Titre anglais : Time Out of Place

Titre français: Espace-temps décalé

Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)

Traductrice : Jess HDH

Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps, UA

Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres

Rating: PG-13

Spoilers : les quatre premiers livres de HP

Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.

Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet

Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?

Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.

Note de la traductrice : Voici le chapitre 5. Normalement, je posterai un chapitre tous les mercredis, donc j'espère que vous serez au rendez-vous ! N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires. Bonne lecture !

DERNIERE ANNONCE CONCERNANT LES RAR : FFNet interdit désormais les RAR dans les chapitres, vu qu'ils ont instauré un système de RAR via message privé pour les membres enregistrés. Je réponds donc dorénavant aux membres par ce biais, pour ne pas me faire supprimer mon compte. J'espère d'ailleurs que tout le monde a reçu sa RAR pour le chapitre 4. Pour les anonymes, s'ils souhaitent une réponse de ma part, qu'ils me laissent leur mail afin que je puisse le faire. Si vous ne me laissez pas de mail, j'en déduirai que vous ne souhaitez pas de réponse. Merci.

Je remercie quand même brièvement Ange Gabriel 26 (tu ne m'as pas laissé ton mail, c'est volontaire ?), Yuki-chan, Danielove, Gin (merci pour tes deux reviews), Egwene Al' Vere, Origine, Shima-chan, diabolikvampyr, fantasy112, Remus James Lupin et Ayuluna.


CHAPITRE 5

Protège-les au péril de ta vie

Draco quitta l'appartement par voie de cheminée à neuf heures le lendemain matin, pour avoir le temps de marcher entre Pré-au-Lard et Poudlard. Harry avait réussi à lui dire que Dumbledore l'attendait pour dix heures à Poudlard, mais ce fut tout ce qu'il avait pu dire avant que Draco ne se remette à l'ignorer.

Draco n'avait pas dormi dans la chambre principale durant la nuit. Dans une pièce plus modeste, contiguë au salon et à la chambre, se trouvait un lit pour les invités. Le blond avait dormi là toute la nuit. Harry se sentait un peu coupable ; ce lit-là n'avait pas l'air ne serait-ce qu'à moitié aussi confortable que celui de la grande chambre. Cependant, Draco ne s'en était pas plaint. En fait, il ne dit pas un mot à Harry de toute la matinée. Il fit du café, mangea la moitié d'un toast – ce qui fit s'inquiéter encore plus Harry sur le peu qu'il mangeait – et partit.

Harry se demandait si on s'attendait à ce qu'ils transplanent à Pré-au-Lard au lieu d'utiliser la poudre de cheminette. Il présumait que c'était le cas. Cependant, ça ne changeait rien, car ni Harry, ni Draco n'avait encore appris à transplaner. Harry avait donc entendu Draco dire « Les Trois Balais », avant d'entrer dans le feu. Les Trois Balais était un des pubs de Pré-au-Lard, un pub très populaire, et s'ils atterrissaient dans sa cheminée, ils pourraient ensuite prétendre qu'ils avaient vraiment transplané, et qu'ils allaient marcher jusqu'à Poudlard.

Harry parcourut l'appartement de long en large, continuant de mémoriser tout ce qui s'y trouvait. La chambre d'amis où avait dormi Draco était insérée entre le salon et une salle de bains. Celle-ci contenait un jacuzzi suffisamment grand pour deux personnes, et tout dans la pièce était blanc. Il y avait deux lavabos, chacun muni d'un grand miroir en face d'eux. Il y avait trois positions pour la lumière, afin de créer différentes ambiances lumineuses dans la pièce : tamisée, romantique ; spots plus vifs ; lumière bleue glacée que Harry n'aima pas du tout.

Apparemment, c'était Draco qui s'était chargé de la décoration de la chambre d'amis, car ses murs étaient vert pâle, et la table près de la fenêtre était en métal argenté. Le lit avait également une armature métallique, contrairement à celui de la chambre principale qui était en bois.

Il y avait aussi des photos dans cette pièce. Une photo en particulier attira l'œil de Harry, et il la prit. Elle représentait Draco avec son père, qui faisaient tous les deux des signes à l'appareil. Draco ne devait pas avoir plus de quatre ans, et Lucius tenait sa petite main dans la sienne et l'aidait à faire coucou. Petit Draco riait.

Puis il eut quelque chose qui retint vraiment l'attention de Harry : une bibliothèque. Elle était remplie de vieux livres et d'écrits. Harry en attrapa un qui avait l'air intéressant : Potions du Monde. Il le feuilleta, jusqu'à trouver les Potions de Guérison qu'il avait dans sa ceinture.

« La Potion Althidia est l'une des plus puissantes potions fortifiantes au monde. Elle est utilisée par les Guérisseurs du monde entier en cas d'urgence. Elle doit être administrée à la victime lors de son dernier battement de cœur ; si on la lui donne avant, ou à un quelconque autre moment de la vie, la Potion rendra fou celui qui l'a bue. Si elle est prise trop tard, la personne sera déjà morte, et sa vie se sera déjà envolée. »

La main de Harry descendit jusqu'à la fiole qu'il savait contenir les dernières gouttes de la Potion Althidia. Il continua sa lecture.

« La Potion Althidia peut être administrée de deux manières différentes. La première, et la plus commune, est de faire boire la potion à la victime. Seules trois gouttes de la Potion sont nécessaires. La victime a une chance sur vingt de survivre, ce qui n'est pas beaucoup, mais c'est mieux que rien.

L'autre, beaucoup moins utilisée, est 'la Vie d'Althidia'. Le Guérisseur trempe sa main dans la Potion, puis place une main sur le front de la victime et l'autre sur son cœur. Si c'est fait au bon moment (au dernier battement de cœur), la survie de la victime est garantie à cent pour cent.

Alors pourquoi cette méthode n'est-elle pas employée par tout le monde ? C'est très simple. Pour pouvoir l'appliquer, le Guérisseur doit aimer la victime plus que lui-même, et la victime doit explicitement faire confiance au Guérisseur. Si un Guérisseur X rencontre une victime Y et tente de la soigner de cette façon, ça n'aura pas d'autres effets que de rendre le Guérisseur fou et de tuer la victime.

'La Vie d'Althidia' n'a pas été utilisée depuis le siècle dernier. Le dernier Guérisseur à l'avoir tentée l'a fait sur sa femme, mais il s'avéra que l'un des deux ne faisait pas confiance à l'autre, et la femme mourut, tandis que le Guérisseur eut une chambre réservée à Ste Mangouste. »

Harry regardait fixement le passage. Ce n'était certainement pas des potions simples d'emploi qu'il utilisait. Il parcourut rapidement le texte, trouvant très peu de choses supplémentaires qui l'intéressaient. C'était principalement le récit des histoires de Guérisseurs qui avaient tenté la Vie d'Althidia mais avaient échoué. Cependant, une partie retint l'attention de Harry.

« La production mondiale de la Potion Althidia est à la charge d'un seul et unique Maître des Potions. Le secret de la Potion Althidia se transmet d'un Maître des Potions à un autre, sur le lit de mort du plus vieux. C'est un honneur immense, et le signe que le Maître des Potions en question est le plus grand au monde. Aucun des ingrédients, ni la manière de concocter la potion n'ont déjà été couchés par écrit. »

Harry fixa un long moment le passage. Rogue avait dit qu'il était en train de travailler sur la potion – ce qui voulait dire que lui, le professeur Severus Rogue était celui qui connaissait le secret de la Potion Althidia. Ce qui voulait également dire que Rogue était le plus grand Maître des Potions vivant à cette époque-là.

Quel monde étrange, vraiment.

L'œil de Harry tomba sur la pendule accrochée au mur, et il vit qu'il était presque onze heures. S'il voulait être à l'heure pour la réunion à Poudlard, il ferait bien d'y aller.

Une demi-heure plus tard, Harry descendait sans se presser la route qui conduisait de Pré-au-Lard à Poudlard. Il pleuvait, mais Harry avait lancé un sort anti-pluie sur lui-même et ses vêtements, donc ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il fredonnait à voix basse tout en marchant. Il avait des pensées plein la tête – la plupart ayant un rapport soit avec le jeune Serpentard blond avec lequel il partageait actuellement un appartement, soit avec un Maître des Potions aux cheveux graisseux nommé Severus Rogue. Au moins, avec ce dernier, il n'y avait aucun problème. Bon, il fallait juste qu'il digère le fait que le professeur de Potions que Harry haïssait depuis six ans était le meilleur au monde encore vivant. Oh oui, et que le même Maître des Potions faisait désormais preuve d'amabilité envers Harry.

Quant à Draco...eh bien, tout ce qui se rapportait à Draco était problématique pour le moment, et Harry n'arrivait pas à trouver de solution.

Et puis il y avait l'éternel problème de comment rentrer chez eux, mais Harry refusait d'y penser pour l'instant. Ca le déprimait de voir le peu de progrès qu'ils avaient fait pour trouver un moyen de rentrer chez eux.

Le grand château qu'était Poudlard apparut devant lui, mais il lui fallut encore quelques temps avant d'arriver à la porte d'entrée. Il longea les couloirs qui menaient au bureau de Dumbledore, et vit des élèves se promener. Ca fait bizarre d'être à Poudlard sans être un élève, songea-t-il.

Il donna le mot de passe à la statue devant le bureau du Directeur, et celle-ci le laissa passer.

Le bureau de Dumbledore était bondé. Le Directeur en personne était assis derrière son bureau, le sourire aux lèvres. Fumseck, le phénix de Dumbledore, était posé sur le bureau et regardait également le chaos qui régnait dans la pièce.

Harry vit Ron, assis sur l'une des chaises. Il discutait avec ses frères aînés, Fred et George. Les tristement célèbres jumeaux Weasley avaient la même couleur de cheveux que Ron, et étaient identiques, jusqu'à la plus petite tache de rousseur. Ils n'avaient pas beaucoup changé par rapport au monde de Harry. Ron toutefois, était désormais plus grand que les deux autres, contrairement au Ron de son époque. Enfin, il faut dire que le Ron de ce monde semblait plus grand que tout le monde.

Harry vit deux personnes qu'il reconnut, sans pour autant réussir à mettre un nom sur leur visage. Il crut se souvenir qu'elles étaient à Poufsouffle à son époque, et qu'elles avaient un an de moins que lui. Elles parlaient entre elles à voix basse.

Dans un coin au fond de la pièce se tenait Severus Rogue. Il regardait la pièce pleine à craquer avec une moue dégoûtée, et Harry se demanda si le professeur n'aurait pas préféré être dans ses donjons, à fabriquer quelque potion très compliquée. Il l'observa encore quelques secondes, et sut que Rogue aurait définitivement préféré préparer des potions dans ses donjons silencieux.

Draco était assis à l'opposé de Ron et des jumeaux ; il regardait par la fenêtre, le regard vide. Harry fut vraiment désolé pour lui, malgré l'attitude du blond ces quelques derniers jours. Harry pouvait lire au-delà du masque d'indifférence, et il voyait la douleur clairement inscrite sur le visage du jeune homme. Harry réalisa que Dumbledore avait dû lui montrer les photos de la famille que Draco avait vue dans sa vision, et il avait été donc certainement contraint de revivre à nouveau ce qu'il avait vu.

« Ah, Harry, tu es là » fit Dumbledore, et la pièce plongea soudainement dans le silence. Fred et George lui sourirent, tout comme les deux filles de Poufsouffle. Draco continua de l'ignorer, et Rogue ne montra aucune émotion.

« Bien » poursuivit le Directeur, « nous pouvons donc commencer. »

D'un mouvement de baguette, il fit apparaître des sièges pour tout le monde. Harry s'assit entre Fred et Draco ; de l'autre côté de Draco était assis Rogue.

Dumbledore se remit à parler, et toute l'attention se tourna vers lui. Il fit passer des photos, qui montraient quatre Moldus normaux, souriants.

« Voici la famille Hanawalt » dit le Directeur. « Cette personne est le père de famille, Carl. Il tient une boutique d'armes à feu à Londres, et c'est l'un des meilleurs tireurs d'Angleterre. Les autres personnes sur les photos sont sa famille. Anna est sa femme, elle est professeur. Leur fille Riley a trois ans, et passe ses journées à la crèche. Leur fils Brian vient de commencer l'école. »

« Que veulent Voldemort et les Mangemorts de ces gens ? Ce sont des Moldus tout à fait normaux » dit Fred, formulant ainsi la confusion que le reste de la pièce ressentait.

« Nous ne savons pas encore » répondit Dumbledore. « Mais puisque sa famille a été prise en hotage dans la vision de Draco, et qu'elle semble avoir été tuée sous ses yeux, ils doivent vouloir quelque chose que seul cet homme peut leur donner. »

« Je ne pense pas qu'il soit le seul à pouvoir le leur donner, Professeur » dit Harry. « Vu qu'ils l'ont tué à la fin de la vision de Draco, à mon avis, c'est qu'il était simplement le plus accessible. »

Dumbledore le regarda avec curiosité. « Très juste, M. Potter » approuva-t-il. « Très juste. »

« Si vous voulez mon avis » intervint George, « je pense que les Mangemorts cherchent quelque chose en rapport avec sa boutique d'armes à feu. Vous avez dit qu'il était l'un des meilleurs tireurs d'Angleterre ? Ca doit avoir son importance. »

« Voldemort va se mettre à utiliser des armes à feu ? » demanda Ron. « Pourquoi ? Il a la magie. Et on peut dévier les balles. »

« Voldemort cherche toujours de nouveaux moyens pour torturer les gens » répondit George avec un léger frisson.

« Et si nous rencontrions cet homme ? » proposa l'une des filles de Poufsouffle. « Si nous lui parlions, nous pourrions peut-être en apprendre plus sur ce que cherche Vous-Savez-Qui. »

« Linda » grogna Rogue, « Nous appelons Voldemort par son nom dans l'Ordre. »

La Poufsouffle hocha nerveusement la tête. « Oui, professeur Rogue » fit-elle, regardant avec attention un point sur le sol.

« Revenons à l'affaire qui nous occupe » intervint Dumbledore. « Il faudrait que l'un d'entre nous contacte cet homme et lui pose quelques questions, sans paraître trop intéressé. Un volontaire ? De préférence quelqu'un qui connaît un peu les Moldus. »

Harry haussa les épaules. « Je peux le faire. »

« Bien ! » fit le Directeur avec enthousiasme. « Ensuite, il faudra poser quelques barrières de protection autour de la maison des Hanawalt, ainsi qu'autour de la boutique d'armes à feu. Les barrières de protection devront être puissantes : si les Mangemorts veulent cette famille, ils vont devoir vraiment se battre pour l'avoir. »

Fred et George acquiescèrent. « On va le faire. » dirent-ils. « Devons-nous les relier à vous ou à nous-mêmes ? »

Dumbledore réfléchit un moment. « Faites-en quelques-unes reliées à vous et d'autres reliées à moi. Reliez-en une également à Harry et Draco ; si les Mangemorts réussissent à entrer dans la maison et blessent les Moldus, nous aurons besoin de leurs talents de Guérisseurs. »

Tout en parlant, il jeta un regard vers Draco. Harry vit de l'inquiétude passer dans les yeux du vieux sorcier tandis qu'il regardait le jeune blond. Draco semblait malade ; son teint était pâle, comme toujours, mais il avait de grosses poches noires sous les yeux, et ses yeux eux-mêmes paraissaient...morts.

« Et quand ils ne sont pas chez eux ? » demanda l'amie de Linda. « C'est vrai, ils vont tous au travail ou à l'école, comme vous avez dit. »

Dumbledore acquiesça. « Oui. Il faudrait que trois personnes suivent la famille à la trace, et ce vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je pense qu'ils ne vont pas tarder à attaquer, donc vous n'aurez pas à les suivre très longtemps, mais ça requiert des gens qui ont des yeux derrière la tête. »

Fred et George sourirent. « C'est une description parfaite de mon frère » dirent-ils en coeur en se montrant du doigt l'un l'autre. Dumbledore, Harry, Ron et les filles de Poufsouffle rirent.

« Je serai la troisième » fit l'amie de Linda.

« Très bien » dit Dumbledore. « Alors nous allons t'affecter à la petite Riley, Rhonda ; George, tu t'occuperas de Brian et Fred, tu suivras Mme Hanawalt. Pendant ce temps, Harry, tu devras veiller à la sécurité de Carl. »

Harry et les trois autres acquiescèrent. Le Directeur continua. « Ron, je vous fais confiance, à Hermione et toi, pour que le Ministère ne nous enquiquine pas. »

Ron sourit. « Ils auront bien assez de choses à s'occuper comme ça » assura-t-il.

« Et professeur Rogue, je crois que vous avez quelques fioles à nous distribuer ? »

Enfin, Rogue s'avança de quelques pas. Harry remarqua alors le petit sac qu'il portait, et vit le Maître des Potions sortir une poignée de petites fioles.

« Pour Harry » dit-il, « de la potion Althidia ». Harry prit le flacon, le remercia et rangea la fiole dans sa ceinture.

« De la potion anti-nausées à donner à la jeune Mme Weasley » continua Rogue en donna un flacon à Ron, puis il fit le tour de la pièce en distribuant les dernières fioles de potion, de différentes sortes.

Puis Dumbledore poursuivit en donnant à tout le monde les détails pratiques : l'adresse des Hanawalt, leur lieu de travail, là où les enfants allaient à l'école.

« Bon, très bien » conclut Dumbledore. « Vous êtes tous fin prêts. Vous pouvez y aller à présent. »

« Et rappelez-vous bien : » ajouta Rogue froidement. « Une seule erreur et le résultat sera très probablement la mort d'un innocent. »

« Allons, allons, Severus, ils le savent tous. Je leur fais confiance : ils feront de leur mieux. »

Les occupants de pièce hochèrent tous la tête, puis se levèrent. La réunion était terminée, et désormais ils avaient tous des choses à faire.

« Harry, tu peux rester un moment s'il te plaît ? » demanda Dumbledore alors que Harry était sur le point de s'en aller.

Harry se retourna et revint dans la pièce. Draco était toujours assis sur sa chaise, à regarder par la grande fenêtre la pluie qui ne cessait pas de tomber.

Le professeur Rogue se mit devant Draco, essayant d'attirer son attention. Le blond se contenta de l'ignorer. Toutefois, ignorer l'actuel professeur de Potions de Poudlard n'était jamais une bonne idée. Rogue semblait avoir du mal à contenir sa colère. Dumbledore se leva et posa une main sur l'épaule de Rogue, ce qui sembla l'apaiser un peu.

« Oui, oui » marmonna-t-il.

Puis il se mit à fouiller ses poches, à la recherche de quelque chose. Il trouva ce qu'il cherchait – une autre fiole remplie d'un liquide bleu – et la tendit au blond.

« Buvez ça » ordonna-t-il.

Draco finit par se détourner de la fenêtre et le regarda, sur ses gardes. « Qu'est-ce que c'est ? »

« Contentez-vous de boire, mon garçon. Buvez ça avant de vous évanouir sur le plancher du Directeur. Vous ne serviriez pas à grand chose dans cet état. »

Le Serpentard sembla décider qu'il valait mieux boire le contenu du flacon – même si ça s'avérait être du poison – que d'encourir le courroux de Rogue. Il ouvrit la fiole et en vida son contenu. Regardant toujours Rogue d'un oeil prudent, il déglutit.

« Je peux savoir ce que c'est maintenant ? » demanda-t-il.

« C'est juste une potion énergisante » répondit Rogue. « Vous avez l'air de ne pas avoir mangé depuis un moment et, comme je le disais, si vous vous étiez évanoui maintenant, vous n'auriez pas servi à grand chose ». Il se tourna vers Harry. « A présent, Potter, voulez-vous me faire le plaisir de ramener votre petit ami chez vous ? »

Harry regarda Draco, qui semblait tout petit derrière la haute silhouette de Rogue. « Oui » fit-il.

Rogue tira Draco hors de sa chaise, sans ménagement. « Rentrez chez vous, reposez-vous et ressaisissez-vous, mon garçon » fit-il. « Si le pire arrive, vos talents de Guérisseur seront certainement requis. »

Draco acquiesça. Il avait l'air légèrement plus alerte à présent, et Harry comprit que la potion faisait son effet.

« Ca vous dérange si nous utilisons votre cheminée ? » demanda Harry. « Je n'ai pas envie de marcher jusqu'à Pré-au-Lard pour transplaner. »

« Bien sûr » fit le Directeur. « J'ai été surpris quand Draco m'a dit qu'il avait transplané. C'est tellement plus facile d'utiliser la cheminée de mon bureau. »

Ils finirent par se dire au revoir, et Draco avança dans le feu. Le blond évitait toujours le regard de Harry, et Dumbledore les regarda, un peu inquiet. Quand Draco fut parti, le Directeur posa une main sur l'épaule de Harry.

« Il est malheureux » fit le vieux sorcier.

« Je sais » répondit Harry. « Mais je ne sais pas quoi faire. Il ne m'écoute pas. »

« Tu trouveras un moyen. Après tout ce que vous avez traversé, tous les deux, le contraire me surprendrait beaucoup. »

Harry sourit au professeur Dumbledore, puis jeta de la poudre de cheminette dans le feu. « Le Nid » énonça-t-il clairement, et il marcha dans les flammes. Le bureau du Directeur se brouilla, et il ne put bientôt discerner qu'un fourmillement de couleurs, puis il sauta lorsqu'il vit le salon de son appartement apparaître.

Il atterrit un peu plus gracieusement cette fois-ci; il était seulement à genoux. Draco avait déjà quitté la pièce et n'était nulle part en vue.

Harry soupira et se releva. Il avait des choses à faire.

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Deux heures plus tard, Harry était assis dans un café, habillé en Moldu et lisant un journal moldu. Néanmoins, il avait toujours sa ceinture sur lui. C'était devenu pour lui une sorte de couverture de sécurité : elle contenait sa baguette, le couteau et les fioles. Toutefois, elle était à présent cachée sous une veste et un sweat-shirt. Devant lui se trouvait une tasse de thé et un scone (NDLT : petit pain au lait) à moitié mangé.

De l'autre côté de la rue, il y avait la boutique d'armes à feu de Carl. C'était petit, mais elle se fondait bien avec les autres boutiques qui l'entouraient : il y avait un magasin de tatouage moldu, un bar qui n'était pas encore ouvert et une boutique de vêtements qui vendait les choses les plus bizarres que Harry avait jamais vues. Il se demandait comment un Moldu pouvait se balader avec ce genre de tenue – ça tombait presque en lambeaux. Et les chaussures ! Comment pouvait-on marcher avec des chaussures dont les talons faisaient dix centimètres ?

Carl, lui, était un homme séduisant aux cheveux auburn, à la peau hâlée, et au corps joliment musclé. Il faisait environ la même taille que Harry. Son nez était légèrement recourbé, comme Harry l'avait remarqué sur une des photos. Peut-être cassé suite à une bagarre ? Dans tous les cas, il semblait être quelqu'un qui aime prendre soin de lui.

La boutique ouvrit à neuf heures du matin. Selon les espions de Dumbledore, il était arrivé une heure plus tôt la veille et ce jour-là, par le train. Au sous-sol, sous la boutique, se trouvaient des lignes de tir pour qu'il puisse s'exercer. Sur le mur du magasin pendaient des médailles de compétition de sniper et plusieurs diplômes militaires.

Harry se demanda à nouveau pourquoi Voldemort voulait des armes à feu moldues plutôt qu'autre chose. Les sorciers avaient trop de contre sorts pour dévier les objets dangereux se dirigeant vers eux, pour que les balles soient très efficaces. Toutefois, si le Seigneur des Ténèbres voulait faire régner la peur chez les Moldus, alors les armes à feu seraient probablement un bon moyen pour y parvenir. Un Moldu était sans défense face aux balles ; ils n'avaient rien pour se protéger, exceptés les soi-disant « gilets pare-balles ». Mais Harry doutait qu'ils soient totalement pare-balles. De plus, le Moldu standard ne se baladait pas avec dans la rue.

Donc, c'était un bon moyen pour tuer les Moldus. Mais pouvait-on faire quelque chose aux balles, ou aux armes elles-mêmes, pour les rendre également dangereuses pour les sorciers ? Harry devrait probablement parler à quelqu'un de cette possibilité. Hermione, peut-être ? Elle saurait où chercher pour trouver les réponses, au moins. Oui, il allait faire ça.

Des clients entraient et sortaient de la boutique. Harry vit M. Hanawalt montrer à des clients les différents types de pistolet et leurs balles respectives, puis ils se mirent à discuter, apparemment sur le genre d'armes à feu qu'il fallait pour tel genre de vie. Un bon de commande fut rempli, et des poignées de main furent échangées.

Harry termina sa tasse de thé et traversa la rue.

Le carillon de la porte tinta quand il entra, et M. Hanawalt leva les yeux derrière son comptoir.

« En quoi puis-je vous aider ? » demanda-t-il. Il faisait très anglais, et il sourit à Harry.

« Je pense acheter une arme sous peu » fit Harry.

« Vous avez une licence ? »

Harry secoua la tête. « Non. »

« Bon, dans ce cas » répondit M. Hanawalt, « il va falloir que je vous en obtienne une avant de vous laisser acheter une arme. »

Harry acquiesça, puis demanda : « Que dois-je faire ? »

M. Hanawalt lui expliqua les différents cours qu'il enseignait, et les choses dont Harry avait besoin pour être autorisé à porter une arme. Il lui cita brièvement les lois, et l'inscrit à un cours, qui commençait la semaine suivante.

« Je peux jeter un coup d'œil à quelques armes à présent, même si je n'en achète pas pour le moment ? » s'enquit Harry.

« Bien sûr » dit M. Hanawalt. « Vous savez quel genre d'armes vous recherchez ? »

Harry secoua négativement la tête. « Je veux quelque chose de petit, qui irait avec une ceinture de cette taille » fit-il en levant les mains pour montrer la largeur de sa ceinture. Savoir se servir d'une arme à feu n'est pas une si mauvaise idée que ça, se dit-il. S'il en possédait une, il pourrait tester différents sorts dessus, et peut-être découvrir ce que Voldemort voulait avec ce genre d'armes.

« Très bien » dit M. Hanawalt, et il se mit à sortir des armes des présentoirs vitrés. Il lui énuméra les différents types d'armes, ainsi que leurs avantages et inconvénients. Harry finit par en trouver un qui devrait lui aller, selon lui-même et M. Hanawalt. C'était un Beretta Compact 9000, et il ne pesait rien dans sa main. Il était bien équilibré, tout comme sa baguette, et faisait près de dix-huit centimètres de long. Cependant, l'arme ne lui semblait pas aussi naturelle à tenir que sa baguette, et Harry était un peu nerveux à l'idée de porter quelque chose qui pouvait tuer aussi facilement. Puis il se rendit compte que sa baguette pouvait tuer tout aussi facilement, et il se détendit un peu. Il n'était jamais effrayé de tenir sa baguette, alors pourquoi serait-il effrayé de tenir une arme à feu ?

Quand ils eurent terminé, Harry remercia M. Hanawalt, et se prépara à sortir.

Il eut juste le temps de remarquer deux silhouettes sombres avant d'entendre :

« Nesciosa. »

Le monde vira au noir.

TBC...