Chapitre XII
Point de vue d'Hermione
Elle entendait Ron expliquer à Ange sa décision de partir de leur maison. Leur fille n'avait pas manqué de poser la question qui lui brûlait à elle aussi les lèvres « Y avait-il un rapport avec le dîner de la veille ? ». L'annonce de son départ était tellement proche de ce dîner avec Lavande que seul un imbécile ne pouvait pas y voir un lien.
C'est avec convoitise qu'elle attendit la réponse de Ron mais contrairement à son habitude, celle-ci ne fut pas embrouillée mais si limpide et claire qu'une personne qui ne connaîtrait pas Ron pouvait y croire. Cependant vu le nombre d'années qu'ils se connaissaient et la collection impressionnante de disputes qu'ils avaient accumulées, elle s'était intérieurement auto-proclamée experte en paroles mensongères de Ron, et là, il était évident qu'il mentait.
« -Ce n'est pas à cause de toi que je pars, Ange. Au contraire, même ! Si je le pouvais, je resterais uniquement pour toi… »
Elle estima que Ron disait la vérité. A voir comme il regardait Ange, tout le monde devait admettre qu'elle était la personne la plus importante pour lui. Il était littéralement fou de sa fille. En son for intérieur et compte tenu des circonstances de son réveil, elle était persuadée que c'était la présence d'Angie à ses cotés qui l'avait sorti de sa torpeur, plus que toutes les potions et les sortilèges qu'elle avait testés sur lui.
« -… mais je ne peux pas rester éternellement vivre aux crochets d'Harry et Ginny… Mes finances sont très basses et il faut que je me mette à travailler rapidement… »
Là, il mentait comme un arracheur de dents et elle s'y connaissait à ce sujet, ses parents étaient dentistes. Elle avait entendu Harry lui dire qu'il pouvait rester aussi longtemps qu'il le voulait, il lui avait d'ailleurs dit la même chose mais Ron avait sa fierté et il avait refusé. C'était donc pour une autre raison qu'il partait et pour une obscure raison, elle supputait que c'était lié au fait qu'il lui ait dit de refaire sa vie. Sachant qu'elle n'en ferait rien tant qu'il serait quotidiennement là à ses cotés, il avait pris la décision unilatérale de partir. Elle sentait confusément que Lavande y était pour quelque chose et elle lui en voulait. Son ancienne camarade de classe avait un intérêt immodéré pour toutes les personnes un tant soit peu célèbre et il fallait qu'elle lui vole le seul homme qu'elle n'ait jamais aimé.
« -… Et le professeur McGonagall, la directrice de Poudlard, m'a proposé de reprendre le poste de professeur de Vol et vu que c'est l'un des rares trucs où je ne suis pas trop mauvais…
-C'est pas vrai ! » S'exclama Ange avec vigueur. « Tu es le plus fort sur un balai, c'est Maman qui me l'a dit ! Et Tonton Harry et Tante Ginny disent que tu es un ami génial et un super frère… Et puis tu es le meilleur papa du monde !
-Merci de me dire tout ça, Ange. Je suis heureux de voir que tu me trouves aussi extraordinaire.
-Tu m'aimes plus alors ? » Se mit à sangloter la petite fille.
« -Mais si !
-Alors tu vas aller vivre avec la dame d'hier ! »
Hermione son cœur s'arrêter de battre le temps que Ron trouve ses mots.
« -Non, elle refuse de me revoir tant que … elle refuse de me revoir… »
C'était la vérité ! Mais savoir pourquoi la jeune femme refusait de revoir Ron la taraudait désormais. Devait-elle se faire une raison et admettre qu'il ne l'aimerait plus jamais et qu'ils ne formeraient d'aucune manière une famille tous les trois ? D'un coté, cela la mettait en colère car elle n'avait pas passé des années à tenter de le réveiller pour se retrouver seule et de l'autre, elle était effrayée par le fait de vivre avec lui. Elle avait vécu si longtemps avec seulement Angie qu'elle aurait certainement pris l'arrivée de Ron comme intrusion.
« -Mais ma puce, ne t'inquiète pas, au début, je ne reviendrais que le week-end mais après je passerais te voir tous les soirs.
-Tu promets ?
-Juré et si jamais je mens que je sois transformé dans l'instant en gros cochon bien gras… Alors je suis devenu un cochon ?
-Non ! » Hurla de rire Angie.
« -Parfait ! Maintenant file car je crois que ta mère qui est caché derrière la porte voudrait me parler. »
Il savait qu'elle les avait espionnés et elle ne tenta même pas de nier quand Angie ouvrit la porte pour sortir avant de courir vers la cuisine où l'on entendait Harry et Ginny discuter.
« -Tu nous as entendus ? » lui demanda Ron en évitant de croiser son regard.
« -Oui… Alors tu pars ?
-Ouais ! Il faut bien que je gagne un peu ma vie…
-Arrête Ron ! Je te connais depuis qu'on a onze ans et je sais parfaitement quand tu me mens !
-Si seulement ça pouvait être réciproque. » Marmonna-t-il.
Que voulait-il dire en prononçant ça ? Qu'il aimerait mieux la connaître ? Mais pourtant c'était en contradiction avec ce qu'il avait dit à Ange. Il était plus prudent de le laisser continuer.
« -Je sais, parfaitement que ce n'est pas à cause de l'or que tu pars à cause de Lavande ! Elle ne veut plus que tu vives ici !
-Oui et non. C'est bien à cause de Lavande que je pars mais pas pour les raisons que tu évoques. Elle s'en fout d'où et avec qui je vis.
-Alors pourquoi ?
-Ce n'est déjà pas bien clair pour moi alors je me vois mal te l'expliquer.
-Je pourrais peut-être t'aider à comprendre si tu me parlais. »
Ron se leva et alla regarder par la fenêtre.
« -Non… il vaut mieux que je m'éloigne quelques temps d'ici pour réfléchir. » reprit-il après un trop long silence à son goût.
« -Si tu veux en parler, sache que je serais toujours prête à t'écouter.
-Merci Hermione… Je peux te poser une question ?
-Vas-y.
-Pourquoi est-ce que tu es tombée amoureuse de moi ? Parce que selon mes frères, j'étais particulièrement désagréable avec toi. Je me demande même comment tu as fait pour être mon amie. »
Elle s'était souvent posée la question mais elle n'avait jamais trouvé d'explication qui la convainc totalement. Oui, il avait été odieux mais derrière sa cuirasse de piques assassines, elle y avait vu un océan de gentillesse voire même de tendresse qui ne demandait qu'à être explorée. Puis il y avait aussi ce mélange de roublardise et de timidité, d'envie de grandeur et mésestime de soi qui le rendait désarmant. Elle s'apprétait à le lui dire quand Angie entra, surexcitée.
« -Il faut que vous veniez tout de suite !
-Qu'est ce qu'il y a ? » S'exclamèrent-ils tous les deux du même ton alarmé.
« -C'est Tante Ginny ! Oncle Harry doit l'emmener tout de suite à l'hôpital ! »
