Chapitre VIII Point de vue de Ginny

Vraisemblablement l'amnésie dont souffrait Ron était très localisée et elle ne concernait visiblement qu'un seul sujet. Ses collègues guérisseurs et elle avaient bien émis l'hypothèse que la boisson qu'il avait ingurgité lors de sa tentative de suicide avait agit comme un sort d'Oubliette très spécialisé et tous ses souvenirs concernant Hermione avaient été effacées. Bien entendu cela ne resterait qu'une supposition tant que Ron ne leur aurait pas donné la composition de son breuvage mais apparemment les jours précédents sa création restaient nébuleux dans son esprit. En ce moment, elle se chargeait de lui faire raconter toutes les aventures qu'il avait pu avoir en commun avec Hermione mais les résultats étaient peu convaincants. Elle avait suggéré que son frère ne se sentait peut-être pas à l'aise ou en confiance à Sainte Mangouste et les guérisseurs avaient fini par le laisser sortir et emménagé chez Harry et elle.

« -Nous étions prisonniers d'un filet du diable sans pouvoir nous libérer puis Harry a du attraper une clé volante… entendait-elle Ron raconté à Ange.

« -Comment vous avez passé le filet du diable si vous pouviez pas vous libérer ? » demanda la fillette.

Ginny ne put s'empêcher de sourire, sa nièce avait su pointer l'incohérence dans les propos de son père et l'avait ainsi mis dans l'embarras, salutaire à son avis.

« -Harry a cessé de s'agiter et le filet du diable l'a lâché puis juste après il y a eu une lumière vive et je suis tombé… donc ton oncle a réussi à attraper la clé et nous nous sommes entrés dans une pièce où il y avait un immense échiquier auquel il manquait trois pièces, ton oncle a pris la place du fou tandis que moi, je suis devenu le cavalier… J'ai été blessé mais j'ai quand même gagné…

-C'est qui a pris la place de la troisième pièce ?

-La troisième pièce ?

-Bah oui ! tu as dit qu'il en manquait trois.

-Ah oui ! Euh… Je ne sais plus.

-Maman m'a dit que tu jouais très bien aux échecs et que personne n'a jamais pu te vaincre.

-C'est vrai ? Ta mère doit un peu exagérer.

-C'est vrai que Maman et toi, vous disputiez tout le temps ?

-Si elle le dit. » tenta de se défausser Ron. « Tu ne veux pas plutôt jouer aux échecs plutôt que de m'entendre radoter sur ma jeunesse ?

-Oui ! » s'exclama Angie en tapant dans ses mains.

Ron se leva et alla chercher dans ses affaires le vieil échiquier de son enfance.

« -C'est mon grand-père qui me l'a offert quand j'avais à peu près ton age. »

Ginny sourit en se remémorant la scène. Leur grand-père l'avait, elle aussi, initié aux échecs mais elle n'avait jamais atteint la virtuosité de Ron, alors il lui avait offert cet échiquier, il en avait eu des étoiles dans les yeux et pendant des jours, il l'avait gardé dans ses bras. Leur mère avait du le menacer de le mettre son jeu au feu pour qu'il accepte de le lâcher mais il se débrouillait toujours pour l'avoir en vue.

« -Angie a l'air de bien amadouer Ron. » fit la voix chaude son mari à son oreille, la faisant ainsi sursauter.

« -Harry ! Arrête de faire ça ! … Ho !

-Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ? » S'inquiéta le jeune homme.

« -Ton fils a bougé en entendant ta voix.

-Notre fille, tu veux dire.» Susurra Harry avant de se mettre à genoux devant son ventre rebondi. « Bonjour ma puce, c'est Papa.

-Ho, il a recommencé.

-Elle a recommencé ! Dis à Maman que tu es bien fille en la frappant deux fois.

-Mais arrêtes donc de dire des bêtises ! Notre bébé est trop petit pour te comprendre.

Harry éclata de rire et il se releva pour lui voler un baiser. Elle lui cacha cependant que leur enfant l'avait frappé très doucement deux fois.

« -Avec une maman comme toi, je ne serais pas étonné qu'elle nous réponde dès la naissance.

-Cesse de la flatter comme ça, Harry, sinon tout le monde va finir par croire que tu veux mettre ma sœur dans ton lit. » S'esclaffa Ron tout en continuant à jouer.

« -Tu n'as pas honte de dire ce genre de chose devant ta fille ? » s'offusqua-t-elle.

« -Angie ne doit pas comprendre ce que je viens de dire.

-Si ! Oncle Harry veut dormir dans le même lit que Tante Ginny… mais Papa, ils le font déjà ! »

Elle lança un regard noir à son frère tandis qu'elle sentait dans son dos rire silencieusement son époux. Elle ne pouvait le blâmer, Angie était un parfait mélangé d'Hermione et de Ron, l'intelligence et l'esprit vif de la première avec la franchise et la naïveté du second.

« -Pourquoi ils dorment ensembles ?

-Quand deux personnes s'aiment beaucoup, comme eux deux par exemple, dormir ensemble est normal et parfois quand ils dorment souvent ensembles, ils font un bébé ou deux. » Expliqua Ron d'une manière qu'elle trouva très sereine même si le mouvement de ses yeux trahissait sa nervosité et indiquait qu'il savait qu'il s'engageait sur une pente savonneuse.

« -C'est comme ça que Maman et toi m'avez fait ? »

Ron lança vers Harry et elle un regard qui les appelait à l'aide mais ils ne pouvaient ni ne voulaient l'aider.

« -C'est encore différent pour toi.

-Pourquoi ?

-Parce que…

-Oui, Ron, dis-nous pourquoi c'est différent. » Fit Hermione de la voix la plus neutre possible en pénétrant dans la pièce.

« -Comment pourrais-je le savoir étant donné que je ne possède aucun souvenir d'une prétendue relation entre nous ! »

Hermione le regarde froidement.

« -Ange, va dans ta chambre ! » ordonna-t-elle.

« -Mais j'ai pas fini ma partie avec Papa.

-On la finira plus tard, ma chérie. En attendant, écoute ta mère. »

La petite fille se leva en pestant et couru dans sa chambre dont on entendit la porte se refermer avec fracas.

« -Comment oses-tu dire ça devant notre fille ! Ce n'est pas moi qui t'ai obligé à boire la décoction que tu t'es préparée tout de même !

-D'après ce qu'on m'a dit, tu n'es pas entièrement innocente dans l'affaire ! »

Ginny vit Hermione s'avancer jusqu'à Ron et lui décocher une baffe qui sembla raisonner dans toute la maison avant de courir se réfugier dans la chambre de sa fille.

« -Franchement Ron, la délicatesse avec Hermione est toujours ton point fort. » lança aigrement Harry avant de rejoindre son amie.

« -J'étais vraiment amoureux d'elle avant… avant ? Parce qu'elle m'horripile avec ses airs de Miss Je Sais Tout !

-Comme à l'époque… comme à l'époque. » Se contenta de répondre la rouquine avant de rejoindre son amie et son époux.