Chère Ginny,
Le soleil se lève à peine sur l'horizon et déjà mes pensées se tournent vers toi… Bientôt six mois que nous recherchons après Ron, six mois que je me bats pour ne pas qu'on l'abandonne là où il est. Je ne savais pas que la moralité de la guerre était du chacun pour soi. Ron est mon ami, sans doute le seul que je n'ai jamais eu, il a une partie de moi et tout comme je saurais incapable de perdre courage et abandonner la bataille, je ne pourrais jamais croire tous les espoirs déchus.
Nous traversons des pays divers ou les hiboux font place à d'autres oiseaux majestueux. Nous passons des déserts aride ou la goutte d'eau est appelé or bleu, aux neiges éternelles ou cette même eau devient de glace. Comment le retrouver dans cette étendue qu'est notre Terre ? Nous avons bien quelques traces, des traces qui se brouillent lorsque nous approchons du but.
Parmi tout cela, il y a la recherche de ces horcruxes… des traces si faibles qu'elles semblent inexistantes. Finalement, à part chasser les mangemorts toujours plus nombreux, je ne vois pas quel est notre but réel. Je pense que cet homme si pitoyable qu'il peut être, a réellement pensé à tout. Il s'est trop bien protégé pour que sa chasse soit une partie de plaisir. Me voilà à dire des balivernes… Comme si j'avais pu espérer un instant qu'il puisse en être autrement. Pourtant, bien sûr que je l'ai espéré. Voilà bientôt un an que l'on détruit tout ce qui a attrait à son personnage si pathétique. Voilà un an, que je ne sais plus ce qu'est ce sentiment de sérénité. Voilà un an que j'espère que chaque jour soit le dernier, celui ou la mort viendra me donner cette tranquillité à laquelle j'aspire tant. Ma mort, ou la sienne…
Aujourd'hui, nous allons traverser les grandes rocheuses, nous attardant sur les villages isolées où les sorciers affluent de toute part. Hier nous sommes allés visiter l'école de Salem, du moins ce qu'il en reste… Je me dits que Poudlard est vraiment un endroit sécurisé… Là-bas au moins, les tours sont encore debout. Cette fois, la si grande Amérique a perdue son école et je ne serais pas surpris d'apprendre que les élèves y sont pour quelque chose dans la chute de cette dernière.
Je vais te laisser sur ses mots car le froid en plus de prendre ma santé en arrive à abîmer l'agilité de mes doigts.
H.P.
Chère Harry,
Je ne désespère pas, un jour ou l'autre, il reviendra devant nous, comme une fleur, en nous demandant ou nous étions pendant tout ce temps. J'en suis plus que certaine, ça oui, il reviendra. Je me vois en train d'écrire cela et pourtant, je devrais être franche, le temps commence à faire long. Voilà six mois que son prénom à disparu de nos conversations familiales, six mois que maman passe des journées à observer les photos de famille comme si elle espérait le voir sortir du cadre et l'enlacer. Ce qui, soyons franc, n'arriverait jamais même s'il était en face d'elle. Je suis finalement contente d'être à Poudlard… Avec le nombre de personne disparue, personne ne me regarde avec cet air de désolation hypocrite.
Je savais pour l'école de Salem, la gazette du sorcier en a fait un article. Apparemment, des mangemorts avaient infiltré l'école, sûrement à la manière de Malefoy et de Rogue. Mais personne ne croit plus réellement ce qui se dit dans ces journaux… Personne ne veut plus croire à l'immondice des propos qui y sont révélés. Nous sommes en période de guerre et l'on croit encore au bonheur… stupidité humaine ou désespoir ?
Fleur nous a dit que celle de beaux bâtons avait fermé également… Elle a fermé avant qu'un malheur ne se pointe. Mais visiblement, en France les avis divergent. Il y en a encore qui sont assez fous pour croire à une mauvaise blague. En pensant, à ça… qu'en est-il de celle de Durmstang… Avec sa réputation, je ne m'attends pas à de très bonnes nouvelles. Peut-être le moyen de remettre la main sur Malefoy ? Après tout lui-même disait que son père avait souhaité le mettre là-bas… Ou bien alors il a rejoint les rangs des plus fidèles et parcoure les rues en visant tout ce qu'il bouge. C'est marrant, je garde en tête l'image d'un gamin tant orgueilleux qu'il manquait de courage. Pour moi, il n'aurait même pas le courage de tuer un scrout à pétard.
Je te laisse ici en attendant ta prochaine lettre qui me trouvera au Terrier. L'année est finie et je me dis que dans un an, je retrouvais un monde d'adule qui je l'espère aura une autre facette.
Avec toute mon affection,
Ginny Weasley.
