Titre anglais : Time Out of Place

Titre français: Espace-temps décalé

Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)

Traductrice : Jess HDH

Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps, UA

Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres

Rating: PG-13

Spoilers : les quatre premiers livres de HP

Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.

Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet

Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?

Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.

Note de la traductrice : Bonjour à tous ! Merci pour vos nombreuses reviews, ça me fait chaud au cœur ! Continuez comme ça ! J'en profite pour me faire un petit coup de pub personnel : comme je l'avais annoncé dans le chapitre précédent, j'ai publié le premier chapitre d'une nouvelle traduction, intitulée Au Cœur De L'Hiver. C'est du même auteur que cette fic, donc si vous avez le temps, jetez-y un petit coup d'œil et dites-moi ce que vous en pensez ! Bonne lecture !

Merci à Light of Moon, Falyla, Griselle, Danielove, Barbon, Lovely A (l'heureuse gagnante du chapitre bonus ), Kain, Lily's Flowers, Gin, Shima-chan, Barbara, Muirgheal, Tanakasan, Sladana, Vert Emeraude, Vif d'Or, Fantasy112, Demoniac Cat's, Ange De Un Cisme, Bibidibabidibou, Lily's Angel, Origine, Lolie Shing, Cachou et La Petite Allemande.

Lunacleaver, Jessy, Miss Felton/Malfoy et Lou Biloute, merci, mais mettez votre mail la prochaine fois si vous voulez que je vous réponde individuellement.


CHAPITRE 12

L'amour construit des ponts là où il n'y en a pas

Heureusement que Harry était appuyé sur la table quand Draco prononça ces mots, sinon il ne serait plus debout.

« Tu – quoi – comment – hein ? » bafouilla-t-il, essayant de digérer cette déclaration. « Répète ça encore une fois ? »

« Je suis amoureux de toi » dit Draco à voix basse, regardant à nouveau ses mains. « Je t'avais dit que tu ne voudrais pas savoir. »

Optant finalement pour une question, Harry demanda « Pourquoi ? »

Les yeux gris rencontrèrent les verts. « Je viens de te dire tout ce que je sais, Harry. Pourquoi exactement je suis tombé amoureux de toi, je n'en sais rien. C'est arrivé, c'est tout. »

« Mais – tu es un garçon – et je suis un garçon » commença Harry.

« C'est très observateur de ta part » fit remarquer Draco, pince-sans-rire.

Ils restèrent silencieux quelques minutes. La seule chose qu'on entendait était le bruit des secondes qui s'écoulaient sur l'horloge moldue. Aucun des deux ne savait vraiment quoi dire ; Harry avait complètement perdu l'usage de la parole. Parmi toutes les raisons qu'aurait pu avoir Draco de changer de camp – Harry ne s'attendait définitivement pas à en être l'explication. Et pourtant, Draco était là, à le regarder avec ces satanés yeux argent, à le supplier d'accepter.

Comment avait-il pu manquer ça ? Comment avait-il pu ne pas voir les signes ? Le fait que cela ne semblait pas déranger Draco d'être proche de Harry, ni après les visions, ni quand ils avaient bu avec Sirius, Remus et Ron. La fois où le sommeil de Harry avait été hanté par des cauchemars. Ou...Harry pouvait citer plusieurs autres occasions où Draco n'avait pas du tout été gêné de se retrouver tout contre le Survivant.

Cela dérangeait-il Harry ?

Il essaya de se souvenir d'une fois où il ne se serait pas senti bien, ou mal à l'aise. Quand ils s'étaient tous les deux endormis au Château des Weasley, Pearle dans les bras de Draco, quelques jours auparavant...Ca avait été un peu dérangeant au début, quand Draco avait appuyé sa tête contre l'épaule de Harry – mais ensuite ils s'étaient endormis, alors ça n'avait pas du être si gênant que ça.

En fait, ça ne dérangeait pas du tout Harry de traîner avec Draco. Durant le mois qui s'était écoulé, Harry s'était senti rassuré de l'avoir près de lui. Ils s'étaient permis de pénétrer chacun dans l'esprit de l'autre, alors il devait y avoir un certain degré de confiance mutuelle désormais. Ils passaient du temps l'un avec l'autre sans y être forcés, et Harry savait que si on lui donnait le choix de passer du temps soit avec Ron et Hermione, soit avec Draco, le choix ne serait pas aussi évident qu'il ne l'aurait été auparavant.

« Dis quelque chose, s'il te plaît » supplia Draco, sa voix à peine plus élevée qu'un murmure.

« Je – je ne sais pas quoi dire » dit Harry, sortant de ses pensées.

Le visage de Draco s'effondra, mais il garda le silence.

« Je ne sais pas ce que je ressens pour toi » continua le Survivant. « Je ressens bien quelque chose pour toi, mais je ne sais pas ce que c'est, pas encore du moins. »

Le blond lui fit un petit sourire. « Je pense que ça suffit pour l'instant » fit-il. Puis il ajouta à voix basse « Mais dis le moi quand tu le sauras. »

Il remit la bouilloire sur le feu, car elle avait trop refroidi. Quelques minutes plus tard, il tendit une tasse à Harry. Celui-ci l'accepta sans mot dire, et traversa le couloir jusqu'au salon pour réfléchir, l'esprit toujours en ébullition suite aux révélations de la dernière demi-heure. Une pensée se détachait nettement du tourbillon d'émotions – ce n'était pas ce à quoi il s'attendait.

Il continua de faire une liste mentale des 'pour' et des 'contre' concernant une véritable relation. Malheureusement, il y avait une masse considérable de 'contre' et très peu de 'pour'.

S'ils réussissaient à retourner dans leur propre époque, et s'il décidait de sortir avec Draco, ses amis piqueraient une crise. Hermione, et surtout Ron, penseraient tous les deux qu'il était devenu dingue, ou qu'il s'était cogné la tête une fois de trop durant le match de Quidditch – ce qui était vrai, évidemment, mais il ne pourrait pas le leur dire.

S'il passait outre le fait que Hermione et Ron ne le prendraient pas très bien – ce qu'ils finiraient par surmonter, si ce monde était bien leur futur –, il y avait toujours le fait que le père de Draco était Lucius Malfoy, un des plus gros partisans de Voldemort. S'il découvrait que son fils sortait avec le Survivant, alors il ne vivrait pas très longtemps.

Evidemment, le blond vivait déjà pour ainsi dire avec cette menace, qu'il sorte avec Harry ou non. Et il était impossible que Voldemort ne souhaite davantage la mort de Harry qu'il ne la souhaitait déjà.

Un des plus gros 'contre' était que Draco était qui il était. Draco Malfoy, ennemi juré de Harry depuis le premier jour d'école. Le garçon qui avait fait de sa vie un véritable enfer en se comportant comme un emmerdeur fini.

Pourtant, il avait changé.

Qu'importe le nombre de 'contre' auquel Harry pouvait penser, ce fait revenait toujours le hanter. Le jeune homme dont Harry avait eu un aperçu le mois précédent n'était pas le petit con gâté qu'il connaissait à l'école. C'était un Draco plus effacé, plus doux, et beaucoup plus agréable, contre lequel Harry n'avait rien. Bien sûr, ils s'étaient disputés...mais c'était...C'était autre chose. On pouvait à la fois se disputer et aimer une personne, non ?

Aimer ?

Serait-ce possible que Harry ait commencé à tomber amoureux du blond lui aussi ? Il savait qu'il appréciait la compagnie de Draco, il savait qu'ils arrivaient à se comprendre – mais aimer ? C'était un mot très fort. Quelque chose que Harry désirait plus que tout, mais qu'il n'avait pas encore atteint. Il avait l'amour de Sirius, et de Hermione et de Ron, mais ce n'était pas pareil. La chaleur de l'être aimé...Quelqu'un qui serait sien...

Cela le dérangerait-il d'embrasser les lèvres douces et roses de Draco ? Il se souvint de leur premier jour dans ce monde, quand il avait vu le blond pour la première fois, inconscient sur son lit au château des Weasley. Il avait reluqué le Serpentard. Evidemment, il s'était surpris en train de le faire et il avait arrêté immédiatement, mais...N'avait-il pas continué de le reluquer ? Des coups d'oeil furtifs, quand Draco ne regardait pas ? Il remarquait toujours ce que le blond portait, comment il coiffait ses longs cheveux soyeux et brillants...

Perdu au milieu des souvenirs des moments partagés avec Draco durant le mois et demi précédent, Harry s'endormit sur le sofa cette nuit-là. Son sommeil fut rempli de rêves et de cauchemars, avec Draco et la famille Hanawalt comme acteurs principaux.

Il était dehors, allongé dans l'herbe, qui s'étendait à perte de vue. Elle le chatouillait, et il se tourna légèrement pour que cela s'arrête.

« Reste tranquille, Potter » lui dit Draco. « Ou tu vas rouvrir tes plaies. »

Harry leva la tête et vit Draco juste au-dessus de lui, et une soudaine bouffée de douleur parcourut son corps. Il sentit du sang s'écouler de son flanc.

Bang !

Un coup de feu partit, et Harry se retrouva soudainement de retour dans la cave. M. Hanawalt se tenait devant lui, tenant le revolver d'une main tremblante. Toutefois, contrairement aux cauchemars qu'il avait eus précédemment, Harry vit que le visage de M. Hanawalt était rempli d'horreur.

Une chaleur entoura Harry, et il sut que Draco était de nouveau avec lui.

« Tu t'y es habitué ? » s'entendit demander Harry.

« Habitué à quoi ? » demanda Draco.

« A ce qu'on soit ensemble ici » fit Harry en montrant ce qui les entourait. Ils étaient de retour dans le salon de l'appartement. Harry était debout et regardait par la fenêtre. Draco était assis sur le sofa.

Draco le regarda et Harry rencontra son regard. « Ca s'améliore. »

Puis le monde qui les entourait sembla se disloquer à nouveau. Ils se tenait à moins d'un mètre l'un de l'autre, entourés par des ténèbres qui semblaient sans fin.

« Mais ensuite, il a fallu que les choses se compliquent encore davantage » fit Draco, en se détournant de Harry. Il faisait face à l'obscurité d'un noir d'encre, et Harry se rendit compte qu'il avait envie de voir le visage du blond.

« Comment ? » demanda-t-il. « Qu'est-ce qui pouvait encore faire empirer la situation ? »

Draco laissa échapper un petit rire triste.

« Je suis tombé amoureux de toi. »

Il se retourna pour faire face à Harry, et Harry laissa échapper un cri quand il vit le visage de l'autre jeune homme. Il était fatigué, sale...tâché de sang, comme s'il s'était battu. Sans réfléchir, Harry attira Draco à lui. Draco paraissait faible, ses jambes le soutenaient à peine.

Il murmura quelque chose à l'attention de Harry, mais Harry ne pouvait plus entendre. Ils fermèrent les yeux de toutes leurs forces, et se concentrèrent pour rester près l'un de l'autre. Le vent se déchaînait autour d'eux, les tirant, faisant virevolter leurs capes et s'échapper leurs cheveux de leur queue de cheval. Un moment après, une force plus puissante que tout ce qu'ils n'avaient jamais vu les sépara violemment l'un de l'autre.

Harry fut laissé seul dans les ténèbres. Puis, soudainement, une lumière vive l'éblouit. Il sentit son esprit se fermer, et s'abandonna à la force inconnue qui était derrière tout ça.

Harry ne fit plus aucun rêve cette nuit-là et ne se souvint plus de rien lorsqu'il se réveilla.

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Harry se réveilla le lendemain matin un peu désorienté quand il vit le décor du salon au lieu de celui de la chambre. Quand il prit conscience d'où il était, il se rappela aussi pourquoi. Il s'assit et étira ses muscles légèrement douloureux, puis se repassa la conversation qu'il avait eue avec Draco la veille au soir.

Néanmoins, avant qu'il n'ait le temps de se plonger trop profondément dans ses pensées, il entendit un bruit, et une seconde plus tard, Ginny sortait de la cheminée.

« Bonjour » fit-elle joyeusement.

« 'jour » répondit Harry sur un ton nettement moins joyeux.

Le sourire de Ginny s'effaça. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda-t-elle. Elle regarda le sofa, tout froissé. « Tu as dormi ici ? »

Harry hocha la tête et lui lança un regard qui disait 'je ne veux pas en parler'. Elle fit la moue, puis s'enfonça un peu plus dans l'appartement.

« Remus va passer dans un moment » dit-elle en longeant le couloir, supposant que Harry la suivait. C'est ce qu'il faisait, heureusement pour lui. « Il va aller parler à Dumbledore après que Draco nous ait raconté sa vision, et cette fois, c'est moi qui vais mettre au point l'opération. »

« C'est toi qui prends en charge l'opération ? » releva Harry, la surprise manifeste dans sa voix.

Elle se retourna pour le foudroyer du regard. « Je ne suis plus une petite fille, M. Potter » rétorqua-t-elle. « Je peux le faire, et j'ai l'intention de faire mieux que la dernière mission à laquelle tu as participé. »

« Oui, ça serait bien » approuva Harry avec un frisson. Il n'avait absolument aucune envie d'être à nouveau kidnappé.

« Draco dort ? » demanda-t-elle. « Oh, tu n'en sais probablement rien vu que tu as dormi sur le-- »

« Il dort » la coupa Harry. Il pouvait le sentir au fond de lui. Mais il n'aimait pas cette sensation ; Draco avait peur, et il ne sentait pas en sécurité. Un cauchemar, lui souffla son esprit, Draco fait un cauchemar. Prenant une décision rapide, Harry dit à Ginny « Je reviens dans une minute. »

Avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre, il avait disparu dans la chambre et les portes se refermaient derrière lui.

Bien que la chambre soit plongée dans l'obscurité, Harry put distinguer la silhouette de Draco dans le lit. Il était sous les couvertures, et pourtant le brun pouvait le voir se tordre de droite à gauche et marmonner dans son oreiller. Une grande détresse émanait du blond.

Il se dirigea vers le lit, s'assit sur le côté droit et tendit le bras pour toucher Draco. Au début, le blond gémit quand Harry le secoua, puis ses yeux s'ouvrirent brusquement et il s'assit d'un coup. Il regarda autour de lui, les yeux écarquillés, avant de se poser sur Harry, et ses traits se détendirent considérablement.

Il ne dit rien ; il se laissa simplement retomber sur le lit, les mains sur le visage.

« De quoi as-tu rêvé ? » demanda Harry.

« Vision » répondit Draco, la voix assourdie par ses mains qui recouvraient sa bouche.

« Moche ? »

« Moche. »

Harry eut un léger sourire suite à ce rapide échange verbal, puis dit « Ginny est là. Elle veut que tu lui racontes ta vision. Tu es prêt à le faire ? »

Draco enleva les mains de son visage pour regarder Harry. « Je suis obligé ? »

Le Survivant acquiesça. « J'en ai bien peur. »

« Merde. »

« Tu es très bavard ce matin » fit remarquer Harry en se levant. Draco ne répondit pas. « Le petit-déjeuner sera servi dans quelques minutes, alors viens quand tu seras prêt à affronter Ginny. »

Le Serpentard hocha la tête, et Harry quitta la pièce. Il sentit que le regard de Draco s'attardait sur lui, et il savait à quoi pensait le blond. Mais Harry n'allait pas ressasser à nouveau leur conversation de la veille – il fallait qu'il garde toute sa tête pour ce qui allait probablement être une conversation difficile avec Ginny Weasley.

« Il va venir dans un moment » dit Harry à Ginny en entrant dans la cuisine où elle avait commencé à préparer le petit déjeuner. Il supposait qu'elle avait déjà fait ça auparavant, puisqu'elle savait où se trouvaient les affaires et qu'elle n'avait pas demandé la permission.

Elle lui lança un regard interrogateur – elle croyait manifestement qu'ils s'étaient disputés, sinon Harry ne serait pas resté dans la chambre pendant près de dix minutes. Toutefois, elle eut l'air de hausser mentalement des épaules, car elle se remit à préparer du café pour Draco et elle et du chocolat chaud pour Harry.

« Il t'a dit quelque chose ? » finit-elle par demander quand le silence devint pour elle trop pesant.

Harry secoua la tête. « On n'a pas eu le temps d'en parler la nuit dernière, on était tous les deux épuisés » mentit-il. Ils avaient eu plein de temps pour parler – mais pas de la vision. Il se demandait à présent si la nuit dernière avait été le bon moment pour avoir LA conversation : Draco était encore ébranlé par la vision et tous deux souffraient encore un peu. Harry savait que le blond avait eu plus mal que lui ; il l'avait senti. Et pourtant, il ne s'était pas permis de toucher Draco pour le soigner ; ça aurait pu être très mal interprété.

« Tu as une mine affreuse » lui dit Ginny.

« Merci. »

Elle lui jeta un regard inquiet. « Qu'est-ce qu'il s'est passé hier ? Et qu'est-ce qui t'a fait partir à Pré-au-Lard alors que Dumbledore t'avait prévenu qu'une vision allait très probablement arriver ? Quand Sev m'a raconté...Je ne l'ai pas crû au début. »

« Ginny, c'est entre Draco et moi. Je sais que je lui ai fait du mal, et je m'en excuserai auprès de lui, mais ce qui est fait est fait. Je ne peux pas le changer. Je ne suis même pas sûr que je l'aurais fait, si j'avais pu. »

« Pourquoi as-tu pris un tel risque ? ». Ginny se rembrunit. « Ca ne te ressemble pas. »

« Ecoute Gin, je ne me 'ressemble' pas du tout en ce moment, donc si tu pouvais arrêter avec ta putain d'Inquisition espagnole pour l'instant, j'en serais très heureux » rétorqua Harry d'un ton brusque.

Elle s'éloigna de lui en marmonnant « Très bien. »

Draco choisit ce moment pour entrer dans la cuisine. Il avait l'air fatigué ; il avait des cernes noires sous les yeux et toute son attitude exprimait sa lassitude. La chevelure blonde était emmelée, comme si le blond ne s'était pas préoccupé de la coiffer aussi parfaitement que d'habitude. En fait, on aurait dit que le Serpentard n'avait rien fait pour arranger son apparence depuis que Harry l'avait réveillé. Harry sentit une pointe de culpabilité quand il réalisa qu'il était en grande partie responsable d'avoir rendu la vision – et la suite – aussi dure pour Draco.

« 'jour » grogna-t-il en se dirigeant vers la table et en s'asseyant à l'opposé de Harry. Ginny posa une tasse de café devant lui ; aucun des deux ne dit mot. Le blond but une gorgée du liquide bouillant, refusant de rencontrer le regard des deux autres occupants de la pièce.

Finalement, Ginny en eut à nouveau assez du silence. « Ecoute Draco, je suis désolée de devoir te faire ça ; je le suis toujours, mais il faut que tu me dises ce qu'il s'est passé dans la vision. »

Il leva lentement les yeux vers elle, les yeux gris rencontrant les noisettes. « On était dans un grand champ, il y avait des montagnes autour de nous » commença-t-il, la voix dépourvue d'émotion. « Il y avait une quinzaine de piquets qui faisaient tous 2,50 mètres de haut environ. Je pense qu'ils étaient disposés de façon à créer un motif, mais je n'ai pas pu voir lequel.

A chaque piquet, un humain était attaché par des cordes à ses poignets. Elles cisaillaient les poignets des victimes, les faisant saigner. Ils étaient tous inertes ; ils avaient tous moins de trente ans, sauf un ; ils avaient l'air jeunes et forts.

Et ils étaient crépis de trous de balles. »

Il s'arrêta et posa son regard sur la table. Harry tenta de ressentir les émotions du blond, mais Draco semblait avoir dressé un bouclier ; consciemment ou non, Harry l'ignorait. Le brun ressentit le besoin de tendre la main pour aider l'autre jeune homme, mais il savait que Draco s'éloignerait encore plus s'il le faisait.

« Il y en avait un qui ne saignait pas. Deux des Mangemorts lui parlaient, mais je n'ai pas pu entendre ce qu'ils ont dit, car ils étaient trop loin et le vent soufflait trop fort. Cependant, il a dû dire ce qu'il fallait, car ils l'ont détaché du piquet et ont transplané avec lui.

Ils ont laissé mourir les autres, s'ils ne l'étaient pas déjà. »

Harry se demandait comment il pouvait avoir l'air si calme et si impassible alors qu'il parlait de la souffrance et de la mort dont il avait été témoin. Une petite voix lui dit que Draco était tout sauf calme et impassible – c'était juste une façade qu'il avait dû mettre en place pour être capable de donner à Ginny les renseignements dont elle avait besoin pour sauver les personnes en question. Après le départ de la jeune rouquine, il craquerait, soit devant Harry, soit en privé. Le Survivant se surprit à espérer que ce ne soit pas la dernière possibilité.

« Est-ce que tu te souviens de quelque chose en particulier à propos des victimes ? » demanda Ginny, brisant le silence.

Draco laissa échapper un petit rire de gorge qui était tout sauf joyeux. « Tu sais, c'est ça qui est drôle » fit-il. « J'en ai reconnu quatre. »

Harry le regarda, abasourdi, et, du coin de l'oeil, il vit Ginny inconsciemment se rapprocher par ce qui ressemblait à de - l'anticipation ?

« C'était Angelina Johnson, Dean Thomas, un jeune homme qui ressemblait à Neville Longdubat, et le Maître des Potions Severus Rogue. »

&&&&&&&&&&

Ginny partit peu de temps après, quand Draco eut fini de révéler la dernière partie de la vision dont il se souvenait. Elle était plongée profondément dans ses pensées, et elle s'était à peine arrêtée pour prendre congé avant de repartir par cheminette, sans aucun doute déjà en train de planifier l'opération dont elle avait la charge.

Harry retourna vers Draco dans la cuisine, où le blond était assis à regarder par la fenêtre tomber la neige. Il ne se retourna pas, ni ne montra qu'il savait que Harry était là, alors que celui-ci se rasseyait sur la même chaise qu'auparavant. Tandis que le Serpentard observait les flocons de neige tomber, le brun étudia Draco.

Son visage était un masque d'indifférence. Il avait l'air fatigué, comme Harry l'avait déjà remarqué quand le jeune homme était entré dans la pièce, avec des cernes sous les yeux, et les yeux eux-mêmes un peu injectés de sang. Sa bouche n'était qu'une fine ligne, sa mâchoire fermement serrée. Une de ses mains remuait mollement la tasse de café qui était presque vide désormais, et Harry vit le léger tremblement de cette main uniquement parce qu'il faisait vraiment attention. Il était bouleversé ; malgré ses efforts pour le cacher, c'était clairement inscrit sur le visage de Draco.

Aucun des deux jeunes hommes ne prit la parole ; l'un ne savait pas quoi dire, l'autre n'avait pas envie de parler.

La neige s'était mise à tomber dans la nuit et recouvrait à présent ça et là le sol. Le ciel était d'un gris impersonnel, rendant la ville presque aussi fade. Cela correspondait parfaitement à leur humeur du moment.

Une demi-heure plus tard, Draco se leva et quitta la pièce. Harry resta à la cuisine. Il entendit Draco ouvrir et fermer les portes de la chambre, et soupira profondément. Il voulait parler au blond, et il voulait que Draco lui parle. Mais il ne trouvait pas les mots adéquats, pas après la conversation qu'ils avaient eue la nuit précédente.

« Je suis tombé amoureux de toi. »

Les mots se répétèrent d'eux-mêmes dans l'esprit de Harry, résonnant de gauche à droite, encore et encore.

Comment était-ce arrivé ?

Harry se dit qu'il avait eu cette discussion unilatérale trop de fois, mais il ne pouvait pas empêcher ces pensées d'arriver. Il se demanda d'où les sentiments de Draco étaient venus, et s'il avait fait quelque chose – n'importe quoi – pour les encourager. Les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête lui demandèrent si c'était réellement possible. Le blond lui mentait-il ? Bien que Harry eut sauté à cette conclusion un mois et demi auparavant, ce n'était plus une option aussi évidente. La façon dont Draco se comportait à présent...Il n'aurait probablement pas eu cette attitude si ces paroles avaient été une farce. De plus, l'histoire qui avait accompagné ces mots collait trop bien à la réalité pour avoir été inventée.

Et les yeux de Draco avaient dit à Harry qu'il disait la vérité.

Toutefois, la plus grosse question que Harry avait en tête n'était pas à propos des sentiments de Draco, de ses motifs ou de ses raisons. Non, c'était de savoir s'il pourrait aimer un jour le blond en retour.

Ca serait si facile là tout de suite de tirer parti de la situation et de dire à Draco qu'il l'aimait. De cette manière, le blond serait bien plus impliqué dans la relation que Harry, et si quelque chose tournait mal, c'était Draco qui tirerait le plus mauvais numéro. Cela garantirait à Harry chaleur et amour, tout en n'ayant pas à donner beaucoup en retour.

Harry se rembrunit. Ce n'était pas de cette manière que l'on construisait une relation. Non, s'il devait s'engager avec quelqu'un, ce serait avec un attachement complet et total. Il n'allait pas, ne pourrait pas, faire moins juste parce que c'était pratique.

De plus, Draco méritait d'être aimé.

Durant le mois précédent, Harry avait vu le côté plus doux de Draco – un côté qu'il n'avait jamais montré à leur époque. C'était un garçon qui avait été privé d'affection, une personne qui voulait être soutenue, appréciée et – aimée. Le Survivant avait trouvé très facile de donner à Draco le réconfort qu'il désirait plus que tout. Il avait serré Draco dans ses bras plusieurs fois, simplement parce que le blond en avait besoin et, pour une raison qu'il ignorait, cela n'avait été ni gênant, ni dur à faire.

Harry soupira et se leva. Cela ne le menait nulle part ; son esprit tournait en rond, ce qui ne faisait que lui donner des vertiges. Il prit sa cape du portemanteau du hall d'entrée, puis se dirigea vers le salon et la cheminée. Il prit une poignée de poudre de cheminette de la petite boite au-dessus de l'âtre, la jeta dans les flammes et dit :

« Le Chaudron Baveur. »

Quelques instants plus tard, il sortait de la cheminée de l'auberge. Il y avait quelques sorciers et sorcières au bar, mais personne ne leva la tête quand il s'épousseta.

Il se dirigea vers le mur en brique sur la droite et le tapota cinq fois. Il s'ouvrit, et le Chemin de Traverse se présenta à lui, avec toutes ses petites boutiques et ses centaines de sorciers qui vaquaient à leurs occupations. Harry s'engagea dans la rue chaotique, se frayant un passage à travers les magasins et les gens. La neige formait désormais une masse épaisse sur le sol.

Il avait besoin de se distraire – et acheter les cadeaux de Noël faisait exactement l'affaire. Après tout, on n'était qu'à deux semaines de Noël.

Première chose à faire – il avait besoin d'argent. Par conséquent, il descendit l'allée en direction de Gringotts, la Banque des Sorciers. L'imposant édifice en marbre était, tout comme il l'avait été chaque fois que Harry y était allé, gardé par deux gobelins. Ils lui lancèrent un regard peu amène avant de le laisser passer, tout comme le firent ceux de la seconde porte. Harry s'en préoccupa peu, néanmoins, sachant que c'était simplement dans la nature des gobelins de procéder ainsi. Il parcourut le hall principal et se dirigea vers un gobelin assis dans une chaise haute.

Après avoir parlé brièvement au gobelin, il fut autorisé à descendre à son coffre et une demi-heure plus tard, il ressortait, prêt à faire quelques emplettes.

Il savait que ça allait être dur d'acheter à Hermione, Ron, Sirius et les autres des cadeaux que le Harry de cette époque ne leur aurait pas offerts auparavant, mais il allait bien devoir essayer. Un livre était le choix le plus sûr pour Hermione – même si la question était de savoir lequel, vu que le château semblait avoir tous les livres possibles et inimaginables. Il entra chez Fleuri & Bott, et le responsable du magasin leva la tête du bureau où il était assis.

« Je peux vous – Oh, bonjour, M. Potter » fit-il, le sourire aux lèvres quand il vit qui c'était.

« Bonjour » répondit Harry, essayant ardemment de se souvenir du nom de l'homme. Quand il vit qu'il n'y arriverait pas, il dit « Je cherche des cadeaux de Noël. »

« Comme d'habitude alors » sourit l'homme. « Je suppose que vous recherchez quelque chose pour la jeune Mme Weasley ? »

Harry eut un sourire penaud. « Je ne sais pas trop quoi lui acheter... » fit-il.

« Ce n'est pas étonnant » répondit l'homme. « Eh bien, j'ai reçu récemment plusieurs livres qui à mon avis intéressaient grandement votre amie. »

Il s'enfonça dans le magasin et Harry le suivit à travers de longues étagères de livres, de livres, et, eh bien, encore de livres. Il y en avait des vieux, des neufs, quelques-uns que Harry reconnut, et beaucoup beaucoup d'autres qu'il ne connaissait définitivement pas.

« Là » lui indiqua le gérant en montrant deux ou trois livres sur sa droite. Harry vint se mettre à sa hauteur et vit le titre des livres. Un petit sourire éclaira son visage.

« Elle va aimer, ça ne fait aucun doute » approuva-t-il.

Une demi-heure plus tard, Harry se retrouva dans le magasin d'équipement de Quidditch. C'était un des magasins préférés de Harry, et il savait qu'il trouverait quelque chose pour Ron ici. Et il trouva. Près d'une heure plus tard, il se força à partir. Il fit quelques autres arrêts, entre autres pour trouver le cadeau de Draco. Il se rendit compte qu'il était aussi difficile de trouver un cadeau à Draco que pour les autres, mais pour d'autres raisons. Plusieurs heures après avoir quitté l'appartement, il se décida à rentrer. Il se faisait tard et les boutiques fermaient – et il ne pourrait pas éviter Draco éternellement, peu importe à quel point il avait envie de le faire.

Il entra dans la cheminée du Chaudron Baveur et arriva chez lui quelques instants plus tard.

TBC...