Cher Harry,

Cette résignation émanant de ta dernière lettre ne te ressemble tellement pas, que j'en ai mal à relire chacun de ses mots. Tu te bats pour une chose, certes et tu abandonnes l'autre. Tu me dis qu'il t'est difficile de rester loin de moi et tu te résous à le faire. Dois-je comprendre que tu te plais à souffrir. Oses encore me dire que tu es sûr de toi.

Je me rends compte qu'au fil des mots, je trouve de moins en moins comment te dire toutes ces choses, pour te ramener à la raison en quelque sorte. J'aimerais tant que tu reviennes… Même si ce n'est que pour croiser ton regard de temps à autre. Mais au moins, je te saurais sain et sauf. Je ne peux m'empêcher de penser que chacune de ces lettres peut être la dernière ou que pire encore, elle ne te trouve plus en état d'y répondre.

Encore une fois, ce n'est pas le genre de chose que l'on attend d'une amie. Mais je n'en suis plus une Harry, je ne suis plus ton amie du jour où tes lèvres se sont unies aux miennes, du jour au j'ai pu lire au fond de tes yeux autre chose qu'un amour fraternel. Alors voilà, prends le comme tu veux, ne me réponds pas si c'est ce que ton cœur te dicte mais si tu acceptes cette liaison, ne t'attends pas à recevoir de ma part des encouragements.

Ne crois pas surtout pas que je suis d'accord avec la vie que mènent les sorciers depuis le retour de tu-sais-qui, mais ce que je ne comprends pas, c'est comment peut-on laisser un jeune adulte se jeter seul dans la gueule du dragon ? Est-ce de l'égoïsme ou un manque certain de témérité ? Harry, ne fait pas quelque chose parce qu'on te le demande, mais fait le parce que tu es sûr que c'est la meilleure chose à faire. Pourquoi es-tu si décidé à faire cela alors que beaucoup d'autre personnes sont beaucoup plus enclin que toi à effectuer ces recherches ? Une nouvelle fois Harry, reviens à Poudlard, fini tes études et débutent celles d'aurors, alors dans ce cas, je te laisserais partir. J'aurais toujours peur bien sûr… Mais ça sera diffèrent, je saurais ce jour là que tu sais réellement ce que tu veux.

L'écriture devient pénible, mais pourtant, je ressens cette envie enivrante de continuer, comme si notre relation ne tenait finalement que sur le bout d'une plume. On dit souvent que la main de l'homme mène droit au cœur, j'en suis certaine. Car la mienne à ce moment même, m'aide à déverser ce poids que je porte au fond de moi.

A contre cœur, c'est néanmoins sur ces mots que je vais te quitter, quelqu'un vient et je veux pas que l'on me voit t'écrire, ces échanges sont encore la seule chose de toi que je peux garder secrète.

Non-amicalement,

Ginny Weasley.

Chère Ginny,

Tout comme la précédente, ce serait mentir que de dire qu'elle ne m'a pas fait ressentir une pointe de bonheur. Pas ce bonheur que je ressens en caressant tes cheveux, ni celui perçut en humant ton doux parfum, non juste le bonheur de savoir que dans une journée, tu auras passé un peu de temps à penser à moi. Mais n'en fait pas plus, je t'en pris. Garde du temps pour penser à toi, à ceux que tu aimes plus que tu n'aimeras quiconque d'autre.

Je suis heureux de voir que je te connais tellement bien que de ne pas recevoir une autre lettre de ta part me demandant de revenir sur ma décision, m'aurait fait craindre le pire. Ton obstination à vouloir diffuser tes idées est certes admirable mais totalement inutile dans mon cas.

Apprends que ce n'est pas un acte héroïque que j'essaye de mener, mais juste un devoir. Si personne ne le fait alors qui le fera ? Et puis ne dit pas que ce n'est pas à moi d'y aller. Tu sais très bien ce que je pense de ça. Voldemort l'a décidé bien avant moi. Le jour où il a prit ce qui aurait dû être ma vie de famille, le jour où cette cicatrice a fait de moi celui qui devait tuer où être tué. Crois-tu réellement que je sois assez fou pour tenter de faire une chose qui n'apportera rien, ni à moi, ni aux autres ? Il y a des choses dont personnes ne peut être sûr mais ce que je sais, c'est que tant que cet être qui ne mérite pas d'être appelé homme est en vie, nous ne vivrons pas. Et maintenant que l'on sait ce qu'il faut faire, pourquoi attendre ? Pourquoi risquer la vie d'autres personnes et faire vivre à autrui cette malédiction qu'est la mort ?

Alors non, je ne rentrerais pas à Poudlard. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque. Cet endroit fut ma première maison, cet endroit est désormais mon pire cauchemar. La seule chose qui te donne envie de me voir y revenir, c'est que tu espères changer le moins possibles tes habitudes. Mais pourquoi vivre un ersatz après des moments si précieux ? Le goût n'en sera que plus amer. Les souvenirs sont fait pour rester là où ils sont, l'homme a le devoir de s'en créer d'autre s'en rechercher ceux qui ont fait leur temps.

Tu dis que tu n'es plus mon amie, je ne pense pas que tu le fus une seule fois. Si l'envie te reprend, n'hésite pas à m'écrire à nouveau, en tant que « connaissance ». Mais raconte moi ta vie, ton monde, tes rêves et tes espoirs. Tout ce qui faisait que j'aimais ces longues conversations que l'on a pu avoir.

Avec toute ma sympathie,

H.P.