Chapitre 9 : Hache et pied-de-biche
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Mais il ne pouvait être question de pitié ici. Malgré sa vieillesse, son unique nageoire et ses yeux aveugles, la baleine était vouée à la mort par assassinat, afin de donner de la clarté aux joyeux mariages et autres festins de l'homme, et aussi à illuminer les solennelles églises dans lesquelles il est prêché que tous doivent être absolument inoffensifs envers tous.
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Vi marchait prudemment dans les allées d'une petite supérette, son arbalète pointée devant elle.
Elle entendit des grognements caractéristiques non loin. Elle jeta un coup d'œil rapide de l'autre côté de l'allée. Deux rôdeurs. De toute évidence, ils ne l'avaient pas encore repérée.
Elle mit un genou à terre pour se donner davantage de stabilité, visa soigneusement le plus proche, et lui transperça la tête par derrière.
Le cadavre tomba et le bruit de sa chute attira l'attention du second.
Vi se dépêcha de recharger l'arbalète, alors que le mort-vivant s'avançait vers elle. Elle attendit qu'il soit le plus près possible et lui tira un carreau en plein milieu du front, quasiment à bout touchant. Elle prit le temps de récupérer ses projectiles, les essuya sur son pantalon et les remit dans le sac en bandoulière qui lui servait de carquois.
Après s'être assuré que la supérette était désormais déserte, elle remit l'arbalète dans son dos et se hâta de trouver des provisions.
Nourrir Merle lui demandait plus d'efforts qu'elle ne l'avait imaginé.
Elle n'avait jamais vu quelqu'un manger de telles quantités de nourriture aussi rapidement, ça tenait du tour de prestidigitateur des fois, c'était à se demander si Merle ne planquait pas une partie de sa bouffe dans ses poches. Et puis surtout, ce type lui donnait l'impression d'être sans arrêt en train de manger. Il lui semblait qu'à chaque fois qu'elle entrait dans la pièce, il était en train de grignoter quelque chose, des chips, des gâteaux, des cacahuètes… elle était persuadée d'avoir fait suffisamment de réserves pour pouvoir tenir un bon moment, mais son stock de nourriture avait fondu à vue d'œil. Bon sang, ils avaient torché un pot de Nutella entier en à peine vingt-quatre heures ! Merle le mangeait directement à la cuillère.
Bon, elle n'allait pas non plus s'en plaindre, au moins ça voulait dire qu'il reprenait des forces rapidement et qu'il allait bientôt être en état de se débrouiller sans elle. Dans le genre guérison éclair, il avait battu tous les records. Et dire qu'elle l'avait cru moribond à peine trois jours auparavant. Ce type était une force de la nature comme elle avait rarement eu l'occasion d'en croiser.
Et c'était tant mieux, parce qu'il commençait à être vraiment temps de quitter cette ville, plus ils traînaient dans le coin, plus la situation devenait dangereuse. À chaque fois que Vi sortait de la maison, elle trouvait les rues davantage peuplées de morts-vivants, et ça devenait de plus en plus difficile pour elle de se faufiler sans attirer l'attention.
Ses précédentes sorties n'étaient pas exactement passées inaperçues, elle était parvenue à chaque fois à s'en tirer de justesse et à éviter la catastrophe, soit en piquant un sprint, soit au prix de quelques carreaux et coups de pied-de-biche… mais les morts devenaient de plus en plus nombreux, et surtout, ce qui était plus inquiétant, c'était qu'ils avaient tendance à se regrouper.
Elle avait eu l'occasion de les observer, et elle avait déjà remarqué ce phénomène : à chaque fois que beaucoup de rôdeurs se côtoyaient, ils finissaient pas se regrouper, mus par un étrange instinct grégaire, et ils créaient des espèces de troupeaux de morts, qui se déplaçaient de concert.
C'était pour ça qu'il fallait éviter les villes, et qu'il ne fallait surtout pas rester trop longtemps au même endroit… exactement le contraire de ce qu'elle et Merle étaient en train de faire.
Ouais, il était vraiment temps qu'ils s'en aillent d'ici.
Vi remit son sac sur ses épaules, reprit l'arbalète et se dirigea à pas de loup vers la sortie de la supérette, évitant soigneusement la porte principale donnant sur la rue, où elle savait que plusieurs rôdeurs se promenaient de leur pas de somnambule. Elle sortit prudemment par la porte de derrière, celle réservée au personnel du magasin et donnant sur une petite ruelle déserte.
Alors qu'elle regardait des deux côtés de la ruelle pour vérifier si la voie était libre, elle se retrouva nez à nez avec deux hommes.
Vivants et armés.
Elle leva son arbalète immédiatement, visant celui qui pointait un revolver dans sa direction.
L'homme était plus petit qu'elle, mais assez baraqué. Il tirait la gueule et de toute évidence, espérait se donner l'air intimidant. Son collègue était plus grand et mince, et arborait une sorte de machette.
« Bonjour », fit Vi en souriant.
Le type au revolver fronça les sourcils, surpris de sa réaction.
« Nouveaux en ville ? poursuivit-elle sur le ton de la conversation.
- On est de passage.
- Moi aussi. »
L'homme entra dans son jeu et sourit à son tour.
« Bonne pioche ? demanda-t-il en désignant le magasin.
- Pas trop mal, mais vous savez ce qu'on dit : première arrivée, première servie. Mais il reste encore quelques boîtes pour chien dans le fond, j'vous les laisse.
- Dis donc espèce de… ! s'exclama le type à la machette, avant d'être interrompu par son ami, qui leva la main dans un geste apaisant.
- Voilà c'que j'propose, gamine. Tu nous laisses ton sac, tes armes et toutes tes affaires, et nous on te laisse partir vivante. »
Vi sourit de plus belle.
« Ok, alors voilà c'que moi j'propose : je garde mon sac et mes affaires, et vous vous allez vous faire enculer. »
Le sourire des deux homme disparut.
« J'crois qu'on s'est pas bien compris, ma p'tite. Apparemment t'es un peu lente d'esprit, mais t'inquiète, tu vas vite piger. »
L'homme arma le chien de son revolver.
« Nan, j'crois plutôt que c'est vous qui êtes lents d'esprit, rétorqua Vi. Toute la ville est remplie de rôdeurs. Un seul coup de feu et on va en avoir des centaines sur le dos. Ce serait une très mauvaise idée de me tirer dessus. Par contre, ça… » Elle donna un petit sursaut à la pointe de l'arbalète. « … c'est parfaitement silencieux. »
Les deux types se regardèrent brièvement.
« Sale pute, tu crois quoi, que t'es de taille contre nous deux ?
- Peut-être pas. Mais je peux vous promettre que si vous faites un seul pas dans ma direction, j'aurais largement le temps de descendre l'un de vous deux d'un carreau en pleine tronche. Les deux je ne sais pas, mais au moins un, c'est sûr. La question c'est… lequel ? »
L'homme au revolver eut un rire bref.
« Bien vu, poulette, mais ce que tu oublies de préciser, c'est que dans tous les cas, tu es morte. »
Vi eut un sourire jusqu'aux oreilles.
« Et qu'est-ce qui te dit que ça me pose problème ? »
Quelques secondes s'écoulèrent dans un silence absolu, alors que Vi et les deux hommes se défiaient du regard, et que la tension grimpait en flèche.
Le carreau et le projectile furent tirés exactement au même moment.
La détonation du coup de feu remplit l'air, déchirant le silence, résonnant entre les immeubles abandonnés.
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« Putain de merde, saloperie de chiotte de bordel à cul ! »
Merle retira sa chaussure rageusement et l'envoya voler à travers la pièce, percutant une plante verte en fin de course, dont le pot en céramique alla se briser par terre.
« J'y arriverai jamais putain ! »
Il essayait depuis plus d'une heure de trouver un moyen pour nouer les lacets à une main, sans succès.
Cela faisait presque deux jours qu'il mettait à profit chaque absence ou moment de sommeil de Vi pour s'entraîner à acquérir le plus d'autonomie possible avec sa seule main gauche. En à peine deux jours, il avait déjà fait des progrès considérables. Il pouvait s'habiller, boucler sa ceinture, boutonner sa chemise, rouler ses cigarettes, se faire ses rails de coke, se laver, il pouvait faire une tonne de trucs, mais putain de merde, nouer ses chaussures, il en était toujours incapable !
Il entrevoyait un futur merdique où il aurait le choix entre porter uniquement des bottes à la con où des baskets à scratch, ou bien subir tous les jours l'humiliation de devoir se faire faire ses lacets par quelqu'un d'autre, comme un foutu mioche de maternelle. Et ça le mettait hors de lui.
Il retira sa seconde chaussure et la balança aussi, tant qu'à faire. Ça ne faisait pas avancer le schmilblick mais au moins ça défoulait.
La godasse vola jusqu'à la porte d'entrée, où elle rebondit avant de finir par terre.
À peine deux secondes plus tard, la porte s'ouvrit à la volée et Vi entra en trombe, avant de la claquer violemment derrière elle et de fermer le verrou.
Lorsqu'elle se retourna, elle était à bout de souffle, rouge d'avoir couru et ses yeux étaient agrandis de stress. Elle tenait son pied-de-biche à la main et il était couvert de sang frais.
« Faut s'tirer !
- Hein, quoi ? fit Merle, hébété.
- Faut s'tirer ! Tout de suite ! »
Au moment même où elle disait cela, des coups sourds commencèrent à résonner contre la porte.
Merle baissa les yeux en direction de ses chaussettes.
Oh le con !
Vi avait suivi son regard.
« Putain, mais pourquoi tu les as enlevées connard ? »
Alors que Merle courait pour récupérer la chaussure la plus proche, l'une des fenêtres du salon explosa et plusieurs bras s'insinuèrent à travers les planches. Pas le temps pour les chaussures, comprit-il.
Vi était déjà en train de récupérer ses affaires qui traînaient sur la table, la lampe, des flacons de médicaments, la boîte à cocaïne et autres, qu'elle enfourna dans son sac à dos.
Merle attrapa le sac contenant l'eau et la nourriture, l'enfila rapidement et récupéra son couteau et sa hache.
Des mains avides étaient maintenant en train de griffer l'air à travers toutes les fenêtres.
« Bordel mais y en a combien ?
- Tu crois p'têtre que j'ai pris le temps de les compter ? rétorqua Vi.
- Combien à peu près alors.
- Environ cent milliards j'dirais ! »
Elle était déjà en train de courir en direction de la porte de derrière de la maison.
Au moment où elle l'ouvrit et s'apprêtait à s'élancer dehors, Merle la saisit in extremis par l'anse de son sac à dos et la tira en arrière.
« Putain, mais prends le temps de regarder où tu cours débile ! »
Il passa devant et jeta un coup d'œil à l'extérieur. L'arrière du jardin était déjà rempli de morts-vivants.
« Va falloir passer en force », annonça-t-il.
Vi hocha la tête résolument.
« C'est chacun pour sa gueule du coup j'imagine ?
- Nan, au contraire, sur ce coup-là va falloir la jouer en équipe, » rétorqua Merle, à regret.
Les rôdeurs allaient débouler de partout, s'ils fonçaient chacun de leur côté ils allaient se faire encercler à tous les coups.
« J'ouvre le chemin, tu couvres nos arrières et surtout tu me colles au cul !
- Ok chef.
- J'espère que tu vas pas me taper une crise d'asthme en plein milieu des réjouissances ! lança Merle en ouvrant la porte d'un coup de pied.
- Et toi j'espère que tes quelques jours de vacances t'ont pas fait perdre la main ! » rétorqua-t-elle.
Merle s'élança et fendit le crâne du mort le plus proche d'un coup de hache.
« Fais-moi penser à te péter la gueule pour ça quand on s'en sera sortis ! » fit-il.
Pour toute réponse, Vi rigola et commença à distribuer des coups de pied-de-biche aux rôdeurs qui s'approchaient.
Il courut à travers le jardin, tout en dégageant le chemin devant lui. Vi, dans son dos, ne le quittait pas d'une semelle et il pouvait entendre les impacts de son arme sur les crânes qu'elle visait, et les cris de joie sauvage qu'elle poussait à chaque coup.
Ils étaient presque à mi-chemin lorsque Merle eut un coup de malchance inopiné. Il se retrouva face à une fillette d'une dizaine d'années qui portait un casque de vélo. Il n'hésita pas une seconde à lui asséner sa hache sur le crâne mais, contre toute attente, le casque résista et il dut porter un second coup pour le fendre totalement et atteindre la tête. Cela lui fit perdre juste la seconde dont il avait besoin.
Un second mort-vivant se précipita, bouche grande ouverte, droit vers sa gorge. A une seconde près, il aurait eu le temps de lever la hache de nouveau et de frapper.
Une masse noire fendit soudain l'air à quelques centimètres de son visage, arrivant de derrière. Le rôdeur se prit le pied-de-biche en plein milieu du front, son nez, ses dents et son crâne explosant sous l'impact. Vi déboula à ses côtés, dans le prolongement du coup, poussant un petit cri satisfait.
« T'étais pas censée t'occuper de l'arrière ? fit Merle.
- T'étais pas censé dégager l'avant ?
- C'est c'que j'fais figure-toi ! rétorqua-t-il en tranchant un nouveau crâne façon pastèque trop mûre. Occupe-toi de tes miches !
- J'me suis pas crevé le cul à te sauver la vie trois jours durant pour que tu te fasses croquer à peine le nez dehors ! »
Vi fit pivoter tout son corps d'un seul coup, balançant un coup circulaire derrière elle, fracassant un nouveau crâne.
Merle reprit immédiatement son boulot de son côté, distribuant les coups de hache devant lui.
L'adrénaline fusait à travers tout son corps, comme un feu qui aurait consumé toute émotion. Peur, doute, fatigue, il n'y avait rien de tout cela à ce moment-là, juste la volonté farouche de se battre, l'impulsion de frapper encore et encore, de détruire sans distinction tout ce qui passait à sa portée. Voir les crânes se fendre, sentir les os se rompre, le sang gicler, contempler les corps de ses adversaires tomber au sol sous l'impact de ses coups, tout cela le remplissait d'une sorte de joie sauvage. En cet instant, il se sentait plus vivant que jamais. Et, après plusieurs jours à se reposer, il était dans une forme olympique. Il avait l'impression qu'il pouvait continuer à se battre comme ça durant des heures.
Mais, ce qui faisait sa force, c'était sa capacité à garder la tête froide malgré l'adrénaline, malgré la vitesse et la violence du combat. Ses coups n'avaient rien à voir avec ceux d'un gros bourrin qui frappait de toutes ses forces autour de lui sans faire dans la dentelle. Au contraire, chacun de ses mouvements était pensé, calculé, il ne faisait aucun geste inutile et chaque coup était à la fois précis et parfaitement dosé. Il savait exactement comment jouer avec le point d'équilibre de son arme, soit pour lui donner de l'élan, soit pour renverser son axe d'attaque et lui faire prendre une nouvelle direction. Dans sa main, la lourde hache paraissait incroyablement légère, elle semblait voler d'un crâne à l'autre, traverser os et chairs avec une facilité déconcertante.
Vi, de son côté, n'était pas en reste. Il avait eu de gros doutes à son sujet, et devoir confier son dos à cette fille si maigre, si pâle, cette espèce de brindille dont on aurait dit qu'une bourrasque pourrait la plier en deux, l'avait vraiment préoccupé au début.
Mais dès les premières secondes où il l'avait vue se déplacer et jouer du pied-de-biche, il avait commencé à vraiment comprendre ce qui avait maintenu Vi en vie tout ce temps. Cette fille n'avait peut-être pas un poil de muscle sur les os, mais nom de Dieu, elle avait des nerfs ! Elle paraissait même constituée exclusivement de ça.
Elle distribuait les coups à une vitesse incroyable, sans aucun temps mort, et surtout, sans la moindre hésitation. Contrairement à Merle qui était tout en précision, elle était une véritable tornade, une tempête de mouvements désordonnés, furieux et exubérants. Elle faisait une tonne de gestes inutiles en se battant, et elle ne faisait rien pour s'économiser, mettant dans chaque coup tout ce qu'elle avait à donner. Et surtout, elle se battait sans aucune prudence, comme un vrai kamikaze, allant au plus près de l'adversaire, évitant plusieurs fois la morsure de justesse, échappant à la catastrophe au tout dernier moment.
Ouais, cette fille se battait comme une vraie tarée. Mais une tarée utile.
Avec elle, Merle n'avait pas vraiment de soucis à se faire pour ses arrières. À vrai dire, le plus gros risque qu'il courait avec Vi, c'était de se prendre un coup de pied-de-biche dans la tronche, tellement elle frappait dans tous les sens comme une sauvage.
Ils finirent finalement par se frayer un chemin, à coups de hache et de pied-de-biche, à travers la foule des morts, et à parvenir jusqu'à l'extrémité du jardin. Merle enjamba la clôture d'un bond, Vi sauta par-dessus, emportée par son élan, et ils se retrouvèrent dans la rue.
Tous deux étaient haletants et en sueur, en plus d'être couverts de sang. Il y avait des morts-vivants ici aussi, mais nettement moins. Mais ceux qu'ils avaient laissés derrière eux n'allaient pas tarder à rappliquer.
Alors que Merle scrutait la rue pour déterminer de quel côté il convenait de continuer, il sentit soudain Vi agripper sa manche, dans une tentative instinctive pour se retenir. Elle tomba à genoux à côté de lui, d'un bloc, et vomit un jet de sang sombre.
« Putain Vi, non ! C'est vraiment pas le moment, là ! s'exclama-t-il. Bouge ton cul ou je te laisse là ! »
La jeune fille se releva en toussant.
« J'te signale que moi j'ai démarré les festivités y a une demi-heure, j'commence un peu à le sentir passer, figure-toi ! rétorqua-t-elle.
- Ah ouais ? Et ben dommage pour toi, parce que c'est loin d'être fini. »
Il la poussa dans le dos du bout de la hache.
« Allez, passe devant, et grouille-toi, faut pas s'éterniser dans le coin. »
Vi ne se le fit pas dire deux fois et se mit à courir dans la direction qu'il venait de lui indiquer. De nouveaux morts étaient déjà en train de venir à leur rencontre. Elle prépara son arme et en frappa un au passage, sans même ralentir. Merle fendit encore quelques crânes lui aussi.
Plus ils couraient, plus le terrain devenait dégagé.
Il y avait de moins en moins de rôdeurs errants dans les rues et le quartier résidentiel avait laissé la place à une vaste zone commerciale.
Merle dut ralentir considérablement son rythme pour ne pas perdre Vi en route. Il commençait à se rendre vraiment compte de la différence physique entre eux. Il se doutait bien que Vi n'était pas aussi endurante que lui, mais à ce point-là… Il commençait tout juste à se sentir chaud, mais elle, elle était déjà presque totalement épuisée.
Lorsqu'il vit que le paysage était totalement dégagé et qu'il estima que leurs poursuivants étaient suffisamment loin derrière eux, il passa de la course à la marche. Ils longèrent des étendues de parkings déserts et de grands magasins en préfabriqué. Merle ouvrait la marche et Vi le suivait quelques pas derrière.
« On va où comme ça ? demanda-t-elle.
- On va tâcher de se trouver une bagnole. »
Elle hocha la tête.
« Mais avant ça, y a plus urgent », déclara Merle.
Vi lui lança un regard intrigué et il baissa les yeux vers ses pieds.
« Ah merde c'est vrai, j'y pensais même plus tiens ! s'exclama-t-elle, amusée, en constatant qu'il était en chaussettes depuis le début. Tu dois avoir les pieds défoncés, mon pauvre !
- Bof, ça va. Mais quand même, j'dirais pas non à une paire de godasses.
- C'est plein de magasins dans le coin, on devrait pouvoir trouver ça. »
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C'est déjà fini, oh non ! Il y a un autre chapitre juste après, oh oui ! Avec dedans : une poubelle renversée, une étreinte, et deux personnes qui n'aiment pas les adieux.
