Papa,
Qu'il me paraît étrange d'écrire ce mot. Un mot que je n'ai appris à prononcer que bien après la plupart des enfants de mon âge. Pendant longtemps, on ne m'a pas cru lorsque je racontais à mes copains d'école que j'étais le fils de Harry Potter. Je ne leur en veux pas, ça me donne l'impression de partager un secret avec toi.
Voilà onze ans que tu es mort et partout dans les rues, on fête la journée où tu as eu raison de cet homme que personne n'ose encore nommer. Cela fait bizarre de voir ton portrait sourire sur les vitrines des commerçants de Pré-au-lard. Je me raconte à chaque fois que tu as pris cette photo en pensant très fort à moi. Mais c'est impossible, je le sais. Maman m'a dit que tu n'étais pas au courant de ma venue et que tu étais parti combattre ce mage avant même qu'elle n'ait pu t'en toucher un mot. Peut-être que tout aurait été différent si tu avais su... Au moins, j'aurais été le fils de quelqu'un.
Ça ne me rend pas triste... je suis comme toi, je n'ai pas connu mon père et ceux qui connaisse mon histoire raconte que je suis son portrait craché... sauf les yeux. Oui, j'ai les yeux de maman.
J'ai eu onze ans au printemps dernier, et je suis rentré à Poudlard. Maman dit qui tu aurais été très content d'apprendre que j'avais rejoint la maison des Gryffondors, et peut-être même plus de savoir que j'avais décroché le poste d'attrapeur. Je dois ça à oncle Ron, il m'a appris très tôt à monter sur un balai, au grand désarroi de tante Hermione. Pourtant, moi je suis sûr que c'est à toi que je dois tout ça, ou plutôt à ton sang.
Mais je me sens un peu seul ici... bien sûr je me suis fait des amis, mais je ne peux pas leur parler de toi... de peur qu'eux aussi me délaissent en me croyant menteur.
Je suis le premier Weasley brun de la famille, et ça m'a valu les railleries du choipeau magiques. J'ai eu très peur quand j'ai entendue le professeur McGonnagall prononcer mon nom. Mais j'y suis allé en espérant de tout mon coeur qu'il ne me mettrait pas chez les serpentards. J'avais le caractère paraît-il... qu'on le redise encore et je leur montrerais de quel bois se chauffe un Weasley! Je maîtrise désormais le sortilège de chauve furie.
Maman me parle beaucoup de toi. Elle me dit que tu l'aimais beaucoup et que elle aussi t'aimait, mais que la vie avait choisi de t'enlever à nous. Je ne comprenais pas bien pourquoi les autres enfants avaient leur papa, pourquoi, ils ne portaient pas le nom de famille de leur mère et pourquoi le mien avait dû partir pour devenir celui qui a vaincu. Je dois me contenter de dires et d'écrits pour imaginer quel père tu aurais dû être. Et ce qui me fait le plus mal là dedans, c'est que je sais que tu ne me reconnaîtrais même pas si l'on se croisait par hasard.
Je regrette qu'aux yeux de tout le monde, tu ne sois que l'élu et pas un père. Officiellement, tu n'as pas de famille... juste des amis qui contribuent à garder ta mémoire intacte.
On me demande pourquoi j'ai écrit cette lettre, pensant sans doute que comme tous les enfants, je viendrais les déposer sur ta tombe, dans ce musée qui porte ton nom... Pauvres fous, comme s'ils pensaient réellement que maman aller accepter de laisser ta sépulture à la vue de tout le monde. D'après ce que j'ai compris, elle a réussi à l'époque, à signer un pacte avec le ministère. Elle devait abandonner l'idée de faire de moi ton fils légitime et à la place de cela, ils organiseraient des fausses funérailles. Je suis content de son choix, et aujourd'hui, c'est à Goldric Hollow que j'emmène cette lettre.
A mon père, mon héros,
Wyatt Harry James Weasley.
