COURSE CONTRE LA MONTRE 7

Chapitre 7

Les sirènes hurlaient tambour battant. Une ambulance, précédée d'une voiture de police civile et suivit par une voiture de patrouille fermant le cortège, fonçait pleins gaz en direction de l'hôpital de la Pitié.

Tel était le spectacle auquel avaient assistés les badauds dans les rues de New York. Et cela ne les avaient pas étonnés outre mesure, tellement habitués aux hurlement de sirènes qui rythmaient le quotidien de la ville qui ne dort jamais.

Pourtant, dans l'ambulance puis à l'arrivée à l'hôpital, l'ambiance était tout autre. Du moins, pour les personnes connaissant l'identité de la victime. Car il s'agissait de Faith Boscorelli, inspecteur de police au 55è District et épouse enceinte du non moins célèbre Maurice Boscorelli, appelé communément Bosco, agent lui aussi de la 55è, et considéré par beaucoup comme un héros depuis le jour où il avait sauvé sa partenaire lors d'une fusillade il y a quelques années dans ce même hôpital, prenant les balles qui lui étaient destinées.

A peine l'ambulance était-elle arrivée que l'équipe médicale s'était précipitée vers Faith et l'avait aussitôt emmenée en salle de soins. Carlos et Holly, qui l'avaient transportés jusqu'ici restaient maintenant consternés dans le hall, après avoir été expulsés de la salle. Tous deux soupçonnaient la gravité de l'état de Faith et avaient encore du mal à réaliser.

Cruz, qui avait accompagnée Faith dans l'ambulance, ne pouvait retenir les larmes qui glissaient lentement sur ses joues tandis qu'elle fixait derrière la vitre la salle de soins où ils l'avaient emmenés. Elle avait refusée de lâcher la main de son amie tout le long du trajet en ambulance, comme pour la maintenir en vie. Et voir maintenant tous ces médecins et infirmiers s'affairer autour d'elle pour la soigner la faisait se sentir impuissante.

La rage commença à s'insinuer en elle. La rage contre la personne responsable de l'état de son amie. Elle se promit de tout faire pour appréhender le coupable, dut-elle y travailler jour et nuit.

Une main sur son épaule la fit se retourner brusquement. Aussitôt, Manny s'inquiéta de la détermination qu'il lisait sur son visage. Rarement il l'avait vu dans un tel état. Mais il devinait sans mal ce à quoi elle pouvait bien penser à cet instant, parce que lui aussi pensait la même chose. Et il savait mieux que personne, que quoi qu'il dise, rien ne pourrait la faire changer d'avis. Et puis, il n'en n'avait aucune envie. Quelqu'un avait oser s'en prendre à un membre de la famille. Et il devrait payer pour cela.

Le visage grave, et sachant parfaitement qu'elle refuserait toute marque d'affection en ce moment, Manny la dévisagea en faisant transparaître dans son regard sa propre détermination à la suivre dans son enquête. Cruz ne lui en fut que plus reconnaissante. Tous deux se retournèrent alors vers la salle de soins, remplis d'inquiétude.

Des bruits de voix les firent soudain se tourner vers l'entrée des Urgences. Ils comprirent tout de suite que Bosco venait d'arriver en trombe.

Où est-elle ? Où est ma femme ? demanda-t-il inquiet à l'infirmière chargée de l'accueil.

La pauvre femme était pétrifiée par l'attitude de ce policier. Jeune stagiaire aux Urgences, elle avait pris son poste aujourd'hui, et par conséquent, elle ignorait qui était Bosco.

A peine eut-il fini de poser la question qu'il sentit la main de Davis se poser sur son épaule. Il se retourna aussitôt pour comprendre que Davis lui montrer l'une des salles de soins devant laquelle étaient postés Cruz et Manny. Il se précipita vers eux.

Où est Faith ? Comment va-t-elle ? leur demanda Bosco, inquiet et dont le regard bifurqua vers la salle de soins.

Tous deux se dévisagèrent silencieusement, se demandant comment lui annoncer la nouvelle.

Bosco…. Commença Cruz

Dis-moi qu'elle va bien ? Qu'est ce qui s'est passé ? Où l'avez-vous trouvée ?

Le désespoir commençait à l'envahir au fur et à mesure qu'il voyait les médecins s'affairer autour d'elle. Il se refusait à la perdre, à les perdre tous les deux. Il fallait à tout prix qu'ils s'en sortent. Ou sinon, il n'y survivrait pas.

Sentant que Cruz et Manny hésitaient à lui répondre, il se retourna vers eux et ce qu'il vit sur leurs visages le figea de crainte. Diverses pensées sombres s'insinuèrent aussitôt dans son esprit, mais il les réfuta avec force. Elle allait s'en sortir. Faith ne l'abandonnerai pas, elle le lui avait promis.

Tout à coup, l'équipe médical se précipita vers la sortie de la salle et prit la direction de l'ascenseur. Alors que Bosco allait se mettre à les suivre, le Docteur Grant l'interpella.

Monsieur Boscorelli ?

Comment va ma femme ? Et le bébé ? demanda-t-il sans quitter des yeux le brancard.

Votre femme a été admise dans un état critique, je suis désolé. Elle a reçu une balle au niveau de l'épaule gauche et elle a perdu beaucoup de sang. Monsieur Boscorelli, votre femme est en train de faire une hémorragie utérine. Elle doit subir une intervention d'urgence. Mais malheureusement, je ne peux garantir qui de votre femme ou de votre enfant survivra. Vous devez faire un choix.

Cette dernière déclaration les cloua tous les quatre de stupeur. Une larme silencieuse se mit à couler sur la joue de Cruz, Manny se passa la main sur le visage, se demandant s'il n'était pas en train de faire un cauchemar, Davis ferma les yeux et baissa la tête, anéanti par la nouvelle. Quant à Bosco, il lui sembla que son cœur s'arrêta de battre. Incapable de réagir, il fixa le Docteur Grant comme s'il le voyait pour la première fois.

Monsieur Boscorelli ? Est ce que vous avez compris ce que je vous ai dis ? Il faut que je sache qui il faut sauver : votre femme ou votre enfant ? Monsieur Boscorelli ?

Cette dernière phrase fit enfin réagir Bosco. De fureur, celui-ci saisit le médecin par le col et le colla contre la vitre.

Choisir ! Vous me demandez de choisir entre ma femme ou mon enfant ! C'est hors de question ! Vous allez les sauvez tous les deux, vous entendez ! ragea Bosco

Manny et Davis se précipitèrent aussitôt pour séparer les deux hommes.

Monsieur Boscorelli, je comprend ce que vous pouvez éprouver et combien c'est un choix difficile pour vous mais….

Non, vous ignorez ce que je ressens connard ! le coupa Bosco, maintenu par ses amis. Ne dites surtout pas que vous savez ce que je ressens ! Il est hors de question que je perde l'un ou l'autre.

Je suis désolé, mais……

L'enfant. Vous devez sauvez l'enfant.

Cruz venait de lâcher cette phrase qui stoppa tout le monde. Elle affronta le regard de Bosco qui s'était figé, et que ses amis avaient libéré, sous le choc de la nouvelle. Tout en le regardant, elle continua :

Faith voulait que l'enfant vive quelqu'en soit le prix. Vous devez sauvez l'enfant. Dit-elle d'une voix ferme.

Très bien. Si vous voulez bien m'excuser.

Et le Docteur Grant quitta rapidement le couloir et se dirigea vers la salle d'opération.

Bosco et Cruz continuaient de s'affronter du regard. . Manny, ayant été présent lorsque Faith avait tiré cette promesse à Cruz, ne pouvait rien faire d'autre que de baisser la tête. Davis était complètement interloqué, mais pas véritablement surpris par la demande de Faith. Tous deux attendaient avec inquiétude la réaction de Bosco face à la déclaration de Cruz.

Celle-ci ne se fit pas attendre. Semblant sortir de son mutisme de quelques secondes, Bosco s'approcha rapidement de Cruz et l'attrapa violemment par les épaules.

De quel droit peux-tu choisir de qui va vivre ou mourir ? De quel droit ? lui hurla Bosco tout en la poussant violemment vers le mur.

Cruz ne tentait même pas de se débattre. Seule des larmes silencieuses coulaient le long de ses joues tandis qu'elle continuait à fixer Bosco. Celui-ci commençait à la secouer tout en lui hurlant dessus. Manny s'approcha aussitôt pour les séparer.

Bosco arrêtes ! dit-il en le tirant vers l'arrière

Lache-moi ! cria Bosco en se débattant. Tu n'avais pas le droit de dire ça ! dit-il en fixant Cruz

Bosco…..

Tais-toi ! la coupa Bosco. Si jamais l'un des deux meurt, ce sera entièrement de ta faute !

Comprenant la colère de Bosco mais ne supportant pas ce qu'il venait de dire à la femme qu'il aimait, Manny lui mit son poing dans la figure.

Tu crois vraiment que ça lui a fait plaisir de dire ça ? dit Manny, en colère. J'étais là Bosco, quand on a trouvé Faith ! Je l'ai entendu lui faire promettre de sauver votre enfant, quelqu'en soit le prix. Je comprend ta colère, mais Ritza n'y est pour rien. Faith est sa meilleure amie, ne l'oublie pas ! C'est aussi difficile pour elle.

Bosco se tenait la machoire tout en dévisageant Manny. Il savait bien que Cruz n'y était pour rien, mais il fallait qu'il libère sa colère sur quelqu'un. La douleur qu'il ressentait en ce moment était tellement forte qu'il se refusait de voir la réalité en face.

Jetant un dernier regard vers Cruz, il quitta ses amis sans dire un mot et se dirigea vers les toilettes.

Bosco attends… dit Davis, s'appêtant à le suivre.

Non Davis. L'arrêta Cruz. Laisse-le. Il a besoin d'être seul.

Tous les trois le regardèrent partir en silence.

Arrivé dans les toilettes, Bosco vérifia qu'il se trouvait bien seul avant de se diriger vers la dernière cabine. Laissant sa rage se libérer, il frappa la cloison de la cabine de toutes ses forces en criant, laissant ainsi la marque de son poing.

Enfin, il laissa couler ses larmes qu'il retenait depuis si longtemps, s'adossa au mur et se laissa glisser le long de celui-ci, la tête dans ses mains.

A suivre….