Titre anglais : Time Out of Place
Titre français : Espace-temps décalé
Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)
Traductrice : Jess HDH
Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps
Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres
Rating : PG-13
Spoilers : les quatre premiers livres de HP.
Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.
Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet
Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?
Disclaimer : cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.
Note de la traductrice : Hello ! Bonne année à tous ! J'espère que ce chapitre vous plaira et merci mille fois pour toutes vos reviews ! Continuez comme ça, ça m'encourage beaucoup à traduire! Je tiens aussi à dire que j'ai quasi fini la traduction de cette fic (mais je continuerai à poster un chapitre par semaine, histoire que vous n'ayez pas tout d'un coup, c'est moins agréable je trouve), et je compte enchaîner rapidement sur une autre. Donc attendez-vous à une toute nouvelle traduction d'ici peu. J'espère que vous serez au rendez-vous ! Bises à tous et à toutes !
Et n'oubliez pas, la 200ème review recevra le chapitre suivant avant tout le monde !
Merci à Alana Chantelune, Light of Moon, Gin, Kain, Lovely A, Vif d'Or, Adri, Danielove, Ange De Un Cisme, Natmangafan, Falyla, Flore Jade, Bibidibabidibou, Tanakasan, Hermionne Potter, Cachou (x3), Love Draco Malfoyet Margaux.
CHAPITRE 11
Celui qui t'irrite te conquiert
(Citation d'Elizabeth Kenny)
Pearle les avait réveillés deux heures plus tard, hurlant à pleins poumons, et exigeant par conséquent qu'ils la rendent à sa mère. Harry et Draco étaient partis à la recherche de Pénélope, et l'avaient trouvée quelques minutes plus tard. Le bébé s'était tu presque immédiatement. D'après la conversation qu'ils avaient eue avec la mère de la petite rouquine, Harry avait compris que ce n'était pas la première fois que Draco s'occupait de la fille de Percy et Pénélope. Il avait également découvert que Percy et Pénélope avait un autre enfant, un garçon de deux ans et demi, Peter.
Harry et Draco avaient salué Hermione et Ron, ainsi que quelques autres, avant de pénétrer dans le feu pour rentrer chez eux. Il était environ vingt-trois heures quand ils se glissèrent dans leur lit.
Les jours suivants passèrent paisiblement, comme le calme avant la tempête. Même le temps semblait être en accord avec eux ; il continuait à empirer, mais le gros de la tempête n'était pas encore arrivé. Il pleuvait constamment, et le vent avait augmenté, au point qu'il fallait deux fois plus de temps aux hiboux pour délivrer une lettre.
Harry était allé au magasin de M. Hanawalt – magasin qui avait été en grande partie restauré après l'enlèvement – et avait inscrit Draco et lui-même à un cours pour débutants. Carl avait été ravi, et lui avait demandé s'il voulait toujours le revolver qu'il avait choisi avant l'enlèvement. Harry avait répondu par l'affirmative, et Carl avait promis à nouveau qu'il se procurerait les papiers nécessaires. Harry avait également pris des nouvelles des enfants et avait demandé s'ils aimeraient leur rendre visite un de ces jours.
« Bien sûr » avait répondu M. Hanawalt en riant. « Vous pouvez les prendre et les emmener quand vous voulez ! »
Draco était à cran, avait très vite remarqué Harry. Il rembarrait le Survivant encore plus que d'habitude ; puis il lui lançait un regard d'excuse avant d'aller s'enfermer dans la chambre. Ils ne parlaient pas beaucoup, et même les recherches pour trouver un moyen de rentrer chez eux, sur les Guérisseurs et les Liens du Cœur, étaient mises de côté pour le moment. Draco tournait comme un lion en cage dans l'appartement, tandis que Harry essayait de trouver un moyen d'aider le blond une fois que la vision l'aurait frappé. Mais il ne trouvait rien. Il se demandait ce qu'il se passerait s'ils partageaient une connexion télépathique pendant la vision. Pourrait-il partager la souffrance de Draco dans ce cas-là ? Serait-il capable de l'apaiser ?
Harry n'était pas très surpris de son empressement à vouloir protéger Draco. Durant le mois qui s'était écoulé, ils avaient évolué ensemble, bien qu'inconsciemment. Malgré le fait que Draco le rembarrait toutes les trente secondes en ce moment, Harry savait que ce n'était pas pour de vrai. C'était simplement que la nervosité du blond avait besoin de se déverser sur quelqu'un. Il jurait, disait à Harry de la fermer, voire l'ignorait tout bonnement, mais quand le Survivant le lui faisait remarquer, le blond lui lançait un regard qui voulait dire 'pardon'.
Deux mois auparavant, Harry aurait certainement catalogué cette évolution dans la case 'impossible'. Mais évidemment, deux mois auparavant, rien de tout cela n'était encore arrivé.
C'était étrange – et un peu incroyable – de voir ce qu'un nouveau monde, ou futur, peu importe, pouvait faire.
Il se tenait devant la fenêtre près de la cheminée du salon, une tasse de thé dans les mains. La pluie ruisselait contre la vitre, des nuages gris emplissaient le ciel. En bas, dans la rue, des Moldus se hâtaient, trempés. Quel dommage qu'ils ne connaissaient aucun sort anti-pluie.
« A quoi tu penses ? » demanda une voix dans son dos.
« A tout » répondit Harry.
« Ca fait beaucoup de choses à penser » commenta Draco avec un sourire et un hochement de tête.
Le Survivant lui jeta un regard mauvais. « Comme si tu le savais. »
« Je crois que vous venez d'insulter ma capacité à penser, M. Potter » fit Draco, le sourcil levé et les bras croisés sur la poitrine.
« Je crois que tu as raison. »
Draco bouda et alla vers le sofa. Il dirigea sa baguette vers la cheminée. « Incendio » murmura-t-il, et un feu s'alluma. Harry se détourna de la fenêtre pour regarder le blond.
« Ca va ? » lui demanda-t-il.
« Ouais » répondit le Serpentard avec un petit hochement de tête. « Jusqu'ici ça va, quoi. »
« Tu es nerveux. »
« Pas la peine d'essayer de te le cacher, hein ? » fit Draco en étudiant ses ongles.
« On n'a peut-être pas lancé nous-mêmes le sort de Lien du Cœur, mais je peux ressentir sans problème ce que tu laisses si ouvertement transparaître » dit doucement Harry.
« Je ne laisse pas transparaître mes sentiments » rétorqua Draco, indigné.
Harry regarda par la fenêtre et dit calmement : « A moi, si. »
« C'est juste que...je n'arrête pas de tourner en rond, en sachant que théoriquement ça peut me frapper à tout moment, et c'est ennuyant. Une petite partie de moi veut vraiment que ça arrive. Juste pour que j'en sois débarrassé. A part que ça ne s'en ira pas. Ca arrivera encore et encore... ». Draco regarda tristement ses mains. « Je ne pige pas – pourquoi j'ai ces visions ? Je croyais que c'était ton domaine, pas le mien. »
Harry réalisa tout à coup qu'il n'avait pas rapporté au blond ce que lui avait révélé le directeur.
« Dumbledore m'a dit que Lucius avait un lien exactement comme le tien qui le reliait à Voldemort et aux Mangemorts » expliqua-t-il à Draco. « Quand je...quand il a été tué, tu as en quelque sorte hérité de ce 'don'. Ne me demande pas d'où sort ce lien entre ton père et Voldemort, parce que j'en sais rien. »
« Je – je l'ai hérité de mon père ? ». Il regarda ses mains avec un sourire sans joie. « Ca doit être la première fois que je reçois quelque chose de lui de vraiment durable. »
« Tu n'étais pas en très bons termes avec ton père, je suppose, d'après ce que tu m'as dit jusqu'à maintenant » risqua Harry.
« Non, je 'n'étais pas en très bons termes' avec lui, comme tu l'as si joliment formulé » ricana Draco. « J'étais content quand je le voyais une fois par semaine et, pendant qu'il était là, je n'avais pas le droit de parler ni de bouger sans sa permission. Je suis – j'étais – peu importe – son serviteur, jamais son fils. J'ai appris à suivre ses ordres avant d'avoir prononcé mon premier mot. »
« Et tu es content que je l'ai tué » ajouta lentement Harry.
Le blond leva la tête et les yeux gris rencontrèrent les verts. « Non, Harry, je ne suis pas content. Je ne pourrais jamais être heureux que mon père soit mort. Il fait toujours partie de moi. Par contre, je peux être...indifférent. J'ai l'air d'être heureux dans ce futur, alors la mort de mon père ne signifie pas ma mort, après tout. Mais je ne pourrais jamais en être heureux. »
Harry pensait comprendre ce que Draco lui disait. C'était logique que le blond ne soit pas franchement ravi que son père soit mort. Même si cet homme ne s'était jamais vraiment comporté comme un père, cette figure parentale, et tout ce que Lucius avait représenté, manqueraient à Draco. Et, comme Draco l'avait dit, Lucius faisait toujours partie de lui. Harry se demanda où était la mère de Draco en ce moment même. Il énonça la question à voix haute, et Draco baissa à nouveau la tête pour regarder ses mains.
« Elle est dans la section psychiatrique de Ste Mangouste » répondit le Serpentard d'une voix égale. « Je – J'ai trouvé le journal intime du Draco de cette époque, et il a noté qu'il avait rendu visite à maman à Ste Mangouste. Je pense qu'elle est devenue folle quand mon père a été tué. »
Les oreilles de Harry relevèrent deux choses – premièrement, la façon dont Draco avait appelé Narcissa 'maman', alors que Lucius écopait toujours du bien moins affectueux 'père'. La deuxième chose sur laquelle son esprit s'arrêta fut le fait que Draco avait trouvé un journal intime – et ne lui avait pas dit.
« Désolé de changer de sujet aussi abruptement, Draco, mais quand as-tu trouvé ce journal intime ? Et comment ça se fait que tu ne m'en aies pas parlé ? »
Le blond releva la tête avec un air de défi. « C'est mon journal intime, Potter » dit-il. « Celui de mon moi futur, peut-être, mais c'est quand même le mien, alors je ne vais pas te laisser le lire. De toutes façons, il contient très peu de choses intéressantes. »
« Très peu de choses intéressantes ? » explosa Harry. « On ne sait pas un dixième des choses qu'on devrait savoir sur cet endroit, et ton futur toi tient un journal intime – mais tu penses qu'il ne contient rien d'intéressant ? »
Draco se leva, les yeux froids. « C'est mon journal intime et je ne te laisserai pas le lire. Je m'en fiche que tu veuilles apprendre des choses sur ce monde. C'est à moi, et c'est très, très privé. »
« Ca fait dix fois que tu le dis » rétorqua Harry en le foudroyant du regard.
« Alors tu pourrais arrêter de m'embêter avec ça, ou est-ce qu'il faut que je te l'épelle lettre par lettre ? » cracha Draco. Puis il pivota sur ses talons et sortit de la pièce, passablement énervé, laissant derrière lui un Harry bouillant de rage.
Il savait que, parce que le destin et Voldemort voulaient lui pourrir la vie par tous les moyens possibles, Draco aurait une vision dans les prochaines vingt-quatre heures, alors qu'ils se feraient toujours la tête. Il décida soudainement qu'il fallait qu'il s'éloigne de tout ça. Prenant une poignée de poudre de cheminette, Harry la jeta dans le feu et dit :
« Les Trois Balais. »
Il marcha dans le feu et disparut, arrivant peu après au pub de Pré-au-Lard.
Le pub était bondé. C'était samedi, et apparemment, il y avait une sortie à Pré-au-Lard d'organisée pour les élèves de Poudlard. Des enfants de tout âge – enfin, de onze à dix-huit ans du moins – grouillaient autour des Trois Balais, certains assis à l'intérieur à parler et à boire des Bièreaubeurres, d'autres qui vaquaient simplement alentour.
Harry trouva une place dans le bar et se commanda une Bièreaubeurre. Le serveur la lui apporta en moins d'une minute, et il se mit à siroter lentement la boisson. Son esprit dérivait, quand il entendit :
« Harry ! Ca ne date pas d'hier la dernière fois qu'on t'a vu ici, oui ! »
Harry se retourna, un grand sourire sur les lèvres. « Hagrid ! » (1)
Le demi-géant, et le premier ami que Harry s'était fait dans le Monde Magique, se fraya un chemin à travers la foule pour s'asseoir à côté de lui. Rubeus Hagrid se commanda rapidement une Bièreaubeurre avant de se tourner vers le Survivant :
« Comment ça va, Harry ? » fit-il.
« Bien » répondit machinalement Harry.
« Où est ton autre moitié ? » demanda-t-il, jeta un coup d'œil dans la salle à la recherche de Draco.
« A la maison » répondit-il brièvement, voulant parler de tout sauf des problèmes qu'il avait laissés derrière lui. Hagrid sembla le sentir, car il hocha simplement la tête et enchaîna sur autre chose.
« Tu ne viens plus me voir » dit-il.
Harry lui fit un sourire penaud. « Désolé » s'excusa-t-il. « J'ai eu trop de choses à faire le mois dernier. »
« J'ai entendu ça. Tu m'as sacrément inquiété quand tu t'es fait enlevé et tout ça » dit Hagrid, puis il avala une gorgée de sa pinte.
« Désolé, encore une fois » répéta le brun avec un demi-sourire. « Je n'avais pas l'intention de me faire enlever – c'est juste...arrivé, tout simplement. »
« J'ai entendu dire que Tu-Sais-Qui s'intéresse aux pistolets maintenant ? »
Harry acquiesça. « On est en train de chercher ce qu'il veut en faire. L'équipe que Dumbledore a mise sur ce projet progresse, mais pas assez. Alors désormais je vais prendre des leçons de tir, moi aussi. »
« Tu vas apprendre à tirer sur des gens ? » demanda Hagrid, surpris.
« Dumbledore pense que c'est une bonne idée que Draco et moi soyons capables de manier une arme, alors ouais. On commence jeudi. »
« Je n'ai pas besoin de pistolet » fit Hagrid. « Les armes à feu n'engendrent que de mauvaises choses. »
Harry était on ne peut plus d'accord. Depuis la première vision de Draco, tout ce qu'il avait entendu et expérimenté concernant les armes à feu étaient particulièrement mauvais. Il avait été enlevé à cause d'elles, on lui avait tiré dessus avec l'une d'entre elles, Draco avait eu une vision à propos d'elles, et Voldemort voulait accroître son pouvoir grâce à elles.
« Et vous alors, comment ça va ? » demanda Harry, voulant changer de sujet.
« Bien, bien » répondit le demi-géant. « J'ai donné des cours, et puis Dumbledore m'a envoyé en France. »
« En France ? »
« Je ne te l'ai pas dit ? ». Harry secoua la tête. Il était possible que Hagrid l'ait dit au Harry de cette époque, mais Hagrid n'avait pas besoin de le savoir. Alors le Survivant joua à l'innocent. « Eh bien, tu sais que j'assure la cohésion parmi les géants, pour le directeur, n'est-ce pas ? ». Harry hocha la tête, bien qu'il ne soit pas au courant. « Ils ont eu une réunion il y a quelques jours, avec moi et quelques espions de Dumbledore. On leur a parlé du problème des armes à feu. Ils n'étaient pas ravis de l'apprendre. »
« Qui l'est ? » marmonna Harry.
« Enfin, ils sont plus contents que les sorciers – les balles ne blessent pas autant les géants que vous, les humains. Elles sont trop petites. »
« C'est vrai » approuva pensivement le brun. C'était trop dommage qu'il ne soit pas un géant ; il aurait eu beaucoup moins de soucis à se faire. En fait, le problème des armes à feu semblait occuper pour ainsi dire la plupart de ses pensées pour le moment, à égalité avec Draco.
Non, se morigéna-t-il intérieurement, je ne vais pas me mettre à penser à Draco.
Hagrid et Harry continuèrent à parler de tout et de rien, et l'après-midi passa rapidement. Hagrid dut retourner à Poudlard avec les élèves et, après avoir promis de lui rendre visite plus souvent, Harry prit congé du demi-géant.
Il resta au bar après le départ des élèves, à siroter tranquillement sa troisième Bièreaubeurre.
« Vous ne devriez pas être en train d'embrasser votre petit ami ? »
« Non, Sev » fit Harry, un peu surpris par l'aisance avec laquelle le surnom de Rogue s'était échappé de ses lèvres. Il se retourna pour regarder son ancien professeur.
« Et pourquoi, si je puis me permettre ? » insista le Maître des Potions en s'asseyant à côté de Harry. « Vous ne vous êtes pas encore disputés, si ? »
Harry lui lança un regard noir. « En fait, si, mais je ne vois pas en quoi ça vous regarde. »
« Votre vie ne me regarde, ni ne me concerne aucunement, M. Potter – J'essayais juste de faire la conversation. »
« Vous manquez de pratique » rétorqua Harry.
Severus gloussa, ce qui surprit Harry au plus haut point. « Oui, je crois en effet. La conversation n'est, après tout, pas mon fort, quand il ne s'agit pas de mentir ou de tromper – ne sont-ce pas là vos propres paroles ? »
« Je ne m'en souviens pas » marmonna Harry dans son verre, en toute honnêteté.
Les deux restèrent assis en silence dans le bar. Severus ne commanda rien ; il resta juste assis là.
« Pourquoi vous êtes-vous disputés ? » finit-il par demander, essayant une nouvelle fois de converser avec le Survivant.
Harry haussa les épaules. « Pour une bêtise. »
« C'est toujours comme ça. »
Harry eut un léger sourire. « Oui, c'est fort possible. »
« Allons, pourquoi ne rentreriez-vous donc pas chez vous pour faire amende honorable auprès de votre petit ami ? Je suis sûr qu'il est en train de bouder dans son coin, tout comme vous. »
« Je ne boude pas ! » protesta Harry, indigné.
« Vous en donnez vraiment l'impression alors » fit Severus, l'amusement filtrant clairement dans sa voix.
« Vous ne pouvez pas vous en aller ? »
« Seulement si vous y allez aussi, Harry. »
Le brun se leva. « J'y vais » marmonna-t-il.
Mais il se plia en deux aussi sec lorsque des vagues de douleur et d'agonie déferlèrent sur ses sens.
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Severus l'attrapa au collet alors qu'il tombait en avant, et le maintint droit. Harry gardait ses yeux étroitement clos, essayant d'empêcher la douleur et la nausée de pénétrer dans son esprit. Il savait que c'était simplement une illusion – c'était Draco qui souffrait, pas lui. Il devrait être capable de l'empêcher d'entrer.
« Qu'est-ce qui vous a pris, insensé, de laisser Draco seul avec une vision imminente ? » siffla le Maître des Potions à son oreille.
« Ramenez – moi – juste – auprès – de – lui » siffla en retour Harry en se tenant la tête entre les mains. Des éclairs blancs jaillissaient devant ses yeux, et il sut qu'il allait partager la vision sous peu. La douleur déchirait son corps, et il avait l'impression que ses entrailles étaient en feu. Il tituba quand Severus le conduisit vers la cheminée, et s'il n'y avait pas eu le Maître des Potions, il n'aurait pas pu arriver jusque là.
Sang.
Une personne se tenait devant lui, le décor avait totalement changé. Harry comprit qu'il était à l'intérieur de la vision de Draco.
Il essaya de regarder autour de lui, nauséeux car la vision se brouillait et se mélangeait avec le décor des Trois Balais. Ils étaient dehors sur...de l'herbe ? Le ciel était noir, couvert de nuages.
Il y avait des éclairs rouges autour de lui, et des gouttes de liquides éclaboussaient le sol.
Il y avait quelqu'un devant lui.
« Potter ! ». La voix de Severus semblait venir de très loin. Harry secoua la tête, faisant de son mieux pour s'éclaircir les idées. Le visage du Maître des Potions flotta au-dessus de lui, ses yeux couleur charbon le forçant à soutenir son regard. « Restez avec moi, mon garçon. »
Harry essaya de faire sortir de force la vision de sa tête. Il y avait quelque chose de dangereux...Il ne pouvait pas se faire absorber par elle également ; sinon il ne pourrait pas aider Draco.
« Je m'en fiche ! Je m'en fiche de lui ! » hurla-t-il, essayant de se libérer de la poigne de Severus. Toutefois, la douleur qui le brûlait de l'intérieur l'affaiblissait, et il n'y arriva pas.
« Harry, restez tranquille ! » lui dit le professeur de Potions. Harry l'entendit murmurer 'Le Nid' en direction du feu, et sentit Severus le traîner dans les flammes. Le bar se brouilla sous ses yeux, et les contours sommaires d'autres pièces, la vision qui essayait de se frayer à nouveau un chemin dans l'esprit de Harry et la douleur qui découlait de tout ça lui donnèrent envie de vomir.
Une autre secousse brûlante le traversa, et Harry tomba à genoux juste au moment où Severus les faisaient sortir de la cheminée du salon de l'appartement. Harry était étendu sur le sol, incapable de se relever. Il était près de Draco, et la douleur se décupla.
Du sang, partout.
La personne devant lui semblait morte ; des mèches blond foncé pendaient sur son visage, ce qui empêcher Harry de le voir. Des cordes autour de ses poignets le tenaient attaché à un piquet en bois. Son corps nu était crépi de trous ; des trous de balles, sans aucun doute. Autour de lui, plusieurs autres étaient attachés, de la même manière que l'homme devant Harry. Ils étaient tous morts...Et autour d'eux, des ombres sombres se mouvaient...
Il hurla.
Un cri similaire sortit de la chambre, et Severus souleva prestement Harry dans ses bras. Le Survivant était à peine conscient de ce qu'il se passait, mais il entendit le Maître des Potions ouvrir les portes qui conduisaient à la chambre d'un sort rapidement lancé.
Draco était couché sur le lit, et se tordait de douleur, roulé en boule. Ses joues étaient mouillées par les larmes, son visage tordu en une grimace de souffrance manifeste.
« Non, non, non ne faites pas ça...S'il vous plaît, arrêtez... » criait-il désespérément.
Harry se débattit dans les bras de Severus, et celui-ci finit par le reposer sur le sol. Il se dirigea en trébuchant et à l'aveuglette vers le blond sur le lit. Ses jambes cédèrent sous lui quand il atteignit le lit, et il tomba dessus, à côté de son Compagnon du Cœur. Il rampa jusqu'à Draco et le serra de toutes ses forces dans ses bras.
Un éclair lumineux jaillit de Draco en direction de Harry, les rapprochant encore plus l'un de l'autre. Le corps plus fin de Draco se moula parfaitement dans celui de Harry, et ils laissèrent tous deux échapper un cri de souffrance quand ils partagèrent la dernière partie de la vision, avant de sombrer dans une bienheureuse inconscience.
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Quand Harry revint à lui, il ne savait pas du tout où il se trouvait. Il essaya de bouger, mais la douleur se manifesta, si bien qu'il décida de rester immobile. Il se demanda brièvement s'il allait toujours devoir se réveiller en ayant mal. Sa tête le faisait terriblement souffrir, le rendant nauséeux, et il avait peur d'ouvrir les yeux.
Il y avait quelque chose de chaud contre son corps. Ses bras étaient enroulés autour de quelque chose – non, quelqu'un...Soudainement, il se rappela les événements qui l'avaient plongé dans l'inconscience. La peur de Draco...Leur discussion, qui s'était changée en une dispute, puis en une véritable engueulade. Il était parti pour Pré-au-Lard et avait passé l'après-midi avec Hagrid aux Trois Balais.
Et il se souvenait de la douleur.
Severus l'avait ramené à la maison, près de Draco. Le blond était alors étendu sur le lit, pâle et mal en point, hurlant de peur et de douleur. Harry était parvenu jusqu'au lit, attiré par le Serpentard comme un aimant. Puis il y avait eu encore plus de douleur, un éclair lumineux et puis il ne put se rappeler rien d'autre, à part ces quelques dernières minutes de conscience.
« Harry ? »
« 'inny ? » marmonna Harry, n'arrivant pas à trouver sa voix. Il ouvrit les yeux et vit avec soulagement que la pièce était plongée dans l'obscurité.
Ginny lui sourit. « Repose-toi, Harry, je sais à quel point ta tête te fait mal d'habitude » lui dit-elle doucement, faisant attention de ne pas parler trop fort.
Harry tenta de lui rendre son sourire, mais ça ressembla plus à une grimace.
« On va s'en aller maintenant » dit la jeune Weasley, faisant un geste en direction d'un coin de la pièce, où une silhouette était tranquillement assise – Rogue ?
« Vous êtes resté ? » demanda Harry d'une voix rauque.
« Evidemment, Potter » répondit Severus. « Il fallait que je voie si vous vous remettiez bien de la vision. Cependant, maintenant que vous êtes réveillé, et que nous sommes tous assurés que votre petit ami ira bien également, nous pouvons partir. »
« On est restés combien de temps dans les vapes ? » demanda Harry, la gorge aussi sèche qu'un désert.
« Quatre heures » répondit Severus. « Je pensais que ça allait prendre plus de temps vu la façon dont vous hurliez. On aurait pu croire que vous étiez tous les deux en train de mourir. »
« Taisez-vous Sev, ils n'ont pas besoin d'entendre ça » le réprimanda Ginny. Elle se tourna vers Harry. « Je reviendrai demain, quand il se sera réveillé » dit-elle, en désignant le blond qui était pelotonné contre Harry. « Il faut qu'on sache de quoi parlait la vision, alors...Je ne sais pas si Dumbledore voudra que j'amène quelqu'un d'autre, on verra. Tu as besoin de quelque chose avant qu'on parte ? »
Harry secoua négativement la tête. Ginny l'embrassa sur le front. « S'il te plait, ne nous refais plus une peur pareille » fit-elle, puis elle sortit de la chambre.
Severus lui fit un hochement de tête en se levant, puis il partit à son tour, laissant Harry seul avec Draco.
Le blond était roulé en boule tout contre Harry, tout comme lorsqu'il avait eu sa première vision. Mais il avait l'air plus mal en point cette fois, se dit Harry. Il avait de grosses poches noires sous les yeux, et le brun pouvait toujours voir des traces de larmes séchées sur les joues de Draco, ce qui signifiait qu'il n'y avait pas longtemps qu'il s'était arrêté de pleurer. Ses mains agrippaient fermement les robes de Harry, à tel point que ses poings étaient blanchis par l'effort.
Harry se servit de sa main qui n'était pas coincée sous le blond pour desserrer l'emprise de Draco sur ses robes. L'autre jeune homme gémit sans s'en rendre compte quand Harry lui leva le bras, et le Survivant se rappela à quel point il avait voulu et avait eu besoin que Draco le touche après qu'on lui ait tiré dessus. Il permit au bras pâle de se glisser autour de sa taille, mais cette fois, le blond n'agrippa pas aussi fermement les robes de Harry. Au lieu de ça, il resta immobile, son bras restant là où Harry l'avait posé.
Harry se demandait ce que signifiait la vision. Il n'y avait aucun détail qui indiquait où ça se passait – ça ressemblait à n'importe quel champ, comme on en voit de partout. De l'herbe, un ciel noir. Des gens attachés à des piquets par les poignets, qui saignaient à cause de blessures par balle.
Peut-être que Draco avait aperçu quelques visages – ça pourrait certainement aider.
Mais le blond allait-il lui adresser la parole ? Après la discussion, dispute, engueulade, peu importe, ratée de la veille, Harry en doutait. Toutefois, ce qui dérangeait Harry, ce n'était pas la dispute de la veille, mais le fait qu'ils en étaient désormais à la deuxième grosse engueulade comme celle-ci depuis leur arrivée ici. Ca ne l'aurait pas embêté plus que ça dans son monde – là-bas, ils étaient toujours en conflit. Mais pourtant ce n'était pas la même chose. Leurs disputes dans leur monde étaient une sorte de compétition, pour voir qui sortirait le plus d'insultes. Et pour voir aussi qui s'éloignerait de l'autre sous les applaudissements de ses amis.
Et pourtant, depuis le début de la cinquième année, le taux de disputes avait nettement diminué. Si Harry n'avait pas été si concentré sur l'obtention de ses BUSES (Brevet Universel de Sorcellerie Elémentaire) et sur le reste de ses cours, tout en essayant en même temps de se tenir à l'écart de l'activité grandissante de Voldemort et des Mangemorts – alors peut-être qu'il l'aurait remarqué. Néanmoins, Harry avait eu pour ainsi dire à peine le temps de dormir.
Draco lui avait dit qu'il avait changé de camp au début de la cinquième année. Ca expliquait la soudaine diminution des disputes entre eux deux ; Draco ne souhaitait probablement pas être traité de 'Mangemort en formation' tous les jours alors qu'il n'en était plus un. Il y avait toujours quelques occasionnelles joutes verbales, mais loin d'être aussi nombreuses qu'auparavant. Draco avait fait de son mieux pour s'entendre avec 'le bon côté'.
Qu'est-ce qui avait fait changer de camp au blond ?
Ca ne ressemblait pas à une rébellion d'ado contre ses parents – il avait l'air trop décidé pour que ce ne soit qu'une étape dans sa vie. Devenir un espion pour Albus Dumbledore n'était pas quelque chose qu'on faisait juste comme ça, et le directeur n'aurait pas accepté Draco s'il n'avait pas eu une confiance totale en ce garçon. Alors qu'est-ce qui avait changé ?
Il avait dit à Harry que la raison était 'quelque chose que je te dirai peut-être plus tard, mais certainement pas maintenant'. Ca pouvait signifier n'importe quoi – Draco avait accusé Dumbledore d'adorer parler par énigmes, mais le blond lui-même ne s'exprimait pas plus clairement.
Lorsque Draco remua une demi-heure plus tard, Harry n'avait pas plus réussi à comprendre ce qu'il avait dit, ni la personne qu'il était. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il fallait qu'ils discutent. Ils allaient avoir la conversation que Harry avait promise à Draco à l'hôpital.
Harry vit Draco battre des paupières, les yeux gris essayant de se concentrer sur le monde qui l'entourait. Il leva légèrement la tête de la poitrine du brun, seulement pour retomber doucement dessus avec un cri de douleur. Harry la sentit en lui et sans réfléchir, il offrit la Chaleur Guérisseuse à Draco. Le blond resta allongé, le souffle court et hésitant, et prit ce que Harry lui donnait sans mot dire.
« Est-ce qu'on est amis ? »
Les yeux de Harry s'ouvrirent pour regarder la silhouette de Draco, qui reposait, totalement immobile sous la pression des mains de Harry. L'autre jeune homme s'étant légèrement déplacé, Harry ne pouvait plus voir son visage.
« Je ne sais pas » soupira le brun. « Des fois on dirait que oui, mais ensuite... »
« Ensuite on s'engueule » termina doucement Draco, toujours détourné vis-à-vis de Harry. Il leva à nouveau la tête, plus précautionneusement cette fois. Il tressaillit de douleur quand il bougea, mais ne s'arrêta que lorsqu'il fut en face de Harry. Le Survivant garda ses mains sur Draco, sachant que le blond avait besoin de soins.
« On est ennemis depuis si longtemps » dit Harry. « Je ne sais pas si on peut changer ça. »
« Si, on peut » répliqua Draco avec détermination. « Si on le veut. »
« Draco, je sais que tu as changé » fit Harry. « C'est juste que je ne sais pas si j'ai changé avec toi. »
« Ce n'est pas ça » rétorqua le blond, les yeux et la voix se durcissant soudain. « Tu ne crois pas que j'ai réellement changé. Tu crois que tout ça, le fait que j'ai rejoins le bon côté depuis un an et demi, est juste une de mes idées délirantes avant que je ne devienne un Mangemort à part entière...Je me trompe ? »
Harry secoua la tête. « Non, ce n'est pas ce que je crois » dit-il en soupirant. « Mais tu dois reconnaître que c'est dur de croire que tu as changé radicalement d'avis du jour au lendemain et que tu es devenu un espion pour Dumbledore. »
« Dumbledore me fait confiance, Harry » dit doucement Draco en s'asseyant, repoussant l'étreinte de Harry. « Pourquoi n'y arrives-tu pas ? »
Le Survivant tressaillit quand il entendit l'intonation du blond. « J'aimerais bien, Draco. C'est juste que... »
« C'est juste que quoi ? » le coupa Draco. « Tu as besoin d'une raison ? Il n'y a pas de maudite raison à tout ! »
« Tu es en train de me dire qu'un jour tu t'es simplement réveillé en te disant 'bon, je pense que mon père a tort de vouloir devenir l'esclave de Voldemort, donc moi je vais tout simplement rejoindre le bon côté' ? Comprends moi quand je te dis que ce n'est pas très...convaincant. »
« Je m'en fiche » dit Draco en se détournant de Harry. Il était assis au bord du lit, le dos tourné au brun. « C'est la seule explication que j'ai à offrir. »
« Je ne crois pas » dit Harry en haussant un peu la voix. « Tu m'as dit 'c'est quelque chose que je te dirai peut-être plus tard, mais certainement pas maintenant'. C'est passé où ça ? Ou était-ce juste un mensonge ? Te connaissant, c'est probablement le cas, mais quand même... »
Draco se tourna lentement pour lui faire face. « Je ne t'ai pas menti une seule fois depuis qu'on est ici, Potter. Alors, d'accord, il y a quelque chose de plus qui m'a fait changer d'avis que le simple fait de m'être réveillé un matin en sachant que c'était mal. Mais pourquoi ne peux-tu pas simplement accepter le fait que j'ai réellement changé de camp, sans aucune explication ? Tu n'arrives pas à me faire confiance à ce point ? »
« C'est si horrible que ça, que tu ne veuilles pas me le dire ? » demanda Harry, d'une voix adoucie.
« Fais-moi confiance quand je te dis que tu ne voudrais pas le savoir » dit Draco en se levant du lit. Il chancela légèrement, et Harry, toujours allongé sur le lit, réagit par instinct et envoya au jeune homme un peu...d'énergie. Le blond se redressa, tout vacillement envolé, et regarda Harry. « Qu'est-ce que tu as fait ? »
Harry était déconcerté. « J'en sais rien. »
Draco garda ses yeux encore un moment sur Harry, avant de décider que le brun disait la vérité. Il quitta la pièce.
Harry se leva également, et suivit Draco. Ils étaient loin d'avoir fini de discuter. Il suivit le son des tasses s'entrechoquant à la cuisine et découvrit Draco en train de sortir le nécessaire pour préparer du thé.
« Tu fais du thé à 22h30 ? » demanda Harry, incrédule.
Draco se contenta de hausser les épaules.
« Parle-moi, Draco. »
Le blond se tourna vers lui. « J'ai déjà entendu ça » dit-il d'une voix glaciale. « Quelque chose du genre 'Je sais que je suis ton ennemi, mais je suis tout ce que tu as ici, alors balance-moi tes secrets intimes, s'il te plait'. »
Harry ne répondit pas ; il fit simplement le tour du bar américain et s'appuya sur la table.
Draco continua de préparer le thé, sortant deux tasses malgré le fait que Harry et lui étaient en froid. Il sortit également du sucre et du lait du frigo. Puis il se tint en silence devant la bouilloire qui chauffait sur la cuisinière.
« Tout – tout a commencé il y a deux ans » dit doucement Draco. Harry leva les yeux vers lui, mais le blond ne voulut pas rencontrer son regard. « Au moment du Tournoi des Trois Sorciers, quand tu es devenu un des Champions. Merlin, comme je te détestais...Tu retenais l'attention de tous ; tout le monde parlait de toi. Je ne pouvais pas y échapper. »
« Tu n'avais pas l'air de vouloir y échapper, avec cette histoire de badge 'Potter Pue'. Tu étais au premier rang du club 'Anti-Harry' » marmonna Harry.
Draco haussa les épaules. « Il fallait que je fasse quelque chose. Et les gens trouvaient ces badges drôles. »
Harry le foudroya du regard, mais garda le silence.
« Je me souviens de la première tâche » continua Draco. « Je trouvais ça très amusant de te voir en bas, en train d'essayer de dépasser le dragon. J'espérais qu'il t'attraperait. Je me disais que ce serait bien fait pour toi... ». Il s'arrêta, perdu dans ses pensées. Puis il secoua la tête, revenant au présent, et poursuivit. « Je vis à quel point tu étais nerveux pour la deuxième tâche. Et une partie de moi...a commencé à s'inquiéter. Juste un petit peu. Comme une sorte de tiraillement, au fond de ma tête. Je n'y comprenais rien, mais c'était là. »
« Ca ne t'a pas empêché de me vendre à Rita Skeeter » fit remarquer Harry, le sourcil levé.
« Oh, je t'en prie » grogna Draco. « Comme si ça t'avait blessé. C'était marrant de te voir un peu mal à l'aise. »
« Tu n'es vraiment pas en train de gagner des points pour que je te fasse confiance, tu sais » dit Harry, le sourcil toujours levé.
Le blond lui fit un petit sourire. « La troisième tâche est arrivée » continua-t-il, et son sourire disparut. « Et quand tu en es sorti, tu n'étais plus que l'ombre de toi-même. Cédric était mort, Voldemort était de retour, et c'était un véritable enfer. »
« Tu le pensais aussi ? » demanda Harry, légèrement surpris.
Draco l'ignora et continua. « Je détestais te voir comme ça. Je voulais te parler, te dire que je me sentais concerné, même si ce n'était qu'un petit peu. Cependant, la seule chose que j'ai réussi à te dire a été ce que j'ai dit dans le train, durant le voyage de retour à Londres. Je ne pouvais pas trop dire quelque chose ne serait-ce que vaguement amical avec Vincent et Grégory juste derrière moi.
Cet été-là, ça a été un véritable enfer à la maison. Suite au retour de Voldemort, père est devenu encore plus insupportable. On attendait – attend – de moi que je suive ses traces, et pourtant, plus je voyais la façon dont Voldemort traitait ses partisans, plutôt l'idée d'en devenir un moi-même me paraissait repoussante...Mon père s'est servi de l'Endoloris plusieurs fois cet été-là, quand je ne faisais pas ce qu'il me demandait ». Draco frissonna à ce souvenir. « Heureusement qu'on avait appris à résister à l'Imperium, sinon il s'en serait très certainement servi. »
« Ton propre père ? » demanda Harry, horrifié. Il se souvenait de cet été-là chez les Dursley – c'était devenu presque insupportable après l'épisode de la Praline Longue Langue que les jumeaux Weasley avaient fait manger à Dudley. Harry avait tout fait : le ménage, les lessives, tondre le gazon, faire la cuisine...Il en serait éternellement reconnaissant aux Weasley de l'avoir emmené passer les deux dernières semaines au Terrier. Mais au moins les Dursley ne l'avaient pas torturé physiquement.
« Quand l'école a recommencé, j'étais convaincu de ne jamais vouloir devenir un Mangemort. J'en avais déjà trop vu. Père m'a emmené avec lui une fois et j'ai été au bord de vomir quand j'ai vu la souffrance et la terreur qu'ils engendraient. Je savais que je ne suivrais jamais Voldemort.
Et pourtant, je n'avais aucune raison de rejoindre le bon côté. Mon plan était simplement de terminer – avec un peu de chance – ma scolarité, et puis d'aller me cacher quelque part à l'étranger, là où mon père ne pourrait pas me retrouver. »
La bouilloire siffla, et Draco l'enleva du feu, mais ne fit pas mine de verser le liquide fumant dans les tasses.
« Et puis tu es revenu à l'école. Tu avais grandi durant l'été, et je me sentais vraiment petit à comparer. Tout à coup, ce n'était plus aussi drôle de te chercher des noises. Tu avais des filles qui se pâmaient d'admiration à n'en plus finir devant toi-- », Harry rougit légèrement à ce souvenir, « --et tu étais...heureux. Tu étais content d'être retourné à l'école, et tu m'ignorais, la plupart du temps.
Et je t'observais...jour après jour, je t'observais... ». Draco fit une pause, une fois de plus perdu dans ses pensées. Les yeux gris regardaient par la fenêtre l'obscurité qui régnait dehors. « J'ai découvert quelque chose...en t'observant...J'ai vu quelque chose dans tes yeux, et je voulais en faire partie. J'ai vu de la foi. La foi dans la race humaine, dans le Monde Magique, et dans le bon côté. Malgré tout ce que tu avais traversé, je pouvais toujours voir ça dans tes yeux.
J'ai rejoins le bon côté, même si je n'en ai parlé à personne, exceptés Dumbledore et le professeur Rogue. Mon père m'aurait tué, tout comme la Maison Serpentard. Je m'accommodais assez bien de mon rôle, détestant les Griffondors parce que j'étais censé le faire, car rien ne devait changer en surface, et détestant les Serpentards parce qu'ils me dégoûtaient. Le professeur Rogue est mon ami, car il sait exactement ce que je fais. Il a fait la même chose. »
Il soupira, puis étudia ses mains.
« Mais ensuite, il a fallu que les choses se compliquent encore davantage. »
« Comment ? » demanda Harry. « Qu'est-ce qui pouvait encore faire empirer la situation ? »
Draco laissa échapper un petit rire triste.
« Je suis tombé amoureux de toi. »
TBC...
(1) Hagrid a en VO un accent très reconnaissable, c'est donc pour ça que Harry sait qui lui parle avant même de voir la personne. Je ne l'ai pas retranscrit ici, vu que dans la VF, on n'en parle pas.
