouvantard n'était-il pas toujours une Marque des Ténèbres ? À moins qu'elle n'ait changé de signification. Ma peur profonde était peut-être de retrouver cette marque au-dessus de la joaillerie désormais.
"Will ?"
C'était ma mère. Alertée par mon silence, elle me regardait avec inquiétude.
"Excusez-moi. Je réfléchissais.
- Oui, nos souvenirs sont lourds, dit-elle.
- Pardon ? demandai-je, incertain de la signification que je devais donner à ses paroles.
- Will, commença ma mère avec hésitation. Tu n'as jamais beaucoup parlé quand tu étais ici. Mais depuis la guerre, tu es devenu très sombre."
Images de corps suppliciés, mutilés, maisons en cendres, personnes en pleurs sur les cadavres de leurs proches s'imposèrent à moi. Je les repoussai fermement.
"C'était parfois dur, admis-je simplement.
- Nous lisions les journaux", dit brusquement mon père.
Tout à coup je compris qu'ils étaient en train de m'expliquer qu'ils s'étaient fait beaucoup de souci pour moi pendant la guerre. Je leur donnais très peu signe de vie à l'époque et, dans la presse, ils devaient voir le nom de mes collègues, victimes des Mangemorts.
Je fus tellement décontenancé par cette découverte que je ne sus quoi répondre.
"C'est fini maintenant, finis-je par murmurer.
- Merlin merci ! dit ma mère avec force. Et nous avons été heureux de constater que tu sembles plus serein depuis quelque temps."
Je jetai un regard à mon père pour savoir ce qu'il pensait de cette façon détournée d'admettre que moldue ou pas, Christina avait une bonne influence sur moi. Comme à son habitude, le visage de mon père ne reflétait rien. Mais il en était sans doute de même du mien.
La suite de la soirée se poursuivit par des conversations les plus neutres possibles. Nous avons continué à commenter la Gazette du jour, avec des propos mesurés, changeant de sujet dès que nous sentions poindre un désaccord. Je dus admettre que Mère et Gwen avaient raison. Mon père était effectivement prêt à faire des efforts pour renouer le contact avec moi.
Quand je pris congé, nous n'avions pas parlé directement de Christina. C'était mieux ainsi. Père et moi avions tous deux besoin d'acquérir un peu plus d'aisance dans nos relations, avant de parler de sujets qui fâchent.
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Quelques jours plus tard, une opération, sur laquelle notre collègue Peter Slave travaillait, faillit mal se terminer. Il bossait sous couverture, mais cette dernière fut éventée et l'un des brigands tenta de le poignarder. Il se défendit et tua son agresseur dans la bagarre. Lui-même avait reçu deux coups de couteau, heureusement non mortels, et semblait parti pour finir la semaine à Ste-Mangouste. Cela fit sensation dans la brigade, et on parla beaucoup de cette affaire.
Deux jours après cet événement, Potter et moi tombâmes en plein dans une discussion entre Bones, Habbot et Thomas autour de la table où nous nous fournissions en boissons chaudes.
"Qu'est-ce que ça fait, à votre avis, de savoir qu'on a tué quelqu'un ?" demandait Thomas.
Bones nous vit et lui donna un coup de coude. Quand Thomas croisa le regard de Potter, il rougit et balbutia :
"Désolé, Harry."
Potter qui s'était raidi, s'efforça de faire bonne figure :
"Le café est encore chaud ? demanda-t-il d'une voix presque normale.
Alors que Abbot s'empressait de le servir, une voix traînante s'éleva derrière nous.
"Eh bien Potter, tu ne nous fais pas profiter de ton expérience ?
- Je te laisse la parole, rétorqua mon partenaire, les dents serrées. Raconte-nous donc ce que tu as fait de si glorieux, pendant la Bataille !
Malefoy devint livide à cette évocation. Moi-même, je restai figé de surprise. Même s'il s'agissait de Malefoy, évoquer son parricide me paraissait beaucoup trop cruel pour le gentil Potter. Alarmé, je m'apprêtai à intervenir pour mettre fin à l'échange, mais le blond crachait déjà :
"Va crever, Potter ! Moi au moins, je ne sacrifie pas mes alliés par négligence."
Ma main plongea instinctivement vers ma baguette, mais je savais qu'il était déjà trop tard pour que je reprenne le contrôle de la situation. Potter, hérissé de puissance magique, pointait déjà la sienne et prononçait une formule.
Un éclair blanc sortit de la baguette du Survivant en direction de Malefoy. Alors que je le suivais des yeux, muet d'horreur, une lueur rouge apparut à la périphérie de mon champ de vision. Ce second sort toucha Malefoy de côté et le projeta hors de la trajectoire du maléfice de Potter, l'envoyant s'écraser contre le mur. Il s'effondra, sonné, sur le sol, alors que l'armoire qui se trouvait antérieurement derrière lui explosait, projetant une pluie d'échardes et blessant les spectateurs qui se trouvaient à proximité.
On entendit des cris de surprise et de douleur, et très rapidement, tous les Aurors présents sortirent leur baguette et plongèrent derrière les meubles, croyant à une attaque. Seuls Potter, ses copains et moi n'avions pas bougé. De la porte de son bureau, la voix de Shacklebolt claqua :
"Potter, tu es suspendu. Rentre chez toi ! "
Alors que mes collègues émergeaient de leur abri, essayant de comprendre ce qui s'était passé, je réalisai que c'était le commandant qui avait sauvé la vie de Malefoy en l'éjectant contre le mur. Potter, le visage contracté de fureur, mit plusieurs secondes à réagir. Finalement, sans même faire l'aumône d'un regard à Shacklebolt, il pivota sur ses talons et marcha droit vers la sortie. Et quand je dis droit... c'est tout droit.
Il fonça devant lui, sans se préoccuper des divers obstacles qui se trouvaient sur son chemin. Ce furent les bureaux qui s'écartèrent devant lui, un peu comme les réverbères devant le Magicobus. Quand il atteignit la lourde porte, celle ci s'ouvrit brusquement avant de claquer sur ses talons. Tout le mobilier se remit alors en place dans un bruit sourd, en ébranlant le sol.
Shacklebolt abaissa sa baguette et aboya :
"Stratford, Morrito, dans mon bureau, immédiatement !"
Je regardais mon ancien partenaire qui finissait de se relever. Il me renvoya un regard ennuyé. Cela allait être notre fête. Shacklebolt ne se met pas souvent en colère, mais personne n'aime en être la cible quand cela arrive. Lentement, nous suivîmes le commandant, alors que nos camarades se mettaient à commenter l'événement. Je refermai soigneusement la porte de la pièce derrière nous.
Shacklebolt contourna son bureau et nous fit face. Il resta debout et abattit son poing sur la table :
"Il me semblait avoir été clair. Vous deviez à tout prix éviter que cela arrive. Comment avez-vous pu laisser les choses dégénérer à ce point ?"
Morrito et moi échangèrent un nouveau regard pour déterminer lequel de nous deux répondrait. Je pris la parole, ayant été témoin de l'altercation :
"Cela avait commencé comme d'habitude. Puis Potter a dit un truc qui a mis Malefoy hors de lui, du coup l'autre a renchéri. Ça a dérapé très vite.
- C'est bien pour cela que je vous avais demandé de ne pas les laisser se parler !
- Commandant, est intervenu Morrito. Tu sais bien que c'est pas possible. On ne peut pas être collés à eux à longueur de journée ! Et ce ne sont pas des gosses. On ne peut pas leur dire de rester dans leur coin quand on échange des infos pour bosser.
- Sans compter qu'il s'entre-tueraient dès qu'ils sortiraient d'ici, ajoutai-je. Il vaut mieux les laisser se parler sous notre contrôle. Même si, aujourd'hui, je me suis laissé dépasser.
- On fait de notre possible, insista Morrito. Tu ne te rends pas compte du nombre de discussions auxquelles on a mis fin avant que cela ne déraille. Mais dès qu'ils se retrouvent dans la même pièce, c'est explosif par définition. Ce sera comme ça tant qu'ils travailleront dans le même service.
- Tu veux dire que le seul moyen d'éviter que cela recommence serait de virer un des deux ? demanda froidement Shacklebolt
- Potter est un excellent Auror, intervins-je, alarmé.
- Malefoy aussi, rétorqua sèchement Morrito.
- Si Malefoy fermait sa grande gueule, on n'aurait pas de problème, opposai-je.
- Si le grand Potter ne réagissait pas au quart de tour, Malefoy se calmerait, répondit Morrito.
- Vous n'allez pas vous y mettre !" coupa Shacklebolt.
Il y eut un silence simplement, troublé par le tapotement des doigts de Shacklebolt sur son bureau, alors qu'il réfléchissait à la suite à donner à cette affaire.
"Morrito, finit par prononcer le commandant, quand Malefoy se relèvera, tu lui diras qu'il est, lui aussi, suspendu pour la journée. Et que je l'attends à huit heures tapantes, demain matin, dans mon bureau. Tu seras de garde avec lui tous les soirs de la semaine prochaine, ainsi que le week-end qui suit. Stratford, je veux voir Potter à neuf heures demain. Votre garde se tiendra la semaine suivante. Maintenant, disparaissez !"
Je saluai de la tête et sortis, suivi de près par Morrito. On ne s'en tirait pas trop mal. Vu le nombre de témoins, le commandant était obligé de faire preuve d'autorité. Quand on y pensait, une semaine de garde pour une tentative de meurtre, ce n'était pas très cher payé. Je ne pensais pas qu'il infligerait à Potter un avertissement ou un blâme en punition supplémentaire. Shacklebolt le voulait comme successeur, et il ne mettrait sans doute rien dans son dossier qui puisse constituer un obstacle pour sa carrière.
Je sentais que Morrito m'en voulait de n'avoir pas su éviter ce qui s'était passé, et de mon côté, je n'avais pas très envie de lui parler. Nous nous sommes donc ignorés en sortant du bureau du commandant.
Il alla parler à Malefoy, qui était toujours à terre. Ce dernier avait repris conscience et se tenait la tête entre ses deux mains. Morrito dut l'informer de sa suspension, car il sortit immédiatement.
De mon côté, je rejoignis mon bureau. En passant, je vis que l'armoire pulvérisée par Potter ne pourrait être remise en état. Elle avait explosé en morceaux trop petits pour être reconstituée par un simple Reparo. Je ne pensais pas que les divers instruments qui y étaient entreposés soient récupérables non plus.
Je remarquai que nos collègues présents faisaient en sorte de regarder dans une autre direction, ne voulant pas être mêlés à tout cela. Cela m'amusa assez d'être devenu le mouton noir.
Mais j'avais été mauvaise langue. Très vite, Bones, Thomas, Abbot, Touary et Tarvi vinrent me trouver :
"Qu'est ce que le commandant a dit ? demanda Abbot, visiblement très contrariée.
- On a gagné une semaine de garde. Pour le reste, je ne sais pas. Potter en sera avisé demain matin.
- C'est dégueulasse ! C'est toujours cet enfoiré de Malefoy qui le provoque, et c'est toujours Harry qui trinque, grogna Thomas. C'était déjà comme cela à Poudlard. Je vais finir par croire que ce connard a choisi d'être Auror juste pour lui pourrir la vie."
Je vis Bones jeter un regard exaspéré à son camarade. Mais elle s'abstint de lui faire remarquer que c'était sa remarque à lui qui avait donné le coup d'envoi à la discussion qui s'était si mal terminée et se borna à demander :
"Bon, on prévient Ginny ou Hermione ?
- Je vais envoyer un hibou à Ginny, décida Abbot.
- Et puis on va régler le cas Malefoy, a ajouté Thomas.
- Je ne veux rien savoir de ça, indiquai-je. Et toi, Ben, ne t'en mêle pas. T'es pressenti pour devenir chef de brigade d'ici l'année prochaine. Fous pas tout par terre.
- On n'a pas l'intention de se faire prendre, s'indigna Thomas.
- Ne prends pas le commandant pour un imbécile si tu veux faire carrière, gamin."
Il me jeta un regard torve, mais les filles se mirent à rire et il laissa tomber.
"Je vais appeler Potter pour vérifier qu'il est bien rentré chez lui, indiquai-je, je dois lui dire quand Shacklebolt veut le voir. Mais cela ne vous empêche pas de prévenir sa femme de ce qui s'est passé. Je ne suis pas sûr qu'il soit d'humeur à le lui raconter."
J'allai à la cheminée de communication qui était dans un coin de la Ruche et appelai l'Etoile filante. Personne ne me répondit dans un premier temps et je commençai à m'inquiéter un peu quand la tête de Potter apparut dans les flammes. Il semblait encore en rage. Je décidai de faire le plus sobre possible :
"Potter, le commandant t'attend demain à neuf heures dans son bureau. Ne viens pas plus tôt. On a gagné une semaine de garde, week-end compris. Pas cette semaine, la suivante. A demain."
Il sortit sa tête de la cheminée, sans même daigner me répondre.
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Quand il entra dans la Ruche le lendemain, il avait une expression fermée, et il était clair qu'il n'était pas à prendre avec des pincettes. Il alla directement dans le bureau du commandant, où il resta un bon quart d'heure. Il en ressortit les dents serrées, fusillant du regard les curieux qui le dévisageaient. Quand il vint se planter devant mon bureau, je continuai à consulter mon dossier, attendant qu'il m'adresse la parole.
"Quel est le programme ? finit-il par lâcher.
- Beaucoup de planques et de surveillance", l'informai-je.
Shacklebolt m'avait donné un nouveau planning le matin même. Morrito aussi en avait eu un. Ni l'un ni l'autre ne serions beaucoup à la Ruche les jours suivants. Potter et Malefoy n'étaient pas près de se revoir.
Potter me jeta un regard en coin. Il me lança :
"Désolé pour cela. Pour la semaine de garde, aussi."
Je haussai les épaules :
"Ce qui est fait est fait. Si tu veux prendre un café, c'est le moment. On décolle dans cinq minutes."
La semaine ne fut pas réjouissante. Il pleuvait tout le temps, et on passa notre temps dehors, à faire le pied de grue. Normalement les missions pourries de ce genre sont réparties sur toute la brigade, mais cette fois-ci, Shacklebolt nous les avaient toutes réservées, à nous et au tandem Morrito – Malefoy.
En fin de semaine, Malefoy eut un petit problème. Un matin, alors qu'il se saisissait de sa plume, il se retrouva transformé en âne. La métamorphose dura trois bonnes minutes, durant lesquelles il ne cessa de braire, sans doute des imprécations.
Quand il retrouva sa forme première, il jeta un regard furibond dans ma direction, mais ne put que constater que Potter n'était pas encore arrivé. Je me gardai bien de me moquer de lui trop ouvertement, d'une part pour ne pas jeter d'huile sur le feu, d'autre part parce que mon grade m'obligeait à condamner ce genre de farces en ce lieu et pendant les heures de boulot.
Shacklebolt, très agacé par la tournure que prenaient les événements, demanda à Daniela Freegarden de faire une petite enquête, sans doute plus pour recueillir des preuves que pour savoir qui étaient à l'origine de cette blague. Mais Daniela ne put rien déterminer, si ce n'est que c'est la plume personnelle de Malefoy qui avait été enchantée. On avait dû la lui subtiliser un soir et la ramener le lendemain, dotée d'un nouveau charme. C'est le problème quand un Auror passe de l'autre côté : il connaît trop nos méthodes d'enquête pour laisser des traces compromettantes.
Je me dis que les jumeaux avaient bien travaillé et qu'effectivement, les copains de Potter avaient su être discrets. J'appréciai notamment qu'ils se soient arrangés pour que Potter n'assiste pas au spectacle, la situation étant assez explosive comme cela.
Shacklebolt cependant ne fut pas dupe. Il annonça à la cantonade, alors que les copains de Potter étaient dans le coin, qu'il était hors de question que le différend entre Malefoy et Potter ne désorganise son service.
"Si un autre épisode de ce genre arrive, prévint-il, je les vire tous les deux."
Bones, Thomas et Abbot se le tinrent pour dit et se firent tous petits. Shacklebolt n'est pas du genre s'énerver, ni à s'en prendre à l'un de nous en public. Mais ceux qui en déduisent que le commandant n'a pas d'autorité en sont très vite pour leurs frais.
Le lundi suivant, notre semaine de garde commença. Ce fut épuisant, car nous devions dormir à la Ruche, ne pouvant rentrer chez nous que lorsque nos collègues les plus matinaux arrivaient. Et encore, nous avions tout juste le temps de prendre une douche et de nous changer avant de reprendre notre poste. En temps normal, il est rare d'assurer plus de deux jours de garde d'affilé. Etre désigné pour une semaine entière constituait une véritable sanction.
Je perdis vite le compte des interventions que nous dûmes assurer : bagarres de tavernes, querelles familiales et signalements d'agressions nous occupèrent à plein temps.
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Un jour où nous étions particulièrement mouillés et fatigués, Potter fit remarquer :
"C'est pas juste que tu trinques aussi. C'est moi qui ai essayé de démolir Malefoy, pas toi.
- Moi, je n'ai pas su l'empêcher.
- Tu n'as pas à être responsable de mes actes !
- C'est réciproque, lui expliquai-je. Si je déconne et que tu n'arrives pas à l'éviter, tu seras sanctionné aussi.
- C'est un truc à se prendre en grippe, dis donc.
- Shacklebolt considère, au contraire, que cela rapproche les coéquipiers. Un peu comme l'histoire des points accordés ou retirés aux maisons à Poudlard.
- Ah ! J'avais pas pensé à cela. Mais je ne suis quand même pas convaincu. Tu dois m'en vouloir, non ? objecta Potter, en pleine crise de culpabilité.
- Si c'était le cas, cela voudrait dire que notre association est une erreur et que Shacklebolt ferait mieux de nous séparer, répondis-je. Cela dit, j'aurai préféré dormir dans mon lit, cette nuit. Penses-y la prochaine fois que Malefoy dépasse les bornes.
- Désolé, il a touché un point sensible, et je ne m'y attendais pas. Je n'ai d'ailleurs toujours pas compris pourquoi il s'est énervé. Tu le sais, toi ?"
Je me disais bien aussi, que cela ne ressemblait pas à Potter de balancer des vacheries pareilles. Il faut croire que personne n'avait voulu lui raconter ce qui s'était passé entre les Malefoy pendant la bataille. Et pour tout dire, je n'avais pas spécialement envie de m'y coller.
"Je ne connais pas Malefoy tant que ça", répondis-je évasivement.
Il me dévisagea un instant :
"Tu n'est pas en train de noyer le strangulot, là ?
- Avoue qu'avec ce qui tombe, ce n'est pas trop difficile, éludai-je.
- Tu crois pas que tu devrais m'expliquer ce que j'ai dit de mal pour que je ne recommence pas ?"
Il n'avait pas complètement tort. Je me passerais bien d'autres semaines de garde. Je me lançai :
"Je suppose que tu ne sais pas qui Malefoy a tué pendant la bataille.
- Non. Cela n'a jamais été une préoccupation pour moi.
- C'était Malefoy. Lucius Malefoy"
Potter me dévisagea, clairement horrifié, plusieurs secondes avant de me demander :
"T'es sûr ?
- Oui. Tu sais, quand euh… Quand Tu-sais-qui est mort, tout a changé brusquement. Nous, on s'est sentis plus forts, et les Mangemorts ont commencé à fuir. Sauf un. Il a agressé Malefoy qui, pour se défendre, lui a jeté un maléfice à bout portant. Son attaquant est mort sur le coup. Et quand on lui a retiré sa cagoule, on a vu qui c'était.
- Ils sont vraiment malades dans cette famille ! commenta Potter d'une voix blanche.
- C'était ça ou Azkaban", commentai-je, pensant, quand même, que choisir la main de son fils pour se suicider, n'était pas le signe d'une très bonne relation père-fils.
Je me demandai fugitivement comment Narcissa Malefoy gérait cette situation.
"Je comprends que Malefoy m'en veuille, dit Potter, visiblement pas très fier de lui.
- Epargne-moi tes regrets. Il te lance des saloperies à longueur d'année, alors tu peux bien lui en flanquer une un peu vicieuse dans les gencives, de temps en temps ! Tu vas pas aller lui faire des excuses, quand même.
- Il penserait que je me moque encore de lui, de toute façon."
Je levai les yeux au ciel. Vraiment, parfois, je trouve le sens de l'honneur des Gryffondors complètement ridicule !
"Evite surtout de lui parler. A mon avis, il va un peu te lâcher, maintenant. Alors profites-en. Allez, vois le bon côté des choses ! Dans deux jours, c'est terminé.
- Ouais, heureusement, cela fait cinq jours que je n'ai pas vu Lily. Et Ginny est furax contre moi. On ne fait que se disputer les rares moments où on se croise. Comment Christina prend-elle tout cela ?
- Pas très bien, mais je lui ai dit que c'était entièrement de ta faute, alors c'est à toi qu'elle en veut. T'as du pot qu'elle soit Moldue.
- Ce n'est pas forcément avec une baguette à la main que Ginny est la pire, remarqua-t-il. J'avais jamais remarqué à quel point elle ressemblait à sa mère par certains côtés," conclut-il sombrement.
Je ne connaissais pas très bien Molly Weasley, mais j'imaginais sans mal que le sens de répartie de l'épouse de mon coéquipier devait en faire une redoutable mégère quand elle s'en prenait à quelqu'un. Je tentai de lui témoigner ma sympathie :
"C'est bête que tu ne t'en sois pas rendu compte avant le mariage !
- Je suppose que je l'aurais épousée quand même, soupira-t-il. Mon côté suicidaire, tu sais", fit-il en une pitoyable tentative d'autodérision.
Formidable ! Autant dire qu'il ne fallait pas compter sur cette punition pour lui mettre du plomb dans la tête !
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Le lundi qui suivit notre semaine de garde, Morrito vint m'inviter à prendre un verre, alors que je rangeais mes affaires avant de rentrer chez moi. J'acceptai, sous le regard mécontent de Potter. Je comprenais que cela lui déplaise, vu que, pour lui, mon ancien partenaire était inextricablement lié à son ennemi. Mais cela faisait quinze ans que je bossais avec Morrito, et je n'allais pas me fâcher avec lui parce que nos coéquipiers ne s'entendaient pas. Avant de partir, je m'assurai cependant que Malefoy avait déjà quitté la Ruche.
On est allés dans mon pub habituel. Une fois nos consommations servies, il me lança en levant sa chope :
"Fichus gamins !
- Ouais ! renchéris-je. J'ai plus l'âge d'être de sortie toutes les nuits !
- Qu'est-ce qui s'est passé, exactement ?
- Potter a, sans le faire exprès, évoqué ce qui s'est passé entre les Malefoy pendant la Bataille, répondis-je. Il ignorait cet épisode.
- Pas étonnant que cela ait mal tourné ! Et qu'a répondu Malefoy ?
- Il a laissé entendre que Potter avait fait mourir certains de ses alliés par négligence."
On s'est regardé. Il était évident que Potter n'aurait pas réagi avec autant d'agressivité s'il n'y avait pas eu un petit fond de vrai dans cette accusation. Je me rappelai que, devant moi, Potter avait plusieurs fois exprimé des regrets sur le lourd bilan de la Bataille. Et je revis son épouvantard : sa femme, haineuse, lui reprochant d'être l'assassin de son… Père ? Frère ? Et puis, il y avait Diggory, aussi. Potter se sentait toujours coupable de l'avoir amené au Seigneur des Ténèbres.
Finalement Morrito a haussé les épaules et changé de sujet :
"Tu sais, plus j'y pense, plus je me dis qu'il faut qu'il y en ait un des deux qui s'en aille.
- Je ne pense pas que Potter ait l'intention de démissionner", ai-je rétorqué, plus sèchement que je ne l'aurais voulu
Morrito se mit à rire doucement :
"C'est que tu le défends bec et ongles, ton poulain ! Fais pas cette tête, je ne me fiche pas de toi. Je trouve plutôt sympa que ça fonctionne bien entre vous deux. Pour en revenir à qui doit partir, il est probable que Malefoy n'ait pas envie de rester quand Potter sera appelé à de plus hautes fonctions. De toute façon, je trouve que Malefoy gâche un peu ses talents avec nous. Il serait très bon sur un poste un peu plus politique."
- Ce n'est pas ce que tu disais l'autre jour dans le bureau du commandant.
- L'autre jour, j'avais envie de t'emmerder parce que ton partenaire avait failli massacrer le mien et que t'avais pas été fichu de l'en empêcher."
Ça, je pouvais le comprendre.
" Tu en as parlé à Shacklebolt ? demandai-je.
- Pas encore. Et si tu suggérais à Potter d'intercéder auprès du Ministre pour que Malefoy se voit proposer un poste à hauteur de ses compétences, plaisanta Morrito. Il ne pourrait sans doute pas le lui refuser ?
- Tu sais que c'est une bonne idée, ça !
- Tu penses quand même pas que Potter marcherait dans la combine ! Même pour se débarrasser de Malefoy, je ne le vois pas l'aider à obtenir une promotion.
- Moi non plus. Mais Potter a des amis qui seraient prêts à faire cela pour lui. J'en connais une, justement, à qui le Ministre ne pourra rien refuser.
- Je ne savais pas que tu avais de telles relations, dis donc !
- Je cache bien mon jeu. Mais toi, cela ne t'embêterait pas que Malefoy s'en aille ?"
Morrito haussa les épaules :
"Il fait bien son boulot et c'est un partenaire correct. Mais je commence à en avoir marre de toujours devoir le surveiller quand Potter est dans le coin. J'ai déjà trois gosses, cela me suffit.
- Comment vont-ils ?
- Eh bien l'aîné rentrera à Poudlard l'année prochaine. Les autres font tourner leur mère en bourrique, m'informa-t-il avec un sourire indulgent. D'ailleurs, il ne faut pas que je tarde trop si je veux les voir avant qu'ils ne se couchent."
Il me regarda en dessous avant de me demander :
"Et toi, c'est pour quand ?
- Qu'est-ce qui te fait croire une chose pareille ?
- T'as changé, tu sais. C'est la première fois que tu me demandes des nouvelles de mes gosses. Je t'ai vu écouter Potter et Jones quand ils parlent de leurs bébés. Et puis tu as arrêté de faire le beau dès qu'une jolie fille passe dans le coin."
Je lui jetai un regard offensé tandis qu'il se levait après avoir réglé sa consommation. Je posai à mon tour quelques mornilles sur la table, et le suivis vers la Halle au Poudres.
"C'est la femme qui était avec toi à Pré-au-Lard il y a six mois ? me demanda-t-il, faisant allusion au jour où les Détraqueurs nous avaient attaqués.
- Oui.
- Elle est Moldue ?
- Quel fin limier ! T'as jamais pensé à devenir Auror ?
- Si elle était pas Moldue, pourquoi tu aurais besoin d'un téléphone moldu, hein ?
- Ça va, j'ai compris, tout le monde est au courant !
- Ça te gêne ?"
Je réfléchis un moment avant de répondre :
"Plus maintenant.
- Comment a-t-elle pris la révélation que tu étais sorcier ?
- Pas trop mal, répondis-je en souriant. Elle avait imaginé des trucs tellement tordus pour expliquer mon étrangeté, qu'elle était prête à accepter n'importe quoi. Elle se débrouille plutôt bien chez nous, conclus-je avec fierté.
- J'en suis heureux pour toi.
- Merci", répondis-je, un peu gêné.
Même du temps où nous étions partenaires, nous n'abordions pas de sujets personnels. Il faut dire qu'à l'époque, j'avais pas grand-chose à raconter et que sa vie familiale ne me passionnait pas.
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Décidé à battre le fer pendant qu'il était encore chaud, j'envoyai dès le lendemain une note interne à Hermione Granger-Weasley pour la prier de m'accorder un peu de son temps à l'heure du déjeuner. Elle me répondit qu'elle serait libre le jeudi midi. Je l'invitai à manger dans une taverne assez en vue sur le Chemin de Traverse, où Potter ne mettrait sûrement jamais les pieds du fait de sa popularité.
Elle arriva un peu en retard, toute essoufflée. Elle s'excusa et, après avoir commandé et échangé les banalités d'usage, j'entrai dans le vif du sujet.
"Vous devez être au courant de l'incident d'il y a deux semaines entre Potter et Malefoy.
- Bien sûr. Il s'est encore passé quelque chose ?
- Non. Pour le moment, nous évitons de les mettre en présence l'un de l'autre. Mais nous ne pourrons pas faire cela éternellement.
- Que suggérez vous?
- Si Malefoy avait une proposition de poste intéressante dans un autre service, cela réglerait définitivement le problème."
La jeune femme me considéra pensivement.
"Vous voudriez que je demande à mon beau-frère de pistonner Malefoy pour qu'il accepte de quitter le corps des Aurors et laisser le champ libre à Harry.
- Disons que ce serait reposant pour tout le monde.
- C'est déjà à l'étude."
Je ne mis que quelques secondes à deviner :
"Shacklebolt ?
- Percy ne me l'a pas dit, mais c'est probablement lui qui lui en a parlé le premier, confirma Granger.
- Et qu'en pense le Ministre ?
- Que la famille Malefoy est alliée à un certain nombre de familles sorcières européennes de haut rang. Ce serait dommage de ne pas utiliser ce genre de relation.
- Carrière diplomatique ?" demandai-je.
Mais Malefoy était-il si doué que cela dans ce domaine ? Dans un premier temps je fus tenté de répondre par la négative. Quoique si Malefoy était moitié aussi bon pour charmer son interlocuteur que pour faire sortir Potter de ses gonds, il ferait un bon diplomate, finalement. Et puis il était Serpentard, après tout ! La question était de savoir s'il était d'accord pour mettre son petit talent au profit de notre communauté.
"Quelques missions pour commencer, confirma Granger. Mais d'ici quelques mois, il se pourrait que ce cher Drago bénéficie d'une promotion inespérée. Enfin, tel que je le connais, il la trouvera parfaitement normale, grimaça-t-elle.
- Il y a des chances, oui, admis-je.
- Enfin, ce sera un moindre mal. Et puis quand il est content de lui, il est infiniment moins dangereux que lorsqu'il a quelque chose à prouver.
- C'est dommage qu'on y ait pas pensé avant, remarquai-je.
- Au début, c'était plutôt une bonne chose, cette constante rivalité. Harry ne savait plus trop où il en était, et la présence de son ennemi le stimulait. Mais maintenant, il n'a plus besoin de ça. Il sait où il va et pourquoi il le fait."
Le cas de Potter devait être désespéré pour que ses amis en soient réduits à lui infliger Malefoy comme thérapie. Ce que j'avais appris de mon partenaire au cours de ces deux dernières années justifiait largement qu'il ait été dans un sale état, mais je n'avais jamais pensé que son ennemi ait pu jouer un rôle positif dans son actuelle normalité.
Comme quoi, c'est toujours utile d'avoir un Serpentard sous la main !
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03/05/2005 : Bonjour à tous.
Alors, heureux ? Vous l'avez eu votre affrontement entre Harry et Malefoy. Depuis le temps que vous me le demandiez. Mais si la réaction de Harry et ses conséquences sont écrites depuis longtemps, je n'arrivais pas à faire démarrer la scène. Il m'a fallu l'aide de Calimera et de Fenice pour trouver comment mettre les deux protagonistes suffisamment hors d'eux pour qu'ils dépassent les limites qu'ils avaient toujours respectées.
Vous le savez, j'ai repris le travail. Pour le moment, c'est une reprise en douceur. Je suis au siège de ma société, au lieu d'être envoyée chez un client et je vais suivre une série de formations. Au programme, html et java (oui, je suis dans l'informatique, malgré mes études de droit).
08/05/2005 : nouvelle mise en ligne pour corriger des fautes qui ont échappé à la première relecture, et changer le titre.
Et les réponses à mes chers lecteurs :
Milenaz : Merci pour tes compliments qui m'ont touchée. Je suis contente que tu apprécie à ce point Will.
Namyothis : Contente de te retrouver. Oui Poudlard, ce sera dans 15 jours
Aresse : oui, selon mon super calendrier créé sous Excel(couleur de fond pour matérialiser les chapitres, commentaires pour les événements), le tandem Willy-Harry entame sa troisième année. Le mariage et la paternité…Willyboy est pas tout à fait prêt, là !
Atalante : on reverra Rogue à Poudlard. Lui et harry auront quelques échanges qui devraient vous plaire.
Bruno-Pier : Mariage et naissance… euh moi aussi je me demande comment on va les aborder. Ce n'est pas encore écrit…
Angie Black : Comme tu dis, Malefoy harry… ils n'évoluent pas beaucoup….
Hinkyponk : Willy aussi prenait sa sœur pour une gentille femme au foyer. Il est très aveugle sur certaines choses. Et comme tu dis, les Serpentard ne sont jamais simples…
Minuial : Tes compliments, même simples me font très plaisir.
Frudule: On retrouve encore Malefoy, mais sans doute pour la dernière fois. Ce personnage ne m'inspira pas énormément, alors je crois que je vais l'éloigner un peu. Je crains que Willyboy ne soit pas très enclin à avoir ce genre d'envie. Mais nous en reparlerons dans le chapitre suivant.
dadmax : Oui, on va vers la fin, mais grace aux 4 chapitres que j'ai écrits sur une enquête à Poudlard, je resterai encore quelques semaines avec vous. Cela te fait plaisir, j'espère.
dreyd : L'avantage de l'absence, c'est qu'on a plein de chapitres à rattraper !
Wyneak : Les chapitres arrivent toutes les semaines. Sauf imprévu insurmontable, c'est une valeur sure. Je ne peux que t'encourager à aller lire mes favoris (va lire la Déclaration de guerre !). Non, dans cette fic, je ne développerai pas sur Malefoy. Eventuellement dans une chronique, quand MSB sera terminé, mais je ne promet rien. Les jumeaux, je n'ai rien en vue, mais je n'ai pas terminé. Je crois surtout qu'on parlera de leurs blagues, mais hors de leur présence.
Patacitrouille : Merci ! A mardi prochain.
Qc-HP : Merci de tes encouragements.
Lyane : Les chapitres sont effectivement de plus en plus long. J'ai de plus en plus de choses à dire. Pour els badges, j'avais envie de montrer comment hermione faisait un métier "utile", ainsi qu'elle en fait le souhait dans le tome 5.
Ryan : Pas retrouvé ta review, mais tu sais que FFnet nous fait des blagues parfois.
Amy Keira : Contente que tu aimes toujours.
Lunenoire : Willy est macho et il fait bien admettre qu'en plus Christina n'est pas très intéressée par les histoires d'argent…
Angel's Eyes : Oui, les bébés, ça change les gens… ils se mettent à raconter plein d'anecdotes qui n'intéressent personne…;-)
Milie : Faut pas culpabiliser, je te lis toujours avec plaisir, mais l'essentiel est que tu prenne du plaisir à lire. Mon travail n'a rien à voir avec celui de Christina, je bosse dans l'informatique, mais j'ai vu l'atelier d'une amie bijoutière quand j'ai dessin avec elle ma bague de fiançailles.
Draya Felton : j'ai essayé de changer le moins possible vos habitudes.
Elmire : Merci de ton long exposé qui m'a beaucoup intéressé. Mais je fais pas de commentaires, j'ai pas le temps.
mate : merci de ton mot.
Lily Petite Etoile : C'est pas grave, mes réponses ne sont pas longues non plus.
lucendiluna : Je ne m'arrête pas en cours de route, mais il faut bien terminer les histoires… (oui, c'est une très gentille review)
Fenice : Effectivement, cette semaine, j'ai plus de repères que d'habitude… pour ton résumé… ça enlève le peu de suspense qu'il y a, non ? Vais réfléchir…
Dawn456 : Je suis contente que tu apprécie le côté réaliste que je m'efforce de mettre dans mes histoires.
Allima : Merci pour la promotion du guide. Personnellement, ce que je trouve le plus pratique, c'est pas les favoris, c'est les alertes. Le fait que Lily ne soit pas connue du grand public ne me paraît pas triste, si on considère qu'elle a une grand-mère attentionné, des oncles, des tantes, sans compter des parents fous d'elle.
La p'tite Lili : Bon courage pour tes concours (c'est quoi ?)
Kazy : Des réflexions sur Harry à Willy… j'y ai pas pensé, c'est bête !
Antadelie : Merci.
Malice : La discussion sur Sirius viendra plus tard, là j'ai pas réussi à la caser.
mushu : merci
kobe23 : Dans Après la bataille, je décris Lily avec les yeux et cheveux de Harry et des taches de rousseur Weasley.
Gaby B : merci d'avoir sauté le pas et de t'être fait connaître.
6eireann : Attendre et savoir le délai est une chose que j'apprécie beaucoup quand je lis des fics.
beru ou bloub : Personnellement, je n'essaie jamais de deviner la suite des histoires. Je préfère le découvrir en les lisant.
Zabou : merci
Kaorulabelle : merci
calimera : t'en fait pas pour les délais, c'était juste à temps. Pour les dossiers, cela ne se fait pas ! On ne reclasse pas les dossiers des autres sans leur demander lol ! Le bonheur, c'est un truc qui se raconte pas, c'est sur. Bises
Fee Fleau : J'adore les reveiws- j'adore-ce-que-tu-fais
Steamboat Willie : Yeah, un Willy en grande forme on a ! Christina aura peut-être d'autres projets avant de faire fortune Chemin de Traverse…
Chiffonnette : Bon, pour Harry/drago, tus sais à quoi t'en tenir maintenant. Shacklebolt/Tonks; on voudrait un dénouement heureux, mais cela fait beaucoup de maraige, tu ne trouve pas ? Alors je les laisse être heureux dans leur coin.
