Cher Harry,

Des mots sur un papier n'ont jamais pu donner la satisfaction qu'est celle de voir un regard s'illuminer ou se fermer à la vue de ces écrits. Alors moi qui pensais te connaître, ne peux que se sentir idiote à la vue de cet homme que tu es devenu.

Bien sur que je pourrais utiliser l'espace que m'offre ce parchemin pour te dire à quel point ce mariage était beau, à quel point j'ai envié Hermione ou encore te dire que pour tous les galions du monde j'aurais voulu être à sa place, dans les bras de celui que je croyais avoir cessé d'aimer.

Je t'aime Harry... comme on a permis à l'homme d'aimer. Je ne pensais pas que ces mots pourraient franchir une nouvelle fois les limites barricadées de mon esprit, et pourtant les voilà.

J'en ai douté... et j'en ai maintenant honte. Mais lorsque tes mains ont frôlé mon corps, le faisant vibrer sous tes caresses, cette fois je le savais, mon coeur s'était de nouveau enflammé. Au bien sûr, ce n'était pas cet amour de jeune adolescente, mais bien... Je t'aime. Je ne pourrais jamais cesser de te le dire... de te l'écrire.

Les baisers frêles et hésitant du gryffondor que tu étais ont fait place à ceux passionnés d'un homme paraissant si sûr de lui. Les frêles étreintes de l'époque ont perdus leur chasteté, et me font regretter ces jours passés à essayer vainement de t'oublier.

Néanmoins, je connais mon esprit tortionnaire, et sais qu'un jour pas très lointain, je serais amenée à réfléchir à tout cela... à peut-être même regretter ces gestes pourtant si agréable et réconfortant. Mais ce dont je suis sure aujourd'hui... c'est que ce soir de juin je t'ai enfin retrouver, toi l'homme qui a fait naître en moi des sensations tout autant nouvelles qu'effrayantes.

Je disais souvent que l'amour qui nous rapprochait n'en était plus. Je maintiens cette phrase, une autre flamme fait battre mon coeur. Une flamme si intense qu'elle semble faire luire tout ce qui est mon entourage. Je sais aujourd'hui que tu seras le père de mes enfants et celui dans lequel je verrais refléter ma propre vie.

Si tu savais à quel point j'ai désormais peur de t'envoyer cette lettre, si tu savais comme j'ai peur de recevoir ce qui sera ta réponse, peur de ne pas la recevoir du tout. Mon imagination me joue des tours et me fais croire au pire comme au meilleur. J'ai cru lire dans ton baiser d'au revoir une amertume qui ne pouvait être à toi. Comme un adieu posé sur le bout de tes lèvres salées.

Je n'ai qu'une envie, te hurler ma détresse à la vue de tes yeux qui ne brillent plus du même vert. Merlin que l'âge a rendu ton corps séduisant, Merlin comme il a fait de ton âme un puit de tristesse sans fond.

Reviens moi vite Harry... fais de moi sans tarder celle qui veillera sur ta vie.

Je t'aime,

Ginny Weasley.

Ma tendre Ginny,

Merlin sait si ce jour fut le plus beau de ma vie. Tu m'as retrouvé, et ce fut réciproque. Pourtant, la vie n'est faite que de départs, de retours et d'arrivées. Ne crois pas en lisant cela que j'ai tout oublié. Non, je garderais ces images, ces sensations et ce partage d'amour jusqu'à mon dernier souffle. Puisses-tu y lire une marque d'espoir, l'espoir que le destin nous offrira assez de temps pour revivre un moment aussi fort que celui-ci.

Tout comme tu l'as remarqué notre relation a pris un tournant... un virage qui nous a éloigné un peu plus de ce monde enfantin auquel on se raccrochait. Nous devrons faire un choix que je voudrais pouvoir dire personnel. Mais hélas, nous ne sommes plus en mesure de choisir pour nous même. C'est pour cela que je ne rejette pas ta "demande en mariage", je la repousse juste. Je ne veux pas faire naître dans ton âme des espoirs qui seront peut-être vain. Non, je veux faire naître dans ton âme des certitudes qui embelliront ta vie.

Le fait est là, je ne suis plus certain de rien. Bien sûr que ces moments intenses furent les plus beaux que la vie m'ait offert, bien sûr que je t'aime et que je désire plus que tout ton bonheur. Mais bien sûr que cette vie que l'on m'a donné est frêle. Alors il serait plus sage de patienter sans réellement s'attendre.

Ce serait mentir que de dire que cela est un souhait. Non, il s'agit juste de cette fichu conscience qui refait surface. J'aimerais te demander de m'attendre, de préparer les festivités pour mon retour, te dire que nous aurons les plus beaux enfants de la planète et te répéter encore et toujours que si la vie t'a fait mienne, c'est pour l'éternité. Mais hélas, rien n'est éternel.

Je ne regretterais jamais ce que nous avons fait ce jour là, je l'avais tellement souhaité que cet instant avait ce goût inimitable de rêves. Je t'ai aimé...

C'est en tentant de me décrocher de ces rêves que je vais retourner dans cette quête qui touche à sa fin.

Je t'aime,

H.P.