Chapitre 7
Le lendemain matin, Link fut tiré de ses rêves par un bruit. Il se frotta les yeux, s'assit sur son lit et regarda autour de lui. La matinée devait déjà être avancée car la lumière passait dans l'ouverture de la porte, nimbant la pièce d'une douce chaleur. Il se leva, sortit de sa maisonnette et vit Liliane qui aiguisait ses deux épées courtes. Link bailla, puis descendit voir la jeune Gerudo. Il posa une main sur l'épaule de Liliane qui sursauta et se retourna.
- Enfin debout ! T'es un paresseux, toi !
- Non, j'étais franchement fatigué... Pourquoi ne m'as-tu pas réveillé ?
- Tu dormais si bien que j'ai pas osé.
Le ventre du jeune homme gargouilla soudainement.
- Tu as faim ? Je t'ai préparé ton petit déjeuner, fit-elle en montrant de la nourriture déposée sur une souche d'arbre.
- Merci.
Il commença à manger mais il demanda la bouche pleine :
- Ch'était quoi che cri tout à l'heure ?
- Oh rien, c'est Mido qui criait, comme toujours.
Après le petit-déjeuner de Link, les deux adolescents prirent leurs armes, montèrent sur leurs chevaux (que Liliane avait emmené devant la cabane du jeune héros ) et s'enfoncèrent dans les Bois Perdus.
Pendant un bon moment, ils ne parlèrent pas, encrés dans leurs pensées. Mais Link dit soudainement :
- Tu crois qu'il existe encore des Elfes ?
La question surpris Liliane .
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que s'il en existe encore, j'ai peut-être une chance de revoir mes parents un jour ... et toi aussi.
- Je l'espère de tout cœur ... J'aurais aimé que mon frère vive, comme ça j'en aurait peut-être su plus sur eux ...
Une larme coula silencieusement sur la joue de Liliane, mais la jeune fille l'essuya d'un geste brusque de la main. Elle n'aimait pas pleurer, surtout en public. Mais Link, qui l'observait depuis un bon moment, remarqua qu'elle était sur le point de pleurer et lui dit :
- C'est pas la peine de refouler tes sentiments, Liliane ...
Elle éclata soudainement en sanglots et enfoui son visages dans ses mains. Link rapprocha son cheval de celui de Liliane et il la prit dans ses bras.
- Oh, Link, j'aurais tellement aimé revoir mon frère !
Il l'embrassa sur le front et lui dit :
- Je sais ... mais en tuant Ganondorf, on l'a vengé ... et puis déprime pas ! Si ça se trouve, tu retrouvera tes parents bientôt !
La jeune fille se calma peu à peu et ils reprirent leur route.
.oOo.
Le soir, les deux amis avaient bien avancés mais, fatigués, ils décidèrent de chercher un endroit pour dormir.
Ils débouchèrent sur une clairière éclairée par la lune qui était monté haut dans le ciel.
Liliane attacha les chevaux à un arbre tandis que Link sortait du sac de la nourriture qu'il avait pris soin de prendre avant leur départ. Ils mangèrent doucement quand soudain la jeune Gerudo eut l'impression qu'on les observait.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le jeune homme qui se préparait déjà à dormir.
- J'ai l'impression d'avoir un regard glacé posé sur moi.
- Bah ! Le feu ne s'éteindra pas avant une heure avancée de la nuit, donc aucune créature n'osera venir par ici.
- Ou peut-être que ça attirera des monstres jusqu'à nous.
- Je t'ai déjà dit que tu étais trop anxieuse ?
- Et toi, je t'ai déjà dit que tu ne te souciais de presque rien ? répondit Liliane. On pourrait peut-être faire des tours de garde.
- A ta guise, ma chère, mais c'est toi qui commence !
Là-dessus, il s'enveloppa dans sa couverture et s'endormit aussitôt.
Liliane resta assise près du feu, à regarder Link dormir. C'était un gros dormeur, se dit-elle avec un sourire en coin. Mais elle retira son attention du jeune héros car un vent glacé parcouru la clairière et éteignit le feu. Elle resta aux aguets. Soudain, elle aperçut dans les ténèbres de la nuit une silhouette.
- Qui va là ? demanda la jeune fille.
Elle reçut comme réponse un coup de griffe qu'elle ne put éviter. Un mince filet de sang sortit de sa plaie à la joue, et Liliane se leva en tirant ses épées courtes de leurs fourreaux. Son médaillon brilla soudainement éclairant l'endroit où se tenait l'inconnu. Liliane fut stupéfaite et frémit d'horreur en découvrant la personne qui se tenait devant elle. Des griffes à la place des ongles, des ailes d'aigles accrochées aux bras ...Pas de doute, c'était Karia, le démon dont Enya, la mère des trois déesses, leur avait parlé !
Karia aperçut Link en train de dormir profondément derrière Liliane, et elle disparut soudainement. Elle réapparut à coté de Link et posa une de ses mains griffues sur le front du jeune homme. Mais la jeune Gerudo sauta sur Karia et, réveillant Link au passage, elle enfonça une de ces épées dans le bras de Karia qui gémit de douleur, puis répondant au geste de la jeune fille qui était au dessus d'elle, elle sortit un poignard et le planta dans le ventre de la jeune Gerudo qui gémit elle aussi, mais plus fort que son ennemi. Karia vit le médaillon que Liliane portait et elle voulut le prendre mais Link attrapa Liliane sans que la harpie puisse réagir. Celle-ci cria : " Je reviendrais! " et disparut. Link posa son amie sur sa couverture et celle-ci, presque inconsciente, dit :
- Dans mon sac, il y a ... des onguents... pour ...
Mais elle ne put finir sa phrase et s'évanouit. Link la soigna puis banda sa blessure et, en posant un regard bienveillant sur son amie, veilla jusqu'à l'aube.
