COURSE CONTRE LA MONTRE 5

Chapitre 5

Quelque part, dans les rues de New York

6h30.

Déjà près de 24 heures que Faith avait été enlevée et toujours rien. Dans la voiture 55 David, les deux hommes ne disaient mots. On pouvait lire la fatigue sur leurs visages. Ils avaient patrouillés toute l'après-midi d'hier ainsi que toute la nuit. Davis avait même dû convaincre de force Bosco de prendre une pause déjeuner. A contre-cœur, celui-ci avait accepté, bien qu'il n'ait pu rien avaler.

Les minutes s'écoulaient, devenant des heures. Des heures interminables pendant lesquelles Bosco tentait tant bien que mal de maîtriser la peur et l'angoisse qui menaçaient à chaque instant de le faire exploser. Inlassablement, la conversation téléphonique se répétait dans sa tête. 72 heures. Il avait 72 heures pour retrouver Faith et son enfant. Leur enfant. Celui-ci n'était même pas encore né et pourtant, déjà, il était une personne à part entière dans leur vie. Et voilà qu'un fou s'était mis en tête de le lui enlever ! Non, il ne laisserait personne détruire la famille qu'il avait mis si longtemps à construire ! Personne !

Et pourtant, l'inquiétude grandissait encore et encore. Après des heures de patrouille, toujours rien. Aucun indice, aucune rumeur, rien. Comment se faisait-il que personne n'en ait entendu parler ? D'habitude, il y avait toujours forcément quelqu'un qui entendait parler des mauvais coups qui se tramaient en ville. Mais cette fois-ci rien. Où alors personne ne voulait rien dire. Pourquoi ? Combien de temps encore faudrait-il attendre ? Et attendre devenait insupportable.

Le front collé contre la vitre de la voiture, perdu dans ses pensées, Bosco n'entendit pas Davis l'appeler.

Bosco ? Bosco !

Quoi ?

Regarde là-bas! C'est pas Franck ?

Regardant dans la direction montrée par Davis, Bosco aperçut un homme en guenilles qui faisait les poubelles. Il reconnut aussitôt Franck, l'un des indics de Faith.

Gare-toi Davis ! demanda Bosco

Franck était l'un des indics les plus fiables. Bosco l'avait rencontré deux ans plus tôt, lorsqu'il avait sauvé la vie de Faith au cours d'un règlement de compte entre bandes rivales. Ce jour-là, Faith était sortie déjeuner avec une amie lorsque des coups de feu avaient retentis dans la rue derrière le restaurant. Elle s'était aussitôt précipitée pour se retrouver prise entre deux feux croisés. Elle n'avait même pas eu le temps de se mettre à l'abri. Franck, par réflexe, lui avait aussitôt sauté dessus pour la protéger et il s'était pris une balle dans le bras.

Agé d'une quarantaine d'années, il était SDF depuis plus de 10 ans et ce quartier était son territoire. Reconnaissante qu'il lui ait sauvé la vie, Faith s'était dès lors occupée de lui. Elle l'avait traité comme un être humain et non comme un rébus de la société. Des liens s'étaient alors tissés entre eux, de respect et de gratitude. Franck avait refusé toute aide de réhabilitation, disant qu'il avait trouvé dans la rue la liberté qu'il n'avait jamais eu dans la vie active. Dès lors, il s'était révélé un indic de premier ordre de part sa discrétion et sa débrouillardise.

Le fait que Franck se soit trouvé en dehors de son quartier habituel intriguait Bosco. D'ordinaire, lorsqu'il avait des informations à faire parvenir à Faith, il prenait soin de se faire arrêter pour vagabondage. Et c'était exactement ce qui était en train de se produire.

Sautant quasiment de la voiture, Bosco se précipita vers Franck en l'interpellant, jouant son rôle de flic

Hey, le clodo ! Qu'est ce que tu fous ici ? cria Bosco

Mais rien M'sieur l'agent !

C'est ça, à d'autres ! T'as rien à foutre ici ! Dégage !

On est dans un pays libre à ce que je sache ! Vous ne pouvez pas m'interdire d'aller où je veux !

Non, mais je peux t'arrêter si l'envie m'en prend ! Et j'ai justement les menottes qui me démangent ! Alors je t'embarque et tu verras qu'après une nuit au poste, tu reconsidéreras ta notion de liberté !

Attrapant Franck par le bras, Bosco lui mit les mains dans le dos et lui passa les menottes. Franck protesta une fois pour la forme, puis il se laissa embarquer dans la voiture.

Davis s'éloigna alors rapidement du quartier et prit la direction du Central. A peine avaient-ils quittés le quartier que Bosco se retourna vers l'arrière de la voiture.

Franck ! Faith…. Commença Bosco

Oui, je l'ai entendu dire! Le coupa Franck

Est ce que tu sais quelque chose ? le supplia Bosco

Tout ce que j'ai pu apprendre, c'est que le responsable de son enlèvement a une dent contre toi Bosco. Et il est bien décidé à te faire souffrir !

Mais pourquoi Bosco tout particulièrement ? demanda Davis aussitôt. Et pourquoi s'en prendre à Faith ?

Apparemment, cette personne a perdu quelqu'un qu'il ou elle adorait il y aurait près de 2 ans. D'après ce que je sais, elle rend Bosco et Faith responsables de ce qui s'est passé. Malheureusement, je n'ai pas pu réussir à découvrir qui c'était. Mais je crois que cette personne doit avoir de l'argent, parce que les infos sont très difficiles à obtenir.

Mais enfin, c'est du délire ! dit Bosco. Je ne fais plus équipe avec Faith depuis 3 ans !

Peut être bien Bosco ! Mais n'oublie pas que nous avons travailler quelquefois avec elle sur certaines affaires ! lui rappela Davis

De rage de voir la situation inchangée, Bosco donna un violent coup de poing dans la boite à gants de la voiture !

Eh merde ! hurla Bosco

Davis et Franck ne pouvaient rien faire d'autre que de le regarder avec tristesse.

55 David, ici Central, répondez !

55 David on écoute

Il faut que vous reveniez au Central le plus rapidement possible. Le Capitaine Sullivan vous demande.

Bien reçu, on arrive tout de suite. Terminé.

Jetant un regard inquiet vers Bosco, Davis mit aussitôt les sirènes et girophares et se dirigea à toute allure vers le Central.

Au même moment – Central 55è

Capitaine, 55 David est sur le retour ! dit l'agent de la radio à Sully qui se trouvait près de lui

Merci.

Sully quitta rapidement la salle et se dirigea vers son bureau où l'attendait déjà Swersky.

Ils arrivent. Dit-il en pénétrant dans son bureau

Très bien. Maintenant, reste à savoir ce que l'on va dire à Bosco. Il sera furieux. Répondit Swersky d'un air inquiet

Je le sais bien, mais il ne fallait pas prendre de risques. On ne peut pas permettre qu'il fasse n'importe quoi sous le coup de la colère. Dit Sully

Je te rappelle quand même qu'il s'agit de sa femme et de son enfant ! Il s'agit de Faith ! Je pense pas qu'il soit idiot au point de mettre leurs vies en danger plus qu'elles ne le sont déjà ! On aurait peut être dû les envoyer directement sur place ?

Pour découvrir que c'est encore une fausse piste et faire enrager Bosco ? Non merci ! C'est déjà assez difficile comme ça. Cruz nous tiendra au courant.

Tu sais, je suis pas sûr que Cruz se contrôle plus que Bosco. C'est quand même sa meilleure amie qui a été enlevée ! grimaça Swersky

Peut être bien, mais je pense au contraire qu'elle saura garder son sang froid face à la situation, du moins plus que Bosco en tout cas. Et puis de toute façon, Santiago sera là pour la calmer.

Les deux hommes se turent et se regardèrent en silence. L'inquiétude pouvait se lire sur leurs visages fatigués par une nuit blanche. Il n'y avait eu aucune avancée depuis la veille au midi, et beaucoup de leurs collègues commençaient à imaginer le pire. Il y avait eu de fausses alertes, de faux indices et à chaque fois une désillusion de plus.

Cependant, un appel anonyme avait été enregistré 20 minutes plus tôt et avait retenu l'attention de la Brigade. Il semblait que pour la première fois depuis des heures, la chance semblait leur sourire. Une voix étouffée avait donné l'adresse d'un entrepôt aux abords de la ville, dans la zone industrielle. Cruz et Manny, qui venaient juste de rentrer bredouilles, s'étaient portés volontaires pour vérifier la nouvelle source. Ils étaient partis depuis près d'un quart d'heure maintenant, et Sully attendait l'appel radio annonçant qu'une fois encore, ils avaient fait chou blanc.

Dans la zone industrielle

La pièce où Faith était enfermée depuis des heures était sombre. Seule, une verrière qui surplombait le toit de ce qui lui semblait être un entrepôt, laissée pénétrer les premiers rayons du matin. Comme pour l'autre endroit où elle avait été retenue prisonnière, il y avait un lit qui trônait au milieu de la pièce, et des murs préfabriqués semblaient l'isoler du reste de l'entrepôt.

Les hommes qui l'avaient enlevée l'avait conduite ici sans un mot. Elle n'avait rien pu voir à cause du bandeau sur les yeux. Ayant compris qu'elle n'en saurai pas plus, elle s'était calmée à son arrivée ici, et en avait profiter pour se reposer et reprendre un peu de force. Maintenant, elle se sentait prête à se défendre. Pas pour elle. Mais pour son enfant. Il était hors de question qu'il arrive quoi que ce soit à son enfant. Elle ne le permettrait pas.

Un bruit de pas dans sa direction la fit se raidir. Calmement, elle s'assit sur le lit et feignit une douleur dans le ventre.

Aidez-moi ! S'il vous plait ! J'ai mal ! dit-elle d'une forte voix.

La porte de la pièce s'ouvrit et un homme pénétra dans la chambre. Remerciant le ciel qu'il soit seul, elle continua de faire semblant de souffrir. Voyant Faith qui semblait en mauvaise posture, il rangea son arme et s'approcha d'elle.

Pitié ! Aidez-moi ! J'ai mal ! dit Faith en guettant le moment propice pour agir

Sans un mot, l'homme s'approcha d'elle. Lorsqu'il fut suffisamment près, Faith se redressa de tout son être et le frappa de toutes ses forces au visage puis lui donna un coup de genoux dans les parties intimes. L'homme s'écroula de douleur alors que Faith réussit à s'emparer de son arme, tout en lui donnant un coup de pied dans l'abdomen. Enfin, elle assomma l'homme avec la crosse de son arme, puis quitta discrètement la chambre.