Titre anglais : Time Out of Place
Titre français:Espace-temps décalé
Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)
Traductrice : Jess HDH
Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps, UA
Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres
Rating: PG-13
Spoilers : les quatre premiers livres de HP
Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.
Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet
Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?
Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.
Note de la traductrice : Eh oui, je suis de retour ! Après une grosse overdose de traduction qui a duré à peu près deux ans, je m'y remets tranquillement, afin d'essayer de vous donner la fin de cette histoire merveilleuse de Cosmic. J'espère que vous serez toujours au rendez-vous. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires. Bonne lecture !
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CHAPITRE 4
Home sweet Home
Remus et Sirius partirent tôt le lendemain matin, par voie de cheminée. Harry se retint de rire quand il vit Sirius : l'expression 'gueule de bois' était clairement inscrite sur son visage lorsqu'il entra d'un pas titubant dans la cuisine et demanda un café sur un ton bourru. Remus allait bien mieux, vu que lui et Harry étaient les deux seuls à ne pas avoir trop bu la veille. Ron était déjà parti travailler et Draco dormait encore, donc il y eut simplement Hermione et Harry pour dire au revoir à Remus et Sirius.
« On se reverra bientôt, je pense » fit Hermione. « Je suis sûre que Dumbledore va vous détacher sur cette affaire. »
Remus hocha la tête en guise d'approbation. « Oui, je pense aussi. »
Puis il prit Sirius par le bras et le conduisit vers le feu. Celui-ci était en train de marmonner dans sa barbe qu'il ne boirait plus jamais.
« Oui, c'est ça » dit Remus. « Ca arrivera le jour où je ne me transformerai plus. »
Sirius lui lança un regard furieux, puis entra dans la cheminée.
Hermione et Harry retournèrent dans la cuisine. « Tu veux manger quelque chose, Harry ? »
Harry sourit. « Tu peux t'asseoir, Mione. Je vais m'en occuper moi-même. Tu veux quelque chose, toi ? »
Hermione secoua la tête. « Je ne déjeune plus le matin depuis que je suis enceinte, tu te rappelles ? » fit-elle. « Je vomis tout sinon, alors... »
« Ca ne s'est toujours pas arrangé ? » demanda Harry, essayant au maximum de ne pas dire des choses qui éveilleraient des soupçons. Le Harry du monde de Hermione aurait su qu'elle ne déjeunait plus le matin.
Hermione secoua à nouveau la tête. « Non. Pourtant, j'aimerais beaucoup. J'en ai marre d'être malade toutes les dix minutes… »
« Mais ça vaut peut-être le coup d'endurer ça pour le moment, car ce sera une belle récompense quand les jumeaux naîtront, non ? » demanda Harry, choisissant soigneusement ses mots, de façon à ce qu'elle réalise qu'il savait qu'elle portait des jumeaux. Pendant ce temps, il prit du beurre dans le frigo pour l'étaler sur le pain qu'il faisait griller.
Elle resta à le regarder un moment, l'air désorientée, puis elle masqua ses émotions et répondit d'une voix douce : « Oui, ça vaut le coup, c'est sûr. »
Le grille-pain sonna, et le toast sauta.
« Tu peux peut-être boire un verre d'eau ? Ou du lait ? » insista Harry.
Hermione sourit. « Oui, je veux bien. Je pense être capable de digérer un verre de lait. »
Quelques minutes plus tard, Harry mordait à belles dents dans son toast, tandis que Hermione sirotait son verre de lait. Ils étaient assis en silence, et regardaient par la grande fenêtre la pluie qui était encore en train de tomber. Harry avait eu raison : les gros nuages noirs qui étaient à l'horizon la veille étaient désormais au-dessus d'eux.
« Draco dort toujours ? » finit par demander Hermione, après cinq minutes d'un silence confortable.
Harry sourit et se tourna vers elle. « Comme un bébé. Je crois qu'il aura un peu la gueule de bois, tout comme mon cher parrain, quand il se réveillera. »
« Et tout comme mon mari a eu et a probablement toujours ». Hermione sourit. « Il boit toujours quand il est avec vous, les gars, et puis le matin suivant, je me retrouve avec un mari à la gueule de bois dans les bras. Et puis il jure qu'il ne boira jamais plus, bien qu'on sache tous les deux qu'il boira à nouveau quand vous reviendrez nous voir. »
Elle sourit. « Et je trinquerais bien volontiers avec vous, si ma...condition me le permettait. »
Harry lui sourit, même s'il était surpris. Hermione buvait avant d'être enceinte ? L'image du petit rat de bibliothèque bien propre sur elle avait bien un peu changé, alors.
Les escaliers craquèrent, signalant ainsi que quelqu'un approchait. Harry leva les yeux et vit Draco.
« B'jour » fit Draco d'une voix basse et rauque, voix qui ressemblait plus à celle de Crabbe ou Goyle qu'à celle de Draco.
« Bonjour ! » répondit joyeusement Harry, décidé à torturer Draco un peu. Un Draco à la gueule de bois n'était pas quelque chose à laquelle il était confronté très souvent, et ça pouvait aisément être encore plus drôle qu'un Draco bourré.
Le blond grimaça suite à la voix forte de Harry, et s'affala sur une chaise à côté de Hermione.
« Café ? » grogna-t-il.
Harry fut un peu surpris ; il ne savait pas que Draco buvait du café.
« Ca arrive tout de suite » dit Harry de la même voix enjouée qu'auparavant. « Tu veux quelque chose avec ? Toast ? Œufs ? Bacon ? Autre chose ? »
Il vit le pâle visage de Draco devenir encore plus blanc à la mention de la nourriture. Le blond secoua vigoureusement la tête, puis se prit la tête entre les mains en soupirant. Hermione se leva et se dirigea vers l'un des placards. Elle en sortit quelques pilules, puis revint vers Draco et les lui donna.
« Tiens » dit-elle. « Tu te sentiras mieux après. »
Draco prit les pilules et les avala.
« Oh » ajouta Hermione. « Elles ont probablement quelques effets secondaires, vu que ce sont les jumeaux Weasley qui les ont inventées. »
Le Serpentard la regarda, comme s'il se demandait s'il devait essayer de recracher les pilules. « Quel genre d'effets secondaires ? » coassa-t-il, réussissant enfin à trouver sa voix.
« Eh bien » fit Hermione. « Je ne sais pas ; ils ne me l'ont pas dit. »
Il y eut alors un pop, et de la fumée sortit des oreilles de Draco. Il regarda vivement autour de lui, et se mit les mains sur les oreilles, mais il dut vite les enlever, car la fumée était brûlante. La fumée l'entourait, et bientôt, la seule chose que Harry et Hermione purent voir fut un gros nuage. Quand il se dissipa, Draco réapparut.
Enfin, presque Draco.
Un Draco avec des oreilles, une queue et des moustaches de chat.
Harry n'avait jamais autant ri depuis des années. Il fut bientôt plié en deux, tout en montrant Draco du doigt et en se moquant de lui. Le blond en question n'avait pas remarqué les changements jusqu'à présent.
« Aaaaah ! » hurla-t-il quand il vit sa queue et sentit les moustaches sur son visage. « Qu'est-ce que vous m'avez fait ! »
Hermione était elle aussi prise d'un fou rire. « Ca – tout disparaîtra – quand ta gueule de – gueule de bois sera finie » réussit-elle à dire entre deux éclats de rire. « Tu as eu ça à la place de la gueule de bois ; c'est une sorte d'échange standard. »
« Tu ferais un chat très mignon » fit remarquer Harry en riant.
Les joues de Draco virèrent au rouge, et il quitta la pièce, furieux. Harry et Hermione le regardèrent partir, toujours en riant de bon cœur.
« Il ne m'a même pas dit merci » dit Hermione, toujours secouée par un léger rire. « Je pensais qu'il serait content d'être débarrassé de sa gueule de bois. »
« Oh, je pense qu'au fond de lui, il t'était vraiment reconnaissant » fit Harry, puis il ajouta : « Tu as vu comment son nez remuait ? »
Et ils repartirent de plus belle dans leur fou rire.
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Plus tard, Harry trouva Draco dans leur chambre. Il regardait dehors par la fenêtre, le visage empreint de colère. Harry se dit qu'il ne devait pas être conscient que sa queue fouettait l'air de gauche à droite, et même ce mouvement semblait frémir de fureur.
« Tu te sens mieux, Draco ? » s'enquit Harry. Il ne pouvait s'empêcher de taquiner le jeune homme.
Draco se tourna brusquement et lui lança un regard glacial. « Tu trouves ça super marrant, hein, Potter ? » fit-il.
« Eh bien », dit Harry, « reconnais que c'est assez hilarant de te voir avec des oreilles et une queue de chat. »
« Tu trouves ça drôle ? Je peux te donner une queue et des oreilles, si tu veux. Peut-être qu'alors c'est moi qui rigolerais un bon coup » fit Draco avec emportement.
Harry cessa de sourire quand il vit à quel point Draco était en colère.
« Bon sang, Draco » fit-il. « C'était drôle, c'est tout. »
« Eh bien moi j'ai pas trouvé ça drôle ! » hurla Draco. « Tu sais combien de fois j'ai été humilié ces dernières vingt-quatre heures ? Je me suis écroulé par terre, 'à hurler et à pleurer comme un bébé' selon tes dires, j'ai pleuré, tu m'as consolé, j'ai dormi dans le même lit que toi, j'ai vomi, je t'ai dit des choses sur moi que personne, à part ce maudit Dumbledore, ne sait, j'ai été soul, je me suis endormi sur toi pour la deuxième fois, bon sang ! Et finalement, tu as décidé que tout ça ne suffisait pas, alors tu m'as donné des oreilles de chat et une queue ! J'ai oublié quelque chose ? »
Harry regarda le jeune homme faire sa tirade puis, quand il eut fini, il resta là, sans rien dire. La queue de Draco se balançait de gauche à droite, d'une manière qui n'augurait rien de bon, comme s'il observait une proie. Les yeux argent se plissèrent, puis se remplirent de larmes, mais Harry savait que cette fois-là, Draco ne se permettrait pas de pleurer.
« Tu as été courageux, Draco » fit Harry. « Tu as vu toutes ces morts et ces tortures et-- »
« Et qu'est-ce que j'ai fait ? » cria Draco. « Je suis allé vomir. Moi, l'héritier des Malfoy, je suis allé vomir après avoir vu quelqu'un se faire torturer. »
« Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tu as changé de camp ! Toute personne normale serait malade après avoir vu ce que tu as été obligé de voir ! » tenta de le raisonner Harry, bien qu'il devenait de plus en plus agacé par le comportement de Draco.
« Je ne suis pas quelqu'un de bien ! J'ai été élevé depuis ma naissance pour prendre la relève de mon père dans le cercle de Voldemort ! Le Seigneur des Ténèbres en personne m'a même dit que je serai 'le plus parfait de ses Mangemorts, bien plus encore que mon père'. Je ne suis pas un petit garçon modèle comme toi ! »
Harry regarda Draco dans les yeux. « Tu n'es pas comme ça » fit-il doucement. « Tu n'es pas mauvais. »
« Je ne suis pas mauvais? » l'interrompit à nouveau Draco. « Potter, être mauvais, c'est ma principale caractéristique. Tu ne m'as pas regardé durant toutes ces années ? Tu ne m'as pas écouté ? J'étais fier de mon père quand il a torturé ces Moldus à la Coupe du Monde de Quiddich. Je voulais le rejoindre à l'époque. Ils avaient tout ce dont je rêvais : le pouvoir, et les gens les craignaient. »
« Tu n'es pas mauvais » répéta Harry, bien qu'il commençât à réaliser que Draco ne l'écouterait pas, peu importe le nombre de fois qu'il le lui dirait. « Si tu l'étais, tu n'aurais pas changé de camp. »
Draco le regardait, les yeux plissés de colère et frustration. Harry se tourna vers la porte avant que Draco ne recommence à tempêter de plus belle. Il était sur le point d'ouvrir la porte pour partir quand il se souvint de la raison de sa venue. « On part après manger. »
« On part ? » cracha Draco, et Harry pouvait sentir sa colère sans même regarder le visage du Serpentard.
« On retourne dans notre appartement » fit Harry, tâchant de paraître indifférent. « J'ai parlé à Hermione. Apparemment, on vit ensemble juste en dehors de Londres. On ira là-bas par voie de cheminée plus tard dans la journée. »
Il quitta la chambre, les épaules légèrement tremblantes. Il avait l'impression qu'un grand poids pesait sur ses épaules, et il savait quel était ce poids. Durant ces quelques derniers jours, Harry en était venu à se reposer un minimum sur Draco, et le fait de se disputer soudainement avec lui...ça le perturbait. Surtout qu'il ne savait pas quoi faire à ce propos. Draco ne l'écouterait pas. Draco était censé être son ennemi, non son ami. Non quelqu'un sur lequel se reposer. Il ne connaissait pas du tout Draco ; il ne savait pas comment gérer les choses que le blond venait de lui hurler à la figure.
Il descendit les escaliers en soupirant. Hermione était assise dans une des plus petites pièces, un bureau apparemment, et était en train de travailler. Elle lui jeta un coup d'œil et demanda : « Vous vous êtes disputés ? »
Harry acquiesça, mais fit de son mieux pour paraître indifférent.
« A propos de quoi ? »
Harry réfléchit un moment. « Je ne sais pas vraiment » soupira-t-il. « Draco trouve que tout ce qui s'est passé avec la vision, le fait qu'il pleure et tout ça, est humiliant. Et il n'a pas apprécié qu'on se soit moqués de lui tout à l'heure. »
Hermione se rembrunit. « Je devrais peut-être aller lui parler. Je veux dire, ce n'était pas censé le vexer. Je pensais que le fait de rire un peu nous ferait du bien. »
Harry posa une main sur son épaule. « On avait probablement besoin de rire un bon coup, seulement Draco n'a pas apprécié qu'on ait ri à propos de lui. Si tu avais fait ça à moi, alors je doute qu'on en serait là en ce moment. »
« Quand même, je devrais peut-être aller lui parler. »
Harry secoua la tête. « Il a besoin de décompresser un peu pour le moment. »
« Vous partez toujours après manger ? »
Harry acquiesça. « Ouais. Je lui en ai parlé, il a l'air d'accord ». Bon, ce n'était pas tout à fait un mensonge. Draco n'avait pas élevé d'objection quant à aller vivre dans leur propre appartement.
« Le repas sera prêt vers 13h, donc on partira vers 13h30-14h. Ca va ? » demanda Hermione, et Harry sourit.
« Ca me semble parfait. Alors comme ça, tu viens avec nous ? »
« Ouais » répondit-elle. « Je pense aller à la bibliothèque ensuite, donc c'est aussi bien que je vienne avec vous. Ron est au Ministère. »
Après quelques minutes à discuter de choses et d'autres, Harry prit un livre sur 'une des étagères et s'assit dans le salon pour lire. C'était un livre écrit par un Moldu, mais ça ne dérangeait pas Harry. C'était le seul genre auquel il avait accès quand il vivait chez les Dursley. Le livre en question s'appelait Les Cendres d'Angela, et racontait la vie d'un garçon pauvre dans une ville d'Irlande. Il était très agréable à lire.
« Tu relis encore ce livre ? » lui demanda Hermione quand elle sortit de son bureau trois heures plus tard pour préparer à manger.
Harry la regarda, baissa les yeux vers le livre, puis revint à nouveau sur son amie. « Hum, ouais » fit-il d'une voix hésitante. Manifestement, son alter ego plus âgé avait déjà lu ce livre auparavant.
Hermione haussa les épaules. « C'est un bon livre. Tu peux l'emporter chez toi si tu veux. »
Harry sourit. « Merci. Je n'aurai certainement pas le temps de le finir maintenant ». Il ferma le livre et suivit Hermione dans la cuisine. « Je peux faire quelque chose ? »
« Je nous prépare une salade, donc tu peux commencer à trier la laitue, si tu veux » dit Hermione.
« Pas de problème » fit Harry, et il se mit à la tâche.
Vingt minutes plus tard, le repas était prêt sur la table. La salade était composée de jambon, tomates, concombres et autres légumes. Hermione appela Draco, qui était toujours en haut. Il apparut quelques minutes plus tard, mais refusa de croiser le regard de Harry. Le silence s'installa tandis qu'ils mangeaient. Draco toucha à peine son assiette, ce qui inquiéta Harry. Le blond n'avait pas pris de petit-déjeuner et à présent il se contentait de pousser la nourriture dans son assiette ? Il finit par hausser mentalement les épaules et le mit sur le compte de la gueule de bois, dont Draco souffrirait encore s'il n'avait pas avalé les pilules : les oreilles, la queue et les moustaches étaient toujours là.
Après manger, Harry monta dans la chambre qui les avait accueillis, Draco et lui, et fit un peu de rangement, avec l'aide de la magie, évidemment. Il présumait que les vêtements dans le placard appartenaient à Ron et Hermione plutôt qu'à lui, et étaient censés rester au château pour des occasions comme celles-ci – quand Harry et Draco avaient besoin d'être soignés, ou quand ils venaient simplement leur rendre visite. Il vérifia également le placard de Draco, mais découvrit que le blond l'avait déjà rangé. La seule chose que Harry descendit avec lui était son balai, son Champion, car il supposait qu'il lui appartenait vraiment, vu qu'il y avait son nom dessus.
Quand il descendit à nouveau au rez-de-chaussée, Hermione avait mis une cape épaisse, ce qui donnait l'impression qu'elle était légèrement moins enceinte qu'elle ne l'était en réalité. Légèrement.
« On est mi-novembre » fit-elle. « Je me suis dit que ça serait bien que je ne sois pas congelée avant d'arriver à la bibliothèque. »
Harry sourit et hocha la tête. « Les dames d'abord » dit-il en montrant le feu. Il était un peu nerveux : qu'est-ce qu'il était censé dire au feu ? Il fallait que Hermione passe en premier, pour que lui et Draco disent la même chose qu'elle.
Hermione soupira. « Ne soyez pas surpris si je vomis en arrivant au Nid. »
Le Nid ? Eh bien, c'était une drôle de manière d'appeler leur maison, songea Harry.
Elle prit une poignée de poudre de cheminette et la jeta dans le feu. « Le Nid » énonça-t-elle clairement. Puis elle entra dans les flammes et disparut.
Harry regarda Draco, l'air complètement indifférent, faire la même chose, avant d'attraper le livre qu'il était en train de lire et de jeter la poudre dans le feu.
« Pff » marmonna Harry.
« Franchement, Harry » fit remarquer Hermione. « On pourrait penser qu'après toutes ces années, tu saurais comment voyager correctement par voie de cheminée… »
Les joues de Harry rosirent un peu, mais il concentra son attention sur la pièce où il se trouvait. Le sol sur lequel il marchait était moelleux, grâce à un gros tapis bleu, identique à celui de leur chambre au château des Weasley. Les murs étaient également semblables à ceux du château : bleu pâle. Cependant, les similitudes s'arrêtaient là. Cette pièce-là était beaucoup moins décorée ; 'simple' était tout à fait le terme qui convenait à la pièce. Il y avait un sofa blanc, avec trois coussins – bleu foncé – dessus, et une table basse en verre. Au milieu de la table se tenait un grand vase qui contenait une unique rose rouge.
Derrière le sofa, ainsi que de l'autre côté de la cheminée, il y avait de grandes fenêtres, et Harry pouvait distinguer un balcon derrière ces fenêtres. Comme d'habitude, il pleuvait.
Des deux autres côtés, il y avait des portes. L'une d'entre elles était ouverte, et Harry vit un couloir, mais pas grand-chose de plus. Il y avait également de ce côté-là un bureau en bois, sur lequel des papiers étaient nettement empilés. Une chaise de travail à l'air confortable se tenait près du bureau.
« Bienvenue chez vous » sourit Hermione. « J'ai demandé à Ginny de venir ici avant nous pour faire un peu de ménage. »
« Remercie-la de ma part » dit Harry. Draco resta silencieux.
« Bon » fit Hermione quand les garçons se mirent à regarder autour d'eux. « Je crois que je vais vous laisser tranquilles, maintenant. Je pense que Ginny a rempli le frigo, donc si vous avez faim... »
« On va se débrouiller » lui assura Harry. « Merci pour tout. »
Hermione lui sourit. « Ce n'est rien » répondit-elle, puis elle se tourna vers la porte qui débouchait sur le couloir. Elle se déplaçait avec aisance dans l'appartement : c'était normal, après tout, elle était déjà venue ici auparavant, contrairement à Harry et Draco. Le Survivant suivit son amie jusqu'à ce qui semblait être la porte d'entrée.
« Je sais que je peux aller à la bibliothèque par voie de cheminée, mais je pense que je vais marcher un peu. J'ai besoin d'exercice ». Hermione se mit sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur la joue de Harry. « Dumbledore va certainement vous contacter ce soir » continua-t-elle. « Il doit avoir une équipe de prête à présent. »
Harry hocha la tête et dit au revoir à Hermione.
Quand elle fut partie, il décida de jeter un coup d'œil à l'appartement. Draco avait disparu, certainement en train de bouder quelque part.
Une porte était ouverte à l'opposé de la porte d'entrée. Elle conduisait à une cuisine assez spacieuse, où tous les appareils ménagers étaient regroupés au centre ; de l'autre côté, se tenaient un bar américain et trois grands tabourets pour les invités. Au-delà, il y avait une table, avec deux chaises de chaque côté. Tous les meubles étaient en bois ; la table et les chaises étaient en bois clair, tandis que les hauts tabourets étaient plus foncés. Au-dessus, il y avait des placards aux portes vitrées. Harry les passa en revue, tout comme les tiroirs, et mémorisa où se trouvait chaque objet. Couteaux, fourchettes, deux services différents d'assiettes, les tasses assorties, et une grande panoplie d'ustensiles de cuisine. Apparemment, son alter ego plus âgé ainsi que celui de Draco aimaient cuisiner.
Jusque là, il aimait ce qu'il avait vu de l'appartement. Chaque pièce semblait être d'une couleur différente : le salon était principalement en bleu, avec des touches occasionnelles de blanc et de bois. Le hall d'entrée était peint en rouge sombre. Il y avait des tableaux sur les murs, mais Harry n'avait pas eu le temps de les regarder quand il avait raccompagné Hermione. Il y jetterait un coup d'œil plus tard.
Les murs de la cuisine étaient peints en jaune pale et les carreaux en céramique allaient de l'orange pastel au marron clair, plus on se rapprochait du sol.
Harry revint dans le hall d'entrée. A présent, comme il avait le temps d'étudier les tableaux, il vit que c'était en réalité un assortiment de photos de lui et de Draco, ainsi que de leurs amis. Il y avait des photos du groupe sur la plage, en forêt, au château des Weasley, à Poudlard...Harry s'arrêta pour regarder celles du jour de la remise des diplômes. Harry, Ron, Hermione et...Draco. Le Serpentard était le seul à ne pas sourire à l'objectif. Harry crut voir des ecchymoses sur son cou et sur une partie de son visage, bien que Draco fasse de son mieux pour les cacher.
Harry se demanda si c'était juste avant la remise des diplômes que Lucius avait kidnappé et torturé son propre fils. Hermione n'avait pas cité de date particulière à ce propos, ni même une année. Ca expliquerait les ecchymoses que Draco avait sur ces photos...et le fait qu'il puisse s'afficher aussi librement avec Harry. Le père de Draco devait être mort, laissant son fils faire ce dont il avait envie.
Au milieu du couloir se trouvaient deux grandes portes en bois qui formaient une sorte de portail conduisant à une pièce. Harry ouvrit les portes avec curiosité.
La chambre principale était impressionnante. Des murs rouges profonds, avec plusieurs tableaux. En face de Harry trônait un grand lit – le plus grand qu'il ait jamais vu de sa vie. Au-delà du lit, il y avait une grande fenêtre, de la même taille que celles du salon : elles partaient du sol et touchaient presque le plafond. Des rideaux rouge foncé rehaussés de fils d'or entouraient la fenêtre. Il ne faisait aucun doute que cette pièce avait été inspirée par les couleurs de Gryffondor.
Mais ce qui fit sortir Harry de la chambre avant d'avoir pu davantage la détailler, ce fut Draco. Il était assis dos à Harry, et regardait par la grande fenêtre. Harry ne pouvait voir son visage, mais il devinait qu'il était recouvert à nouveau par un masque d'indifférence. Le jeune homme ne se retourna pas quand Harry entra, ni quand il sortit.
Harry retourna au salon, ramassa le livre et le balai qui étaient restés par terre et s'assit lourdement sur le sofa.
Quelle pagaille ! Hermione était à la bibliothèque, en train de chercher Dieu savait quoi parce qu'elle se doutait de la vérité – que Harry et Draco n'étaient pas les personnes pour lesquelles ils se faisaient passer. Harry ne doutait pas que, si elle essayait vraiment, elle finirait par les démasquer. Serait-ce une mauvaise chose ? Peut-être que si Hermione découvrait la vérité, elle pourrait les aider à rentrer chez eux ? Car Harry et Draco, pour le moment, n'étaient pas prêts de pouvoir rentrer chez eux et de laisser ces corps aux personnes à qui ils étaient supposés appartenir.
Harry s'étira et fit craquer les jointures de ses doigts – doigts qui ne lui appartenaient pas. C'était étrange de se regarder dans une glace et d'y voir un étranger. Enfin, il y avait bien les yeux et la cicatrice de familier, mais tout de même...Le miroir reflétait un étranger. C'était un peu plus facile de regarder les autres. Hermione, Ron et Draco avaient changé, mais c'était toujours eux. Il se demanda si Draco pensait la même chose – que Harry ressemblait plus à lui-même que Draco.
Ce monde était...bizarre, c'était le moins que l'on puisse dire. Hermione et Ron étaient mariés. Il savait ça depuis une semaine à présent, mais il devait encore apprendre à l'accepter. Et Hermione était enceinte de jumeaux. Une Hermione maman ne lui paraissait pas trop étrange...mais un Ron papa ? Harry avait beaucoup de mal à se l'imaginer.
Dumbledore n'avait pas beaucoup changé, heureusement. Il portait toujours sa longue barbe blanche et à l'occasion – ok, plus souvent que ça – un chapeau bizarre et des robes bariolées. Ses yeux bleus pétillaient toujours de malice et d'amusement 99 du temps.
Sirius et Remus étaient déjà adultes la dernière fois que Harry les avait vus, ce qui les rendait plus facile à reconnaître. Ils n'avaient pas beaucoup changé – à part qu'ils étaient amants, désormais. Harry se demanda brièvement ce qui les avait rapprochés – et puis il se demanda si tout le monde était gay à présent. Sirius et Remus, les Draco et Harry de cette époque...Le Survivant réalisa soudain que la pensée que lui et Draco étaient amants ne lui donnait plus envie de vomir. En fait, ça devait être plutôt bien d'avoir quelqu'un à serrer dans ses bras, à aimer et à en être aimé en retour.
Cependant, ce n'était pas prêt d'arriver. Draco ne lui décrochait pas un mot, et pour Harry, il était clair que si Draco ne voulait pas faire la paix, il se passerait beaucoup de temps avant qu'ils ne se reparlent poliment.
« Potter, réveillez-vous ! »
Harry sortit de sa rêverie et regarda autour de lui. La pièce était vide, alors d'où –
« Dans le feu, Potter » fit la même voix agacée.
Harry se retourna et faillit bondir dans les airs. « Professeur Rogue ! »
Le Maître des Potions de Poudlard le regarda bizarrement. « Ca fait longtemps que vous ne m'avez pas appelé comme ça, Potter. »
« Hum, désolé » fit Harry. « Vous m'avez surpris, c'est tout. »
Rogue lui jeta un autre regard bizarre, mais Harry fut surpris de remarquer qu'il ne contenait pas la même quantité de dégoût que celui du Maître des Potions de son monde. Le Rogue qu'il connaissait ne lui avait jamais dit, en presque six ans, quelque chose qui ne s'apparentait même que vaguement à de la gentillesse. Le Survivant présuma alors que la raison pour laquelle Rogue était 'aimable' à présent devait avoir quelque chose à voir avec Dumbledore, qui avait dû les forcer à faire la paix pour le bien de l'Ordre.
« Je viens de parler au Directeur » fit Rogue. « Il veut que Draco et vous veniez à Poudlard demain ; nous pensons avoir localisé la famille que Draco a vu dans sa vision. »
« Le Directeur a un plan ? » demanda Harry en choisissant soigneusement ses mots.
Rogue acquiesça. « Il y aura une réunion ici demain après-midi, et Draco et vous êtes tous les deux tenus d'y assister. J'y ai été convié, ainsi que les jumeaux Weasley, et quelques autres membres de l'Ordre. Ron et Hermione ont reçu l'ordre d'empêcher le Ministère de s'en mêler, donc ils sont en train d'y travailler, mais c'est tout ce que je sais. Dumbledore nous mettra au courant demain. Il semble penser qu'on a tout le temps devant nous. »
« Je fais complètement confiance au Directeur » fit Harry.
Rogue sourit. Harry ne put s'empêcher de penser que ça avait l'air bizarre sur le pâle visage du Maître des Potions. « Tout comme moi, Harry » répondit-il.
« Oh » fit Harry, se souvenant de quelque chose. « Pouvez-vous me préparer un peu de potion Althidia ? Je n'en ai presque plus. »
Harry avait regardé les fioles qui se trouvaient dans sa ceinture et en avait appris les noms. Dès qu'il aurait le temps, il étudierait quels étaient exactement les effets de chaque potion, pour être capable de s'en servir correctement. La fiole de la potion Althidia était la seule à être presque vide. Il avait pris un risque en supposant que c'était Rogue qui lui préparait les potions, mais il ne pouvait pas croire que c'était lui qui était censé les préparer – il était vraiment trop nul en cours de Potions à Poudlard.
« Je suis déjà en train de travailler dessus » répondit Rogue. « Vous me l'avez demandé avant votre dernière intervention, si je puis me permettre de vous le rappeler. Elle sera prête quand vous arriverez à Poudlard demain. »
« Merci, Severus » fit Harry, prenant encore un autre risque. Il espérait sincèrement que 'Severus' – ou peut-être 'Sev' – était la façon dont il appelait le Maître des Potions. Ca sembla passer, car Rogue ne le regarda pas bizarrement cette fois-là.
« Dites à votre prophète d'être à Poudlard demain vers dix heures, et vous, vous pouvez venir vers midi. Le mot de passe du bureau du Directeur est 'Snickers', mais je n'ai aucune idée de ce que ça veut dire. »
Harry rit. « C'est une barre chocolatée moldue » expliqua-t-il suite à la remarque acerbe de Rogue.
Rogue marmonna quelque chose qui ressemblait à : « Ce Directeur, avec ses sucreries... »
« Je vous verrai demain alors » conclut Harry.
Le Maître des Potions dit au revoir à Harry, puis avec un pouf, sa tête disparut du feu. Harry se leva, prit son balai – qui était une fois encore tombé par terre – et son livre et traversa le couloir en direction de la cuisine. Il ne voulait pas aller dans la chambre, car il savait que Draco y était toujours, et l'ignorerait totalement.
A la place, il décida de préparer le dîner. Il dénicha des nouilles dans un des placards, et du poulet dans le congélateur. Pour une fois, il était content que les Dursley lui aient fait préparer le repas tous les soirs depuis ses huit ans, car à présent il savait mieux cuisiner que la plupart des élèves à Poudlard.
Bientôt la cuisine fut remplie de l'odeur merveilleuse des nouilles et du poulet en sauce. Harry mit la table pour Draco et lui, prépara une salade et versa de l'eau dans les deux verres. Puis il appela le Serpentard.
Draco se montra quelques minutes plus tard. Harry remarqua que les oreilles et la queue de chat avaient disparu.
« Dîner ? » fit Harry, et Draco acquiesça sans rien dire. Son visage reflétait une parfaite indifférence quand il s'assit à l'opposé de Harry. Lorsque celui-ci eut déposé la nourriture sur la table, il se mit à manger, lentement. Harry l'observait du coin de l'œil, et se demandait s'il mangeait vraiment ou s'il poussait simplement la nourriture dans son assiette, comme la fois précédente.
« Il faut que tu manges » dit-il quand il vit que Draco remuait la nourriture depuis plusieurs minutes, sans en prendre une bouchée.
« Tu n'as pas déjeuné ce matin-- » commença-t-il, mais Draco l'interrompit.
« Et à qui la faute ? » rétorqua amèrement le blond.
« Draco, j'ai déjà dit que j'étais désolé-- »
« Je me fiche que tu sois désolé ! » dit Draco, et Harry sentit la contrariété de Draco augmenter. Harry commençait à s'énerver également, face à l'attitude puérile du jeune homme.
« Contente-toi de manger, veux-tu ? » fit Harry, d'une voix plus forte.
« Non ! » hurla Draco en guise de réponse. « Je ne veux pas de ta maudite nourriture ! Je ne veux rien avoir à faire avec toi ! »
Sur ces paroles, Draco se leva et sortit de la pièce, furieux. Harry entendit les portes de la chambre s'ouvrir puis se fermer brutalement avec un bang !. Il soupira et continua de manger.
TBC...
