Titre anglais : Time Out of Place

Titre français : Espace-temps décalé

Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)

Traductrice : Jess HDH

Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps

Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres

Rating : PG-13

Spoilers : les quatre premiers livres de HP.

Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.

Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet

Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?

Disclaimer : cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.

Note de la traductrice : Coucou ! Après une fin de chapitre plutôt horrible, je suppose que vous devez être impatients de connaître la suite, donc la voici ! N'hésitez-pas à me laisser vos commentaires. Bonne lecture !

Merci à Ayuluna, Remus James Lupin, Egwene Al'Vere, Marieke5, Danielove, Cachou, Kain, Light of Moon, Gin, Vert Emeraude, Shima-chan, Falyla, Tanakasan et Vif d'Or.

Slydawn et Jessy, laissez-moi votre email la prochaine fois si vous voulez que je vous réponde !


CHAPITRE 7

Déride quelqu'un d'autre

Il cligna des yeux, et se demanda s'il était au paradis. Tout autour de lui était blanc, blanc, blanc...Puis la douleur l'assaillit, et il réalisa que ça ne pouvait pas être le paradis. Il émit un faible grognement.

Il sentit quelqu'un lui prendre la main. Une autre se posa sur son front. Harry sentit une chaleur se répandre dans son corps ; il gémit et bougea, essayant de se rapprocher des mains en question.

« Reste tranquille, Harry, ou les choses ne vont qu'empirer » dit une voix que Harry ne connaissait que trop bien.

Le visage de Draco apparut au-dessus de lui, la bouche tordue en un léger sourire en coin. Harry fut pour le moins surpris par le changement d'attitude radical du blond à son égard. Il ne se souvenait que trop bien du comportement de Draco avant...avant l'enlèvement. Les souvenirs le submergèrent, et il se souvint des Hanawalt, des petits enfants qui pleuraient, la mère, M. Hanawalt, les Mangemorts, comment M. Hanawalt avait été contraint de lui tirer dessus, et il se souvint de la douleur, la douleur, la douleur...

Il ferma les yeux de toutes ses forces, essayant de bloquer les souvenirs, mais ils ne cessèrent pas.

« Les Hanawalt sont tous dans un hôpital moldu » fit Draco, semblant lire dans les pensées de Harry. « On a placé des protections, afin qu'ils ne puissent pas être touchés, et des Moldus en uniforme les surveillent. »

Draco se rassit et enleva ses mains de Harry. Le Survivant gémit quand la sensation de chaleur disparut.

« Reviens » marmonna-t-il à voix basse, la gorge sèche comme un désert. Il put imaginer le sourire en coin grandissant sur le visage de Draco quand il admit qu'il avait besoin de lui. Néanmoins, les mots eurent l'effet désiré, car Draco remit ses mains sur Harry, les plaçant cette fois sur son côté droit. Il tressaillit quand Draco toucha le point sensible et douloureux où la deuxième balle l'avait touché.

« Détends-toi » dit Draco. « Ca fait mal au début, mais après ça te fera du bien. »

Harry se força à suivre les paroles de Draco, et il se détendit. Bientôt, l'agréable sensation de chaleur parcourant son corps était de retour. La douleur diminua tandis que l'énergie guérisseuse se frayait un chemin vers la seconde blessure par balle.

Il se sentit à nouveau somnolent ; ses yeux se fermaient contre sa propre volonté. Il entendit la douce voix de Draco murmurer « Dors, Harry. Je ne bouge pas d'ici » et il se laissa gagner par le sommeil.

Il se réveilla ce qui lui sembla être des heures plus tard, car l'éclairage de la pièce avait changé. Ou peut-être était-ce simplement son cerveau embrumé qui n'avait pas regardé correctement auparavant ? Il ne savait pas, mais selon l'horloge accrochée au mur – de fabrication moldue –, il était désormais cinq heures de l'après-midi. Il réalisa également, d'après l'allure de la chambre et du lit dans lequel il se trouvait, qu'il était dans un hôpital – très probablement à Ste Mangouste. Harry doutait qu'on l'ait placé dans un hôpital moldu. Les murs étaient gris terne, les draps, fins et blancs. La chemise de nuit d'hôpital qu'il portait était assortie : blanche également. Sur la table à côté du lit se trouvait la seule touche de couleur de la pièce : un bouquet de gardénias blancs, garni de petites fleurs bleues et de feuilles vertes.

Il bailla longuement, s'étira et hoqueta de douleur quand les endroits sensibles autour de ses blessures se tendirent douloureusement.

Du coin de l'œil, il vit une silhouette debout près de la fenêtre.

« Reste tranquille, Potter » lui dit Draco. « Ou tu vas rouvrir les plaies. »

Harry marmonna à voix basse.

« Non » répondit Draco. « Je ne suis peut-être pas ta mère, mais c'est moi qui t'ai surveillé pendant trois jours de suite, et ce n'est pas si drôle que ça de rester assis à regarder une personne dans le coma. »

Harry eut un sourire un coin. « Tu étais inquiet alors. »

« Tout le monde était inquiet » fit Draco, éludant la question. « Et tout le monde est venu. Granger et Weasley, Dumbledore, les jumeaux-- »

Harry s'assit brusquement, et hoqueta quand la douleur le transperça encore une fois. « Ils sont vivants alors ? »

Draco lui jeta un regard noir, et ignora la question. « Tu veux vraiment rester ici encore une semaine avec des plaies ouvertes, ou tu fais juste ça pour m'embêter ? »

Il sortit une potion de sa ceinture, en versa sur une compresse et en tamponna la blessure de Harry. Elle se referma d'elle-même, mais elle l'élançait toujours. Harry se dit que ce n'était pas la peine de demander des calmants à Draco. Le blond n'avait pas l'air complètement...stable...pour le moment.

Après que Draco eut fait rallonger Harry, celui-ci demanda à nouveau : « Les jumeaux, ils sont vivants ? »

Le blond lui lança un regard bizarre. « Oui, ils sont vivants. »

Harry regarda par la fenêtre. Il se sentait immensément soulagé par cette nouvelle. Il dit doucement : « Je pensais que les Mangemorts les avaient peut-être tués en enlevant les Hanawalt. Comment ils ont pu réussir, alors ? »

Draco baissa les yeux et regarda le plancher. « Tu as en partie raison : les Mangemorts ont bien tué quelqu'un. Les jumeaux ont réussi à rouler les Mangemorts et à leur faire croire qu'ils étaient morts, donc ils ont pu s'échapper. Mais...Rhonda est morte. »

Harry ferma les yeux et déglutit péniblement. Il avait tellement souhaité que les jumeaux soient encore en vie qu'il avait à peine pensé à la Poufsouffle. Il se sentit atrocement coupable de ne jamais l'avoir réellement prise en considération.

Draco restait silencieux aux côtés de Harry. Le silence de la pièce ne fut brisé que lorsqu'on frappa à la porte. Harry se força à ouvrir les yeux quand Draco dit « Entrez. »

C'était Hermione et Ron. Elle portait un bouquet de chrysanthèmes à couronnes (1) et le regardait joyeusement. Il tenta de lui retourner son sourire, mais il savait qu'il ne paraîtrait pas sincère. Hermione posa le bouquet dans un vase à côté du lit et s'assit de l'autre côté de Harry, l'air inquiet. Ron se posta derrière elle, tandis que Draco se retrancha au fond de la pièce. Harry regretta instantanément la sensation de chaleur émise par le blond quand la douleur repartit de plus belle.

Hermione repoussa une mèche de cheveux du visage du brun.

« Comment vas-tu, Harry ? » demanda-t-elle.

Il eut un petit sourire triste. « Rhonda est morte. Les Hanawalt ont été enlevés et torturés. Je vais super bien. »

Elle lui prit la main, les yeux emplis de compassion. « Ce n'est pas ta faute » fit-elle, sachant que Harry se blâmait pour tout ce qui avait mal tourné. « C'est...une mission qui a mal tourné, et nous sommes tous responsables. Ce n'est pas toi. »

Les souvenirs de l'enlèvement rejaillirent brutalement dans son esprit. D'abord, l'obscurité, dans la première petite pièce, là où M. Hanawalt et lui avaient repris conscience...Le regard effrayé de M. Hanawalt quand le Mangemort avait éclairé la pièce...Et après, les enfants, la fillette incapable de parler...Leur mère, hurlant tandis que les Mangemorts la violaient et la torturaient...Il avait envie de vomir.

Il vit Draco flageoler comme il partageait sa douleur, mais le blond ne se rapprocha pas cette fois-là. Il savait que Harry devait surmonter ses souvenirs sans l'aide de son énergie guérisseuse.

« La petite fille va bien ? » finit-il par demander, bien que refusant de regarder les autres.

Hermione hocha la tête. « George a annulé le sortilège, et Draco l'a apaisée » dit-elle. Harry vit les joues de Draco rosir.

« Je n'ai pas fait grand-chose » marmonna-t-il.

« Tu as apaisé toute la famille » rétorqua Hermione. « Tu as donc fait beaucoup. Et c'était après que tu aies soigné Harry... »

Le Survivant leva les yeux vers Draco, mais ne dit rien. Il devinait qu'il devait la vie au Serpentard, d'après la façon dont Ron et Hermione regardaient Draco et comment celui-ci refusait de croiser leurs regards, et fixait au contraire intensément le sol, le visage sans expression. Il se demanda ce que ça faisait d'avoir une dette envers le blond, mais il décida de ne pas y penser, pas pour l'instant.

« Comment vous nous avez trouvés ? » s'enquit Harry, après quelques minutes de silence.

Hermione sourit. « C'est encore grâce à Draco. Il a suivi ton Lien du Cœur, et les autres se sont contentés de le suivre. »

Lien du Cœur ? répéta Harry en pensée. Qu'était-ce qu'un Lien du Cœur ? Quelque chose de puissant manifestement, si Draco avait pu le suivre et trouver Harry alors qu'il était prisonnier quelque part sous terre. Il regarda le blond, mais Draco haussa les épaules en guise de réponse et Harry supposa qu'il n'en savait pas plus que lui à propos du Lien du Cœur. Il avait très probablement simplement suivi son instinct à ce moment-là, tout comme ils faisaient tous deux quand ils soignaient.

« Mais ça nous a pris un moment pour y arriver. Voldemort et ses acolytes aiment décidemment se terrer dans des endroits peu pratiques » intervint Ron, essayant de détendre un peu l'atmosphère. « Et pourtant, il fallait vraiment qu'on entre là-dedans. Heureusement, les gardes n'étaient pas très...éveillés, donc on a réussi à les stupéfixer. Après, on a dû te chercher. Draco souffrait tellement à cause du Lien qu'il pouvait à peine marcher, parce qu'entre temps, ils t'avaient déjà tiré dessus une fois. On a couru, et on a entendu le deuxième coup de feu. »

« J'ai entendu...des voix » fit Harry d'une voix hésitante. « Quelqu'un m'a dit de tenir bon. Puis j'ai senti une chaleur, et j'ai cru que j'allais vraiment mourir. »

Ron sourit. « Nan, on n'allait pas laisser quelques petits Mangemorts t'avoir comme ça » fit-il. « C'est Draco qui a fait tout ça. Il a couru vers toi dès qu'il t'a vu et a posé ses mains sur les blessures de balle. »

Draco refusait de rencontrer le regard de Harry, et continuait de regarder fixement le sol comme si c'était la chose la plus intéressante du monde. Ce que Harry distinguait de son visage était toujours recouvert par un masque d'impassibilité, mais Harry pouvait sentir sa gêne.

« Puis, quand on a été vraiment surs que tu n'allais pas te vider de ton sang, j'ai transplané avec toi ici. Les médicomages ont été un peu surpris en voyant tes plaies ; ils n'ont pas à soigner beaucoup de blessures par balle. »

« Ca pourrait bientôt changer » marmonna Harry.

« Ouais, même si je n'arrive vraiment pas à comprendre ce qu'ils veulent faire avec des armes à feu tout à coup » dit Hermione, et Ron semblait tout aussi perplexe.

« Je vais prendre des cours » dit Harry quand le silence retomba à nouveau sur la pièce.

Draco releva brusquement la tête et croisa le regard de Harry pour la première fois depuis une demi-heure. « Tu vas faire quoi ? » demanda-t-il.

« J'ai parlé à M. Hanawalt, et j'ai décidé de prendre des cours » répéta Harry en haussant les épaules. « Ca me semblait être une bonne idée sur le moment. Enfin, je ne sais pas si ça se fera maintenant – je doute que M. Hanawalt souhaite me revoir un jour. »

Le seul blond de la pièce le regarda, légèrement surpris. « M. Hanawalt et sa femme n'ont pas arrêté de demander de tes nouvelles pendant que je les...hum, soignais. » dit-il. « Ils étaient très inquiets. Je suis sûr que s'ils savaient où se trouve Ste Mangouste, ils seraient là en ce moment même. »

« Mais...pourquoi ? » demanda Harry.

« Ils se sentaient aussi coupables que toi, surtout M. Hanawalt. Il pense que tu as été mêlé à cet enlèvement alors que tu n'étais pas du tout censé en faire partie, et en plus de ça, il a été contraint de te tirer dessus. Oh, au fait, ça serait bien si à partir de maintenant tu t'abstenais de te faire tirer dessus. C'est très chiant à soigner. »

« Oh oui, Malfoy, parce que j'avais prévu de me faire tirer dessus, hein ? ». Harry le foudroya du regard, et les yeux de Draco s'adoucirent.

« Désolé » marmonna-t-il.

« Pas grave » fit Harry. « Si je pouvais choisir, j'aimerais moi aussi éviter de me faire tirer dessus à l'avenir. »

Draco eut un léger sourire. « Bien. On est d'accord là-dessus au moins. »

« On arrive à être d'accord sur quelque chose. Je suis impressionné » continua Harry, souriant encore plus.

Hermione se leva. « On va te laisser te reposer » dit-elle. « On reviendra demain. Je pense que tu pourras sortir demain après-midi, si Draco te soigne de son mieux. »

Harry lui fit un petit sourire. « Merci d'être passés, Mione » fit-il.

Elle se pencha et lui déposa un baiser sur le front. « De rien. »

Harry rougit devant cette marque d'affection, mais elle ne le remarqua pas. Elle se dirigea vers la porte au moment où Ron disait « A demain, Harry. Et Draco, sois gentil et soigne-le correctement, hein ? »

Draco eut un léger sourire. « Ouais. »

« A demain » conclut Harry et ses deux meilleurs amis le laissèrent.

Harry et Draco se retrouvèrent à nouveau seuls. Le brun trouvait décidemment que le Serpentard semblait bien mal à l'aise là où il se tenait, se dandinant d'un pied sur l'autre et regardant dans toutes les directions sauf celle de Harry. Néanmoins, il avait l'air d'aller mieux que la dernière fois que Harry l'avait vu, avant l'enlèvement : quand il ne parlait toujours pas à Harry, qu'il l'ignorait toujours totalement et qu'il refusait même de le regarder.

« Tu vas bien maintenant ? » demanda Harry.

Draco leva les yeux vers lui, mais ne dit rien. Un flot d'émotions déferlait sur son visage, et Harry put en relever quelques-unes – peur, tristesse, inquiétude, puis soulagement et très brièvement, un peu de joie. Puis il reprit à nouveau un air abattu et recommença à fixer le sol.

« Parle-moi » demanda doucement Harry. « Je sais que je ne suis pas la personne à qui tu préférerais dévoiler tes secrets les plus intimes, mais pour le moment, il n'y a que moi ici. »

Draco rencontra son regard, et dit à voix basse « Je m'inquiétais pour toi, c'est tout. »

Harry sourit intérieurement. « J'en suis heureux, sinon j'aurais très bien pu être mort à l'heure qu'il est. »

« C'était...c'était tellement étrange » continua le blond d'une voix toujours basse, et Harry se garda bien de l'interrompre. « J'avais mal en moi, et je pouvais sentir que tu t'affaiblissais...Et tout mon corps me criait de te trouver, de te soigner, de te...serrer dans mes bras. Ca devenait de plus en plus bizarre au fur et à mesure qu'on se rapprochait…La douleur empirait, mais en même temps elle diminuait parce que je me rapprochais de toi. Puis on a entendu le premier coup de feu et je – je me suis écroulé par terre...La douleur était insoutenable, mais je savais que ça devait être dix fois pire pour toi et ça m'a fait continuer...

La deuxième détonation a éclaté juste au moment où on courait dans le couloir. Ron et Fred me soutenaient, et je pense que c'était une bonne chose, parce que sinon, je serais tombé par terre à cause de cette deuxième balle, et je n'aurais pas pu me relever...

Tu – tu étais totalement inanimé, tu pendais aux cordes attachées au mur...Et il y avait du sang, la femme hurlait, les Mangemorts riaient, et tu avais l'air mort... »

Draco pleurait, même si Harry doutait qu'il s'en soit rendu compte. Harry tendit la main vers le Serpentard, et celui-ci se rapprocha jusqu'à ce que le brun puisse prendre la main du blond. Il pouvait sentir la douleur et le chagrin irradier à flots de Draco.

« Je ne savais même pas ce que je faisais quand j'ai posé mes mains sur toi ; tout ce que je savais, c'était qu'il fallait que je stoppe la douleur...Tu étais inconscient, et j'ai eu peur quand j'ai vu que tu ne réagissais pas du tout à ce que je faisais. Je ne savais pas ce que je faisais, et j'avais tellement peur de faire quelque chose de mal...qui n'aurait fait qu'empirer les choses... »

Il s'interrompit et détourna le regard de Harry, apparemment honteux des larmes qui coulaient sur ses joues et qu'il venait de remarquer.

« Et je me suis souvenu que tu avais essayé d'être gentil avec moi, mais que je ne t'avais pas écouté, et je ne voulais pas que ce soit le dernier souvenir que tu aies de moi » conclut Draco, semblant penser que s'il s'était confessé jusque là, il pouvait aussi bien tout dire à Harry.

Harry resta assis en silence, à regarder Draco. Draco Malfoy, sa Némésis à l'école, son ennemi depuis six ans. Le Survivant songea que la situation présente était plus qu'un peu surréaliste. Quatorze jours dans le futur – dont trois jours passés dans le coma pour Harry, mais passons – avaient suffi à ébranler ces fondations. Harry se demanda, si – quand, se dit-il en son for intérieur – ils rentraient chez eux, ils seraient capables de revenir à leur ancienne relation. Il se demanda s'ils le voudraient vraiment.

Draco resta debout à côté du lit, faisant de son mieux pour essuyer ses larmes le plus discrètement possible.

« Merci de m'avoir sauvé la vie » chuchota Harry. Il ne savait pas quoi dire d'autre après que Draco eut laissé si libre cours à ses émotions, mais il savait qu'il devait à nouveau briser la glace.

Le blond le regarda, la douleur se reflétant dans ses yeux. « Pas de quoi » marmonna-t-il, d'une voix qui ressemblait bien plus au jeune Malfoy que Harry connaissait. Il sourit timidement au Survivant, et Harry lui rendit le même sourire hésitant.

« Que cela ne devienne pas une habitude de te fourrer dans des situations pareilles » dit Draco.

« Trop tard, c'est déjà fait » répondit Harry, profitant de la légère amélioration de l'humeur de Draco.

« J'ai remarqué. »

« Hé, c'est pas moi qui m'écroule par terre en hurlant à cause d'une vision, alors n'essaie pas de me dire que je suis le seul dans cette pièce à s'attirer des ennuis. »

« Je ne me suis pas attiré des ennuis avec cette vision ; c'était, hum, douloureux, c'est tout. »

« D'accord. »

« C'est vrai. »

« Je sais bien, je l'ai ressenti » dit Harry, décidé à orienter leur conversation sur leurs intéressantes capacités de guérison.

« Quoi ? » fit Draco, exactement comme Harry s'y attendait.

« J'ai dit ; je l'ai ressenti » répéta-t-il. « Tu te souviens quand j'ai dit que j'avais vu des bribes de la vision moi aussi ? ». Le blond acquiesça. « Eh bien je ne pense pas avoir eu de vision en fait. Je pense que c'était uniquement toi. »

« Tu m'embrouilles, Potter » grogna Draco, en s'asseyant sur une chaise à côté du lit.

« C'est très clair pourtant » rétorqua Harry, et le blond lui jeta un regard mauvais. « C'est vrai ! Tu souffrais – tu souffrais beaucoup – et je suis un Guérisseur. J'ai ressenti ta douleur, et parce que tu souffrais beaucoup, j'ai vu des bribes de ta vision aussi, ou c'est peut-être à cause de ce Machin du Cœur, là. Dans les deux cas, c'est toi qui as eu la vision – je l'ai juste partagée, en quelque sorte. »

Draco le dévisagea. « Et qu'est-ce qui te fait aboutir à cette conclusion ? » demanda-t-il.

« Les Hanawalt » répondit Harry. « Quand on était...là-bas dessous...je pouvais sentir leur douleur. J'ai ressenti la peur des enfants et la douleur de Mme Hanawalt quand les Mangemorts l'ont torturée. J'ai vomi quand M. Hanawalt est arrivé : il était dans un sale état et j'étais faible. »

« Faible ? » répéta Draco. « Pourquoi ? »

Harry haussa les épaules. « Je pense que c'est parce que j'étais entouré de beaucoup de personnes qui souffraient, et que je ne pouvais pas les soigner ; c'est ça qui m'affaiblissait. »

« Donc à retenir pour les prochaines fois : rester éloigné des personnes malades qu'on ne peut pas soigner, c'est ça ? » demanda Draco.

Harry hocha la tête, puis réalisa quelque chose. « Comment peut-on être dans un hôpital sans s'affaiblir ? »

« Oh » répondit Draco. « C'est grâce à Ron et Dumbledore. On est dans une partie spéciale de l'hôpital, dans une sorte de zone restreinte. Il n'y a aucun autre patient à moins de cinq minutes de marche. Je n'ai pas compris sur le coup pourquoi ils nous ont mis là, mais maintenant je crois que j'ai pigé. »

« Ouais, je n'aurais jamais pu me rétablir si j'étais entouré par un tas de gens malades ou blessés – et tu n'aurais probablement pas pu non plus te concentrer pour me soigner. »

« Il m'aura quand même fallu trois jours pour te réveiller, alors que tu étais la seule personne dont je ressentais la souffrance » dit Draco. « Je ne suis pas un très bon Guérisseur, je crois. »

Ce fut au tour de Harry de regarder Draco, abasourdi. « Tu ne penses pas être un très bon Guérisseur ? » répéta-t-il, l'incrédulité perçant dans ses paroles.

« Eh bien », répondit Draco en se passant une main dans les cheveux, « Tu es resté dans ce satané coma pendant trois jours. »

« On m'avait tiré dessus ! Deux fois ! » s'exclama Harry. « Le simple fait que je sois en vie est tout à fait extraordinaire, et tout ça c'est grâce à toi. »

Harry en avait assez d'argumenter, surtout à propos de quelque chose d'aussi ridicule. Draco était un Guérisseur extraordinaire ; c'était vraiment grâce à lui si Harry était toujours en vie. Il ne savait pas encore exactement les dommages qu'avaient causés les balles, mais il était certain que si le Guérisseur blond n'était pas arrivé au moment même où il était arrivé, il serait mort à l'heure qu'il est. Quelque chose en lui lui disait qu'il avait vraiment été à deux doigts de mourir. Encore une fois.

Il soupira, ferma les yeux, puis les rouvrit pour regarder le Serpentard.

« Ecoute, Draco. Je sais que tu ne me croiras pas si je te dis que tu es un Guérisseur remarquable, mais je vais le dire quand même. Tu es un Guérisseur remarquable. Je ne serais pas en vie si ce n'était pas le cas. Le truc, c'est que je ne crois pas que ça ait un rapport avec le fait d'être un bon Guérisseur ou non – je pense que c'est quelque chose d'autre, et je pense que ça a un rapport avec la raison pour laquelle tu – on – s'est emportés l'un contre l'autre avant. »

Draco baissa les yeux, mais Harry continua.

« Il faut qu'on en discute sérieusement, du début jusqu'à la fin, mais je ne peux pas le faire tout de suite. Je suis à moitié endormi, et ça ne va pas le faire si je ronfle durant une telle conversation. »

Draco eut un petit sourire suite à sa tentative d'alléger l'atmosphère. « Je dois m'en aller ? » demanda-t-il.

Harry secoua la tête. « Non, je crois que tu devrais rester. Et si tu veux poser tes mains sur moi-- » Il s'interrompit en réalisant ce qu'il venait de dire. « Je voulais juste dire que si tu voulais-- »

« Laisser tomber, Potter » le coupa Draco avec un sourire en coin. « T'as déjà touché le fond. »

Harry soupira à nouveau. « C'est la faute de ces blessures par balle » marmotta-t-il, puis ses yeux se fermèrent.

« Non, c'est ta faute, parce que tu es comme ça » dit Draco d'une voix douce, en posant une main sur le front de Harry et prenant la main droite du brun dans l'autre. Un léger sourire apparut sur les lèvres de Harry tandis qu'il sombrait dans le sommeil, se sentant totalement heureux et en sécurité.

TBC...


(1) Je suis allée me renseigner sur un site de fleurs (moi sur un site de fleurs, c'est quelque chose lol), et les chrysanthèmes à couronnes existent bel et bien. Par contre, ne me demandez pas à quoi ça ressemble lol.