Titre anglais : Time Out of Place
Titre français : Espace-temps décalé
Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)
Traductrice : Jess HDH
Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps
Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres
Rating : PG-13
Spoilers : les quatre premiers livres de HP.
Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.
Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet
Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?
Disclaimer : cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.
Note de la traductrice : Bonjour à tous ! Je pense que vous êtes à peu près tous allés voir HP4. Moi j'ai beaucoup aimé, le meilleur des 4 à mon avis (j'avais été un peu déçue par le trois). Certes, des choses manquent ou ont été modifiées, mais bon, on ne peut pas tout mettre dans un film, c'est ce qu'il faut se dire. Perso, j'ai beaucoup aimé la performance de l'acteur incarnant Cedric. La scène du cimetière est également très réussie, avec un Voldy tout à fait comme je l'attendais. Par contre, Hermione qui est au bord des larmes à quasi chaque réplique, ça m'a un peu saoulée...J'espère que ça sera pas pareil dans la VO...Bon, pour revenir à notre fic, je signale que ce chapitre est classé M, pour scènes de torture, viol et autre type de violence. Vous êtes prévenus. Bonne lecture, et n'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !
Merci à Shima-chan, Danielove, Gin, Crystal d'Avalon, Falyla, Ayuluna, Vert Emeraude, Egwene Al' Vere, Light of Moon, Kain, Tanakasan et Remus James Lupin.
Note Spéciale: suite à une question de Crystal d'Avalon, j'ai écrit à Cosmic pour lui demander d'où venait le terme nesciosa, qu'elle avait employé à la fin du chapitre précédent. Je vous livre donc sa réponse (traduite par mes soins, uh uh) : nesciosa vient du latin nescio qui veut dire entre autres 'être inconscient'. Le sort sert à plonger la personne visée dans l'inconscience. Elle a ajouté le suffixe final -sa parce qu'elle voulait que ça sonne plus comme un mauvais sort. J'espère que Crystal d'Avalon est satisfaite de sa réponse ! Je tiens également à signaler que Cosmic m'a demandé de vous remercier pour vos nombreuses reviews et qu'elle est très contente que sa fic rencontre autant de succès en France !
Note Spéciale 2 : il arrive que j'alterne le tutoiement et le vouvoiement suivant le contexte (pas uniquement dans ce chapitre). J'essaie de rendre au mieux l'état d'esprit des personnages (perte de sang-froid, moquerie, etc).
CHAPITRE 6
L'enfer d'un Guérisseur
Harry ouvrit les yeux et se demanda s'il n'était pas devenu aveugle. Le monde qui l'entourait était complètement plongé dans l'obscurité. Puis il réalisa que de la lumière filtrait au loin – sous une porte, peut-être ?
Il tressaillit et grogna quand il sentit ses mains attachées solidement au-dessus de sa tête avec des cordes épaisses.
« Y'a quelqu'un ? »
Harry releva vivement la tête en entendant la voix apeurée.
« M. Hanawalt ? » fit-il, croyant reconnaître la voix.
« Oui » dit à nouveau la même personne. « M. Potter ? »
« Ouais » répondit Harry. « Vous allez bien ? »
C'était assez agaçant de ne pas voir la personne à qui l'on parlait, mais au moins, Harry savait que M. Hanawalt allait suffisamment bien pour rester conscient et parler.
« J'ai quelques courbatures et je pense avoir été inconscient quelques instants » répondit M. Hanawalt, « mais ça va. »
« Bien » fit Harry. Un moment plus tard, il demanda : « Vous savez où nous sommes ? »
« J'espérais que vous me le diriez. »
« Génial » marmonna Harry.
Il essaya tant bien que mal de se repérer. Ils semblaient être attachés à un mur en pierre, très probablement quelque part sous terre, car le mur était froid et humide. Le sol n'était guère mieux, et Harry entendait de l'eau goutter quelque part. Il se fichait pas mal de l'eau – excepté le fait qu'ils pourraient attraper un sacré rhume et qu'ensuite ça pourrait empirer – mais les petites bestioles qui grouillaient probablement dans le coin le dérangeaient nettement plus.
« Vous avez vu quelqu'un d'autre ? » demanda Harry.
« Non, pas depuis que je suis revenu à moi » dit M. Hanawalt. « Mais les types qui sont entrés dans le magasin portaient des robes noires et des masques...comme une version alternative du Klux Klux Clan ou un truc dans le genre. Ils avaient des bâtons à la main. »
Harry fut surpris de tout ce dont M. Hanawalt se souvenait de leur rapide capture ; lui-même avait à peine eu le temps de remarquer les Mangemorts. Evidemment, M. Hanawalt ne savait pas que telle était l'identité des hommes masqués. Et les 'bâtons' ? Des baguettes, voilà ce que c'était, pas des bâtons.
Il se maudit d'avoir été stupide au point de baisser sa garde pendant qu'il était dans la boutique. S'il avait été conscient des choses qui l'entouraient, alors ils ne seraient probablement pas là à présent. Il avait une seule chose à faire, et il avait échoué.
Il avait totalement échoué.
Harry continua de tâter le peu de terrain qu'il pouvait atteindre, avant de se mettre à tirer sur les cordes, en espérant qu'elles se desserreraient juste un peu, afin qu'il puisse s'en défaire. Le moins qu'il pouvait faire désormais était de tirer M. Hanawalt de ce mauvais pas.
« Inutile » fit une nouvelle voix qui n'appartenait définitivement pas à M. Hanawalt. Elle était froide, basse, presque comme un murmure de la Mort elle-même. « Ce sont des cordes magiques ; elles ne se desserreront pas, même si vous les tranchiez avec un couteau. »
« Qui êtes-vous ? » grogna Harry.
« « Oh, je suis désolé » répondit la voix, « mais je ne peux pas vous le dire. Du moins pas tout de suite. Mon Maître n'aimerait pas que je désobéisse à ses ordres. »
Harry aurait aimé tenir sa baguette, pour qu'il puisse au moins éclairer la pièce et voir le nouvel arrivant. Ca aurait été mieux.
M. Hanawalt gardait le silence de l'autre côté de la pièce ; Harry en était heureux. Il n'arriverait rien de bon à cet homme s'il parlait.
« Alors quels sont vos ordres ? » s'enquit Harry, espérant continuer à le faire parler. Il voulait des informations, il voulait comprendre pourquoi M. Hanawalt avait été enlevé, et plus que tout, il voulait rester en vie.
« Vous garder en vie. Il s'en fiche que vous soyez un peu...amochés...mais mon Seigneur vous veut vivants » fit la voix froide.
Voldemort se fichait qu'ils soient amochés ? Ca, c'était quelque chose que Harry n'avait absolument aucun problème à croire. Le truc, c'était de savoir si l'idée que les Mangemorts se faisaient de 'vivant' était la même que celle de M. Tout Le Monde.
« A présent, histoire de rendre ça plus amusant... » continua la voix. « Lumos. »
M. Hanawalt laissa échapper un hoquet de frayeur quand il vit la silhouette en robe noire et son masque hideux. Le Mangemort se tourna vers lui.
« Tu ne fais pas preuve de respect ! » fit-il d'une voix forte. « Je vais t'apprendre le respect ! Endoloris ! »
M. Hanawalt hurla quand le sortilège l'atteignit, et se tordit de douleur. Cependant, les chaînes ne le laissaient pas beaucoup bouger, et Harry pouvait simplement voir les spasmes parcourir le corps de l'homme. Harry sentit une douleur cinglante traverser son propre corps, qui le brûla comme un feu venant de l'intérieur. Il se mordit la lèvre avec force, pour ne pas laisser échapper lui aussi un cri de douleur.
Le Mangemort se tourna vers Harry.
« Tu la sens, hein, Guérisseur » dit-il. « Harry Potter, le célèbre Guérisseur. Comme c'est facile de te contrôler. »
Il se retourna vers M. Hanawalt et leva le sortilège. « A présent... », fit-il, « tu es prêt à coopérer un peu ? »
L'homme avait l'air terrifié, et son regard allait sans cesse de Harry au Mangemort. Harry hocha la tête, voulant dire par là qu'il devait aller avec lui.
« O-oui » chuchota M. Hanawalt.
« Bien. Libérez-le » dit-il aux cordes, et elles relâchèrent les poignets de M. Hanawalt. L'homme tomba sur le sol, ses jambes n'étant plus habituées au poids de son corps. Le Mangemort se tourna à nouveau vers Harry. « A présent, M. Potter, vous allez vous aussi changer de place. Je crois que vous aurez de la compagnie. D'autres...garanties...nous assurant que M. Hanawalt donnera à mon Seigneur ce qu'il souhaite. »
Un sentiment d'effroi s'installa dans l'estomac de Harry. C'était impossible qu'ils aient pris la famille Hanawalt en otage – ils étaient censés être protégés ! George, Fred, et cette fille, Rhonda, étaient censés les surveiller...
« Vos amis ont opposé quelque...résistance je crois, mais ils ne faisaient pas vraiment le poids. Donc, M. Hanawalt, si vous voulez revoir votre famille vivante, je vous suggère de coopérer très gentiment avec mon Maître. »
M. Hanawalt tremblait, mais il hocha la tête. Le Mangemort le souleva du sol par magie et sortit de la pièce, M. Hanawalt flottant derrière lui à une trentaine de centimètres du sol.
Harry les regarda s'éloigner, les yeux écarquillés. Il se sentait complètement glacé de l'intérieur. Si les Mangemorts avaient réussi à enlever la famille Hanawalt, alors qu'était-il arrivé à leurs protecteurs ? George, Fred et Rhonda étaient-ils morts ? Ils ne pouvaient pas...Et pourtant, c'était fort possible. Harry se sentit malade. Cette mission était censée être facile – et pourtant, ils semblaient avoir totalement échoué. Et une famille allait peut-être mourir à cause de leurs erreurs.
Deux autres Mangemorts entrèrent dans la pièce. Ils ne relâchèrent pas les cordes autour de ses poignets ; ils se contentèrent simplement de les libérer du mur. Les cordes magiques retenaient toujours les bras au-dessus de sa tête dans une position inconfortable, où il n'avait aucun moyen d'atteindre sa baguette.
Ils ne lui dirent pas un mot ; le voyage d'une pièce sombre à une autre se fit dans un silence total. Dans le petit 'couloir', des torches étaient allumées. A droite et à gauche se trouvaient des portes en bois, toutes fermées. Des araignées rampaient sur les murs, et Harry pensa à Ron et à quel point il aurait détesté cet endroit. Il était désormais sûr qu'ils se trouvaient sous terre. Il n'y avait aucune fenêtre, seulement des portes en bois qui conduisaient vers d'autres prisons, et de l'eau dégoulinait des murs. L'air était humide et froid, et Harry frissonnait tout en marchant.
La nouvelle pièce qu'ils atteignirent était beaucoup plus grande que la dernière. Plusieurs Mangemorts marchaient ça et là, parlant entre eux à voix basse. Derrière eux, trois Moldus étaient attachés. La petite fille, Riley, pleurait ; des larmes et de la poussière maculaient son visage. Elle hurlait, appelait sa mère, qui était attachée à une trentaine de mètres d'elle. Mme Hanawalt semblait inconsciente.
Le petit garçon, Brian, était assis de l'autre côté de sa sœur, et pleurait également, mais en silence.
« La ferme ! » rugit un Mangemort en direction de la petite fille, et il la gifla. Riley se recroquevilla sur elle-même. Les larmes continuaient de couler, mais elle ne criait plus.
« Maman... » murmura-t-elle.
Les deux Mangemorts qui escortaient Harry le mirent à côté de Brian. Ils resserrèrent les cordes et en ajoutèrent une autour de ses chevilles.
« Et juste pour s'assurer qu'un accident ne se produira pas, je pense que je vais prendre ça » dit le plus grand des deux Mangemorts en sortant la baguette de Harry de sa ceinture. Harry se débattit contre les cordes pour essayer de l'en empêcher, mais les Mangemorts se contentèrent de se moquer de ses tentatives, puis de s'éloigner de lui.
Pendant ce temps, les pleurs de Riley s'étaient à nouveau accentués. Un des Mangemorts grogna : « Quelqu'un voudrait bien fermer la gueule de cette satanée gamine ? »
Un de ses comparses marmonna un sortilège en direction de la petite fille, et tout à coup, plus aucun son ne sortit de sa bouche. Ses mains agrippèrent son visage quand elle remarqua qu'elle ne pouvait plus parler, ni crier, et les larmes se multiplièrent. Harry fut rempli de pitié pour la petite fille, puis il sentit une brûlure autour de sa propre bouche.
Il commença alors à assembler les indices dont il disposait, et il y vit soudainement plus clair.
La brûlure dans son corps quand le premier Mangemort avait lancé l'Endoloris sur M. Hanawalt...La brûlure autour de sa bouche quand Riley avait reçu le sort de silence...Et deux jours auparavant, quand Draco avait eu sa vision : Harry était tombé à terre, non parce que Voldemort était en train de faire quelque chose de particulièrement mauvais – mais parce qu'il pouvait ressentir la douleur des autres personnes. La douleur de Draco avait été si forte que Harry avait partagé une partie de sa vision.
Il était Guérisseur, et il ressentait la douleur des autres.
Quand Draco souffrait, il l'avait soigné sans le savoir. Dès que Harry l'avait touché, Draco avait commencé à se calmer. Il avait voulu rester près de Harry car celui-ci le soignait pendant ce temps.
Et le jour même de leur arrivée dans cet étrange futur, Harry avait soigné l'ecchymose que Draco avait sur le front et l'avait sorti de son coma.
Il n'avait pas à se sentir nerveux à l'idée de soigner une autre personne ; il avait ce pouvoir en lui, tout le temps. Il supposait qu'il en était exactement de même pour Draco, bien que le blond ne s'en soit pas encore rendu compte.
Mais que se passait-il s'il n'arrivait pas à soigner les blessés autour de lui ? Harry réalisa bientôt que la douleur des autres personnes l'affaiblissait ; il sentait l'énergie s'écouler hors de son corps. S'il ne soignait pas ces Moldus, ou s'il ne sortait pas de la pièce, alors il deviendrait de plus en plus faible. Il ne voulait pas penser à ce qui se produirait si les Mangemorts décidaient de lancer l'Endoloris sur les enfants. Il doutait qu'ils arriveraient à le supporter très longtemps.
Il vit bouger la mère des enfants. Les Mangemorts s'en aperçurent immédiatement et se rapprochèrent d'elle.
Harry pria pour qu'ils ne fassent pas ce qu'il croyait qu'ils avaient en tête.
Elle hurla quand elle vit les Mangemorts, et hurla à nouveau quand elle vit ses enfants en larmes. Elle les supplia d'épargner ses enfants, et Harry remarqua avec admiration qu'elle ne suppliait pas pour elle. L'amour d'une mère, songea-t-il, et son esprit vogua brièvement jusqu'à sa propre mère, qui avait donné sa vie pour lui.
Les Mangemorts se rassemblèrent autour de la jeune femme. « Impero » dit l'un d'entre eux, et elle se tut brutalement.
« Viens avec moi » continua le même Mangemort.
« Oui » fit-elle et elle le suivit, passa la porte et fut hors de vue. Trois autres Mangemorts suivirent, et Harry ferma les yeux en souhaitant être sourd. Quelques instants plus tard, il entendit la femme hurler quand le Mangemort annula le sortilège et qu'ils commencèrent à faire ce qu'ils voulaient d'elle. Harry sentit la douleur jaillir dans son bas-ventre, et il sut exactement ce qu'ils étaient en train de lui faire. Comme elle était un peu plus éloignée de lui, la douleur n'était pas aussi forte, mais le fait de savoir ce qu'ils faisaient était plus que suffisant. Il eut envie de vomir.
Les enfants s'étaient tus quand leur mère avait suivi la silhouette drapée de noir hors de la pièce. Ils écoutaient, les joues brillantes de larmes et les yeux écarquillés par la peur, les cris de leur mère.
« Maman... » murmura Brian. « Maman, reviens... »
Harry compta qu'il s'était écoulé à peu près une heure quand les Mangemorts ramenèrent Mme Hanawalt dans la cellule. Elle était pâle et flageolante, et une de ses joues était enflée et colorée de noir. Ses vêtements étaient déchirés. Harry sentait la douleur irradier d'elle si fort qu'il pouvait presque la toucher, et il lutta pour ne pas vomir.
« Maman ! » s'écria Brian en la voyant, mais lui et sa sœur étaient attachés à présent et ne pouvaient plus bouger. Il lutta contre les cordes, mais récolta seulement les rires des Mangemorts.
« Assieds-toi » dit doucement Mme Hanawalt, d'une voix entrecoupée, et son fils lui obéit.
« Où est papa ? » demanda Brian quelques minutes plus tard. Il parlait d'une petite voix effrayée.
Mme Hanawalt le regarda, mais ne dit rien. Harry la comprenait ; que pouvait-elle dire ? 'Ton papa est en train de discuter avec ces fous et avec un peu de chance ils nous laisseront partir s'il leur donne ce qu'ils veulent' ? Harry doutait même qu'elle en sache autant sur l'opération. Il ne pensait pas qu'elle sache qu'il y avait vraiment une raison derrière l'enlèvement.
« Ton papa est en train de discuter avec notre Maître » dit l'un des Mangemorts.
« A propos de quoi ? » demanda Brian.
« Ca, gamin, ce ne sont pas tes affaires » répondit froidement le même Mangemort. « Maintenant assis-toi et tais-toi ou je te fais la même chose qu'à ta sœur. »
Brian lança un regard effrayé à Riley, qui était toujours incapable de parler. Il recula et ne dit plus un mot.
Ils attendirent. Harry sentait les heures s'écouler, et il commençait à faiblir dangereusement. La douleur et la peur qui jaillissaient de la famille Hanawalt l'affaiblissaient de minute en minute. Surtout la mère ; elle semblait souffrir d'une douleur autre que physique. Harry se demanda ce que les Mangemorts avaient bien pu lui faire, à part 'simplement' la violer. Mais il savait qu'il n'avait pas vraiment envie de le savoir.
Harry se demanda s'il faisait jour ou nuit dehors. Puis il se demanda où étaient ses amis. Les jumeaux étaient-ils toujours en vie ? Ou les deux rouquins avaient-ils donné leur vie pour protéger la famille Hanawalt ?
Dumbledore avait-il lancé une autre opération pour essayer de retrouver les Hanawalt et Harry ? Ou le croyaient-ils déjà mort, et les Hanawalt perdus ? Il se sentit malade rien qu'en y pensant. Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher d'espérer.
Il se demanda où était Draco. Etait-il sauf ? Etait-il dehors en train de chercher Harry ? Le Survivant était légèrement surpris de se préoccuper à ce point du jeune Serpentard. Puis il haussa les épaules et réalisa que c'était tout à fait normal, après avoir vécu vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec Draco pendant des jours et des jours. Il fit un rapide calcul dans sa tête et se rendit compte que 'des jours et des jours' étaient simplement au nombre de dix. Ca faisait seulement dix jours que Harry s'était réveillé dans cet étrange futur. Dans quel pétrin il s'était mis en si peu de temps...
Harry sortit brutalement de ses pensées quand une porte s'ouvrit avec fracas. Deux Mangemorts escortaient une troisième silhouette encapuchonnée entre eux. Harry hoqueta en réalisant que cette silhouette était M. Hanawalt. Il avait l'air brisé, comme un jouet d'enfant trop longtemps utilisé. Il était couvert de coupures et d'ecchymoses sanguinolentes sur le visage et sur tout le corps, et il pouvait à peine marcher ; pourtant, les Mangemorts le forçaient à avancer.
La douleur émanant de l'homme détruisit les dernières barrières mentales de Harry.
Il se pencha en avant en titubant, aussi loin que les cordes le lui permettaient, et vomit.
Plusieurs des Mangemorts rirent cruellement quand Harry essaya de se remettre debout, ses jambes lui faisant défaut. Il pendait mollement, soutenu par les cordes, et vit, les yeux larmoyants, les Mangemorts arrêter M. Hanawalt à environ trente mètres de Harry.
« Maintenant », fit l'un des Mangemorts, « j'aimerais que tu nous montres comment se servir de cette beauté. »
Il tendit un revolver à M. Hanawalt, et l'homme, mortellement pâle, hocha la tête. « D'accord. »
Les Mangemorts rirent entre eux, et Harry eut un mauvais pressentiment.
« Je veux que tu nous le montres...sur M. Potter ici présent » continua le Mangemort d'une voix traînante.
M. Hanawalt laissa tomber le revolver, choqué. « N-non » fit-il « Je – je ne peux pas... »
« Oh mais si tu peux » intervint un autre Mangemort. « D'après ce que tu nous as dit, tout ce que tu as à faire, c'est d'appuyer sur la détente. Et tu es censé être un bon tireur – tirer sur M. Potter à cette distance ne devrait pas être trop dur. »
« N-non » bégaya M. Hanawalt.
« S-si » le singèrent les Mangemorts.
M. Hanawalt leva les yeux vers Harry, lui demandant silencieusement ce qu'il devait faire. Harry lui fit simplement signe d'obtempérer. Avec un peu de chance, ça ne le tuerait pas, bien que Harry ne le crût pas vraiment. N'importe quelle blessure le tuerait, si on le laissait suffisamment de temps là.
« Et ne songe même pas à essayer de nous tirer dessus » le prévint l'un des Mangemorts. « Nous avons des sortilèges de protection autour de nous, et les balles ne feraient que rebondir – peut-être sur tes enfants... »
M. Hanawalt parut sur le point de pleurer quand il regarda ses enfants. Les deux pleuraient, bien qu'aucun son ne provenait de la petite fille. Brian se garda bien d'appeler son père. Leur mère regardait son mari, les yeux remplis de peur et d'horreur.
Un des Mangemorts lança par derrière un sortilège à M. Hanawalt, et celui-ci s'écroula par terre.
« Debout ! » hurla le Mangemort. « Ne reste pas couché là toute la journée ; on a mieux à faire. »
M. Hanawalt se releva péniblement. Il grogna, et porta une main à sa cage thoracique. Harry sentit ses côtes lui faire mal, et il sut qu'une ou deux côtes de M. Hanawalt étaient cassées.
« Maintenant, montre-nous » continua le même Mangemort lorsque M. Hanawalt se fut remis debout. « Vise le cœur », fit-il, « ou tu meurs dans les cinq secondes. »
M. Hanawalt lança un regard d'excuse à Harry, les yeux écarquillés par la peur. 'Pardon' articula-t-il, et Harry lui lança ce qu'il espérait être un regard rassurant. Les Mangemorts regardèrent tous avec grand intérêt M. Hanawalt ramasser le revolver. Ses mains tremblèrent violemment lorsqu'il voulut viser Harry, mais il réussit à les immobiliser.
Bang !
Un coup partit, et le monde de Harry explosa de douleur.
La balle se logea juste au-dessus du cœur, et le sang jaillit en bouillonnant de la blessure. La douleur se répandit comme une traînée de feu à travers son corps déjà affaibli, et le monde se mit à onduler devant ses yeux. Il entendit un objet en métal tomber sur le sol, et des voix basses glousser avec malveillance. M. Hanawalt fut écarté d'une bourrade, et un Mangemort pointa à nouveau le revolver sur Harry. Il fut à peine conscient d'une autre détonation, et encore plus de douleur déferla, cette fois du côté droit, sous sa cage thoracique.
Puis il crut entendre des cris. Des voix fortes...ou peut-être était-ce juste les Mangemorts qui continuaient de parler, leur voix amplifiées par la tête douloureuse de Harry ? Il ne savait plus. Il sentait son propre sang dégouliner sur son sweat-shirt, et le monde devenait de plus en plus flou. Il n'y eut plus qu'une grosse tâche indistincte ; sombre, en grande partie...
Et puis il y avait les voix...Elles semblaient familières...
Il crut entendre quelqu'un lui dire de tenir bon, mais il ne savait pas vraiment. Il pouvait tout aussi bien être mort ; il ne pouvait plus le dire. La douleur s'atténua légèrement, et une chaleur l'enveloppa lorsqu'il sombra enfin dans l'inconscience.
TBC...
