Chapitre 30

Zelda courait entre les arbres, sa dague à la main, sans faire attention à sa fatigue et à ses blessures. Elle n'avait qu'un objectif : retrouver Malva... et botter les fesses de son kidnappeur, bien sûr.

Tout à coup, le pied de l'hylienne se prit dans une racine, et elle s'étala de tout son long dans la terre. Zelda se releva en poussant des jurons indignes d'une princesse, et passa une main sur son visage sali. Elle rattrapa sa dague qui s'était planté dans la terre dans sa chute.

La princesse se redressa et s'apprêta à continuer sa route quand le métal froid d'une épée se posa sur sa gorge. Zelda ferma les yeux quelques secondes, puis les rouvrit pour faire face à...un elfe.

La jeune hylienne ne voyait pas son visage. Les cheveux sombres de l'inconnu lui tombaient sur la figure.

- Ton nom, déclara-t-il d'une voix sèche.

Zelda prit une grande inspiration, puis répondit :

- Je suis Zelda, l'amie de Liliane et Link, les enfants du seigneur Gael. Je ne te veux aucun mal.

L'elfe recula, comme sous l'effet d'une gifle. Il baissa la tête et rangea son arme dans son fourreau.

- Je suis désolé. Des humains, hommes comme femmes, ont traversé la forêt pour se rendre à l'Arbre. Mes frères les ont combattu mais sont morts... Alors tu comprends ma méfiance...

Zelda eut un sourire, qui disparut quand elle découvrit le visage de son interlocuteur. Le vent avait soulevé la masse sombre des cheveux de l'elfe. L'hylienne retint un cri. Les yeux de l'inconnu avaient été brûlés, et du sang coulait sur ses joues.

Il était aveugle.

Une main sur la bouche, Zelda était incapable de prononcer le moindre mot. L'elfe dut sentir son trouble, et eut un sourire sans joie.

- Mes yeux ont été brûlés par ces... humains, s'ils en sont.

- Oh, par Nayru... Je suis désolée. Même avec la magie, je ne saurais vous guérir.

L'elfe haussa les épaules. Il la regarda de ses yeux sans vie, et, même s'il était aveugle, Zelda eut l'impression qu'il sondait son âme.

- Quand vous pouviez... Avez-vous remarqué une enfant avec ces humains ? Une fillette de cinq ans, aux cheveux noirs et aux yeux ambrés.

L'elfe réfléchit un moment puis son visage s'éclaircit.

- Oui. Elle était transporté par... un monstre ou je ne sais quoi. Elle doit être dans la ville à présent.

- Oh, merci beaucoup !

Zelda fit quelques pas puis sentit une main emprisonner son poignet. Elle se retourna brusquement et fit face à l'elfe qui dit :

- Tu n'as jamais été formée pour le combat. Moi si. Laisse-moi t'accompagner.

- Mais...

- Je serais ton bras et tu seras mes yeux. Cela te convient-il ?

- Hum...d'accord. Mais d'abord, dis-moi ton nom.

L'elfe sourit.

- Je me nomme Glenwing.

.oOo.

Link essuya ses larmes d'un revers de manche. Il passa une main sur les yeux sans vie de son père et les ferma. Puis, le jeune héros se tourna vers Liliane. De grosses larmes coulaient sur les joues de la jeune fille qui essayait vainement de s'arrêter de pleurer. On voyait parfaitement le sillon des larmes de Liliane sur sa peau salie. Link s'approcha d'elle. Elle releva la tête et ses lèvres frémirent. Elle enfouit sa tête dans le creux du cou de son frère et éclata en sanglots.

Link leva la tête vers Liros. Celui-ci n'avait toujours pas bougé. Ses yeux restaient rivés sur Gael et son visage avait brusquement pâli. Le regard de Liliane dériva sur son amant, et elle fronça les sourcils. Elle s'écarta de son frère et passa une main devant les yeux de Liros. Aucune réaction.

- Liros ?

Liros sembla sortir d'un rêve. Il leva les yeux vers le visage brisé et les yeux rougis de Liliane, et son coeur se fendit en deux. Il baissa la tête, les yeux brillants de larmes.

Liliane mit sa tête au creux du cou de son amant, et, en même temps, Link posa une main sur l'épaule de son ami. Une décharge électrique parcourut leurs corps.

.oO° Flash-Back °Oo.

Liros était assis par terre, dans un coin de sa chambre. Ses cheveux, plus courts que d'habitudes, tombaient gracieusement sur ses épaules, et des mèches noires couvraient son regard. Il passa une main devant ses yeux, et ceux-ci brillèrent dans le noir de la pièce.

La porte de la chambre s'ouvrit brusquement. Un soldat entra, un sourire aux lèvres. Gael le suivait de près, l'air maussade. Le garde balaya la salle du regard puis découvrit l'adolescent.

- Ah, Liros. Le seigneur Faolin veut te voir, ainsi que Gael.

Gael grimaça. Le seigneur Faolin était son père, et, tel que le futur roi le connaissait, il allait leur passer un savon...
Liros se releva et suivit docilement son meilleur ami dans les couloirs du palais.

Lorsqu'ils furent arrivés à la salle du trône, le seigneur Faolin congédia le soldat, puis se tourna vers son fils.

- Je veux que vous compreniez que votre conduite est inadmissible. J'espère que vous ne recommencerez pas.


Gael et Liros échangèrent un regard surpris. C'était tout ? Faolin dut le comprendre, car il déclara :

- Le temps n'est pas aux réprimandes. Le roi est revenu de son pèlerinage au Temple.

Comme pour confirmer ses dires, les portes de la salle s'ouvrirent, et le roi entra, sa suite à ses talons.( NdA : super la phrase ! )

Liros regardait avec appréhension cette petite foule. Il jeta un coup d'œil à son ami. Gael avait les yeux fixés sur une personne précise. Liros n'eut pas besoin de suivre son regard pour savoir qui attirait l'attention du futur roi. Elina était rentrée juste après son père, le visage souriant et les yeux rieurs. Ses cheveux de feu voletaient autour de sa tête.

.oOo.

Liros banda son arc et tira. Sa flèche se planta, dans le rond rouge, au milieu de la cible. Avec un sourire satisfait, il céda la place à son meilleur ami. Gael empoigna son arc et sa flèche s'immobilisa juste à côté de celle de Liros. Les deux amis se sourirent.

- Crois-tu pouvoir faire mieux, Elina ? demanda Gael.

- Vous allez regretter de m'avoir défiée, vous deux ! dit-elle en riant.

Elle prit l'arc de Gael des mains de son propriétaire et le banda. Sa flèche se planta pile au centre de la cible, entre les deux autres flèches qui se fendirent en deux et tombèrent par terre.

- Na !

Elina rendit son arc à Gael, qui la regardait, incrédule. Elle lui fit un clin d'œil et tira la langue.

.oOo.

Dans une salle adjacente à la salle du trône, Liros et Gael bavardaient de tout et de rien. Le diadème royal de Gael était posé sur le bureau.

Soudainement, la porte s'ouvrit, et une tornade rousse entra.

- Elina ? Qu'y a-t-il ?

La reine se tourna vers Gael, et entortilla une mèche de feu autour de ses doigts. Elle sourit tout en lui jetant un regard prouvant tout l'amour qu'elle avait pour lui :

- Je suis enceinte !

Elina éclata d'un rire cristallin. Gael cligna plusieurs fois des yeux, et son visage se fendit en un large sourire. Il se précipita vers sa femme et la fit tourner dans les airs avant de la reposer et de l'embrasser. Liros détourna le regard, amusé par la réaction de son ami.

.oOo.

Dans la salle d'armes, un duel particulier attirait l'attention. Deux adversaires s'affrontaient amicalement. Soudain, un cri retentit.

- J'ai gagné !

Gael posa son arme par terre, passa une main dans ses cheveux sombres puis tendit une main à son adversaire qui s'exclama :

- Bravo Gael ! Je n'aurais jamais cru que tu puisses me battre un jour !

- Eh oui, Glenwing, que veux-tu...

- Hum...

Gael se retourna et son regard plongea dans deux saphirs. Elina se tenait devant lui, le ventre joliment arrondi. Le coin des lèvres de la jeune elfe frémirent, comme si elle allait sourire. Il lui sourit et reprit son épée.

- Bravo mon gars !

Gael se tourna vers Liros. Ce dernier était adossée nonchalamment à un mur, comme à son habitude. Il regardait, l'air hautain, les quelques elfes qui s'entraînaient dans la salle. Liros s'avança vers son ami tout en attrapant une arme.

- Est-ce que le futur père veut bien combattre contre moi ? demanda-t-il avec un sourire irrésistible.

Gael rit et Elina soupira :

- Moi je ne veux pas. Je vais le retrouver en miettes ! dit-elle avec un sourire.

- Eh !

- T'inquiète 'Lina, je te le redonnerai vivant !

La surnommée 'Lina sourit et s'écarta.

- M'accorderez-vous cette danse, mon seigneur ? dit Liros à son ami en inclinant la tête, ironique.

Celui-ci haussa un sourcil et répondit, amusé :

- Avec plaisir, mademoiselle !

Liros rougit et s'élança vers son ami.

.oO° Fin du Flash-Back °Oo.

Liliane recula, ainsi que Link. Liros les regardait, incrédule.

- Vous avez...vous avez ...

Link acquiesça d'un mouvement de tête. Liliane réussit à sourire et demanda :

- Qu'est-ce que vous aviez fait, papa et toi, pour que vous soyez puni ?

Liros lui jeta un regard amusé, et répondit :

- Une bêtise ...une grosse bêtise...

Puis, sans prévenir, il éclata de rire.

- C'était la bêtise du siècle ! Les elfes s'en souviendront jusqu'à leur mort ! On s'était introduit dans la salle d'armes, et on avait décidé de se battre... Le problème, c'est que, quand ton père a lâché son épée, celle-ci a fait des ravages... Tous les boucliers, les armures, et les épées, qui étaient suspendus en hauteur, sont tombés par terre, dans un fracas épouvantable... et Gael et moi nous sommes fait tuer...

Link rit, mais son regard se posa sur son défunt père, et la joie disparut de son visage.

- On reviendra pour lui offrir une tombe digne de ce nom. Pour le moment, il faut chercher Zelda.

Les deux autres approuvèrent et tous trois se remirent en route.

.oOo.

Zelda et Glenwing se tenaient devant l'Arbre. Zelda s'approcha lentement et essaya de poser une main dessus, mais Glenwing l'en empêcha.

- Fait attention... L'Arbre souffre... par conséquent, il se protège du mieux qu'il peut. Si tu le touchais, tu mourrais.

Zelda frissonna à l'entente de ces mots, puis leva une main devant l'Arbre. Elle se concentra, et suivit les instructions de son compagnon. Bientôt l'Arbre changea de couleur et s'ouvrit.

Zelda ne put s'empêcher de pousser un cri d'horreur.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que tu vois ?

- La cité est ...détruite ! Oh par les déesses !

Glenwing tourna la tête de tous les côtés, comme s'il s'attendait à voir surgir un ennemi. Seule une forte odeur de charogne vint jusqu'à lui, et il se boucha le nez.

- Ne restons pas là, déclara-t-il.

Zelda lui jeta un regard étrange, puis tout deux pénétrèrent dans la cachette.

Ils traversèrent lentement la ville, armes à la main, prêts à attaquer. Zelda s'efforçait de ne pas regarder les cadavres qui jonchaient par terre, mais il y en avait beaucoup trop pour qu'elle ne les voit pas. Vieux comme jeunes, personne n'avait été épargné. Soudainement, Glenwing tourna la tête.

- Ecoute !

L'hylienne ferma les yeux et écouta. Un bruit de pleurs lui parvenait. Sans attendre Zelda, l'elfe se précipita vers la source des sanglots. Zelda courut pour le rattraper, puis s'arrêta brusquement auprès de son compagnon.

En plein milieu des ruines, deux cadavres ensanglantés reposaient. L'un des morts tenait encore son épée. A côté d'eux pleurait une petite fille de même pas deux ans. S'en fut trop pour la princesse. Elle porta la main à sa bouche et s'éloigna, avant de se baisser et de vider son estomac pourtant à moitié vide. Elle s'essuya la bouche avec dégoût, puis retourna près de l'enfant. La fillette hurlait, et de grosses larmes coulaient sur ses joues. Zelda la prit dans ses bras et la berça. Peu à peu, l'enfant se tut et mit son pouce dans sa bouche. Attendrie, Zelda réussit à sourire. Glenwing s'approcha d'elle.

- Nous l'emmenons. Je ne veux pas retrouver son corps à moitié man...

- Oh tais-toi ! s'exclama la princesse. Je n'ai pas envie de vomir une nouvelle fois.

Glenwing sourit, puis ils continuèrent leur route vers le palais.

Zelda ouvrit la porte d'une salle, puis la referma après l'avoir examinée.

- Malva n'est pas là.

- Malva ? La fillette qui a le pouvoir de résurrection ? Je comprends mieux, à présent.

- Comment sais-tu que c'est elle ? demanda la princesse, étonnée.

- Gael m'a parlé d'elle.

Zelda acquiesça d'un mouvement de tête et se pencha pour vérifier que le bébé dormait encore. Glenwing était à l'écoute de ses sens. Il avait fermé les yeux. Il les rouvrit tout à coup et déclara : "Quelqu'un arrive." Zelda sursauta, puis ils se cachèrent dans un renfoncement.

La porte du couloir où ils étaient s'ouvrit, et trois personnes entrèrent.

- Non mais c'est pas possible ! Pourquoi faut-il que ce foutu palais soit aussi compliqué ?

Zelda sentit son cœur se gonfler d'espoir.

- Liliane ? risqua-t-elle.

L'intéressée se retourna et ses yeux brillèrent.

- Zelda !

L'hylienne sourit à son amie, puis fit signe à Glenwing de sortir. Celui-ci s'avança dans la lumière. Un sourire éclaira son visage alors qu'il voyait Liros.

- Glenwing ? s'exclama celui-ci.

- En chair et en os, mon gars !

Liros se jeta dans les bras de son ancien ami. Glenwing l'enlaça, puis s'avança vers les jumeaux avec une telle assurance que Zelda fut prise de doute en ce qui concernait sa blessure aux yeux.

- Je suppose qu'ils ont le caractère de leurs parents ?

Liros rit doucement. Link montra l'enfant dans les bras de Zelda et lui demanda ce qu'il faisait là.

- Cette petite n'a plus de parents. Elle pleurait toute seule au milieu des ruines. On allait pas la laisser là !

Link acquiesça. Liliane regardait Glenwing, qui détournait la tête, mal à l'aise. La Gerudo le fixa droit dans les yeux et s'écria :

- Mais vous êtes aveugle !

Glenwing posa ses yeux sans vie sur Liliane, puis sur Liros. Ce dernier le regardait, l'air choqué.

- Qui t'as fait ça ?

- Humains, répondit Glenwing, le visage dur.

Liros voulut dire quelque chose, mais un cri l'en empêcha.

- Malva !