Course contre la montre 4

Chapitre 4

Central du 55è – 14h30

La nouvelle de l'enlèvement de Faith s'était répandue comme une traînée de poudre au sein du Central. Retrouver le Détective Faith Mitchell était devenu la priorité. Tous les officiers qui n'étaient pas en service avaient été aussitôt rappelés et convoqués pour un briefing à 14h30. Les affaires courantes avaient été réparties de manière à mobiliser le plus de personnel possible.

Emily avait été renvoyée en état de choc chez son père après qu'elle eut raconté ce qu'elle avait vu. Elle avait d'abord refusé de partir, jusqu'à ce que Cruz lui fasse entendre raison. Elle était alors partie en lui faisant promettre de la tenir au courant.

Bosco avait retrouvé son sang-froid, mais on pouvait voir que cela n'était qu'une apparence. Il était en réalité fou d'angoisse. Savoir que Faith était en danger lui était déjà insupportable, mais de savoir que leur enfant l'était aussi, c'était tout simplement inacceptable. Quel monstre osait s'attaquer ainsi à une femme enceinte ? Etait-ce un coup du sort, ou bien quelqu'un qui voulait se venger ? Et dans ce cas, qui était la cible ? Lui ou Faith, ou quelqu'un du Central ? Toutes ces questions tournaient et tournaient dans sa tête, augmentant encore plus son inquiétude. Ne rien savoir, voilà ce qui le mettait hors de lui ! Les minutes, les heures s'écoulaient, et ils n'avaient encore rien. Le témoignage d'Emily n'avait rien donné, laissant croire qu'il s'agissait de professionnels. Et cette perspective lui arrachait le cœur. Sa femme avait besoin de lui et il ne pouvait rien faire.

L'impatience commençait à le gagner. Il ne pouvait pas rester en place. Heureusement pour lui, Cruz vint le chercher.

On est prêt, viens !

Il la suivit et tous deux se dirigèrent vers la salle de briefing. S'y trouvaient déjà Manny et Davis. Sully venait également de les rejoindre. Il était sorti déjeuner lorsque Emily était arrivée. Il avait été mis au courant dès qu'il était revenu et s'était aussitôt mis sur l'affaire. Il y avait également une vingtaine de policiers qui les attendaient, tous impatients de commencer les recherches.

Tandis que Bosco préféra rester dans le fond de la salle, Cruz s'avança d'un pas rapide vers le pupitre.

Je n'irais pas par quatre chemins, vous savez tous que le Détective Faith Mitchell a été enlevée en fin de matinée. Nous n'avons malheureusement aucun renseignement, aucun indice qui puisse nous mettre sur la voie. Je vous demande donc de secouer tous vos indics, toutes vos sources. Quelqu'un a forcément entendu parler de quelque chose. Vous aller fouiller chaque recoin du quartier, parler aux SDF, aux camés, n'importe qui mais il faut découvrir qui a organisé l'enlèvement, pourquoi, où elle a été emmenée. Tout, je veux tout savoir ! Vous bosserez jour et nuit s'il le faut, mais je veux tout savoir ! Le moindre indice, la moindre rumeur doit m'être transmise à moi ou à Boscorelli. Pas besoin de vous rappelez l'état dans lequel se trouve Faith. Cette affaire est devenu la priorité du Central et…

Un officier vint les interrompre précipitamment.

Bosco ! Un appel pour toi dans le bureau de Faith. Je crois que c'est le kidnappeur !

A peine eut-il fini sa phrase que Bosco quitta la salle à toute vitesse et se précipita vers le téléphone, Cruz s'élançant à sa poursuite.

Boscorelli ! dit-il d'une voix inquiète mais dont on percevait la colère

Alors officier Boscorelli, comment allez-vous ? dit une voix menaçante

Qui êtes-vous ? Où est ma femme ? s'énerva Bosco

Allons allons, Bosco ! Je peux vous appeler Bosco ? Bien sûr que oui ! Entre nous, pas de familiarité n'est-ce pas ? répondit la voix en rigolant

Qu'est ce que vous voulez ?

Ce que je veux ? Voyons voir, qu'est ce que je pourrais bien vouloir ? fit mine de réfléchir la personne au bout du fil

Qui êtes vous ? Pourquoi vous faites ça ? Quel monstre êtes-vous donc ?

….

Répondez-moi ! cria Bosco, inquiet

Je vais te dire une chose Bosco. Tu vas souffrir comme tu m'as fait souffrir. Je veux t'entendre me supplier de la laisser en vie. Je veux voir la douleur dans tes yeux quand tu découvrira son cadavre. Dans moins de 72 heures, elle sera morte. Et tout ça à cause de toi ! Mais auparavant, elle subira une petite opération.

Ecoutes-moi enfoiré ! Si tu touche un seul de ses cheveux, je te tuerai tu m'entend ! hurla Bosco

Mais oui, Bosco ! Oh ! Et surtout ne t'inquiète pas, je prendrai grand soin de l'enfant ! dit la voix avec un rire à vous glacer le sang. Puis il raccrocha.

A la porte, Cruz attendait de savoir si l'appel avait pu être repéré comme elle en avait donné l'ordre, gardant tout de même un œil sur Bosco, craignant sa réaction.

Sergent Cruz ! L'appel n'a pas pu être localisé ! lui rapporta un officier

Eh merde ! pesta Cruz en regardant toujours Bosco

De rage, celui-ci jeta le téléphone à travers la pièce, avant d'envoyer valsé tout ce qui se trouvait sur le bureau de Faith. Le bruit d'un verre brisé le fit se retourner. A ses pieds, le cadre de leur photo de mariage s'était fracassé au sol. S'agenouillant, il se coupa le doigt avec un bout de verre en ramassant la photo. Celle-ci avait était prise juste après qu'ils aient prononcés leurs vœux. Faith se trouvait dans les bras de Bosco. Dos contre son torse, elle posait ses bras par dessus les siens. Tous deux souriaient de bonheur. Elle disait que c'était l'une de ses photos préférées. A cette pensée, Bosco ne put retenir de nouveau ses larmes, libérant ainsi sa peur.

S'approchant de Bosco, Cruz s'agenouilla à sa hauteur et posa la main sur son bras.

Bosco ?

Ils font les retrouver Cruz ! Tu m'entends, il faut les retrouver ! Je refuse de les perdre ! dit-il en la fixant dans les yeux, le regard déterminé.

Alors au boulot ! répondit-elle tout aussi déterminée !

Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever, puis se mirent tout deux au travail.

Des équipes avaient été organisées pour les patrouilles. Cruz et Manny patrouillaient ensemble, tout comme Bosco et Davis, qui avaient quittés leurs uniformes pour des vêtements civils. Swersky avait la charge de gérer par radio toutes les équipes. Quand à Sully, son grade de capitaine l'obligeait à être en relation avec les grands pontes de la Police de New York. Et bien qu'il aurait préféré être dans les rues, en patrouille, il fallait quelqu'un de diplomate pour couvrir les opérations et tous savaient que Sully ferait de son mieux.

Cruz et Manny patrouillaient dans le quartier nord. Ils avaient passés toute l'après-midi à parcourir la ville à pieds, demandant à quiconque aurait pu leur fournir des réponses, mais rien. Pas une rumeur, pas un « on dit ». Rien. Et cette absence de résultat énervait de plus en plus Cruz.

Manny l'avait bien remarqué. Aussi décida-t-il de s'arrêter un instant dans un coin non fréquenté.

Mais qu'est ce que tu fais ? Pourquoi tu t'arrêtes ? lui demanda Cruz, surprise

Il faut que tu t'arrête deux minutes !

Non mais ça va pas la tête ? Qu'est ce qui te prends ? Tu crois qu'on a vraiment du temps à perdre ! lui cria Cruz. Redémarre tout de suite !

Pas avant que tu te sois un peu calmée ! persista Manny

Que je me calme ? Tu veux que je me calme ? Faith est en ce moment en danger, et toi tu t'arrêtes pour que je me calme ? Sors de la voiture et donne moi le volant tout de suite ! ordonna Cruz

Sûrement pas ! Mais putain, regarde dans quel état tu es ! dit Manny en élevant la voix. Si tu fais pas gaffe, tu ne tiendras pas !

Je t'interdis de me parler sur ce ton, maintenant dégage !

Alors que Cruz commençait à s'agiter dans la voiture, Manny retira les clés de contact et sortit. Sortant à son tour pour récupérer les clés, Cruz s'approcha de Manny fort énervée

Donne moi ces clefs tout de suite ! Putain Manny, on est en train de perdre du temps là ! cria Cruz

Ritza, merde quoi ! Il n'y a pas que toi qui soit inquiet pour elle. Moi aussi j'ai hâte de la retrouver, mais j'ai peur pour toi ! Tu es trop en colère là !

Et Bosco ? Tu crois qu'il est dans un meilleur état que moi peut être ?

Bosco a déjà évacuer une partie de sa colère, il pourra se maîtriser ! Pas toi !

T'en es vraiment sûr ? Alors c'est que tu ne me connais pas, et tu ne connais pas Bosco ! Maintenant donne moi ces clefs !

Voyant qu'il n'arriverait probablement pas à lui faire entendre raison, il s'apprêtait à lui donner les clés lorsqu'il vit la détresse sur son visage. Silencieusement, des larmes se mirent à couler sur son visage. Cruz commençait elle aussi à évacuer la peur qu'elle avait pour son amie.

Emu, Manny se précipita vers elle et la prit tendrement dans ses bras. Elle se lova contre lui et pleura en silence quelques minutes.

Merci, dit-elle soudainement en redressant la tête

De rien, répondit-il en souriant

Prenant son inspiration, Cruz commença à parler à Manny. Il semblait qu'elle avait besoin de se libérer d'un poids. Pour la première fois, elle se livra totalement à quelqu'un.

Tu sais, Faith et moi n'avons pas toujours été amies. Je dirais même que nous étions plus des ennemies qu'autre chose. On s'est détestées au premier regard, je ne sais pas pourquoi. Et mon aventure avec Bosco n'a sûrement pas arranger les choses. Il s'est passé des trucs vraiment moches entre nous. J'avais mes torts, mais elle avait aussi les siens. Elle est restée paralysée pendant plusieurs mois après que je lui ai tiré dessus. Et quand elle a tué Mann, je l'ai couverte, non parce qu'elle le méritait, mais parce que je ne dénonce pas un flic, ami ou ennemi. Et il a fallut cette prise d'otages à la banque pour que l'on se parle vraiment, qu'on mette les choses au point entre nous. Parce que j'ai sauvé Bosco, elle s'est mise à me regarder autrement. Et au fond de moi, j'ai été troublée par ce nouveau regard. Ça nous a pris du temps, mais on s'est confiées nos blessures. Et grace à elle, je me seule moins seule aujourd'hui. Beaucoup de la brigade se demandent encore comment nous sommes devenues les meilleures amies. Je ne l'explique pas. Mais ce que je sais aujourd'hui, c'est que si j'avais besoin d'une amie, elle serait la première à venir me voir. Et il est hors de question que je la perde. Alors tu comprend maintenant pourquoi je ne m'arrêterai pas avant de l'avoir retrouvée ?

Soulagé qu'elle ait enfin eu le courage de lui parler, de se livrer à lui, il acquiesça. Manny l'en aimât encore davantage. Prenant son visage entre ses mains, il essuya ses dernières larmes avec son pouce avant de lui donner un tendre baiser.

Aller, en route patron, on a du pain sur la planche ! dit-il en lui prenant la main et la conduisant à la voiture.

Tous deux se remirent en route, plus déterminés que jamais à retrouver leur amie.

A l'autre bout de la ville, Davis et Bosco n'avançaient pas plus. Et plus le temps passait, plus Bosco angoissait. Davis voyait bien qu'il tentait de maitriser sa colère, mais si il n'y avait pas du nouveau bientôt, Dieu seul savait de quoi Bosco était capable.

Quelque part dans New York

Faith se réveilla en sursaut, transie de froid. Un bruit sourd l'avait tiré de la somnolence dans laquelle elle était plongée. Elle ignorait combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle était arrivée. Se redressant péniblement, elle s'approcha de la porte, cherchant à savoir d'où provenait le bruit.

Collant son oreille sur la porte, elle n'entendit rien d'autre que le silence, avant d'entendre des bruits de pas qui se rapprochaient. Se reculant silencieusement, elle se rassit sur le lit, attendant patiemment que ses kidnappeurs viennent la voir.

Une soudaine douleur fulgurante se fit sentir dans son ventre qui la fit se plier en deux. Cette fois-ci, elle put retenir le cri qui faillit jaillir de ses lèvres, mais pas la grimace de douleur. Tentant de contrôler sa respiration, elle se mit à souffler comme pendant les cours d'accouchement, pensant ainsi pouvoir faire taire la douleur. Et comme ce matin, la douleur cessa aussi subitement qu'elle était apparue.

Eh bien, mon bébé, qu'est ce qui t'arrive ? C'est pas vraiment le moment de faire des caprices tu sais ! dit-elle tendrement en caressant son ventre

La porte de la pièce s'ouvrit soudainement pour laisser place à deux hommes cagoulés, les mêmes hommes qui l'avaient amenée ici plus tôt. Sans un mot, ils s'approchèrent et tandis que l'un lui saisissait les bras pour les attacher, l'autre lui mit un bandeau sur les yeux. Faith avait beau vouloir se défendre, les hommes étaient trop fort pour elle.

Mais qu'est ce que vous me voulez ? Lâchez-moi ! dit-elle d'une voix terrorisée

Toujours en silence mais en la maintenant fermement l'empêchant ainsi de se débattre, ils la conduisirent à nouveau dans le fourgon et s'enfoncèrent dans la nuit.