Cher Harry,

Au risque de paraître accablante à force d'insistance, je me permets de te réécrire encore une fois, une fois qui je l'espère, ne sera pas vaine. T'amuses-tu à torturer mon esprit ? J'en vient finalement à l'espérer. Cela fait déjà presque un mois Harry ! Un mois que je me bats pour ne pas laisser toutes sortes d'idées noires salir mon âme déjà bien assombrie. Je t'en pris, si tu as si ce n'est qu'une ombre de sympathie à mon égard prend ces quelques secondes pour poser ta signature au bas d'un parchemin.

Je passe des journées entières à me faire des idées sur le pourquoi de ton effacement soudain. Qu'en dire ? Si ce n'est que tu ne peux pas disparaître aux yeux des gens de cette manière. Tu ne peux pas avoir vécu pour disparaître ainsi. Harry, ait un peu de compassions à mon égard. Bien sûr, que tu fais une chose que je ne cautionne pas, mais ce n'est pas pour autant que je te renie, pas pour autant que je veux t'oublier. La preuve, toutes ces lettres et mon acharnement à espérer l'impossible.

Cette impression de parler dans le vide me fait bien plus de mal encore, comprends tu au moins ce que je ressens ? Essaies tu de le comprendre ? Il n'y a rien de pire que l'indifférence, inventé pour faire tomber toutes les croyances.

Ne me fais pas tomber dans l'abîme du simple souvenir, refait de moi une personne existante pour au moins quelqu'un.

Ginny Weasley.

Cher Harry,

Deux mois, cette fois et comme on raye une date sur un calendrier, j'attends de tes nouvelles en espérant que chaque jour soit l'instant. Mais cette fois, c'est différent… Ron est parti, et au moment ou je franchirais les portes de ce dortoir, j'apprendrais, je le sais que Hermione en a fait de même.

Au moment ou tu recevras cette lettre, je sais que mon frère sera à tes côtés, et j'espère que comme il me l'a promis, il saura de résonner et t'arracher ces quelques mots que j'attends à juste titre de toi. Je te vois à l'instant ou ton regard caresse ces mots, tourner ton visage vers Ron et soupirer en murmurant entre de tes dents un : « qu'il essaye ». Mais il ne se contentera pas d'essayer, tu le sais comme moi, tout comme tu sais qu'il n'aura pas fort à faire pour te convaincre.

Je ne te demande pas grand-chose Harry, juste quelques mots sur un papier pour me prouver que tu es encore en état de le faire, pour me dire que tu ne m'oublies pas et qu'un jour, je pourrais cesser de m'inquiéter pour toi.

Prends soin de Ron, mais ne lui dit pas que je te l'ai demandé. Je ne veux pas que ce soit lui…

Affectueusement,

Ginny Weasley.

Cher Harry,

Ceci sera ma dernière lettre. Tu as pris une décision qui me concernait sans prendre la peine de m'en informer. Tu veux que je t'oublie, mais tu ne peux diriger mon esprit comme tu fais voler un balai. Tu as joué avec moi… tu as joué avec mes sentiments. Tu as oublié un instant que tu comptais à mes yeux bien plus que n'importe quelle personne sur cette triste planète. Tu as cru bon de m'ignorer en pensant que j'en ferais de même. Mais c'était bien mal me connaître, avoues-le. Alors peut-être est-ce que tu avais raison. Peut-être que je mérite autre chose qu'une personne qui ne pense qu'à elle et à sa sainteté de mission. Que veux-tu réellement ? Mourir en martyre ? Etre l'oublié du peuple qui malgré l'antipathie qui régnait autour de lui à su mettre de côté sa fierté pour vaincre le plus grand mage noir de tous les temps ?

Tu seras pour moi le piètre idiot qui a cru bon de se faire plaindre pour finalement s'effacer. Je t'en veux Harry ! Je t'en veux autant que je te hais. Et je m'en veux de te haïr. C'est déjà te donner trop d'importance… Tu avais raison sur une chose, j'aurais dû tourner la page bien rapidement, j'aurais dû tourner la page mais crois-moi ou pas, je crois encore qu'il vaut mieux suivre la voie du cœur que de la raison. Les remords sont d'autant plus durs à supporter qu'ils laissent derrière eux ce sentiment éternel d'insatisfaction. Ais-je eu tord de vouloir nous épargner de ça ? Tu penses que oui, pas moi. Nous ne regardons plus dans la même direction.

Je remercie Ron d'avoir su être franc avec moi, je le remercie d'avoir su voir que tu n'étais pas cet homme si futé, je le remercie d'avoir un cœur ouvert sur les sentiments des autres.

Quand l'espoir est vain, ou est l'échappatoire ?

Ginny Weasley.

Ginny,

Ne m'en veux pas si le froid qui règne autour de moi m'a fait oublier que la vie continuait ailleurs.

Je ne t'oublies pas, mais n'en fait pas autant.

H.P.