Titre anglais : Time Out of Place

Titre français : Espace-temps décalé

Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)

Traductrice : Jess HDH

Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps

Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres

Rating : PG-13/T

Spoilers : les quatre premiers livres de HP.

Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.

Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet

Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?

Disclaimer : cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.

Note de la traductrice : Bonjour à tous ! Ce chapitre contient diverses séquences en italique (lecture de livre, description de rêves et 'bavardage' un peu particulier), donc j'espère que vous ne vous perdrez pas en route ! Bonne lecture et n'hésitez pas à me faire des commentaires, je réponds à tout le monde (enfin, ceux qui me laissent leur mail) et ça m'encourage beaucoup à continuer !

Merci à Gin, Natmangafan, Danielove, Kain, Chris52, Light of Moon, Cachou, Shima-chan, Tanakasan, Demoniac Cat's, Vif d'Or et Morjana Lestrange.


NOTE "SPECIAL NOËL": Eh oui, c'est pas Noël tous les jours, alors attendez-vous à avoir le chapitre 9 ce week-end, ce sera mon cadeau pour vous...Joyeux Noël !

CHAPITRE 8

Cauchemars et Liens du Cœur

L'après-midi suivant, une surprise attendait Harry quand il revint chez lui. Il sortit de la cheminée et fut immédiatement entouré par Ginny, Fred et George, ainsi que leurs parents, M. et Mme Weasley. Draco arriva juste après lui, portant un sac qui contenait le strict nécessaire qu'il avait apporté pour Harry à Ste Mangouste.

« Bienvenue chez toi, Harry » dit Mme Weasley en serrant doucement Harry dans ses bras. Les plaies par lesquelles les balles étaient entrées étaient toujours sensibles, mais il étreignit à son tour la mère de ses amis.

M. et Mme Weasley n'avaient pas beaucoup changé en sept ans. Mme Weasley paraissait légèrement plus rondelette, et les cheveux roux de M. Weasley étaient désormais striés de mèches grises. A part ça, ils n'avaient pas changé.

Non, c'était Ginny le choc.

La petite fille timide d'autrefois était devenue une magnifique jeune femme. Tel le vilain petit canard transformé en cygne, elle s'était métamorphosée durant ces années en une femme pleine d'assurance, qui semblait taillée pour n'importe quelle pub de magazine. Sa chevelure rousse cascadait sur ses épaules jusqu'au milieu de son dos, et ses yeux noisettes sautillaient joyeusement d'une personne à l'autre tandis qu'elle écoutait les conversations. Elle avait aussi un corps à tomber à la renverse, remarqua Harry, bien que cette pensée ne le fasse pas réagir autant qu'il ne l'aurait crû.

Elle s'approcha de lui et le prit à son tour dans ses bras.

« C'est bon de te voir de nouveau sur pied » lui dit-elle en souriant, dévoilant ainsi une parfaite rangée de dents blanches.

« Elle est venue te voir à l'hôpital quand tu étais inconscient » lui expliqua Draco.

« Bien sûr » fit Ginny. « Les amis sont censés se soutenir mutuellement. »

Harry lui sourit. Il aimait cette nouvelle version de Ginny ; elle était préférable à la petite fille timide de son monde qui bégayait et rougissait dès qu'il était dans les parages. Harry ne voulait pas briser le cœur de la jeune Weasley en lui disant qu'il ne s'intéressait pas du tout à elle ; par conséquent, la femme qui se tenait devant lui le mettait nettement plus à l'aise. Elle, elle n'avait pas le béguin pour lui, apparemment. Elle le considérait simplement comme un ami.

Les Weasley avaient préparé le repas et mis la table pour sept personnes. Dès que Harry et Draco arrivèrent, ils se mirent à table.

« Au fait » dit George. « Ron s'excuse de ne pas être venu te rendre visite à l'hôpital aujourd'hui. Apparemment, Mione a été très malade ce matin, et elle ne sentait pas du tout capable de sortir où que ce soit. »

« C'est pas grave » répondit Harry. « J'espère juste que Mione va bien maintenant. »

« Oh, j'en suis sûr » intervint Fred. « Bien que ça me dépasse qu'une personne puisse bien aller en étant gonflée comme un ballon. »

Draco, George, Harry et M. Weasley rirent, mais se turent quand Mme Weasley les foudroya du regard. « Je suis sûre qu'il existe un sort pour te faire gonfler, Fred, afin que tu saches exactement ce que ça fait » dit-elle à son fils. « De cette manière, tu serais peut-être un peu plus compatissant à l'égard de cette pauvre Hermione. »

« Maman, je plaisantais » rétorqua Fred, exaspéré.

« Au fait, c'est quand qu'elle doit accoucher ? » demanda Harry, ressentant le besoin d'interrompre Fred avant qu'il ne dise autre chose de stupide et n'énerve Mme Weasley. Une Mme Weasley énervée, ça n'était pas drôle, Harry le savait d'expérience.

« Vers mi-janvier, je crois » répondit George.

« Ouais » renchérit Ginny. « Le seize janvier. »

« Ron papa...Quelqu'un s'est-il déjà habitué à cette idée ? » demanda Fred. « Parce que moi, pas du tout. »

Tout le monde, exceptés M. et Mme Weasley, secouèrent négativement la tête et Fred continua « Et papa et maman vont devenir grands-parents pour la troisième et quatrième fois. »

Harry et Draco échangèrent un regard. Alors comme ça, un des enfants Weasley avait déjà des enfants ? Harry ne put s'empêcher de se demander lequel – ou lesquels – avaient des petiots – et plus important encore, il se demanda avec qui. Charlie ? Bill ? Ou peut-être que c'était Percy avec sa petite amie de Poudlard, Pénélope Deauclaire ? Etaient-ils toujours ensembles ?

Ils continuèrent à discuter pendant près de trois heures, jusqu'à ce que Mme Weasley surprenne un bâillement de Harry et dise qu'il devrait aller se reposer. Sur ce, elle força plus ou moins sa famille à se rassembler devant la cheminée. Harry entendit les noms qu'ils dirent en jetant la poudre de cheminette dans les flammes. M. et Mme Weasley vivaient toujours au Terrier, Fred et George partageaient apparemment 'La Maison de la Blague', et l'appartement de Ginny était simplement désigné ainsi.

Une fois que les Weasley furent tous partis, Draco traîna Harry jusqu'au lit.

« Draco, c'est seulement 20h30 » geignit Harry quand il fut contraint de se mettre en pyjama.

« Je m'en fiche » rétorqua Draco. « Le médicomage a dit qu'il te fallait beaucoup de repos. »

« D'accord » marmonna Harry. « Tu peux au moins te tourner pendant que je me change ? »

« Tu as peur que je ne m'échauffe à la vue de quelque chose d'agréable ? » demanda Draco d'un air narquois, et Harry vira au rouge.

« Contente-toi de te retourner, ok ? » fit-il.

Draco obtempéra en soupirant. Harry enfila rapidement son pyjama et s'allongea sur le lit.

« T'es contente maintenant, maman ? » demanda-t-il, mais Draco se contenta de lui sourire.

« Très » répondit le blond. « Tu veux que je te borde ? »

Harry lui lança un regard noir. « Bonne nuit, Draco. »

« Bonne nuit, Harry » répondit Draco, d'une voix étonnamment douce. Puis il éteignit la lumière et quitta la pièce.

Le sommeil de Harry fut hanté par des cauchemars.

Il était attaché à un mur en pierre par des cordes épaisses qui lui entaillaient les poignets, le faisant saigner. A quelques pas de lui, juste hors de sa portée, se trouvait la famille Hanawalt, tous attachés au mur comme Harry. La petite fille, Riley, bougeait les lèvres, mais aucun son n'en sortait. Les larmes roulaient sur ses joues, et Harry voyait ses lèvres former le mot 'Maman !'.

Le petit garçon, Brian, restait silencieux là où il était. Ses yeux étaient remplis de terreur, tandis qu'il regardait bouger les ombres de l'autre côté de la pièce.

Des ombres sombres...Des robes noires et des masques affreux cachant leur visage...

Ils prirent la mère des enfants et Harry entendit ses cris se répercuter dans son esprit, la douleur transperçant son corps.

« Pourquoi n'avez-vous pas protégé ma famille ? »

Harry se retourna vivement au son de la voix de M. Hanawalt. Il vit l'homme qui se tenait à ses côtés, et qui regardait ses enfants avec des yeux tristes. « Pourquoi nous avez-vous laissés mourir ? »

« Mais – mais je n'ai rien fait de tel ! » protesta Harry. « On m'a dit que vous étiez vivants ! »

M. Hanawalt ramassa un revolver et le pointa sur Harry. « C'est votre faute si nous sommes dans ce trou. C'est votre faute. »

Il pressa la détente et il y eut une détonation. Elle résonna si fort dans les oreilles de Harry qu'il crût que ses tympans allaient éclater, mais ce ne fut pas le cas. A la place, il sentit une douleur aigue quand la balle pénétra dans sa poitrine, juste au-dessus de son cœur. Il sentait le sang s'écouler hors de sa blessure, il entendait son cœur battre à un rythme effréné, mais il ne pouvait rien faire. Et il ne voulait rien faire. Il le méritait, se disait-il. Il avait fait du tort aux Hanawalt ; il méritait de souffrir.

Un autre coup partit et il hurla quand la balle entra dans son côté droit.

La douleur se diffusait dans tout son corps et il se sentait tomber dans un grand trou noir. Tout était noir autour de lui, et tout en lui n'était que souffrance.

Il entendit la voix de M. Hanawalt. « Harry, tu le mérites. »

Il leva la tête et vit que les Hanawalt le regardaient. La petite fille articula dans sa direction 'C'est ta faute, Harry'.

Il hurlait ; il ne pouvait pas s'arrêter.

« ...Ta faute, Harry... »

« Harry ! »

Le Survivant se réveilla en sursaut quand quelqu'un le secoua. Il était trempé de sueur, et le monde qui l'entourait était flou. Un instant, il voulut tendre le bras pour attraper ses lunettes, mais il se souvint qu'il ne portait pas de lunettes ici. A la place, il battit des paupières, essayant de s'éclaircir les idées.

Draco était penché sur lui, les yeux brillants d'inquiétude.

« Ca – ça va » marmonna Harry, se sentant un peu ridicule.

« Tu hurlais » déclara Draco, ignorant la phrase de Harry. « De quoi as-tu rêvé ? »

Harry le foudroya du regard. Il n'avait pas envie de partager son rêve – cauchemar – avec Draco pour le moment. Il regarda l'horloge moldue suspendue au mur – deux heures du matin. Vraiment aucune envie.

« Très bien » lui dit Draco d'un air méprisant. « Rendors-toi alors, mais si tu pouvais éviter de hurler, j'en serais ravi. Je veux être frais et dispos demain matin. »

Il se rallongea, et Harry réalisa soudainement que Draco dormait en fait dans le lit, avec lui, dans la chambre principale. C'était la première fois dans leur appartement. Il ne savait pas s'il devait se sentir à l'aise ou non avec ça. Finalement, il résolut d'essayer de se rendormir, d'un sommeil sans cauchemar, il espérait.

Il était en route pour le pays des rêves quand il sentit une main chaude s'enrouler autour de la sienne, et il sourit intérieurement à la manière qu'avait Draco de le réconforter sans dire un mot. Juste avant de s'endormir, il se dit que partager un lit avec le blond n'était peut-être, peut-être, pas si mal que ça après tout.

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Les quelques jours qui suivirent passèrent rapidement. Pendant la journée, Harry et Draco continuaient d'explorer le monde dans lequel ils étaient, et Harry buvait chaque soir un peu de Potion Sans Rêves pour pouvoir dormir sans faire de cauchemars.

Les deux jeunes hommes lisaient tout ce qui leur tombait sous la main et qui pourrait expliquer comment ils s'étaient retrouvés sept ans plus tard dans le futur, mais en vain. Les voyages dans le temps, apparemment, n'étaient pas très courants. Surtout les voyages dans le temps qui n'impliquaient aucune magie de la part des voyageurs – et tout ce que Harry et Draco semblaient avoir fait, c'était de tomber de leur balai et de s'évanouir.

Harry se demandait si ce n'était pas quelque chose d'autre. Peut-être qu'ils n'avaient pas voyagé dans le temps – peut-être qu'ils étaient réellement les Harry et Draco de cette époque (le futur), mais qu'ils étaient amnésiques. Peut-être qu'ils étaient si épuisés après leur intervention quelques semaines auparavant que leurs cerveaux avaient tout simplement effacé les sept années.

« Et pourquoi auraient-ils fait ça ? » demanda Draco.

« Je ne sais pas – je cherche juste des hypothèses, vu que c'est apparemment impossible qu'on ait atterri dans le futur juste en s'évanouissant » se défendit Harry.

« Je ne pense pas que c'est ce qu'il s'est passé » dit Draco. « Pourquoi ça nous serait arrivé à tous les deux ? Et pourquoi nos cerveaux auraient-ils effacé sept années pile poil de nos vies ? »

Harry haussa les épaules. « Peut-être que le Lien du Cœur rend impossible qu'un seul d'entre nous subisse ça, alors il fait en sorte que l'autre perde aussi la mémoire » proposa-t-il d'une petite voix. Il savait que rien de tout cela n'était très probable, mais puisqu'ils ne faisaient aucun progrès pour trouver un moyen de rentrer chez eux, il voulait au moins essayer de penser à d'autres possibilités.

Il pensa demander à Hermione – le problème, c'est que ça signifierait qu'ils devraient parler à la fois à Hermione et Ron, eh bien, de tout. Et Harry ignorait s'ils pourraient prouver à ses amis qu'ils étaient bien Harry et Draco – seulement qu'ils n'étaient pas les bons. La seule chose que Harry pourrait leur offrir, c'était de leur révéler les secrets qu'ils avaient partagés depuis les six années et demies qu'il avait passées à Poudlard. Ca serait, évidemment, une preuve suffisante, se dit-il, mais en même temps, la plupart de ces secrets pouvaient être découverts, par exemple, si quelqu'un avait le vrai Harry de cette époque et l'avait bourré de Veritaserum.

Il soupira. Ca ne les menait nulle part.

Il se demanda s'il devait le dire au professeur Dumbledore. Là encore, on aurait dit que le vieux sorcier le savait déjà, d'une certaine manière. Il ne l'avait pas dit à voix haute, mais il y avait quelque chose dans la manière dont le Directeur parlait et répondait à ses questions qui disait qu'il savait.

Ils lisaient également tout ce qu'ils pouvaient sur les Liens du Cœur, car ils se doutaient que ça faisait probablement autre chose que de simplement ressentir la douleur de l'autre. Jusque là, ils n'avaient pas trouvé grand-chose sur le Lien, mais ils n'étaient pas du genre à abandonner. Harry alla à la grande bibliothèque de Londres. Celle-ci contenait un énorme espace réservé aux livres magiques, un espace invisible pour tous les Moldus, mais parfaitement visible et accessible à tout sorcier portant une baguette.

Harry rentra plus tard cet après-midi là avec des copies des textes les plus intéressants qu'il avait trouvés. Il n'était pas autorisé à emprunter les livres, car ils avaient trop de valeur, mais ça ne dérangea pas le bibliothécaire que Harry copie les passages dont il avait besoin.

« Tu as trouvé quelque chose ? » demanda Draco quand il sortit de la cheminée du salon.

Harry hocha la tête. « C'est...intéressant » fit-il, encore ébranlé par les nouvelles informations qu'il avait obtenues sur le Lien.

Il tendit les copies au blond, et Draco les parcourut rapidement du regard.

« Mais... » commença-t-il, regardant Harry, bouche bée. « Ca ne peut...je veux dire...comment ? »

Harry haussa les épaules. « Je ne sais pas, mais c'est ce que j'ai trouvé. Super intéressant, hein ? Et dire qu'on l'a vraiment fait tous les deux... ». Il lut le document à voix haute.

« Le Lien du Cœur est l'un des plus puissants liens magiques que deux sorciers peuvent créer. Il lie les deux sorciers entre eux avec une combinaison de magie du cœur et de magie de l'âme. Le processus est douloureux et requiert, entre autres, que les deux partis échangent leur sang (pour des instructions plus précises sur le sort, voir Magie du Cœur, Magie de l'Ame, d'Ordena Oliwoft). »

Les yeux de Draco allèrent de Harry au parchemin, puis se levèrent à nouveau vers lui. « Comment quelqu'un peut-il faire ça de son plein gré ? » demanda-t-il, incrédule.

« Une fois que le Lien du Cœur est en place, les deux sorciers/sorcières pourront, entre autres, ressentir la douleur et la joie de l'autre. Si l'un des deux est blessé, l'autre peut le soigner, mais ça lui prendra beaucoup d'énergie.

D'un autre côté, le Lien peut affaiblir les deux sorciers/sorcières. Si l'un des deux est blessé, l'autre sera également affecté.

Plusieurs sorts sont beaucoup plus faciles à réaliser une fois que le Lien est en place. Parmi eux, il y a le sort Audiosis (pouvoirs télépathiques, voir page 256), et plusieurs sorts guérisseurs/fortifiants.

Le Lien du Cœur est très peu répandu. Il faut un sorcier ou une sorcière très puissante pour lancer le sort de Lien, et les deux partis doivent se faire totalement confiance. Plus les deux partis sont puissants, plus le Lien du Cœur sera fort une fois en place. Peu importe la force magique des sorciers, ça ne changera pas la durée du Lien : c'est un lien éternel. Si l'un d'entre eux meurt, l'autre mourra dans les semaines qui suivent. Si l'un d'entre eux décide de quitter l'autre, les deux mourront. C'est la raison pour laquelle le Lien du Cœur est désapprouvé par la communauté sorcière et qu'il n'est pas lancé très souvent.

Le dernier Lien à avoir été accompli remonte en 1827, entre Avongara Aidée et Lev Layndu. Ca se finit mal ; après six ans de mariage, Avongara tomba amoureuse d'un autre homme. Elle quitta Lev, et tous les deux moururent huit jours après. »

« Tu sais, les deux 'nous' de cette époque sont vraiment stupides, hein ? » fit Harry une fois qu'il eut finit de lire.

« Comment avons-nous pu un jour décider de faire une chose pareille ? » s'exclama Draco. « C'est dingue ! »

Ils restèrent assis quelques minutes en silence, considérant avec attention les informations qu'ils venaient recevoir. Finalement, Harry demanda « Tu veux essayer ? »

Draco le regarda bêtement. « Quoi ? Tu veux relancer le sort du Lien du Cœur ? »

« Mais non, andouille » fit Harry. « Je parlais des pouvoirs télépathiques. »

Le blond continua de le regarder. « Je ne suis pas sûr de vouloir te voir roder dans mes pensées intimes, Potter » déclara-t-il.

« Quelque chose à cacher ? » demanda Harry d'un air innocent.

« Non, mais ça ne veut toujours pas dire que je te veux dans ma tête » rétorqua Draco avec un regard noir.

Harry lui sourit. « Tu pourras 'roder' dans ma tête toi aussi, c'est pas suffisant comme marché ? »

Draco continua de le foudroyer du regard, et Harry était quasiment sûr que le blond allait refuser quand il dit « Ok. Je suis d'accord. »

Le jeune homme aux cheveux d'ébène lui fit un large sourire. « Cool ! » s'exclama-t-il, puis il jeta un coup d'œil aux parchemins. « Alors voyons voir ce qu'on est censés faire...Ah, c'est là » dit Harry quand il trouva le bon parchemin. Il le lut à voix haute.

« Le sort Audiosis est très compliqué, mais les instructions sont très simples. Le sort sert à accéder aux pensées d'une autre personne, c'est pourquoi il est très dur de le lancer avec succès (il est connu que deux personnes unies par le Lien du Cœur lancent plus facilement le sort entre elles, voir Lien du Cœur, page 143).

La seule chose que les sorciers/sorcières ont à faire, c'est de dire le sort Audiosis ensemble, en ajoutant le nom de l'autre personne. Néanmoins, l'esprit a des barrières de protection puissantes, c'est pourquoi très peu de tentatives sont couronnées de succès.

Pour ceux qui sont unis par le Lien du Cœur, le sort sera compliqué au début, mais deviendra de plus en plus facile au fur et à mesure qu'ils s'habitueront à leur compagnon. Quand les deux partis sont totalement à l'aise l'un avec l'autre, ils n'ont plus besoin du sort ; s'ils veulent que l'autre les entende, l'autre personne le pourra. »

Draco semblait mal à l'aise. « T'es sûr que c'est sage ? »

« Depuis quand tu t'inquiètes de savoir si c'est sage ou non ? » lui rétorqua Harry. « Oui, j'en suis sûr. Qu'est-ce qu'il pourrait arriver de mal ? »

Le blond avait l'air de penser à plein de mauvaises choses qui pourraient arriver.

« Oh allez Malfoy » dit Harry, revenant à l'ancienne façon d'appeler l'autre garçon. « Ce n'est pas dangereux. »

« Comment tu peux le savoir, tu l'as jamais essayé avant » marmonna Draco. Il regarda Harry avec méfiance. « Je me trompe ? »

« Non » répondit Harry avec lassitude, « je n'ai pas déjà essayé de lire dans tes pensées. On peut l'essayer maintenant ? »

Draco lui jeta un dernier regard noir puis acquiesça. « Donc je suis juste censé dire ces mots et tu entendras mes pensées ? »

Harry haussa les épaules. « C'est ce que ça dit. »

« Ok » dit le blond, puis il prit une grande inspiration et ferma les yeux. Harry fit de même, pour mieux pouvoir se concentrer. Il savait très bien que ce n'allait pas être facile ; il aurait besoin de toute la concentration qu'il avait. Draco et lui ne partageait pas le même lien qu'il supposait que partageaient les Harry et Draco de cette époque, donc ça serait encore plus difficile.

« Audiosis Draco » fit-il, et Draco répéta la même chose au même moment, avec le nom de Harry.

Il ne se passa rien.

Il ouvrit légèrement les yeux pour regarder l'autre jeune homme, et vit qu'il avait le visage plissé par la concentration. Il essayait manifestement de toutes ses forces, malgré la joute verbale qu'ils venaient d'avoir pour savoir s'ils allaient le faire ou non. C'était un peu étrange de voir à quel point le blond pouvait changer rapidement, et Harry trouvait ça un peu...intriguant. On ne savait jamais à quoi s'attendre avec Draco, ce qui faisait qu'on ne s'ennuyait jamais quand on était avec lui. Harry pouvait s'énerver à cause de lui, il pouvait partager sa douleur, il pouvait se mettre dans des situations dangereuses à cause de lui, mais il ne s'embêtait jamais.

Le Serpentard ouvrit les yeux et foudroya Harry du regard.

« Tu vas te concentrer un peu ou tu vas te contenter de me reluquer comme ça ? » demanda-t-il.

Harry vira au cramoisi et marmonna « Désolé. »

« C'est toi qui as voulu le faire, pas moi » lui rappela Draco.

« Oui, je sais ! » s'exclama Harry, puis d'une voix plus basse « Essayons à nouveau. »

Le blond hocha la tête, prit une autre grande inspiration et ferma les yeux.

« Audiosis Harry » répéta-t-il, tandis que Harry disait la même chose avec 'Draco' comme nom.

Harry crut qu'ils avaient encore échoué, quand il entendit tout à coup :

'Harry ?'

'Draco ?'

'Oui, c'est bien moi'

'On y est arrivés ? Je veux dire, je ne suis pas simplement en train d'imaginer ta voix et de devenir bon à enfermer ?'

'Non, Potter. Enfin si, t'es peut-être bon à enfermer, mais--'

'Oh, la ferme, Draco. Et arrête de m'appeler 'Potter' ! On s'est mis d'accord pour s'appeler par nos prénoms il y a deux semaines'

'Très bien, Harry' maugréa Draco. Harry était stupéfait de voir que Draco pouvait être méprisant même dans ses pensées.

'On ouvre les yeux pour voir si ça marche toujours ?' proposa Harry.

'D'accord'

'A trois : un, deux, trois'

Harry ouvrit les yeux exactement au même moment que Draco. Leurs yeux se rencontrèrent et le Survivant entendit la voix du blond dire 'Tu m'entends toujours ?'

C'était une sensation des plus étranges, songea Harry avec stupéfaction. Il entendait Draco parler, mais ses lèvres ne bougeaient pas. C'était assez surréaliste. 'Oui, je t'entends' répondit-il. Le blond lui fit un petit sourire triomphant.

'C'est cool. Je peux vraiment entendre tes pensées'

Harry acquiesça. Oui, c'était très cool. Il ne savait pas trop si le fait d'avoir Draco là, dans sa tête, l'embêtait ou non, mais tout comme le fait de partager un lit avec lui, ce n'était pas si horrible que ça. Ca serait probablement pire d'entendre Hermione dans sa tête, surtout la Hermione de son monde – elle n'aurait cessé de lui rappeler les devoirs qu'il devait faire, et qu'il ne devrait vraiment pas déambuler dans Poudlard au milieu de la nuit.

'Et comment on fait pour arrêter ça maintenant ?' demanda Draco.

Harry regarda les documents. Il n'y avait rien qui expliquait comment arrêter l'échange télépathique. « Hum » fit Harry à voix haute. « Il n'y a rien de noté à ce sujet. »

« QUOI ? » hurla Draco à la fois en pensée et à voix haute. Harry tressaillit à ce cri, mais le blond ne le remarqua pas. Il parcourait fébrilement les parchemins, essayant de trouver la moindre petite chose qui aiderait à rompre la télépathie.

« Je ne te veux pas dans ma tête pour le restant de mes jours ! » s'écria le Serpentard, après avoir cherché en vain.

'Moi non plus !' rétorqua Harry. 'Et arrête de hurler. Ca me fout mal à la tête'

'Désolé' marmonna Draco sans le penser le moins du monde, regardant toujours Harry avec fureur.

« Va vérifier dans les livres de l'autre chambre » lui dit Harry. « Il doit y avoir un moyen de rompre un sort de télépathie. »

'Et essaie de ne pas penser trop fort' ajouta-t-il quand le blond disparut de la pièce sans un mot. Il pouvait entendre les pensées confuses de Draco traverser son propre esprit à une vitesse incroyable. La plupart ressemblaient à peu près à 'Je devrais jeter un sort à Harry pour m'avoir forcé à faire ce maudit truc de télépathie, pour commencer'.

'Je t'entends toujours, tu sais' pensa Harry.

'Tant mieux' rétorqua le blond, revêche.

Harry continua de compulser les parchemins, mais ne trouva rien de nouveau.

Ils cherchèrent pendant toute la soirée, de plus en plus fatigués d'entendre constamment les pensées de l'autre. Ils avaient tous les deux une migraine de tous les diables quand l'horloge sonna vingt-trois heures. Harry aspirait à dormir plus que tout au monde, mais il ne se le permettait pas – il fallait qu'il trouve le moyen d'annuler le sort. Cependant, il ne put lutter très longtemps contre la fatigue, et tout à coup, il s'endormit sur le sofa, des feuilles de parchemin étalées tout autour de lui.

Il était de nouveau dans la pièce aux murs de pierre, et les cordes épaisses qui entaillaient ses poignets étaient de retour. Tout ce qui l'entourait était plongé dans les ténèbres, une obscurité sans fin qui semblait le narguer.

Il y eut un éclat lumineux et, soudainement, la famille se retrouva devant lui. La petite fille était là, pleurant toutes les larmes de son corps, ses lèvres formant le mot 'Maman !' encore et encore, et pourtant aucun son ne sortait. Le petit garçon était assis à côté d'elle ; ils étaient tous les deux attachés, et leurs poignets saignaient, tout comme ceux de Harry.

« C'est vous qui avez fait ça à mes enfants ! » retentit la voix enflée par la colère de M. Hanawalt. « C'est vous ! C'est de votre faute ! »

« Non ! » s'écria Harry. « Je ne voulais pas...Ce n'était pas censé se passer comme ça... »

Les ombres noires se mouvaient autour de lui, et tout comme l'obscurité l'avait fait, elles le narguaient. Se moquaient de lui.

« Je veux que tu nous le montres...sur M. Potter ici présent » dit l'un d'entre eux en plaçant un revolver dans les mains de Brian. L'enfant leva les yeux vers Harry et dit :

« Tu le mérites ! »

Le coup partit, et Harry hurla. Autour de lui, les ombres se moquaient de lui. Harry se pencha en avant ; il n'arrivait pas à respirer...Sa tête résonnait des rires caquetants et du son de ses battements de cœur affolés. Il tombait, bas, bas, bas...Son monde était noir ; son monde n'était que souffrance...Il hoqueta dans l'espoir de reprendre son souffle, mais découvrit qu'il ne pouvait plus respirer. Son corps réclamait de l'air à grands cris, mais il ne pouvait pas lui en donner.

Il hurla ; il ne pouvait faire que ça.

« Chhhuuut... »

Une chaleur l'entoura un bref instant, et il put à nouveau respirer, juste un petit moment. Puis la chaleur disparut et les ténèbres l'envahirent à nouveau. Il tombait toujours.

Quelque chose de doux l'entoura, le berçant comme une mère berce son enfant.

« Chhhuuut... »

Harry regarda autour de lui ; le décor avait brutalement changé. Il était au bord d'un lac, étendu sur l'herbe, à regarder le mouvement des vagues devant lui. Le ciel était bleu, et le soleil le réchauffait.

« Tout va bien, Harry... »

Il se demandait où il était et à qui l'étrange voix appartenait. Elle semblait familière...mais il ne voulait pas y penser pour le moment – il voulait simplement profiter de la chaude sensation du soleil sur sa peau, à la façon dont l'herbe lui chatouillait les pieds, et le sang qui s'écoulait de ses blessures...Non, ça ça n'allait pas...

Une souffrance atroce le transperça à nouveau, et il sentit un changement autour de lui. Le ciel bleu se couvrit de nuages noirs, et le lac se déchaîna, l'éclaboussant avec colère. Un vent froid se mit à souffler, le faisant frissonner. Il voulait partir, trouver un refuge, mais il n'arrivait pas à bouger. La peur étreignit à nouveau son cœur.

« Tout est ta faute... »

« Ce n'est pas ta faute, Harry ! »

La voix calme et apaisante était de retour, et Harry sentit la chaleur l'entourer à nouveau.

« Ce n'est pas ta faute, tu n'as rien fait de mal. Maintenant, détends-toi...Tout va bien, et tu es en sécurité... »

Harry finit par se détendre tandis que le ciel redevenait bleu et que le lac se calmait. Il ferma les yeux et sentit deux bras puissants s'enrouler autour de son corps.

Il était en sécurité.

TBC...