Titre anglais : Time Out of Place

Titre français : Espace-temps décalé

Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)

Traductrice : Jess HDH

Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps

Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres

Rating : PG-13

Spoilers : les quatre premiers livres de HP.

Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.

Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet

Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?

Disclaimer : cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.

Note de la traductrice : Hello vous ! Désolée pour le retard, FFNet a encore fait des siennes...Sinon, c'est le dernier chapitre de l'année ;). J'espère que vous l'apprécierez ! Et comme toujours, n'hésitez pas à me faire part de vos commentaires ! Bonne fin de vacances à tous !

Merci à Griselle, Light of Moon, Natmangafan, Falyla, Shima-chan, Ayuluna, Kain, Tanakasan, Lovely A, Danielove et Vif d'Or.

Adri et Rosenoire, laissez-moi votre email si vous voulez que je vous réponde ;)


NOTE SPECIALE : Le 200ème reviewer(-euse) recevra le chapitre suivant avant tout le monde ;)


CHAPITRE 10

Tu me fais ressentir des choses très étranges

Ron et Hermione envoyèrent un hibou à Harry et Draco le lendemain. La note qui allait avec le hibou était brève :

« Harry et Draco,

Nous fêtons Noël en avance ce soir. Vous êtes plus que les bienvenus. La fête commence à dix-huit heures. Le professeur Dumbledore nous a dit qu'il avait des nouvelles qui pourraient nous intéresser.

Bises,

Hermione et Ron »

Harry savait que si Dumbledore 'avait des nouvelles', ça avait très probablement un rapport avec l'Ordre. Il se demanda si 'la fête de Noël' était simplement une couverture pour organiser une réunion de l'Ordre.

Harry était vêtu des ses robes préférées quand ils arrivèrent par cheminette au château des Weasley à 17h57. Ses robes étaient noires, et complètement ouvertes sur le devant. Dessous, il portait un pantalon en cuir bien ajusté et une paire de bottes, ainsi qu'une chemise à col mao.

« Jolie tenue, Potter » avait dit Draco avec un léger sifflement quand il avait vu Harry arriver.

Harry lui sourit. « Tu n'es pas mal non plus. »

Le blond avait ses longs cheveux qui flottaient librement sur ses épaules, contrairement à Harry qui préférait les remonter en queue de cheval. Draco était vêtu en noir et argent ; il avait le même pantalon en cuir que Harry. Ses robes noires reposaient sur ses épaules et s'arrêtaient presque à ses genoux. Une broche retenait ses robes au niveau de sa clavicule. Dessous, il portait une chemise gris pâle, et des bottes, tout comme Harry.

Le salon du château des Weasley était bondé. Tout le monde parlait, ce qui entraînait un volume sonore assez conséquent, et en sourdine se jouait une musique que Harry ne reconnut pas – bien que ça fasse très 'chants de Noël'. Les gens étaient disséminés en groupe et ils discutaient et riaient entre eux. Harry en reconnut certains, bien qu'ils eussent changés depuis la dernière fois qu'il les avait vus – quand il était à Poudlard à sa propre époque.

Apparemment, toute la famille Weasley était là. Harry vit M. et Mme Weasley en train de discuter avec Hermione – dont le ventre avait clairement grossi depuis la dernière fois que Harry l'avait vue – et Ron parlait avec Bill. Il vit également Percy avec sa petite amie de Poudlard, Pénélope Deauclaire. Contrairement à la plupart des autres personnes de la pièce, Pénélope n'avait pas du tout changé. Elle avait un bébé dans ses bras, et Harry se souvint de la remarque selon laquelle M. et Mme Weasley allaient devenir grands-parents pour la troisième fois. Percy était manifestement l'un des heureux papas. Harry regarda autour de lui en quête de Charlie et Ginny, mais il ne les vit pas. Evidemment, ils pouvaient très bien être ailleurs que dans le salon.

Harry vit également Sirius et Remus. Ils se tenaient près d'un plateau apéritif, et mangeaient et parlaient joyeusement entre eux.

Seamus Finnigan, l'Irlandais aux cheveux châtain roux, ressemblait beaucoup à celui que Harry connaissait. Il était juste un peu plus grand et plus musclé qu'auparavant, et ses cheveux étaient coupés très courts.

Il était apparemment toujours le meilleur ami de Dean Thomas, car les deux discutaient avec animation dans un coin. Dean, qui était déjà grand à l'école, était encore plus grand à présent, et Harry se demanda qui était le plus grand : lui ou Ron ?

« Hé Harry ! Draco ! » appela joyeusement Seamus quand il les aperçut. Draco les regarda, bouche bée – même après avoir passé un mois dans ce monde, il n'était toujours pas habitué à ce que les anciens Griffondors le traitent aussi gentiment.

« Salut Seamus, Dean » fit Harry, puis il donna un coup de coude au blond à côté de lui pour qu'il referme la bouche.

« Comment ça va ? Ca fait longtemps qu'on ne vous a pas vus » dit Seamus.

« On a été...occupés » répondit Harry, tâchant de donner l'impression qu'ils avaient été vraiment occupés.

« Ah, je vois » fit Dean avec un sourire entendu, et regardant tour à tour Harry et Draco. « J'en suis persuadé. »

« Eh bien », commença Draco d'une voix traînante, « après être restés inconscients pendant cinq jours suite à une de nos missions, j'ai eu une vision quelques jours plus tard, puis Harry a été kidnappé, on lui a tiré dessus et il a passé plusieurs jours dans le coma ; depuis, on se la coule douce. »

Dean le regarda, abasourdi. « Vous avez été occupés, c'est bien ce que je dis » dit-il avec un sourire amusé quelques instants plus tard.

Draco le foudroya du regard, et Harry lui prit le bras. « Excusez-nous » dit-il à Seamus et Dean, puis il traîna le blond un peu plus loin.

« Quoi ? » s'exclama Draco quand ils furent hors de portée de voix des deux autres jeunes hommes.

« Tu peux au moins essayer d'être aimable ? » demanda Harry. « Ils sont sympas ! »

Draco lui lança un regard noir. « Ce sont des Griffondors. »

« Ex-Griffondors dans ce monde. Le Draco de cette époque les apprécie. C'est pourquoi tu es censé les apprécier. »

Draco continuait de le fusiller du regard, mais Harry resta indifférent.

« Sois gentil avec mes autres potes, Draco » dit-il avant de retourner dans la foule. Il voulait avoir l'occasion de parler à Ron et Hermione avant que Dumbledore ne commence la réunion. Il vit Dumbledore assis dans son fauteuil favori, à côté du canapé, en train de discuter avec quelqu'un...le professeur McGonagall ? Oui, c'était très certainement le professeur de Métamorphose. Ses cheveux gris étaient ramenés en arrière en un chignon serré, comme d'habitude.

De l'autre côté se tenait Severus Rogue ; il ne parlait à personne. Son habituel air renfrogné était fermement gravé sur son visage, et ses cheveux retombaient de chaque côté de son visage, aussi graisseux que la première fois que Harry l'avait vu.

« Bonjour Severus » fit Harry, ses pieds se dirigeant vers le Maître des Potions contre sa volonté. « Vous avez l'air de vous amuser, dites-moi. »

« Fabuleusement » ricana Rogue. « Où est votre petit ami ? »

« Oh, Draco est...quelque part. Il n'a pas très envie d'être sociable, ce soir » répondit Harry. « Tout comme quelqu'un d'autre ici, apparemment. »

« Je suis parfaitement sociable, Harry » dit Rogue. « Allez donc jouer avec les autres enfants. Je crois que Miss Granger veut vous voir. »

Harry sourit. « Ce n'est plus Miss Granger désormais » le reprit-il.

« Oh, elle sera toujours la petite Miss Je-Sais-Tout Granger, Potter. Tout comme vous serez toujours le Survivant ». Il fit un léger sourire en direction de Harry. « Allez, ouste. »

Harry rit quand son professeur de Potions lui dit 'ouste', mais il le quitta peu après. Il se fraya un chemin à travers la foule jusqu'à ce qu'il trouve Hermione, toujours en train de discuter avec M. et Mme Weasley.

« Salut Mione » fit-il.

« Harry ! » s'exclama-t-elle, tout excitée, puis elle l'étreignit. « Je ne t'ai pas vu arriver. Tu es là depuis longtemps ? »

« Quinze minutes environ. Ro-- Severus a eu l'amabilité de me dire que tu souhaitais me parler. »

« Oui, oui, c'est vrai » dit-elle à Harry. Elle se tourna vers M. et Mme Weasley. « Vous voulez bien nous excuser ? »

« Bien sûr. Nous allons goûter le buffet » dit M. Weasley. « J'ai entendu dire qu'il était plus qu'excellent... »

Et ils s'éloignèrent, laissant Harry et Hermione seuls. Hermione prit Harry par la main et l'entraîna dans la cuisine. Ils y avaient quelques elfes de maison qui s'activaient dans la pièce, préparant des plats et versant des boissons. Harry n'avait vu aucun elfe de maison lors de son séjour au château et fut un peu surpris – Hermione avait après tout été complètement contre l'exploitation des elfes de maison à un certain moment de sa vie.

« Qu'est-ce que tu voulais, Mione ? » demanda-t-il.

« Je me demandais – enfin, en fait, c'est Ron et moi qui nous nous demandions...On voulait juste savoir... »

« Mione ? Ca n'a ni queue ni tête ce que tu dis » la coupa gentiment Harry.

Hermione lui sourit. « On voulait savoir si tu aimerais être le parrain de l'un des bébés. »

Le Survivant en fut un peu retourné, mais un sourire réussit à trouver le chemin de son visage. « Bien sûr, Mione ! J'en serais ravi. »

Hermione lui fit un sourire soulagé. « Ron va demander à Draco » dit-elle. « Nous aimerions qu'il le soit pour l'autre bébé. »

Harry la serra contre lui. « Je suis sûr qu'il sera aussi enthousiaste que moi » répondit-il.

« J'espère vraiment. Je veux dire, vous êtes les deux seuls à qui nous avons pensé » avoua Hermione.

« Vraiment ? »

« Oui, tu le sais bien » dit-elle. « Remus et Sirius sont adorables et merveilleux, mais – Sirius est ton parrain, Harry. Ensuite il y a bien Seamus, Dean, ou la famille de Ron, mais...non. Et ce n'est pas comme si j'allais demander à McGonagall ou à Severus, même après sa crise cardiaque. »

« Crise cardiaque ? » répéta Harry avant de pouvoir s'en empêcher. Rogue avait fait une crise cardiaque ?

Hermione lui lança un regard bizarre. « Oui, celle dont tu l'as sauvé il y a trois ans » dit-elle. « Tu te rappelles ? »

« Hum, ouais, bien sûr » répondit Harry avec un rire nerveux. Il s'enfonçait bien trop profond dans cette histoire.

Elle continua de le dévisager quelques instants avant d'enchaîner « Bref. Je sais qu'il est bien plus aimable depuis ça, mais ce n'est pas pour autant que je veux qu'il soit le parrain de mes enfants. »

« Je comprends » dit Harry, toujours très nerveux et choisissant soigneusement ses mots. Il avait fait une grosse boulette, et Hermione était plus méfiante que jamais à présent.

« Nous retournons à la fête ? » finit par demander Hermione, et le jeune homme aux cheveux d'ébène soupira de soulagement. Il acquiesça, et ils retournèrent dans le salon.

D'autres personnes devaient être arrivées, car la pièce semblait encore plus remplie qu'avant. Harry n'avait pas encore eu le temps d'admirer les décorations, mais maintenant il le voyait – le gros sapin de Noël dans le coin, à côté de la cheminée, magnifiquement décoré. Il y avait des branches de houx disséminées dans la pièce, et du gui pendait à l'entrée. Sous le gui, un des jumeaux Weasley embrassait une fille – était-ce Angelina Johnson ? Si c'était le cas, alors le jumeau qui la bécotait devait certainement être Fred. Etaient-ils ensemble, alors ?

« Je m'ennuie. »

Harry sursauta en entendant la voix de Draco près de son oreille. Il se retourna et vit que le blond le regardait.

« Et qu'est-ce que je suis censé faire pour y remédier ? » demanda Harry.

« Me divertir ? » proposa le blond, plein d'espoir.

« Dans tes rêves. »

« Toujours » répondit le blond avec un sourire. « Wow, c'est Fred Weasley qui est en train de rouler une pelle à Angelina Johnson ? »

Harry haussa un sourcil. Il était surpris que le blond ait reconnu le couple sous le gui.

« Je crois bien » répondit Harry.

« Eh bien, on dirait qu'ils s'amusent bien. Peut-être qu'on devrait essayer ? »

Harry le regarda, abasourdi.

Juste avant que Harry ne puisse répondre à ce que Draco venait de dire, Dumbledore requit l'attention de la salle.

« Bonsoir tout le monde » fit-il aimablement, la voix amplifiée pour qu'il se fasse entendre. « J'espère que vous vous amusez bien. »

Harry se dit que ça ressemblait beaucoup aux discours que le directeur faisait chaque année lors des grands banquets, et il écouta attentivement.

« J'ai des informations qui concernent tout le monde. Des mauvaises nouvelles, et des bonnes.

Nous allons commencer par les mauvaises nouvelles. Comme la plupart de vous le savent déjà, M. Malfoy a eu une vision il y a deux semaines, et une opération s'ensuivit, comme toujours. Malheureusement, la mission a mal tourné cette fois, et une membre de l'Ordre est morte. Je veux que vous gardiez tous en mémoire Rhonda Gailey, une jeune femme fière et forte, et le travail qu'elle a accompli. »

La pièce était silencieuse tandis qu'il parlait. Harry vit Linda de l'autre côté de la salle. Son visage avait brusquement pâli en écoutant le discours de Dumbledore. Il continua sur Rhonda, en parlant de ses réussites et de ses rêves.

« Nous ne devons jamais oublier ceux que nous perdons » disait-il. « Et c'est pour eux, aussi bien que pour nous, que nous continuons à nous battre. »

Il continua encore un moment sur le sujet, puis revint à l'enlèvement de la famille Hanawalt.

« Lors de cette opération ratée, la famille Hanawalt ainsi que M. Potter ont été kidnappés. Nous avons pu les localiser, grâce à M. Malfoy, mais M. Potter et la famille ont tous dû rester quelques jours à l'hôpital par la suite.

Nous ne savons pas la raison exacte qui se cache derrière le soudain intérêt de Voldemort pour les Moldus, mais nos espions nous ont rapportés qu'il s'intéressait aux armes à feu. Il cherche un moyen de rendre les armes à feu aussi dangereuses pour les sorciers et sorcières qu'elles le sont déjà pour les Moldus.

Nous allons continuer à faire nos propres expériences sur le terrain pour trouver un moyen de l'arrêter. »

Dumbledore eut un léger sourire. « Pour finir sur une note plus joyeuse, j'ai une annonce à faire au nom de Fred Weasley et Angelina Johnson : ils sont désormais fiancés. Nous vous souhaitons à tous les deux tout le bonheur du monde ». La foule applaudit et quelques hommes donnèrent de grandes claques à Fred dans le dos, tandis qu'Angelina parlait avec animation à ses amies.

« Maintenant que nous avons parlé de tout ça, je vous souhaite à tous de bonnes vacances de Noël » conclut Dumbledore, et la foule l'applaudit.

Le directeur de Poudlard se fraya un chemin jusqu'à Harry. « Je pourrais te parler une minute, Harry ? » lui demanda-t-il.

« Bien sûr » répondit Harry, et il suivit le professeur à l'extérieur.

L'air de la nuit était froid, voire glacial ; la température était descendue en dessous de zéro pour la première fois quelques jours auparavant. Les cieux étaient couverts de nuages noirs et menaçants, et Harry se dit qu'il allait certainement y avoir un orage dans les jours à venir. Le vent était déjà au rendez-vous, et il se demanda pourquoi Dumbledore avait choisi d'aller dehors pour parler. Tous les gens à l'intérieur semblaient appartenir à l'Ordre – sinon le directeur n'auraient pas dit les choses qu'il avait dites plus tôt – alors quel était le secret qu'ils allaient partager à présent ?

« Vous attendez quelque chose de moi, M. le directeur ? » demanda Harry, rompant ainsi le silence.

Dumbledore, qui était en train de regarder au loin, apparemment perdu dans ses pensées, se tourna vers Harry.

« Le danger grandit, Harry, mon garçon » dit le vieux sorcier en regardant ailleurs, au-delà des terres qui entouraient le château des Weasley.

Harry hocha la tête sans mot dire. Le danger avait grandi toute sa vie durant, et très probablement également pendant les sept années dont il n'avait aucun souvenir. Alors qu'est-ce qui était spécial cette fois ?

« J'ai laissé Sirius et Remus, ainsi que quelques autres, enquêter sur l'affaire des armes à feu. Ils se sont entraînés avec M. Hanawalt, et ils ont essayé la magie sur les armes. »

« Vous avez dit qu'ils n'avaient fait aucun progrès » dit Harry, confus.

« Si, ils en ont fait, mon garçon, ils en ont fait » soupira Dumbledore. Il semblait soudain fatigué, et très vieux. Le Survivant pouvait voir la douleur causée par la guerre dans les yeux bleus ; l'étincelle qu'il avait d'habitude dans le regard avait diminué. « Je ne veux pas déclencher la panique dans l'Ordre avant que nous ne soyons certains que les résultats n'étaient pas juste un concours de circonstances. »

« Que – que s'est-il passé ? » demanda Harry à voix basse. Il se demandait s'il avait envie de le savoir.

« Remus a essayé de combiner plusieurs sorts sur les balles, et ils ont découvert qu'avec la bonne combinaison, les balles pouvaient traverser les boucliers et les sorts de protection. Si c'est ce que Voldemort a découvert, alors la communauté magique n'est plus autant protégée contre les armes à feu qu'elle ne l'était auparavant. »

Harry s'assit lourdement sur le banc derrière lui. C'étaient de mauvaises nouvelles, ça allait sans dire. Si Voldemort commençait à se servir d'armes à feu, alors chaque humain sur terre était en danger – personne ne serait en sécurité, et personne ne pourrait se protéger. Les Moldus avaient déjà peur de ces armes, mais il faudrait certainement plusieurs morts et blessés avant que les sorcières et sorciers du monde comprennent que désormais, le danger était également valable pour eux. Il ne voulait pas que ça arrive ; aucune vie ne devrait être gaspillée sous prétexte que des personnes étaient trop arrogantes pour voir leurs propres faiblesses.

« Je veux que Draco et toi vous suiviez tous les deux des leçons auprès de M. Hanawalt » dit Dumbledore. « Je vous tiendrai tous les deux au courant de tout ce que mon équipe découvrira, mais j'aimerais être sûr que vous sachiez vous servir d'une arme à feu. »

Harry déglutit et acquiesça. Il avait déjà prévu d'aller prendre des cours ; néanmoins, il n'avait pas imaginé que ce serait aussi sérieux. Maintenant, il n'avait plus le choix – il avait le sentiment que, dans quelques temps, prendre des cours pour savoir manier une arme moldue serait un moyen de survivre, tout comme avoir sa baguette à portée de main l'était déjà.

Dumbledore continua « Je veux également que tu ramènes Draco chez vous d'ici peu de temps. Veille à ce qu'il se repose beaucoup les jours à venir. »

Le jeune homme aux cheveux d'ébène regarda le vieux sorcier en fronçant les sourcils. « Mais pourquoi ? »

« J'ai le sentiment que si Voldemort progresse autant que nous, alors dans peu de temps, il essayera ses méthodes en capturant des Moldus, des sorciers, ou les deux. »

« Et si ça arrive, Draco aura une vision » termina Harry pour lui. Il ajouta, d'une voix qu'il espérait triste, priant pour que Dumbledore lui explique l'un des mystères que Harry avait rencontrés depuis son arrivée dans ce futur : « Pourquoi faut-il qu'il ait à subir ces visions ? »

« Son père avait ce don, et Draco en a hérité quand tu as tué Lucius » dit Dumbledore, répondant ainsi à la question que se posait Harry. Encore une fois, le Survivant se demanda si le directeur en savait plus qu'il n'en laissait paraître.

« Parfois je me demande si je n'aurais pas mieux fait d'épargner Lucius » fit Harry, essayant d'agir comme l'aurait fait le jeune homme de vingt-trois ans qu'il était censé être.

« Ca ne sert à rien de revenir sur le passé et de remettre en question tes actes, mon garçon » répliqua Dumbledore. « Ce qui est fait est fait, regarde vers le futur désormais. »

Harry leva les yeux vers lui, et vit une lueur de compréhension dans les yeux du directeur. Il ne savait pas exactement ce que ça signifiait, pourtant il en comprit les grandes lignes – 'Je sais que tu n'es pas qui tu prétends être, mais je te fais confiance quand même'. Harry sourit à Dumbledore.

« Oui, M. le directeur » dit-il en se tournant vers la porte. « A présent, je vais retourner m'amuser encore un peu avant de ramener Draco à la maison pour qu'il se repose. »

Dumbledore lui sourit et le suivit à l'intérieur, laissant la froide obscurité derrière lui.

A l'intérieur, la fête battait toujours son plein. Les gens mangeaient, buvaient, riaient et discutaient, tous comme de vieux amis. Comme Harry regardait la foule, il remarqua qu'elle était majoritairement constituée de Griffondors. Il reconnut également quelques Poufsouffles, un ou deux Serdaigles, mais la Maison de Poudlard la moins représentée était incontestablement Serpentard. En fait, le seul que Harry savait appartenir à cette Maison était Draco. Il savait que ça ne devrait pas le surprendre – après tout, la plupart des mages noirs avaient tendance à être de Serpentard.

En parlant de Serpentards – où était Draco ?

Harry jeta des coups d'œil dans la salle, en quête du blond, mais il ne le vit pas. Entre les Weasley roux, plusieurs anciens élèves noirs, les bruns et les blonds de la pièce, Draco se démarquerait sûrement avec ses cheveux blond platine. Et pourtant, Harry ne le voyait nulle part.

« Tu as vu Draco ? » demanda Harry à Ron après avoir cherché cinq minutes en vain.

Ron secoua négativement la tête. « Je ne l'ai pas vu depuis un moment. Vérifie votre chambre, ou les chambres d'amis. C'est bien connu qu'il va se poser là-bas quand il s'ennuie trop, après tout. »

Harry hocha la tête et traversa la foule en direction des chambres d'amis. Il allait les vérifier en premier, puisqu'elles étaient au rez-de-chaussée, tandis que la chambre que Harry et Draco avaient partagée durant leur séjour était au deuxième étage. Il longea le couloir joliment décoré, s'arrêtant une seconde pour jeter un coup d'œil aux photos sur les murs.

Tout comme les murs de leur appartement, Harry et Draco étaient présents sur plusieurs photos. Il n'y en avait pas une seule où ils ne souriaient pas et ne faisaient pas des signes à l'appareil, bien qu'il y en eut certaines où Draco semblait un peu réticent. Ils avaient l'air d'être un couple parfaitement heureux, tout comme Ron et Hermione, et Harry sentit une pointe de jalousie à l'égard de l'amour que les Harry et Draco de cette époque partageaient. Cependant, il n'arrivait pas à s'imaginer avec Draco de cette façon...Il n'y avait pas moyen...

Il secoua la tête pour s'éclaircir les idées et continua de longer le couloir en direction des chambres d'amis.

Il ouvrit la porte de la chambre où Draco s'était réveillé pour la première fois un mois auparavant. La chambre n'avait guère changé – la même décoration, les mêmes meubles, et le même lit, impeccablement fait avec des couvertures vertes et argent.

Et en plein milieu du lit était assis Draco, en train de bercer un bébé. La petite fille était manifestement endormie, et elle suçait son pouce avec contentement.

« Draco ? » appela Harry en s'arrêtant net, les yeux écarquillés.

« Chut ! » le fit taire Draco. « Tu vas la réveiller. »

Harry continua de le regarder, ébahi.

« Quoi ? » fit Draco, d'une voix basse, mais qui réussit à paraître très agacée.

« Tu – comment – qui... ? » bafouilla Harry, stupéfait.

« Tu aimes vraiment faire le poisson rouge, hein ? » lui dit le blond.

« La ferme » marmonna Harry en se rapprochant du lit. Il s'assit sur un côté et baissa les yeux sur le bébé. Elle était magnifique ; un petit nez, une peau pâle, des doigts minuscules – et des cheveux roux, ce qui fit présumer à Harry qu'elle était une Weasley.

« Voici Pearle » dit Draco, ne quittant pas du regard le précieux paquet dans ses bras. « C'est la fille de Percy et Pénélope. »

« Percy, Pénélope et Pearle ? » répéta Harry, en laissant échapper un petit rire. « Quelle famille ! »

« Eh bien, ce sont des Weasley, alors il faut s'attendre à tout avec eux » rétorqua Draco.

« Draco, tu es en train de bercer l'une des susnommés Weasley. Je ne pense donc pas pouvoir prendre ta remarque au sérieux là tout de suite. »

Le blond détacha son regard du bébé pour faire les gros yeux à Harry. « Je t'ignore totalement » déclara-t-il, retournant son attention vers la petite fille.

Harry gloussa. « Je vois ça. »

Ils restèrent assis en silence, Harry sur un côté du lit, Draco avec Pearle sur les genoux en plein milieu. Le blond était adossé à un coussin contre le mur, et quelques minutes plus tard, Harry se déplaça et vint s'asseoir à côté de Draco. Le bébé continuait de dormir paisiblement.

« Tu voulais quelque chose ? » demanda Draco après plusieurs minutes de silence. Il ne leva pas les yeux vers Harry quand il dit ses mots, il les garda sur Pearle.

Harry détacha son regard du bébé pour regarder le blond. « Dumbledore m'a dit de te ramener à la maison pour que tu te reposes. Il croit que tu vas avoir bientôt une autre vision. »

Harry observa attentivement Draco quand il lui dit ça, et il remarqua que ses yeux gris s'écarquillèrent légèrement. Il sentit aussi la peur soudaine qui émanait du blond ; la sensation était accrue par le Lien du Cœur. Il savait que l'autre jeune homme était en train de se rappeler l'ancienne vision et la souffrance qui en avait découlé.

Puis Draco sembla reprendre le contrôle de lui-même, car la peur émanant de lui disparut presque totalement.

« C'est normal d'avoir peur, Draco » dit Harry en remarquant que les mains du blond tremblaient encore légèrement.

« Comment tu peux le savoir ? » marmonna Draco. « Tu n'as jamais peur. »

Harry le regarda, abasourdi. « Je n'ai jamais peur ? » répéta-t-il, incrédule. « Draco, rien que pendant le mois que j'ai passé ici dans ce futur, j'ai eu peur tellement de fois que j'en ai perdu le compte. »

Le Serpentard refusait toujours de le regarder.

« Je me suis réveillé ici et j'ai eu peur, parce que je ne savais pas où j'étais. J'ai eu peur quand je t'ai vu la première fois, inconscient dans ce même lit. J'ai eu peur quand tu as eu ta première vision, et j'ai pété de trouille quand j'ai été enlevé...Pourquoi tu crois que je n'ai jamais peur ? »

« Tu es ce satané Harry Potter » marmonna Draco. « Tu es le fier et courageux Griffondor qui n'a peur de rien et qui est le héros du Monde Magique. »

« Pas par choix » grogna Harry en retour. « Si j'avais eu le choix, je n'aurais jamais choisi d'être 'le sauveur'. »

Draco resta silencieux quelques instants. Puis il dit d'une toute petite voix « Je ne veux pas avoir une autre vision. Ca fait mal. »

Harry lui fit un petit sourire, qu'il espérait réconfortant. « Je sais que ça fait mal » fut tout ce qu'il trouva à dire. Il savait que rien de ce qu'il dirait ne pourrait diminuer la peur de Draco face aux visions, le temps et l'expérience étant les deux seules choses qui amélioreraient ça. Harry supposait, d'après la conversation que Hermione avait eue avec Ron, que le Draco de cette époque s'y était habitué, puisque Hermione avait dit que les visions ne l'avaient pas fait souffrir autant depuis longtemps.

Sans prévenir, Draco soupira et se pencha vers Harry, reposant sa tête sur l'épaule du jeune homme aux cheveux ébène. Pearle était toujours bien calée dans ses bras. Il était troublé par la sensation de sécurité qui émanait du blond en vagues régulières, et resta assis sur le lit, mal à l'aise, pendant quelques minutes. Puis, il finit par pousser un léger soupir, passa un bras autour des épaules de Draco et se détendit contre le lit.

Il ne vit pas le léger sourire sur les lèvres de Draco quand ils s'endormirent tous les deux quelques instants plus tard.

TBC...