Titre anglais : Time Out of Place

Titre français: Espace-temps décalé

Auteur : Cosmic (bananacosmicgirl ici)

Traductrice : Jess HDH

Catégories : Romance, Action/Aventure, Voyage dans le temps, UA

Couples : Harry/Draco, Ron/Hermione, Sirius/Remus, autres

Rating: PG-13/T

Spoilers : les quatre premiers livres de HP

Etat actuel de la fic : terminée. Elle compte 23 chapitres.

Où trouver la fic anglaise : ici même, sur FFNet

Résumé : Harry se réveille, la tête douloureuse, mais il réalise bien vite que son mal de tête est le cadet de ses soucis. Et quel rôle Draco joue-t-il dans tout ça ?

Disclaimer: cette histoire est basée sur des personnages et des faits crées et appartenant à J.K. Rowling. Aucun argent n'en est retiré. L'histoire de cette fic appartient à son auteur, Cosmic, et la traduction à sa traductrice, Jess HDH.

Note de la traductrice : Bonjour à vous ! Voici comme chaque mercredi un nouveau chapitre. Révélation importante à la fin, qui ne va pas vous réjouir, malheureusement...N'oubliez pas, laissez-moi vos commentaires si vous avez un moment, j'adore partager vos réactions !

Merci à Light of Moon, Demoniac Cat's, Shima-chan, Falyla, Ayuluna, Natmangafan, Lily's Flowers, Griselle, Zaika, La Petite Allemande, Lily's Angel, Ginnii, Lou Biloute, Lovely A, Kain, Tanakasan, Bibidibabidibou, Lolie Shing, Vif d'Or, Alana Chantelune, Ange De Un Cisme, Cachou, Agatha Brume (x12 merci !), Flore Jade et Luce.wiz.

Rosenoire, merci, mais si tu veux que je te réponde individuellement, mets ton mail la prochaine fois.


CHAPITRE 13

Poison

Une fois sorti de la cheminée, Harry s'arrêta net. Le salon était rempli de monde, avec au milieu du brouhaha Ginny Weasley qui essayait de maintenir l'ordre. Elle n'y arrivait pas.

Draco était assis sur un bord du sofa. Il croisa brièvement le regard de Harry et celui-ci tressaillit quand il vit l'état du blond. Il n'avait pas l'air d'aller mieux que le matin même. Harry se sentit soudain coupable d'être parti sans avoir dit au jeune homme où il allait.

Il traversa le salon en direction de la chambre et déposa ses achats dans son placard, prévoyant de les empaqueter plus tard. De retour au salon, il jeta un bref regard d'ensemble à la pièce.

Toutes les personnes qu'il voyait étaient également venues à la fête organisée au château des Weasley. Il vit quelques Weasley ; à côté du balcon se tenait Fred, en train de discuter avec Angelina. Pour une fois, l'autre jumeau Weasley n'était pas collé à lui, même s'il ne devait certainement pas être loin. Ron et Hermione étaient là aussi, remarqua Harry avec un sourire. Ils étaient assis à côté de Draco, et on aurait dit que Hermione vérifiait s'il avait de la fièvre – sa main était sur le front du blond. Harry sourit à la vue de l'énorme ventre de Hermione ; il ne restait pas longtemps avant la date prévue.

Harry nota avec surprise que Sirius et Remus parlaient avec Severus. Remus et Severus avaient l'air parfaitement à l'aise ensemble, ce qui semblait déranger quelque peu Sirius.

Il y avait d'autres gens – Harry crut entendre quelqu'un dans la cuisine et apparemment, quelques personnes étaient dans la chambre d'amis qui jouxtait le salon.

Harry se dirigea vers le sofa.

« Harry ! Tu es là ! » s'exclama Hermione. Elle fit une tentative pour se lever, mais Harry l'arrêta.

« Reste assise, ça ne me dérange pas » dit-il avec un sourire.

Elle fit la moue et dit « Je suis énorme. Je ne peux rien faire. »

Il la serra dans ses bras et lui fit un bisou sur la joue. « Tu es magnifique. »

« On dirait Ron » fit remarquer Hermione. « Tu devrais essayer de te mettre dans mes pompes parfois. »

« Je ne pense pas que tes chaussures m'iraient » répliqua-t-il avec un petit sourire.

« Oh, je sais bien » continua Hermione sur un ton boudeur. « Quand même, tu devrais essayer juste une journée, comme ça tu me soutiendrais beaucoup plus. »

« Tu es en train de dire qu'on ne te soutient pas ? » demanda Harry.

Elle lui lança un regard noir. « Vous vous moquez de moi. »

« Je viens de te dire que tu étais magnifique » rétorqua Harry, légèrement agacé.

Elle lui jeta un autre regard peu amène et Ron, qui avait suivi la conversation avec intérêt, rit. Draco était appuyé contre le dos du sofa, les yeux fermés, paraissant tout petit et fragile. Contrairement à Ron, il ne semblait pas du tout écouter Harry et Hermione. Harry eut pitié de lui ; il avait l'air vraiment mal en point.

« Comment ça va ? » demanda-t-il à voix basse.

Draco ouvrit les yeux et le regarda. « Je vais bien, Harry » répondit-il. « Ne t'inquiète pas. »

Hermione se déplaça sur le côté, permettant ainsi à Harry de s'asseoir au milieu, entre elle-même et Draco. Ce qu'il fit, souhaitant et redoutant à la fois ce qu'il pouvait arriver. Enfin, il y avait plein de monde dans la pièce – aucun d'eux ne pourrait piquer une crise devant tant de personnes et on ne s'attendait pas à ce qu'ils se bécotent outrageusement. C'était peut-être le meilleur moment pour le réconforter.

Il glissa une main derrière les épaules de Draco – juste pour faire bonne figure, pour Hermione et Ron, se dit-il. Rien de plus...Ca n'avait absolument rien à voir avec le besoin qu'il ressentait de rassurer le blond.

Draco se raidit un moment, puis finit par se détendre dans les bras de Harry. C'était étrange ; Harry pouvait sentir la fatigue qui émanait du Serpentard. Un bref instant, il s'autorisa à donner un peu de Chaleur Guérisseuse à Draco, avant de s'arrêter. Draco leva les yeux vers lui et lui fit un signe de tête imperceptible. Tandis qu'il se laissait à nouveau aller dans les bras de Harry, le brun se mit à donner de la force à Draco.

Hermione et Ron discutaient entre eux et Harry tourna son attention vers eux, étant donné que Draco semblait dériver dans un demi-sommeil.

« Ginny est vraiment à fond dedans » disait Ron en souriant à sa petite sœur qui courait dans tous les sens, parlant brièvement à chaque occupant de la pièce.

« Elle est l'une des meilleures choses qui soient arrivées à l'Ordre » renchérit Hermione. « Dumbledore ne peut pas s'occuper de tout et elle est très douée question organisation. Elle sait faire bouger les choses. »

« Vous lui avez parlé aujourd'hui ? » demanda Harry. « Vous savez ce qu'il se passe ? »

Hermione secoua la tête. « Non » répondit-elle. « Je sais qu'elle est allée voir Dumbledore après être partie d'ici, et ils ont élaboré un plan. Apparemment, il n'y a pas de temps à perdre, sinon la réunion n'aurait pas été avant demain. »

« En fait, la vision était horrible » dit Harry à voix basse.

« Je sais. Elles le sont toujours. Mais Draco ne nous en a pas dit plus » fit Hermione en jetant un regard au blond. Son regard s'adoucit quand elle vit Draco, à moitié endormi.

« Je suis sûr que Ginny va tout nous dire » intervint Ron. « On dirait qu'elle est sur le point de commencer la réunion. »

Harry leva les yeux pour découvrir que Ginny flottait à une trentaine de centimètres du sol, ce qui la rendait un peu plus grande que tout le monde, et attirait l'attention de la plupart des gens. Elle resta là en silence jusqu'à ce que la pièce se tut.

« Je vous remercie tous d'être venus ici malgré un délai aussi court » commença-t-elle. « Je remercie également Draco et Harry, qui nous ont permis de tenir la réunion ici.

La nuit dernière, M. Malfoy a eu une vision. Je ne vais pas vous la raconter en détail, car ça prendrait trop de temps, et justement, nous n'avons pas le temps. Par conséquent, je vais demander aux personnes suivantes de bien vouloir s'approcher :

Dean Thomas. »

Le jeune homme noir, que Harry n'avait pas remarqué jusque là, leva la tête depuis le coin de la pièce où il se trouvait en compagnie de Seamus Finnigan. Il se dirigea vers Ginny.

« Angelina Johnson. »

Angelina quitta son fiancé après lui avoir rapidement serré la main. Chose rare, les deux jumeaux étaient silencieux, et Katie n'en menait pas large non plus.

« Neville Londubat. »

Harry regarda autour de lui. Neville était ici ? Il resta bouché bée quand il vit un jeune homme s'avancer. Il ne ressemblait plus que vaguement au garçon joufflu que Harry connaissait. Ce jeune homme était environ de la taille de Harry, bien bâti, avec de courts cheveux bruns. La seule chose qui prouvait qu'il était toujours la même personne que Harry connaissait était la légère timidité dans ses mouvements quand il prit place à côté de Ginny. Une fois là, Neville regarda brièvement Ginny. Harry se demandait comment Draco avait bien pu reconnaître Neville dans la vision.

« Severus Rogue. »

Le Maître des Potions se dirigea vers elle, d'un pas rapide et assuré.

« A présent, je ne soulignerais jamais assez qu'il faut absolument que l'opération ne se solde pas par un échec comme la dernière fois » continua Ginny. « Je ne tolèrerai aucune perte qui aurait pu être évitée. Il y a la vie de quinze personnes qui est en jeu ici, plus celle de tous ceux qui seront impliqués dans la mission de sauvetage, et je ne veux pas qu'une seule d'entre elle soit gâchée. »

Elle se tourna vers les quatre personnes qu'elles avaient appelées et tendit à chacune un collier. « Ces colliers sont directement reliés à certaines personnes. Premièrement, à Dumbledore et à moi. Deuxièmement, à la personne la plus proche de vous. Troisièmement, à une personne chargée de la sécurité, que j'ai choisie et qui en a déjà été avertie. Enfin, à Harry et Draco. »

Harry sentit Draco bouger à la mention de son nom, et il dut reconnaître qu'il était surpris lui-même, surtout que Ginny ne lui en avait pas parlé auparavant. Pourtant, c'était logique ; si quelque chose arrivait, on aurait fortement besoin de Draco, de lui-même et de leurs pouvoirs de guérison. Avec un peu de chance cette fois, l'un d'entre eux ne serait pas obligé d'en faire les frais.

« Ils contiennent également un sort de localisation, afin que nous puissions vous retrouver » continua-t-elle. « De cette manière, si vous deviez être enlevés, nous vous retrouverions immédiatement. »

« Et si on ne veut pas que vous veniez ? » demanda Angelina à voix basse. « Ca pourrait être dangereux. Vous pourriez transplaner juste en face d'une balle, ou quelque chose dans le genre. »

« Dans ce cas-là, dites Incapacitate et ça nous enverra un signal rouge, jusqu'à ce que vous l'enleviez. Néanmoins, je vous le déconseille. Cette opération sera dangereuse, quoi qu'on fasse. Nous devons prendre des risques, si cela peut sauver des vies. »

Angelina acquiesça.

Quelques minutes supplémentaires furent employées à expliquer le plan en détail. Dean et Seamus semblaient être les plus nerveux à l'idée de ce qui allait arriver. Le visage de Rogue était figé en un masque de colère. Harry savait que le Maître des Potions était le moins susceptible d'avoir peur ; après tout, il avait été Mangemort. Il savait qu'il ne l'était plus ; il avait appris par hasard l'histoire de Rogue par Lavande Brown à la fête de Noël, tandis qu'elle en parlait avec ses amies. Apparemment, la crise cardiaque que Severus avait faite était le résultat d'un Endoloris, qu'on avait laissé sur lui pendant des heures après qu'on eut découvert sa trahison. Harry, ainsi que Ron, Hermione et quelques autres membres de l'Ordre, l'avaient retrouvé. Dès qu'il n'avait plus été sous l'emprise de l'Endoloris, l'infarctus l'avait frappé. Harry avait apparemment été le plus proche de lui, car les autres combattaient les Mangemorts – ce qui expliquait pourquoi Hermione avait trouvé ça très bizarre que Harry ait été si surpris par cette information.

Ginny conclut « Je suis désolée de ne pas pouvoir vous mettre sous clé dans un endroit sûr, mais plusieurs Moldus ont déjà été enlevés, et nous pensons que c'est Voldemort qui est derrière tout ça. Si nous voulons les trouver, il faut qu'on vous laisse vous faire kidnapper vous aussi.

A présent, tout le monde exceptés Ron, Hermione, Harry, Draco, Sirius et Remus peuvent s'en aller. »

La foule se dispersa. Angelina retourna vers Fred, qui la prit dans ses bras. Il la tint étroitement contre lui, lui caressant le dos, la réconfortant tout en se réconfortant lui-même. Seamus et Dean disparurent dans la cheminée en quelques minutes. Severus se dirigea vers Sirius et Remus. Harry réalisa tout à coup que Remus devait être 'la personne la plus proche' de Severus. Ca serait logique que Sirius soit un peu chamboulé par ça.

Harry vit Severus serrer la main de Remus et Sirius, avant de partir par voie de cheminette.

Il vit également Neville prendre la main de Ginny. « Rentre à la maison » dit-elle doucement. « J'y serai dans un moment. »

« Je serai là quand tu arriveras ». Il écarta une mèche de cheveux du visage de la jeune femme et déposa un tendre baiser sur ses lèvres.

Elle lui fit un sourire triste, et se laissa aller dans ses bras. Ils finirent par se séparer et Neville déposa un dernier doux baiser sur son front, avant de partir de la même manière que les autres.

Harry vit Ron qui regardait Ginny, bouche bée. Apparemment, la relation de Ginny et Neville était un fait nouveau pour lui aussi.

« Ginny ! Tu ne nous as pas dit que tu t'étais enfin mise avec Neville » fit joyeusement Hermione, ignorant la bouche béante de son mari.

La jeune Weasley rougit. « Ca s'est fait...tout seul » dit-elle en souriant.

« Mais – Neville ? » bafouilla Ron.

« Oui, Neville » répéta Ginny sur un ton qui en disait long. « Si tu veux tout savoir, il s'est tout le temps comporté comme un parfait gentleman. »

« Et depuis combien de temps dure « tout le temps » exactement ? » s'enquit Ron tandis que Sirius et Remus s'approchaient. Ils firent apparaître un deuxième sofa pour que Ginny et eux puissent s'asseoir.

« Un mois et demi » répondit Ginny, en croisant sans sourciller le regard de son frère.

Ron se garda bien d'aller à l'encontre de CE regard – LE regard que Ginny avait hérité de sa mère. Il disait à n'importe qui – en particulier à ses frères – qu'ils étaient dangereusement proches de mettre les pieds dans quelque chose de très désagréable. Ron remarqua que Hermione avait aussi le même regard parfois ; peut-être que c'était un truc de femme plutôt qu'un truc des Weasley de sexe féminin.

« Bref » dit Ginny, changeant à dessein le sujet pour en arriver aux problèmes les plus importants. « Il faut que je vous parle. »

Harry vit le groupe changer d'attitude : de décontractés, ils passèrent à un comportement professionnel. Seul Draco, qui était assis à côté de lui les yeux fermés, ne changea pas. Harry savait que le blond ne dormait pas ; il avait simplement l'air indifférent. Comme s'il ne se souciait pas de ce qu'il se passait, comme s'il était...faible ? Harry se rembrunit. Ses pensées furent interrompues par Ginny qui se remettait à parler.

« Hermione, je te demande de rester à l'abri jusqu'à ce que les jumeaux soient nés, et quelques temps après ça. Tu es faible pour le moment, que tu veuilles bien l'admettre ou non. Tu ne ferais pas le poids contre les Mangemorts.

Albus et moi-même aimerions tous les deux que tu aies en permanence quelqu'un avec toi. Au Château, tu peux te déplacer par toi-même, évidemment, mais pas à l'extérieur, même sur les terres qui entourent le Château. Alors pourrais-tu s'il te plait... ? »

Hermione hocha la tête. « Je sais. Je serai prudente. »

« Bien » fit Ginny avec un petit sourire. « Je n'aime pas plus cette idée que toi, mais par les temps qui courent...On fait ce qu'on doit faire.

Ensuite, Sirius et Remus, je veux que vous alliez au Château avec Ron et Hermione et que vous placiez les boucliers de protection les plus lourds possibles là-bas afin que nous soyons avertis si quelque chose arrive à Hermione pendant que Ron est au travail. »

« Mais les boucliers sont déjà parmi les plus puissants de Grande-Bretagne » protesta Remus.

« Je sais » répondit Ginny. « Toutefois, ce n'est pas de bouclier de ce type qu'il nous faut. Il nous faut quelque chose qui nous prévienne si Hermione commence à avoir des contractions alors qu'elle est seule et qu'elle ne peut pas nous contacter. Je sais que c'est inhabituel, mais ça doit être fait. Donc les boucliers qu'il nous faut doivent détecter une souffrance provoquée par la personne elle-même – oui, Mione, c'est volontaire comme douleur. Vous pouvez le faire ? »

Sirius et Remus acquiescèrent. « Ca ne devrait pas être trop difficile. A qui devons-nous les relier ? »

« Ron d'abord, puis Harry et Draco. Ca te va, Mione ? »

« Oui » répondit doucement Hermione.

« Ca doit être fait dans les plus brefs délais » insista Ginny.

« On va vous accompagner maintenant » fit Sirius à Hermione et Ron. « Si ça ne vous dérange pas. »

Ron et Hermione approuvèrent. Ginny sourit.

« Bon, ça sera tout. Vous quatre, » - elle désigna Ron, Hermione, Sirius et Remus de la tête – « vous pouvez y aller. Harry, Draco, j'ai besoin que vous restiez quelques minutes de plus. »

« Eh bien, étant donné que c'est nous qui vivons ici, c'est toi qui va partir et non nous, n'est-ce pas ? » s'enquit Harry assez justement, tandis que Hermione et les trois hommes se levaient pour partir. Harry ne les accompagna pas ; il se contenta de leur faire un signe de la main. Un instant plus tard, Harry, Draco et Ginny étaient les seuls qui restaient dans la pièce.

« Oh, c'est vrai » fit Ginny en haussant les épaules. « Passons. Il est conscient ? »

« Je suis conscient » répondit le blond sans ouvrir les yeux.

« Ok » fit la rouquine. « Ca va vous paraître un peu...Je ne sais pas ce que ça va donner mais...Je ne veux pas que vous le preniez mal-- »

« Ginny ? Dis-le juste, pour voir ? » demanda doucement Harry.

« Albus et moi, nous nous inquiétons tous les deux pour toi, Draco. »

Les yeux de Draco s'ouvrirent lentement pour regarder Ginny. « Ah oui ? » fit-il de la voix traînante typique des Malfoy.

« Ne le prends pas comme ça » dit Ginny, se surprenant elle-même. « Tu ne manges pas assez, tu es tout le temps fatigué – si mon intuition ne me trompe pas, tu reçois la Chaleur Guérisseuse de la part de Harry depuis que nous discutons. »

« Et alors ? » rétorqua Draco, continuant à parler sur un ton très malfoyen.

« Aucune personne en bonne santé ne pourrait recevoir des soins de ce genre pendant presque une heure et être toujours fatiguée, Malfoy » fit Ginny. « Tu devrais être debout, avec de l'énergie à revendre, et non à peine capable d'ouvrir les yeux ! »

« Et ça t'inquiète parce que… ? »

« Parce qu'étant donné que nous avons une bataille imminente contre au moins une vingtaine de Mangemorts, si ce n'est contre le Seigneur des Ténèbres en personne, j'aimerais que mes deux seuls Guérisseurs soient suffisamment en forme pour soigner tout le monde, plutôt que l'un l'autre ». Le ton de Ginny était glacial, mais elle croisa sans sourciller le regard de Draco.

« Tu t'en fais trop, Weasley » répondit froidement Draco. « Je vais bien. »

« On fait un test ? »

Un bref instant, Harry vit une émotion étrange traverser le visage de Draco, mais c'était parti avant qu'il n'ait eu le temps de l'identifier.

« Très bien » cracha le blond. « Qu'est-ce que tu veux me faire ? »

Avant qu'un des jeunes hommes ne put réagir, Ginny lança un sort sur Draco. Une lumière rouge le heurta de plein fouet, et fut absorbée par son corps. Peu après, le blond se mit à briller de la même couleur rouge.

« Tu es Guérisseur » fit Ginny à Draco. « Tu devrais savoir ce que cela signifie. »

Harry ne savait pas ce que ça voulait dire, mais il pouvait deviner. « Je crois que tu es malade, Draco » dit-il doucement au blond.

« Non ! » fit Draco en se levant. Toutefois, l'arrêt brutal de la Chaleur Guérisseuse le fit trébucher. Harry se leva et le rattrapa rapidement avant qu'il ne tombe, mais Draco le repoussa.

« Laisse-moi tranquille » dit-il en partant en courant.

« Qu'en penses-tu ? » demanda Harry à Ginny.

Ginny détourna le regard de la porte par laquelle Draco venait de partir pour regarder Harry. « Je ne sais pas. Je ne pense pas que ce soit très grave – la lumière n'était pas très vive – mais ça peut quand même être quelque chose qui nécessite un traitement. J'étais sérieuse quand j'ai dit ça, Harry. C'est une grosse opération qui nous attend, et si quelque chose tourne mal, nous devrons pouvoir compter sur vous. Si Draco est malade, il ne pourra pas soigner, et toi tu ne pourras pas te concentrer. »

« Je vais lui parler » promit Harry. « Je lui ferai entendre raison. »

« Bien. Emmène-le à Poudlard voir Madame Pomfresh dès que possible. Je ne pense pas que tu puisses faire partir la maladie en le soignant, pour le moment. »

Harry acquiesça. « Oui, on dirait. »

« J'y vais maintenant » fit Ginny. « J'espère que tu pourras le raisonner. »

Elle se dirigea vers la cheminée puis, après avoir salué Harry, elle partit.

Harry revint au centre de la pièce et ramassa quelques tasses laissées par les invités. Il les déposa dans l'évier de la cuisine avant de prendre une grande inspiration et d'ouvrir les portes qui menaient à la chambre.

Draco était couché à plat ventre sur un côté du lit, la tête enfouie dans l'oreiller. Il ne bougea pas quand Harry entra et vint se mettre au pied du lit.

« Draco... »

« Va t'en, Harry » lui dit le blond.

« Non, Draco, je ne m'en irai pas » fit Harry. Il se força à parler et à agir très calmement ; il n'allait pas encore se disputer avec Draco. Ils n'avaient fait que se disputer, ces derniers jours, malheureusement, et se disputer encore.

Draco se retourna et lui fit face en s'asseyant. « Pourquoi ? Pourquoi ne peux-tu pas simplement partir ? »

« Parce que je tiens à toi. »

Le blond ravala la méchanceté qu'il allait cracher. Les quatre derniers mots que Harry venait de prononcer n'étaient manifestement pas ceux auxquels Draco s'attendait.

« C'est toi qui ressembles à un poisson rouge maintenant » fit Harry avec un petit sourire.

Draco referma la bouche. Harry s'approcha de lui et s'assit.

« Je peux être ton ami, Draco » dit-il doucement. « Pas ton petit ami, pas encore, et peut-être que je ne le serai jamais, mais je peux être ton ami. »

« Je croyais qu'on avait déjà convenu d'être amis, il y a longtemps » dit Draco à voix basse.

« C'était une trêve, qui n'aurait duré que le temps de notre séjour ici. On serait rentrés chez nous et on aurait endossé à nouveau nos rôles d'ennemis. Ce n'était pas de l'amitié. »

« Et ça, ça l'est ? » demanda Draco en regardant ses mains.

« Ecoute, Draco, je m'en tiens à ce que j'ai dit hier. Je ne sais pas ce que je ressens pour toi. Mais je sais que j'aime passer du temps avec toi, et je sais que je m'inquiète pour toi. L'amitié est tout ce que j'ai à offrir pour le moment. »

Le blond garda le silence un moment avant de dire « Alors j'accepte cette amitié. »

Harry sourit. « Bien. Alors maintenant, vas-tu écouter ton ami ? Tu es malade, Draco. On a besoin que tu ailles bien. »

Le Serpentard leva les yeux vers lui. « Je sais qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi. Je – ça fait des mois que ça dure. »

« Des mois ? Comment as-tu – ah oui, le journal intime ». Harry eut l'air contrit quand il parla de l'objet qui avait été la cause de leur dernière dispute. « Je m'excuse de t'avoir crié dessus comme ça. »

« Tu es pardonné » fit doucement Draco.

« Est-ce que tu – il – est-ce qu'il a parlé de ça dans son journal intime ? Est-ce qu'il sait ce qui ne va pas chez toi ? »

Draco secoua la tête. « Il a seulement écrit qu'il était très fatigué et qu'il se sentait faible. Il disait qu'il avait perdu l'appétit. »

« Tu vas venir avec moi à Poudlard et laisser Madame Pomfresh t'ausculter, alors ? » demanda Harry.

« Pourquoi pas à Ste Mangouste ? »

« Ginny m'a dit de t'emmener à Poudlard, donc c'est là-bas que je t'emmènerai. Je crois qu'elle a peur que tu ne sois reconnu par un des espions de Voldemort. Ca n'apporterait rien de bon qu'il sache que tu es malade. »

« Pourquoi tu ne peux pas simplement me soigner ? » demanda Draco.

« Je ne sais pas » répondit le Survivant. « Je le ferais si je le pouvais, crois-moi, mais tu viens de passer une heure à recevoir la Chaleur Guérisseuse et tu pouvais toujours à peine rester debout après, donc c'est clair que c'est sans effet. »

« Tu penses que c'est l'inverse ? »

Harry le regarda. « Quoi ? »

« L'inverse. Que c'est le fait que tu me soignes qui me rende malade en réalité. Peut-être que mon corps est en train d'y devenir allergique, ou un truc dans le genre. »

Harry réfléchit à l'idée pendant quelques instants, puis dit « C'est peu probable à mon avis. Tu vas quand même un peu mieux quand je te tiens dans mes bras pendant et après les visions, et si ta théorie était la bonne, ce ne serait pas le cas. »

Draco haussa les épaules. « On doit y aller alors ? »

Harry acquiesça. « Allons-y. »

&&&&&&&&&&

Vingt minutes plus tard, ils entrèrent dans la cheminée, direction Poudlard. Albus Dumbledore était dans son bureau, et regardait droit dans les flammes lorsqu'ils en sortirent. Harry se demanda s'il savait qu'ils allaient arriver juste à ce moment-là. C'était certainement le cas. Toutefois, il n'eut pas beaucoup le temps de réfléchir à la question, car le directeur les conduisit promptement à l'Infirmerie.

Là, Madame Pomfresh fit allonger Draco sur un des lits dans l'angle de la pièce. Il n'y avait aucun élève à l'Infirmerie pour le moment ; les habitants actuels de Poudlard semblaient mieux réussir à éviter les ennuis que ceux de l'époque de Harry.

Draco eut l'air content de s'allonger à nouveau. Il ferma les yeux et respira profondément. Quand il rouvrit à nouveau les yeux, il dit « Oh ne me regarde pas comme ça, Potter. Je ne suis pas mourant. »

« Maintenant, M. Potter, si vous voulez bien vous éloigner du lit ? » fit Madame Pomfresh.

Harry acquiesça, puis recula. Aussitôt, la médicomage se mit à jeter des sorts sur Draco, pour déceler une éventuelle maladie. Elle fronça les sourcils quand elle vit qu'ils étaient tous négatifs.

« M. Malfoy, pouvez-vous me dire les symptômes que vous avez ressentis jusque-là ? » finit-elle par demander. « Et depuis combien de temps cela dure-t-il ? »

« Ca a commencé il y a quelques mois » répondit Draco. « J'ai été subitement fatigué, beaucoup plus que d'habitude. J'avais l'habitude de me réveiller avant Harry et maintenant c'est l'inverse. Et puis quelques semaines plus tard, j'ai commencé à avoir des nausées. De vraies nausées, horribles, qui me donnaient constamment envie de vomir. Mais je n'ai jamais vomi ; c'était ancré en moi, et j'ai dû m'y habituer, je pense, vu que c'est toujours là. »

Harry comprit suite au discours de Draco qu'il y avait probablement plus d'une raison pour laquelle Draco ne voulait pas lui montrer les écrits de son alter ego plus âgé.

« Je pense que ça a empiré après l'attaque des Mangemorts il y a deux mois de ça, quand Harry et moi sommes restés inconscients pendant cinq jours. Je n'en suis pas certain, mais j'ai été encore plus fatigué depuis. Et j'ai réagi violemment à la vision qui a suivi cette attaque – cette fois-là, j'ai bel et bien vomi. »

Harry s'étonnait de voir à quel point Draco était calme alors qu'il parlait de ce qui n'allait pas chez lui. Ni ses yeux, ni les émotions que Harry pouvait ressentir grâce au Lien du Cœur trahissaient une quelconque peur ou nervosité. Il avait l'air fatigué, mais comme il l'était habituellement désormais ; les yeux légèrement injectés de sang et les cernes noirs au-dessous. Une fois encore, Harry trouva qu'il paraissait petit et frêle dans le grand lit d'hôpital.

« Hier, j'ai eu une vision. Il m'a fallu presque cinq heures pour m'en remettre » continua Draco. « Harry s'est réveillé une heure plus tôt. Quand je me suis réveillé à mon tour, j'avais la tête lourde et le cerveau embrumé, et mon corps était plus épuisé que jamais. »

« Et vous n'avez pas pensé à en parler à quelqu'un ? » demanda Madame Pomfresh d'une voix désapprobatrice, même si elle paraissait plus inquiète qu'autre chose.

« Je ne sais pas...Je ne voulais pas y penser. Je me suis dit que c'était peut-être le contrecoup de la vision – c'était très dur, après tout – et j'ai simplement supposé que je...Je ne sais pas, que peut-être j'étais en train d'attraper froid ou quelque chose comme ça. Rien de sérieux. »

Harry voulut lui hurler 'Rien de sérieux !', mais se retint. Il savait que ça n'arrangerait rien. Ca ne changerait rien. Pourtant, Draco leva la tête vers lui, l'air contrit. Le Survivant se rendit compte que Draco pouvait ressentir ses émotions, tout comme Harry pouvait ressentir celles de Draco.

« Je vais vite me remettre, Potter » lui dit le blond à voix basse.

Harry lui fit un petit sourire.

Madame Pomfresh se tenait à côté du lit de Draco, l'air sombre, tandis qu'elle essayait de comprendre ce qui n'allait pas chez le blond devant elle. Comme les sorts étaient tous négatifs, cela signifiait que Draco était en parfaite santé – pourtant ses yeux lui disaient l'inverse ; le jeune homme devant elle était malade.

Enfin, elle se dirigea vers l'un des nombreux meubles de rangement de la pièce, et en sortit une aiguille.

« Ca va faire un petit peu mal » prévint-elle. Il hocha la tête et elle enfonça l'aiguille dans la peau, pour recueillir du sang. Elle remplit un petit tube de ce liquide, puis sortit l'aiguille. La minuscule blessure se referma d'elle-même quand elle murmura un sort rapide.

« Je reviens dans quelques minutes » dit-elle. « Il faut que j'aille examiner ça. »

Elle sortit d'un pas pressé de l'Infirmerie en direction de son bureau personnel. Harry et Draco regardèrent les grandes portes se refermer sur elle.

« Alors... » commença Draco, levant les yeux vers Harry.

« Pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ? » demanda Harry.

« Tu aurais fait quoi, Harry ? »

« Je – je ne sais pas. Mais j'aurais pu aider. On aurait pu demander de l'aide plus tôt ». Il s'effondra sur une chaise à côté du lit, les épaules légèrement voûtées par la défaite.

« L'aide de qui ? » demanda doucement Draco. « Pomfresh ne sait pas encore ce que j'ai. Bon sang, les sorts sont tous négatifs – peut-être que je ne suis pas malade du tout. Peut-être que je suis simplement fatigué. »

« Tu ne crois pas en tes propres paroles. »

Draco soupira. « Non, parce que je peux le sentir. Il y a quelque chose à l'intérieur de moi qui me rend comme ça. Qui me consume. Et je sais simplement qu'il n'y a aucun moyen de l'arrêter. »

« Ne dis pas ça ! » fit Harry en se levant brusquement.

« Je dis juste la vérité » dit Draco, et quand il vit que Harry était sur le point de lui hurler dessus, il leva une main. « S'il te plaît, Harry. Je ne veux pas d'une autre dispute. »

Harry se rassit, se cachant le visage dans les mains une seconde avant de lever la tête vers le blond. C'était tellement plus facile de crier et d'être en colère contre Draco, plutôt que d'essayer de comprendre pourquoi il se souciait tant que le blond vive ou meure. Pourtant, quand il entendit la supplique prononcée par Draco à voix basse, il ne put rien faire d'autre qu'obtempérer.

« Je suis désolé » fit-il.

« Ne le sois pas. »

Ils restèrent assis en silence pendant quelques minutes. Leur – enfin, surtout celle de Harry – rumination fut interrompue par Madame Pomfresh qui revenait dans l'Infirmerie, ses yeux trahissant de l'inquiétude et de la tristesse. Harry sut que les nouvelles étaient mauvaises.

« Qu'avez-vous trouvé ? » demanda Draco, surprenant à nouveau Harry par son calme.

« Vous – vous avez été empoisonné, M. Malfoy. Par quoi, je n'en ai aucune idée. »

« Parlez-en à Sev alors » suggéra Harry. « Il devrait le savoir, ou au moins être en mesure de le découvrir. »

« Je ne peux pas » répondit la médicomage.

« Pourquoi ? »

« Le Maître des Potions Severus Rogue vient d'être enlevé. »

TBC...