- MON SORCIER BIEN-AIMÉ -


Disclamer : la plupart des lieux et personnages viennent de l'univers créé par J.K Rowling.

Je dois également beaucoup à mes relecteurs : Monsieur Alixe, Fenice et Calimera

Résumé de la semaine : Quand Harry Potter, Auror débutant et Gryffondor puritain, est confié à William Stratford, Auror confirmé, tombeur de ces dames et Serpentard borné, qu'est-ce que cela donne ? Une histoire d'amitié, peut-être (d'après Eiream).


Enquête à Poudlard (4)

Ce lundi matin, avant de retourner à Poudlard, je passai par la Ruche. En effet, cela faisait cinq semaines que nous enquêtions, et Shacklebolt voulait discuter de vive voix de l'avancée de notre enquête. Potter arrivait directement de l'école où il avait assuré la garde pendant la seconde partie de la nuit. Quand nous nous retrouvâmes dans son bureau, le commandant avait sous les yeux les rapports que nous lui avions envoyés hebdomadairement.

Après avoir rapidement expédié les politesses d'usage, le commandant me demanda de résumer la situation. Je lui parlai des manifestations nocturnes du château, de la discussion que nous avions eue avec Rogue et de notre déduction selon laquelle Poudlard servait de pentacle géant. Puis j'exposai nos récents soupçons concernant Bianca Grahams. Le commandant, qui n'avait pas encore pris connaissance du rapport couvrant la semaine passée, se fit plus attentif encore.

J'abordai le curieux comportement de la professeur de défense contre les forces du Mal à notre égard :

"Pendant que je parlais avec mes neveux, racontai-je, Potter a raccompagné Grahams. Il a dû interrompre l'interrogatoire quand elle s'est livrée sur lui à une tentative de séduction."

Le commandant haussa un sourcil et se tourna vers Potter, qui se trémoussa sur sa chaise et ne sembla pas souhaiter ajouter quoi que ce soit.

"C'est ennuyeux, finit par lâcher le commandant.

- En fait, précisai-je, elle en avait fait autant avec moi la semaine précédente.

- Ce n'est pas dans le rapport que tu m'as remis lundi dernier ! s'étonna Shacklebolt.

- Je pensais que cela n'avait aucun lien avec l'enquête. Mais maintenant, je me pose des questions.

- Elle a pu simplement… se sentir esseulée, nota le commandant.

- Potter semble persuadé que la magie de son bonnet, qu'il portait au moment des faits, est propre à le préserver de ce genre d'engouement."

Sous le regard interrogatif du commandant, Potter lui vanta les propriétés de son couvre-chef. A la lueur qui s'alluma dans l'œil de notre supérieur, je me dis que les deux maîtres-farceurs allaient encore devoir décliner une commande.

Quand Potter eut terminé, j'enchaînai sur la fouille que nous avions pratiquée dans les appartements privés de cette chère Bianca.

"Cela n'a pas donné grand chose, à part la découverte d'un livre de potions ne cadrant pas avec l'aversion qu'elle m'a avouée pour cette matière et celle d'une correspondance privée, à première vue, amoureuse. L'auteur des lettres est la personne sur laquelle je t'ai demandé des renseignements, jeudi dernier. Tu as les infos ?

- Oui, me répondit Shacklebolt en dégageant un des parchemins qui étaient posés sur son bureau. Il travaille ici, au Ministère, dans le service des accidents magiques, d'ou vient Grahams. Nous n'avons rien trouvé de spécial à son sujet, pour le moment. Vous êtes sûrs que les lettres étaient anodines ?

- J'en ai mis une copie avec mon rapport, indiquai-je. Tu pourras les étudier.

- Bien. Vous n'avez pas avancé depuis ?

- On la surveille toutes les nuits, grâce à la carte magique de Potter. Mais pour l'instant elle n'a pas bougé, et on n'a pas eu d'autre manifestation de magie sauvage. On continue à fouiller le château. On n'a rien découvert de suspect. Par contre, les relais d'obsidienne que nous avons repérés rendent notre hypothèse de pentacle crédible. Mais nous n'en avons pas découvert assez pour déterminer le centre du pentagramme."

Le commandant resta un instant songeur.

"Vous allez continuer vos recherches dans le château, décida-t-il, et de mon côté j'essaie d'en savoir plus sur cette femme. Vous voulez du renfort ?"

Je pesai le pour et le contre.

"Nos nuits sont un peu courtes, mais j'ai l'impression qu'elle nous prend pour des idiots, alors inutile de la rendre méfiante en amenant de nouvelles têtes, répondis-je.

- Deux Aurors, ce n'est pas beaucoup pour un si grand château, insista le Commandant.

- McGonagall le préfère ainsi. Et puis, j'ai lancé comme un jeu avec mes neveux et leurs copains. Ils doivent me prévenir s'ils voient quelque chose sortant de l'ordinaire. Ils sont jeunes, mais ils vivent neuf mois de l'année sur place, alors ils sont sans doute plus efficaces que nous pour repérer les anomalies.

- Cela n'a toujours rien donné ? demanda Potter.

- Non, hélas. Y'en a juste un qui a parlé de fourmis n'allant pas vers la bonne direction. Pas très concluant, je l'admets.

- Mais tu ne m'en as pas parlé ! s'indigna Potter.

- Où est le problème ? Les fourmis, c'est ton dada ?

- Non, dit Potter d'une voix excitée, mais quand le basilic sortait de la Chambre des Secrets, les araignées fuyaient le lieu par lequel il débouchait dans les couloirs. Et si les fourmis s'éloignaient des lieux où se concentre la magie noire, cela pourrait expliquer un changement de comportement, non ?

- Tu penses suivre le chemin inverse des fourmis pour déterminer où est le centre du pentacle ? demanda le commandant.

- C'est une idée comme une autre, non ?

- Pourquoi pas ? acquiesçai-je. On va essayer de mettre discrètement la main sur le copain de mon neveu.

-Ce sera sans doute inutile, reprit le commandant, mais j'aimerais que vous fouilliez les appartements de tous les autres professeurs. Ce serait trop bête de passer à côté d'une autre piste.

- Même celui de McGonagall ? demanda Potter. Je doute que nous puissions le faire sans son accord. La magie pour le protéger est sans doute très forte.

- Je pense qu'on peut considérer Minerva comme au-delà de tout soupçon, admit Shacklebolt.

- Eh bien, on ne va pas s'ennuyer cette semaine", conclut Potter.

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En sortant du bureau de Shacklebolt, nous sommes tombés sur Ben Tarvi. Enfin, dire qu'il nous tomba dessus serait plus juste.

"Bon sang Potter, lança-t-il sans préambule, quand est-ce que tu reviens ? Tu te rends compte qu'on est en plein Championnat ?

- Bonjour, Tarvi, répondit mon partenaire sans se laisser démonter. Je suis sûr que Reeves me remplace très bien"

Quand il avait intégré l'équipe, plus de deux ans auparavant, c'est Deborah Taylor qui était la doublure de Potter en cas d'empêchement. Mais elle avait laissé tomber, et c'était un de nos jeunes collègues qui la remplaçait désormais. Ben, cependant, n'avait pas eu à se passer souvent de Potter lors d'un match officiel. Généralement, le commandant s'arrangeait pour que nos tours de garde soient compatibles avec les obligations sportives de mon coéquipier.

"Reeves a parfaitement assuré il y a deux semaines, concéda Tarvi, mais ne fera pas le poids face au département des Sports samedi prochain. Je veux que tu joues ce match. Tu peux bien te libérer pour trois heures, non ?

- Je suis désolé, répondit fermement mon partenaire, mais je ne peux rien te promettre."

Le ton sérieux de mon coéquipier sembla convaincre l'excité du balai qui se calma un peu :

"Bon, si c'est si grave que ça, on se débrouillera. Fais attention à toi, hein ! conseilla-t-il, avant de foncer sur Reeves qui arrivait, sans doute pour lui mettre un peu plus la pression.

- Cela fait combien de temps que tu n'es pas allé à l'entraînement ? demandai-je à Potter.

- Depuis qu'on est à Poudlard, c'est-à-dire plus d'un mois. J'essaie de passer le maximum de temps avec ma famille quand je rentre. Et Lily est trop petite pour qu'on l'emmène au stade."

C'est le problème avec les enfants, il y a plein de choses que l'on ne peut plus faire à cause d'eux.

"C'est pas grave, m'assura-t-il. Je me rattraperai après."

J'en doutais fortement, mais je n'allais pas le décourager. Il alla saluer ses amis Thomas, Bones et Abbot et nous sommes repartis vers Pré-au-Lard.

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Quand nous sommes arrivés à Poudlard, nous avions raté le petit-déjeuner et, de ce fait, l'occasion de parler à Titus. Nous sommes allés interroger Summersby, le garde-chasse, sur les mœurs des insectes. Nous n'en tirâmes rien de concluant.

A la fin du déjeuner, j'allai voir Octave et lui donnai discrètement rendez-vous entre la fin des cours et le dîner, dans un couloir qui débouchait près de la classe de Métamorphose où il suivrait son dernier cours de l'après midi. Je lui recommandai d'amener son copain adorateur des hyménoptères.

Les deux gamins nous rejoignirent à l'endroit prévu. Potter-Evans les fit entrer dans une classe vide et leur servit la version que nous avions mise au point :

"Si j'en crois vos observations, la magie que nous utilisons pour renforcer les protections de l'école a dérangé une colonie de fourmis. Cela signifie que nous avons légèrement déplacé les défenses du château. Nous aimerions remettre les choses en place. Pourriez-vous nous indiquer où vous avez constaté ce phénomène ?

- Dans les sous-sols", indiqua le jeune Richard-John Cooper, l'ami de mon neveu.

Je sortis un de nos plans et lui demandai de nous montrer le lieu exact. Il tourna plusieurs fois la carte avant de se repérer, puis indiqua un point.

"J'étais là quand je les ai vues. Je revenais d'un cours de potions.

- Dans quelle direction, allaient-elle ? Où auraient-elles dû se rendre ?"

Son doigt suivit un chemin sinueux :

"Je ne sais pas exactement où est la fourmilière, mais normalement, elles suivent ce chemin, dans les deux sens quand elles vaquent à leur affaires. Ce jour-là, elles allaient toutes dans la même direction, comme si elles fuyaient leur nid. J'ai même eu l'impression qu'elles emportaient leurs œufs avec elles.

- C'était quand ? demanda Potter-Evans.

- C'était juste après la nuit où tout s'est mis à bouger, me répondit le gamin. Cela a-t-il un rapport ?

- C'est possible, car nous avons activé certaines défenses, cette nuit là, expliquai-je, brodant sur notre version officielle. Sans doute avons-nous légèrement modifié le tracé original qui passe maintenant sur le nid des fourmis, ce qui est très désagréable pour elles. Nous allons le remettre en place le plus rapidement possible. Merci de ton aide.

- Il a gagné quelque chose ? demanda Titus.

- Quelles sont tes friandises préférées ? demanda Potter.

- Les Dents de vampire, répondit Cooper.

- Tu vas sans doute recevoir un paquet demain ou après demain, lui promit mon coéquipier.

- Oh, chouette !

- J'aimerais que vous ne parliez de cette conversation à personne, spécifiai-je, tentant de prendre un air embarrassé. Ce n'est pas la peine que tout le monde sache que nous avons fait une petite erreur.

- Salamandre et vipère, couleuvre et orvet, que je sois empoisonné, si je viole le secret ! s'écrièrent les deux gamins d'une seule voix.

- Par le venin de l'aspic et les anneaux du python, le serpent sera vengé, si vous révélez le secret !" répondis-je rituellement, avant de tracer avec eux le signe approprié, sous le regard éberlué de Potter.

Après avoir vérifié que la voie était libre, je fis sortir les deux garçons en leur recommandant de ne pas arriver en retard au dîner.

"Salamandre et vipère ? demanda Potter, qui semblait trouver cela très drôle.

- B'en quoi, vous avez pas de rituel chez les Gryffondor ? demandai-je. Et puis ça vaut bien tes "intentions mauvaises" et ton "forfait accompli"

- C'était une plaisanterie entre les Maraudeurs, répliqua Potter de mauvaise foi. Vous aimez tant que cela les serpents à Serpentard ? demanda-t-il plus perfidement.

- Ce n'est pas moi qui discute avec, répliquai-je, lui clouant le bec. Bon, on y va. Pas la peine d'attirer l'attention de Grahams en nous mettant en retard."

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Après le dîner, nous sommes retournés dans notre appartement pour étudier sérieusement nos cartes, à la lueur des indications du copain de mon neveu.

"On se retrouve toujours dans le coin appartements de Rogue, fis-je remarquer.

- Pas tout à fait, réfuta Potter. C'est bien dans le couloir qui dessert les cachots, mais sensiblement plus loin. Et tu vois, ça, là ? C'est une volée de marche. Ce n'est même pas au même niveau.

- Il ne nous a peut-être pas montré toutes ses pièces secrètes, ton cher professeur", insistai-je.

Potter haussa les épaules.

"De toute façon, ce n'est pas tant l'endroit qui compte que la personne qui s'y rend. Bon, prenons pour hypothèse que le centre du pentagramme est bien à cet endroit. Où seraient placés les relais qui nous manquent ?"

Nous avons pris une règle et un compas et avons finalement réussi à définir un pentacle dont les pointes et points d'intersection passaient bien par les relais que nous avions repérés. Il ne nous restait plus qu'à aller vérifier sur place si les autres étaient bien aux endroits prévus.

Je décidai de remettre cette vérification au lendemain, préférant ne pas interrompre la surveillance nocturne que nous avions instaurée, depuis une semaine, autour de la professeur de défense contre les forces du Mal. Mais, cette nuit là non plus, nous n'enregistrâmes aucun mouvement de sa part.

Le lendemain, nous avons parcouru tout le château pour confronter notre hypothèse à la réalité.

Tous les relais se trouvaient là où nous les attendions.

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Les jours qui suivirent cette découverte furent bien remplis. Nous avons commencé par aller jeter un coup d'œil à l'endroit que nous désignait le pentacle. Mais notre prospection ne donna rien. Nous ne trouvâmes que des salles de classes désaffectées et des murs suintants d'humidité.

Maintenant que nous savions plus précisément ce qui était à l'œuvre, nous avons également entrepris, aux heures où les professeurs étaient disponibles, de procéder à de discrets interrogatoires. Mais aucune de nos conversations ne nous apprit quoique ce soit sur le sujet qui nous intéressait.

Je décidai alors de nous atteler, sans plus tarder, à la visite des appartements des professeurs.

Celui de Chourave était truffé de plantes en pot et nous pûmes admirer toutes les coupes que la professeur Bibine avait gagnées alors qu'elle était joueuse professionnelle de Quidditch, quelques vingt ans auparavant. La femme et la fille du professeur Ascii nous saluèrent de la dizaine de cadres qui décoraient la chambre et le bureau de leur mari et père.

L'intérieur du Professeur Binns était minimaliste. Sans doute les fantômes avaient-ils peu de besoins. Celle du professeur de Runes était dans un désordre épouvantable. Nous fûmes surpris de découvrir la passion de Sinistra pour la musique. Quand au Professeur Vector, nul n'aurait pu deviner qu'elle portait des vêtements de nuit aussi affriolants. Je notai que même le puritain Potter ne la regardait plus du même oeil, après notre visite chez elle.

La chambre de Trelawney fut sans surprise. Elle était d'un mauvais goût effrayant et empestait l'encens. Celle de Pomfresh était aussi nette que sa propriétaire, et il fallait slalomer entre les livres dans celle de madame Pince. Quand à l'antre de Rusard, elle empestait le pipi de chat et les magazines cachés sous son lit révélaient une tendance marquée pour les fouets et les chaînes, et pas seulement dans le cadre éducatif.

Nous profitâmes d'une virée de Summersby dans la forêt interdite pour visiter sa cabane. Soit il avait des goûts particuliers en matière vestimentaire, soit il avait une petite amie qui entreposait robes et sous-vêtements de rechange chez lui.

Les heures nocturnes que nous passions penchés sur nos cartes complétèrent notre connaissance des mœurs des professeurs. Nous savions que le professeur McGonagall travaillait très tard dans son bureau et que la visiteuse occasionnelle du nouveau Gardien des clés de Poudlard répondait au doux nom de Carolyn Slodaska. Elle habitait Pré-au-Lard et était serveuse dans un salon de thé de madame Piedoddu, si l'on en croyait nos collègues que Shacklebolt avait envoyé enquêter sur son compte, à notre demande. Et nous ne tardâmes pas à constater que la lingerie fine de la professeur d'arithmencie semblait très appréciée par professeur de Runes.

En résumé, nous aurions pu écrire une thèse sur les mœurs des professeurs des écoles magiques du début du XXIème siècle, mais nous n'avions pas avancé d'un pouce dans notre enquête.

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Une fois notre tour des lieux privés terminé, nous sommes retournés fouiller à fond l'endroit suspecté du premier sous-sol. A cette occasion, je m'aperçus que, contrairement à d'autres endroits du château, ces lieux m'étaient plus familiers qu'à Potter. Je me rendis même compte qu'il n'aimait pas trop se trouver à ce niveau.

"Tu n'aime pas te sentir enfermé ? finis-je par demander.

- Pourquoi tu me demandes ça ?

- Je te sens nerveux, ici.

- Oh, c'est plutôt à cause des souvenirs que j'ai, attachés à cet endroit.

- Parce que c'est l'étage des Serpentards ?

- Non, c'est surtout parce que les cours de Potions n'étaient pas vraiment réjouissants.

- Rogue était si pénible que ça ?

- Et pire encore !.

- Mais le cours en lui-même devait être intéressant, non ? D'après ce que j'ai vu de son labo, c'est un vrai spécialiste.

- Franchement, tu trouves passionnant de touiller dans des chaudrons malodorants, toi ?

- Oui. Je trouve fascinant de voir les produits se modifier en se mélangeant ou en étant soumis à une cuisson particulière. Savoir que les préparer différemment aurait donné un résultat complètement autre. Soulager une douleur, transformer un sentiment, ou simplement préparer un mets délicieux, juste en utilisant ce que nous avons sous la main, sans magie… oui, j'ai toujours trouvé cela captivant, conclus-je un peu embarrassé de m'être laissé emporter par mon enthousiasme pour ma matière de prédilection.

Potter semblait amusé par mon élan.

"Cela doit t'intéresser la technologie moldue, non ? me demanda-t-il.

- Disons que l'ingéniosité moldue m'impressionne beaucoup. Cela dit, pour certaines tâches, c'est quand même plus pratique d'être sorcier. Leurs usines à électricité, leurs infrastructures pétrolières, c'est quand même bien compliqué. D'un point de vue technologique c'est prodigieux, mais la campagne serait plus jolie sans ces pylônes qui la défigurent et les villes seraient moins nauséabondes sans les échappements des voitures."

Il me contempla un moment et finit par lâcher, avec un petit sourire :

"Je suis certain que ce qui te gêne dans la science moldue, c'est que tu te sens dépassé. Dans le monde de la magie, tu ne sais pas tout faire, mais tu connais toujours plus ou moins le principe."

Je haussai les épaules.

"Dis Stratford, reprit-il, t'as pas de souvenirs de ta scolarité ici ?

- Si bien sûr, mais elle a été moins mouvementée que la tienne.

- Il y a pas mal d'épisodes dont je me serais bien passé, tu le sais bien. Allez, raconte-moi au moins un truc sympa que t'as fait à l'époque."

Bon, il l'avait voulu !

"Une fois on a mis une potion colorante invisible sur le banc de la table des Gryffondors qui se sont promenés toute la journée avec du rouge sur les fesses. Il leur a fallu des heures pour trouver la recette du dissolvant."

Potter éclata de rire.

"Ça a dû être marrant !

- Hum ! Ton père et ses copains semblaient assez vexés d'être les victimes d'une blague, à leur tour.

- Bof, ça leur a fait les pieds ! J'ai cru comprendre que mon père et Sirius avaient un peu la grosse tête quand ils étaient à Poudlard !

- Comme tu sais ça, toi ?" m'étonnai-je.

Jusqu'à maintenant, il m'avait semblé avoir une vision plutôt idéalisée de ses parents et de leurs copains.

"Je l'ai appris de façon assez violente en regardant dans une Pensine qui ne m'appartenait pas, m'avoua-t-il en grimaçant. Sur le coup, je l'ai assez mal pris, mais avec le recul… Ils étaient jeunes, après tout, et je sais qu'en grandissant, ils se sont améliorés. Tu as d'autres souvenirs amusants ?

- Tu sais, nous aussi, on avait Voldemort. Il y avait des moments d'insouciance, parce qu'on était des gosses, bien sûr. Et puis une mauvaise nouvelle dans le journal faisait revenir la peur, ravivait les deuils, relançait les polémiques. Et crois-moi, ceux qui était attirés par le Seigneur des Ténèbres, n'était pas seulement à Serpentard."

Potter soupira :

"Je le sais bien. De notre temps aussi, c'était moins simple qu'il n'y paraissait."

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Un soir, alors que je m'apprêtai à me coucher, laissant Potter assurer la première garde, je l'entendis s'exclamer :

"Mais à quoi elle joue, celle-là ?

- Que se passe-t-il ? m'enquis-je.

- C'est Trelawney. Elle est dans la salle des Miroirs, diagnostiqua-t-il. Mais qu'est-ce qu'elle fout là ?

- C'est quoi la salle des Miroirs ?

- Tu ne te rappelles pas ? On l'a déjà contrôlée. Il y a des centaines de miroirs qui te reflètent dans des costumes divers, quand tu te regardes dedans.

- Tu crois qu'elle s'admire ? demandai-je sceptique.

- Que veux-tu qu'elle fasse d'autre ? Tu as vu où c'est ? C'est presque au bord du pentacle.

- Peut-être, mais nous devons en avoir le cœur net. Prends ta cape et vas voir."

Il alla dans sa chambre pour chercher sa cape, tout en grommelant que décidément, cette vieille folle ne ratait pas une occasion de lui casser les pieds, puis il se glissa hors de notre appartement.

Je suivis le point qui le représentait sur sa carte magique et pointait en parallèle les plans que nous avions dressés pour suivre sa progression à travers le château. Je notai qu'il prenait le maximum de passages secrets. Cela ne l'empêcha pas de tomber sur le concierge.

Dans un premier temps, les rondes de ce dernier m'avaient tracassées, mais Potter m'avait assuré qu'il était cracmol et qu'il ne pouvait en aucun cas être celui que nous recherchions. En tout cas, l'irascible cerbère passa à proximité de mon coéquipier sans le voir. Il me sembla que la chose pelée qui lui servait de chat restait un moment autour du point qui représentait mon partenaire. Mais le sac à puce déguerpit tout à coup, et je supposai qu'il s'était pris un coup de pied surgi du néant.

Potter arriva bientôt auprès de Trelawnay. Il resta un moment auprès d'elle puis revint, passablement agacé de s'être dérangé pour rien :

"Complètement barge, grogna-t-il. Elle se fait des mines devant le miroir de l'époque de Charles VIII, des danses indiennes en s'admirant en sari, prend des poses en toge romaine. Bon sang, je vais faire des cauchemars toute la nuit, moi !"

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Le lendemain, j'insistai pour que nous allions vérifier les lieux. De meilleure humeur que la nuit précédente, Potter regardait désormais les miroirs avec complaisance.

"Je ne te savais pas si coquet !" lui lançai-je moqueur.

- Très drôle. En fait, je viens de me rappeler que c'est ici que j'ai emmené Ginny lors de notre premier rendez-vous.

- Ah oui ? Elle a apprécié ?

- Oui, je crois. On s'est bien amusés ! Avoue que ce n'était pas une mauvaise idée !

- Si j'en juge par ton air complètement stupide, tout s'est passé comme tu le l'espérais. C'est après t'avoir vu en viking, qu'elle t'est tombée dans les bras ?

- Il ne s'agissait pas de cela, m'opposa-t-il. Je voulais juste, eh bien… que nous passions un bon moment. Qu'elle ne parte pas en se disant que j'étais nul !

- Tu avais si peu confiance en toi ?

- Nos rapports étaient assez tendus depuis l'été précédent. Sans doute de ma faute, d'ailleurs. Elle m'attirait, mais comme je ne voulais pas sortir avec elle, je ne lui disais que des vacheries.

- Si tu ne voulais pas sortir avec elle, pourquoi l'as- tu invitée dans cette salle, alors ?

- Elle a beaucoup insisté. Enfin, je veux dire… Elle a réussi à me convaincre qu'elle pourrait m'aider. Je ne voulais l'aide de personne… mais j'en avais terriblement besoin."

A la fin de sa phrase, sa voix s'était ralentie, comme s'il tentait, six ans après, de comprendre ce qui s'était passé cette année là. Il reprit :

"C'est idiot à dire, mais… c'est la seule qui a su m'engueuler pour les bonnes raisons."

Effectivement, je trouvais un peu idiot de demander à la fille qui vous engueule le mieux de sortir avec vous, aussi je ne répondis pas.

"C'est une situation effrayante que de ne pas pouvoir faire confiance à ses amis, continua Potter, fixant sans le voir le miroir qui lui faisait face. Mes ennemis, j'avais l'habitude… Ils m'accusaient de faire mon intéressant, de rechercher la gloire… "

Il grimaça.

"Ce n'était pas agréable, bien sûr, mais j'arrivai à le gérer. Non, le pire, c'était la confiance aveugle que mes amis avaient mise en moi, reprit-il en secouant la tête. Ils ne semblaient pas douter de ma victoire. Et ils ne me reprochaient jamais rien."

La voix sembla lui manquer.

"Les autres mouraient, mais ce n'était pas ma faute. 'Tu as fait ce que tu as pu Harry, tu n'y peux rien', minauda-t-il, presque en colère. Mais comment savoir que je me trompais, si personne n'osait me faire de reproches quand cela m'arrivait ! Quand j'étais de mauvaise humeur, tout le monde parlait bas. Ils étaient si compréhensifs. Et je me sentais coupable de leur reprocher cela, car ils m'aimaient vraiment. Et moi, quel ami était-je pour ne pas leur faire confiance ? Pour me sentir mal en leur présence ?"

Il se tut enfin et je n'osai briser le silence.

"Ginny n'était pas comme cela, reprit-il. Elle m'en voulait. Parce que cela faisait plusieurs années que je l'intéressais et que je ne la regardais pas. Que son béguin pour moi la rendait ridicule. Et en plus, elle avait seize ans et se sentait incomprise par sa famille, ce qui la mettait en rage. En gros, elle faisait sa crise d'adolescence et c'est tombé sur moi."

Il sourit dans le vide et j'eus l'impression qu'il lui souriait à elle.

"Elle m'a dit que je faisais des bêtises et qu'il était temps que j'écoute un peu les autres au lieu de m'entêter. Qu'il fallait que j'arrête de pleurer sur mon sort et que j'essaie au moins de gagner. Elle m'a proposé un marché : j'acceptais de sortir avec elle et en échange, elle me signalerait mes erreurs. C'était exactement ce dont j'avais besoin, alors j'ai accepté.

Son sourire s'élargit alors qu'il ajoutait :

"Et puis, elle était vraiment sexy dans sa petite robe bleue !"

Cette dernière phrase me rassura. Il avait quand même été, de temps en temps, un garçon normal.

Il me fixa, soudain embarrassé :

"Mais pourquoi je raconte tout cela moi ? Tu sais, il est temps qu'on conclue cette affaire. Cela me fait vraiment bizarre d'habiter de nouveau ici. Il y a des matins où je m'étonne de ne pas me réveiller dans le dortoir des Gryffondors !"

La salle des miroirs ne me révéla que les souvenirs de Potter. Nous reprîmes notre fouille minutieuse des cachots et la surveillance nocturne de nos cartes.

Le professeur Rogue nous fournit quelque fausses alertes, lui aussi. En effet, à plusieurs reprises, il se rendit dans la soirée dans la salle commune des Serpentard, sans doute pour sévir contre un quelconque manquement au règlement. Plusieurs fois, nous avions été sur le point d'intervenir, mais finalement, il était rentré bien gentiment dans ses appartements.

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A la fin de la semaine suivante, nous reçûmes un hibou de Shacklebolt qui nous indiquait que le correspondant de Grahams ne lui paraissait pas très net. Décidément, les soupçons se resserraient autour de la prof de défense contre les forces du Mal !

"Pourquoi s'est-elle fait remarquer auprès de nous en essayant de nous séduire ? s'étonna Potter, installé dans une des causeuses de notre salon. Avant, elle n'était pas plus suspecte que les autres !

- C'est le problème quand on s'attaque à de la magie noire, répondis-je en m'installant à mon tour près du feu pour profiter de la chaleur des flammes. Si on n'est pas assez solide, on pète un chaudron. Si ça se trouve, sa libido était exacerbée, à moins que ce soit seulement pour le plaisir de jouer avec nous, de prendre des risques. Elle doit se croire beaucoup plus maligne que nous.

- C'est vrai, soupira Potter. Voldemort aussi était comme ça. Le plaisir gratuit de dominer, la folie des grandeurs. Il voulait devenir immortel, tu le savais ?

- Non et c'est tant mieux. J'avais assez de soucis comme cela"

Je me rappelai soudain :

"Tu en avais parlé une fois non ? lui demandai-je. Tu avais évoqué la pierre philosophale. Tu-Sais-Qui a vraiment failli mettre la main dessus ?

- Tu ne peux pas dire Voldemort ? s'exclama-t-il. Ce n'est qu'un nom !

- Pour toi peut-être…

- Pour moi ? Mais qu'est-ce que tu crois ? me demanda-t-il sèchement. C'est le meurtrier de mes parents. Il a hanté mes cauchemars pendant des années, et il le fait encore parfois. Il a essayé de me tuer je ne sais combien de fois, et, à cause de lui, j'ai crevé de peur pendant toute mon adolescence."

D'un geste brusque, le Survivant releva les mèches qui cachaient partiellement sa cicatrice sur son front :

"A cause de ça, certains de ses pouvoirs sont en moi. Il pouvait m'envoyer ses pensées immondes et regarder au fond de mon cœur pour se moquer de ce à quoi je tenais le plus ! Rien que de l'évoquer, cela me rend malade. Mais j'ai toujours refusé de céder à la peur et au découragement au point de ne plus pouvoir prononcer le surnom pompeux qu'il s'est lui-même attribué. Si j'ai pu faire cela de son vivant, ne me dis pas que tu n'en es pas capable maintenant qu'il est mort !"

Il s'était mis debout, sous le coup de la colère, et je me songeai, qu'effectivement, si j'étais capable de soutenir le regard enflammé qu'il me lançait, je pouvais peut-être prononcer trois malheureuses syllabes. Même si elles me renvoyaient à des souvenirs pénibles.

J'avalai ma salive et tentai :

"Vol…Voldemort…"

Je l'avais murmuré finalement.

"Recommence ! me fit sèchement mon partenaire.

- Potter…

- Recommence !"

Son expression était sans concession, et je compris que je perdrais une grande partie de son estime si je me défilais.

"V… Voldem… Voldemort ! dis-je un peu plus haut.

- J'emmerde Voldemort, fit Potter, lentement, articulant soigneusement.

- Je ne vais pas…commençais-je à protester.

- Tout Gryffondor l'a crié un soir. Et on savait parfaitement de quoi on parlait. Un de nos camarades venait de se faire tuer."

J'inspirai profondément :

"J'emmerde Vol… Voldemort."

- Encore !

- J'emmerde Voldemort.

- Plus fort , insista-t-il de nouveau.

- J'emmerde Voldemort !

- PLUS FORT !

- J'EMMERDE VOLDEMORT !" criais-je à mon tour, agacé par son insistance, mais aussi aiguillonné par le défi qu'il me lançait.

Il y eut profond silence.

"Alors ?" me fit Potter, comme avec curiosité.

Alors quoi ?

Soudain je réalisai ce qu'il voulait dire. Je l'avais dit. J'avais réussi à prononcer ce nom maudit. Et je l'avais envoyé se faire voir.

"Alors ? me redemanda mon partenaire, et il souriait cette fois.

- Alors, j'emmerde Voldemort !" répétai-je, lui rendant son sourire.

Il avait raison. Une fois qu'on s'était permis de l'envoyer au diable, ce nom perdait beaucoup de son impact. Je m'octroyais un moment pour savourer ma petite victoire. Mon coéquipier s'était rassit et avait détourné son regard vers le feu, comme plongé dans ses souvenirs.

"Vous avez vraiment tous crié cela ? lui demandai-je, brûlant de l'entendre me raconter cette scène.

- Oui, confirma-t-il admirant toujours les flammes. On broyait du noir, un soir dans la salle commune. Quelques jours auparavant, la famille Macmillan avait été décimée. C'était les vacances de Noël et Ernie était un des rares élèves rentré dans sa famille."

Il se tu un instant, le visage rembruni.

"Une semaine avant, il y avait eu le bal de Noël. Une idée de Dumbledore pour nous faire rester en sécurité à Poudlard. J'avais invité Hannah à être ma cavalière. Je sortais déjà avec Ginny, mais je ne voulais pas la mettre en danger en le révélant à tout le monde. J'avais choisi Hannah parce qu'elle était fiancée à Ernie et que personne ne pourrait croire que je m'intéressais sérieusement à elle. On est de la même année, mais pas de la même maison, du coup, on n'avait jamais eu l'occasion de parler beaucoup ensemble. Je l'avais trouvée vraiment sympa. Elle rayonnait. Elle m'avait parlé de ses projets, de la cérémonie de fiançailles qu'elle et Ernie avaient prévue…"

Il fit encore une pause.

"Je me souviendrai toute ma vie du hurlement de désespoir que Hannah a poussé quand elle a lu la nouvelle dans la Gazette le premier janvier au matin. Je n'avais pas eu le temps de lire plus loin que les titres, mais j'ai compris instantanément. Pendant les jours qui ont suivi, je n'ai pas osé la regarder en face. J'avais l'impression que c'était parce qu'elle s'était rapprochée de moi qu'elle devait endurer cela. Je le savais. Dès que je parlais à quelqu'un, il lui arrivait des choses affreuses."

Il y eut un nouveau silence, seulement interrompu par les crépitements de la cheminée.

"J'ai envisagé de rompre avec Ginny avant qu'elle ne soit contaminée à son tour. Mais je n'ai pas eu le courage. J'ai du mal à me souvenir des jours suivants. On était en vacances, mais on n'avait pas le droit de sortir dans le parc. Tout le monde restait cloîtré dans les salles communes. On parlait bas, on avait peur. Et puis un soir…"

Son expression se fit moins triste :

"Un soir, Ginny a sauté sur sa table en hurlant "J'emmerde Voldemort'. J'ai cru qu'elle devenait folle. Des tas d'idées idiotes m'ont traversé l'esprit, et puis elle nous a dit qu'en cédant à notre peur et à notre chagrin, on se conduisait comme des vaincus, alors que la guerre ne faisait que commencer. Qu'il fallait qu'on se batte au moins. Que l'on résiste. En fait, cela faisait des semaines qu'elle me disait cela, sans réellement me convaincre. Mais cette fois, j'ai compris. J'allais peut-être mourir, mais je ne me rendrais pas sans combattre ! Je n'en avais pas le droit. Tout le monde comptait sur moi. Alors, moi aussi, j'ai grimpé sur ma table et j'ai crié 'J'emmerde Voldemort'. Et puis Hermione a suivi, puis Ron, et puis tout le monde. On avait l'impression de revivre, de se réveiller d'un cauchemar."

A présent son expression était empreinte de fierté.

"A ce moment, McGonagall est entré dans la pièce, nous a regardé, tous perchés sur nos chaises ou nos tables, et a demandé :"Mais qu'est ce qui ce passe, ici ?". Je lui ai expliqué et tu sais ce qu'elle a fait ? Elle a grimpé sur un repose-pied et elle a dit à son tour "J'emmerde Voldemort !" Trop fort, hein ?"

Je l'admis d'un hochement de tête.

"Elle est Gryffondor, après tout", remarquai-je.

Potter, eut un petit rire :

"Pour une fois, que j'ai l'impression que tu dis cela comme un compliment ! Enfin voilà, tu connais toute l'histoire.

- C'est à la suite de cela que vous avez créé le NAV?

- Eh oui ! Bien entendu tout le monde a dit que c'était moi qui avais eu l'idée, et j'ai été nommé président de l'association, mais on n'a fait que suivre l'idée lancée par Ginny, en réalité."

Il me sembla que l'occasion se prêtait bien à ce que je lui pose une question qui me taraudait depuis un moment :

"Potter, t'es pas obligé de me répondre, mais… Pourquoi tout le monde considérait que c'était à toi de tuer Tu… Vol… Voldemort ? A cause de ce qui s'est passé quand tu avais un an ?"

Il a hoché la tête pour me féliciter d'avoir réussi à prononcer le nom de son ennemi avant de répondre :

"Non, c'est le contraire. C'est parce que Voldemort savait que j'étais le seul à pouvoir le tuer qu'il a essayé de m'avoir quand j'étais petit. Il y avait eu une prophétie dans ce sens.

- Une prophétie ? Qui te désignait comme notre sauveur ?

- Sauveur, je ne sais pas. Mais, en gros, elle indiquait que Voldemort ne pouvait mourir que de ma main... et moi de la sienne.

- Tu l'as toujours su ? demandai-je, effaré par le poids que cela avait dû représenter pour le gamin qu'il était.

- J'avais quinze ans quand Dumbledore me l'a enfin dit. Sur le coup, je lui en ai voulu de me l'avoir caché si longtemps. Mais maintenant, je me dis qu'il avait peut-être eu raison d'avoir attendu. J'ai eu tellement peur, après. J'étais tellement persuadé que j'allais échouer. Cela a duré un an. Et puis, Ginny m'a pris en main. Ce qui est bien avec elle, c'est que d'avoir été élevée avec Fred et George l'avait convaincue que rien n'est impossible à ceux qui s'en donnent les moyens. Elle a réussi à me redonner espoir."

Il sembla méditer un instant puis changea brusquement de sujet :

"Tu ne crois pas qu'on devrait arrêter Grahams tout de suite ? Elle peut devenir dangereuse, non ?

- On n'a pas de preuves formelles contre elle. Shacklebolt écrit juste qu'il se demande si son copain n'est pas un ancien escroc, c'est maigre.

- Oui, mais…

- Et si c'est pas elle et qu'on s'en va en laissant le champ libre au vrai coupable ?

- Oui, tu as raison. Il vaut mieux attendre."

Et il soupira comme pour souligner à quel point cette solution le chagrinait.

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Le vendredi soir, on discuta de savoir si on devait maintenir notre surveillance durant le samedi et le dimanche sans répit, où si nous nous en tenions à la nuit. Théoriquement, si nous en croyions les ouvrages que nous avions consultés sur la question, ce genre de magie qui était à l'œuvre était plus efficace quand on le pratiquait de nuit, mais nous ne voulions prendre aucun risque.

"¨Pour le samedi matin, nota Potter, nous avons un bon alibi pour rester. Il y aura un match de Quidditch."

C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à voir les Serdaigles se faire battre par les Poufsouffles, tout en gardant un œil sur l'équipe professorale où Grahams se montrait ostensiblement passionnée par le match. Au cours de la partie, je notai cependant, que mon partenaire oubliait parfois la raison de notre présence et devenait de plus en plus absorbé par le jeu qui se déroulait sous nos yeux.

"Bon sang, mais il n'y a donc personne pour voir le vif ? s'agaçait-il. Il est juste derrière le batteur. Mais que fiche ce gardien ? Il cueille des pâquerettes ? C'était évident que la poursuiveuse allait faire une passe à son partenaire, il était dix fois mieux placé ! Qu'est-ce qu'il lui a pris de plonger à droite ?"

Finalement, une fois le match terminé et tout le monde rentré au château pour fêter les vainqueurs et déjeuner dans la Grande Salle, je dis à Potter :

"Tu sais, il y a peu de chance qu'elle bouge cet après midi. Je vais rester sur place et m'arranger pour la surveiller discrètement. Tu n'as qu'à aller à ton match, cela te fera du bien !"

Il protesta un peu, mais il était clair que malgré ses dénégations, il en mourrait d'envie. Pour calmer ses scrupules, je lui conseillai de garder son badge sur lui pendant le match.

"S'il y a un problème, je préviens la Ruche par cheminée et on t'appellera par l'intermédiaire de ton insigne. N'oublie pas ton Portoloin, non plus."

C'est ainsi que je passai l'après midi dans notre appartement, à surveiller une Grahams qui travaillait dans son bureau. Quand Potter revint, il avait bonne mine et l'air radieux.

"Alors ? demandai-je.

- J'ai eu le vif mais on a perdu le match. Et ils ont cinquante points d'avance sur nous dans le championnat. Mais ils affrontent dans deux semaines le service des Créatures magiques, et ils peuvent encore creuser l'écart.

- Et nous, il nous reste encore combien de matchs ?

- Un seul, la semaine suivante, contre le département de Justice magique. C'est vrai qu'ils ne sont pas très bons. Si on se débrouille bien et qu'on a de la chance, on peut espérer rattraper notre retard. Mais je ne parierais pas dessus.

- Et Reeves, il était pas trop déçu de te voir arriver ?

- Non, Tarvi l'avait tellement stressé qu'il était plutôt content de me voir."

Nous décidâmes que Potter assurerait la garde tout le reste de la journée et le premier quart de nuit. Je devais venir le remplacer à quatre heures du matin.

Je retrouvai Christina de nouveau déprimée. Une fois de plus, elle savait qu'elle n'avait pas conçu ce mois-ci. J'eus du mal à lui rendre le sourire, d'autant que je ne pouvais lui promettre d'être davantage présent à ses côtés les semaines suivantes. En prévision de mon absence du lendemain, j'envoyai un hibou à ma sœur pour lui demander de venir égayer un peu ma compagne le lendemain.

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07/06/04 : Partez pas, C'EST PAS FINI !

C'est juste Fanfiction qui a pas voulu prendre l'intégralité de mon chapitre.

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