SCENE 4
LOVE POTION ? WHAT LOVE POTION ?
'Et voilà un match de quiddich qui se termine par un match nul ! Gryffindor contre Slytherin 200 partout ! Du jamais vu ! Je vous rappelle que ce match comptera pour la coupe de fin d'année qui se déroulera dans un mois exactement ! En attendant, je vous souhaite à tous, au nom des deux équipes qui ont participé aujourd'hui, d'excellentes vacances de mi-trimestre ! Et rendez-vous ici même pour le dernier match de la saison, qui sera sans aucun doute plus passionnant que celui auquel que nous venons d'assister et…'
'Suffit, Brian, inutile d'en rajouter ! Les attrapeurs n'étaient visiblement pas dans leur meilleure forme mais ces choses là peuvent arriver, n'est-ce pas ?'
'Bien Mme McGonagall ! De toute façon, il n'y a plus personne pour m'écouter ! Ils ont tous rejoint le réfectoire. Après une partie aussi molle, il faut bien se venger sur quelque chose…'
Dans les vestiaires, les derniers joueurs finissaient de se changer. Tous les Slytherins, dégoûtés de la prestation de leur attrapeur qu'ils jugeaient pour le moins déshonorante, avaient quitté les lieux en tournant le dos à Malfoy, qui n'en avait visiblement que faire. Lui n'avait d'yeux que pour l'attrapeur de l'équipe adverse, et c'était bien là qu'était le problème. Les deux attrapeurs ne s'étaient pas quittés des yeux, et si le vif ne s'était pas bêtement jeté dans la main d'Harry pour finir, on ne sait par quel mauvais tour, dans celle de Malfoy, le match aurait probablement été le plus long et le plus ennuyeux de toute l'existence du quidditch.
Ron, qui était resté auprès d'Harry sous prétexte de l'assister, s'occupait en fait à sermonner son ami à grand renfort de moulinets des deux bras.
'Mais qu'est-ce qui t'as pris de jouer aussi mal ? Tu t'es conduit comme une godiche ! Tu auras de la chance si tu survis à ce soir ! Je suis sûr qu'ils sont déjà en train de préparer la corde pour te pendre ! Tu sais que grâce à toi, c'est la fin de nos espérances de battre les Slytherins cette année ? On était à deux doigts de leur faire mordre la poussière et toi, tu fais tout foirer ! Qu'est-ce qui t'a pris de surveiller d'aussi près ce nullard de Malfoy ? T'étais pas obligé de lui coller aux basques comme ça pendant tout le match ! Mais je rêve ! Vous aviez l'air d'avoir choisi l'endroit pour la balade romantique du siècle !'
'Lâche-moi, Ron ! Il faut que je le voie ! Il faut que j'aille féliciter le gagnant ! Ca se fait entre gens civilisés !'
'Je te demande pardon ? Pas question que tu ailles serrer la main de cette vipère !'
'Ron, je t'interdis de l'insulter ! Il a gagné, il a droit à notre respect. Il faut que je le voie,' ajouta-il d'une voix blanche. 'Laisse-moi passer … il faut que …'
'…tu le voies ! J'avais compris ! Dis-moi ! Tu le vois beaucoup ces derniers temps, n'est-ce pas ? Et ça m'a l'air de coller plutôt bien entre vous ! Qu'est-ce qui se passe, Harry ? Tu es sûr que tu vas bien ?'
'Il faut que je le voie ! Il faut que je le voie ! Il faut que je le voie !' Harry devenait vraiment nerveux et un tremblement incontrôlable agitait maintenant tout son corps. Les yeux fixés vers la porte du vestiaire, il se débattait pour échapper à la poigne de Ron. Puis un étrange éclat vint illuminer son regard : Draco se tenait dans l'encadrement de la porte.
'Harry !'
'Draco !'
'Eh mais c'est quoi, ça ? J'y crois pas ! Ca recommence ! Ils se regardent dans le blanc des yeux et la terre pourrait s'écrouler que … Par tous les dragons, vous êtes victimes d'un charme ! N'importe quel imbécile pourrait voir ça ! Hermione avait raison de se poser des questions depuis quelques temps ! Eh, vous m'entendez tous les deux ? Oh oh ! Y a quelqu'un ?'
Mais Ron avait beau s'agiter comme une puce autour d'un chien, les deux autres ne voyaient plus rien du monde qui les entourait, n'entendaient plus rien, ne sentaient plus que cette brûlure du regard qui les vrillait. Ils vibraient de la douleur qui les dévorait à chaque instant qu'ils passaient l'un avec l'autre, dont ils ne savaient pas si elle était pire ou plus douce que la souffrance atroce des moments passés loin l'un de l'autre.
'Tout va bien, je t'assure, Ron. Tu peux nous laisser...' dit Harry d'une voix blanche. Les yeux cernés, les épaules basses, le teint gris du visage, tous ces signes de fatigue extrême qu'Harry et Draco avaient en commun venaient de frapper Ron comme une révélation. Ils souffraient tous deux de la même maladie. Il fallait que lui, Ron, l'ami fidèle, fasse quelque chose pour délivrer Harry de ce terrible sortilège. Quant à l'autre, il pouvait bien crever, ça n'était pas son problème. Mais Harry ! Il fallait sauver Harry !
'Par tous les dragons, qu'est-ce que je peux faire ? Harry, dis-moi quel sort on vous a jeté ! Harry !'
Ron secouait son ami, mais sans résultat. Alors il courut aussi vite qu'il le put vers la seule personne à sa connaissance qui saurait les aider : Hermione Granger.
'J'ai beau chercher ! Je ne trouve rien sur un sort qui aurait ces effets sur les gens. A part un puissant philtre d'amour appelé 'Potion d'Amour Contraignant'… mais c'est interdit et Harry ne serait pas assez bête pour avoir avalé ça,' marmonna Hermione en feuilletant pour la dixième fois son volume de Sorts et Contre Sortilèges. 'Il faut chercher ailleurs pour trouver la clé de cette énigme. Réfléchissons ! A partir de quand Harry s'est-il mis à changer ?'
'Je ne sais pas ! Je ne suis pas constamment sur son dos, à le surveiller. Mais …attends ! J'ai peut-être une idée ! Voyons si ça marche !' Ron planta là Hermione et grimpa quatre à quatre les escaliers qui menaient au dortoir des garçons. Il fila droit à la malle d'Harry et fouilla fébrilement à la recherche de l'objet qu'il n'avait pas vu dans les mains d'Harry depuis plus d'un mois : son journal. Car même s'il n'avait de journal que le nom, ce carnet que lui avait offert Sirius Black lui tenait lieu de confident quand il ne trouvait personne à qui ouvrir son cœur. Et Ron, gêné, se rendait compte maintenant qu'Harry avait cruellement manqué d'une oreille amie ces derniers mois.
'Voilà ! Si on ne trouve rien ici, alors je ne sais plus !' décréta Ron en posant le carnet devant Hermione.
'Très bien J'espère qu'il ne nous en voudra pas de fouiner dans sa vie privée,' dit Hermione.
'Tu rigoles ! Vie privée ? Privé de vie, oui, d'après ce que j'ai vu aujourd'hui. Allons-y, pas d'état d'âme !' rétorqua Ron, plus décidé que jamais.
'Lisons déjà les entrées les plus récentes…Mars, le 22 ! Mmm pas grand-chose… Le 12, écoute ça : 'bien sûr qu'il cherche un antidote à la Love Potion' Voyons plus haut : le 1er mars….
Gnnnnnn gnnnnn ah bien, Ron, elle est belle notre amitié ! Notre Harry se sentait très malheureux et nous, nous n'avons rien vu ! gnnnnnnn gnnnnnn gnnnn Ah ! Là ! Écoute : 'Si les choses ne s'arrangent pas d'ici les prochaines vacances, et si Malfoy ne trouve pas le moyen d'annuler les effets de sa sale potion, je ferai un tour à Hogsmeade pour essayer de trouver une solution …plus 'professionnelle' à notre petit problème.' Et voilà ! C'est ce que je craignais ! Une potion qui les lie tous les deux ! Ca ressemble tout à fait à la 'Potion d'Amour Contraignant' C'est abominable ! Qu'est-ce qu'on peut faire, Ron ? Si nous allions trouver Snape ? Après tout, Malfoy est dans le coup…'
'On ne peut pas faire ça à Harry ! Autant le virer nous-mêmes de l'école ! Pourquoi est-ce qu'on ne ferait pas ce qu'il se proposait de faire avant de perdre la boule complètement ?' proposa Ron. 'Allons dès demain à Hogsmeade et essayons l'underground. Je connais quelqu'un qui connaît quelqu'un qui lui a parlé d'un vieux bizarre qui aurait des solutions …pas très conventionnelles pour des problèmes pas conventionnels comme celui-là.'
'Tes deux frères fréquentent des sorciers de l'underground ? C'est risqué ça, dis moi !' murmura Hermione, en affichant l'air d'une conspiratrice.
'Non, ils ont juste des oreilles qu'ils laissent traîner partout, je te rappelle. Et c'est bien utile quelquefois,' ajouta Ron, vexé.
'Entendu, alors ! Mais nous devons nous préparer en conséquence. Donc, voilà ce que je te suggère…'
Ils parlèrent à voix basse encore un moment, puis se souhaitèrent bonne nuit en y ajoutant un petit baiser discret et chacun rejoignit son dortoir. Le lendemain allait être une journée décisive et il leur faudrait beaucoup de savoir-faire mais aussi une sacrée dose de chance pour que leur ami commun s'en tire sans trop de dégâts.
