Chapitre 27
Ganondorf avançait lentement, mais sûrement, dans la mairie de Maltia, où résidait sa maîtresse, Karia.
Il monta des escaliers recouverts d'un tapis argent, sans jeter ne serait-ce qu'un regard aux peintures pourtant magnifiques qui reposaient sur les murs. Il releva la tête quand il arriva devant une grande porte de fer, qu'il poussa d'une main.
L'ex-seigneur des ténèbres entra dans la Salle de Justice, comme les mortels aimaient l'appeler. La pièce, de forme circulaire, n'était que très peu meublée. Une table de bois en demi-cercle trônait au beau milieu, accompagnée de fauteuils richement décorés. Des tentures tombaient du plafond, et la seule source de lumière étaient les quelques torches accrochées aux murs.
- Approche, Ganon, approche...
Une voix douce mais menaçante s'élevait du plus grand des fauteuils, dont le dos était face à Ganondorf. Avec une fausse assurance, celui-ci s'avança vers la personne qui avait parlé.
- Dame Ka...
- Tais-toi. Ne prends pas la parole sans mon accord.
Ganondorf recula d'un pas, furieux et blessé dans son amour-propre. Il mit la main à la garde de son épée quand le fauteuil pivota lentement, mais la personne restait toujours dans l'ombre.
- Contrôle-toi. Ne cherche pas à te battre...tu ne peux rien contre moi.
Le Gerudo serra les dents et prit un masque d'impassibilité.
- Je vois que tu apprends vite...
La personne dans le fauteuil leva la main pour la poser sur la table. C'était une main décharnée, presque squelettique, avec des ongles plus que longs.
- Je sais que tu as perdu le médaillon. Et la fille qui a le don de résurrection
Ganondorf n'eut aucune réaction et se contenta de fixer la personne qui lui faisait face. Il avait l'habitude...
- Tu es désespérant. C'est pitoyable. Deux gamins, une princesse pourrie gatée et une saleté d'elfe t'ont battu.
Ganondorf sentit une vague de chaleur passer dans sa colonne vertébrale, et sans prévenir, il sortit son épée. Ses yeux flamboyèrent. Les flammes des torches s'intensifièrent, et leur lumière devint presque aveuglante. Ganon s'approcha de la personne et la menaça de son arme.
- Comment osez-vous me parler de la sorte ?
- Oublies-tu que c'est moi qui t'ai fait sortir de Saint Royaume ?
- J'ai accepté de vous servir seulement parce que mon âme criait vengeance. Mais faites attention... personne n'échappe à un coup de poignard dans le dos.
La personne assise poussa un hurlement de rage et ses yeux noirs virèrent au rouge sang. L'ex-seigneur des ténèbres recula d'un pas, mais trop tard. Il avait poussé le bouchon trop loin.
Karia, car c'était elle, se leva et s'approcha de Ganondorf, si près que leurs nez se touchaient. Les pupilles de la harpie se dilatèrent jusqu'à ne devenir qu'un minuscule trait.
- Ne joue pas à ça avec moi, Tritian, murmura-t-elle. Car c'est moi qui gagnerai.
Ganondorf ne dit rien, d'abord parce qu'il n'y avait rien à dire, et ensuite parce que les yeux de la harpie le subjuguait. Karia s'approcha encore plus de lui et dit :
- Mène mes troupes sur la forêt et tu remonteras dans mon estime.
.oOo.
Gael faisait les cent pas dans la salle du trône, le front plissé par la concentration. Il était seul avec ses conseillers et la Reine.
- A quelle distance sont nos ennemis de la forêt ?
- A cinq lieues. Ils ne tarderont pas à arriver.
Gael s'arrêta soudainement et fixa l'Elfe qui venait de parler.
- Si près que ça ?
Le noble acquiesça d'un mouvement de tête. Un autre, le chef de l'armée, se leva et demanda :
- Dois-je préparer les guerriers à la bataille, mon seigneur ?
Gael se tourna lentement vers lui et répondit par l'affirmative. Le militaire sortit après les avoir salué, lui et la Reine, puis tous les conseillers prirent congé de leur maître.
Gael entendit le bruit du tissu glissant sur le sol et vit la Reine Amilia s'approcher. Il l'attira à lui et la serra dans ses bras. Elle semblait si fragile ...Gael la serra plus fort contre lui, histoire de la rassurer. Amilia leva la tête vers lui et déclara, l'air grave :
- La dernière bataille commence.
.oOo.
Le pas lourd des monstres s'entendait à des lieues. Dix mille, voilà leur nombre.
Devant eux, monté sur un cheval à la robe ébène, Ganondorf. Au dessus, Karia volait.
Boum, boum.
Les épées attendaient sagement dans leurs fourreaux que leurs maîtres les sortent.
Pour faire couler le sang.
Le sang. Le combat. La mort.
Boum, boum.
Tous les monstres frémissaient d'excitation, inconscient de tout danger. Après tout, c'était pour cela que tout le monde naissait. Pour mourir.
Boum, boum.
Mourir. Bien grand mot.
Boum, boum.
Au loin, un chant sortit de la forêt, perça les nuages et arriva jusqu'à l'armée de Karia.
Un alarc'h, un alarc'h tremor
Un alarc'h, un alarc'h tremor.
War lein tour moal Kastell Arvor.
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann, d'an emgann o
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann ez an o
Le chant de guerre des Elfes.
Nevezenti vat d'ar Vretoned
Nevezenti vat d'ar Vretoned
Ha mallozh ruz d'ar C'hallaoued
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann, d'an emgann o
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann ez an o
Les Elfes, sortis de leur forêt, s'avançaient lentement vers leurs ennemis, arcs et épées à la main.
Erru ul lestr e pleg ar mor
Erru ul lestr e pleg ar mor
E ouelioù gwenn gantañ digor
A leur tête, le seigneur Gael marchait, le visage fermé. Son armure brillait au soleil.
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann, d'an emgann o
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann ez an o
La guerre. La fureur de la bataille. Le sang. La mort. Voilà ce qui les attendait tous.
Degouezhet an aotrou Yann en-dro
Degouezhet an aotrou Yann en-dro
Degouezhet eo da ziwall e vro
Les armées se faisaient face à présent. Les monstres hurlaient, leurs armes cliquetaient alors qu'ils essayaient de contenir leur enthousiasme et de se précipiter vers les Elfes.
Le regard de Gael passa sur ses soldats, sur les monstres, et enfin sur Ganondorf.
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann, d'an emgann o
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann ez an o
L'ex-seigneur des Ténèbres lui offrit un sourire cruel. Il sortit deux lames effilées. Dans le ciel devenu noir, Karia poussa un cri perçant, remplissant les âmes de ses ennemis de peur.
Enor, enor d'ar Gwenn ha Du
Enor, enor d'ar Gwenn ha Du
Ha d'ar vourc'hizien mallozh ruz
Malgré tout, les Elfes ne bougèrent pas d'un poil. Ganondorf leva son sabre. Gael cria. Les archers elfiques bandèrent leurs arcs, et les monstres poussèrent des cris alors qu'ils courraient vers la mort.
L'ultime bataille avait commencé.
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann, d'an emgann o
Dinn, dinn daoñ, d'an emgann ez an o
( NdA : c'est un chant breton… La traduction sera pour une prochaine fois ! )
