- MON SORCIER BIEN-AIMÉ -


Disclamer : la plupart des lieux et personnages viennent de l'univers créé par J.K Rowling.

Je dois également beaucoup à mes relecteurs : Monsieur Alixe, Fenice et Calimera


Résumé de la semaine : Quand Harry Potter, Auror débutant et Gryffondor puritain, est confié à William Stratford, Auror confirmé, tombeur de ces dames et Serpentard borné, qu'est-ce que cela donne ? Une histoire d'amitié, peut-être (d'après Eiream).


XXXIII : Enquête à Poudlard (5)

Je repris conscience dans un endroit agréable. C'était doux, c'était chaud et il n'y avait pas de folle furieuse voulant attenter à ma vie. C'était reposant. Les derniers événements s'imposèrent brusquement à ma mémoire et je tentai de me redresser. Une main douce se posa sur mon épaule, me forçant à retomber sur les oreillers.

"Ne bougez pas, ou Mme Pomfresh va vous tirer les oreilles."

Pomfresh. Infirmerie. Poudlard.

Un joli minois plein de taches de rousseur et surmonté d'une crinière rousse entra dans mon champ de vision.

"Ginny ? Que faites-vous là ?

- J'ai réussi à soudoyer madame Pomfresh pour qu'elle me laisse entrer.

- Comment va Potter ?

- Il n'a pas encore repris connaissance, mais il ne va pas trop mal. D'après l'infirmière, il est plutôt en meilleur état que d'habitude quand il arrive ici."

Mais sa boutade ne la fit pas rire et ses yeux restaient tristes. Elle dut percevoir mon inquiétude car elle précisa :

"Il va vraiment bien. C'est juste que le voir inconscient me rappelle de mauvais souvenirs."

C'est vrai qu'il était resté plusieurs jours dans le coma après la Bataille.

"On est quel jour ? demandai-je. Où est Grahams ?

- Elle est sous bonne garde, mais vu son état, elle n'est pas prête de jouer la fille de l'air. Il n'est même pas sûr qu'elle remarche un jour. Bien fait pour cette garce ! Vous avez dormi toute la journée. On vous a retrouvés vers neuf heures, ce matin, vraisemblablement quelques heures après votre affrontement.

- Mais comment ? Personne ne connaissait ce passage…

- Minerva a reçu la visite de deux élèves. Ils avaient constaté votre absence au petit déjeuner et remarqué l'inquiétude des professeurs, qui vous avaient cherchés toute la nuit. Grâce à une fameuse carte dont vous avez dû entendre parler, nos deux héros sont partis à votre recherche. Ils vous ont localisés mais sans pouvoir parvenir jusqu'à vous, car le passage à emprunter pour vous rejoindre n'était pas sur le plan. Ils sont donc allés voir la directrice qui, grâce à leurs indications, a pu vous rejoindre avec l'aide de Rogue et du professeur Ascii. "

Je ruminai un instant ces informations. Puis, je demandai :

"Vous avez averti Christina ?

- Oui, je l'ai contactée par cheminée ce matin. Elle sait que vous avez été blessé, mais que vos jours ne sont pas en danger. Elle voulait venir, mais les sorts repousse-moldus sont d'une telle violence ici que Minerva nous l'a déconseillé. Je lui ai promis de passer la voir en sortant d'ici ce soir. Elle sera contente de savoir que je vous ai parlé.

Madame Pomfresh est arrivée et m'a fait boire une de ses immondes potions. Je crois qu'ensuite, je me suis rendormi. Quand je me suis réveillé, des chuchotements provenaient du lit qui faisait face au mien. Les rideaux étaient tirés, mais j'en ai quand même déduit que mon partenaire avait, à son tour, refait surface.

Ginny est partie une heure plus tard, en emportant le petit mot que j'avais rédigé pour tranquilliser Christina. Nous avons ensuite eu la visite de McGonagall. Potter me sembla pâle, et des cernes lui mangeaient les joues.

La directrice nous raconta comment messieurs Hastings et Jones étaient venus la voir le matin même, après le petit déjeuner. Ils lui avaient révélés que Potter, moi et Grahams étions sous le château. En s'aidant de la carte des Maraudeurs (vraiment ingénieuse, Potter, mais plus rien ne m'étonne de James, Remus et Sirius), on pouvait déterminer la direction approximative de l'endroit où nous nous trouvions.

La directrice avait fait appel aux professeurs Rogue et Ascii. En combinant leurs forces, ils avaient fait exploser les murs qui se trouvaient entre eux et nous, et avaient fini par déboucher dans l'espèce de grotte où s'étaient tenus les combats. McGonagall s'était occupée de nous remonter et de prévenir le Ministère pour qu'ils prennent livraison de Grahams, pendant que Ascii et Rogue s'efforçaient de comprendre ce qui était à l'œuvre.

"Je suppose que vos collègues du Ministère sont en train de tenter d'en savoir plus sur ses projets, conclut-elle.

- Encore une qui a sous-estimé la dangerosité de la magie noire. Je me demande comment faire comprendre aux gens que le prix à payer est toujours plus élevé que ce que cette magie peut apporter", grinça Potter, qui semblait particulièrement écœuré.

La directrice hocha la tête d'un air pénétré. Sans doute, en tant qu'enseignante lors d'une période troublée, avait-elle déjà dû se poser plus d'une fois la question.

Potter finit par secouer la tête et changer de sujet :

"Je suppose que vous leur avez confisqué la carte, dit-il d'un air chagrin.

- Hum, je crains de n'y avoir pas pensé et d'avoir crédité Gryffondor de cinquante points pour la conduite adéquate de messieurs Jones et Hasting. Je pense que Severus acceptera de me parler à nouveau d'ici une quinzaine de jours.

- A ce propos, indiquai-je, nous avons été mis sur la voie par une observation judicieuse d'un camarade de mon neveu Titus. Quelques points pour Serpentard seraient de mise, à mon humble avis.

- Je vais y réfléchir, répondit la directrice. Cela pourrait effectivement mettre un peu de baume au cœur de mon adjoint.

- Ce serait dommage, mais je suppose qu'on ne peut pas tout avoir", conclut philosophiquement Potter.

oO§0§Oo

Pendant que nous mangions notre dîner, chacun dans notre lit, je demandai à Potter :

"Comment tu te sens ?

- Vidé, répondit-il. Et toi ?

- Fatigué aussi, admis-je. Quelques courbatures…

- C'est le Doloris. Désolé, mais j'ai rien pu faire.

- Vu que tu as sauvé ma peau juste après, je ne pensais pas t'en faire le reproche. Au fait, comment as-tu fait pour te dégager de l'Impérium ?"

Il me regarda presque avec surprise.

"J'ai été entraîné à y résister, bien sûr. Je n'ai eu aucun mal à le repousser. J'ai juste fait semblant d'y succomber pour la mettre en confiance et l'inciter à quitter son abri. Tu sais, j'ai suivi une formation spéciale avec Maugrey et Remus Lupin avant la Bataille. C'était pour me donner le temps d'atteindre un certain niveau que Dumbledore a retardé ma confrontation avec Voldemort. Evidemment, il n'était pas question de me faire parvenir au niveau de Jedusor, il m'aurait fallu des années pour cela. Mais il fallait que je puisse au moins empêcher les Mangemorts d'interférer dans notre duel. Je ne suis pas sûr que ce que j'ai appris ait justifié toutes les victimes qu'ils ont faites durant ces deux mois, mais on ne m'a pas demandé mon avis.

- Tu n'as fait que ça entre ta sortie de Poudlard et la Bataille, t'entraîner ?

- Oui. Enfin non, je suis sorti deux fois. La première pour l'enterrement de l'ami Serpentard de Ginny. Il est mort quand vous avez tenté d'arrêter ses parents. Ensuite, c'était pour Charlie. Je ne voulais pas laisser Ginny affronter cela toute seule, et Dumbledore me passait quelques caprices."

S'il considérait comme des caprices la volonté d'aller à des enterrements, cela en disait long sur sa marge de manœuvre de l'époque. En gros, il n'avait pas fallu grand chose pour qu'il se tienne tranquille, celui sur lequel reposaient tous nos espoirs : une famille de substitution pour prendre soin de lui et une fille dans son lit. On avait eu de la chance quand même.

Mais il y avait un point que je voulais encore éclaircir :

"Potter, quand tu es sorti de derrière le rocher, tu avais prévu de récupérer ma baguette ?

- J'espérais avoir le temps de le faire", répondit-il, manifestement gêné.

Comme je ne répondais pas, il ajouta :

"Je sais, c'était très risqué. Elle aurait pu me tuer sans sommation. C'était assez léger de tabler sur le fait qu'elle ne pourrait pas s'empêcher de plastronner et qu'en plus je serai plus rapide qu'elle. Tu as raison, c'était irresponsable de ma part, continua-t-il, s'échauffant tout seul, et répondant à des arguments que je n'avais pas l'idée de lui opposer. J'aurais pu me faire tuer, j'en suis conscient, mais je sais aussi à quoi je ne veux pas survivre !"

- Je…, commençai-je, incertain de ce que je devais dire, tu…

- Tu as entendu parler de Franck et Alice Londubat ? me coupa-t-il.

- Euh… oui, bien sûr. Quand je suis arrivé chez les Aurors, c'était encore très présent dans les mémoires. Londubat était très apprécié, à la Ruche.

- Je ne pouvais pas te laisser devenir comme eux, tu comprends ?

- C'étaient des amis de tes parents ? lui demandai-je, étonné de le sentir si concerné à leur propos.

- Leur fils était dans ma classe à Poudlard, m'expliqua-t-il. Ils ne le reconnaissent toujours pas, tu sais.

- Tu veux dire qu'ils sont encore vivants ? m'exclamai-je, horrifié.

- Oui. Ils sont pensionnaires permanents à Ste Mangouste."

L'horreur me laissa sans voix. J'avais depuis longtemps accepté la possibilité de me faire tuer ou blesser en service. Mais devenir fou et le rester pendant plus de vingt ans ! J'imaginai Christina me rendant visite sans que je la reconnaisse... je préférais mourir !

Potter dut interpréter mon silence comme un reproche car il repartit de plus belle.

"C'est vrai que j'aurais dû penser à Poudlard avant tout, et ne pas prendre le risque de me faire tuer et de lui laisser le champ libre. C'est ce que tu aurais fait à ma place, je sais bien, et tu aurais eu parfaitement raison…

- Je ne… tentai-je de répondre

- Mais ce n'est pas comme cela que je raisonne dans le feu de l'action, continua-t-il, sans paraître se rendre compte de mon intervention. Je suis Gryffondor, c'est comme ça. Je sais combien, je te parais stupide et irresponsable, des fois…"

Il avait pris une expression butée et baissé les yeux sur le plateau de son dîner, déposé sur ses genoux. J'attendis un moment, pour être certain qu'il avait vidé son sac, puis je me décidai à rétablir la vérité :

"J'aurais sans doute fait la même chose, à ta place."

Il releva vivement la tête, me dévisageant, stupéfait.

"Tu aurais risqué ta peau pour me sauver ?"

Sa surprise me parut offensante. Je décidai qu'un peu de colère me ferait du bien. Tout, plutôt que la sentimentalité étouffante de cette conversation.

"Tu penses que je t'aurais laissé mourir de douleur ou devenir fou sans rien tenter ? Tu me fais si peu confiance ?

- Ce n'est pas ce…

- Tu penses que je t'aurais laissé mourir comme j'ai laissé mourir Cyril…"

Je m'interrompis soudain, prenant conscience de ce que je venais de dire. Je me sentis blêmir et je détournai la tête pour ne pas voir le regard choqué de Potter. Si j'en avais eu la force, je me serais levé et je serais parti. Mais qu'est-ce qui m'avait pris de parler de cela ?

Un silence gêné s'abattit sur nous. Ce fut Potter qui y mit fin en murmurant :

"Je sais très bien que je peux compter sur toi. Je voulais seulement dire que tu aurais pris moins de risques que moi."

Qu'aurais-je fait à la place de Potter ? L'aurais-je laissé se faire torturer en attendant de trouver une faille dans la défense de notre adversaire ? Pour moi aussi, il y a des limites à ce à quoi je peux survivre.

"Je ne sais pas exactement ce que j'aurais fait, répondis-je enfin. Mais j'aurais sans doute tenté quelque chose. Pas d'attaque frontale, sans doute, mais j'aurais tenté de lui faire tomber quelque chose dessus ou profité qu'elle t'applique le Doloris pour l'atteindre. Moi aussi j'aurai pris des risques. Un peu moins peut-être, mais je ne serais pas resté derrière mon rocher en attendant qu'elle en ait fini avec toi.

- Je n'ai jamais pensé une chose pareille !" affirma-t-il avec force.

J'ai de nouveau tourné mon regard dans sa direction. On s'est regardés, incertains de la façon de reprendre cette conversation qui s'était révélée minée.

"On est fatigués et on dit n'importe quoi, finis-je par déclarer. On ferait mieux de dormir.

- Oui. Je commence à comprendre pourquoi Madame Pomfresh interdit les conversation, ici", approuva-t-il.

Ce n'était pas vraiment drôle, mais nous avons ri pour nous libérer de la tension accumulée, jusqu'à ce que la tornade blanche vienne nous faire taire, nous oblige à terminer nos plateaux. Une fois notre dernière bouchée avalée, elle nous envoya au pays des songes en deux coups de cuillère à potions.

oO§0§Oo

Notre première visite du lendemain fut celle de mes neveux.

"Comment vas-tu, Oncle William ? me demanda Titus.

- Très bien mon garçon. En fait, je pourrais sortir dès maintenant, mais cela ne se fait pas de laisser tomber son partenaire."

Titius coula un regard vers Potter, qui lisait la Gazette, confortablement calé par ses oreillers.

"J'étais pratiquement sûr que c'était vous, remarqua-t-il.

- J'espère que tu as gardé tes suppositions pour toi, lui lançai-je.

- Bien sûr ! répondit-il, outré. Mais tout le monde est quand même au courant maintenant, ajouta-t-il.

- Dumbledore prétendait qu'il suffisait qu'une chose soit secrète pour que tout le château le sache, commenta tranquillement Potter, derrière son journal.

- Quelle est la version des derniers événements, demandai-je.

- On dit que Grahams voulait détruire Poudlard et que vous l'avez empêchée, répondit Octave. C'est vrai ?

- Plus ou moins, répondit Potter.

- Vous vous êtes battus contre elle ? nous demanda Titus.

- Plus ou moins répondis-je.

- Waouh, j'aurai aimé voir ça, s'exclama Octave.

- Ce n'était pas un spectacle de cirque, bougonnai-je.

- En tout cas, on a eu un mal fou a obtenir la permission de te rendre visite. Tout le monde essaie de trouver un prétexte pour se faire admettre à l'infirmerie.

- Je suppose que les boites de Flemme et de Néansang des frères Weasley marchent bien ces temps-ci, présuma mon partenaire

- Pomfresh a découvert que l'huile de murlap sert d'antidote, soupira Titus. Du coup, elle en donne d'office à tout le monde.

- C'est vrai, les jumeaux ont évoqué ce problème effectivement, nous rapporta Potter. Ils essaient de faire évoluer leur produit et ont développé un nouveau prototype. Mais pour le moment, ils ne lui ont toujours pas trouvé d'antidote. Georges a saigné du nez pendant deux jours".

Mes neveux parurent très impressionnés. J'espérai que cela les dissuaderait de dépenser leur agent de poche chez les deux terreurs. Ils ne restèrent pas plus longtemps, chassés de l'infirmerie par l'inflexible gorgonne.

oO§0§Oo

Shacklebolt arriva en fin de matinée.

"Alors les gars, comment allez-vous ?

- On se la coule douce, répondis-je.

- Ça me rajeunit de me retrouver ici, continua Potter, en baillant.

- Dis donc Potter, c'est pas la grande forme, s'inquiéta le commandant.

- Elle était assez résistante, cette prof de défense contre les forces du Mal, reconnut-il.

- C'est surtout qu'il a tout encaissé parce que j'étais derrière, commentai-je. Tu sais, Commandant, c'est le problème avec les Gryffondors. Ils veulent toujours sauver la Terre entière.

- Le problème avec les Serpentard, c'est qu'ils ne savent pas remercier, remarqua Shacklebolt.

- J'aime autant, répondit Potter. S'il le faisait, je m'inquiéterais pour sa santé mentale.

- Potter, tu te crois drôle ?

- Moi, cela me fait rire, en tout cas.

- Eh bien, remarqua Shacklebolt, j'ai l'impression que cela vous a rapproché, cette petite cohabitation !

- Parle pas de ce que tu ne connais pas, rétorquai-je. Potter au réveil est une véritable horreur !

- T'es jaloux parce que personne n'est venu t'espionner dans ta salle de bain, répondit l'intéressé.

- Qu'est ce que c'est que cette histoire ? demanda le Commandant.

- Tu connais Mimi Geignarde? répondit Potter .

- Non, qui est-ce ?

- C'est un fantôme. Il faut aller dans les toilettes des filles au second étage de l'aile nord pour la rencontrer.

- Vraiment ? Comment tu la connais, alors ?

- J'y suis allé avec Hermione."

Shacklebolt et moi avons éclaté de rire. Potter leva les yeux au ciel, sans pouvoir s'empêcher de sourire, quand il réalisa le sens que nous attribuions malicieusement à sa phrase.

"C'est Ron qui va être content d'apprendre ça, glissa le commandant, hilare.

- Mais vous êtes bêtes ! s'écria Potter. Ron y était aussi. Hermione avait transformé l'endroit en laboratoire clandestin.

- C'est l'histoire du Polynectar ? demandai-je.

- Ouais."

Le commandant siffla.

"Je vois que ton séjour ici t'a rappelé plein de bons souvenirs."

"Des bons et des moins bons, répliqua Potter en haussant les épaules.

- Je ne suis pas certain que le septième étage soit un mauvais souvenir, glissai-je.

- Je croyais que tu en avais fini avec ça ! grogna Potter.

- T'es trop naïf Potter. A ton âge, ne me dis pas que tu crois ce que te dit un Serpentard !

- Le septième étage ? demanda Shacklebolt, les yeux pétillants.

- C'est personnel ! La ferme, Stratford ! aboya Potter qui ne rigolait plus du tout.

- Tu n'as qu'à demander aux tableaux, ce sont de vraies commères, me bornai-je à dire.

- J'ai parlé avec celui de Dumbledore, enchaîna avec tact le Commandant. Il m'a chargé de vous féliciter.

- Où en êtes-vous avec Grahams, demandai-je.

- On ne peut pas encore l'interroger, soupira Shacklebolt. On a arrêté son correspondant et on essaie de lui faire dire ce qu'il sait de toute cette histoire. Pour le moment, il nie avoir eu connaissance des activités de Grahams. On vérifie aussi que ni l'un ni l'autre n'ont de lien avec les nostalgiques du Seigneur des Ténèbres. Mais je pense qu'elle recherchait plutôt le pouvoir pour elle-même. Le peu que nous ayons rassemblé sur elle donne à penser qu'elle a eu une jeunesse difficile.

- Ce n'est pas une excuse !" fit sèchement Potter.

Le commandant préféra ne pas relever.

"Madame Pomfresh m'a dit que vous pourrez sortir demain, nous indiqua Shacklebolt.

- Je ne vois pas pourquoi on ne peut pas sortir dès ce soir. Nous allons très bien, me plaignis-je.

- Tu n'as qu'à le lui dire toi-même, proposa le commandant, voyant le garde-chiourme revenir.

- Je vous remercie de mettre un terme à votre visite, dit fermement l'infirmière à notre visiteur. Ces messieurs ont besoin de se reposer.

- Je vais partir alors, obtempéra Shacklebolt, en se levant. Ah ! Il me semble que l'Auror Stratford veut vous dire quelque chose, lança-t-il avant de quitter précipitamment la place.

- C'est à quel sujet, me demanda le dragon d'une voix menaçante, en ouvrant un flacon contenant un liquide verdâtre.

- Comme je me porte à merveille grâce à vos soins efficaces, je pense repartir dès ce soir, ne voulant pas abuser de votre…"

Je dus m'interrompre quand elle enfourna une cuillère remplie de potion dans ma bouche. Le temps que je me remette du goût affreux de la mixture infâme, elle avait fait subir le même sort à Potter et s'en repartait déjà en lâchant :

"Ce n'est pas avec des flatteries que vous m'abuserez, Auror Stratford. Ne vous avisez pas de vous lever ou vous aurez affaire à moi. C'est valable pour vous aussi, Monsieur Potter. Au fait, si vous les cherchez, vos vêtements sont bouclés dans mon bureau, avec vos baguettes."

Alors que rageur, je la suivais des yeux, Potter me demanda, mort de rire :

'"Tu disais ?

- La ferme, Potter !

- Oui, Chef."

Il reprit la lecture de son journal, mais je pouvais voir aux tressautements de ce dernier qu'il continuait à se payer ma tête.

"Mais qu'est ce qui leur fait croire qu'ils sont au-dessus des lois, dans ce château ? demandai-je avec énervement.

- Tu n'es pas le premier à te poser la question. Cela inquiétait beaucoup Fudge en son temps, glosa Potter.

- La ferme, Potter !

- Oui, Chef, répondit-il docilement, mais au son de sa voix, il était clair qu'il s'amusait beaucoup.

Je regrettai de n'avoir pas poussé la plaisanterie plus loin à propos de la Salle sur Demande devant Shacklebolt. Ça lui aurait fait les pieds, tiens, au jeune premier ! Mais penser à la Salle sur Demande me fit prendre conscience d'une anomalie :

"Dis Potter, t'es sûr que la Salle sur Demande nous donne ce que nous voulons ?

- Pourquoi tu me demandes ça ? demanda-t-il sur un ton méfiant, craignant sans doute que je le charrie encore à ce propos.

- Parce que je me demande pourquoi la pièce souterraine où Grahams se terrait n'était pas sur les plans que nous avons trouvés là-bas."

Lentement, Potter abaissa le journal qui le dissimulait à mes yeux. Il me fixa un moment, réfléchissant à ma question.

"En fait, la salle ne donne pas ce dont nous avons envie, proposa-t-il, mais ce dont nous avons besoin. Selon ses propres critères.

- Qu'est ce que tu veux dire ?

- Eh bien elle va à la fois au delà de ce que tu penses à lui demander, mais en deçà si elle estime que ce n'est pas ce dont tu as besoin.

- Mais nous avions besoin de connaître ce passage pour coincer Grahams. Ne me dis pas que le château la protégeait !

- C'est peut-être nous que la salle protégeait. Elle ne voulait pas que nous allions là-bas, car elle considérait que c'était dangereux pour nous.

- Mais c'était dangereux pour tous les résidents du château que nous ne la trouvions pas.

- Ecoute, je n'en sais pas plus. Peut-être qu'elle n'est capable d'évaluer les besoins que de ceux qui passent dans le couloir devant la tapisserie et pas ceux des autres.

- Peut-être, dis-je en baillant.

- Bon, on en reparlera demain, fit Potter en laissant glisser son journal à terre. Je crois que l'immonde breuvage que nous venons d'ingérer contient une potion de sommeil."

Je n'eus même pas le temps de lui répondre, avant de m'endormir profondément.

oO§0§Oo

Le lendemain, la vieille peau finit par admettre que nous pouvions retourner chez nous. Alors que je finissais de boutonner ma robe, une visiteuse arriva.

"Ginny ! Ce n'était pas la peine de te déranger, s'écria Potter. Je suis parfaitement capable de prendre une cheminée sans aide.

- Je sais, mon cœur, mais cela t'ennuie tant que cela de me voir ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit, protesta Potter. Je voulais… bon, laisse tomber."

Je rangeai ma baguette enfin retrouvée dans ma poche, me félicitant que les sorts repousse-moldus m'évitent de subir le même embarras, puis vint saluer l'épouse de mon partenaire.

"Bonjour, Ginny.

- Bonjour, William. Comment vous sentez-vous ?

- Très bien, ma cheville est complètement guérie. J'aurais pu sortir hier soir.

- Avez-vous besoin d'aide pour empaqueter vos affaires ? me s'inquéta-t-elle.

- Chérie, Dobby s'en occupe", intervint Potter.

La porte de l'infirmerie s'ouvrit de nouveau, et ma sœur entra dans la pièce.

"Gwen ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? m'écriai-je.

- Je suis venu te chercher.

- Enfin, je suis capable de rentrer chez moi tout seul !

- Tu n'es pas content de me voir ?"

J'ouvris la bouche pour répondre et la refermai, alors que Potter se permettait un petit ricanement. Gwen se retourna vers lui et sa compagne pour les saluer.

"Bonjour, Mademoiselle Weasley, Bonjour Monsieur Potter."

Pendant que le jeune couple échangeait avec elle quelques politesses, je vis l'œil de ma sœur s'attarder sur l'alliance qui brillait à l'annulaire gauche de Ginny et vérifier qu'il y avait bien sa jumelle au doigt de mon coéquipier.

"Où est ta valise ? finit par me demander Gwen.

- Elle ne va sans doute pas tarder, la rassura Potter. Comme je te le disais, l'elfe Dobby s'en occupe et doit nous ramener nos bagages ici."

Il s'assit sur son lit, et entreprit de lacer ses chaussures. Ginny et Gwen se regardèrent en souriant, visiblement bien décidées à sympathiser.

"J'ai parlé avec Christina hier, attaqua Ginny. Elle m'a dit que vous étudiez la possibilité de vendre ses productions sur le marché sorcier.

- Oui, nous allons bientôt nous lancer, confirma ma sœur. Seriez-vous intéressée ?

- Beaucoup ! Christina m'a déjà dessiné une bague. Elle est magnifique. Vous pouvez compter sur moi pour lui faire de la publicité."

Avant que Gwen ait pu répondre, un pop se fit entendre et un elfe apparut, chargé comme une mule.

"Bonjour Dobby, fit aimablement, Ginny

- Oohhhhh ! Mademoiselle Weasley. Dobby est très content de voir Mademoiselle Weasley !"

Je vis que ma sœur était très intéressée par la scène et me rappelai le souhait qu'elle avait émis de parler avec une de ces créatures. Il est vrai qu'elle n'avait pas dû en voir beaucoup. Nous n'étions pas assez riches pour en avoir un, et ils quittent rarement les lieux où ils travaillent.

Après avoir échangé quelques répliques avec l'elfe, Ginny finit par se tourner vers son mari.

"Il est temps de rentrer. Maman nous attend à a maison, avec Lily.

- Tu aurais pu laisser Lily avec Helpy et Spotty pour une petite heure, quand même.

- Ce n'est pas pour garder Lily qu'elle est venue. C'est pour s'occuper de toi. Le fait que je sois médicomage ne semble pas une garantie suffisante pour elle. Elle veut être certaine que tu te reposes bien, que tu prends bien tes potions et que tu es raisonnable.

- Je vais finir par m'acheter une maison, sans cheminée et dont je ne donnerai l'adresse à personne, maugréa-t-il. Sauf à toi, ajouta-t-il précipitamment, sous le regard acéré de sa femme.

- Oh, mais c'est bien ainsi que je l'avais compris, mon chéri !" lui répondit ironiquement sa tendre moitié.

Nous avons fait le tri des bagages, avons subi les dernières recommandations de l'infirmière, puis nous avons quitté son domaine. Nous avions l'intention de rejoindre le bureau de la directrice, qui nous avait aimablement proposé d'utiliser sa cheminée.

Sur le chemin, il apparut que Potter avait commis une erreur stratégique. Il avait complètement oublié de chausser son bonnet miracle. Ainsi, tous les élèves qui se rendaient en récréation purent admirer leur héros alors qu'il cheminait à travaers le château.

Une fois de plus, les "Harry Potter" et " C'est le Survivant" fusèrent de façon plus ou moins discrète. Une haie de curieux, de plus en plus dense, nous encadra et suivit notre progression. La rumeur enfla et j'entendis un "Whaa, il est canon ! " qui ne m'était sans doute pas destiné.

Le visage de mon partenaire avait repris cette rigidité qui m'agaçait tellement au début de notre association. Ginny, quant à elle, semblait résignée, et ma sœur déconcertée. A un moment, je crus que j'allai devoir nous frayer un passage à coups de sortilèges, au milieu de la marmaille surexcitée. Mais soudain, le Baron sanglant surgit, et se mit à traverser les étudiants agglutinés, ce qui les fit crier et détourna leur attention.

"On tourne à droite au prochain embranchement", nous souffla Potter, qui fonça droit devant lui, profitant du désordre causé par le spectre. Ma sœur amorça une question, mais Ginny la saisit fermement par le bras pour l'entraîner. Quand nous sommes passés près de l'obligeant fantôme, je le remerciai d'un hochement de tête, auquel il me répondit par un clignement d'œil amusé. Quand on le connaît bien, le Baron Sanglant est un chic type.

Une fois dans le couloir transversal, Potter et son épouse foncèrent vers une statue. "'Synopsis" prononcèrent-ils en même temps, révélant un escalier dérobé. Ils nous y poussèrent sans ménagement et firent claquer la porte derrière nous et nos paquets.

Nous montâmes un escalier en colimaçon à la lueur de nos baguettes. Parvenus à un palier, Potter voulut rejoindre un couloir plus large, mais Ginny intervint :

"Si cela ne t'ennuie pas, j'aimerais qu'on prenne le corridor bleu. Je voudrais aller dire un petit bonjour à ce brave Basil.

- Il ne risque pas de te répondre", lui rétorqua son mari, qui nous guida cependant vers l'étage supérieur.

Nous avons débouché dans une galerie tendue de velours bleu pâle. Au bout de vingt mètres, le couple Potter s'arrêta devant un portrait dont l'étiquette en cuivre indiquait "Basil le Bavard". A leur regard complice et à leurs mains qui s'étaient jointes, il était évident que ce lieu avait joué un rôle important au début de la romance de nos tourtereaux, six ans auparavant.

Ils saluèrent le portrait, qui effectivement ne pipa mot, et Ginny passa sa main sous le cadre du tableau.

"Ginny ! fit son mari d'une voix à la fois surprise et désolée.

- Je sais bien qu'il ne peut plus m'écrire, répondit énigmatiquement son épouse, mais peut-être que d'autres étudiants utilisent ce moyen de communication." (1)

Potter se borna à poser sa main sur son épaule, et ils restèrent quelques instants silencieux, sans doute à honorer la mémoire d'un ami défunt.

Quand nous repartîmes dans ce que je supposai être la direction du bureau de McGonagall, je tentai d'alléger l'atmosphère :

"Pas très bavard votre Basil !

- Cela ne risque pas, me répondit Ginny avec vivacité, comme reconnaissante que je lui donne l'occasion de penser à autre chose, il a perdu sa langue lors de sa rencontre avec Chilperic le Tranchant.

- Comment savez-vous cela, demanda ma sœur avec curiosité.

- Mon amie Hermione m'a offert pour mes seize ans 'Parlottes et potins des portraits poudlardiens'", lui expliqua la jolie rousse.

- Tu as bien de la chance, commenta son mari. Moi j'avais des cadeaux beaucoup plus sérieux.

- Je n'avais pas besoin d'agenda magique pour être à jour dans mes devoirs", le taquina Ginny.

Nous avons franchi quelques portes et je reconnu enfin la gargouille qui gardait le bureau de la directrice. Potter prononça le mot de passe et nous rejoignîmes McGonagall, qui se trouvait en compagnie des professeurs Rogue et Ascii. Tout le monde se dit bonjour.

Le professeur de potions reconnut Gwen et lui serra la main. Cette dernière espéra que ses enfants se montraient bons élèves. Son ancien condisciple lui assura qu'Octave et Titus lui donnaient entière satisfaction, contrairement à certains anciens élèves se trouvant dans ce bureau.

Avant même que Potter n'eut lâché un reniflement sarcastique, Ginny avait mis une main sur le bras de son mari. Sans doute, ce dernier n'avait-il pas toujours montré la retenue qui caractérisait désormais ses rapports avec le partial professeur.

La directrice intervint en nous complimentant :

"Messieurs, avant votre départ, nous voulions vous remercier d'avoir résolu notre problème".

Potter lança un regard sceptique en direction de Rogue, mais ne dit rien. Ce dernier dû surprendre son regard, car il précisa :

"Personnellement, je suis surtout ravi que Potter ait dû se rendre à l'évidence, et admettre que je n'y étais pour rien dans cette lamentable affaire.

- On ne peut pas toujours obtenir satisfaction, susurra Potter, comme s'il n'avait pas défendu bec et ongles la cause du professeur de potions alors que je l'accusais.

- Harry ! fit sa femme d'un ton de reproche, prenant sa remarque au premier degré.

- Quoiqu'il en soit, continua McGonagall aussi imperturbable que le vieux Dumbledore dans mes souvenirs, j'ai été enchantée de constater que les maisons Gryffondor et Serpentard pouvaient s'associer et constituer une équipes aussi complémentaire qu'efficace."

A son air, je compris que Potter était aussi gêné que moi par ce vibrant hommage à notre entente. Pour briser cet élan abusivement émotionnant, je lançai :

"Oh, ça, c'est en public. On attend d'être entre nous pour régler nos comptes.

- Ouais, ce type n'a aucune moralité ! feignit de s'indigner Potter.

- Si on devait compter sur toi pour mettre une stratégie au point… répliquai-je.

- En parlant de stratégie, est-ce qu'on en sait plus sur ce que Grahams cherchait à faire ? demanda mon partenaire en se tournant vers McGonagall.

- Une potion combinant puissance et invincibilité, répondit Rogue. C'est une préparation très complexe et considérablement risquée, ajouta-t-il presque admiratif. Elle était sur le point d'être terminée. Conformément à la formule, Grahams en avait déjà ingéré à plusieurs reprises, à des moments précis. Sans atteindre la force que devait lui conférer le résultat final, sa puissance devait déjà être bien amplifiée.

- Je me disais aussi qu'elle était coriace ! remarqua Potter.

- Je suppose que c'était une raison suffisante pour que vous vous retrouviez à vous battre contre elle, sans avertir personne ? insinua Rogue.

- Que voulez-vous ! J'ai une réputation à maintenir", répondit Potter avec légèreté.

Le professeur de potions prit une expression sardonique qui ne me plut pas et je décidai de rétablir la vérité. Après tout, moi aussi j'ai une réputation à maintenir !

"En réalité, bien que nous nourissions depuis longtemps des soupçons à son encontre, les éléments que nous avions rassemblés contre elle étaient insuffisants pour justifier son arrestation. C'est pourquoi nous avons dû nous contenter de la garder sous étroite surveillance. Nous avions également réussi à localiser le lieu où elle agissait, mais sans en découvrir l'entrée. Il était donc préférable d'attendre qu'elle bouge pour la pincer. Nous avions bien entendu tenu notre commandant du déroulement de l'enquête. Rien n'a été fait au hasard.

- Cela faisait longtemps que vous la soupçonniez ? nous demanda la directrice.

- Elle faisait partie des suspects dès le début, mais depuis une dizaine de jours, nous étions pratiquement sûrs que c'était elle.

- Qu'est ce qui vous a mis la puce à l'oreille, demanda Rogue.

- C'est notre métier de sentir ces choses là," répondis-je évasivement, espérant que Potter n'avait pas l'air trop embarrassé.

Mais le ton que j'employai dû être convainquant car il y eut presque une lueur de respect dans les yeux du Serpentard.

Nous échangeâmes encore quelques banalités. Potter et sa femme allèrent saluer le portrait de leur ancien directeur, puis prirent la cheminée pour rentrer chez eux, bientôt suivis par ma sœur et moi.

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La suite, tout de suite, le chapitre suivant...